Sabbatique 1988-89


Juliette, Mathieu, Monique et Jean-Paul MOUREZ
à bord de leur Pilote 470


VERS LA GRÈCE

Drapeau suisse



Virée en Suisse et traversée de l'Autriche jusqu'au Loibltunnel


Mardi 8 novembre 1988 : de SAINTE-FOY-LES-LYON à FRIBOURG (SUISSE)

Écu genevois Après avoir fait le plein d'eau et reçu les "dernières" recommandations maternelles et conjugales, nous partons tous les trois, "entre hommes". La nouvelle autoroute Lyon-Genève se révèle davantage un formidable chantier en cours qu'une réalité pratique, et la route nationale, quoiqu'intéressante avec ses reliefs de plus en plus accusés, nous paraît plutôt longue. Il faut aussi affronter quelques petites tracasseries à la douane française pour faire détaxer le moniteur vidéo (emporté à cet effet), mais Genève finit quand même par arriver.

Passage obligé au change de monnaie, puis petite balade au bord du lac où Mathieu se passionne pour une exposition du Service des Eaux de la ville. Le temps est maussade, gris et humide, aussi abrégeons-nous notre visite. Empruntant l'autoroute longeant le lac, nous atteignons rapidement Vevey où nous arrivons dans la nuit. Pub eau

Nous décidons quand même de pousser jusqu'à Fribourg, vieille ville typiquement médiévale et universitaire. Le site me semble très accidenté, et j'ai du mal à me repérer dans l'obscurité sans ma copilote préférée. Nous finissons par aboutir dans le stationnement d'un grand ensemble à la sortie de la ville. Arrêtant sans bruit dans un espace libre, nous y jouissons d'un sommeil paisible.

Premières impressions sur la Suisse : des paysages vallonnés mais peu montagneux - dans cette région du moins - avec beaucoup de vignobles (que goûte ce vin ?); un pays policé, bien organisé, propre, en pleine activité économique et en développement intense, mais petit, étroit, très densément peuplé, où tout semble souffrir d'entassement.


Mercredi 9 novembre 1988 : de FRIBOURG à BERN
Avec le jour, le plan quelque peu alambiqué de la ville est plus reconnaissable. Nous faisons un grand tour à pied dans le centre : place et église des Cordeliers en totale rénovation, fontaine de Samson, cathédrale SaintNicolas, pont de Zanringen, Grande Rue avec son marché animé débouchant sur l'Hôtel de Ville du XVIème.
 Les tours et toits de tuiles vieillies donnent une patine romantique à la basse ville enserrée dans une boucle de la Sarine. Les fortifications extérieures se devinent à travers la brume légère flottant sur le site, conférant à la cité une aura quasi fantastique à la Victor Hugo. Un peu à regret, nous la quittons pour Berne, quelques 35 kilomètres d'autoroute plus loin.
Armoirie de berne :
                  l'ours
Armoiries de Berne : l'ours
La
                  vieille ville de Berne lovée dans une boucle de
                  l'Aare
La vieille ville de Berne lovée dans une boucle de l'Aare
Capitale fédérale de la Suisse, c'est une grande cité où de longues avenues bordées d'édifices XIXème en pierre grise nous conduisent jusqu'au cœur de la vieille ville. Une opulente artère piétonnière aux pavés surannés la traverse de part en part, limitée par d'anciens immeubles bourgeois à arcades et ponctuée de fontaines décorées de statues médiévales aux couleurs vives.
Nous la traversons tout au long pour atteindre à son extrémité le grand pont sur l'Aare menant à la célèbre fosse aux ours. Mathieu prend beaucoup de plaisir à les observer faire les grimaces et les pirouettes grâce auxquelles ils obtiennent attention et friandises des badauds. L'ourse
                  et ses oursons dans la fosse de Berne
L'ourse et ses oursons dans la fosse de Berne

Le vieux Berne circonscrit par l'Aare : vue
                    d'artiste
Le vieux Berne circonscrit par l'Aare : vue d'artiste
Nous rallions ensuite les musées Alpin et des P.T.T. en musardant dans le parc qui suit la courbe de la rivière. Les couleurs de l'automne lui donnent un charme un peu mélancolique tandis que les maisons et monuments de la vieille ville, empilés sur l'autre bord de la rivière, mêlent leurs reflets dans l'eau vive. Les musées, soignés et cossus à l'image du pays, retiennent peu notre attention. Le crépuscule précoce plonge bientôt la ville dans une pénombre bleutée. La sortie des bureaux cause une agitation toute relative de bicyclettes et de tramways ramenant tous ces placides fonctionnaires helvétiques chez eux.

Nous traversons alors la grande arche métallique du pont dominé par le Palais de la Confédération pour aller récupérer notre camping-car sur Sulgenekstrasse. Puis nous nous engageons discrètement dans une ruelle en bordure du parc, devant quelques luxueuses résidences d'English Strasse où nous trouvons le havre de paix toujours recherché à cette heure.


Jeudi 10 novembre 1988  :  de BERNE à ZURICH

Quelle bénédiction pour des nomades comme nous que ces quartiers huppés, à l'image de celui qui nous a servi de point de chute cette nuit ! Un calme souverain semble toujours y régner, nul ne s'avise jamais d'y faire du trouble ni d'y mener tapage... Bien reposés, nous sommes debout à 7:30, et je profite des nombreuses places de stationnement encore disponibles pour aller m'installer en plein centre ville. Jean peut alors retourner filmer les rues typiques trop assombries hier soir pendant que je prends ma douche et fais la vaisselle du déjeuner devant les boutiques qui commencent à ouvrir.

A 9:00, départ vers Interlaken. La route panoramique passe au milieu des montagnes que l'on aperçoit à peine tant le brouillard du matin s'attarde dans les vallées. Pas moyen de seulement deviner la cime neigeuse de la Jungfräu; pourtant je conserve encore le souvenir vivace du petit train rouge à crémaillère, des tunnels percés de "fenêtres" sur le paysage grandiose, et de la violente averse de neige qui nous attendait au sommet. J'avais huit ans alors... Nous traînons un long moment dans la jolie petite ville si animée l'été, mais maintenant vide de ses touristes, achetant écussons et affiches, avant de repartir pour Luzern (Lucernes).

Un parking au bord du lac des Quatre Cantons nous sert d'aire de pique-nique avant que nous retournions au centre ville pour chercher - en vain - le "tourist office". C'est finalement par nous-même que nous trouvons le fameux Musée des Transports dont Mathieu a fait sa destination. Il ferme malheureusement une heure plus tard et nous n'aurons pu qu'entrevoir les magnifiques collections de locomotives, avions et bateaux. Il faudra absolument y revenir !

Le
                    pont de Luzern
Le pont de Luzern
L'autre grande attraction de Luzern, c'est son vieux pont de bois couvert et peint qui nous attire ensuite. Nous flânons un moment alentour dans le crépuscule précoce et bleuté de l'automne. Sur le quai, canards et cygnes se disputent le pain jeté par les passants tandis que joue la complainte geignarde d'un petit orgue de barbarie. L'obscurité descend progressivement sur les façades anciennes bordant la rivière, le froid humide et pénétrant du lac nous ramène à notre Pilote. Nous repartons enfin dans la nuit jusqu'à Zurich pour aller établir nos quartiers à flanc de montagne, sur une rue pentue en plein secteur résidentiel.


Vendredi 11 novembre 1988 : de ZURICH à SAINTE-FOY-LES-LYON

Levés encore une fois à l'aurore, nous redescendons dans la vieille ville au bord du lac pour aller stationner directement dans la cour du Musée National Suisse. Comme ses portes n'ouvrent qu'à 10:00, Mathieu se fait accompagner sur la Banhofstrasse que l'on dit "pavée d'or" car c'est là que toutes les grandes banques suisses ont leur siège social (et leurs salles des coffres creusées sous la chaussée !). Notre fiston en culottes courtes et bottes de caoutchouc les visitera toutes systématiquement, glanant prospectus et autres souvenirs, réalisant un vieux rêve renvoyant à l'on ne sait quelle mythologie. Une ruelle bordée de hautes vieilles maisons serpente en arrière du quai et nous ramène sur la petite Weinplatz entourant un puits surmonté d'un extraordinaire décor de ferronnerie baroque. De l'autre côté de la rivière se dresse la façade sévère du Grossmünster; sa vue me rappelle plusieurs enregistrements fameux de son orgue dormant dans ma discothèque à Montréal... Nous tombons alors sur un orchestre de gamelans costumés qui fête, avec d'autres musiciens en bande que nous croisons ensuite, un carnaval local.

Musée suisse de Zurich : diorama de la bataille
                  de Morat
Musée suisse de Zurich : diorama de la bataille de Morat
Nous rallions ensuite le musée riche d'une belle collection d'armes et d'uniformes. Une grande partie provient des célèbres mercenaires suisses ayant servi autrefois dans toutes les cours d'Europe et maintenant encore au Vatican. Les salles consacrées aux meubles et faïences sont dignes d'intérêt (poêles imposants), mais je passe plus rapidement devant celles qui sont dévolues à l'art religieux. Reste une richissime exposition de pièces d'orfèvrerie (or et argent) clôturant en beauté notre visite.

Musée suisse de Zurich : le chevalier St
                    Georges (or)
Musée suisse de Zurich : le chevalier St Georges (en or et argent)
Musée suisse de Zurich : uniformes anciens de
                    l'armée suisse
Musée suisse de Zurich : uniformes anciens de l'armée suisse

Notre court séjour en Suisse du nord touche déjà à sa fin. Vers 14:30, nous devons reprendre la direction de la France. Via Baden et Neufchâtel, nous rallions Genève sur d'excellentes autoroutes, puis Annemasse et Annecy pour enfin retrouver Lyon où nous arrivons à 22:45. Ce voyage-éclair nous aura au moins donné le goût d'en voir plus et de retourner dans ces villes anciennes dont émane beaucoup de charme, malgré leur animation et leur densité. Musée national suisse : la vieille apoteke de
                  1740
Musée national suisse de Zurich : la vieille apoteke de 1740

Samedi 12 novembre 1988 : SAINTE-FOY-LES-LYON

Dès notre lever - tardif - nous poursuivons le chargement du camping-car en vue de notre prochain voyage au long cours. Nous accompagnons Mathieu à son club de jeu vers 14:00, puis faisons un dernier passage au "Carrefour" d'Ecully pour compléter nos provisions fraîches. Prenant ensuite la route de Fareins, nous allons souper chez René-Pierre et Jocelyne. Leur vieille maison rustique est joliment finie mais vraiment exiguë avec leurs deux filles, aussi leur projet de construction nous semble bien compréhensible, même s'il parait un peu vaste à Monique au premier abord. Nous passons une soirée très sympathique à bavarder autour de la table campagnarde. Elle s'achève par un tour de la nouvelle miellerie, remarquable par son agencement fonctionnel et sa dimension. Je jette un coup d’œil intéressé au Ford Transit de 3,5 tonnes que René-Pierre a fait convertir en 4 x 4 (ce dont je rêve pour notre véhicule). Il envisage de le compléter d'une caravane modifiée et portée, en faisant ainsi un camping-car modulaire... Vers 1:00 nous rentrons à Lyon reprendre Mathieu à son club pour enfin nous glisser au lit vers 2:00.


Dimanche 13 novembre 1988 : SAINTE-FOY-LES-LYON

Nous paressons au lit jusque vers midi; il n'est donc plus question de partir aujourd'hui, d'autant plus qu'il reste encore quelques bricolages à terminer. Monique achève les coussins isolants de la capucine tandis que je leur pose des pressions, puis elle ajuste le drap-housse de notre lit et le fixe avec du velcro.

Pendant ce temps, j'obture avec de la thermocolle les fentes d'aération continue des lanterneaux qui faisaient un bruit désagréable en route et contribuaient à rafraîchir inutilement nos nuits... Les derniers remplissages sont bientôt complétés, et nous voilà fin prêts : demain, départ pour notre second périple. J'attendais ce moment depuis longtemps (nous sommes rentrés à Paris le 10 octobre !), même si je suis devenu plus patient qu'à notre premier voyage. Je regrette seulement que toutes les améliorations que je souhaitais apporter à notre véhicule n'aient pu être exécutées à cause de leur coût prohibitif (plus grande réserve d'eau intégrée, propulsion 4 x 4, barres antiroulis, etc.). Je me promets cependant d'en profiter au maximum, et continuerai d'en rêver pour mon futur camping-car idéal...


Lundi 14 novembre 1988 : de SAINTE-FOY-LES-LYON à SALLANCHES

Enfin le départ ! Levés à 7:30, nous décollons à 10:00. J'effectue un premier arrêt chez Matasse pour tenter de faire réparer - sans succès bien entendu - les feux de gabarit subitement défectueux. Puis nous prenons la RN 6 en direction de Chambéry pour bifurquer vers Ugine; les gorges de l'Arly forment un parcours déjà un peu plus sportif. Une déviation entre Ugine et Fumet nous fait quitter la route des gorges pour les virages d'un détour par la montagne : super !

Sallanche : les alpages dans la brume
Sallanche : alpages dans la brume de fin de journée
A Megève, Monique appelle Francis Guer, un ancien condisciple perdu de vue depuis des années. Il nous invite à le rejoindre dans sa grande ferme savoyarde qu'il a déménagée et réinstallée sur un terrain lui appartenant entre Combloux et Sallanches.

Francis et Odile sa femme nous réservent un accueil simple et charmant au milieu de leurs 5 jeunes enfants. Ils vivent dans le vaste rez-de-chaussée, l'étage (l'ancienne grange) contenant piscine et immense salle de jeu. Nous passons deux bonnes heures à parler de nos vécus passés et présents avant de nous coucher vers 10:30 dans notre camping-car, devant la maison et face aux montagnes.


Mardi 15 novembre 1988  : de SALLANCHES à BLITZINGEN (SUISSE)

Nous sommes debout à 8:00. Cela nous permet de saluer Francis et Odile à leur départ au travail et de planifier des retrouvailles avec eux à notre retour en février. A Sallanches, nous faisons le plein de diesel au super-marché (ristourne habituelle de 10 %), pour prendre ensuite la route du Fayet. Les montées de cols se succèdent sous un ciel qui s'éclaire progressivement. La montagne nous apparaît alors, sauvage et grandioses dans ses couleurs d'automne. Le passage du col de la Forclaz est sans conteste le point fort de la matinée après que nous ayons franchi la frontière suisse vers Martigny. Les vignobles déboulant les pentes raides nous accueillent dans la vallée de Sion dont nous suivons le fond jusqu'à la ville du même nom. Nous prenons un déjeuner rapide au pied du château dominant du haut de sa butte le cœur de la vieille cité.
Puis nous commençons à escalader le contrefort sud de la vallée en direction du barrage de la Grande Dixence, la plus haute retenue d'Europe. Nous montons ainsi jusque vers 2 000 mètres, rencontrant bientôt beaucoup de gelée blanche alors qu'il n'est encore que 15:00. Mais l'extrémité du chemin d'accès au barrage lui-même, dont nous apercevons la muraille imposante à quelques centaines de mètres au dessus de nous, est fermée à l'approche de l'hiver. Nous devons nous contenter d'admirer les Aiguilles Rouges (3 648 m.) et de contempler les Pyramides d'Euseigne, originales cheminées de fée plantées dans un cadre grandiose. La descente du Val d'Herémence elle aussi s'avère splendide, et nous ne regrettons pas notre excursion malgré son non-aboutissement. Devant
                  les Pyramide d'Euseigne
Pyramide d'Euseigne

Rattrapant la grande route à Sion, nous passons Sierre et Brig d'où part la route du Simplon menant en Italie. Enfin, par une voie plus étroite, nous continuons jusqu'au petit village de Blitzingen où nous campons près d'un torrent fougueux, en fait le haut cours du Rhône, sur un terre-plein à côté d'un hameau.


Mercredi 16 novembre 1988  : de BLITZINGEN à MAIENFELD

Nous poursuivons maintenant vers le Furkapass. La nuit a été très fraîche et le paysage autour de nous au réveil est couvert de givre. D'ailleurs nous avons eu un peu froid : nous étions à 1 500 mètres d'altitude mais avions omis d'allumer le chauffage... ce qui n'aide pas Monique à prendre le dessus sur un rhume tenace !
La route
                  du Furkapass en été, mais fermée pour nous... Au fond
                  le glacier du Rhône.
La route du Furkapass en été, mais fermée pour nous... Au fond le glacier du Rhône.
Lorsque nous repartons, un panorama grandiose se déroule devant notre pare-brise : les pentes supérieures des montagnes s'éclairent dans le soleil matinal tandis que les villages et les aérodromes de l'armée suisse demeurent dans l'ombre et dans les frimas au fond de la vallée.

A Ulrichen, nous trouvons la route du Furkapass fermée aux automobiles car il y aurait déjà de la neige en altitude. Comme nous ne voulons pas prendre le train - le traversier local empruntant un obscur tunnel sous la montagne - nous bifurquons vers le sud pour attaquer bientôt les épingles à cheveux et les fortes pentes du Nufenen Pass.

Il nous faudra en gravir les 13 kilomètres en 1ère, l'altitude et notre poids important essoufflant notre petit diesel. Mais quelle vue magnifique ! Je ne sais où diriger la vidéo, sur les pics, les pentes blanchies par la poudreuse, les abîmes vertigineux... Nous atteignons enfin le col à 2 478 mètres, et je dois laisser le moteur refroidir un petit moment après ce rude effort. Au
                    sommet du Nufenen Pass
En haut du Nufenen Pass


Col du Saint-Gothard... en été !
Col du Saint-Gothard... en été !
La descente ensuite est moins impressionnante, quoiqu'interminable... en 2ème ! Arrivés à Airolo (Suisse italienne), nous admirons les ouvrages d'art du Saint-Gothard Pass puis nous engageons - un peu par inadvertance - dans le tunnel homonyme. Nous en avalons à 90 km/heure les 17 kilomètres faciles quoique décevants, d'autant plus qu'à la sortie à Gôschenen, il nous faut revenir en arrière de 11 km, mais cette fois par les lacets des gorges de Schöllenen autrement pittoresques, pour reprendre à Andermatt notre route vers l'est.

On repart alors à l'assaut de la montagne, dorénavant via le superbe itinéraire de l'Oberalpass (2 044 m). Les rampes sont cependant moins rudes et la longue descente ensuite nous fait longer le cours débutant du Rhin. Un accident sur la route étroite et sinueuse de Flims nous retarde 1/2 heure (deux voitures de front ont percuté un camion dans un virage), si bien que la nuit tombe lorsque nous arrêtons pour visiter la jolie petite ville de Chur. Mal équipé pour combattre l'hiver de plus en plus présent, j'y cherche en vain un bonnet "russe" (chapka) ou d'aviateur en mouton retourné comme en portent les soldats suisses en manœuvres rencontrés un peu partout. Les grands
                  cols des Alpes suisses
Notre itinéraire d'évitement du Furka Pass dans les grands cols des Alpes suisses

Feldkirch : maison peinte traditionnelle
Feldkirch : maison peinte traditionnelle
La ville, assez moderne, a bien conservé quelques vieilles maisons ornées de peintures traditionnelles mais l'ensemble manque un peu trop d'unité. Aussi, le froid nous aiguillonnant, nous rembarquons dans notre camping-car pour encore quelques kilomètres jusqu'à Maienfeld, le village natal de l'auteur de "Heidi", où nous bivouaquons dans la nuit sur le stationnement du gymnase municipal.


Jeudi 17 novembre 1988 : de MAIENFELD au SILVRETTA PASS (AUTRICHE)

Après le plein d'eau à même la fontaine très couleur locale où vient de s'abreuver un petit troupeau de vaches autochtones, je capte à la vidéo quelques images matinales caractéristiques du village (couettes étalées au soleil sur les toits, jardins campagnards et vignes grimpantes). La petite route rurale parcourue ensuite nous fait découvrir un peu plus loin, dans une majestueuse chênaie brillant des feux de l'automne, la fontaine de Heidi. Juliette s'y laisse filmer pataugeant dans le bassin au pied de la statue de pierre un brin naïve; cela donne un joli plan vidéo sur fond de feuillage doré...

Vaduz dans la
                  vallée au pied du château princier
Vaduz dans la vallée au pied du château princier
Quelques kilomètres encore et nous pénétrons dans le Liechtenstein, somme toute très peu différent du reste de la Suisse, seulement plus petit et encore plus léché si c'est possible ! Il faut bien sûr s'arrêter à Vaduz, capitale miniature de la principauté pour se procurer, au pied du château princier en nid d'aigle, les inévitables écussons et timbres postes de rigueur, avant de passer la frontière autrichienne à Tisio.

Chateau
Le château de Vaduz sur sa croupe dans les montagnes
Vaduz : le château-résidence du Prince de
                    Liechenstein
Vaduz : le château-résidence du Prince de Liechenstein

Leurs
            Altesses Serenissimes la Princesse Gina et le Prince
            François-Joseph II
Leurs Altesses Serenissimes la Princesse Gina et le Prince François-Joseph II


Jeudi 17 novembre 1988 : de MAIENFELD au SILVRETTA PASS (AUTRICHE)

Nous voici donc au Tyrol ! A midi nous entrons dans Feldkirch, une vieille ville très pittoresque avec ses maisons peintes, ses fontaines et ses enseignes de fer forgé. Au Tourist Office local, on nous confirme notre itinéraire : le Silvretta Pass est encore ouvert pour une journée avant sa fermeture hivernale. Nous rencontrons aussi un couple d'Anglais en Winibago qui, de retour de Grèce, achèvent une virée fort semblable à la nôtre et pensent déjà à leur prochaine escapade continentale, avec leurs enfants cette fois... Encourageant ! Feldkirch : la
                  petite ville blottie dans la vallée
Feldkirch : la petite ville blottie dans la vallée

Vallée du Montafon (St-Bartholomaberg): chalets
                  traditionnels à flanc de montagne
Vallée du Montafon (St-Bartholomaberg): chalets traditionnels à flanc de montagne
Nous prenons donc la route de Bludenz où nous bifurquons vers la large et riche vallée du Montafon, encadrée de montagnes plus ou moins enneigées. Près de Schruns une petite route latérale "verte", à flanc de montagne, nous semble invitante et nous nous y hasardons; quelle aventure !

Nous nous retrouvons bientôt en train d'escalader 13 km de chemin de campagne étroit et pentu, bien plus digne d'un 4x4 que de notre patapouf de "limousine". Des travaux de voirie inattendus manquent nous retenir enlisés (pente + boue = patinage pour notre traction avant), mais nous passons quand même pour parvenir in extremis et en 1ère, à St-Bartholomaberg... d'où il faudra redescendre en 1ère et en 2ème ! La boite à fusible des ventilateurs commence à surchauffer et à fumer... En fin de compte nous retrouvons la bonne route à Schruns, mais l'après-midi est déjà avancé et le soleil bas.

Nous attaquons gaillardement la "haute route alpine" du Silvretta Pass. A partir de Partenen (1 027 m), nous sommes dans la pénombre et les épingles à cheveux. Sur les pentes élevées qui nous entourent, des bancs de neige, diffusent une vague lueur bleuâtre sur le paysage de plus en plus austère; cependant la chaussée demeure sèche et excellente. On jette en passant un coup d’œil au lit caillouteux du Vermunt Stausee, à sec, dont le barrage est en réfection. Encore quelques kilomètres de haute montagne et nous atteignons le Silvretta Stausee, à 2 036 m. La nuit étant devenue totale, nous campons sur une vaste esplanade glacée au bord du lac, environnés de sommets grandioses et rudes seulement éclairés par la lueur de la lune et de milliers d'étoiles. Le ciel est d'une pureté cristalline et le silence absolu : un vrai désert ! La nuit sera parfaitement calme et notre confort total sur cette banquise grâce au chauffage très efficace qui fonctionnera cette fois toute la nuit.


Vendredi 18 novembre 1988 : du SILVRETTA PASS à FUGEN

Réveillé dès 6:30, j'admire « l'aurore aux doigts de rose » (Homère) colorant délicatement les cimes qui nous dominent, tandis qu'une lumière grise et froide baigne encore les pentes blanches et noires ainsi que la glace du lac près de nous. La solitude accuse le côté saisissant du spectacle.
Puis je sonne le réveil général dans la chambrée, et nous commençons tranquillement les routines matinales : lever, conversion des couchages en banquettes, pliage de la literie, toilette et préparation du petit déjeuner. Soudain, au beau milieu de notre breakfast, surgit un brave homme gesticulant et baragouinant ce qui semble être de l'allemand (nous ne sommes guère germanistes...). Nous finissons par comprendre que le col est maintenant fermé - ce qui explique la paix royale dont nous avons joui cette nuit -, que des chutes de neige et de verglas ont rendu impraticable l'accès nord emprunté par nous hier soir, et que nous devrons faire 2 km à pieds à partir de la barrière en bas du côté sud pour aller en chercher la clef au poste de contrôle... Fantastique la quantité d'informations que peut transmettre l'expression non-verbale ! Nous descendons lentement une route austère mais grandiose jusqu'à la dite barrière que l'on nous ouvre aimablement à notre arrivée : nous aurons vraiment été les derniers voyageurs à passer cette année !
Innsbruck : vue générale au bord de l'Inn
Innsbruck : vue générale au bord de l'Inn

Notre itinéraire nous mène ensuite sans histoires à travers la large vallée du Paznauntal, ensoleillée et frangée de montagnes. Puis nous empruntons l'autoroute jusqu'à Innsbruck, la capitale du Tyrol. Depuis le site olympique, on a un bon coup d’œil général sur la ville que nous découvrons ensuite d'un peu plus près.

Innsbruck : vue aérienne
Innsbruck : vue aérienne de la ville au bord de l'Inn
Innsbruck : le couvent des Prémontrés
Innsbruck : le couvent des Prémontrés

Innsbruck : place du Toit d'Or
Innsbruck : place du Toit d'Or
Innsbruck : place du Toit d'Or
Innsbruck : place du Toit d'Or

Les rues sinueuses sont bordées de hautes et vénérables façades aux décors rococo, le célèbre Toit d'Or vaut autant par son environnement et l'antique place qu'il semble présider que par son design propre. Toujours et partout, les montagnes enneigées profilent leurs cimes en arrière plan. Innsbruck
                    : enseigne de fer forgé
Innsbruck : enseigne de fer forgé

Musée d'Art populaire tyrolien d'Innsbruck:
                    crèches
Musée d'Art populaire tyrolien d'Innsbruck: crèches

Nous consacrons 2 bonnes heures à la visite du Musée d'Art Populaire Tyrolien. On y admire une précieuse collection de crèches du XVIème au XIXème délicatement colorées...


Musée tyrolien
Musee_tyrolien_coffre_peint

...des outils et des meubles finement gravés ou peints, intérieurs de chalets en pin richement sculptés, de magnifiques costumes régionaux.


La Hofkirche mérite aussi un détour, avec ses massives 28 statues en bronze noir de personnages plus ou moins historiques (du Roi Arthur à Clovis...) entourant le mausolée de Maximilien Ier.

Insbruck : statues de la Hofkirche
Statue de bronze de la Hofkirche
Statues de bronze de la Hofkirche
Statues de bronze de la Hofkirche

Innsbruck : place du Toit d'Or de nuit et sous la
                  neige...
Innsbruck : place du Toit d'Or de nuit et sous la neige...
L'obscurité tombe lorsque nous sortons du musée. Un peu de lèche-vitrines dans les rues illuminées de cette ville chic et dispendieuse nous mène jusqu'à l'Office du Tourisme. On nous y apprend que la route panoramique du Grossclöckner, dont j'envisageais le parcours, est fermée. Il ne nous reste donc qu'à nous pousser au plus vite vers l'Est pour devancer les assauts du Général Hiver.

Embarquant sur l'autoroute A 12, nous gagnons Wiesing puis, dans la nuit, bifurquons vers le sud en direction du Gerlospass supposé être encore accessible. Nous établissons faute de mieux notre bivouac à Fugen, au bord d'une rue de village qui s'avérera extrêmement passante et bruyante. Auparavant, au cours de notre vaine recherche d'un coin tranquille, nous avions éteint d'un coup de pare-chocs arrière un lampadaire de Schlitters, ce qui avait amené une évacuation hâtive et discrète...


Samedi 19 novembre 1988 : de FUGEN à HERMAGOR

Mal reposés, nous repartons sous la pluie en direction du Gerlospass, par une route de vallée qui bientôt commence à grimper. Mais la bruine vire progressivement en neige au fur et à mesure que nous gagnons en altitude. Malgré tout le pittoresque que sa présence ajoute au paysage (montagne d'alpages saupoudrée de sucre glace), je dois constater la rage au cœur que notre escargot à traction avant, patinant et dérapant, ne pourra passer. Nous devons faire demi-tour à quelques kilomètres du col (1 507 m) pour regagner la vallée et tenter un autre itinéraire. Notre véhicule, dont la charge est beaucoup trop reportée sur l'arrière, se montre encore une fois au dessous de nos attentes, il n'est manifestement pas prévu pour le genre de "raid" que nous menons...

Nous revenons donc à l'autoroute A 12, puis roulons jusqu'à Kitzbühel, toujours sous une petite neige tourbillonnante. Le temps de faire le plein d'eau et de carburant dans cette élégante station de sports d'hiver célèbre pour ses grandes compétitions de ski alpin, et je reprends le volant. Nous passons sans trop de problème mais les fesses serrées le Thurnpass (la route est juste assez salée !) et descendons dans la vallée de la Salzach à Mittersill, une petite ville traditionnelle sise au fond d'une large dépression. La neige, légère, s'éclaircit bientôt. Après une superbe montée parmi les hauts sapins qui, tout couverts d'une neige épaisse, tapissent les parois abruptes de la vallée, nous franchissons enfin la chaîne du Hohe Tauern (culminant à 3 800 m) par le Felbertauern Tunnel (5,3 km). Route du Felbertauern Tunnel
Route du Felbertauern Tunnel en début d'été

Il semble bien que nous ayons laissé le mauvais temps derrière nous. La descente de l'autre côté du col s'achève donc sous un ciel gris mais clément à Mattrei. Après une courte pause devant son château du XIIIème surveillant du haut de son éperon le bassin de l'Isel, une route de vallée large et facile nous mène à la petite ville de Lienz. Elle a de toute évidence perdu son animation estivale... Nous remontons les 982 m du Gailbergsattel pour entrer dans la douce et rurale Carinthie, avant de faire enfin halte dans le village d'Hermagor, sur le stationnement d'un magasin de linge... C'est alors qu'en faisant le tour du camion je constate la disparition du bouchon du réservoir d'eau : nous avons dû l'oublier à Kitzbühel en faisant le plein... 170 km éprouvants que nous ne referons sûrement pas ! Tant pis, nous nous arrangerons pour le remplacer plus loin (ce qui ne s'avérera pas une mince affaire !)


Dimanche 20 novembre 1988 : d'HERMAGOR à VILLACH

Cette fois nous avons bien choisi notre point de chute puisque Hermagor est un village des plus paisibles où nous passons une excellente nuit. Nous reprenons la route dispos sous un ciel cependant chargé. La jolie ville de Graz n'est pas très loin, mais les riches musées y sont fermés, en particulier le fameux arsenal aux 10 000 armures que Mathieu se promettait pourtant d'explorer de fond en combles. Nous décidons de mieux faire connaissance avec cette région vallonnée en réalisant les excursions proposées par le Guide Vert autour de Villach. Le Landskron, une vieille forteresse en ruine nous attire d'abord, mais la route d'accès en est barrée. Nous ne pourrons donc contempler de là-haut le paysage du lac d'Ossiach, et je dois me contenter de filmer la masse imposante du château depuis le bas de la colline. Un peu déçus par cet échec initial, nous nous orientons plutôt vers le lac de Wörth (Wörthersee) dont nous partons faire le tour.

Maria Gall : la statue de Marie sur le maître
                  autel
Maria Gail : la statue de Marie sur le maître autel
Église de pèlerinage de Maria Gail
Église de pèlerinage de Maria Gail

Un premier arrêt à la petite église rurale de pèlerinage de Maria Gail nous permet d'admirer un superbe retable baroque du XVIème évoquant la vie de la Vierge.
Quatre bas-reliefs naïvement sculptés et richement dorés entourent un panneau central représentant le Couronnement de la Vierge, le tout formant un tableau tout-à-fait significatif de la piété populaire dans cette région très catholique.
Église de Maria Gail : la nef et son riche
                    mobilier baroque
Église de Maria Gail : la nef et son riche mobilier baroque

Église de Maria Gail : le retable fermé
Église de Maria Gail : le retable fermé
Église de Maria Gail : le retable ouvert
                    montrant le Couronnement de la Vierge
Église de Maria Gail : le retable ouvert montrant le Couronnement de la Vierge

Détail du retable de Maria Gail : Nativité
Détail du retable de Maria Gail : Nativité
Détail du retable de Maria Gail : l'Adoration
                    des Rois Mages
Détail du retable de Maria Gail : Adoration des Rois Mages

D'autres belles statues de saints du XVIème, des fresques aux couleurs fraîches couvrant les voûtes d'anges musiciens, un opulent mobilier de bois peint et doré complètent le décor de cette charmante petite église baroque.

Église de Maria Gail : décor baroque de la
                    chaire
Église de Maria Gail : décor baroque de la chaire

Église de Maria Gail : retable de l'autel
                    gauche : le Bon Berger
Église de Maria Gail : retable de l'autel gauche :
le Bon Berger

Église de Maria Gail : le saint protecteur
Église de Maria Gail :
le saint protecteur

Le paysage alentour ajoute à l'agrément du monument : une large vallée doucement ondulée bordée de hauteurs à l'horizon, un lac cerné de paisibles pâturages, tout semble concourir à la sérénité des lieux. Site de Maria Gail
Site de Maria Gail

Lac de
                  Carinthie
Lac de Carinthie
Nous passons ensuite devant le "bildstock" de Saint-Martin, sorte de grosse borne couverte d'un petit toit pentu abritant des alvéoles peintes d'images pieuses. Ici c'est Saint Martin partageant son manteau, ailleurs ce seront d'autres scènes de la Légende Dorée qui afficheront leurs couleurs vives et leurs dessins naïfs en bord de route.

Franchissant le pont de Rosegg, nous sommes bientôt dans la chic station balnéaire de Velden d'où la vue s'étend sur le Wörthersee, superbe. On se croirait presque au bord du lac d'Annecy, c'est dire..., mais la température et le vent plutôt frisquets n'incitent guère aux plaisirs de la plage !

Une petite route sous les arbres longe la berge du lac jusqu'aux pittoresques sanctuaires de Maria Wörth. Nous les découvrons, jumeaux sur leur promontoire, et entourés d'une même enceinte, mirant dans l'eau leurs clochers et tour du XVIème. Un escalier extérieur couvert - les pèlerins le gravissaient à genoux - mène à l'intérieur sobre et blanchi à la chaux. Une superbe Descente de Croix du plus beau baroque attire le regard en entrant tandis qu'une statue de la Vierge, typée, trône au dessus du maître autel. L'architecture est des plus simple, robuste et dépouillée, l'ambiance campagnarde et recueillie. Église de
                  Carinthie
Église de Carinthie
Paysage de Carinthie
Paysage de Carinthie
Comme le beau temps clair se poursuit, nous escaladons le Pyramdenkogel (859 m) d'où le tour d'horizon sur le Wörthersee, la Carinthie et les Alpes au loin doit valoir le coup. Hélas encore une fois, la tour d'observation est fermée et le boisé touffu sur le sommet masque totalement la vue...

Reprenant la direction vers l'est, nous rallions alors directement Klagenfurt pour la fin de notre itinéraire touristique. Je tente d'y trouver un bouchon de remplacement convenant à notre réservoir d'eau potable. Peine perdue, ce matériel d'origine française est absolument original, non standard... et donc irremplaçable ! On m'indique cependant l'existence d'un marchand de camping-cars à Villach. Empruntant cette fois l'autoroute offrant de magnifiques échappées sur le lac ensoleillé, nous revenons sur nos pas de quelques 30 km pour aller stationner sur le parking du magasin à la nuit tombante.


Lundi 21 novembre 1988 : de VILLACH au LOIBLTUNNEL

Un peu à l'écart de la route, nous dormons du sommeil du juste... mais au matin le problème qui nous a amenés ici demeure : impossible de trouver un bouchon s'adaptant directement à notre coupelle de remplissage ! Heureusement la marchande d'accessoires est très serviable, elle me prête quelques outils et me laisse essayer tout le matériel qui lui reste en réserve jusqu'à ce que je trouve une solution. Après 2 heures de bricolage sous une petite neige qui augmente jusqu'à prendre allure de véritable tempête, je réussis à modifier notre entrée d'eau pour y ajuster un bouchon à clef trouvé sur place.

Nous sommes prêts à reprendre notre route, mais elle est maintenant recouverte de plusieurs centimètres d'une neige fraîche qui continue de tomber abondamment. La vue - superbe hier - sur le Wörthersee depuis l'autoroute est complètement bouchée, la chaussée assez glissante. Aussi, rendus à Klagenfurt, décidons-nous d'oublier la Hongrie trop aléatoire par ce temps pour nous diriger plus au sud vers la Yougoslavie. Changement radical de cap donc, on se réoriente vers le Loibltunnel donnant accès à la frontière yougoslave à moins de cinquante kilomètres.

Mais nous n'irons pas loin : après un quart d'heure d'une conduite digne de notre Canada l'hiver, doublant sans cesse voitures et camions arrêtés sur le bas-côté pour monter des chaînes, sentant le train avant hésiter à chaque trace de pente, nous jugeons plus prudent de nous équiper de façon conséquente et sécuritaire. Nous faisons alors notre troisième entrée à Klagenfurt pour nous procurer nous aussi des chaînes. Une heure pour dénicher un garage Citroën ayant notre "pointure", une autre heure pour trouver une banque (car le garage n'accepte pas la carte Master-Card...), et nous voilà repartis en plein cœur de la tempête. Les chaînes améliorent beaucoup la traction du C 25, mais nous finissons par échouer à grimper une côte très raide (annoncée 22% !) mal déneigée dans un hameau à quelques 10 km du col frontière. Nous reculons donc jusqu'à une aire de pique-nique tout-à-fait déserte dans les circonstances (!) et y passerons la nuit dans la tourmente, préparant bien au chaud notre itinéraire yougoslave.



Du Loibltunnel à Brela


Mardi 22 novembre 1988 : du LOIBLTUNNEL à LUBLJANA (Yougoslavie)

Nous éveillant sous un ciel dégagé et ensoleillé, dans un environnement resplendissant de neige et de glace, nous réussissons cette fois à escalader la côte menant au tunnel de Loibl.

Vue partielle
                  des dégâts causés par la barrière de douane...
Vue partielle des dégâts causés par la barrière de douane...
Aucun problème douanier à l'entrée en Yougoslavie, mais un accrochage avec une barrière insuffisamment relevée cause quelques dégâts extérieurs à la cellule (ce qui nous vaut la rédaction d'une autre lettre à l'assureur dans la soirée...).

Cela ne fait qu'accentuer mon stress lorsque je dois m'engager dans une descente de col superbe sous le soleil, mais très imparfaitement dégagée. Le C 25 me semble alors terriblement susceptible sur route glissante ! Les chaînes que je pose et dépose à plusieurs reprises donnent quand même une bonne sécurité et nous atteignons bientôt - par une section d'autoroute - Lubljana enneigée.
La vieille capitale slovène est tout à fait charmante, très autrichienne avec son marché campagnard et ses bâtiments rococos aux teintes pastel. Si les façades enrichies de sculptures baroques malheureusement un peu décrépites auraient besoin d'un sérieux ravalement, les glaçons en stalactites ajoutent au décor une touche quasi magique. Un peu partout des dragons emblématiques de la cité ornent les ponts et les lampadaires disposés le long de la rivière. Le froid, assez vif et humide, ne nous dissuade pas de faire un lèche-vitrines dont les bas prix nous surprennent. De plus le pays est en pleine crise économique et souffre d'une grave inflation. Lorsque nous changeons quelques 200.00 $ au bureau d'Euro-Card on nous remet une épaisse liasse de papier monnaie qui impressionne fort Mathieu et Juliette.

Nous devons ensuite trouver en périphérie l'usine à gaz locale pour faire remplir notre bouteille de propane déjà épuisée (le chauffage de la cellule est bien agréable et efficace, mais gros consommateur d'énergie...).
Centre
                  historique de Lubljana
Centre historique de Lubljana

Les quais colorés de Lubljana
Les quais colorés de Lubljana

Saules pleureurs du Tromostovje (Pont Triple)
qui franchit la Lubjanica dans le vieux Lubjana
construit en 1930 par le grand architecte
slovène Joze Plecnik (1882-1957)
Saules pleureurs du Tromostovje (Pont Triple)
Brume matinale à Lubljana
Brume matinale à Lubljana
Sur les quais de Lubljan le soir, dragon
                    emblématique de la ville
Sur les quais de Lubljan le soir, dragon emblématique de la ville
De retour au centre au début de la soirée - à 17:00 heures il fait déjà très sombre - nous escaladons l'éperon dominant la vieille ville pour y visiter le vénérable château fort. Il est en complète rénovation et donc fermé au public, mais le petit parc qui l'entoure nous parait tout à fait tranquille et nous nous y installons pour la nuit.

La neige nimbe les statues historico-patriotiques de la promenade, le soleil couchant rougit les toits et la rivière en bas, la nuit envahit bientôt l'horizon, et nous retrouvons avec délice le confort douillet de notre petite maison mobile.
Les toits et le château de la vieille ville de
                    Lubljana
Les toits et le château de la vieille ville de Lubljana

Mercredi 23 novembre 1988 : de LUBLJANA à ZAGREB

Notre intuition ne nous avait pas trompé, nous avons vraiment choisi le bon "spot" pour passer la nuit au calme à deux pas du centre ville. Un dernier petit tour sur les quais de Lubljana nous mène à la Grande Poste, Nous y téléphonons des nouvelles fraîches à la famille et expédions notre courrier. Mais il fait vraiment trop froid (un -10° C très humide) pour mener à son terme l'exploration touristique de cette cité pourtant attachante. Nous retrouvons donc avec plaisir la chaleur du bord pour prendre le départ vers Zagreb.

La vieille ville de Zagreb autour de la
                    cathédrale
La vieille ville de Zagreb autour de la cathédrale
Cathédrale de Zagreb
Cathédrale de Zagreb

La route, bonne dans l'ensemble, traverse de grandes vallées tapissées de sapins où quantité de petits villages s'accrochent aux pentes à l'écart de la circulation. Le paysage forme un tableau champêtre plutôt agréable, mais il demeure beaucoup trop enneigé à notre goût. Après 2 heures de roulage, le soleil brillant n'arrive toujours pas à dégeler l'eau du lave-vitres ni surtout les canalisations d'eaux usées sous le plancher (c'est donc ça un camping-car hivernisé à la française, ou plutôt à la Pilote ?). Je commence à être inquiet car je ne vois pas comment débloquer nos tuyauteries et réservoirs sans rentrer le camping-car dans un garage chauffé, et nous risquons de perdre bien vite notre autonomie si importante à nos yeux.
Zagreb apparait comme une grande ville moderne entourée de développements domiciliaires étendus (gros blocs genre H.L.M., boulevard périphérique et autoroute à péage). Le centre-ville est baroque ou néoclassique, les façades affichent tout un décor sculpté (linteaux, encadrement de fenêtres...) tandis que les crépis pastels prennent des teintes de jaune, d'ocre, de rose ou de vert pâle, paysage urbain somme toute assez peu différent du vieil Helsinki. Le charme est là, sans aller jusqu'à la transcendance... Nous parcourons à pied les grandes artères commerciales. Les prix demeurent très bas, mais les décors des boutiques sont sans élégance et la qualité comme la variété des produits offerts semblent assez limitées. Fontaine de Neptune dans la vieille ville de
                  Zagreb
Détail de la fontaine de Neptune dans le vieux Zagreb

Un petit funiculaire nous fait gagner la ville haute. Du haut d'une vieille tour aux marches raides, on jette un coup d’œil sur les toits à moitié enneigés de la vaste agglomération et sur les bâtiments anciens qui nous entourent. Puis le dédale des ruelles nous entraîne dans une autre époque. Quelques monuments mériteraient une visite plus approfondie si la plupart n'étaient fermés pour la saison.

Le soir descend vite, et avec lui le froid qui s'intensifie. Nous retournons au camping-car transis et un peu découragés, malgré un joli coup d’œil au quartier des musées (fermés...) dont les bâtiments néo-classiques ont fière allure autour d'un grand parc soigné. Nous remarquons, amusés, les globes de plastique transparents qui protègent des intempéries les bustes des grands hommes locaux... Mais il n'existe rien de semblable pour nous autres humains; mal préparés à affronter de telles températures, nous souffrons cruellement de ce froid, et le froid, Y EN A MARRE ! C'est décidé, nous abandonnerons dès demain l'intérieur du pays et irons chercher le soleil et la chaleur plus au sud en bord de mer. Nous reprenons donc la route pour nous arrêter quelques kilomètres plus loin dans le stationnement d'un hôtel en bordure d'autoroute.


Jeudi 24 novembre 1988 de ZAGREB à CRICKVENICA

Nous ne souffrons vraiment pas de la température durant la nuit, mais sommes réveillés assez tôt par une Lada garée à côté de nous qui refuse de partir après que son conducteur ait noyé son carburateur... On se croirait à Montréal ! De plus, au moment de sortir de la douche, l'eau s'écoule difficilement jusqu'à stagner au fond du bac : ce sont des glaçons qui ont rempli progressivement le réservoir d'eaux grises et qui ont fini par quasiment l'obstruer... (C'est ça un camping-car «hivernisé» à la Pilote... ?!). Nous tenons rapidement conseil et  notre décidons de descendre immédiatement et le plus vite possible vers la Méditerranée en prenant la direction du port de Rijeka.

Nous suivons d'abord 40 km d'une large autoroute facile et quasi déserte, puis 120 km de route sinueuse serpentant de collines en vallées, et surtout enneigée sur presque toute sa longueur. Le bloc de glace dans le réservoir cogne sur les parois à chaque virage... Je n'ai pas le courage de remonter les chaînes, pas vraiment indispensables, et nous arrivons finalement à passer, mais à 40 km/heure et derrière des caravanes de camions qui nous éclaboussent de neige plus ou moins salée et fondue. Heureusement le paysage est très beau et la conduite de Monique sur la croûte de neige glacée tout à fait rassurante. Je peux donc filmer tout à mon aise les hautes vallées et les hameaux dispersés dans l'étendue blanche.

Nous suivrons cette route côtière dorénavant presque jusqu'à l'Albanie. Bakar nichée au fond de sa baie se laisse admirer de loin, puis les anses abritant chacune leur petit port de pêche se succèdent, dominées par les derniers contreforts des montagnes rouges venant mourir dans l'eau d'un bleu... outremer. Le soleil jette sur ce magnifique décor sa chaleur et sa lumière ardente si typiques du ciel méditerranéen.

Le quai de Rijeka
Le quai de Rijeka
La neige ne nous quitte qu'à 5 km de la mer. Nous attendions impatiemment l'apparition de son étendue bleutée et nous l'avions guettée à travers des trouées, du haut des derniers contreforts des montagnes, bien auparavant. Inutile de souligner notre soulagement de retrouver une chaussée fiable, une terre dégagée et une lumière un peu moins hivernale.

Nous traversons rapidement Rijeka, grand port industriel qui nous semble de peu d'intérêt, et nous engageons avec beaucoup de satisfaction et d'attentes sur la superbe route de corniche longeant l'Adriatique.

En fin d'après-midi nous voici à Crickvenica, une agréable petite ville port de pêche et plage de vacance (l'été...). Un aimable chauffeur d'autobus local nous indique le garage station-service municipal où nous trouvons un équipement adéquat pour débarrasser notre camping-car de la couche de sel et de boue accumulée durant la traversée de l'intérieur du pays.

La nuit tombe lorsque nous allons nous installer au milieu du village, juste au bord de la mer, sur un grand stationnement public. Le panorama très étendu laisse deviner dans la baie quelques îles au large, la mer fait rouler ses petites vagues presque tièdes sur l'enrochement de l'esplanade, le fond de l'air quoique frais n'a plus rien d'hivernal pour nous. Quel changement avec Zagreb hier soir, vive la Méditerranée !
Hvar
Dans l'Ïle de Hvar

Vendredi 25 novembre 1988 : de CRICKVENICA à ZADAR

Notre grande place était en fait un stationnement assez fréquenté dès 6:00... mais nous avons quand même bien dormi. Seul le vent violent qui a repris en fin de soirée nous a amené à colmater encore davantage quelques fentes autour du meuble cuisine (malgré le colmatage entrepris en Norvège), et à quitter l'abri insuffisant des tamaris pour un coin d'asphalte moins venteux.

Départ vers 9:30, tous réservoirs dégelés et sous un ciel radieux : il fait au moins 15° C ! La route suit une corniche continue serpentant au pied des rochers gris - ou cuivrés lorsque remués depuis peu - culminant en de hautes montagnes aux cimes enneigées.

L'ïle de
                    Korcula en face de Senj
L'ïle de Korcula en face de Senj
De l'autre côté elle domine une mer Adriatique bleu-vert animée par les frissons du vent qui la font parfois moutonner et se répandre en nuées d'embruns. C'est superbe, surtout sous le soleil maintenant bien établi qui nous garantit une température presque confortable. La visite du petit village côtier de Senj est quand même brève, vu le vent plutôt frisquet. Pourtant le petit port est pittoresque avec ses ruelles pavées de grandes dalles de pierre et ses vieilles maisons un peu décrépites; c'était un asile de pirates au XVIème, semble-t-il...

La corniche se poursuit jusqu'à Karlobag où nous nous éloignons un peu de la mer pour monter voir le point de vue depuis les 900 m d'altitude du Stara Vrata. Les pieds dans la neige, je filme un panorama grandiose sur l'Adriatique et ses îles dispersées jusqu'à l'horizon, mais une violente rafale m'arrache la portière des mains et la tord ! Nous reprenons la route côtière dans une lumière de plus en plus dorée par la descente du soleil, et à 17:00 nous arrivons au port antique de Zadar. Dans le crépuscule rosé, nous gagnons le camping - fermé - de Borik et nous y installons pour la nuit parmi les caravanes en hivernage.


Samedi 26 novembre 1988 : de ZADAR à TROGIR

Zadar : la place
          devant l'église, là où s'étendait le forum romain
Zadar : la place devant l'église, là où s'étendait le forum romain

L'église pré-romane de Sveti Donat et le forum de
            Zadar
L'église pré-romane de Sveti Donat et le forum de Zadar

Excellente nuit dans notre camp désert, puis réveil sous le soleil au milieu des tamaris. La température continue d'être douce, on se croirait presque... en vacances !

Visite du Musée
                  d'Art religieux de Zadar
Visite du Musée d'Art religieux de Zadar
Nous nous attardons un peu à visiter Zadar, sa vieille ville entourée par la mer et surtout son Musée d'Art Sacré extraordinairement riche et bien présenté. Il est installé dans un couvent encore occupé par des nonnes, et l'on y admire quantité de précieuses et délicates pièces d'orfèvrerie, des statues de saints et plusieurs Christ en Croix pathétiques. Nous y découvrons aussi nos premières icônes, d'une grande qualité et d'une étonnante diversité.

Un codex du Musée d'art religieux de Zadar
                    (XVIe. s.)
Un codex (XVIe.) du Musée d'art religieux de Zadar
Musée d'Art religieux de Zadar : Vierge du
                    XVème
Musée d'Art religieux de Zadar : Vierge du XVème

Icône du Musée d'Art religieux de Zadar
Icône du Musée d'Art religieux de Zadar
Icône du Musée d'Art religieux de Zadar
Icône du Musée d'Art religieux de Zadar

Déambulant dans les ruelles, nous regagnons le quai au pied du rempart où nous avons stationné notre camping-car. Pendant notre déjeuner sur le pouce, nous regardons partir les petits traversiers surchargés, sorte d'"autobus" des îles. En effet les habitants des rivages de Zadar viennent qui étudier, qui travailler, qui faire ses courses dans la métropole régionale, et tout ce beau monde retourne chez soi en ce magnifique samedi après-midi.

La
                    petite famille sur le grand pont de Sibenik
La petite famille sur le pont de Sibenik
Nous reprenons notre route. Elle ne suit plus le flanc de la montagne maintenant mais longe de près le rivage et traverse les jolis ports de pêche ou de plaisance logés au fond des anses. Le grand pont de Sibenik mérite un arrêt pour admirer le panorama, une cinquantaine de kilomètres avant Trogir qui sera notre étape de la journée.
La vieille ville de pierres blanches, superbement restaurée, est isolée au milieu de l'eau, protégée par les ruines d'un château-fort au pied duquel nous établissons notre bivouac. Nous nous laissons tenter par une petite promenade parmi les vieilles églises et petites places de l'antique cité, mais l'obscurité nous ramène bientôt "at home". Aussi nous promettons-nous de faire une autre balade dans ses ruelles demain avant de repartir vers Split et Dubrovnik.
Trogir
Le vieux Trogir sur sa presqu'île


Dimanche 27 novembre 1988 : de TROGIR à BRELA

Dans une ruelle de Trogir
Placotage dans une ruelle de Trogir

Le tour de ville se prolonge un peu dans le clair soleil du matin; j'ai notamment la chance de filmer les poissonnières écoulant la marée du jour dans leur vieille Halle du XIVème siècle, juste à côté du petit port...
Les lions gardant le portail de la
                        cathédrale de Trogir
Les lions gardant le portail de la cathédrale de Trogir

Les lions gardant le portail de la cathédrale
                    de Trogir
Les lions gardant le portail de la cathédrale de Trogir

Chapelle Renaissance de la cathédrale de Trogir
Chapelle Renaissance dans la cathédrale de Trogir

Loggia sur la place devant la cathédrale de
                    Trogir
Loggia sur la place devant la cathédrale de Trogir
Balade
                    dans les vieilles rues de Trogir
Balade dans les vieilles rues de Trogir


Visite du Musée archéologique croate de Split
La grande route jusqu'à Split est un plaisir. Nous découvrons là une cité riche d'histoire et de curiosités qui s'étale largement au fond de sa vaste baie. Le Musée Archéologique Croate, un peu excentrique, est assez difficile à trouver, mais son bâtiment très moderne et ses collections lapidaires exceptionnelles valent la recherche, malgré une thématique assez spécialisée.

Musée archéologique croate de Split : la grande
                    salle du rez-de-chaussée
Musée archéologique croate de Split : la grande salle du rez-de-chaussée
Musée archéologique croate de Split : ciborium
Musée archéologique croate de Split : ciborium

Split_Musee_archeo_fronton
Musée archéologique croate de Split : fronton

Musée
            archéologique croate de Split : bas-relief
Musée archéologique croate de Split : bas-relief
Musée
            archéologique croate de Split: éperons
Musée archéologique croate de Split: éperons dorés et boucles de couroire de fixation
Musée
            archéologique croate de Split:encensoir
Musée archéologique croate de Split : encensoir
Musée
            archéologique croate de Split : fonts baptismaux
Musée archéologique croate de Split : fonts baptismaux

Nous errons encore un peu dans la périphérie, traversant le beau parc du Mont Marjan aux pins odorants et aux rochers léchés par le clapotis de l'Adriatique, avant d'atteindre la galerie Mestrovic.

Visite de la Galerie Mestrovic à Split
Galerie Mestrovic de Split : l'entrée dans le
                    jardin
Galerie Mestrovic de Split : l'entrée dans le jardin
Dans la majestueuse villa de l'artiste nous découvrons une admirable collection des œuvres d'un sculpteur plein de vie et d'expression,  mais aussi très empreint par l'héritage classique.
Galerie Mestrovic de Split : Vestale
Galerie Mestrovic de Split : Vestale
Galerie Mestrovic de Split : Perséphone
Galerie Mestrovic de Split : Perséphone

Galerie Mestrovic de Split : le Cyclope
Galerie Mestrovic de Split : le Cyclope

Galerie Mestrovic de Split : autoportrait par
                    Mestrovic
Galerie Mestrovic de Split : autoportrait par Mestrovic
Galerie Mestrovic de Split : Désespoir
Galerie Mestrovic de Split : Désespoir

Galerie Mestrovic de Split : la mère de
                    l'artiste
Galerie Mestrovic de Split : la mère de l'artiste
Galerie Mestrovic de Split : la mère de
                    l'artiste
Galerie Mestrovic de Split : la mère de l'artiste

Galerie Mestrovic de Split : Job
Galerie Mestrovic de Split : Job, vu de côté
Galerie Mestrovic de Split : Job de face
Galerie Mestrovic de Split : Job, vu de face

Galerie Mestrovic de Split : Contemplation
Galerie Mestrovic de Split : Contemplation
Galerie Mestrovic de Split : Psyché
Galerie Mestrovic de Split : Psyché

Galerie Mestrovic de Split : Olga, femme de
                    l'artiste
Galerie Mestrovic de Split : Olga, femme de l'artiste
Galerie Mestrovic de Split : La violoniste
Galerie Mestrovic de Split : La violoniste

Galerie Mestrovic de Split : Baigneuse
Galerie Mestrovic de Split : Baigneuse
Galerie Mestrovic de Split : Mère et enfant
Galerie Mestrovic de Split : Mère et enfant

Nous passons quelques heures émouvantes, sous le charme, d'autant plus que le palais et le "kastelet" de l'artiste sont admirablement situés en bord de mer et noyés dans une végétation toute méditerranéenne. Galerie Mestrovic de Split : dans la chapelle du
                  Kastelet
Galerie Mestrovic de Split : dans la chapelle du Kastelet

Galerie Mestrovic de Split : Jésus et la
                    Samaritaine
Galerie Mestrovic de Split : Jésus et la Samaritaine
Galerie Mestrovic de Split : Pieta
Galerie Mestrovic de Split : Pieta

Split : le campanile et le tombeau de
                    L'Empereur Dioclétien,
Split vu du ciel : le campanile et le tombeau de L'Empereur Dioclétien, maintenant cathédrale
Nous retournons ensuite au centre-ville et au palais de Dioclétien dont nous découvrons la masse, la diversité et l'aspect hétéroclite. Les principales structures ont toujours été utilisées : les soubassements colossaux ont servi d'entrepôts et l'espace intérieur entre les énormes murs extérieurs contenait la ville au Moyen Âge.

Split : une représentation du Palais de Dioclétien dans
          l'Antiquité
Split : une représentation du Palais de Dioclétien dans l'Antiquité

Split
            : cour (péristyle) précédant la salle d'audience
Split : cour à péristyle précédant la salle d'audience aménagée en espace de spectacle

Ruelle de Split
                  dans les remparts du Palais
Ruelle de Split dans les remparts du Palais
Elles ont donc été relativement bien conservées et l'on commence à les dégager. Encore une fois, nous sommes étonnés de la qualité technique et de la conception monumentale des constructions romaines.

Le soleil décline lorsque nous sortons de ce dédale pour acheter au pied des remparts quelques fruits et légumes sur le marché local.

La route de corniche panoramique nous reprend jusqu'à la nuit. Enfilant une descente vertigineuse à travers les pins vers le charmant petit port de pêche de Brela, nous allons bivouaquer sur son quai.


de BRELA à la frontière macédonienne

Lundi 28 novembre 1988 : de BRELA à DUBROVNIK

Plage près
                    de Brela
Plage près de Brela

Nuit super au bord d'une plage idéale totalement désertée par les touristes, à 100 m du petit port typique de la Méditerranée. Monique y joue la lavandière sur le quai pendant que j'enregistre la scène à la vidéo, enchaînant avec un pêcheur raccommodant son filet. Vers 10:00 nous levons le camp avec Dubrovnik pour objectif...

Le pont de Mostar
Le pont de Mostar - depuis détruit en 1990 et reconstruit à l'identique.

puisqu'il n'est pas question, vu l'état des routes, de s'enfoncer à l'intérieur pour aller admirer le fameux pont ottoman de Mostar...

Bien sûr on s'arrête plusieurs fois au bord de la route pour admirer les vastes développements du paysage de montagnes, de mer et d'îles, ponctués de stations balnéaires certainement très fréquentées en été... En fin de matinée nous sommes à l'entrée de la vieille ville de Dubrovnik, au pied de ses remparts massifs.
Plage de Dalmatie l'été...
Plage de Dalmatie l'été...

Plan de la
          Dubrovnik ancienne
Plan de la ville ancienne de Dubrovnik

Le port de Dubrovnik
La vieille ville de Dubrovnik côté port

Cette enceinte flanquée d'énormes tours forme un ensemble imposant et sévère. Mais lorsqu'on traverse la forteresse protégeant la "république de Raguse" du côté du port, on découvre des couvents, des églises et des rues dans un état remarquable, comme devait l'être la ville à sa reconstruction après le tremblement de terre d'il y a trois siècles (1667)...

Tours
          gardant le port de Dubrovnik
Tour gardant le Port de Dubrovnik

Port de Dubrovnik
Port de Dubrovnik
Dubrovnik_entree_est
Dubrovnik : l'entrée est devant le port
Dubrovnik : forteresse saint Jean 
Dubrovnik : forteresse saint Jean
Dubrovnik : le couvent des Dominicains derrière
                    le port
Dubrovnik : le couvent des Dominicains derrière le port et l'entrée est

Dubrovnik : clocher du couvent des Dominicains
Dubrovnik : clocher du couvent des Dominicains
Dubrovnik : église du couvent des Dominicains
Dubrovnik : église du couvent des Dominicains

Dubrovnik :
          Tour de l'Horloge devant l'ancienne douane
Dubrovnik : Palais Sponza et Tour de l'Horloge devant l'ancienne douane

Dubrovnik : Palais du Recteur
Dubrovnik : Palais du Recteur
Dubrovnik : colonnade devant le Palais du
                    Recteur
Dubrovnik : colonnade devant le Palais du Recteur
Dubrovnik : chapiteau du Palais du Recteur 
Dubrovnik : chapiteau du Palais du Recteur
 Dubrovnik : cour atrium Renaissance du Palais
                    du Recteur
Dubrovnik : cour atrium Renaissance du Palais du Recteur
Le Stradum de Dubrovnik depuis le Palais du
                    Recteur
Le Stradum de Dubrovnik depuis le Palais du Recteur
Fontaine devant le Palais du Recteur, en
                    arrière le Palais Sponza
Fontaine devant le Palais du Recteur, en arrière le Palais Sponza
Entrée du Stradun en venant du port
Entrée du Stradun en venant du port
ovnik : dans la vieillie ville en direction du
                    port, l'église de Saint Blaise et la cathédrale
Dubrovnik : dans la vieillie ville en direction du port, l'église de Saint Blaise et la cathédrale
Concert pop nocturne sur la place devant la
                    cathédrale
Concert pop nocturne sur la place devant la cathédrale
Les escaliers menant à l'Église des Jésuites
Les escaliers menant à l'Église des Jésuites
L'église des Jésuites
L'église des Jésuites
Dubrovnik_rue_et_chapelle
Dubrovnik : rue et chapelle

Le
                        Stradun en soirée
Sur le Stradun au coucher du soleil

C'est presque trop beau, trop bien conservé ou restauré ! Nous déambulons un peu partout, filmant et magasinant livres, cartes postales et alcool de prune local... Nous ne quittons la vieille ville qu'après avoir parcouru son artère centrale, le Stradun, toute illuminée : les dalles de marbre blanc, polies par des millions de pas, brillent comme si elles étaient cirées, les lanternes publiques diffusent sur l'alignement des maisons de marchands une lumière douce atténuant le relief des pierres... Le tableau nous semble un peu féerique.
Terrasse dans le quartier Prikeko, bâti au
                    Moyen-Âge
Terrasse dans le quartier Prikeko, bâti au Moyen-Âge
Cloître du couvent des Franciscains
Cloître du couvent des Franciscains

Entrée Ouest de Dubrovnik : porte Vrat od Pila
                    avec la statue de Saint Blaise, protecteur de la
                    ville
Entrée Ouest de Dubrovnik : porte Vrat od Pila
avec la statue de Saint Blaise, protecteur de la ville


Tour
                    des remparts de Dubrovnik
Tour des remparts de Dubrovnik

Tour
            Minceta
Dubrovnik : la tour Minceta

Forteresse avancée à l'ouest des remparts
Forteresse avancée à l'ouest des remparts

Regagnant la ville contemporaine maintenant dans l'obscurité, nous allons faire le tour du supermarché local : paradoxalement la nourriture nous parait fort chère, alors que les vêtements et l'équipement ménager sont très abordables (300,00 $ pour une laveuse perfectionnée !). Il est vrai que l'on exige le paiement en marks allemands, une façon de contourner l'inflation... et de récupérer des devises fortes !

Camper n'importe où dans cette ville étendue ne nous dit rien qui vaille, nous nous dirigeons donc vers le grand terrain de camping de Dubrovnik. Mais nous le trouvons fermé et devrons nous contenter de dormir sur le stationnement en avant.


Mardi 29 novembre 1988 : de DUBROVNIK à TITOGRAD

Lever tardif après un sommeil paisible dont nous sommes tirés par des pétards célébrant la fête nationale. Le temps s'est un peu gâté, il fait très nuageux et plus frais. Nous repassons au dessus de la vieille ville sans y pénétrer, admirant de loin dans toute son étendue son site unique : le vieux port barré par ses deux tours, le quadrillage des maisons et monuments aux toits de tuiles romaines brunies, enserré dans ses formidables remparts et fortifications, et en arrière plan la baie magnifique limitée par les montagnes abruptes de la côte dalmate.
Adieu Dubrovnik !
Adieu Dubrovnik !

Nous voulons voir la mer le plus longtemps possible, aussi choisissons-nous la route de Titograd par la côte. Les paysages sont grandioses et les échappées sur l'Adriatique impressionnantes au détour des épingles à cheveux ou depuis les surplombs de la corniche. Nous apercevons de nombreuses petites plages de sable au creux des anses qui se succèdent, malheureusement des développements touristiques pas toujours bien venus ont tendance à les étouffer.

Les Bouches du Kotor au-dessus de la vielle
                    ville
Les Bouches du Kotor depuis les hauteurs au-dessus de la vielle ville
Le relief s'accuse, le temps se voile davantage, nous abordons les Bouches de Kotor. Elles forment un fjord grandiose, assez mystérieux, un peu trop noyé dans la brume à mon goût. Comme en Norvège nous en suivons la rive, jusqu'à découvrir la vieille cité de Kotor qui semble avoir beaucoup souffert du tremblement de terre de 1979.
Je fais, seul, un tour de la ville ancienne confinée dans ses murs et constate que, si les dégâts ont dû être considérables, les restaurations - pas encore terminées - ont été à la hauteur. La petite cité, majoritairement XVIIème, forme un tableau un peu fantastique, dominée par sa montagne à-pic et fortifiée derrière elle, acculée au fond de son fjord embrumé en avant. Je reprends ensuite le volant et observe, très impressionné, que toutes les maisons un peu vétustes de la région semblent elles aussi avoir été détruites. Ce ne sont partout que ruines abandonnées ou au contraire constructions neuves utilisant la même structure de béton armé et le même remplissage de briques creuses très légères : la meilleure parade face aux tremblements de terre, paraît-il.
Crépuscule
                    sur Kotor et les Bouches
Crépuscule sur Kotor et les Bouches

Ruelle
                    de Kotor
Ruelle de Kotor menant à la montagne dominant la ville
Cathédrale St Tryphon à Kotor
Cathédrale St Tryphon à Kotor

Au détour d'un virage surgit Sveti Stefan, ancien village de pêcheurs sur son îlot transformé en hôtel; le site est magnifique et, vu de loin, conserve beaucoup du charme qu'il devait avoir avant l'invasion des vacanciers...
L'Îlot de Sveti Stefan, maintenant transformé
                    en hôtel de luxe
L'Îlot de Sveti Stefan, maintenant transformé en hôtel de luxe

Sveti
                    Stefan sur son îlot
Sveti Stefan sur son îlot
Crépuscule sur Sveti Stefan
Crépuscule sur Sveti Stefan

Mais nous arrivons au bout de la côte accessible, c'est bientôt l'Albanie encore totalement hermétique qui commence. Il nous faut donc reprendre le chemin de l'intérieur. Un dernier coup d'oeil à l'Adriatique vers Petrovac que nous voyons diminuer derrière nous au fur et à mesure que nous grimpons dans la montagne, et c'en est bientôt fini de la douceur de la Méditerranée. Nous ne tardons pas à retrouver la neige dès que nous franchissons le col; elle nous accompagnera tout le long de l'interminable route sinueuse et triste nous menant à Titograd. Dans la nuit, cette grande ville neuve à l'architecture impersonnelle nous paraît bien peu intéressante, surtout noyée dans la pluie et la pénombre... Nous allons coucher tranquillement sur le stationnement d'un hôtel en dehors de la ville en direction de Skopje.


Mercredi 30 novembre 1988 : de TITOGRAD à SKOPJE

Gorges de la Moraca
Gorges de la Moraca
A 7:30, après un nuit sans problème je reprend le volant. La route ne tarde pas à s'engager dans le canyon de la Moraca, profondément creusé dans un relief tourmenté et plissé. La scène prend un tour très spectaculaire et photogénique, malgré un temps encore gris et brumeux. Les à-pic sur la rivière sont vertigineux, la chaussée en mauvais état franchit de nombreux tunnels et surplombs, et les accidents ne doivent pas y être rares : on aperçoit même la carcasse rouillée et disloquée d'un camion remorque gisant dans le lit caillouteux du torrent 100 mètres plus bas... De quoi inciter à la prudence !
Tout en haut des gorges, nous tombons sur le célèbre monastère de la Moraca. Bonne occasion de nous initier à la peinture murale byzantine. Les bâtiments monastiques regroupés dans un enclos autour de l'église forment un tableau champêtre plein de charme et de douceur dans la lumière pâle et diffuse, mais l'architecture comme telle, assez massive, ne nous impressionne guère. Abside du monastère de
                  la Moraca
Abside du monastère de la Moraca

Tout est désert lorsque nous franchissons le mur de clôture; seule une femme en sarrau et foulard noir taille à grands coups de hachette sur un billot ce qui semble être des pattes de cochon... Elle s'approche bientôt, va quérir un gros trousseau de clefs et nous fait pénétrer dans l'église.

Porte
                    de l'église de la Moraca
Porte de l'église de la Moraca
La Vierge de la
                  Moraca, au-dessus de la porte
La Vierge de la Moraca, au-dessus de la porte
Nous sommes tout à la fois ébahis et émerveillés : les voûtes et la coupole en totalité sont couvertes de fresques très colorées représentant des saints hiératiques et des scènes de la vie de Jésus ou de la Vierge. Un muret de pierre (l'iconostase) couvert d'une étonante collection d'icônes sépare le chœur de la nef, et l'or brille sous la lumière crue d'une unique ampoule électrique.
Christ Pantocrator dans la coupole
Christ Pantocrator dans la coupole

Les prophètes
Les prophètes

Sur le fond sombre les figures solennelles d'une centaine de personnages aux longs vêtements plissés se détachent et semblent nous fixer, chacune avec son expression grave et particulière. L'émotion qui se dégage de l'ensemble est difficile à décrire, tant la solitude des lieux, le silence pesant, l'atmosphère froide et humide ajoutent à la forte impression esthétique provoquée par les peintures.

L'Arbre de Jessé
L'Arbre de Jessé
Vierge à l'Enfant
Vierge à l'Enfant

Nous nous laissons tenter par de belles reproductions d'icônes vendues par la gardienne puis, encore sous le charme, nous poursuivons l'étroite route de montagne, quelque peu enneigée et défoncée, jusqu'à Rozeg. Nous tentons d'y prendre une voie latérale vers Pec (le Guide Bleu y signale un monastère *** encore plus beau que celui de la Moraca !).

Crucifixion
            (Ohrid)
Crucifixion (Ohrid)

L'Ange de la Résurrection devant le tombeau vide
            (Milestva)
L'Ange de la Résurrection devant le tombeau vide (Milestva)

Hélas, nous n'avons pas encore quitté les rues du village que notre fichu camping-car se met en travers du chemin et refuse obstinément d'aller plus loin : je dois monter les chaînes pour nous sortir - difficilement - d'affaire... Adieu l'excursion à Orhid et ses fresque extraordinaire, ce sera pour une autre fois !

Saint Mathieu (Ohrid)
Saint Mathieu (Ohrid)
Archange Gabriel
Archange Gabriel
Prophète
                  Élie (Moraca)
Prophète Élie (Moraca)

Ange (Kurbinavo)
Ange (Kurbinavo)
Dormition de la Vierge : les Apôtres
                    (Sopokani)
Dormition de la Vierge : les Apôtres (Sopokani)

Nous continuerons donc par la grande route bien dégagée de sa croûte de glace, mais toute en virages, semée de pierres tombées des pentes abruptes qui la dominent et entrecoupée de tunnels obscurs. La neige est partout présente sur les bermes et les montagnes que nous traversons, même si un soleil jaune de fin d'après-midi reconquiert progressivement le ciel derrière nos premiers minarets.

La route continue de se faufiler de corniches en hautes vallées très accidentées, et le soir tombe lorsque nous atteignons Pristina dans la plaine très rurale du Kosovo. On rencontre de nombreuses carrioles à chevaux non éclairées sur la chaussée obscure reliant des villages boueux et enneigés aux constructions pauvres. Deux tentatives pour y trouver un gîte avortent rapidement car nous ne tardons guère à devenir l'attraction du jour et devons fuir les enfants qui s'agglutinent comme des mouches...

Nous poursuivons donc vers la Macédoine du Nord et sa capitale Skopje à travers 40 km d'un épais brouillard. Parvenant au bout d'une heure et demi d'un train de tortue au centre de ce qui semble une grande agglomération, nous stationnons sur le premier terrain libre venu pour y passer la nuit.


Jeudi 1er décembre 1988 : de SKOPJE à BOGORODICA

Nous sommes tôt réveillés à Skopje puisque, par le plus grand des hasards, nous nous sommes retrouvés sur le grand stationnement central de la ville, précisément à l'endroit que nous visions sur le plan ! Monique se sent encore fatiguée de notre route éprouvante d'hier soir et le brouillard toujours dense n'incite guère à la promenade.

Centre de
                    Skopje autour du Pont de Pierre
Nous émergeons donc assez tard de notre chambre ambulante pour visiter le centre d'achat principal de Skopje (nous sommes sur son parking) et dépenser nos derniers dinars (non échangeables). Comme ailleurs dans le pays, les prix sont très bas mais le choix dans les boutiques demeure limité. Nous tombons cependant sur des soldes imbattables de livres d'art, bonne occasion de nous procurer quelques superbes bouquins sur la région d'Ohrid (magnifique mais bloquée par la neige) et la riche sculpture sur bois de la Macédoine. Notre balade de touristes curieux nous entraîne jusqu'à la nouvelle Grande Poste, d'une architecture monstrueuse, genre blockhaus difforme. D'autres monuments rivalisent de laideur avec elle, on les aperçoit un peu partout dans le centre de la ville en pleine reconstruction après qu'elle ait été rasée il y a dix ans par un terrible séisme.

Skopje : rue de Macédoine sous la neige
Skopje : rue de Macédoine sous la neige

Le temps ne s'améliore guère et, vers 12:30, nous décollons sans regrets pour tenter de gagner la Grèce d'ici le soir. Une route de moins en moins accidentée, mais sinueuse et tressautante nous mène jusqu'à quelques kilomètres de la frontière. Nous nous arrêtons à la nuit tombante vers 16:30 juste devant un "autokamp" (camping) fermé près de Bogorodica.



Impressions générales sur la Yougoslavie :

Ce pays semble avoir bien amorcé son développement, mais tout paraît s'être bloqué à un moment donné et depuis se dégrader; d'où partout des maisons en construction (artisanale), rarement terminées, beaucoup d'équipement moderne mais mal ou pas entretenu, ou encore vandalisé, des déchets dans tous les coins (on voit rarement des poubelles...), des autos en très mauvais état et souvent en panne, le tout dans un cadre naturel splendide rehaussé par la rencontre de la montagne et de la mer. Quant aux monuments anciens (monastères orthodoxes en particulier), ils vaudraient à eux seuls une exploration systématique. Quelle terre de contrastes !


De la Macédoine grecque à Delphes

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