PORTUGAL Juliette, Mathieu, Monique et Jean-Paul MOUREZ Images sur Google Photos : https://photos.app.goo.gl/2wo5XvPaomHhPReR8 |
38.
Entrée au Portugal :
de Baiona à Manteiga
(Serra de Estrella)
Vendredi 17 février 1989 : de BAIONA à BRAGA (Portugal)
Estuaire du Minho |
La nuit est bonne et le
ciel dégagé au lever. Le village de Baiona offre un joli
coup d’œil sur son Monte Real, un promontoire restreint
couronné de remparts et d'une ancienne forteresse
transformée en parador. La côte qui succède à la petite
ville est juste assez spectaculaire pour être agréable à
parcourir : des montagnettes abruptes dévalent jusqu'au
rivage de rochers frangés d'écume. A Oia, un court arrêt
nous permet d'admirer l'ancienne abbaye cistercienne de
Santa Maria la Real, très sobre en ses murs de granit.
Puis nous atteignons A Garda, notre dernière halte en
terre d'Espagne. L'escalade du mont Santa Tecla réserve une vue grandiose sur le petit port et sur l'embouchure du rio Minho servant de démarcation avec le Portugal. La route passe entre les restes d'un village datant de l'âge du cuivre dont quelques huttes rondes en pierre ont retrouvé leur toit de chaume. Ce n'est pas d'hier que l'on apprécie ce site superbe ! |
Remontant la rive nord du Minho, nous allons franchir la frontière hispano-portugaise à Tui par un méchant pont en chicane, souvenir des vives hostilités qui ont longtemps régné entre les deux royaumes. Nous filons ensuite jusqu'à Viana de Castello par une grande route côtière traversant village après village. Notre premier souci une fois rendus dans la petite ville pimpante et soignée est de passer à la banque retirer une liasse de monnaie avec notre carte Master-Card décidément bien pratique. Puis nous parcourons un moment les vieilles rues animées : les maisons de crépi blanc sont rehaussées d'un parement de belles pierres de taille soulignant angles, portes, fenêtres et balcons. Le fer forgé abonde et plusieurs places sont bordées d'arcades : le style de la Galice se poursuit, tout à la fois sévère et élégant. Notre balade s'achève sur le marché, très étendu et bruyant, dont je ne supporte pas longtemps l'agitation et le vacarme...
Le site était non seulement paisible mais aussi noble et somptueusement aménagé. C'est ce que je constate avec Juliette au matin lorsque, laissant dormir Monique fatiguée, nous descendons le grand escalier baroque aux huit fontaines. Puis nous le remontons lentement en filmant statues, bassins et jardins. Il fait très doux, nous sommes seuls avec les jardiniers, environnés de fleurs et d'arbustes méticuleusement soignés. En somme une visite très relaxante qui se termine dans la basilique, débordante de religiosité méridionale sans pour autant beaucoup de transcendance artistique... | Escalier monumental menant à l'oratoire du Bom Jesu |
Transférant ensuite nos pénates à roulettes au centre de Braga, je fais un tour à pied dans la vieille ville et l'antique cathédrale. Juliette m'accompagne, tandis que Mathieu préfère suivre sa mère lassée des vieilles pierres et désireuse de goûter plutôt la saveur populaire et animée du marché.
Cultures en terrasses dans la haute vallée du Douro |
La suite de la route vallonnée confirme ces intuitions. Elle se faufile au milieu des vignobles donnant naissance au célèbre vin de Porto. Partout des paysans sont à l’œuvre, taillant les ceps, ratissant, nettoyant; les femmes vêtues de couleur sombre reviennent du lavoir avec le panier de linge propre sur la tête ou balaient devant la porte... |
La chaussée demeure
infecte, étroite, bosselée, mal ou pas du tout redressée.
Comme les Portugais du coin conduisent plutôt vite et sans
grande prudence, il faut une attention de tous les
instants. Heureusement la vallée profonde du petit fleuve
continue aussi d'être spectaculaire. Voulant profiter
encore des pittoresques panoramas composés par les courbes
du Douro, nous montons jusqu'au miradouro de Buo Vista
d'où la vue étendue ne nous déçoit pas. Mais il est temps d'établir le bivouac. Nous nous installons en plein milieu de l'étroite plate-forme, le magnifique paysage à nos pieds. Monique, qui veut jouer les romanichels jusqu'au bout, fait un peu de lavage et étend le linge à sécher sur une corde tendue entre les deux pieds du store déroulé pour l'occasion. Il ne manque plus que les deux chevaux dételés broutant à côté de la roulotte pour que le tableau soit complet... |
Vallée du Douro |
Vignobles du Douro |
L'observation d'hier sur la population agricole très dense, travailleuse, religieuse et aimable se confirme : on voit partout des gens en train de ligaturer les vignes sur leurs supports (arbres, barres de granit ou de béton). Nulle part peut-on porter les yeux sans voir des tuiles romaines recouvrant des bâtisses plus ou moins neuves, parfois très décrépites, mais où paraît toujours un effort d'ordre et de propreté; les églises et leur petite place en avant sont bondées en ce dimanche matin, et leurs carillons - électroniques - ont souligné chacune des heures de notre nuit. De plus les gens partout nous saluent et tâchent de nous renseigner lorsque nous hésitons sur la route à prendre - ce qui arrive souvent vu la signalisation - et ce malgré les problèmes de langue, le Portugais étant très différent de l'Espagnol. |
Enfin, vers 15:00, suivant toujours le cours du Douro, nous arrivons à Porto. La vieille ville nous semble très sale. Nous allons cependant admirer les voûtes de la cathédrale et les azulejos de son cloître formant une extraordinaire galerie de peinture en plein air. Sur l'esplanade en avant, le luxe du palais épiscopal contraste fâcheusement avec la misère des ruelles dévalant jusqu'aux rives du fleuve juste à ses pieds. Nous faisons ensuite un petit détour vers la gare pour regarder et filmer les grandes scènes historiques ou populaires fixées dans les azulejos vivement colorés de la salle des pas perdus. | Porto : la cathédrale au-dessus de la vieille viile dégringolant jusqu'au Douro |
Nef de la cathédrale de Porto |
Cloître de la cathédrale de Porto |
Le grand pont métallique construit par Eiffel |
Puis nous passons le grand pont métallique Don Luis I et rallions le couvent de N. S. da Serra do Pilar sur la rive gauche. Depuis sa terrasse, nous jetons un dernier coup d'oeil sur la ville dorée par le soleil du soir, ses maisons décorées de linge séchant en façade, la courbe du Douro et ses bateaux traditionnels. Ils transportaient autrefois le vin du Haut-Douro jusqu'aux chais de vieillissement du port. Nous ne pourrons malheureusement en visiter aucun, tous étant fermés le dimanche. |
Comme plus rien ne nous retient dans cette cité trop industrielle pour être vraiment attirante, nous prenons l'autoroute vers le sud en direction de Lisboa (Lisbonne). Enfin une route qui file au milieu de vastes forêts d'eucalyptus. Cela fait changement ! Nous la quittons vers Aveiro et, traversant une large zone marécageuse transformée en salines, nous gagnons le cordon littoral de Praia de Barra pour camper devant l'immense plage, les roues dans le sable. | Aveiro, la Praia de Barra et les marais salants en arrière |
Le Grand Canal d'Aveiro |
Réveillés dans la nuit par le bruit des grosses vagues de la marée montante, nous reculons de quelques dizaines de mètres pour retrouver le sommeil... Le matin venu, nous allons visiter le centre d'Aveiro, très typé avec son canal, |
ses longues barques peintes de la proue à la poupe
de figures aux couleurs vives,... |
Proues de barques
d'Aveiro peintes
|
Banco Nacional Ultramarino d'Aveiro |
Hôtel Arcada
d'Aveiro
|
et ses façades couvertes d'azulejos. |
Dans son jardin public planté de palmiers règne une ambiance très "sud". Nous passons deux bonnes heures à flâner dans les petites rues pendant que les enfants s'amusent dans le parc de jeux local. |
Ramassage d'algues sur
la lagune
Puis nous prenons l'autoroute en direction de Coimbra mais en sortons vers Luso pour gagner le site du couvent de Buçaco. | Colonnade néo-manuelline de Buçaco |
Le jardin en terrasses de Buçaco et son escalier d'eau |
Au flanc d'une colline, des moines privilégiés ont aménagé un sous-bois en superbe parc d'agrément puis, au XVIIème, les propriétaires ont clôt le domaine avec un mur percé de quelques portes. Depuis cette époque, la forêt a été soigneusement entretenue et plantée de toutes sortes d'essences, nous donnant l'occasion d'une balade enchantée. |
Nous cheminons de fontaines en ermitages, passant sous des fougères géantes, contournant un jardin d'eau où barbotent des cygnes noirs ... | Buçaco : fougère arborescente |
Buçaco : la Porte de Coimbra |
Notre promenade se termine à la monumentale Porte de Coimbra d'où la vue s'étend au loin sur les collines verdoyantes. Nous y rencontrons un couple d'Américains de Mineapolis, joviaux et chaleureux, qui nous invitent à souper dans un restaurant de Luso, la petite ville au pied de la colline. La conversation va bon train autour de la table rustique arrosée d'un franc petit vin de pays, et ce malgré mon anglais vraiment très laborieux... |
Tandis que nos hôtes rentrent se coucher dans l'hôtel luxueux et baroque occupant l'ancien monastère, nous remontons en haut du parc pour bivouaquer sur le petit stationnement de la Cruz Alta. | Les bâtiments monastiques transformés en hôtel |
Durant la nuit une pluie d'orage a lavé le ciel. Aussi, du haut du belvédère de la Cruz Alta (la Croix Haute : 545 m), la vue est-elle bien dégagée sur les petits villages disséminés dans les montagnes couvertes de pins et d'eucalyptus, jusqu'aux serras de la Lousa et d'Estrella vers laquelle nous allons maintenant nous diriger.
Gouveia : l'église |
Sous un ciel qui grisaille de plus en plus, nous gagnons Gouveia, petite ville adossée aux pentes de la Serra de Estrella. Pendant que je me promène dans ses vieilles ruelles pentues et empierrées, Monique tente d'appeler sa mère en France sans obtenir de réponse. |
Nous commençons à grimper vers Manteigas jusqu'à 1 360 m, où nous trouvons de la neige. Depuis les flancs très raides de la Serra, le paysage est grandiose et étendu, avec en premier plan de gros rochers arrondis aux formes bizarres, parfois empilés en équilibre apparemment instable. | Soir sur la Serra de Estrella |
Poco des Inferno |
Après une descente un peu acrobatique jusqu'à Manteigas nichée au creux de la vallée du Zézère, nous gagnons le Poco de Inferno (Le Puits de l'Enfer !) par 6 km d'une mauvaise piste, au fond d'un défilé très sauvage qui impressionne fort Monique. Je dois reculer d'une centaine de mètre pour gagner un point de vue un peu moins sinistre, faute de quoi je ne sais si elle réussira à s'endormir... |
(en passant par Coimbra, Nazaré, Alcobaça, Obidos, Batalha)
Juliette devant le Poco de Inferno |
En fin de compte nous passons tous une excellente nuit qui n'aura rien eu de diabolique. Au matin, une petite balade sur les lieux nous fait découvrir une jolie cascade déversant ses eaux claires dans un bassin émeraude. On aimerait y piquer une tête, n'étaient-ce la température fraîche et le ciel gris. Le reste du val est à-pic et les aiguilles granitiques qui l'entourent en accentuent l'aspect un peu fantastique, à la Gustave Doré. |
Reprenant le pittoresque - et infect - mauvais chemin d'accès au Poco de Inferno, nous rattrapons la vallée du Zézère. La route grimpe dans un paysage très alpestre jusqu'à 2 000 m, sur les cimes enneigées. Au passage du col, la vallée laisse paraître en vue perspective son profil en U typiquement glaciaire. | Manteigas : la haute vallée du Zézère |
Village de la Serra de Estrella |
Les petites maisons de pierre brute couvertes de genêts séchés et accotées contre ou sous les énormes rochers ronds qui les surplombent lui donnent une touche très "couleur locale". D'en haut, la vue est grandiose sur les sommets de la Serra de Estrella qui dominent les nuages et les petits villages disséminés dans les collines 1 500 m plus bas. Nous sommes cependant très déçus par le site renommé de La Torre, point culminant du massif à 1 991 mètres. Il rassemble quelques bâtiments en dur abandonnés et saccagés, et surtout un bidonville de boutiques à touristes en tôle ondulée sale et puant. Dans un parc naturel aussi beau, c'est scandaleux ! |
La descente rapide jusqu'à Seia offre une vue superbe sur la vallée du Rio Mondego. Nous en suivons ensuite le cours de loin jusqu'à la vieille ville universitaire de Coimbra. La route est identique à celle qui nous a mené à la Serra, vagabondant par monts et par vaux, à l'ombre des pins, des eucalyptus et des mimosas en fleurs. Nous tournons un moment sur le pavé des rues étroites de Coimbra, ancienne capitale du Portugal au temps de la Reconquesta. | Coimbra : la vieille ville autour de son université |
Cour de l'Université de Coimbra |
Nous finissons par trouver un stationnement dans la haute ville, juste devant la Nouvelle Université. De l'autre côté de la rue se dressent les bâtiments sévères de l'Ancienne Université. Nous nous lançons à la découverte de ce haut lieu de savoir fondé à l'aube de la Renaissance. |
Lorsque nous pénétrons dans la Salle d'Apparat et la Bibliothèque Royale, le spectacle admirable nous saisit : les murs sont tout lambrissés d'or et garnis sur une surprenante hauteur de volumes précieux dont les reliures forment un inestimable patchwork. | Bibliothèque Joanina de l'université de Coimbra |
Porte de la bibliothèque de l'Université de Coimbra |
Nous dévalons ensuite le labyrinthe de ruelles en glissant sur les pavés humides, appréciant au passage les façades vénérables et romantiques des vieilles maisons ou des portes médiévales. La pluie se met de la partie, et c'est trempé que je filme les voûtes intérieures de la cathédrale, d'une grande pureté romane, et son riche retable de bois doré gothique. Comme nous n'avons pas eu le temps de visiter le fameux musée Machado de Castro, nous stationnons sur le campus, bien tranquille, pour attendre un temps plus clément et l'ouverture des salles demain matin. |
Réveillés par les multiples cloches de la vieille cité, nous sommes à l'entrée du musée Machado de Castro à 10:15. |
Le temps de faire quelques vues extérieures de l'imposant palais épiscopal dans lequel il est installé, et l'on nous ouvre les portes. Rien que le patio central à deux étages a déjà beaucoup d'allure, | Patio central du Musée Machado de Castro |
Musée Machado de Castro
: Pieta
|
mais les collections de sculptures du XVIIème et XVIIIème l'emportent sur tout le reste. On y trouve tous les matériaux : bois doré et peint, pierre, plâtre, terre cuite... |
Musée Machado de Castro: Christ gisant |
Musée Machado de Castro : le Chevalier |
Se signalent aussi à l'étage quelques grandes peintures religieuses qui méritent considération et plusieurs chefs d’œuvre de mobilier et linges d'église. Nos deux heures de visite dans ce cadre superbe s'achèvent par une incursion dans le sous-sol où d'étonnantes voûtes romaines constituaient le soubassement du forum. Belle restauration, éclairage discret mais efficace et romanesque, voilà qui conclut de façon pittoresque et inattendue le tour de ce charmant musée méritant bien ses trois étoiles. | Musée Machado de Castro : chasuble du XVIIIème |
Nous prenons ensuite la route du sud jusqu'au village de Condeixa distant de 15 km à peine. Après quelques emplettes, nous gagnons les ruines de Conimbriga, une autre agréable surprise. Cette ville romaine des Ier et IIème siècle après J.C. a été fouillée et restaurée depuis 1930. |
Elle montre des mosaïques très intéressantes, ... |
Conimbriga : Mosaïque du Labyrinthe et du Minotaure |
Conimbriga : mosaïque du Paysan et cochon de lait |
Conimbriga : Silène sur son âne |
...les restes de thermes très lisibles, dont les voutes
des hypocaustes (système de chauffage par le sol où
circulait de l'air chaud) sont particulièrement bien
conservées... |
Conimbriga : restes d'hypocauste |
Conimbriga : la Maison des Jeux d'eau |
...et surtout les soubassements de deux belles maisons au pied de l'antique rempart. |
Nous sommes vivement impressionnés par la Maison des Jeux d'Eau : ses multiples chambres aux sols décorés de mosaïques, son superbe jardin au centre du péristyle, ses 150 petits jets d'eau qui chantent au milieu des fleurs... Quel cadre à la fois simple et raffiné ! | Conimbriga : jardin de la Maison des Jeux d'Eau |
Détail du péristyle de la Maison aux Jeux d'Eau |
Conimbriga : mosaïque
dans la Maison aux Jeux d'Eau
|
Le musée du site vaut le coup d’œil, lui aussi sobre dans ses lignes mais luxueux par les idées décoratives et l'aménagement : péristyle entourant un grand bassin carré, jardin aquatique, très belles vitrines présentant les objets trouvés dans les fouilles...
Conimbriga : Mosaïque de la Chasse au cerf |
Conimbriga : Mosaïque du Centaure marin |
Après cette très agréable halte champêtre, nous repartons vers Nazaré. La grande route est excellente jusqu'à Leria dominée par les murailles de son château-fort. La chaussée se gâte ensuite, pavée et défoncée, tournicotant dans des champs de plus en plus pauvres et sablonneux. Pour finir, nous atteignons à la nuit tombante la petite ville de pêcheurs toute serrée derrière sa grève, bien abritée du Nord par sa falaise s'avançant en promontoire. | Nazaré et son promontoire |
Nazaré, le village, la plage et le nouveau port |
Ses ruelles typiques sont prises d'assaut par le vent violent de l'Atlantique, et c'est transis que nous cherchons un restaurant pour déguster les célèbres spécialités de fruits de mer. Le souper est copieux mais l'addition relativement salée, le Portugal n'étant plus le pays arriéré et bon marché qu'il a déjà été avant son entrée dans la C.E.E. |
Nous montons ensuite au belvédère du Sitio où nous nous installons pour dormir tout au bord des 110 m de falaise dominant le magnifique panorama sur la baie. Le vent furieux et la pluie battante qu'il projette contre la mince paroi du camping-car nous réveillent au milieu de la nuit, nous obligeant à nous retirer un peu en arrière, à l'abri des murs de l'ancien hôpital. | Vue nocturne sur la plage de Nazaré depuis le Belvédère du Sitio |
Jeune fille portant le costume traditionnel de Nazaré |
Depuis le belvédère du Sidi nous jouissons longuement de la vue sur l'ample courbe de la plage et sur les toits du village entassé en arrière. Puis nous visitons la minuscule chapelle votive consacrée à Notre Dame de Nazaré, avant de pénétrer dans la grande église de pèlerinage. Elle est décorée d'azulejos et précédée d'une élégante colonnade formant galerie. |
La descente jusqu'au phare planté à l'extrémité du cap nous expose aux coups de fouet d'un vent véritablement formidable. Mais ce petit détour permet d'apercevoir sous l'angle le plus favorable les étonnants surplombs du Sitio au dessus desquels nous avions entrepris de passer la nuit... Sur la plage vers laquelle nous dévalons bientôt, je filme les gros rouleaux de l'Atlantique déferlant contre la côte, les barques typiques aux décors de couleurs vives halées sur le sable et des femmes tout de noir vêtues faisant sécher sur la grève le poisson frais pêché. | Nazaré : accostage sur la plage |
Nazaré depuis le Mirador de Perdeinera |
Nous grimpons enfin sur la hauteur de Pederneira pour un dernier panoramique; décidément Nazaré valait le détour ! |
Vieilles femme de Nazaré en noir
Façade du monastère d'Alcobaça |
Une route étroite et sinueuse nous mène ensuite à Alcobaça. La ville rurale est assez ordinaire, mais son joyau, le monastère cistercien de Santa Maria, nous ravit par l'ampleur et la noblesse de son abbatiale,... |
l'extrême élégance de ses grandes salles gothiques et de son "cloître du Silence" à deux étages. | Bas-côté d'Alcobaça dans le soleil vespéral |
Alcobaça : tombeau d'Ines de Castro, la Reine Morte |
Remarquables aussi sont les gisants de Don Pedro et d'Ines de Castro, la "Reine Morte" de Montherlant, se faisant face dans les bras du transept sur leurs tombeaux de pierre richement sculptée. |
Rue d'Obidos |
Obidos : Église San Pedro |
Obidos : le pilori sur la place San Pedro devant l'église |
Nous parcourons la rue centrale, charmante avec ses maisonnettes blanches et fleuries. |
Mais la bruine et le vent glacials finissent par nous transpercer, nous faisant battre en retraite dans la chaleur de notre camping-car. Nous remettons au lendemain la balade sur les remparts et choisissons pour bivouac une rue résidentielle en construction au pied de la colline. | Obidos : maison fleurie sur un coin de rue |
En quittant Obidos... |
A travers les gifles de la pluie et les bourrasques du vent secouant la cabine, nous passons la nuit... pour retrouver le même temps au matin. Pas question de remonter sur les remparts dans cette tourmente, d'autant plus que la visibilité demeure des plus réduites. |
Nous partons donc en direction de Batalha par la grande route excellente mais encombrée. Soudain, au détour d'un virage, surgit la masse imposante de l'abbaye dont toutes les arêtes sont ourlées d'une fine dentelle de pierre. | Monastère de Batalha : vue générale de la façade |
Batalha : le grand porche |
La façade, et le porche en particulier, sont délicatement sculptés, tandis que l'intérieur du vaisseau montre la même noble grandeur et la même simplicité dépouillée qu'Alcobaça. |
Batalha : tombeau des infants dans la Chapelle du Fondateur |
Batalha : tombeaux d'infants dans la Chapelle du Fondateur |
Batalha : voûte de la
Chapelle du Fondateur
|
Batalha : voûte de la salle capitulaire |
En revanche le cloître gothique à décor manuélin est encore plus exubérant, | Batalha : baie sur le cloître |
Batalha : baie gothique à remplage manuelin donnant sur le cloître |
Batalha : porte donnant sur le cloître manuelin |
Batalha : les jardins du cloître |
Le cloître de
Batalha
|
Le lavabo des moines
donnant sur le cloître de Batahla
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Le lavabo des moines donnant sur le cloître de Batalha |
tandis que les chapelles inachevées derrière le chœur, toujours à ciel ouvert, exhibent une porte et des voûtes dont l'ornementation très fine confine au maniérisme. Extraordinaire ! | Entrée des Chapelles inachevées de Batahla |
Batalha : porte latérale de l'abbatiale |
Statue
équestre de Don Nuna Pereira
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40. De Tomar à Lisboa
Dimanche 26 février 1989 : de TOMAR à MARVAO
Tomar : vue aérienne du Convento et du village |
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Tomar : l'église des Templiers, puis des Chevaliers du Christ | Le temps hautement variable se poursuit, et ce ne sont que vent, pluie, nuages coupés de courtes éclaircies. Elles me laissent quand même le loisir de prendre quelques vues extérieures du couvent des Chevaliers du Christ de Tomar, entouré des hauts murs de sa forteresse. Puis ce sont les salles gothiques décorées d'éléments manuélins qui nous captivent. |
Ici pas de nef immense et élancée, mais une vaste pièce rectangulaire et harmonieuse sur crypte qui faisait office de Salle du chapitre. Elle communique avec la rotonde bâtie par les Templiers sur le modèle du Saint-Sépulcre de Jérusalem (roman du XIIème), malheureusement - pour nous - en complète restauration. | Tomar : entrée de l'église |
Le choeur circulaire de Tomar |
Dôme du chœur de Tomar |
J'aime beaucoup le Grand Cloître de style palladien, sévère et dépouillé, très "architecturé" selon les principes de la Renaissance Italienne, et donc très élégant.
Le Grand Cloître palladien de Joao III, Tomar |
Intérieur du Grand Cloître palladien de Joao III à Tomar |
En revanche la grande fenêtre manuéline, si célèbre, ne m'emballe pas : trop chargée, et en mauvais état. |
La fenêtre manuéline
au fond de la nef (chapître) de l'église de Tomar |
Façade de la salle du Chapître de Tomar |
Salle du chapitre (nef de l'église) avec sa grande fenêtre manuéline |
Tomar : le cloître du Cimetière et ses azulejos |
Nous trouvons tous beaucoup de charme au Cloître du Cimetière un peu "andalou" avec ses fins chapiteaux, ses azulejos et ses orangers autour de son puits central. |
Cloïtre Henriquino de Tomar
Nous quittons Tomar sous une averse pour couper bientôt la gorge du Zézère remplie de mimosas. Nous l'admirons de loin, depuis la balustrade couronnant le barrage de Castelo de Bodo. Puis nous gagnons le château d'Almourol, un sévère donjon ceint de tours et de remparts isolé sur un îlot au milieu du Tage. Le site en est sauvage, l'ensemble du paysage romantique à souhait, donnant naissance à de jolies légendes où il est question de princesse enfermée se mourant d'amour... Beaucoup plus prosaïquement nous pique-niquons au bord de l'eau. | Le donjon d'Almourol au milieu du Tage |
Castello de Vide sous l'orage |
Nous continuons de nous enfoncer à l'intérieur du pays par une longue route suivant d'abord la vallée du Tage, et se dirigeant ensuite vers la Serra de Sao Mamede. Un ciel qui roule de gros nuages gris jette quelques rayons blafards sur Castelo de Vide, son château et ses maisons blanches groupées sur une butte. On en a une belle vue d'ensemble depuis la chapelle de N. S. de Penha. |
La nuit s'écoule, tranquille : il ne rentre pas grand monde dans ce gros village entre 20:00 et 7:00... La visite, bien calme elle aussi, de ses petites rues pavées entre les maisons blanches trouve son point culminant dans le tour des remparts. Ceux-ci donnent accès à la forteresse médiévale aux lignes simples mais joliment restaurée. Depuis les différents étagements que l'on gravit successivement, la vue se renouvelle sur la ville que l'on domine et sur l'immense plaine étalée à nos pieds. | Marvao
sur sa crête depuis le château |
Malheureusement le ciel restera gris durant toute la matinée, avant de se résoudre en pluie sur la route de Portalegre. Les paysages forestiers traversés dans la Serra de Mamede sont probablement très beaux, mais demeurent noyés dans le brouillard et dans la bruine...
Elvas entouré de ses fortifications |
Nous filons ensuite par la grande route jusqu'à Elvas dont les maisons entassées sont cernées de fortifications à la Vauban. La pluie persistante nous dissuade de nous lancer dans ses ruelles encombrées et apparemment sans intérêt particulier. |
Son aqueduc superposant 4 étages d'arcs, curiosité majeure de la ville, nous impressionne quand même au passage. | Aqueduc d'Elvas |
Estremoz : la vieille ville et notre Pilote au bivouac |
Nous dormons bien sur notre petite place qui s'avère être un éperon avancé des remparts de la ville. Au matin, la pluie a enfin cessé et le quartier nous apparait fort pittoresque avec ses petites maisons blanches, ses fleurs en pot et ses ruelles. Engageant le camping-car dans l'une d'entre elles pour rejoindre le château, je me retrouve bientôt dans une voie de plus en plus étroite. |
Je dois accélérer pour escalader le pavé humide tout en croisant une voiture mal stationnée, la caisse du camping-car s'incline latéralement sur la chaussée bombée... et le boîtier du store érafle légèrement l'enduit de chaux d'une vieille maison. Les dégâts sont minimes (tant les couches successives de chaux ont formé une croûte épaisse...) mais les protestations et admonestations de la propriétaire soutenue par ses voisins sont bien réelles; il faut l'offre d'un billet de cent escudos (10 $ CAD) pour faire retrouver son calme à la vieille dame. L'effet est magique et instantané ! | Maisonnettes d'Estremoz |
Les santons d'Estremoz |
Le musée ethnographique tout en haut de la ville nous retient ensuite un long moment. Nous sommes émerveillés par toute une collection de statuettes en terre cuite dont les traits naïfs sont habillés de couleurs vives. Elles représentent des gens du cru dans leurs occupations quotidiennes (mère torchant son bébé, lavandière, charcutier tuant le cochon...). On trouve aussi des personnages du folklore religieux affichant leurs teintes brillantes : Vierge, groupe de la Fuite en Egypte, Sainte Isabelle avec ses roses, etc... |
Bonecos (santons) d'Estremoz : Fileuse |
Bonecos (santons) d'Estremoz : Le Printemps |
Bonecos (santons) d'Estremoz : Paysanne et berger |
Bonecos (santons) d'Estremoz : L'Enfant Jésus |
Bonecos (santons) d'Estremoz : Petite jarre |
Bonecos (santons) d'Estremoz : Vendeuse de dindes |
Bonecos (santons) d'Estremoz : Abattage du porc |
Bonecos (santons) d'Estremoz : Lanciers |
Bonecos (santons)
d'Estremoz : Amazone
Evora : restes du temple de Diane |
Les *** dont le Guide Vert gratifie le site nous semblent excessives : certes les petites rues et l'ensemble de remparts entourant la ville ne manquent pas de caractère; de plus son centre présente quelques monuments intéressants (restes d'un temple romain, cathédrale avec son cloître...). |
Azulejos de l'Église de la Miséricorde : le Sermon sur la Montagne |
Cathédrale d'Evora : Vierge do Paraiso |
Mais nous avons trouvé plus d'ambiance dans Obidos et surtout Marvao, certes plus petits, mais dont l'environnement était tellement plus sauvage... Nous passons quand même un après-midi agréable à déambuler entre les vieilles maisons qui forment un ensemble très homogène. | Dans les ruelles d'Evora |
Montemor-o-Novo le château au-dessus de la ville |
Nous gagnons enfin Montemor-o-Novo par la grande route rapide; là encore nous escaladons la butte du château, un peu à l'écart de la ville, pour bivouaquer devant sa porte. |
Levés fort tard, nous quittons Montemor vers 11:00 après avoir gravi le raide escalier de pierre menant sur les remparts. De là-haut la vue s'étend sur toute la ville aux toits rouges et plus loin sur les vertes collines qui la ceignent. La route jusqu'à Lisbonne ensuite est bonne, quoiqu'un peu longue et ralentie par les camions. Nous traversons l'Alentejo, une région plate et plutôt désertique, sans arbres ni relief. Parfois on aperçoit quelques petites bandes de taureaux élevés pour les courses. La végétation ténue demeure rase; sous le soleil brûlant de l'été, il ne doit pas rester grand chose de vert...
Visite du monument au
Cristo Rei (1959)
Cristo Rei |
Nous atteignons la côte à Almada. Avant de franchir le Tage par le magnifique nouveau grand pont suspendu, nous allons contempler la ville de Lisbonne depuis les 85 m de la gigantesque statue du Christ-Roi, réplique réduite de celle de Rio de Janeiro. |
On y jouit d'un très large panorama sur l'estuaire du Tage, immense, et sur la ville envahissant les pentes de la rive droite, à perte de vue. On en distingue très bien les principaux monuments émergeant des toits. Nous avons du pain sur la planche pour en faire le tour comme nous en avons l'ambition... | Vue du Pont du 25 avril (ex-pont Salazar) vers la ville |
Lisboa : Praçao do Commercio (les voitures y sont maintenant prohibées...) |
Après avoir emprunté le tablier à 70 m au dessus de l'eau, nous allons stationner sur la Praçao do Commercio, d'une belle ordonnance classique avec ses arcades et sa statue équestre en son centre. |
Lisboa : l'Arco da Victoria limitant la Praça do Commercio et l'un des fameux vieux tram qui sillonnent la vieille ville |
Au milieu de la Praça do Commercio trône la statue du roi Dom José 1er, puis derrière, symbolisant l'entrée dans la ville, se trouve une arche gigantesque, l'Arco da victoria, réalisée par Verissimo da Costa. |
Puis nous faisons un grand tour à pied dans la Baixa, maintenant quartier des affaires, entièrement reconstruite au XVIIIème après les terribles tremblement de terre et incendie qui rasèrent la ville. Notre balade nous entraîne jusqu'au Rossio, une place élégante avec fontaines et monuments. | Lisboa : le Rossio |
Pavage typique de Lisboa |
Fontaine du Rossio à Lisboa |
En montant vers le belvédère de Sao Pedro de Alcantara |
Longeant le trajet du petit tramway bringuebalant, nous montons ensuite au belvédère de Sao Pedro de Alcantara, un joli jardin suspendu d'où la vue se déploie sur la Baixa et sur la baie (la Mer de Paille), vue qui vient buter de l'autre côté de la vallée sur les contreforts du vieux Castelo Sao Jorge. |
L'ascenseur d'Eiffel, de jour et de nuit |
Vue depuis la plate-forme de l'ascenseur d'Eiffel à Lisboa |
Musée de la Marine de Lisboa |
Longeant la rive du Tage
vers l'ouest, nous allons camper sur le stationnement du
musée de la Marine, tout près de l'imposant monastère des
Jeronimos, ou des Hieronymites, un ordre religieux fondé
au XVème et qui prit
pour patron Saint Jérôme. |
La nuit a été bruyante et raccourcie par le passage de vieux tramways charmants mais bringuebalants commençant leur ronde vers 5:00... Nous entamons la journée par la visite du Musée de la Marine riche de toute une section consacrée aux Grandes Découvertes. |
Puis c'est le tour du Monastère des Jeronimos (ou des Hiéronymites : disciples de Saint Jérôme) |
L'église, manuéline à outrance, présente d'extraordinaires voûtes en réseau soutenues par des piliers très élancés entièrement ciselés. |
Église du
Monastère des Jeronimos : voûte en palmiers
|
Monastère des
Jeronimos : la nef et ses fins piliers
|
Comment une structure si légère a-t-elle pu résister au grand tremblement de terre qui par ailleurs ruina presque complètement la ville ? Mystère de la Providence ou témoignage du génie des constructeurs... |
Le cloître est encore plus frappant par ses dimensions et sa richesse sculpturale éblouissante. |
Cloître du Monastère des Jeronimos
|
Monument des Découvertes sur l'estuaire du Tage; en arrière la Tour de Belém |
On va ensuite jeter un coup d’œil aux bas-reliefs du Monument des Découvertes implanté au bord du fleuve, là où passaient les caravelles du Royaume quittant Lisbonne pour les Terrae incognitae. L'infant Henri le Navigateur, figuré à la proue d'un navire de pierre, mène ses contemporains alignés derrière lui à l'assaut de nouveaux mondes. |
Monument des Découvertes en fin de journée, en arrière le Monument du Cristo Rei (sur l'autre rive du Tage) |
À l'orée de la Mer de Paille, le Monument des Découvertes au crépuscule au fond le grand Pont du 25 avril |
Notre visite se termine tout à côté par la tour de Belém, une élégante tour de défense parangon du style manuélin du XVIIème qui, ancrée près du rivage du Tage, gardait l'entrée de la rade de Lisbonne. |
La Tour de Belém côté maritime |
La Tour de Belém côté terrestre |
Ainsi s'achève notre exploration du quartier de Belém, tout entier consacré à l'époque glorieuse où le Portugal se tournait vers les contrées lointaines au delà des mers. | Balcon de la Tour de Belém |
Fatigués par notre mauvaise nuit et par la densité de notre "touring", nous décidons d'aller coucher au camping municipal de Lisbonne. Monique s'y trouve si bien installée qu'elle y met une grande lessive en train...
Vendredi 3 mars 1989 : LISBOA (tour de BELÉM)
Nous avions bien de la fatigue accumulée puisque nous traînons au lit jusque passé 10:00... Monique décide alors de profiter de l'abondance d'eau pour laver TOUT le linge sale ! Nous quittons enfin le camping vers 15:00 afin d'aller retirer de l'argent à l'aéroport, les banques du centre-ville étant déjà fermées en ce vendredi après-midi. Passant devant un garage Citroën, je me plains des grincements persistants de la suspension; ceci nous vaut une pulvérisation de paraffine sur les lames de ressort, mais elle s'avérera totalement inefficace à l'usage... Nous continuerons donc d'endurer le concert !
Nous allons ensuite faire un complément de marché au "Mammouth" local. Il est identique point pour point au "Carrefour" de Lyon ou au "Prisunic" d'Athènes : l'Europe des grandes surfaces est bien en marche... Après un détour par le camping pour récupérer le linge encore humide, nous nous égarons un peu dans les bidonvilles du nord de la ville. Ils prouvent que, malgré la construction intensive de grands immeubles genre H.L.M., le Portugal a beaucoup de difficulté à absorber une émigration rurale importante et l'immigration de ses ex-colonies noires (Angola et Mozambique). Nous finissons par atteindre la tour de Belem où nous stationnons pour la nuit.
La Tour de Belém en
matinée
42.
Lisbonne :
les plages, Sintra et
l'Alfama
Samedi 4 mars 1989 : de LISBOA à SINTRA (place de SAO PEDRO)
La nuit nous semble relativement tranquille pour un bivouac urbain. Au matin nous décidons de partir à la découverte de la serra de Sintra, petite région montagneuse et très touristique séparant Lisbonne de l'océan. Nous empruntons la route côtière longeant l'estuaire du Tage sous un brillant soleil qui accentue encore la beauté du rivage rocheux. | Plage d'Estoril |
Rivage de Cascais |
Estoril puis Cascais apparaissent comme deux stations balnéaires intéressantes (petit port de pêche, promenades avec palmiers, grosses maisons de vacances...). |
Plage de Guincho à
Cascais
Rue de Cascais |
Façade décorée à Cascais |
Mais nous préférons de loin le site du Cabo da Roca, encore très sauvage et grandiose, dont les falaises, 150 m au dessus des rochers écumants, constituent la terre la plus occidentale de l'Europe. | Cabo de Rocca |
Plage du Guincho à Cascais, depuis le Miradouro de Penhina |
Nous y déjeunons puis gagnons à travers des petites routes de forêts montagneuses le miradouro de Penhina. L'escalade s'en avère difficile, mais depuis la petite chapelle toute plaquée d'azulejos, la vue est superbe sur la plage de dunes du Gincho et sur les collines de l'arrière pays. |
Toujours par d'étroites routes forestières, nous grimpons au palais royal de Pena où nous arrivons... pour la fermeture. | Visite du château de Pena |
Sintra : palais de Pena |
Je ne m'en plains pas, car l'ensemble très hétéroclite (XIXème Romantique "éclectique") me semble d'un goût douteux. |
Sintra : palais de Pena |
Sintra : Palais
Monserrate
|
En revanche le parc très accidenté retient notre intérêt par ses multiples essences, ses beaux jardins fleuris et ses points de vue variés. | Parc du Palais da
Pena
|
Sintra : le Palais national |
Une descente vertigineuse nous mène ensuite jusqu'à la petite ville de Sintra blottie au pied de la montagne couronnée de châteaux royaux. |
La circulation y est impossible, mais nous déambulons jusqu'à la nuit noire dans ses ruelles avec beaucoup de plaisir. Le Palais National ou Palais des Maures étant inaccessible à cette heure tardive, nous gagnons la sortie de la ville où nous stationnons dans un faubourg, place du marché de Sao Pedro de Sintra. | Palais national de Sintra |
Dimanche 5 mars 1989 : de SINTRA à LISBOA (tour de BELEM)
Nous avons la chance qu'il n'y ait
pas de marché sur la place le dimanche, ce qui nous permet de
dormir tout notre saoul au calme en compagnie de deux autres
fourgons de touristes allemands et hollandais.
Place de Sintra depuis l'entrée du Palais National |
Au matin nous retournons au centre de Sintra visiter le Palais National. |
Il s'avère peu surprenant question mobilier et décor, même si l'architecture présente quelques trouvailles, toutes d'inspiration mauresque (cours intérieurs avec bassins donnant sur des grandes salles bordées d'arcades...). | Palais national de Sintra : Salle des Blasons |
Palais national de Sintra :
Salle Arabe
Sur la route de Lisbonne, une course cycliste nous bloque un long moment. Lorsque nous arrivons enfin en ville, nous allons visiter le musée de la fondation Calouste Gulbenkian : c'est une splendeur, rien que des chefs d'oeuvre sélectionnés par un collectionneur richissime et mécène au goût parfait. De plus l'environnement architectural et la présentation des peintures, sculptures, meubles, céramiques, tapis, etc... sont sobres et luxueux. Un musée de rêve où nous passons deux heures et demie de ravissement. Une mention spéciale pour la collection de bijoux et de reliures du maître de l'Art Nouveau Lalique, exposée au sous-sol, qui fascine Monique.
Calouste Gulbenkian ou les trésors d'un (très) riche collectionneur |
Calouste Gulbenkian devant sa fondation |
Antiquités égyptiennes
Profil (Égypte) |
Le juge Bes (Égypte) |
Scène du Théâtre No (Japon)
Boite à médicament (Japon) |
Vase de Chine |
Miniatures et art persans
Miniature persane : scène de bataille |
Miniature persane : jeu de polo |
Tapis de Perse en soie |
Brocard persan |
Plat turc |
Céramique turque |
Art de l'Occident
VAN DER WEYDEN : Joseph |
GUIRLANDAIO : Portrait de jeune fille |
Franz HALS : Sara |
VAN DICK : Portrait d'homme |
RUBENS : Helene Fourment |
REMBRANDT : Pallas Athena (Alexandre) |
GUARDI : Place Saint Marc à Venise |
GUARDI : Ile de San Bartolomeo à Venise |
LARGUILIÈRE : L'orfèvre Germain et sa femme |
Quentin DE LATOUR : Épinay |
MONET : Nature morte |
DEGAS : Pantin |
MANET : Les cerises |
RENOIR : Madame Monet |
Meubles de grands ébénistes français
Bureau par Riesener |
Fauteuil par Jacob |
La collection de bijoux de Lalique
Plaque de collier Pavots bleus |
Pectoral Serpents |
Peigne |
|
Parure Femme au vautour |
Parure aux Poissons |
Broche Jeune fille aux libellules |
Peigne Hortensias |
Pendentif Paysage d'hiver |
Pendentif aux deux paons |
Broche Tonnelle de roses |
Pendentif aux 2 paons |
Broche libellule |
Pendentif Automne |
Peigne Orchidée |
Pendentif Le Baiser |
Épingle à chapeau Guêpes |
Bracelet aux chardons |
Pendentif Tête de femme |
Collier de chien Pommes de pins |
Collier de chien Aigles et Pommes de pin |
Bête sauvage |
Broche Pavot bleu |
Pendentif Femme aux pavots |
|
Pendentif Anémones flétries |
Collier Anémones |
Pendentif Jeune fille au bord d'un lac |
Épingle à cheveux Naïade |
Collier Hirondelles dans les roseaux |
Pendentif Fleur de lotus |
Pendentif Fleur de fushia |
Pendentif Jeanne d'Arc |
Pendentif Ombelles de baies |
Pendentifs Pavots blancs |
Pendentif Paysage d'hiver |
Pendentif Pensées |
Pendentif Pommes de pin |
Pendentif |
Plaque de corsage |
Bracelet |
Pendentif |
Pendentif
|
Bracelet
|
Nous allons ensuite admirer le panorama sur la basse ville, la Baixa, le castelo Sao Jorge et la baie depuis le haut du parc Eduardo VII. | Parc Eduardo et
la Mer de Paille à Lisboa
|
Place de Pombal à Lisboa |
Jardins du Parc Eduardo, au-dessus de la Place de Pombal |
Puis laissant le camping-car près de la Praça do Commercio, nous grimpons à la cathédrale pour gagner enfin le belvédère de Santa Lucia... | Lisboa : la cathédrale |
Les toits de l'Alfama et, en bas, la Praçao do Commercio |
...d'où l'on découvre les toits de l'Alfama empilés en désordre. |
Nous dévalons au hasard ses ruelles exiguës jusqu'au quai. |
Ruelle de l'Alfama |
Premier soleil sur la Tour de Bélem |
De là, nous regagnons la tour de Belém près de laquelle nous stationnons une autre fois pour passer la nuit. |
Au réveil, un temps magnifique illumine la tour et inonde la ville de soleil.
Tandis que
je reste à flâner seul en admirant le paysage près de la
Tour, Monique et les enfants s'en vont visiter le Musée des
carrosses tout proche. Ils en reviennent un peu saturés de dorures et d'une pompe décidement bien dépassée... |
Une royale chaise à porteurs |
Lisboa : le rutilant carrosse du roi Joao VII |
Aussi, après nous être rendus
au Bureau du Tourisme du Portugal et à celui de Lisbonne
pour compléter ma collection d'affiches, nous allons une
fois encore stationner sur la Praça do Commercio pour
prendre un dernier bain de cette ville fascinante. |
Praça do Commercio : l'Arco da Victoria et la statue royale |
Murailles du Castelo Sao Jorge au dessus de la ville basse |
Escaladant alors la colline par ses petites rues pentues, nous flânons longuement dans et autour des murailles du Castello Sao Jorge. |
Nous redescendons à nouveau jusqu'au fleuve en explorant cette fois plus systématiquement les ruelles de l'Alfama. | Escaliers de l'Alfama |
Dans les rues de l'Alfama |
Étroites et profondes, sinueuses, pentues et coupées d'escaliers, elles sont assurément pittoresques mais aussi bien pauvres, aussi leur exotisme teinté d'indigence laisse une impression un peu amère. |
Dans les rues de l'Alfama |
Dans les rues de l'Alfama |
|
Près de la Praça do Commercio |
Tour de Belém devant l'estuaire du Tage |
Regagnant le camping-car près du quai, nous allons une dernière fois stationner sur notre camping préféré : l'esplanade de la tour de Belem. |
Mardi 7 mars 1989 : de LISBOA au CAP SAINT-VINCENT (ALGARVE)
Ce sont des ouvriers raclant algues et vase souillant le bassin entourant la tour qui nous réveillent... Décidément on frotte dans ce pays ! Nous commençons la journée en rejoignant par un grand détour le musée Gulbenkian pour y acheter quelques affiches et le livre présentant nombre des pièces exposées.
Chênes liège de l'Alentejo |
Il est temps désormais de faire nos adieux à cette bonne ville de Lisbonne que nous quittons par l'ex-pont Salazar ("du 25 avril" maintenant !). L'autoroute rapide nous fait rallier Setubal (une grosse agglomération industrielle que nous contournons) sous une pluie légère. Puis nous parcourons vers le sud et sur une centaine de kilomètres une grande route express, à travers une campagne assez vallonnée et sablonneuse où poussent surtout chênes-liège et pins. Tous leurs troncs sont entaillés car on en récolte ou l'écorce ou la résine. |
Santiago de Cacem est l'occasion d'une courte escale pendant laquelle Monique téléphone des nouvelles fraîches en France. La petite ville semble toute endormie au pied des ruines de son château, aussi poursuivons-nous bientôt notre rapide traversée de l'Alentejo du sud, parmi les mêmes forêts clairsemées de chênes-liège.
Nous abordons ensuite la Serra de Monchique. Les
virages se succèdent sans interruption, dans un paysage de croupes
rondes schisteuses dont les arcs s'enchevêtrent jusqu'à l'horizon.
Après une courte plaine au dessus de Lagos, nous bifurquons vers
l'ouest dans des collines accidentées qui nous mènent jusqu'à
Sagres. Il fait nuit lorsque nous arrivons dans le village. Nous
poussons jusqu'au cap Saint-Vincent pour y stationner dans le vent
sous le rayon tournant du phare.
Ici il n'y a aucun bruit de visiteurs pour nous déranger, mais plutôt les rafales de l'Atlantique qui, vers minuit, nous font battre en retraite à l'abri du petit fort protégeant le phare. | Cabo Sao Vincente |
Phare du Cabo Sao
Vincente
|
Au matin nous récupérons un peu et c'est vers 10:00, sous un soleil radieux, que nous faisons le tour du phare. |
Puis nous gagnons Sagres et sa citadelle. Plusieurs arrêts nous permettent de contempler les hautes falaises tabulaires et les anses où se nichent d'attirantes petites plages. Dans la vaste enceinte fortifiée occupant le haut de la falaise au dessus de l'Océan, il ne reste rien de la fameuse "École de Sagres" fondée par Henri le Navigateur. | Chapelle de Sagres |
Sagres : falaises fleuries |
Le prince Henri y avait rassemblé la fine fleur des géographes et des capitaines de son temps pour préparer la conquête des nouvelles routes maritimes. Seule demeure une croix de granit identique à celles que ces hardis navigateurs plantèrent sur les plages de l'Afrique, au point extrême atteint par chacune de leurs expéditions... Et tout autour, jusqu'à l'infini sous le soleil radieux, s'étendent les flots bleus animés par la houle... |
Sagres : falaises fleuries |
Côte rocheuse de l'Algarve |
Détour par la plage de Burgau où les enfants jouent un long moment dans le sable, puis par celle de Luz, avant d'arriver à Lagos. La côte est très développée au plan touristique avec de nombreuses constructions, villas et hôtels, mais dans un climat cependant moins anarchique qu'en Grèce. | Port et fort de Lagos |
Les rochers
découpés et cavernes de Ponta de Piedade
|
A Ponta de Piedade, des cavernes marines découpent et percent la roche rouge; le spectacle est frappant sans pour autant être très beau. |
En revanche la Praia da Rocha, superbe plage blonde entrecoupée de rochers et surplombée d'une falaise aux couleurs fauves est exceptionnelle, surtout dans la lumière du soleil descendant. | Praia da Rocha |
Praia da Rocha |
Praia da Rocha |
Au réveil, nous retrouvons le même temps splendide : on se croirait à Montréal en plein été ! Nous redescendons dans les mini-gouffres découpés par la mer dont la lumière crue du matin accuse les formes quasi lunaires, dans des couleurs ocres et jaunes. | Carvoeiro :
grottes d'Algar Seco
|
Plage de Carvoeiro depuis le belvèdére de Nuestra Senora de Encernaçao |
Depuis le belvédère de Nuestra Senora da Encernaçao, à 500 mètres de là, on a une vue superbe sur la petite plage et sur les maisons du village à flanc de falaise se bousculant en arrière au fond de l'anse. |
Nous le trouvons à Palos de
Aguera. La petite plage est limitée par des collines
sableuses rouges et ocres. Nous nous installons en arrière
de la grève aménagée où les pêcheurs hissent leurs barques
avec un treuil. Les coques sont joliment peintes et je passe
un bon moment à filmer leurs motifs naïfs, ainsi que leurs
propriétaires réparant leurs filets, partant vers le large
ou en revenant. Pendant ce temps, Juliette et Mathieu jouent au ballon dans les vagues et Monique étendue sur le sable prend le soleil. |
Palos de Agueira
: Juliette et Mathieu courent sur la plage
|
Praia de Morhina |
A la fin de ce merveilleux
après-midi, nous poursuivons notre route, nous arrêtant
plusieurs fois pour chercher - en vain - de belles
céramiques typiques que nous aimerions offrir à nos hôtes du
Maroc. Nous gagnons enfin la Praia do Faro, cordon littoral sableux relié à la terre ferme par un pont très long limité à trois tonnes. Nous le franchissons avec un peu d'appréhension pour aller nous installer dans la nuit près de maisons de vacances inoccupées. |
Là encore la nuit se déroule dans un calme
absolu. Au matin, une légère brume de chaleur flotte sur la ria,
noyant un peu les horizons. Nous offrons aux enfants de demeurer
un moment à jouer sur la plage immense mais ils la trouvent trop
froide. Il faut reconnaître que cette grande bande de sable à
moitié bétonnée, bordée de chalets désertés plus ou moins
esthétiques, est peu invitante et chaleureuse.
Nous regagnons donc la terre ferme, Faro et son miradouro de Sao Antonio. Depuis le clocher de la petite église, le point de vue sur la ville et la lagune s'étend largement, quoique sans grand pittoresque... | Église de village de pêcheurs de l'Algarve |
Port de l'Algarve |
Couleurs et reflets des barques à Palos de Agueira |
La route vers l'est ensuite est rapide, dans un environnement cependant trop bâti pour nous séduire. Toujours avides de mer et de sable, nous faisons un dernier détour vers la plage de Monte Gordo. Là encore nous devons traverser une importante agglomération d'immeubles de béton tout neufs avant d'atteindre le rivage. Surprise, le grand stationnement en front de mer est occupé par une trentaine de motor-homes anglais, allemands et néerlandais pilotés par des retraités. C'est là que j'aperçois pour la première fois un atelier mobile très bien équipé installé dans la partie arrière de la cellule, avec établi, râtelier à outils, petit groupe électrogène, et même emplacement pour la moto miniature et les bicyclettes ! Mais la brume dissimulant l'océan, ainsi que la platitude de la côte, nous dissuadent de demeurer plus longtemps et nous filons directement jusqu'à Villa Real, dernière ville portugaise au bord du rio Guadiana.