Juliette, Mathieu, Monique et Jean-Paul MOUREZ à bord de leur Pilote 470 VERS LA GRÈCE |
Après avoir fait le plein d'eau et reçu les "dernières" recommandations maternelles et conjugales, nous partons tous les trois, "entre hommes". La nouvelle autoroute Lyon-Genève se révèle davantage un formidable chantier en cours qu'une réalité pratique, et la route nationale, quoiqu'intéressante avec ses reliefs de plus en plus accusés, nous paraît plutôt longue. Il faut aussi affronter quelques petites tracasseries à la douane française pour faire détaxer le moniteur vidéo (emporté à cet effet), mais Genève finit quand même par arriver. |
Avec le jour, le plan
quelque peu alambiqué de la ville est plus
reconnaissable. Nous faisons un grand tour à pied dans
le centre : place et église des Cordeliers en totale
rénovation, fontaine de Samson, cathédrale SaintNicolas,
pont de Zanringen, Grande Rue avec son marché animé
débouchant sur l'Hôtel de Ville du XVIème. Les tours et toits de tuiles vieillies donnent une patine romantique à la basse ville enserrée dans une boucle de la Sarine. Les fortifications extérieures se devinent à travers la brume légère flottant sur le site, conférant à la cité une aura quasi fantastique à la Victor Hugo. Un peu à regret, nous la quittons pour Berne, quelques 35 kilomètres d'autoroute plus loin. |
Armoiries de Berne : l'ours |
La vieille ville de Berne lovée dans une boucle de l'Aare |
Capitale fédérale de la Suisse, c'est une grande cité où de longues avenues bordées d'édifices XIXème en pierre grise nous conduisent jusqu'au cœur de la vieille ville. Une opulente artère piétonnière aux pavés surannés la traverse de part en part, limitée par d'anciens immeubles bourgeois à arcades et ponctuée de fontaines décorées de statues médiévales aux couleurs vives. |
Nous la traversons tout au long pour atteindre à son extrémité le grand pont sur l'Aare menant à la célèbre fosse aux ours. Mathieu prend beaucoup de plaisir à les observer faire les grimaces et les pirouettes grâce auxquelles ils obtiennent attention et friandises des badauds. | L'ourse et ses oursons dans la fosse de Berne |
Le vieux Berne circonscrit par l'Aare : vue d'artiste |
Nous rallions ensuite les musées Alpin et des P.T.T. en musardant dans le parc qui suit la courbe de la rivière. Les couleurs de l'automne lui donnent un charme un peu mélancolique tandis que les maisons et monuments de la vieille ville, empilés sur l'autre bord de la rivière, mêlent leurs reflets dans l'eau vive. Les musées, soignés et cossus à l'image du pays, retiennent peu notre attention. Le crépuscule précoce plonge bientôt la ville dans une pénombre bleutée. La sortie des bureaux cause une agitation toute relative de bicyclettes et de tramways ramenant tous ces placides fonctionnaires helvétiques chez eux. |
Le pont de Luzern |
L'autre grande attraction de Luzern, c'est son vieux pont de bois couvert et peint qui nous attire ensuite. Nous flânons un moment alentour dans le crépuscule précoce et bleuté de l'automne. Sur le quai, canards et cygnes se disputent le pain jeté par les passants tandis que joue la complainte geignarde d'un petit orgue de barbarie. L'obscurité descend progressivement sur les façades anciennes bordant la rivière, le froid humide et pénétrant du lac nous ramène à notre Pilote. Nous repartons enfin dans la nuit jusqu'à Zurich pour aller établir nos quartiers à flanc de montagne, sur une rue pentue en plein secteur résidentiel. |
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Nous rallions ensuite le musée riche d'une belle collection d'armes et d'uniformes. Une grande partie provient des célèbres mercenaires suisses ayant servi autrefois dans toutes les cours d'Europe et maintenant encore au Vatican. Les salles consacrées aux meubles et faïences sont dignes d'intérêt (poêles imposants), mais je passe plus rapidement devant celles qui sont dévolues à l'art religieux. Reste une richissime exposition de pièces d'orfèvrerie (or et argent) clôturant en beauté notre visite. |
Musée suisse de Zurich : le chevalier St Georges (en or et argent) |
Musée suisse de Zurich : uniformes anciens de l'armée suisse |
Notre court séjour en Suisse du nord touche déjà à sa fin. Vers 14:30, nous devons reprendre la direction de la France. Via Baden et Neufchâtel, nous rallions Genève sur d'excellentes autoroutes, puis Annemasse et Annecy pour enfin retrouver Lyon où nous arrivons à 22:45. Ce voyage-éclair nous aura au moins donné le goût d'en voir plus et de retourner dans ces villes anciennes dont émane beaucoup de charme, malgré leur animation et leur densité. | Musée national suisse de Zurich : la vieille apoteke de 1740 |
Sallanche : alpages dans la brume de fin de journée |
A Megève, Monique appelle
Francis Guer, un ancien condisciple perdu de vue depuis
des années. Il nous invite à le rejoindre dans sa grande
ferme savoyarde qu'il a déménagée et réinstallée sur un
terrain lui appartenant entre Combloux et Sallanches. Francis et Odile sa femme nous réservent un accueil simple et charmant au milieu de leurs 5 jeunes enfants. Ils vivent dans le vaste rez-de-chaussée, l'étage (l'ancienne grange) contenant piscine et immense salle de jeu. Nous passons deux bonnes heures à parler de nos vécus passés et présents avant de nous coucher vers 10:30 dans notre camping-car, devant la maison et face aux montagnes. |
Puis nous commençons à escalader le contrefort sud de la vallée en direction du barrage de la Grande Dixence, la plus haute retenue d'Europe. Nous montons ainsi jusque vers 2 000 mètres, rencontrant bientôt beaucoup de gelée blanche alors qu'il n'est encore que 15:00. Mais l'extrémité du chemin d'accès au barrage lui-même, dont nous apercevons la muraille imposante à quelques centaines de mètres au dessus de nous, est fermée à l'approche de l'hiver. Nous devons nous contenter d'admirer les Aiguilles Rouges (3 648 m.) et de contempler les Pyramides d'Euseigne, originales cheminées de fée plantées dans un cadre grandiose. La descente du Val d'Herémence elle aussi s'avère splendide, et nous ne regrettons pas notre excursion malgré son non-aboutissement. | Pyramide d'Euseigne |
La route du Furkapass en été, mais fermée pour nous... Au fond le glacier du Rhône. |
Lorsque nous repartons,
un panorama grandiose se déroule devant notre pare-brise
: les pentes supérieures des montagnes s'éclairent dans
le soleil matinal tandis que les villages et les
aérodromes de l'armée suisse demeurent dans l'ombre et
dans les frimas au fond de la vallée. A Ulrichen, nous trouvons la route du Furkapass fermée aux automobiles car il y aurait déjà de la neige en altitude. Comme nous ne voulons pas prendre le train - le traversier local empruntant un obscur tunnel sous la montagne - nous bifurquons vers le sud pour attaquer bientôt les épingles à cheveux et les fortes pentes du Nufenen Pass. |
Il nous faudra en gravir les 13 kilomètres en 1ère, l'altitude et notre poids important essoufflant notre petit diesel. Mais quelle vue magnifique ! Je ne sais où diriger la vidéo, sur les pics, les pentes blanchies par la poudreuse, les abîmes vertigineux... Nous atteignons enfin le col à 2 478 mètres, et je dois laisser le moteur refroidir un petit moment après ce rude effort. | En haut du Nufenen Pass |
Col du Saint-Gothard... en été ! |
La descente ensuite est moins impressionnante, quoiqu'interminable... en 2ème ! Arrivés à Airolo (Suisse italienne), nous admirons les ouvrages d'art du Saint-Gothard Pass puis nous engageons - un peu par inadvertance - dans le tunnel homonyme. Nous en avalons à 90 km/heure les 17 kilomètres faciles quoique décevants, d'autant plus qu'à la sortie à Gôschenen, il nous faut revenir en arrière de 11 km, mais cette fois par les lacets des gorges de Schöllenen autrement pittoresques, pour reprendre à Andermatt notre route vers l'est. |
On repart alors à l'assaut de la montagne, dorénavant via le superbe itinéraire de l'Oberalpass (2 044 m). Les rampes sont cependant moins rudes et la longue descente ensuite nous fait longer le cours débutant du Rhin. Un accident sur la route étroite et sinueuse de Flims nous retarde 1/2 heure (deux voitures de front ont percuté un camion dans un virage), si bien que la nuit tombe lorsque nous arrêtons pour visiter la jolie petite ville de Chur. Mal équipé pour combattre l'hiver de plus en plus présent, j'y cherche en vain un bonnet "russe" (chapka) ou d'aviateur en mouton retourné comme en portent les soldats suisses en manœuvres rencontrés un peu partout. | Notre itinéraire d'évitement du Furka Pass dans les grands cols des Alpes suisses |
Feldkirch : maison peinte traditionnelle |
La ville, assez moderne, a bien conservé quelques vieilles maisons ornées de peintures traditionnelles mais l'ensemble manque un peu trop d'unité. Aussi, le froid nous aiguillonnant, nous rembarquons dans notre camping-car pour encore quelques kilomètres jusqu'à Maienfeld, le village natal de l'auteur de "Heidi", où nous bivouaquons dans la nuit sur le stationnement du gymnase municipal. |
Vaduz dans la vallée au pied du château princier |
Quelques kilomètres encore et nous pénétrons dans le Liechtenstein, somme toute très peu différent du reste de la Suisse, seulement plus petit et encore plus léché si c'est possible ! Il faut bien sûr s'arrêter à Vaduz, capitale miniature de la principauté pour se procurer, au pied du château princier en nid d'aigle, les inévitables écussons et timbres postes de rigueur, avant de passer la frontière autrichienne à Tisio. |
Le château de Vaduz sur sa croupe dans les montagnes |
Vaduz : le château-résidence du Prince de Liechenstein |
Nous voici donc au Tyrol ! A midi nous entrons dans Feldkirch, une vieille ville très pittoresque avec ses maisons peintes, ses fontaines et ses enseignes de fer forgé. Au Tourist Office local, on nous confirme notre itinéraire : le Silvretta Pass est encore ouvert pour une journée avant sa fermeture hivernale. Nous rencontrons aussi un couple d'Anglais en Winibago qui, de retour de Grèce, achèvent une virée fort semblable à la nôtre et pensent déjà à leur prochaine escapade continentale, avec leurs enfants cette fois... Encourageant ! | Feldkirch : la petite ville blottie dans la vallée |
Vallée du Montafon (St-Bartholomaberg): chalets traditionnels à flanc de montagne |
Nous prenons donc la
route de Bludenz où nous bifurquons vers la large et
riche vallée du Montafon, encadrée de montagnes plus ou
moins enneigées. Près de Schruns une petite route
latérale "verte", à flanc de montagne, nous semble
invitante et nous nous y hasardons; quelle aventure ! Nous nous retrouvons bientôt en train d'escalader 13 km de chemin de campagne étroit et pentu, bien plus digne d'un 4x4 que de notre patapouf de "limousine". Des travaux de voirie inattendus manquent nous retenir enlisés (pente + boue = patinage pour notre traction avant), mais nous passons quand même pour parvenir in extremis et en 1ère, à St-Bartholomaberg... d'où il faudra redescendre en 1ère et en 2ème ! La boite à fusible des ventilateurs commence à surchauffer et à fumer... En fin de compte nous retrouvons la bonne route à Schruns, mais l'après-midi est déjà avancé et le soleil bas. |
Puis je sonne le réveil général dans la chambrée, et nous commençons tranquillement les routines matinales : lever, conversion des couchages en banquettes, pliage de la literie, toilette et préparation du petit déjeuner. Soudain, au beau milieu de notre breakfast, surgit un brave homme gesticulant et baragouinant ce qui semble être de l'allemand (nous ne sommes guère germanistes...). Nous finissons par comprendre que le col est maintenant fermé - ce qui explique la paix royale dont nous avons joui cette nuit -, que des chutes de neige et de verglas ont rendu impraticable l'accès nord emprunté par nous hier soir, et que nous devrons faire 2 km à pieds à partir de la barrière en bas du côté sud pour aller en chercher la clef au poste de contrôle... Fantastique la quantité d'informations que peut transmettre l'expression non-verbale ! Nous descendons lentement une route austère mais grandiose jusqu'à la dite barrière que l'on nous ouvre aimablement à notre arrivée : nous aurons vraiment été les derniers voyageurs à passer cette année ! |
Innsbruck : vue générale au bord de l'Inn |
Innsbruck : vue aérienne de la ville au bord de l'Inn |
Innsbruck : le couvent des Prémontrés |
Innsbruck : place du Toit d'Or |
Innsbruck : place du Toit d'Or |
Les rues sinueuses sont bordées de hautes et vénérables façades aux décors rococo, le célèbre Toit d'Or vaut autant par son environnement et l'antique place qu'il semble présider que par son design propre. Toujours et partout, les montagnes enneigées profilent leurs cimes en arrière plan. | Innsbruck : enseigne de fer forgé |
Musée d'Art populaire tyrolien d'Innsbruck: crèches Nous consacrons 2 bonnes
heures à la visite du Musée d'Art Populaire Tyrolien.
On y admire une précieuse collection de crèches du
XVIème au XIXème délicatement colorées... |
...des outils et des
meubles finement gravés ou peints, intérieurs de
chalets en pin richement sculptés, de magnifiques
costumes régionaux. |
Statue de bronze de la Hofkirche |
Statues de bronze de la Hofkirche |
Innsbruck :
place du Toit d'Or de nuit et sous la neige...
|
L'obscurité tombe lorsque nous sortons du musée. Un peu de lèche-vitrines dans les rues illuminées de cette ville chic et dispendieuse nous mène jusqu'à l'Office du Tourisme. On nous y apprend que la route panoramique du Grossclöckner, dont j'envisageais le parcours, est fermée. Il ne nous reste donc qu'à nous pousser au plus vite vers l'Est pour devancer les assauts du Général Hiver. |
Nous revenons donc à l'autoroute A 12, puis roulons jusqu'à Kitzbühel, toujours sous une petite neige tourbillonnante. Le temps de faire le plein d'eau et de carburant dans cette élégante station de sports d'hiver célèbre pour ses grandes compétitions de ski alpin, et je reprends le volant. Nous passons sans trop de problème mais les fesses serrées le Thurnpass (la route est juste assez salée !) et descendons dans la vallée de la Salzach à Mittersill, une petite ville traditionnelle sise au fond d'une large dépression. La neige, légère, s'éclaircit bientôt. Après une superbe montée parmi les hauts sapins qui, tout couverts d'une neige épaisse, tapissent les parois abruptes de la vallée, nous franchissons enfin la chaîne du Hohe Tauern (culminant à 3 800 m) par le Felbertauern Tunnel (5,3 km). | Route du Felbertauern Tunnel en début d'été |
Maria Gail : la statue de Marie sur le maître autel |
Église de pèlerinage de Maria Gail |
Quatre bas-reliefs naïvement sculptés et richement dorés entourent un panneau central représentant le Couronnement de la Vierge, le tout formant un tableau tout-à-fait significatif de la piété populaire dans cette région très catholique. |
Église de Maria Gail : la nef et son riche mobilier baroque |
Église de Maria Gail : le retable fermé |
Église de Maria Gail : le retable ouvert montrant le Couronnement de la Vierge |
Détail du retable de Maria Gail : Nativité |
Détail du retable de Maria Gail : Adoration des Rois Mages |
Église de Maria Gail : décor baroque de la chaire |
Église de Maria Gail : retable de l'autel gauche : le Bon Berger |
Église de Maria Gail : le saint protecteur |
Le paysage alentour ajoute à l'agrément du monument : une large vallée doucement ondulée bordée de hauteurs à l'horizon, un lac cerné de paisibles pâturages, tout semble concourir à la sérénité des lieux. |
Site de Maria
Gail
|
Lac de Carinthie |
Nous passons ensuite
devant le "bildstock" de Saint-Martin, sorte de grosse
borne couverte d'un petit toit pentu abritant des
alvéoles peintes d'images pieuses. Ici c'est Saint
Martin partageant son manteau, ailleurs ce seront
d'autres scènes de la Légende Dorée qui afficheront
leurs couleurs vives et leurs dessins naïfs en bord de
route. Franchissant le pont de Rosegg, nous sommes bientôt dans la chic station balnéaire de Velden d'où la vue s'étend sur le Wörthersee, superbe. On se croirait presque au bord du lac d'Annecy, c'est dire..., mais la température et le vent plutôt frisquets n'incitent guère aux plaisirs de la plage ! |
Une petite route sous les arbres longe la berge du lac jusqu'aux pittoresques sanctuaires de Maria Wörth. Nous les découvrons, jumeaux sur leur promontoire, et entourés d'une même enceinte, mirant dans l'eau leurs clochers et tour du XVIème. Un escalier extérieur couvert - les pèlerins le gravissaient à genoux - mène à l'intérieur sobre et blanchi à la chaux. Une superbe Descente de Croix du plus beau baroque attire le regard en entrant tandis qu'une statue de la Vierge, typée, trône au dessus du maître autel. L'architecture est des plus simple, robuste et dépouillée, l'ambiance campagnarde et recueillie. | Église de Carinthie |
Paysage de Carinthie |
Comme le beau temps clair se poursuit, nous escaladons le Pyramdenkogel (859 m) d'où le tour d'horizon sur le Wörthersee, la Carinthie et les Alpes au loin doit valoir le coup. Hélas encore une fois, la tour d'observation est fermée et le boisé touffu sur le sommet masque totalement la vue... |
Vue partielle
des dégâts causés par la barrière de douane...
|
Aucun problème douanier à
l'entrée en Yougoslavie, mais un accrochage avec une
barrière insuffisamment relevée cause quelques dégâts
extérieurs à la cellule (ce qui nous vaut la rédaction
d'une autre lettre à l'assureur dans la soirée...). Cela ne fait qu'accentuer mon stress lorsque je dois m'engager dans une descente de col superbe sous le soleil, mais très imparfaitement dégagée. Le C 25 me semble alors terriblement susceptible sur route glissante ! Les chaînes que je pose et dépose à plusieurs reprises donnent quand même une bonne sécurité et nous atteignons bientôt - par une section d'autoroute - Lubljana enneigée. |
La vieille capitale slovène est tout à
fait charmante, très autrichienne avec son marché
campagnard et ses bâtiments rococos aux teintes pastel.
Si les façades enrichies de sculptures baroques
malheureusement un peu décrépites auraient besoin d'un
sérieux ravalement, les glaçons en stalactites ajoutent
au décor une touche quasi magique. Un peu partout des
dragons emblématiques de la cité ornent les ponts et les
lampadaires disposés le long de la rivière. Le froid,
assez vif et humide, ne nous dissuade pas de faire un
lèche-vitrines dont les bas prix nous surprennent. De
plus le pays est en pleine crise économique et souffre
d'une grave inflation. Lorsque nous changeons quelques
200.00 $ au bureau d'Euro-Card on nous remet une épaisse
liasse de papier monnaie qui impressionne fort Mathieu
et Juliette. Nous devons ensuite trouver en périphérie l'usine à gaz locale pour faire remplir notre bouteille de propane déjà épuisée (le chauffage de la cellule est bien agréable et efficace, mais gros consommateur d'énergie...). |
Centre historique de Lubljana |
Les quais colorés de Lubljana Saules pleureurs du
Tromostovje (Pont Triple)
qui franchit la Lubjanica dans le vieux Lubjana construit en 1930 par le grand architecte slovène Joze Plecnik (1882-1957) |
|
Brume matinale à Lubljana |
Sur les quais de Lubljan le soir, dragon emblématique de la ville |
De retour au centre au
début de la soirée - à 17:00 heures il fait déjà très
sombre - nous escaladons l'éperon dominant la vieille
ville pour y visiter le vénérable château fort. Il est
en complète rénovation et donc fermé au public, mais le
petit parc qui l'entoure nous parait tout à fait
tranquille et nous nous y installons pour la nuit. La neige nimbe les statues historico-patriotiques de la promenade, le soleil couchant rougit les toits et la rivière en bas, la nuit envahit bientôt l'horizon, et nous retrouvons avec délice le confort douillet de notre petite maison mobile. |
Les toits et le château de la vieille ville de Lubljana |
La vieille ville de Zagreb autour de la cathédrale |
Cathédrale de Zagreb |
Zagreb apparait comme une grande ville moderne entourée de développements domiciliaires étendus (gros blocs genre H.L.M., boulevard périphérique et autoroute à péage). Le centre-ville est baroque ou néoclassique, les façades affichent tout un décor sculpté (linteaux, encadrement de fenêtres...) tandis que les crépis pastels prennent des teintes de jaune, d'ocre, de rose ou de vert pâle, paysage urbain somme toute assez peu différent du vieil Helsinki. Le charme est là, sans aller jusqu'à la transcendance... Nous parcourons à pied les grandes artères commerciales. Les prix demeurent très bas, mais les décors des boutiques sont sans élégance et la qualité comme la variété des produits offerts semblent assez limitées. | Détail de la fontaine de Neptune dans le vieux Zagreb |
Le quai de Rijeka |
La neige ne nous quitte
qu'à 5 km de la mer. Nous attendions impatiemment
l'apparition de son étendue bleutée et nous l'avions
guettée à travers des trouées, du haut des derniers
contreforts des montagnes, bien auparavant. Inutile de
souligner notre soulagement de retrouver une chaussée
fiable, une terre dégagée et une lumière un peu moins
hivernale. Nous traversons rapidement Rijeka, grand port industriel qui nous semble de peu d'intérêt, et nous engageons avec beaucoup de satisfaction et d'attentes sur la superbe route de corniche longeant l'Adriatique. |
La nuit tombe lorsque nous allons nous installer au milieu du village, juste au bord de la mer, sur un grand stationnement public. Le panorama très étendu laisse deviner dans la baie quelques îles au large, la mer fait rouler ses petites vagues presque tièdes sur l'enrochement de l'esplanade, le fond de l'air quoique frais n'a plus rien d'hivernal pour nous. Quel changement avec Zagreb hier soir, vive la Méditerranée ! |
Dans l'Ïle de Hvar |
L'ïle de Korcula en face de Senj |
De l'autre côté elle domine une mer Adriatique bleu-vert animée par les frissons du vent qui la font parfois moutonner et se répandre en nuées d'embruns. C'est superbe, surtout sous le soleil maintenant bien établi qui nous garantit une température presque confortable. La visite du petit village côtier de Senj est quand même brève, vu le vent plutôt frisquet. Pourtant le petit port est pittoresque avec ses ruelles pavées de grandes dalles de pierre et ses vieilles maisons un peu décrépites; c'était un asile de pirates au XVIème, semble-t-il... |
Visite du Musée d'Art religieux de Zadar |
Nous nous attardons un peu à visiter Zadar, sa vieille ville entourée par la mer et surtout son Musée d'Art Sacré extraordinairement riche et bien présenté. Il est installé dans un couvent encore occupé par des nonnes, et l'on y admire quantité de précieuses et délicates pièces d'orfèvrerie, des statues de saints et plusieurs Christ en Croix pathétiques. Nous y découvrons aussi nos premières icônes, d'une grande qualité et d'une étonnante diversité. |
Un codex (XVIe.) du Musée d'art religieux de Zadar |
Musée d'Art religieux de Zadar : Vierge du XVème |
Icône du Musée d'Art religieux de Zadar |
Icône du Musée d'Art religieux de Zadar |
La petite famille sur le pont de Sibenik |
Nous reprenons notre route. Elle ne suit plus le flanc de la montagne maintenant mais longe de près le rivage et traverse les jolis ports de pêche ou de plaisance logés au fond des anses. Le grand pont de Sibenik mérite un arrêt pour admirer le panorama, une cinquantaine de kilomètres avant Trogir qui sera notre étape de la journée. |
La vieille ville de pierres blanches, superbement restaurée, est isolée au milieu de l'eau, protégée par les ruines d'un château-fort au pied duquel nous établissons notre bivouac. Nous nous laissons tenter par une petite promenade parmi les vieilles églises et petites places de l'antique cité, mais l'obscurité nous ramène bientôt "at home". Aussi nous promettons-nous de faire une autre balade dans ses ruelles demain avant de repartir vers Split et Dubrovnik. |
Le vieux Trogir sur sa presqu'île |
Placotage dans une ruelle de Trogir |
Le tour de ville se prolonge un peu dans le clair soleil du matin; j'ai notamment la chance de filmer les poissonnières écoulant la marée du jour dans leur vieille Halle du XIVème siècle, juste à côté du petit port... |
Les lions gardant le portail de la cathédrale de Trogir |
Les lions gardant le portail de la cathédrale de Trogir |
Loggia sur la place devant la cathédrale de Trogir |
Balade dans les vieilles rues de Trogir |
Visite du Musée archéologique croate de Split |
La grande route jusqu'à Split est un plaisir. Nous découvrons là une cité riche d'histoire et de curiosités qui s'étale largement au fond de sa vaste baie. Le Musée Archéologique Croate, un peu excentrique, est assez difficile à trouver, mais son bâtiment très moderne et ses collections lapidaires exceptionnelles valent la recherche, malgré une thématique assez spécialisée. |
Musée archéologique croate de Split : la grande salle du rez-de-chaussée |
Musée archéologique croate de Split : ciborium |
Nous errons encore un peu dans la périphérie, traversant le beau parc du Mont Marjan aux pins odorants et aux rochers léchés par le clapotis de l'Adriatique, avant d'atteindre la galerie Mestrovic. |
Visite de la Galerie Mestrovic à Split |
Galerie Mestrovic de Split : l'entrée dans le jardin |
Dans la majestueuse villa de l'artiste nous découvrons une admirable collection des œuvres d'un sculpteur plein de vie et d'expression, mais aussi très empreint par l'héritage classique. |
Galerie Mestrovic de Split : Vestale |
Galerie Mestrovic de Split : Perséphone |
Galerie Mestrovic de Split : autoportrait par Mestrovic |
Galerie Mestrovic de Split : Désespoir |
Galerie Mestrovic de Split : la mère de l'artiste |
Galerie Mestrovic de Split : la mère de l'artiste |
Galerie Mestrovic de Split : Job, vu de côté |
Galerie Mestrovic de Split : Job, vu de face |
Galerie Mestrovic de Split : Contemplation |
Galerie Mestrovic de Split : Psyché |
Galerie Mestrovic de Split : Olga, femme de l'artiste |
Galerie Mestrovic de Split : La violoniste |
Galerie Mestrovic de Split : Baigneuse |
Galerie Mestrovic de Split : Mère et enfant |
Nous passons quelques heures émouvantes, sous le charme, d'autant plus que le palais et le "kastelet" de l'artiste sont admirablement situés en bord de mer et noyés dans une végétation toute méditerranéenne. | Galerie Mestrovic de Split : dans la chapelle du Kastelet |
Galerie Mestrovic de Split : Jésus et la Samaritaine |
Galerie Mestrovic de Split : Pieta |
Split vu du ciel : le campanile et le tombeau de L'Empereur Dioclétien, maintenant cathédrale |
Nous retournons ensuite au centre-ville et au palais de Dioclétien dont nous découvrons la masse, la diversité et l'aspect hétéroclite. Les principales structures ont toujours été utilisées : les soubassements colossaux ont servi d'entrepôts et l'espace intérieur entre les énormes murs extérieurs contenait la ville au Moyen Âge. |
Ruelle de Split dans les remparts du Palais |
Elles ont donc été relativement bien
conservées et l'on commence à les dégager. Encore une
fois, nous sommes étonnés de la qualité technique et de
la conception monumentale des constructions romaines. Le soleil décline lorsque nous sortons de ce dédale pour acheter au pied des remparts quelques fruits et légumes sur le marché local. La route de corniche panoramique nous reprend jusqu'à la nuit. Enfilant une descente vertigineuse à travers les pins vers le charmant petit port de pêche de Brela, nous allons bivouaquer sur son quai. |
Plage près de Brela |
Nuit super au bord d'une plage idéale totalement désertée par les touristes, à 100 m du petit port typique de la Méditerranée. Monique y joue la lavandière sur le quai pendant que j'enregistre la scène à la vidéo, enchaînant avec un pêcheur raccommodant son filet. Vers 10:00 nous levons le camp avec Dubrovnik pour objectif... |
Bien sûr on s'arrête plusieurs fois au bord de la route pour admirer les vastes développements du paysage de montagnes, de mer et d'îles, ponctués de stations balnéaires certainement très fréquentées en été... En fin de matinée nous sommes à l'entrée de la vieille ville de Dubrovnik, au pied de ses remparts massifs. |
Plage de Dalmatie l'été... |
Dubrovnik : forteresse saint Jean |
Dubrovnik : le couvent des Dominicains derrière le port et l'entrée est |
Dubrovnik : clocher du couvent des Dominicains |
Dubrovnik : église du couvent des Dominicains |
Dubrovnik : Palais du Recteur |
Dubrovnik : colonnade devant le Palais du Recteur |
Dubrovnik : chapiteau du Palais du Recteur |
Dubrovnik : cour atrium Renaissance du Palais du Recteur |
Le Stradum de Dubrovnik depuis le Palais du Recteur |
Fontaine devant le Palais du Recteur, en arrière le Palais Sponza |
Entrée du Stradun en venant du port |
Dubrovnik : dans la vieillie ville en direction du port, l'église de Saint Blaise et la cathédrale |
Concert pop nocturne sur la place devant la cathédrale |
Les escaliers menant à l'Église des Jésuites |
L'église des Jésuites |
Dubrovnik : rue et chapelle |
Sur le Stradun au coucher du soleil |
C'est presque trop beau, trop bien conservé ou restauré ! Nous déambulons un peu partout, filmant et magasinant livres, cartes postales et alcool de prune local... Nous ne quittons la vieille ville qu'après avoir parcouru son artère centrale, le Stradun, toute illuminée : les dalles de marbre blanc, polies par des millions de pas, brillent comme si elles étaient cirées, les lanternes publiques diffusent sur l'alignement des maisons de marchands une lumière douce atténuant le relief des pierres... Le tableau nous semble un peu féerique. |
Terrasse dans le quartier Prikeko, bâti au Moyen-Âge |
Cloître du couvent des Franciscains |
Entrée Ouest de Dubrovnik : porte Vrat od Pila avec la statue de Saint Blaise, protecteur de la ville |
Tour des remparts de Dubrovnik |
Lever tardif après un sommeil paisible dont nous sommes tirés par des pétards célébrant la fête nationale. Le temps s'est un peu gâté, il fait très nuageux et plus frais. Nous repassons au dessus de la vieille ville sans y pénétrer, admirant de loin dans toute son étendue son site unique : le vieux port barré par ses deux tours, le quadrillage des maisons et monuments aux toits de tuiles romaines brunies, enserré dans ses formidables remparts et fortifications, et en arrière plan la baie magnifique limitée par les montagnes abruptes de la côte dalmate. |
Adieu Dubrovnik ! |
Les Bouches du Kotor depuis les hauteurs au-dessus de la vielle ville |
Le relief s'accuse, le temps se voile davantage, nous abordons les Bouches de Kotor. Elles forment un fjord grandiose, assez mystérieux, un peu trop noyé dans la brume à mon goût. Comme en Norvège nous en suivons la rive, jusqu'à découvrir la vieille cité de Kotor qui semble avoir beaucoup souffert du tremblement de terre de 1979. |
Je fais, seul, un tour de la ville ancienne confinée dans ses murs et constate que, si les dégâts ont dû être considérables, les restaurations - pas encore terminées - ont été à la hauteur. La petite cité, majoritairement XVIIème, forme un tableau un peu fantastique, dominée par sa montagne à-pic et fortifiée derrière elle, acculée au fond de son fjord embrumé en avant. Je reprends ensuite le volant et observe, très impressionné, que toutes les maisons un peu vétustes de la région semblent elles aussi avoir été détruites. Ce ne sont partout que ruines abandonnées ou au contraire constructions neuves utilisant la même structure de béton armé et le même remplissage de briques creuses très légères : la meilleure parade face aux tremblements de terre, paraît-il. |
Crépuscule sur Kotor et les Bouches |
Ruelle de Kotor menant à la montagne dominant la ville |
Cathédrale St Tryphon à Kotor |
Au détour d'un virage surgit Sveti Stefan, ancien village de pêcheurs sur son îlot transformé en hôtel; le site est magnifique et, vu de loin, conserve beaucoup du charme qu'il devait avoir avant l'invasion des vacanciers... |
L'Îlot de Sveti Stefan, maintenant transformé en hôtel de luxe |
Sveti Stefan sur son îlot |
Crépuscule sur Sveti Stefan |
Gorges de la Moraca |
A 7:30, après un nuit sans problème je reprend le volant. La route ne tarde pas à s'engager dans le canyon de la Moraca, profondément creusé dans un relief tourmenté et plissé. La scène prend un tour très spectaculaire et photogénique, malgré un temps encore gris et brumeux. Les à-pic sur la rivière sont vertigineux, la chaussée en mauvais état franchit de nombreux tunnels et surplombs, et les accidents ne doivent pas y être rares : on aperçoit même la carcasse rouillée et disloquée d'un camion remorque gisant dans le lit caillouteux du torrent 100 mètres plus bas... De quoi inciter à la prudence ! |
Tout en haut des gorges, nous tombons sur le célèbre monastère de la Moraca. Bonne occasion de nous initier à la peinture murale byzantine. Les bâtiments monastiques regroupés dans un enclos autour de l'église forment un tableau champêtre plein de charme et de douceur dans la lumière pâle et diffuse, mais l'architecture comme telle, assez massive, ne nous impressionne guère. | Abside du monastère de la Moraca |
Porte de l'église de la Moraca |
La Vierge de la Moraca, au-dessus de la porte |
Nous sommes tout à la fois ébahis
et émerveillés : les voûtes et la coupole en totalité
sont couvertes de fresques très colorées représentant
des saints hiératiques et des scènes de la vie de
Jésus ou de la Vierge. Un muret de pierre (l'iconostase)
couvert d'une étonante collection d'icônes sépare le
chœur de la nef, et l'or brille sous la lumière crue
d'une unique ampoule électrique.
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Christ Pantocrator dans la coupole |
L'Arbre de Jessé |
Vierge à l'Enfant |
Saint Mathieu (Ohrid) |
Archange Gabriel |
Prophète Élie (Moraca) |
Ange (Kurbinavo) |
Dormition de la Vierge : les Apôtres (Sopokani) |
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Nous émergeons donc assez tard de notre chambre ambulante pour visiter le centre d'achat principal de Skopje (nous sommes sur son parking) et dépenser nos derniers dinars (non échangeables). Comme ailleurs dans le pays, les prix sont très bas mais le choix dans les boutiques demeure limité. Nous tombons cependant sur des soldes imbattables de livres d'art, bonne occasion de nous procurer quelques superbes bouquins sur la région d'Ohrid (magnifique mais bloquée par la neige) et la riche sculpture sur bois de la Macédoine. Notre balade de touristes curieux nous entraîne jusqu'à la nouvelle Grande Poste, d'une architecture monstrueuse, genre blockhaus difforme. D'autres monuments rivalisent de laideur avec elle, on les aperçoit un peu partout dans le centre de la ville en pleine reconstruction après qu'elle ait été rasée il y a dix ans par un terrible séisme. |