Sabbatique 1988-89
 
Juliette, Mathieu, Monique et Jean-Paul MOUREZ
à bord de leur Pilote 470


GRÈCE

Photos de la page sur Google Photo :
https://photos.app.goo.gl/fUMyPPdh9xp3zBen8


carte-itineraire-grece-88-89
Notre itinéraire en Grèce 1988-89


De la Macédoine grecque à Delphes

Vendredi 2 décembre 1988 : de BOGORODICA à THESSALONIKI (GRÈCE)

Encore du brouillard au lever, et la nuit n'a pas été très reposante : est-ce le bruit (le "camping" se trouvait entre les deux voies de l'autoroute...) ou l'abondant couscous d'hier soir qui ont troublé notre sommeil ? En quelques minutes nous sommes à la frontière grecque, mais nous devons attendre durant une heure et demi que les douaniers achèvent de fouiller un autobus en avant de nous. Lorsque nous arrivons enfin à passer, c'est pour nous faire engueuler par un changeur de monnaie qui ne comprend pas un mot d'anglais ! Ah, ces latins et leur (dés-)organisation.

Place Aristotelous à Thessaloniki
Place Aristotelous à Thessaloniki


Nous poursuivons notre chemin. Après une heure de belle autoroute PROPRE (ça change des derniers jours en Yougoslavie...), nous atteignons la banlieue industrielle et grouillante de Thessalonique sous un brillant soleil retrouvé. Quelle agitation, quel vacarme... et quel désordre ! Nous réussissons à nous rendre jusqu'au centre, affrontant klaxons et queues de poisson, pour stationner place Aristotelous, au cœur de la ville.

Le bruit nous semble phénoménal et nous décidons de nous réfugier au Musée Archéologique pour y admirer le trésor de Philippe de Macédoine. Nous longeons le quai, d'où l'on a une jolie vue sur la baie et sur la ville, puis contournons la Tour Blanche, une construction massive symbole de la cité mais sans grand caractère.
Thessasloniki : le quai menant à la Tour
                      Blanche
Thessasloniki : le quai menant à la Tour Blanche

Thessaloniki : la Tour Blanche
Thessaloniki : la Tour Blanche

Immeuble néo-classique de Thessaloniki
Immeuble néo-classique de Thessaloniki

En revanche les trésors du musée sont magnifiques (vases d'argent et d'or finement ciselés, couronnes de feuilles d'olivier et de chêne en or, etc.) et valent bien le voyage. Hélas les salles ferment à 17:00, nous ne pouvons donc y passer que quarante cinq minutes. Visite éclair donc, mais passionnante.
Coffre doré
Visite du Musée archéologique de Thessaloniki

Musée archéologique de Thessaloniki : le
                      cratère de Dervini
Musée archéologique de Thessaloniki :
le cratère de Derveni

Musée archéologique de Thessaloniki : détail
                      du cratère de Dervini
Musée archéologique de Thessaloniki : détail du cratère de Derveni

Musée archéologique de Thessaloniki : détail
                      du cratère de Derveni
Musée archéologique de Thessaloniki : détail du cratère de Derveni
Musée archéologique de Thessaloniki : détail
                      du cratère de Dervini
Satyre et naïade sur le cratère de Dervini

Musée archéologique de Thessaloniki :
                      médaillon en or d'Aboukir
Musée archéologique de Thessaloniki : médaillon en or d'Aboukir
Musée archéologique de Thessaloniki :
                      médaillon en or d'Aboukir
Musée archéologique de Thessaloniki : médaillon en or d'Aboukir

Musée archéologique de Thessaloniki :
                      couronne de feuilles de chêne en or
Musée archéologique de Thessaloniki : couronne de feuilles de chêne en or
Musée archéologique de Thessaloniki : collier
                      en or
Musée archéologique de Thessaloniki : collier en or

Musée archéologique de Thessaloniki : le noeud
              gordien d'Heracles
Musée archéologique de Thessaloniki : le noeud gordien d'Heracles

Musée archéologique de Thessaloniki : diadème en or
Musée archéologique de Thessaloniki : diadème en or

Musée archéologique de Thessaloniki : boucle
              d'oreille en or
Musée archéologique de Thessaloniki : boucle d'oreille en or

usée archéologique de Thessaloniki : ivoires de
              Vergina représentant faune, Pan et nymphe
Musée archéologique de Thessaloniki : ivoires de Vergina
représentant faune, Pan et nymphe

Musée archéologique de Thessaloniki : flacons en
              verre antiques
Musée archéologique de Thessaloniki : flacons en verre antiques

Musée archéologique de Thessaloniki : flacons en
              verre antiques
Musée archéologique de Thessaloniki : flacons en verre antiques

Musée archéologique de Thessaloniki :
                      mosaïque représentant un quadrige
Musée archéologique de Thessaloniki :
mosaïque représentant un quadrige

Musée archéologique de Thessaloniki : stèle
                      funéraire datant du Ve. siècle av. J.C
Musée archéologique de Thessaloniki :
stèle funéraire datant du Ve. siècle av. J.C


En sortant nous traînons un peu dans le parc autour de la célèbre statue équestre d'Alexandre le Grand. Nous nous retrouvons vers 17:30 au camping-car sans trop savoir vers où nous diriger. Monique réclame un itinéraire, je ne puis le préparer sans connaître les horaires et les tarifs des traversiers pour les îles que j'aimerais beaucoup explorer un peu (Rhodes, Santorin, Mikonos, la Crète...). Je fais donc le tour de quelques agences de voyage; elle m'apprennent qu'il n'existe aucune information synthétique et qu'il faut magasiner dans ce pays de libre concurrence...

La traversée des rues du centre ville toutes illuminées à l'approche des fêtes m'aura au moins fait découvrir une vie intense à une heure où tout ferme dans le Nord. Nous n'avons d'autre choix que d'attendre d'être au Pirée (toutes les compagnies de navigation y ont un bureau sur l'Acti Poseidonos, me dit-on) pour planifier notre voyage insulaire. Pour le moment, nous irons coucher au camping d'Aghia Trias, à 26 km de Thessaloniki, avant de partir demain faire le tour de la presqu'île de Sithonia en Chalcidique.


Samedi 3 décembre 1988 : d'AGHIA TRIAS à NEO-MARMARAS (SITHONIA)

Nous sommes seuls dans ce superbe camping du gouvernement grec hormis un autre motorhome anglais. Nous profitons de l'eau courante à discrétion pour débarrasser notre carrosserie de tout le sel accumulé sur les routes de Yougoslavie.

Mont Athos : le port de Kapsokalyvia
Mont Athos : le port de Kapsokalyvia
Puis, vers 10:00, nous partons vers Sithonia; le temps est merveilleux, la température approche les 20° C. La campagne grecque est intensivement cultivée jusqu'à la montagne. En revanche la presqu'île que nous atteignons bientôt est demeurée très sauvage et n'est qu'en début d'exploitation touristique. Aussi la route presque neuve et le plus souvent en corniche est encore excellente, on voit très peu d'hôtels mais plusieurs campings immenses et absolument vides installés au bord de plages séduisantes.
Mont Athos : monastère de Saint Paul
Mont Athos : monastère de Saint Paul

Tout le long de la côte est, le mont Athos profile sa pyramide sur l'autre bord du bras de mer. Un petit nuage couronne sa cime enneigée comme une auréole : confirmation de sa consécration exclusivement monacale ? Nous passons un bref moment dans le camping municipal de Sarti ouvert à tous vents et totalement désert, mais les enfants trouvent la plage trop froide (!) et refusent que nous y séjournions plus longtemps. Nous repartons donc, jetant un œil au passage à l'échancrure du petit fjord de Koufos (plutôt une calanque d'ailleurs), jusqu'à la baie de Toroni. On y contemple de loin les fouilles d'une vieille forteresse franque fermée au public. Mathieu parcourt la plage à la recherche de coquillages tandis que Juliette comme à son habitude déploie des trésors de séduction pour apprivoiser un chat errant... Finalement nous faisons étape sur la plage de Neo-Marmaras, en face d'un camping fermé, mais malheureusement près d'une discothèque (souvenir de Norvège...) et nous sommes samedi soir !


Dimanche 4 décembre 1988 : de NEO-MARMARAS à PELA

Cette nuit, comme on pouvait s'y attendre, voitures et pétrolettes ont défilé un long moment, puis ce sont les chiens qui ont empli la matinée de leurs aboiements exaspérants... Nous nous levons donc assez tard, quoiqu'il fasse un temps super (20° C à 10:30 !). Juliette joue dans le sable pendant que Mathieu range son bazar avec sa mère... Les deux enfants passeront la matinée sur la plage tandis que Monique écrit à Diane un résumé de nos pérégrinations. Pendant ce temps je répare les feux de gabarit et fais quelques retouches de peinture à la carrosserie.

Enfin vers 14:00 nous repartons vers Thessaloniki par la petite route de Poligiros, très sinueuse et accidentée. Elle nous fait voir la Chalcidique de l'intérieur, très agricole, parsemée de champs de coton et de céréales. Près de Vassiliva, nous croisons aussi un grand troupeau de chèvres noires en transhumance. Lorsque nous arrivons à Thessaloniki, nous devons chercher longuement une pompe ouverte avant de trouver du gasoil car tout semble fermé le dimanche. C'est donc dans la nuit que nous gagnons le village rural de Pela, à deux pas des vestiges de la ville natale d'Alexandre le Grand. Une rue calme et écartée fait office de camping. Ici on n'a pas à craindre de disco, mais probablement un réveil matinal au chant du coq...


Lundi 5 décembre 1988 : de PELA à KOUTSOHERO

Ce ne sont pas les appels des coqs qui nous ont tirés du sommeil mais plutôt le passage de tracteurs charroyant de volumineuses charges de coton ou partant labourer équipés d'énormes charrues. Nous sommes bientôt devant le petit musée rassemblant les découvertes faites dans le champ de fouilles de l'antique Pella, de l'autre côté de la route. C'est dans cette ancienne capitale de la Macédoine que serait né Alexandre-le-Grand. Hélas l'une et l'autre curiosité sont fermées le lundi... Cette expérience frustrante nous amène à renoncer à notre excursion vers Lefkadia dont nous craignons de trouver le site également cadenassé.

L'Olympe depuis la route allant à Katerini
L'Olympe depuis la route allant à Katerini
Nous rebroussons chemin et, dans la brume matinale, reprenons la grande route vers Katerini. L'imposante silhouette du Mont Olympe brillant au soleil se dégage bientôt, dominant la plaine, semblable à une énorme pyramide étageant ses degrés jusqu'au ciel. Sa majesté explique bien pourquoi les Anciens en avaient fait la demeure des Dieux et le trône de Zeus.

J'aimerais beaucoup prendre la petite route traversant le massif que le Guide Vert décrit en termes superlatifs. Mais la neige abondante qui nappe les pentes et couvre le sommet me fait hésiter à entreprendre cette expédition hasardeuse, compte tenu des limites de notre véhicule expérimentées à nos dépens dans les cols d'Autriche...

A Katerini nous finissons par trouver l'agent Citroën du lieu - minable - pour faire la vérification prescrite aux 25 000 km. Je lui demande de se contenter de changer l'huile car l'état de son atelier m'inspire une confiance très limitée... J'exige cependant qu'il imprime sur la carte de garantie les tampons exigés par le constructeur, sait-on jamais...

Sur les conseils de plusieurs, nous renonçons définitivement à prendre la route de l'Olympe probablement enneigée et non dégagée, donc impraticable. Nous nous consolons en allant visiter le site de Dion. La ville au pied de la montagne, entourant un ancien sanctuaire fort riche, a été en partie exhumée, avec ses thermes (romaines), son petit odéon et quantité de magasins desservis par de larges avenues pavées. Malheureusement les magnifiques mosaïques décorant les sols des villas luxueuses sont recouvertes pour l'hiver et donc invisibles. Le petit musée contient quand même un statuaire intéressant quoiqu'assez mal présenté.

La route est excellente jusqu'à Larissa, révélant un paysage intéressant dans la gorge du Pinios près de Tembi. Un court arrêt à Larissa pour expédier des lettres à la poste nous met en contact avec la rusticité d'une petite ville rurale grecque, sa poussière et sa voirie... digne de l'antiquité. Nous poursuivons notre descente vers le sud et établissons notre bivouac sur la place du village de Koutsohero. La journée nous laisse un certain sentiment de déception, peut-être parce que nous commençons à démystifier l'image idéale de la Grèce que notre culture classique et une solide propagande touristique nous ont mis dans la tête !


Mardi 6 décembre 1988 : de KOUTSOHERO à TRIKALA

Village rural typique des plaines centrales de la Grèce où l'on cultive principalement le coton, Koutsohero est assez tranquille la nuit pour qu'on y dorme bien, même sur sa place centrale. Je quitte un moment le camping-car pour faire quelques vues dans la claire lumière du matin : un groupe d'hommes discute à perte de vue sur l'"agora", de la petite église orthodoxe s'échappent les psalmodies du pope amplifiées par un haut-parleur extérieur, des nids de cigognes sont accrochés à la cheminée d'une maison très couleur locale... Mais Monique apprécie fort peu ma petite balade impromptue en solitaire, et nous avons une sérieuse engueulade : elle se sent trop isolée avec les deux enfants, tandis que je demande à garder un minimum d'autonomie...

Le climat se détend peu à peu en roulant vers les Météores, dans la plaine grasse et fertile du nord de la Thessalie. Le paysage extraordinaire à l'arrivée fait tout oublier ou presque. De gigantesques rochers gris sombre et excessivement usés se dressent au bord de la plaine qu'ils surplombent de plusieurs centaines de mètres. La ville de Kalambaka se blottit à leur pied, tandis que le village de Kastraki est carrément entouré de ces pitons rocheux.

Vue
                générale du site des Météores au dessus de la ville de
                Kalambaka
Vue générale du site des Météores au dessus de la ville de Kalambaka

Les Météores : le village de Kastraki au
                        pied des rochers
Les Météores : le village de Kastraki au pied des rochers
Les Météores : le village de Kastraki au
                        pied des rochers
Les Météores : le village de Kastraki au pied des rochers

Les Météores : les maisons de Kastraki au
                        pied des rochers
Les Météores : zoom sur les maisons de Kastraki au pied des rochers
Juliette
                        devant les Météores
Juliette devant les Météores

Météores : le monastère de Roussanos
Météores : le monastère de Roussanos
Météores : le monastère de Roussanos
Météores : le monastère de Roussanos

Météores : le monastère de Roussanos
Météores : le monastère de Roussanos

Météores : le monastère de Roussanos au coucher
                  du soleil
Météores : le monastère de Roussanos au coucher du soleil

Météores : le monastère d'Aghia Triada
Météores : le monastère d'Aghia Triada


Aghia Triada
Météores : le monastère d'Aghia Triada
Météores : le monastère d'Aghia Triada

Météores : les monastères de Varlaam et du
                        Grand Météore
Météores : les monastères de Varlaam et du Grand Météore
Météores : les monastères de Varlaam et du
                        Grand Météore
Météores : les monastères de Varlaam et du Grand Météore

Les Météores
Les Météores
Météores : les monastères de Varlaam et du
                        Grand Météore
Météores : les monastères de Varlaam et du Grand Météore
Météores : le monastère de Varlaam
Météores : le monastère de Varlaam
Sur leur sommet étroit sont bâtis plusieurs monastères orthodoxes du XIIème au XIVème siècle. Nous en visitons un, celui de Varlaam, mais devons nous arrêter à la porte du Grand Météore, fermé pour les deux prochains jours.
La visite du catholicon (sanctuaire) de Varlaam est un peu spéciale : certes les peintures qui couvrent les murs sont impressionnantes, mais on les distingue très mal dans le faible éclairage. Varlaam : le catholicon
Varlaam : le catholicon
Météores : le monastère de Varlaam 
Pour le reste, à part la tour et son couronnement en surplomb d'où l'on descendait un filet pour hisser visiteurs et approvisionnement, on ne voit pas grand chose; la bibliothèque exhibe bien quelques "trésors" mais à réserver aux érudits... Il reste un paysage grandiose et un accès pittoresque, taillé à flanc de rocher.

L'escalier taillé dans le rocher menant à
                        Aghia Triada
L'escalier taillé dans le rocher menant à Aghia Triada
Le cloître de Varlaam
Le cloître de Varlaam

Le saint fondateur de Varlaam 
Le saint fondateur de Varlaam
Grand Météore - Saint Jean
Grand Météore - Saint Jean

Grand Météore : Adam nomme les animaux
Grand Météore : Adam nomme les animaux

Météores : site de Varlaam et du Grand Météore
Météores : sites de Varlaam et du Grand Météore

 monastère de Grand Météore
Monastère de Grand Météore

Monastère du Grand Météore : la Vierge
Grand Météore : la Vierge
Monastère du Grand Météore : le Christ de
                        pitié
Grand Météore : le Christ de pitié
Nous poursuivons notre balade dans ce paysage bouleversé et je filme sous tous les angles monastères et monolithes. A 14:00 nous redescendons prendre un repas léger dans un petit restaurant sur la place de Kalambaka. On y mange bien et on échange beaucoup avec le patron (ses frères tiennent des restaurants grecs à Montréal et Toronto...), mais quel coup de fusil à la sortie : le souvlaki est plus cher ici que sur l'avenue du Parc à Montréal !

Le soleil commence à descendre lorsque nous remontons terminer le circuit faisant le tour des monastères.

Météores : Aghios Stefanos
Météores : Aghios Stefanos
Météores : Aghios Stefanos
Météores : Aghios Stefanos

La lumière a tourné et le paysage s'est comme modifié avec elle, devenant plus contrasté, plus prenant encore. Depuis l'ultime couvent d'Aghios Stefanos, la vue du crépuscule s'étendant sur la plaine de Thessalie est particulièrement impressionnante, l'horizon s'évanouissant au loin dans une frange bleutée.

Vers 17:15 nous quittons ces hauts lieux et prenons la route de Trikala. La petite ville nous parait assez banale. Après quelques détours pour trouver un point de chute, nous finissons par aller stationner devant la gare où nous trouvons le calme recherché.
Météores : Aghios Stefanos
Météores : Aghios Stefanos


Mercredi 7 décembre 1988 : de TRIKALA à DELPHI

Levés tôt (7:00 !) avec les premiers trains, nous quittons Trikala et sa petite gare provinciale pour traverser la plaine de Thessalie. La route est plutôt plate et droite avec, à l'horizon tout alentour, des chaînes de montagnes aux cimes enneigées. Plus près de nous les paysans s'affairent aux labours et au transport du coton. Partout aussi, la crasse, le désordre, les détritus jonchant le bord des routes, les déblais déposés n'importe où, les maisons à demi bâties et comme à l'abandon... Rien n'est à sa place, net, fini. Quel paradoxe au pays de l'esthétique et de l'harmonie ! Nous atteignons ainsi Lamia puis, par la vieille route dite d'Héracles, escaladons la montagne au dessus d'Iraklia. Là haut la vue s'étend très vaste sur le sud de la Thessalie et sur la baie de Maliscos. La descente vers Amphissa emprunte une large vallée accidentée, avant que nous remontions vers Delphes à travers une mer d'oliviers.

Le golfe d'Itea s'ouvre sur la mer scintillante à l'horizon, jusqu'à ce que nous arrivions à Delphes. Le petit village à flanc de montagne vit depuis 2 500 ans de son "piège à touristes", d'abord sanctuaire renommé, puis ensemble archéologique unique. Plein de boutiques de souvenirs, d'hôtels et de restaurants, le bourg se montre des plus quelconques. En revanche le site des ruines est vraiment merveilleux : les temples occupent une terrasse en escalier au pied d'un cirque montagneux à pic tandis que la mer d'oliviers dévalant vers Itea et la Méditerranée vient s'arrêter juste à son bord.  Delphes : le site du sanctuaire antique, la
                        mer d'oliviers et, au loin, le golfe d'Itea
Delphes : le site du sanctuaire antique, la mer d'oliviers et, au loin, le golfe d'Itea
Delphes : la Voie Sacrée, le Temple
                        d'Appolon, le théâtre et le stade
Delphes : la Voie Sacrée, le Temple d'Appolon, le théâtre et le stade
Les vestiges du sanctuaire sont quand même en très mauvais état, et je suis scandalisé par le mercantilisme de ces Grecs qui voudraient nous obliger à prendre un permis de 90.00 $ pour filmer avec la vidéo !

Cela ne m'empêche pas d'apprécier la remarquable façon dont était agencé et construit ce lieu de pèlerinage.

Delphes : la Voie Sacrée, le Temple d'Appolon, le
                théâtre et le stade
Visite du site archéologique de Delphes : le Trésor des Athéniens

Évidemment, il faut pas mal d'imagination pour reconstituer en esprit ce à quoi tout ceci a dû ressembler : les trésors des différentes cités ne présentent plus que leurs fondations, excepté celui des Athéniens qu'on a restitué, et il ne demeure plus rien du richissime décor de statues et d'ex-voto qui avait envahi (jusqu'à la surcharge...) les moindres espaces libres. Delphes : la Voie Sacrée et le trésor des
                        Athéniens
Delphes : la Voie Sacrée et le trésor des Athéniens

Delphes : le Trésor des Athéniens
Delphes : le Trésor des Athéniens

Delphes : en montant la Voie Sacrée 
Delphes : en montant la Voie Sacrée au dessus de la vallée

Delphes : entrée du temple d'Appolon
Delphes : entrée du temple d'Apollon

Le grand temple d'Apollon lui-même, où officiait la Pythie, n'exhibe plus que quelques colonnes dressées pour évoquer sa splendeur passée. Cependant il continue de régner en ces lieux quelque chose de fervent, un sentiment d'être en continuité profonde avec l'univers, un feeling magique auquel on ne peut rester insensible. Delphes : temple d'Appolon sous la neige
Delphes : temple d'Apollon sous la neige

Delphes : le théâtre
Delphes : le théâtre
Notre balade à travers les ruines à flanc de colline nous mène au théâtre assez bien conservé (ou restauré...) pour qu'on y donne des spectacles prestigieux en été.
... puis jusqu'au stade où Juliette et Mathieu piquent un 300 mètres vite interrompu... C'est long, un stade !
Delphes
                        : le stade
Delphes : le stade
Delphes : le tholos
Delphi : le Tholos au soleil couchant
Mais le site ferme à 17:00, nous devrons remettre à demain la visite du Musée, très riche semble-t-il. Nous cherchons dans les environs un endroit pour stationner durant la nuit; nous le trouvons tout en haut du village, avec un vue superbe d'un côté sur le vallon sacré et de l'autre sur les toits de tuiles et le golfe d'Itea.



Athènes, l'île d'Eubée et le Cap Sounion


Jeudi 8 décembre 1988  :  de DELPHES à DAPHNI
Notre nuit est excellente, mais le panorama attendu au réveil nous déçoit un peu, le ciel s'étant couvert entre temps. Après un tour au village où Mathieu toujours à l'affût d'un souvenir visite les quelques boutiques ouvertes, nous prenons le chemin du Musée.
Visite du Musée de Delphes
Visite du Musée de Delphes
Musée de Delphes : kyllis blanc représentant
                      Apollon faisant une offrande
Musée de Delphes : kyllis blanc représentant Apollon faisant une offrande
Les pièces exposées sont magistrales, mais les frises récupérées sur le site sont très abîmées et fort peu lisibles pour nous.

De plus une salle demeure d'accès limité si bien qu'on aperçoit  seulement de loin la frise du trésor de Siphnos, la plus célèbre et la plus belle...


Delphi
              : frise du Trésor de Siphnos

Delphi : frise du Trésor de Siphnos

Delphi : frise du Trésor de Siphnos

Musée de Delphes : Antinous, favori de
                            l'Empereur Hadrien
Musée de Delphes : Antinous, favori de l'Empereur Hadrien
Delphi : l'Omphalos, ou Nombril du
                              Monde
Delphi : l'Omphalos, ou Nombril du Monde


Musée de Delphes : l'Aurige
Musée de Delphes : l'Aurige
Musée de Delphi : tête de l'Aurige
Musée de Delphes : l'Aurige
 
Musée de Delphes : l'Aurige
Musée de Delphes : l'Aurige
Musée de Delphes : l'Aurige
Musée de Delphes : l'Aurige

Le groupe du fameux aurige, tel qu'il devait se
                    présenter...
Le groupe du fameux aurige, tel qu'il a pu se présenter...

Pendant que Juliette et Monique remplissent les jerrycans à la fontaine de Castallie où venaient se purifier les pèlerins, je vais filmer le temple d'Athéna et le tholos. C'est probablement le monument de Delphes le plus souvent photographié. Musée de Delphes : restitution du tholos
Musée de Delphes : restitution du tholos
Delphes : le tholos
Delphes : le tholos dans son environnement sauvage de montagnes (les Phériades)
Les trois colonnes encore debout sur la base circulaire arrivent encore à évoquer toute l'élégance et le charme de ce petit édifice votif. Il en inspirera d'ailleurs bien d'autres puisque nous en retrouverons des copies dans tous les parcs anglais du XVIIIème et du XIXème, que ce soit à Corfou ou jusque dans la lointaine Albion...
Et puis l'arrière-plan du vallon sacré et de ses oliviers forme un cadre tellement exceptionnel... Delphi : le tholos et le vallon d'Itea
Delphi : le tholos et le vallon

Nous prenons alors la direction d'Arachova, un gros village accroché à la montagne, dont le brouillard nous cache bientôt la crasse et le bazar habituel. L'itinéraire "touristique" jusqu'à Livadia (en très mauvais état) nous reste ensuite voilé par la brume. Sous une pluie continuelle, nous finissons par atteindre Daphni, en banlieue d'Athènes, par une route très vallonnée qui elle aussi aurait valu le coup d'oeil sous un autre ciel. Nous trouvons sans peine le camping vanté par Denis, mais il est cher (12.00 $), ne dispose pas d'emplacement horizontal accessible à un camping-car et ses équipements en mauvais état font pitié...


Vendredi 9 décembre 1988 :  de DAPHNI  à VOULA (ATHENES)

La rumeur continuelle émanant de l'autoroute en contrebas du terrain  affecte quelque peu notre repos. C'est donc d'assez mauvaise humeur que nous émergeons d'un sommeil trouble et peu réparateur, pestant contre le choix de cet emplacement pour l'établissement d'un camping.

Visite
                        du monastère de Daphni 
Visite du monastère de Daphni
Aussi quittons-nous au plus vite ce site peu confortable pour visiter le monastère de Daphni, ravissant dans son enclos verdoyant.
Il renferme de superbes mosaïques dont la restauration, en cours depuis des années, avance à pas de tortue. Daphni :
                      cour du monastère
Daphni : cour du monastère


Daphni : Christ Pantocrator
Daphni : Christ Pantocrator

Daphni : Pieta (Vierge Marie)
Daphni : Pieta (Vierge Marie)
Daphni
                      : Saint Jean 
Daphni : Saint Jean

Daphni :
                Présentation de Jèsus au temple
Daphni : Présentation de Jésus au temple


St
                Akinikos
Daphni : Agios Akinitos

L'ensemble du bâtiment gagnerait à retrouver sa forme originale, mais les Grecs semblent avoir beaucoup de réticences ou de difficultés à restaurer, ils conservent des ruines... ou créent des paysages urbains contemporains qui les imitent. C'est du moins l'impression qui nous reste de la périphérie d'Athènes, sale, anarchique et mal ordonnancée.  Daphni
                      : coupole
Daphni : la coupole
Athina : l'Acropole depuis le Monument à
                      Philipopapos
Athina : l'Acropole depuis le Monument à Philipopapos
Nous gagnons le centre de la grande ville dont la circulation ne nous dérange pas autant que nous y attendions. La pollution, en revanche, est bien conforme à sa réputation, causée surtout par des autobus puants crachant leur fumée noire à tous vents.
Stationnant à deux pas du fameux Musée National d'Archéologie, nous consacrons plus de trois heures et demie à sa visite. Visite du Musée national d'archéologie
                      d'Athina

Musée national d'archéologie d'Athina :
                        Kouros
Musée national d'archéologie d'Athina : Kouros
Musée national d'archéologie d'Athina :
                        Aphrodite et Pan
Musée national d'archéologie d'Athina : Aphrodite et Pan

Les pièces superbes abondent : à mentionner...
peintures murales d'Akrotiri

les peintures murales d'Akrotiri provenant des fouilles de l'île de Théra (Santorin) retrouvées sous les scories, après l'explosion du volcan vers 1620 av. J-C...

Musée national d'archéologie d'Athina :
                      fresque d'Akrotiri (Thera)

Musée national d'archéologie d'Athina : fresques d'Akrotiri (Thera)

Musée national d'archéologie d'Athina :
                        fresque d'Akrotiri (Thera)



Musée national d'archéologie d'Athina :
                          le bronze de Zeus-Poseïdon découvert dans une
                          épave romaine reposant au fond de la mer... Musée national d'archéologie d'Athina :
                          le bronze de Zeus-Poseïdon découvert dans une
                          épave romaine reposant au fond de la mer...
Musée national d'archéologie d'Athina : le bronze de Zeus-Poseïdon
découvert dans une épave romaine reposant au fond de la mer...

Musée national d'archéologie d'Athina : le trésor de Mycènes "inventé" par Schliemann...

Masque d'Agmemnon
Masque d'Agamemnon
Taureau de Mycènes
Taureau de Mycènes

Fleur de lys en or
Fleur de lys en or
Bague-sceau en or
Bague-sceau en or

 stèles funéraires
certaines stèles funéraires...
l'Éphèbe d'Anticythère

...l'Éphèbe d'Anticythère, retrouvé au fond de lamer au large de l'île, et qui daterait de 340 av. J.-C...

le petit jockey

l'extraordinaire cheval de bronze et son petit jockey
l'extraordinaire cheval de bronze et
                            son petit jockey... ...


Musée national d'archéologie d'Athina :
                            satyre
Musée national d'archéologie d'Athina : satyre
Musée national d'archéologie d'Athina :
                        homme portant un bélier
Musée national d'archéologie d'Athina :
homme portant un bélier

Mais encore une fois la présentation ne met pas toujours en valeur ces trouvailles de qualité pourtant supérieure : que dire des centaines de céramiques entassées dans leurs vitrines ? Là aussi les Grecs auraient beaucoup à apprendre d'autres grands musées archéologiques dans le monde, comme celui de Mexico... Et puis on expose trop d’œuvres brisées ou insuffisamment restaurées à mon goût, au bénéfice des seuls connaisseurs ou spécialistes. L'ensemble est quand même très impressionnant et laisse songeur quant à la compétence technique et à la sensibilité artistique des Anciens.

Sortis du musée sous une pluie torrentielle, nous mangeons dans le camping-car avant d'aller à l'autre bout de la ville nous heurter à la porte - close - du Musée Byzantin. Je fais un tour à l'extérieur du Musée de la Guerre avec Mathieu fasciné par les belles armes orientales incrustées ou damasquinées exposées dans ses vitrines. Pendant ce temps Monique cherche - en vain - un téléphone pour donner des nouvelles à ses parents. Nous quittons alors Athènes pour tenter de passer une nuit plus tranquille au camping de Voula, quoiqu'il semble bien proche de l'aéroport.... Tombant en cours de route sur un chantier d'immeuble en construction et trouvant l'endroit paisible, nous nous installons sur ce terrain pour la nuit.


Samedi 10 décembre 1988 : d'ATHENES à SARONIDA (près du cap SOUNION)

Le camping sauvage a du bon puisque nous dormons fort bien sur notre chantier, malgré la pluie qui ne cesse de la nuit. Le temps maussade semble bien devoir durer toute la journée, aussi décidons-nous de retourner visiter le Musée Byzantin. Mais rendus dans le vestibule, pas moyen d'y trouver un guide en français; nous descendons alors en ville à travers le Jardin National, un vaste parc demeuré très vert pour la saison, jusqu'à la place de la Constitution, cœur de la ville moderne. Nous nous y procurons les livres-guides recherchés. Monique réussit à rejoindre sa mère par téléphone, nous consultons une agence de voyage en vue de préparer notre retour via l'Italie et rejoignons enfin le camping-car (toujours sous la pluie...) vers 15:00. Je constate alors que j'ai endommagé un pneu sur une roche en stationnant en pleine ville, un comble ! Je dois le changer sur le champ ainsi que l'autre déjà usé... et il est déjà trop tard pour retourner au musée.

La lumière commence à baisser lorsque nous décidons de prendre la route vers le Cap Sounion. Chemin faisant, nous nous arrêtons dans une grande boutique de souvenirs demeurée ouverte pour un autobus de touristes japonais. Le mauvais goût s'y étale dans toute sa splendeur et, pour quelques copies valables, que d'horreurs commises au nom de l'Art ! L'obscurité est complète lorsque nous finissons par faire halte un peu plus loin, dans le stationnement d'une école de tourisme, au bord de la route. Port
                      en allant au Cap Sounion
Port en allant au Cap Sounion


Dimanche 11 décembre 1988 : du CAP SOUNION à ATHÈNES
Temple du cap Sounion
Temple du cap Sounion
Partis tard sous un ciel morne, nous atteignons le cap Sounion presque sous le soleil, après une heure de belle route panoramique longeant la côte. Le site ne manque pas de grandeur (le vent non plus d'ailleurs...), mais le temple lui-même, consacré à Poseïdon, dieu des Océans et donc invoqué par les navigateurs, ne montre plus que quelques colonnes debout sur l'échine du promontoire, et encore sont-elles très abîmées.




Coucher de soleil sur le Cap Sounion
Coucher de soleil sur le Cap Sounion

Un beau coup d’œil quand même, surtout sur les baies et les promontoires entourant le cap, déroulant leurs dentelles jusqu'à l'horizon. Dire que, pour les marins de l'Antiquité, doubler ce cap signifiait s'aventurer vers des horizon exotiques en affrontant des éléments adverses, à la merci de créatures monstrueuses... Crépuscule sur le Cap Sounion
Crépuscule sur le Cap Sounion

La côte
                  au sud-est du cap Sounion
La côte au sud-est du Cap Sounion

Nous rentrons ensuite à Athènes pour visiter l'Acropole. La grande porte monumentale est close : ces Grecs impossibles ont encore changé l'horaire d'ouverture à l'improviste, et nous devons nous joindre aux dizaines d'autres touristes frustrés qui redescendent déçus les degrés menant aux Propylées.

Athina : les Propylées de l'Acropole
Athina : les Propylées de l'Acropole
Découragée, Monique regagne le camping-car tandis que je m'attarde derrière les grilles fermées, impressionné par la masse imposante des Propylées vues d'en bas.
Je monte seul ensuite sur la colline voisine jusqu'au monument de Philippopapos d'où le regard embrasse toute la ville, ses monuments, le Lycabète et Le Pirée. Le site naturel choisi par les Anciens pour établir leur cité prestigieuse est tout à fait remarquable : buttes rocheuses fournissant retraite et aire sacrée, plaine propice aux constructions et aux activités agricoles, côte hospitalière autorisant l'édification d'un port à proximité... Mais l'urbanisation sauvage du dernier siècle a considérablement enlaidi cet environnement magnifique; à cela s'ajoute la pollution atmosphérique dont le voile gris-bleuâtre masque l'horizon tout en rongeant insidieusement les monuments de marbre... Athina : l'Acropole depuis le monument à
                          Philipopapos
Athina : l'Acropole depuis le monument à Philipopapos

Nous allons enfin nous installer sur le stationnement d'un centre d'achat repéré auparavant au bord de la route du Cap Sounion. Y trouvant de l'eau à volonté, nous faisons un début de lessive vite limitée par l'espace de séchage. Voilà un autre problème qui serait facile à résoudre avec un chauffage plus économique (fonctionnant sur le carburant par exemple) permettant d'utiliser le cabinet de toilette comme séchoir.


Lundi 12 décembre 1988 : d'ATHÈNES à KRIEZA (île d'EUBÉE)

Nous avons fort bien dormi sur notre parking, et nous avons pu profiter de la matinée pour faire quelques courses dans un superbe Prisunic grec tout neuf. Enfin un magasin qui a de l'allure, propre et rangé, où l'on sait ce qu'on achète et où l'on ne craint pas a priori de se faire avoir !

Athina : l'Acropole vue du ciel
Athina : l'Acropole vue du ciel
Nous retournons ensuite au centre d'Athènes pour la visite de l'Acropole. Cette fois, pas de problème, ce haut lieu mythique est accessible.
Visite de l'Acropole
Athina : restitution de l'Acropole
Athina : restitution de l'Acropole au à son apogée au IVème s. av. JC

Athina :
              Propylées et Parthenon
Athina : Propylées et Parthénon

Athina : restitution XIXème des Propylées et du
                Parthenon
Athina : restitution XIXème des Propylées et du Parthénon

Une lente montée à l'ombre des oliviers permet de gravir d'abord les pentes de la colline avant de franchir l'entrée monumentale par le grand escalier des Propylées. Escalier des Propylées
Escalier des Propylées
Acropole d'Athina : Propylées et petit
                          temple d'Athena Niké
Acropole d'Athina : Propylées et petit temple d'Athena Niké
Elles nous surplombent, imposantes et d'une superbe dissymétrie, flanquées à droite par le délicieux petit temple d'Athéna Niké juché sur son promontoire.

Acropole d'Athina : intérieur des Propylées, côté
                  Parthénon
Acropole d'Athina : façade  intérieure des Propylées, du côté du Parthénon

Acropole d'Athina : petit temple d'Athhina Nike
Acropole d'Athina : petit temple d'Athina

Enfin... le Parthénon apparaît dans son champ de pierres étalées. La silhouette familière est bien là, mais je ne l'aurais jamais cru en si mauvais état, et cela enlève un peu de sa magie au tableau. Acropole d'Athina : le Parthénon
Acropole d'Athina : le Parthénon
Acropole d'Athina : façade du Parthénon
Acropole d'Athina : façade du Parthénon dans son état actuel
Avec en plus la grue et les échafaudages de la restauration lourde qu'il subit actuellement, on a davantage l'impression d'être sur un chantier de démolition que devant le monument le plus visité du monde...

Acropole d'Athina : façade du Parthénon telle que
                pouvaient la voir les Anciens
 et telle que pouvaient l'admirer les Anciens.

L'Erechteion est lui aussi très endommagé, mais comme il est plus composite, l'aspect "déconstruit" est moins gênant. Ses minces colonnades, ses chapiteaux corinthiens finement sculptés et surtout ses Caryatides sont d'un effet ravissant.

Acropole d'Athina : l'Erechteion
Acropole d'Athina : l'Erechteion

Acropole d'Athina : l'Erechteion et ses caryatides
Acropole d'Athina : les caryatides de l'Erechteion au soleil couchant

Acropole d'Athina : restitution de
                    l'Erechteion
Acropole d'Athina : restitution de l'Erechteion

Pourtant, comme l'Acropole aurait plus d'allure si on lui restituait un peu plus de sa gloire antique, comme sur ces reconstitutions du XIXème !

exterieur-du-Parthenon_restitution  interieur-du-Parthenon-en-coupe_restitution

Acropole d'Athina : restitution d'une  façade  latérale du Parthénon et vue en coupe avec la statue chryséléphantine d'Athéna

Certes les proportions du Parthénon sont parfaites encore aujourd'hui, mais la visite du Musée et les lectures laissent imaginer un décor, des statues, des couleurs autrement riches et stimulantes.

Acropole d'Athina : frise du Parthénon,
                            procession des Panathénées
Acropole d'Athina : frise intérieure du Parthénon, la  procession des Panathénées
Acropole d'Athina : frise du Parthénon,
                            procession des Panathénées
Acropole d'Athina : frise intérieure du Parthénon, la procession des Panathénées

Musée du Parthénon d'Athina : Procession des
                Panathénées
Poséidon, Apollon et Artémis, attribué à Alcmène collaborateur de Phidias

Musée du Parthénon d'Athina : Procession des
                    Panathénées
Musée du Parthénon d'Athina : Procession des Panathénées : cavaliers

Athenes-frise-du-Parthenon-Trois-jeunes-gens-portent-des-hydries
Athènes, frise du Parthénon : Trois jeunes gens portent des hydries


Musée du Parthénon d'Athina : kouré
Musée du Parthénon d'Athina : kouré
Musée du Parthénon d'Athina : détail de la
                        kouré de gauche
Musée du Parthénon d'Athina : détail de la kouré de gauche

Musée du Parthénon d'Athina : Athéna
                        pensive sur la tombe d'un soldat
Musée du Parthénon : Athéna pensive sur la tombe d'un soldat
Musée du Parthénon : le moschophore
                            (porteur d'offrande)
Musée du Parthénon : le moschophore (porteur d'offrande)

Musée du Parthénon : Quadrige
Musée du Parthénon : Quadrige
1988-1212-29=Athenes_Acropole_nike_denouant_sa_sandale
Musée de l'Acropole : Nike (Victoire) dénouant sa sandale

Musée du Parthenon d'Athina : Tête
                        d'Alexandre
Musée du Parthenon d'Athina : Tête d'Alexandre
Musée du Parthénon : Philosophe
Musée du Parthénon : Philosophe

Athina : le théâtre de Dyonisos
Athina : le théâtre de Dyonisos

Il reste que la vue du haut des remparts sur la ville étalée à nos pieds, parsemée de monuments et de rares espaces verts, s'ajoutant à l'ambiance intemporelle flottant sur la terrasse sacrée, sont exceptionnelles, et je passe plus de trois heures à traîner et filmer un peu partout.
Athina : l'Acropole illuminée
Athina : l'Acropole illuminée

Nous finissons cependant par nous lasser de cet environnement urbain synonyme d'agitation et de pollution. Aussi décidons-nous de parcourir la "route des Aigles" sur l'île d'Eubée : d'abord 60 km d'"autoroute" à la grecque (en fait une belle voie express à péage), puis un chemin fort sale et dégradé par d'horribles usines qui finalement se poursuit sur l'île même par une campagne misérable et saccagée. La nuit tombe bientôt et nous devons dormir - faute de mieux - dans la grande rue d'un village avec pétrolettes, camions et chiens... Jusqu'ici, rien de bien emballant !


Mardi 13 décembre 1988 : de KRIEZA à ERETRIA (île d'EUBÉE)
Un ciel lumineux d'un bleu profond nous accueille au lever, il nous suivra toute la journée. Les villages traversés sont vraiment minables, tout en constructions inachevées et et en bâtiments croulants au milieu d'un désordre... indescriptible. Quant aux bords des routes, ils présentent leur cortège habituel de déchets ménagers et autres... Cependant les paysages sont de plus en plus grandioses en allant vers le sud et les 25 derniers kilomètres panoramiques jusqu'à Karystos justifient amplement le déplacement. Côte
                      d'Eubée
Côte d'Eubée
Eubee_panorama-sur-la-baie-de-Karistos
La Route de l'Aigle en fin de journée sur Eubée
Une haute route de corniche suit le flanc de la montagne, déroulant des vues superbes sur la mer et les îles jetées dedans comme les rochers gigantesques du Cyclope. Une barque de pêche minuscule tout en bas trace un fin réseau de lignes entre deux rivages...

Sur le quai à Karistos
Sur le quai à Karystos
Chapelle en arrivant à Karistos
Chapelle en arrivant à Karystos

Nous dévalons la pente jusqu'à Karystos : c'est un authentique petit port de pêche avec marins raccommodant leurs filets à bord de leur barque et petits magasins... en bazar. Pas stressés, les boutiquiers prennent le soleil sur le pas de la porte, piquant une jasette avec les clients et les copains. Nous faisons une lessive rapide à la fontaine trouvée sur le quai avant de prendre le chemin du retour. Il suit d'abord le même trajet spectaculaire dominant la côte, puis une route à l'intérieur des terres, étroite et sinueuse mais suffisamment accidentée pour être intéressante. Elle s'achève par une section plate longeant le rivage. Nous quittons l'île d'Eubée pour arrêter au crépuscule à l'extrémité d'un cul-de-sac desservant un hôtel fermé pour l'hiver, peu après Chalkis; la nuit y sera super tranquille.


Mercredi 14 décembre : d'EUBÉE à ATHÈNES

Empruntant d'abord une route "verte" escaladant la montagne au dessus de Ritsona, nous rentrons à Athènes sans problème par la voie express. Je remonte aussitôt sur l'Acropole où, tout à mes films, j'ai dû laisser avant hier le Guide Vert sur une pierre... Il a évidemment disparu, et nous repartons pour le centre ville dans l'intention d'en trouver un autre. Mais il est impossible d'y stationner à cause d'une visite officielle portugaise. Dérouté par la police, je dois m'engager dans la Plaka (la vieille ville turque). La conduite d'un camping-car dans son dédale de ruelles relève du quitte ou double à chaque carrefour ! Après bien des émotions, et sans aucune égratignure (!) nous nous retrouvons sur le parking de l'Acropole, retraversons (à pied cette fois) la Plaka, passons au dessus de l'Agora (habituel champ de ruines...), admirons au passage la Tour des Vents, trouvons enfin la statuette d'Athéna recherchée par Mathieu et nos écussons sur la rue Pandrossou traduite par les enfants en Prend-nos-sous...

Nous gagnons alors Sindagma, la place de la Constitution formant la grande esplanade centrale d'Athènes. Le Bureau du Tourisme y ferme (à 15:00!) et la seule hôtesse encore présente tergiverse à nous aider dans notre recherche de gaz propane... Heureusement un aimable employé de la banque où se trouve le kiosque de l'Office du Tourisme Hellénique accepte de parcourir pour nous les pages jaunes (en grec...). Il y déniche une adresse susceptible de remplir notre bouteille. Un peu plus loin, une grande librairie internationale nous vend un Guide Vert remplaçant celui que j'ai malencontreusement égaré. Nous le complétons de toute une collection de guides des sites et musées de la Grèce, puis nous rejoignons le camping-car en traversant à nouveau la Plaka.

J'y réussis mon deuxième exploit de la semaine, en cassant par inadvertance (je reculais à pied en filmant la rue Panos...) une horrible potiche noire et or. Je dois laisser 1 500 drachmes 28 Fr, soit près de 6 $) au vendeur ravi, sans marchandage possible... Nous gagnons dans la nuit la boutique minable du chauffagiste qui, après quelques palabres, accepte de nous réapprovisionner en propane dans l'heure qui suit. Arrêté devant un café, je filme les joueurs de cartes cocasses et débonnaires à travers la vitre. Notre bouteille pleine, nous repartons jusqu'à notre Prisunic préféré où nous nous installons à nouveau sur le stationnement près du robinet...

Feux d'artifice sur l'Acropole d'Athina
                  illuminée
Feux d'artifice sur l'Acropole d'Athina illuminée



Corinthe, Mycènes, Geraki et Mistra en Péloponnèse


Jeudi 15 décembre : d'ATHENES à LOUTROPIRGOS

Notre sommeil a été entrecoupé par les aboiements répétitifs des maudits chiens athéniens qui jappent à la demi-heure au moindre bruit ou passant. Je fais discrètement le plein d'eau pendant que Monique complète nos provisions dans le supermarché, puis nous regagnons le centre ville visiter le Musée Benaki. L'ancien hôtel particulier de l'opulent banquier légataire de ses trésors est un peu défraîchi et la présentation assez poussiéreuse. Mais on ne peut qu'admirer bijoux et petits objets antiques, icônes et autres babioles précieuses plus récentes, ou encore la riche collection de costumes grecs du siècle dernier. Ce monsieur jouissait vraiment d'une sensibilité très baroque, maniériste même, mais elle lui a fait amasser une variété d'articles exquis témoignant de l'habileté, de la créativité et du goût sûr des artisans qui l'entouraient.

Je redescends ensuite avec Juliette au siège de l'Office du Tourisme Hellénique chercher des affiches pour ma collection-souvenir, puis je vais choisir un disque de musique grecque traditionnelle dans un magasin indiqué par une spécialiste du Musée. Pendant ce temps Monique a récupéré Mathieu qui avait préféré visiter plus à fond le Musée de la Guerre.

Nous mettons alors le cap sur Le Pirée pour étayer nos hypothèses de voyage en Crète et de retour par ferry en Italie. La circulation est épouvantable et le chemin très mal indiqué dans une ville qui semble avoir subi un tremblement de terre tant elle est crasseuse, en pagaille, parsemée de chantiers plus ou moins à l'abandon... Les camionneurs stationnent n'importe où, chargent en pleine rue, s'engueulent allégrement avec les automobilistes... Bref le bazar à l'orientale dans toute sa gloire ! (une expérience qui atténue un peu ma déception de ne pas nous être rendus jusqu'aux rues d'Istanbul...). Après une heure d'attentes et de détours, nous atteignons l'Acti Poseidonos pour y magasiner les agences de voyage qui font le trottoir tout au long du quai. Hélas ! le prix du passage vers la Crète (395.00 $) dépasse de beaucoup notre budget et nous devons remettre en cause notre projet de séjour là-bas. Nous commencerons donc par faire le tour du Péloponnèse tel que prévu et déciderons alors de la suite de notre itinéraire. Idem pour notre retour par l'Italie (le trajet simple Patras-Brindisi = 350.00 $ !).

Nous quittons Le Pirée dans la nuit. Il nous faudra plus de deux heures pour nous démêler des mauvaises routes sans signalisation, dans la grosse circulation et dans un bain de pollution épouvantable. Nous nous rapprochons de Corinthe, mais ramassons finalement dans le village de Loutropirgos, en face de l'île de Salamine,  où nous dormons sur une colline au dessus des chantiers maritimes, un peu après les raffineries...


Vendredi 16 décembre 1988: de LOUTROPIRGOS à MYCÈNES

 Le
                      canal de Corinthe
Le canal de Corinthe

Réveil sous la pluie qui dynamise peu un départ paresseux... Nous suivons le rivage du golfe Saronique ponctué de belles résidences d'été cossues et de plages organisées beaucoup moins soignées. Parfois la route s'élève en corniche, ménageant un panorama que j'aurais pu qualifier de grandiose sous le soleil... Arrivons bientôt à l'isthme de Corinthe, nous admirons la tranchée nette et profonde du canal homonyme, abrités sous notre parapluie. Encore un site - moderne celui-là - mal mis en valeur et massacré par la prolifération des boutiques sordides et l'entassement des saloperies.
Nous bifurquons vers le pont de Possidonia qui s'abaisse sous l'eau pour laisser passer les navires. Depuis son tablier humide on aperçoit - mal - le diolkos, halage de pierre sur lequel les Anciens faisaient traverser l'isthme à leurs embarcations. Après quelques pas sur ce vestige émouvant du lointain travail des hommes curieusement laissé à l'abandon, nous traversons vite la Corinthe moderne, sans intérêt, pour gagner l'ancienne Corinthe dont nous entrevoyons le champ de ruines derrière sa clôture. Le
                        Diolkos à l'extrémité ouest de l'isthme
Le Diolkos à l'extrémité ouest de l'isthme
Ruine de la Corinthe antique au pied de
                        l'Acrocorinthe
Ruine de la Corinthe antique au pied de l' Acrocorinthe
Les cinq malheureuses colonnes qui demeurent debout servent de premier plan à quelques vues sur l'Acrocorinthe, haute de 574 mètres, dont le sommet se perd dans les nuages. Nous tentons de gravir la pente, mais la piste en réfection laisse peu de chance à notre tortue qui, faute de quatre roues motrices, déclare vite forfait. Nous devons renoncer à cette escalade avec d'autant moins de regrets que la cime disparaît maintenant à peu près complètement dans le nuage.

Nous reprenons la direction de Mycènes par une fort mauvaise route qui sera désormais notre lot dans presque tout le Péloponnèse (passages à niveau cahoteux, virages serrés, nids de poule à profusion...). Bientôt apparait sur sa colline la fameuse demeure d'Agamemnon, à l'extrémité d'un vallon inhabité.

Le site
                de Mycènes vu du ciel 
Le site de Mycènes vu du ciel; en haut le Palais d'Agamemnon, en bas le Cercle des Tombes



La muraille de Mycènes et la Porte des
                        Lionnes
L'enceinte de Mycènes et la Porte des Lionnes
La forteresse archaïque, bien assise sur son mamelon, est encadrée de petites montagnes et domine la plaine de l'Argolide. A l'écart de la grande route et adéquatement protégé, le site naturel demeure sauvage à souhait. Bien que les ruines aient été modérément restaurées, il s'en dégage toujours une impression de grandeur. L'enceinte en blocs cyclopéens précisément ajustés frappe d'abord par sa masse et son aplomb.
Nous la franchissons par la "Porte des Lionnes" dont l'image grisâtre et mal définie dans mon livre d'histoire de 6ème me revient en mémoire... La Porte des Lionnes de Mycènes
La Porte des Lionnes de Mycènes
Le Cercle des tombes de Mycènes
Le Cercle des tombes de Mycènes
Nous abordons alors le Cercle de tombes où Schliemann retrouva le merveilleux trésor d'Agamemnon admiré au Musée d'Athènes.

Diadème en or mycénien
Diadème en or mycénien
Poignards mycéniens
Poignards mycéniens

Il faut ensuite grimper avec peine le sentier incertain menant au faîte de la butte pour contempler le vaste et grandiose panorama qu'avait le légendaire roi homérique depuis les fenêtres de son petit palais. Un peu plus loin dans la citadelle, Mathieu insiste pour descendre dans la citerne souterraine, mais il s'arrêtera au bout de 20 des 99 marches, l'obscurité grandissante et la surface glissante le rendant... prudent. Sans doute aussi le climat de mystère qui semble encore planer en ces lieux l'aura-t-il impressionné : n'est-ce pas ici que se noua le destin funeste des Atrides...
Escalier descendant à la citerne de
                        Mycènes
Escalier taillé dans la pierre descendant à la citerne de Mycènes

En terminant notre visite, nous allons admirer la tombe à coupole de Clytemnestre et surtout le Trésor d'Atrée, frappants par leur vaste dimension, la pureté de leur ligne et le silence qui règne à l'intérieur de leur dôme de pierre.

Tombe de Clytemnestre
Entrée de la Tombe de Clytemnestre
Dans le Trésor d'Atrée
Dans le Trésor d'Atrée, la porte donnant accès au dôme

Vase mycénien en cristal de roche

Vase mycénien en cristal de roche (XVIème s. av. J.C)

Femme de
                Mycéne (XIIIème av. J-C)
Femme de Mycènes (XIIIème av. J-C)

Le soleil descend bientôt, répandant sa lumière dorée sur le golfe d'Argos, et nous décidons de dormir seuls sur le site, dans le stationnement face à la forteresse.


Samedi 17 décembre 1988 : de MYCENES à LEONIDIO

La forteresse de Larissa au dessus
                          d'Argos
La forteresse de Larissa au dessus d'Argos

Nuit tranquille seulement troublée par un vent formidable qui fait grincer la suspension du camping-car. Le temps maussade à 8:00 s'éclaircit vers 9:00, au moment où nous repartons en direction d'Argos.

L'escalade  du chemin raide menant au kastro de Larissa s'avère sans problème. Le château-fort, construit par les Francs et remanié par les Byzantins, ne présente plus que des ruines en très mauvais état. En revanche la vue là-haut est splendide, tant sur les contreforts montagneux alentour dont certaines cimes sont enneigées, que sur la riche plaine cultivée d'Argos et la ville à nos pieds. Les orangers et les oliviers croulant sous les fruits couvrent toutes les terres exploitables, tandis qu'une mer bleutée miroite à l'horizon. Nous passons un bon moment à jouer les lézards sur les vieilles pierres, nous faufilant entre les murs croulants, grimpant sur les chemins de ronde, examinant les citernes éventrées... Puis  nous redescendons au pied de la colline pour traverser la ville moderne sans réel intérêt architectural.

Prenant ensuite le chemin de la côte de Laconie, nous  renonçons pour l'instant à visiter Épidaure que surmontent encore de gros nuages gris de mauvaise augure. La côte est superbe sous le soleil, rocheuse et découpée, ménageant de belles plages évidemment désertes en cette saison. Les enfants trouvent sur celle d'Astros un immense terrain de jeux à leur convenance. Après avoir construit quelques châteaux de sable et allumé un grand feu sur la grève, nous repartons vers 15:30, laissant dans le sable un petit bonhomme Playmobil. Cela nous vaudra une "baboune" prolongée de Mathieu lorsqu'il constatera plus tard son oubli. Sous le soleil déclinant, la route côtière se poursuit jusqu'à Leonidio, un gros village étalé au débouché d'une gorge abrupte, entouré de rochers rouges et massifs faisant un peu penser à ceux des Météores. La rue étroite et zigzaguante qui traverse la bourgade en remontant la vallée nous parait supérieurement propre pour une agglomération grecque. A la brunante, nous allons stationner à la sortie du village, près d'une tour en ruine d'où nous avons une vue pittoresque sur tout le site. Nous nous proposons de visiter plus à fond et à pied les lieux le lendemain.


Dimanche 18 décembre 1988 : de LEONIDIO à MISTRA

Cette fois, ce sont les pétarades d'un maniaque de la moto qui nous jettent à bas du lit beaucoup plus tôt que nous ne nous y attendions... Nous réalisons notre balade comme prévu; si les rues de Leonidio ne sont pas tout-à-fait aussi nettes qu'elles le paraissaient hier soir dans la pénombre, l'ensemble est quand même fort agréable avec ses échoppes d'artisans et ses petites boutiques rustiques qui semblent antérieures à l'ère touristique... Les gens se montrent accueillants, et nous traînons parmi eux jusque vers 11:30.

Une route de montagne de plus en plus sportive nous hisse à travers rocs et sapins jusqu'au village de Kosmas. Nous y retrouvons la neige, à tel point que je dois monter les chaînes pour franchir un passage difficile ! Puis nous tombons dans 12 kilomètres d'un chemin qu'il faut franchir à 10 km/heure, serpentant entre des ornières profondes et des roches proéminentes. Celles-ci jalonnent les épingles à cheveux d'une piste prenant bientôt des allures de torrent asséché... Alentour les montagnes enneigées surplombent la plaine de Spartes intensivement cultivée, composant un cadre singulier pour cet itinéraire original.

Tout en bas du vallon sauvage nous arrivons à Geraki, un gros bourg rural déployé sur une colline sans grand relief. Un autre méchant chemin gravit le Pirgos Gerakiou surmonté des vestiges d'une forteresse du XVème, du temps où les Francs de Guillaume de Champlitte occupaient la principauté de Morée. Dominant la plaine, l'ancienne Giérachy occupe un site magnifique d'où la vue plonge jusqu'à la mer et n'est limitée que par le massif du Taygète saupoudré de neige. L'éperon rocheux est parsemé des ruines de la ville médiévale qui couvrait la pente. Seules subsistent quelques chapelles dans lesquelles on peut apercevoir par les fenêtres étroites des restes de fresques murales byzantines. La promenade valait le coup, mais nous regagnons le camping-car transis, le vent s'étant beaucoup refroidi en l'absence du soleil.

Nous traversons la plaine prospère envahie par les plantations d'oliviers et surtout d'orangers, entrecoupée de profonds ravins. Sparte, ville moderne manque par trop de caractère et nous gagnons vite le site de Mistra. Ses ruines éparses se laissent deviner dans l'ombre sur les premiers contreforts enténébrés du Taygète. Nous nous installons à mi-pente sur le plus haut stationnement, au dessus de la ville morte et au pied des remparts de sa citadelle.

Le site de Mistra au pied du Taygète
Le site de Mistra au pied du Taygète



En Péloponnèse : de Mistra à Githio


Lundi 19 décembre 1988 : de MISTRA à GITHIO

Au matin, un soleil splendide nous réchauffe un peu après une nuit tranquille mais fraîche. Nous bénéficierons d'un temps radieux pour visiter l'ancienne ville forte. Je redescends d'abord dans la plaine pour filmer une vue d'ensemble du site dont les ruines sont éparpillées sur la pente, avec pour deuxième plan les cimes enneigées du Taygète tout proche.

Puis nous gagnons le Châtelet marquant l'entrée de la ville basse. Commence alors une balade très agréable dans un air frais et lumineux, parmi les murs à moitié effondrés des maisons, sur les ruelles pentues et empierrées, musant d'églises en monastères sommairement restaurés (mais pour une fois, ils le sont !). Les fresques sont fort belles, même si la plupart gagneraient encore beaucoup à être sérieusement nettoyées et complétées. Quant à l'éclairage sus les vieilles voûtes, comme d'habitude il est inexistant.

Visite de Mistra
Mistra : sentier menant au Palais
Mistra : sentier menant au Palais
La Métropole et la Plaine de Sparte
La Métropole et la Plaine de Sparte
Vue générale de la Metropole
Vue générale de la Metropole
 Nous franchissons l'enceinte de la Métropole par un joli portique. Puis, traversant la cour ombragée où gazouille l'eau d'une fontaine, nous découvrons un ravissant cloître fleuri dont la terrasse domine la campagne. Les murs de pierre soigneusement restaurés, les dalles polies par le temps et les géraniums ornant les escaliers rustiques nous replongent dans notre vieux rêve de mas provençal. Monique est sous le charme...

Exonarthex de la Métropole de Mistra
Exonarthex de la Métropole de Mistra
Ange de l'Apocalypse dans la Metropole de
                        Mistra
Ange de l'Apocalypse dans la Metropole de Mistra

Bontcocion de Mistra
Bontcocion de Mistra
Hodigitria de Mistra: les martyrs
Hodigitria de Mistra: le cortège des martyrs

L'Hodigitia au pied de la montagne portant le
                château
L'Hodigitia au pied de la montagne portant le château

Porte de Monemvasia
Porte de Monemvasia
A mi-pente nous atteignons le couvent de Pantanassa. Nous y demeurons un long moment à contempler à nos pieds le splendide panorama qui se déploie jusqu'à la plaine. 
Mistra : la Pantanassa
Mistra : la Pantanassa

Église Pantanassa de Mistra 
Église Pantanassa de Mistra

Abside de la Pantanassa de Mistra
Abside et portique de la Pantanassa de Mistra

Quel lieu propice à la méditation ! Nous reposant dans la fraîcheur du portique, nous nous amusons à suivre les ébats des chats sautant sur les toits des cellules ou se prélassant au soleil devant les portes des nonnes du couvent. Nous en croiserons plus loin quelques unes toutes guillerettes faisant à la hâte le tour des chapelles de la ville morte. On dirait qu'elles se sont donné pour mission d'en préserver la vocation sacrée en venant y chanter quotidiennement quelques cantiques et y brûler de l'encens.
Pantanassa de Mistra : la Fuite en Egypte
Pantanassa de Mistra : la Fuite en Egypte

Porte de la citadelle de Mistra
Mistra : Porte de la Citadelle
Un peu plus haut sur la montagne, une poterne donne accès à la Ville Haute où résidait les Despotes. Notre balade s'achève dans les ruines du Palais dont les hautes structures évidées nous laissent imaginer la grandeur passée. Les restaurations en cours nous empêchent malheureusement d'atteindre la terrasse surplombant l'ensemble du site.

Mistra depuis la Porte de Monemvasia
Le Palais de Mistra depuis la Porte de Monemvasia
Fenêtre du Palais de Mistra
Fenêtre dans le  Palais de Mistra

Le
                  Palais et son église en montant à la citadelle
Le Palais et son église palatine vus en montant vers la citadelle

Le Palais vu d'en haut
Le Palais vu d'en haut

Les gardes ferment les portes à 15:00; nous devons donc quitter les lieux sans terminer le tour de la Ville Haute (qui semble de toute façon moins intéressante). Nous ne pourrons pas non plus escalader le rocher jusqu'à la Citadelle, ce que je regrette davantage, la vue plongeant sur la ville et ses remparts y étant probablement très spectaculaire.

Église
                Peribleptos de Mistra
Église Peribleptos de Mistra

Il ne nous reste donc qu'à redescendre vers le stationnement à l'orée de la ville basse où nous avons laissé notre Pilote. Au passage quelques ruines de maisons bourgeoises de riches marchands qui montrent qu'ici comme ailleurs, l'élite aisée se tenait près du pouvoir...

Maison Laskaris au pied de la citadelle de
                        Mistra
Maison Laskaris au pied de la citadelle de Mistra
Dans le quartier des maisons bourgeoises de
                        Mistra
Dans le quartier des maisons bourgeoises de Mistra

Il reste que Mistra nous aura séduits par une combinaison d'atouts : son emplacement acrobatique à flanc de montagne, l'admirable panorama donnant là-haut sur la plaine, et peut-être aussi le temps magnifique qui nous a suivi toute la journée.

Nous traversons ensuite la Laconie parallèlement au massif du Taygète. A travers les sempiternels oliviers et orangers, nous atteignons Githio, petit port blotti au creux du golfe de Laconie. Et là, surprise (à laquelle nous ne croyions plus), une agence locale de ferry-boats nous propose un billet vers la Crète pour la moitié du prix demandé au Pirée ! Nous sautons sur l'occasion et réservons un passage sur le prochain bateau jeudi soir. D'ici là nous poursuivrons notre tour du Péloponnèse. Nous nous retirons au crépuscule dans un coin désert près du bassin des pêcheurs.


Mardi 20 décembre 1988 : de GITHIO à NOMITSI

Vathia - par
                      beau temps !
Vathia - par beau temps !

Rien n'aura dérangé notre sommeil durant cette nuit hormis le froid, car j'hésite à utiliser le chauffage si gourmand en propane dont le ravitaillement est toujours une aventure.

Nous partons sous un beau soleil parcourir la côte du Magne. Dans des paysages très sauvages de garrigues et de maquis, nous suivons un rivage tout en découpes où les falaises tombent à pic dans la mer. Les maisons de pierre sont regroupées en villages perchés, chacune avec sa tour plus ou moins haute et fortifiée. La terre ici est rude, sévère, le paysage comme dépouillé de fioritures, livré dans toute sa nudité. Nous renonçons à faire le petit détour menant au plus impressionnant et plus renommé de ces bourgs, celui de Vathia, que nous apercevons de loin à l'écart de la route car il disparaît dans un nuage de pluie.


Celle-ci ne nous lâche qu'au milieu de l'après-midi, près des cavernes marines de Dirou que nous trouvons fermées... La côte est grandiose, profondément découpée, se profilant sur le massif du Taygète en arrière-fond. Les petits villages se succèdent à flanc de montagne, environnés de leurs champs d'oliviers eux-même entourés de murets de pierres sèches. Nous visitons en passant un pressoir à olives où les travailleurs nous accueillent gentiment et nous font déguster une assiette d'huile au sortir de l'extracteur; son goût très vert nous dérange un peu, mais on nous affirme qu'il s'adoucira après quelques semaines... En fin d'après-midi nous ne trouvons aucun espace pour nous arrêter sinon sur la place étroite du village de Nomitsi, en face de l'église et du café...


Mercredi 21 décembre 1988 : de NOMITSI à OLYMPIE
Cette nuit a été moins froide que la précédente, mais c'est seulement vers 22:00 que la taverne a fermé ses portes tandis que la pluie nous a réveillés vers 6:00. Le temps finit par se lever, tout en restant variable, et nous poursuivons notre route côtière. Le panorama est particulièrement étendu à Kardamili; nous filmons longuement et photographions l'immense bassin d'oliviers et la côte rocheuse égrenant ses îles et ses promontoires loin vers le sud...
Kardamili-et-la-cote-de-Messenie
La côte de Messenie au dessus de Kardamili

Nous sommes bientôt dans la ville de Kalamata qui semble avoir subi un violent tremblement de terre depuis peu : maisons détruites, murs fissurés, toits effondrés et nombreux chantiers au centre ville. Voulant retirer de l'argent via notre Master-Card, nous nous présentons dans une banque correspondante mais avons alors la très désagréable surprise de nous voir refuser toute avance : les agents M.C. d'Athènes dont il faut l'autorisation téléphonique sont en grève...

Après avoir changé quelques uns de nos précieux - et derniers - chèques de voyage, nous prenons la direction d'Olympie par une grande route de plaine sans intérêt majeur. Le pays semble plutôt aride, l'herbe rase et le paysage défile sans que rien n'attire notre attention. Cependant près de Tholo j'aperçois une plage invitante à quelque distance de la route et je m'engage dans le chemin de terre y donnant accès. Mathieu et Juliette jouent un bon moment sur la grève à affronter les vagues grossies par le vent... jusqu'à en être trempés; le ciel d'orage diffuse une lumière contrastée sur le sable rouge et la mer bleu ardoise. Nous goûtons le côté sauvage et isolé des lieux durant notre repas. Mais au moment de repartir, je m'enlise en manoeuvrant, et nous devons aux chaînes de ne pas passer la nuit sur place...

Une heure plus tard, nous atteignons la vallée de l'Alphios (Alphée) nettement plus riante que tout ce que nous avons vu depuis longtemps : cultures irriguées de légumes et de fruits, collines très vertes couvertes de pâturages, nombreux et grands arbres. A Olympie même, qui ressemble fort au village de Delphes avec ses hôtels et ses marchands de souvenirs, nous parcourons rapidement les rues un peu décevantes puis allons dormir sur le stationnement du site.


Jeudi 22 décembre 1988 : d'OLYMPIE à GITHIO

Visite d'Olympie
Visite d'Olympie : la Palestre
Nuit super à deux pas du complexe olympique vieux de plus de vingt siècles. Pour une fois les ruines sont très lisibles; est-ce parce que les fouilleurs cette fois-ci étaient allemands, les tas de pierres sont remarquablement ordonnés... L'ambiance est calme et douce sous les arbres, dans une verdure vivace tellement inattendue en ce solstice d'hiver.
La découverte de ce premier site des Jeux est passionnante. Nous en parcourons lentement les différents secteurs. Dans la palestre et le gymnase, les colonnes en partie remontées délimitent bien l'espace où s'entraînaient les athlètes; le léonidaion présente une version initiale du village olympique tandis que le stade champêtre est encore parfaitement fonctionnel.
Maquette des installations religieuses et
                        ludiques d'Olympie
Maquette des installations religieuses et ludiques d'Olympie

La palestre
                d'Olympie
La palestre d'Olympie

La
                palestre d'Olympie
La palestre d'Olympie

Le
                péristyle de la palestre d'Olympie
Le péristyle de la palestre d'Olympie

Olympie : l'atelier de Phidias
Olympie : l'atelier de Phidias

Olympie : le temple de Zeus
Olympie : le temple de Zeus rasé par un tremblement de terre
Le gros morceau au propre comme au figuré reste le temple de Zeus dont les colonnes colossales, abattues par un tremblement de terre, gisent, tambours encore alignés, sur les côtés de la terrasse. On sort un peu stupéfait du sanctuaire massif mais si bien intégré à l'environnement naturel.

Juliette sur les futs des colonnes brisées du
                temple de Zeus à Olympie
Juliette sur les tambours des colonnes brisées du temple de Zeus à Olympie

Le
                Philipeion (tholos) d'Olympie avant relèvement
Le Philipeion (tholos) d'Olympie avant relèvement

Heraion et Nymphaion
Le temple d'Hera et le Nymphaion (fontaine d'Hérode Atticus)

Monument de Ptolémée et l'entrée du stade
                d'Olympie
Monument de Ptolémée et l'entrée du stade d'Olympie

L'entrée du couloir menant du sanctuaire au stade
                d'Olympie
L'entrée du couloir (tunnel) menant du sanctuaire au stade d'Olympie

Allumage de la flamme olympique
Allumage de la flamme olympique
Le premier stade olympique
Le premier stade olympique

Un tour du musée termine en beauté ce pèlerinage fort agréable par ce temps ensoleillé : statue d'Apollon remarquable d'élégance et d'harmonie, en état presque parfait, restitution très frappantes des frontons du temple de Zeus dont les éléments sont encore très lisibles et extraordinairement dynamiques, l’Hermès de Praxitèle bien sûr, et enfin quantité de petits bronzes d'une rare qualité.
Visite du Musée d'Olympie
Visite du Musée d'Olympie
Apollon d'Olympie
Apollon d'Olympie
Tête de l'Apollon d'Olympie
Tête de l'Apollon d'Olympie

Musée d'Olympie : Zeus enlève Ganimède
Musée d'Olympie : Zeus enlevant Ganymède

Musée d'Olympie : Victoire
Musée d'Olympie : Victoire

Musée d'Olympie : Taureau sacré
Musée d'Olympie : Taureau sacré de la fontaine d'Hérode Atticus

Musée d'Olympie : L'Hermès de Praxitèle 
Musée d'Olympie : L'Hermès de Praxitèle
Hermès de Praxitèle : détail
Musée d'Olympie : L'Hermès de Praxitèle, détail

Musée d'Olympie : tête de l'Hermès de
                        Praxitèle
Musée d'Olympie : tête de l'Hermès de Praxitèle
Musée d'Olympie : Antinöus
Musée d'Olympie : Antinöus

Nous avons aussi une longue discussion avec des Annéciens rencontrés devant la fontaine d'Hérode Atticus, avec lesquels nous partageons nos impressions assez mitigées sur la Grèce.

Vers 15:30, nous partons à travers la champêtre Arcadie pour regagner Githio par un chemin sinueux et montueux. Nous devons absolument atteindre le petit port ce soir : il faut être prêts à embarquer sur le traversier à destination de la Crète à 19:00.


Je prends quand même le temps de filmer au passage de pittoresques cueilleurs d'olives, des moutons et des ânes errant en liberté le long de la route, dans des paysages superbes que l'on aimerait contempler plus longtemps. L'Acadie... Le crépuscule s'achève lorsque nous finissons par toucher notre but, mais on nous apprend alors que le bateau est retardé jusqu'à 5:00 du matin. C'était bien la peine de tant nous hâter !


En Crète : de Githio à Itanos


Vendredi 23 décembre 1988 : de GITHIO à KALIVES (Crète)
Stationné sur le quai, je dors mal car je guette du coin de l'oeil l'ouverture du guichet aux billets que nous avons trouvé clos à notre arrivée. Le bateau, tout illuminé dans les ténèbres précédant l'aube, arrive enfin vers 6:00. Nous embarquons aussitôt... en arrachant le tuyau d'évacuation de la toilette du camping-car, arraché par la passerelle de chargement insuffisamment descendue ! Je bénis copieusement la marine grecque et ses représentants qui dirigeaient la manœuvre : ils prétendent sans complexes être la "première" du monde, tout dépend du point de vue...
Billet du ferry pour la Crête
Billet du ferry pour la Crête
scale à CythèresE
Escale à Cythère
La navigation jusqu'à Kissamos dure 8 longues heures sur un petit ferry qui doit être amorti depuis longtemps... (si l'on compare son état à celui des navires superbes jadis emprunté en Scandinavie !) Heureusement la mer est assez belle et le soleil brille dans un ciel radieux, nous laissant jouir en toute quiétude de vues saisissantes sur Cythère et Anticythère. Une courte escale dans les petites îles semi-désertiques et sévères nous les montre bien différentes du tableau idyllique qu'en ont répandu les poètes et les peintres (Watteau et son "Embarquement...").
Nous faisons aussi la rencontre amicale de deux Français voyageant en stop et couchant à la belle étoile avec leur chien. Nous les laissons à Hania (La Cannée) sur la route d'Iraklio, avant de tenter de réparer notre toilette qu'il faut démonter, laver, etc... A la nuit tombante nous allons bivouaquer sur la plage magnifique et déserte de Kalives. Après le souper vite expédié, Monique et les enfants s'installent sur la table commune et, munis de ciseaux et de papier de couleur, se lancent dans la fabrication de décorations de Noël à la dimension de notre "home".
Sapin de
                          Noël découpé par les enfants
Sapin de Noël découpé par Mathieu et Juliette


Samedi 24 décembre 1988 : de KALIVES à LIMANI KERSONISSOU

Voilà longtemps que nous n'avions pas dormi dans un tel calme ! Au matin, j'achève la réparation de la toilette recollée tant bien que mal avec du joint à calfeutrer, un tube de colle contact et quelques vis restant de mes travaux d'aménagement. Pour être vraiment autonome il faudrait quasiment tirer son atelier derrière soi ! (comme nous le verrons plus tard chez des camping-caristes anglais au Portugal...). Après un plein d'eau de fortune et acrobatique sur la citerne d'un restaurant local abandonné pour l'hiver, nous reprenons la route vers 11:30. Anticipant la fermeture de toutes les attractions touristiques durant les deux prochains jours 25 et 26 décembre, nous décidons d'aller directement à Iraklio visiter le riche et fameux musée.

La grande route panoramique, excellente, offre de magnifiques échappées sur la côte. Nous sommes à Iraklio vers 14:30. C'est une assez grande ville typiquement grecque par sa saleté, son désordre, ses nombreux bâtiments en démolition ou en construction... Nous dirigeant aussitôt vers le musée, nous avons peine à croire que ce bâtiment décrépit aux grilles rouillées soit un "temple de l'Art" contenant des merveilles, plutôt qu'une prison à l'abandon, ou un entrepôt peut-être... Et le comble, c'est que nous en voyons sortir les derniers visiteurs à 15:00, chassés par les gardiens pressés de regagner leur foyer !

Forteresse vénitienne d'Iraklio
Forteresse vénitienne d'Iraklio
Il ne nous reste plus qu'à faire une balade dans la ville crasseuse, bruyante (pétrolettes et camions) et cependant endormie jusqu'à 17:00. Le tour du port s'avère tout aussi désolant, les quelques beaux restes vénitiens étant noyés dans des bâtiments modernes affreux, à l'exception du fort commandant l'accès au bassin des galères de Venise, maintenant port de plaisance
Mais en retournant dans le centre vers 17:30, nous tombons sur un marché installé dans la rue de 1866 et là, quel folklore ! Vendeurs de "bébelles", fruiteries, boucheries sur le trottoir... c'est presque le souk dans la lumière crue des petites ampoules blanches et nues. Il fait très doux... et nous sommes le 24 décembre, soir de Noël !
Marché de la Rue 1866
Marché de la Rue 1866

Un gril en plein air vend des brochettes sur la pittoresque place Venizelou au cœur même de la ville. Nous cherchons un banc pour déguster notre pique-nique indigène et nous découvrons alors les quelques derniers bâtiments vénitiens encore debout et présentant une certaine élégance : l'église Sainte-Catherine (fermée !), la Loggia du XVIIème et l'église Saint-Tite. J'entre dans cette dernière pour voir si l'on n'y célébrerait pas une messe de Noël orthodoxe, mais je ne découvre qu'un décor assez quelconque sans nulle indication ni signe d'aucune festivité.

Nous quittons alors Iraklio pour tenter de trouver un petit bourg plus respectueux des traditions et nous arrêtons quelques kilomètres plus loin à Limani Kersonissou. Une rapide exploration nous montre un village à vacanciers abondamment pourvu de boites de nuit et d'hôtels, mais point d'église... Abandonnant notre rêve d'une messe de minuit typique, nous allons stationner près de la mer, en avant de ce qui semble être une rue de petites maisons de vacance pour l'instant vides.


Dimanche 25 décembre 1988 : de LIMANI KERSONISSOU à PSYKRO (LASSITHI)

Dans la grande lumière du matin, notre rue quelconque se révèle être un superbe hôtel construit en forme de village insulaire avec jardins abondamment fleuris, murs crépis dans toute la gamme des pastels, petits escaliers, multiples décrochements, fontaines et grande piscine au centre du "lotissement". C'est tout-à-fait charmant, mais bien loin de la Grèce authentique que nous parcourons depuis maintenant plus de trois semaines ! De fait, les maisons des autochtones vivant dans les environs n'ont vraiment pas cette allure pimpante, elles s'apparentent bien plus à un cube de béton brut jeté dans un environnement négligé.
Nous passons la journée dans notre carte postale, utilisant à volonté l'eau d'une borne d'arrosage pour faire la lessive et le lavage du camion. Les citronniers du parc font office de séchoirs à linge, transformant les alentours en vrai campement de romanichels... Un gardien en habit du dimanche prétend nous chasser de notre paradis en milieu d'après-midi, mais tout est désert, nous sommes sur la voie publique... et lui souhaitons un cordial Joyeux Noël, moyennant quoi nous ne le reverrons plus...

Lorsque notre garde-robe est sèche, vers 17:00, tout alertes et rafraîchis, nous prenons la route de la montagne. La vue s'élargit au fur et à mesure de notre escalade sur les pentes raides de l'intérieur, mais le brouillard du crépuscule vient bientôt tout noyer. C'est finalement dans le vent et les nuages que nous stationnons en plein milieu du col donnant accès au plateau de Lassithi.


Lundi 26 décembre 1988 : de LASSITHI à ITANOS (près de VAI)

Durant la nuit, le vent terrible nous oblige à déplacer notre camping-car tant nous sommes malmenés par les violentes rafales. Au matin nous découvrons dans la lumière grise que nous sommes en fait juste sur la crête, là où les gens du lieu qui connaissaient cette particularité naturelle avaient installé une batterie de moulins à vent...
Les moulins à vent de Lassithi
Les moulins à vent dans le col de Lassithi

Lassithi éoliennes
La pittoresque vallée de Lassithi... sous le soleil et toutes ailes déployées !

Nous partons bientôt faire le tour de la vallée suspendue, très plate, dont les champs exigus sont parsemés d'éoliennes en plus ou moins bon état. Les montagnes nous entourent de tous côtés comme si nous parcourions la surface d'un lac de cratère d'une dizaine de kilomètres de diamètre. Il pleut, et les petits villages paysans sont singulièrement moches et tristes dans cette grisaille.

Après une heure de randonnée, assez déçus de notre excursion décrite par le Guide comme "bucolique", mais que nous qualifierions plutôt de "désolante", nous redescendons dans la vallée par la route sportive empruntée la veille. Les lacets ménagent de spectaculaires points de vue plongeant sur les pentes, sur les précipices de la vallée d'Avdou et tout au fond sur la mer miroitant sous le soleil retrouvé.

Nous rattrapons alors une route transversale zigzaguant dans un paysage assez sauvage de garrigues et d'olivaies; ponctuée de petits villages accrochés aux pentes, elle nous mène à la côte sud. Il y fait chaud sous le soleil brillant et la mer y est bleu émeraude; mais en approchant de Ierapetra, les serres à bananes en polythène jauni et les installations touristiques (maisons et hôtels) deviennent de plus en plus envahissantes. L'anarchie est totale, les débris de maçonnerie et les lambeaux de bâches de plastique omniprésents. Bref, nous retrouvons la Grèce "développée", sale et disgracieuse, que nous apprenons hélas de plus en plus à connaître...

Dès que les hommes se font rares, les paysages, superbes, retrouvent tout leur charme. Nous le constatons encore une fois lorsque nous parcourons l'intérieur vers l'est en direction de Sitia. La route est montagneuse comme celle que nous avons prise pour descendre sur le littoral sud, mais traverse un maquis de chênes verts et de buissons encore plus sec et plus rude. La côte ne tarde guère à apparaître au débouché d'un vallon particulièrement sinueux et pentu. De l'autre côté d'une petite baie, le port de Sitia a quelque chose d'oriental par sa lumière et son étagement de maisons colorées déboulant jusqu'aux quais plantés de gros tamaris. Plus nous avançons vers l'est, plus les palmiers sont présents. Nous en trouvons encore davantage en prenant la route de Vàï, le long d'une côte inhabitée dont les vagues, les rochers et les plages emporteraient l'adhésion du plus blasé des amoureux de la nature. A l'étape nous allons camper dans le soleil couchant à Itanos, à l'extrême pointe est de la Crète, sur un chemin de terre menant à un petit site archéologique absolument désert sur son promontoire.


En Crète : d'Itanos au Pirée


Mardi 27 décembre 1988 : d'ITANOS à KNOSSOS

Au matin je fais en solo le tour des lieux : la lumière vive et chaude inonde la colline surplombant la mer. Les ruines de la ville antique sont illisibles, ne demeurent que celles de la basilique chrétienne des premiers siècles cependant peu intéressante. Mais les criques sauvages encadrant le promontoire, le petit marais envahi par les joncs, les pierres sculptées éparses sur le sable composent un décor romanesque et prenant.

Plage-de-Vai-et-ses-palmiers
Vaï et ses palmiers
Nous gagnons ensuite la palmeraie de Vàï qu'un panneau multilingue présente comme la plus septentrionale au monde. Une vallée quasi marocaine plantée de plus de 5 000 palmiers débouche sur une belle plage de sable fin, elle aussi ombragée par quelques arbres touffus. Le site nous parait d'autant plus exotique que nous sommes complétement seuls à fouler ce paysage d'île déserte. Lorsque nous escaladons le petit promontoire limitant la plage à l'ouest, l'enfilade de caps rocheux et d'anses sableuses se poursuit le long de la côte jusqu'à l'horizon. Malheureusement, comme d'habitude, la propreté laisse à désirer, et encore sommes-nous hors saison... Pour un parc national protégé "inscrit sur la liste de l'UNESCO" comme le proclame fièrement un grand panneau multilingue, c'est pour le moins inattendu !

Plage-de-Vai-et-ses-palmiers
Plage de Vaï et ses palmiers depuis le belvédère sur la falaise


La route de retour vers Sitia passe par le monastère de Toplou. Sur une espèce de plateau aride entourant les bâtiments du couvent paissent de grands troupeaux de chèvres brunes et noires escortés de leurs bergers. On rattrape bientôt la route côtière. La vue s'étend, grandiose, en direction du port de Sitia maintenant en pleine lumière; elle sera encore plus belle en allant vers Agios Nikolaos. Le golfe de Mirambelo déroule sa vaste courbe de falaises rocheuses et rouges entrecoupées d'anses sableuses jusqu'au port tout blanc d'Agios Nikolaos, puis se poursuit par les hauteurs de la presqu'île de Spinalonga.
Mirabello vue vers l'ouest
Golfe de Mirambelo

Les reliefs ressortent sur le bleu de la mer et du ciel, juste ourlé par le blanc des plages et des vagues avec, en arrière plan, les cimes neigeuses du mont Dikti. C'est magnifique, surtout près de Mohlos où nous arrêtons un bon moment pour prendre photos et vidéos.

Le gollfe
              de Mirambelo
 Golfe de Mirambelo vers l'ouest depuis Mohlos

Juliette
                et Mathieu devant le Golfe de Mirambelo, vers l'ouest
Juliette et Mathieu devant le Golfe de Mirambelo, vers l'ouest

Le Golfe
                de Mirambelo vers l'est
Le Golfe de Mirambelo vers l'est

Le centre d'Agios Nikolaos, blotti autour de son bassin réputé de Voulismeni, nous parait assez quelconque, abusivement touristique avec ses guinguettes presque toutes fermées. En revanche l'excursion subséquente vers Spinalonga nous comble par les vues splendides qu'elle développe sous nos yeux. Passée la forteresse vénitienne du XVIème sur son îlot de Spinalonga, nous nous hasardons par des pistes difficiles sur le plateau du côté de Vrouchas. Ici les "typical cretan villages" sont autrement authentiques que ceux du golfe uniquement destinés aux touristes. Notre camping-car passe bien proche des murs à certains endroits, et sa suspension est mise à rude épreuve sur les passages non bétonnés du chemin, mais le paysage totalement vierge de tout "aménagement" touristique vaut bien ces quelques inconvénients.

Nous rejoignons - enfin - la grande route à Neapoli et, dans la nuit tombante, gagnons Iraklio. Un souper au restaurant nous permet de déguster notre première moussaka authentiquement grecque, très appréciée (surtout par notre cuisinière qui, pour une fois, peut délaisser ses chaudrons...). Après un détour par l'élégante rue Dedalou où nous magasinons un gros volume sur les musées grecs, nous trouvons avec quelques difficultés le chemin de Knossos. Nous y dormons sur le stationnement du site.


Mercredi 28 décembre 1988 : de KNOSSOS à PHAISTOS

La journée commence mal lorsque je constate l'échec de la réparation de la toilette dont le réservoir à moitié plein fuit... En revanche la visite du palais de Knossos passionne toute la famille.

Pour une fois, les nombreuses restaurations et restitutions effectuées par Arthur Evans permettent de se faire une bonne idée de l'art de vivre minoen. Et puis, quel agrément de déambuler sous le soleil dans ces multiples salles, ces puits de lumière, ces cours, ce labyrinthe d'escaliers et de passages !
Billet
                        Knossos
/ Visite du palais de Cnossos

Cnossos : le vallon depuis le palais
Cnossos : le vallon depuis le palais

Cnossos : reconstitution d'artiste
Cnossos : reconstitution de l'ensemble palatial par un artiste

Cnossos : le centre du Palais
Cnossos : le centre du Palais et la Salle du trône

Cnossos : la salle du trône
Cnossos : la Salle du trône

Cnossos : le mégaron de la reine
Cnossos : le mégaron de la reine (photo)

Cnossos : le mégaron de la reine 
Cnossos : le mégaron de la reine (dessin)

Cnossos : salle de bain de la reine
Cnossos : salle de bain de la reine
Cnossos : salle des haches (boucliers)
Cnossos : salle des haches (boucliers)

Cnossos : grand escalier donnant sur la
                        cour centrale
Cnossos : grand escalier donnant sur la cour centrale

Cnossos : entrée nord
Cnossos : entrée nord

Cnossos : véranda des gardes
Cnossos : véranda des gardes

Cnossos : le caravansérail
Cnossos : le caravansérail

Cnossos : puits de lumière
Cnossos : puits de lumière

Cnossos_fresque du taureau qui charge
Cnossos : fresque du taureau qui charge

Revenant sur nos pas en suivant la côte, nous filons ensuite vers Malia. Là encore nous découvrons un autre palais minoen, mais plus petit et très peu restauré. Le site est aussi plus sauvage, étalé dans une rase campagne à mi-distance de la mer et de la montagne. Les vestiges sont nettement moins suggestifs qu'à Knossos, pourtant je ne regrette pas le détour, enchanté par le côté champêtre de l'environnement.

En repassant à Limani Hersonissou, nous apercevons un bureau de téléphone ouvert. Nous tentons une nouvelle fois de contacter la famille à Lyon, mais après une heure d'attente pour obtenir une ligne, nous renonçons. Il nous reste juste le temps de retourner alors en vitesse à Iraklio pour la visite du Musée Archéologique. Si l'état de décrépitude du bâtiment lui-même fait pitié, les collections, de céramiques en particulier, sont extrêmement variées et d'une rare élégance.

Remarquables aussi les fresques présentées à la fin dont on a vu partout des reproductions (le Prince aux Lys, les Dauphins, les Femmes Bleues, la Parisienne...). Nous ne faisons cependant que les entrevoir, le musée fermant ses portes à 17:00.
Visite du Musée archéologique d'Iraklio

Musée archéologique d'Iraklio : fresque des danseurs
Musée archéologique d'Iraklio : fresque des danseurs

Musée archéologique d'Iraklio : les dames en bleu
Musée archéologique d'Iraklio : les dames en bleu

Musée archéologique d'Iraklio : les Déeses
                        aux Serpents
Musée archéologique d'Iraklio : les Déeses aux Serpents
Musée archéologique d'Iraklio : le Prince
                        aux lys
Musée archéologique d'Iraklio : le Prince aux lys

Musée archéologique d'Iraklio : la
                        Parisienne
Musée archéologique d'Iraklio : la Parisienne
Musée archéologique d'Iraklio : pendentif
                        aux abeilles
Musée archéologique d'Iraklio : pendentif aux abeilles

Musée archéologique d'Iraklio : l'Oiseau
                        bleu
Musée archéologique d'Iraklio : l'Oiseau bleu
Musée archéologique d'Iraklio : jeux
                        tauromachique
Musée archéologique d'Iraklio : jeux tauromachique

Musée archéologique d'Iraklio : rhyton en
                        cristal de roche
Musée archéologique d'Iraklio : rhyton en cristal de roche
Musée archéologique d'Iraklio : vase en
                        pierre
Musée archéologique d'Iraklio : vase en pierre

Musée archéologique d'Iraklio : rhyton
Musée archéologique d'Iraklio : rhyton
Musée archéologique d'Iraklio : acrobate
                        (ivoire)
Musée archéologique d'Iraklio : acrobate (ivoire)

Musée archéologique d'Iraklio : cratère en pierre
Musée archéologique d'Iraklio : cratère en pierre

Bien que déjà fatigués par cette journée bien remplie, nous prenons encore la route de Phaestos, très sinueuse et accidentée, qui disparaît bientôt dans la nuit, pour aller stationner sur le site même de cet autre palais minoen.


Jeudi 29 décembre 1988 : de PHAESTOS à KISSAMOS
Visite du site de Phaestos
Visite du site de Phaestos
Au réveil sous un beau soleil, nous découvrons que les princes de Phaestos avaient vraiment eu bon goût pour choisir l'emplacement de leur palais. Les vestiges occupent un éperon surplombant la campagne environnante, avec vue sur le mont Ida en arrière fond... Le palais lui-même, fouillé par l'École Italienne d'Archéologie, est en meilleur état que celui de Malia mais présente lui aussi l'organisation minoenne que nous commençons à reconnaître: agora, "théâtre", appartements du Roi et de la Reine, cour centrale, magasins, etc... Le plan ici particulièrement clair, notre quasi solitude, l'environnement superbe, tout concourt à faire de cette visite une partie de plaisir.

Phaestos : donnant sur la cour, les antichambres des
              magasins
Phaestos : donnant sur la cour, les antichambres des magasins

Phaestos : le disque d'or
Le disque de Phaestos trouvé lors des fouilles du Palais en 1908

Phaestos : bâtiments donnant sur la cour
                        centrale
Phaestos : bâtiments donnant sur la cour centrale
Phaestos : cratère fleur
Phaestos : cratère fleur


Phaestos : les escaliers du théâtre
Phaestos : les escaliers/gradins du théâtre

Nous dirigeant ensuite vers Sfakia sur la côte sud-est, nous embarquons un couple d'Allemands auxquels nous offrons 100 km d'une route accidentée, parfois sportive, qui serait fort belle n'étaient-ce la pluie diluvienne et le vent violent qui ne nous lâchent pas. Nous suivons la route de corniche jusqu'à Frangokàstelo où nous descendons près du rivage voir son château fort vénitien très cinécolor. Il garde un petit port déserté dans un cadre de bout du monde où tout semble à l'abandon. L'enceinte de pierre jaune coupe à peine les rafales et nous devons nous cramponner pour ne pas être emportés...
Frangokastelo
Frangokastelo

Un peu plus loin, Skafia occupe un joli site, mais a tout perdu de ce que devait être son opulence lorsqu'elle commerçait avec l'Afrique. Ne demeure qu'un pauvre petit port de pêche qui vend ses derniers charmes aux touristes. Nous échangeons nos adresses en quittant cordialement nos invités allemands venus faire une grande randonnée pédestre dans les spectaculaires gorges de Samaria***. Puis, laissant la mer de Lybie derrière nous, nous attaquons la traversée de la Crète vers le nord. La remontée du profond ravin à pic de Lefka Ori ne laisse pas d'impressionner dans la tempête qui se poursuit. Nous craignons même un moment de rencontrer de la neige, mais celle-ci demeure quelques centaines de mètres plus haut sur les sommets.
Nous atteignons Vrisses dans la nuit. Par la grande route côtière d'abord excellente puis très sinueuse et étroite après Hania, nous regagnons le petit port de Kissamos. Il nous a accueilli il y a maintenant 6 jours et notre bateau doit en repartir demain matin pour nous ramener en Grèce continentale. Pas facile de trouver sur le quai un coin à l'abri des rafales et des paquets de mer, mais nous finissons quand même par nous endormir dans le bruit des déferlantes.


Vendredi 30 décembre 1988 : de KISSAMOS au PIRÉE

"Sea no good, no boat" m'explique avec force gestes le préposé du port de Kissamos. Notre petit ferry semble-t-il est resté à Githio, attendant une accalmie pour reprendre la mer. Comme il est impossible d'obtenir aucune confirmation par téléphone, nous décidons d'aller aux nouvelles à Hania, quitte à nous rendre jusqu'à Iraklio pour trouver un passage vers le continent.
Un petit tour dans l'ancienne Hania (La Canée) nous convainc qu'elle aussi a bien peu conservé de sa splendeur vénitienne passée. Après quelques recherches, nous trouvons effectivement un traversier pour Le Pirée, et à un prix inférieur à celui de Kissamos-Githio ! Nous sautons sur l'occasion. Comme il nous reste quelques heures avant l'embarquement, nous les employons à une balade sur les hauteurs jusqu'au petit parc entourant le monument dédié à Venizelos. Depuis son belvédère, la vue s'étend largement sur la région d'Hania, son port, la ville moderne et les Montagnes Blanches traversées hier soir.

En fin d'après-midi, nous redescendons au nouveau port de Souda où l'on nous fait monter sur un grand ferry tout neuf. Cette fois, il ressemble beaucoup plus à ceux de Scandinavie. Je m'installe à mon aise dans le camping-car pour passer la nuit, mais Monique veut d'abord faire un tour sur le pont "pour reconnaître les lieux". Elle revient accompagnée d'un gardien qui nous chasse, et je suis obligé de quitter mon cocon bien tranquille pour une salle à manger bondée, dans le bruit et la fumée des cigarettes.



Du Pirée à Corfou par Patras et l'Épire


Samedi 31 décembre 1988 : du PIRÉE à MYCÈNES

Comme on pouvait s'y attendre, la nuit se traîne, interminable et exécrable, à tenter de dormir sur le tapis poussiéreux de l'un des salons du ferry... A l'arrivée au Pirée à 6:00, nous prenons la route d'Athènes pour faire un dernier marché dans notre Prisunic préféré, mais nous trouvons son jumeau à un kilomètre à peine du quai. Aussi complétons-nous notre nuit sur le stationnement du magasin en attendant son ouverture. Vers 10:00 nous nous levons et procédons au plein d'épicerie. A midi enfin nous enfilons l'autoroute de Corinthe sous un ciel radieux. Cela nous donne une deuxième occasion d'admirer le golfe Saronique, mais cette fois il est illuminé par le soleil.

Entrée de l'Acrocorinthe
Entrée de l'Acrocorinthe
Nous retournons aussi à l'Acrocorinthe, bien dégagée aujourd'hui, pour en entreprendre l'escalade à pied, la route n'étant toujours pas carrossable jusqu'au bout. Vues imprenables, perspectives fantastiques, etc..., c'est vraiment un site ***, mais qui se fait mériter. La montée dans les cailloux croulants du chemin médiéval est difficile, et Mathieu abandonnera à la dernière étape, renonçant à grimper jusqu'aux vestiges du temple d'Aphrodite tout en haut de l'éminence.
Pourtant là-haut, quelle vue immense ! Tout l'isthme de Corinthe s'étale sous nos yeux entre les deux mers qu'il départage, tandis qu'au premier plan s'élèvent les ruines de la place-forte franque. Nous devons en franchir les trois portes successives pour atteindre enfin le donjon au sommet du mont. Puis nous errons un moment parmi les ruines éparses où l'on trouve entre autres reste de citernes et petite mosquée turque, jusqu'à gagner le sommet où se trouvait, dans l'Antiquité, un temple dédié à Aphrodite. Il n'en reste rien une petite colonne de béton
Mathieu et Monique au pied du fort franc
Mathieu et Monique au pied du fort franc

Acrocorinthe : Juliette et Monique devant l'Isthme
                de Corinthe
Juliette et Monique devant l'Isthme de Corinthe, entre le Golfe de Corinthe à gauche
et le Golfe Saronique à droite


Juliette et Jean-Paul au sommet de l'Acrocorinthe
Juliette et Jean-Paul au sommet de l'Acrocorinthe près de l'emplacement du temple d'Aphrodite

Coucher de soleil sur le Pelopponèse depuis
                        l'Acrocorinthe
Coucher de soleil sur le Pelopponèse depuis l'Acrocorinthe
Dans le soleil déclinant qui dore les vieilles pierres, nous regagnons la Corinthe antique 500 mètres plus bas, les jambes un peu lourdes mais les yeux pleins d'espace et de lumière.

La route d'Argos nous ramène à Mycènes où nous allons à nouveau camper devant l'antique forteresse, lieu des plus calmes et comme hors du temps.

Dimanche 1er janvier 1989 : de MYCENES à ÉPIDAURE
 
Le soleil brille lorsque nous nous nous levons et contemplons une dernière fois la légendaire Mycènes depuis notre table de petit déjeuner. Hélas, la paix qui nous entoure n'inspire guère les enfants qui entament une énième chicane. Lassés de jouer les redresseurs de torts ou les Salomon, selon le cas, nous leur faisons descendre la colline à pied, seule façon de nous accorder quelques instants de tranquillité... La "conséquence" semble porter fruit puisque l'équipage garde un calme absolu tandis que nous parcourons la route d'Argos, puis celle de Nauplie par la côte. Le vaste paysage de plages est séduisant sous le soleil, mais le côté terre est dégueulasse comme d'habitude, et lorsque s'y ajoute quelques camps de romanichels, la mesure est à son comble...

Les ruelles et les placettes du vieux Nauplie semblent avoir gardé pas mal de leur charme vénitien. Cependant le mauvais état des maisons qui bordent le quai ne nous incite guère à visiter la vieille ville. En revanche les citadelles nous tentent. Nous faisons d'abord le tour de l'Acronauplie hérissée de ses fortifications franques et vénitiennes. Au pied d'une des tours défendant l'isthme, nous apercevons tout-à-coup des baigneurs sur la petite plage abritée d'Arvanitia. Monique et les enfants se changent rapidement et se lancent à l'eau. Fraîche mais bonne, paraît-il... Renseignements pris, les autres baigneurs sont des Polonais tout juste arrivés de leurs froidures septentrionales et fascinés comme nous par la douceur méditerranéenne !

L'Acronauplie depuis le fort de Palamidi
L'Acronauplie depuis le fort de Palamidi
Nauplie : l'îlot de Bourdzi
Nauplie : l'îlot de Bourdzi

La plage et Palamidi depuis l'Acronauplie
La plage et Palamidi depuis l'Acronauplie
Nous attaquons alors les 857 marches du fort Palamidi qui escaladent le versant abrupt du rocher couronné par tout un complexe défensif. La vue de là-haut s'épanouit sur l'ensemble du golfe, grandiose. Les rocs couverts de figuiers en fleurs, l'îlot fortifié de Bourdzi, les différents remparts et bastions sur fond de mer et de montagnes enneigées, le liseré des côtes du Péloponnèse au loin, tout cela forme un magnifique sujet vidéo.

Porte en chicane de la Forteresse de
                        Palamidi
Porte en chicane de la Forteresse de Palamidi
portant l'emblème de Venise
La forteresse de Palamidi vue d'avion
La forteresse de Palamidi vue d'avion

Nous redescendons lorsque le soleil décline pour gagner Épidaure où nous nous installons directement sur le stationnement du site.


Lundi 2 janvier 1989 : d'ÉPIDAURE à MÉTHANA
Billet Épidaure antique
La visite de ce haut lieu médical et culturel sera comme une synthèse de tous les autres.
Le cadre physique est exceptionnel : un vallon planté d'oliviers au creux de pentes douces qui centrent le regard sur le théâtre. Celui-ci, parce qu'il est dans un remarquable état de conservation, parle puissamment à l'imagination. Quant aux autres monuments, c'est une pitié de voir de tels tas de pierres dispersés dans la nature avec aussi peu de restaurations, ou du moins de mise en contexte...
Le vallon d'Épidaure où se trouvaient les
                        installation thérapeutiques
Le vallon d'Épidaure où se trouvaient les installation thérapeutiques

Le théâtre d'Épidaure vu du ciel
Le théâtre d'Épidaure vu du ciel
Porte du théâtre d'Épidaure
Porte du théâtre d'Épidaure

théâtre d'Épidaure
Le théâtre d'Épidaure
Gradins du théâtre d'Épidaure
Gradins du théâtre d'Épidaure

Asclepios, dieu de la médecine
Asclepios, dieu de la médecine
La visite du musée éclaire un peu : toutes les belles pièces, en particulier celles du Tholos, tous les morceaux un peu significatifs s'y retrouvent, plutôt mal exposés il faut le dire. Si l'on ajoute toutes les statues, acrotères, frises et autres sculptures, admirables, conservées au Musée National  d'Athènes, on comprend qu'il ne reste pas grand chose sur le terrain pour stimuler l'inspiration du visiteur...


Reconstruction du tholos dans le Musée
                          d'Épidaure
Reconstruction d'une section du tholos dans le Musée d'Épidaure
Dans le Musée d'Épidaure, une section
                            de colonne du tholos
Dans le Musée d'Épidaure, une section de colonne du tholos
bizarrement réassemblée «en raccourci»





Soubassements du tholos d'Épidaure
Soubassements du tholos d'Épidaure

Néréide à cheval dans le Musée d'Épidaure
Néréide à cheval dans le Musée d'Épidaure


Mais que dire du théâtre, rien que le théâtre où nous nous asseyons quelque minutes dans les fauteuils de marbre rose réservés aux magistrats ! Quelle merveille de design, d'esthétique comme de fonctionnalité ! Les enfants se font un plaisir d'expérimenter son acoustique en faisant tomber une pièce au centre de l'orchestre pendant que l'autre en écoute la chute tout en haut des gradins... J'ai rarement vu monument conjuguant comme celui-ci la beauté du cadre, la majesté des lignes et l'harmonie des proportions. Je n'ai qu'un regret, celui de ne pouvoir assister dans son enceinte à l'un des prestigieux spectacles de son fameux festival.


Le théâtre d'Épidaure dans tout sont
                            développement, depuis le haut des gradins
Le théâtre d'Épidaure dans tout son développement, depuis le haut des gradins

Le stade
                d'Épidaure
Le stade d'Épidaure

Nous prenons ensuite la route "touristique" (Guide Vert) faisant le tour de l'Argolide et de sa presqu'île. Malheureusement le temps se gâte et se refroidit, tandis que la lumière disparait du ciel, enlevant une grande part de son charme au parcours. Que resterait-il de sa séduction à ce pays sans cet éclat, cette transparence qui souligne les contours et avive les couleurs ? Si les paysages vallonnés présentent parfois de beaux coups d'oeil, les déchets et ordures partout répandus comme à l'habitude finissent par nous écoeurer. C'est vraiment pour ne rien manquer que nous gagnons le petit port de Méthana, joli dans sa baie mais trop fidèle aux autres paysages grecs pour nous étonner. Nous bivouaquons sur un quai du port de plaisance, abrités du vent du large par le brise-lames, environnés du claquement des agrés d'acier sur les mâts métalliques.


Mardi 3 janvier 1989 : de MÉTHANA à AGRINIO
Sous le soleil du matin revenu, Méthana mérite plus que la mention dont j'usais hier soir, et je dois convenir qu'elle doit constituer une station de vacance très agréable l'été. Mais pour ce qui est du repos pendant l'hiver, on repassera : notre sommeil a été léger, bercé, pardon "brassé" qu'il fut par le ressac roulant les galets de la plage et par le vent jouant dans les agrès des voiliers italiens, allemands, anglais, français...
Portobelo
Portobelo, un  petit port grec tout semblable à tant d'autres...

Nous rattrapons ensuite Corinthe par une route agreste zigzaguant entre les cultures de glaïeuls et les orangeraies jusqu'à passer en arrière de l'Acrocorinthe, de si beau souvenir... Pittoresques points de vue sur la côte découpée et sur l'île de Poros, apparemment propre et soignée, que nous admirons depuis la rive continentale, les pieds dans l'habituel tas d'ordure ourlant le rivage...

De Corinthe, nous filons jusqu'à Pàtra (Patras), prenons le bac de Rio à Antirio et... patatras ! Nous accrochons encore une fois le dessous du camping-car, brisant cette fois-ci la tuyauterie d'évacuation des eaux grises à l'arrière. Nouvelle "bénédiction" de la marine grecque, avant de perdre une heure à tenter d'obtenir un rapport d'accident de la police portuaire qui n'a pas les formulaires, de la police locale dont ce n'est pas la juridiction, de la police touristique introuvable... Finalement nous laissons tomber devant tant d'inefficacité, de mauvaise volonté et d'irresponsabilité. A la nuit tombante, nous gagnons la petite ville d'Agrinio où nous nous endormons sur le stationnement d'un supermarché. C'est seulement alors que nous nous souvenons de la beauté du paysage entrevu à Pàtra : cimes bleutées couronnées de neige et forts vénitiens de pierre ocre sur mer saphir...


Mercredi 4 janvier 1989 : d'AGRINIO à CORFOU

Tôt réveillés par le froid (la campagne autour de nous est toute givrée), nous reprenons notre chemin en laissant les enfants couchés dans la capucine. Nous arrêtons pour déjeuner et nous doucher une heure plus tard à Ménidi, au fond du golfe d'Arta. Une route excellente laissant voir de larges échappées sur la côte épirote nous mène ensuite au monastère de Zalongo près de Kassopi (Preveza). Le monument aux femmes souliotes massacrées par les Turcs nous semble assez quelconque, mais la vue du haut du mont Zalongo sur le littoral et l'île de Leucade est impressionnante.

La plage de Parga
La plage de Parga
Nous gagnons ensuite Parga, pittoresque petit port au fond de ses criques, avec ses maisons colorées escaladant sa colline, ses ruelles et son quai manifestement très touristiques quoiqu'arrangés avec goût au pied de son château. Pendant que Mathieu se grille sur la plage, je répare tant bien que mal les dégâts d'hier, raboutant les tuyaux arrachés avec du sparadrap...

Îlot
                devant le village de Parga
Îlot devant le village de Parga

Après un repas rapide, nous repartons jusqu'à Igoumenitsa, dernier port grec avant l'Albanie, d'où l'on peut embarquer pour l'île de Corfou et pour Brindisi. Le magasinage des ferry menant en Italie s'avère fructueux puisqu'ils sont ici deux fois moins cher qu'au Pirée. Après mûre réflexion, nous renonçons cependant à traverser l'Adriatique, craignant les longues heures inactives à passer sur le bateau, avant le coût probablement élevé de l'autoroute italienne jusqu'à la frontière française. Et puis, voir un peu à quoi ressemble l'intérieur de la Yougoslavie ne me déplaît pas...


Corfou et l'Épire jusqu'à la frontière yougoslave


Nous prenons alors le premier traversier disponible pour Kerkyra (Corfou). L'après-midi est à son mitan, le temps radieux et la mer est calme..., tous les ingrédients sont là pour une merveilleuse navigation. Pendant une heure trente, je filme les rivages, les vols de mouettes tournoyant derrière le navire ou se précipitant sur les petits morceaux de pain que les enfants leur lancent à la volée. Je fais aussi quelques zooms sur des têtes typées dans le grand salon, dont celle d'une femme corfiote en costume traditionnel; la couleur locale est au rendez-vous !
Arrivée du ferry à Corfou
Arrivée du ferry à Corfou

En arrivant à la nuit, nous allons camper en plein centre de la Spianada, la grande esplanade bordée d'arcades au coeur de la ville de Corfou.

Corfou : arcades de la Spianada en soirée
Corfou : arcades de la Spianada en soirée

Corfou : arcades de la Spianada
Corfou : arcades de la Spianada


Jeudi 5 janvier 1989 : de CORFOU à SIDARI
La nuit est un peu bruyante et le réveil matinal, comme il fallait s'y attendre en plein centre-ville ! Nous consacrons l'avant-midi à la visite de Kerkyra (la ville de Corfou) qui nous plaît beaucoup : vieilles maisons vénitio-grecques, arcades, ruelles pleines d'ambiance, gens aimables, propreté très inhabituelle à la Grèce, animation tout-à-fait "nature" des places et des rues. La balade s'achève en beauté par notre retour à la Spianada, entourée de ses jardins et du palais classique de l'ex-gouverneur anglais.
Corfou ville (Kerkyra) : la citadelle et le
                        parc Spianada
Corfou ville (Kerkyra) : la citadelle et le monument Maitland depuis le parc Spianada


Petit matin sur la citadelle de Corfou
Petit matin sur la citadelle de Corfou

Porte de la citadelle de Corfou
Porte de la vieille citadelle vénitienne de Corfou
Soirie d'un paravent japonais dans le
                        Palais du Gouverneur converti en Musée
Soirie d'un paravent japonais
dans le Palais du Gouverneur converti en Musée

Les toits de Kerkyra
Les toits de Kerkyra
Rue de Kerkyra
Rue de Kerkyra
Rue de Kerkyra
Rue de Kerkyra
Rue Theotoki, la Grande rue de Kerkyra
Rue Theotoki, la Grande rue de Kerkyra


Route longeant la Baie de Gouvia en quittant
                Kerkyra vers le nord
Route longeant la Baie de Gouvia en quittant Kerkyra vers le nord

Vers midi, nous prenons la route du nord en direction de la baie de Gouvia et des plages d'Ipsos; en soi elles sont belles mais vraiment très touristiques et trop proches de la route.
Corfou : plage d'Ypsos
Corfou : plage d'Ypsos

Le
              détroit entre Corfou et l'Albanie
Le détroit entre Corfou et l'Albanie

Puis nous montons au hameau de Spartillas accroché aux pentes du mont Pantocrator, via un chemin étroit dont les lacets serpentent à travers les olivaies. Du haut de ses 427 m se dégage une vue grandiose sur la baie étalée jusqu'à Corfou ville et sur le littoral continental de l'Albanie de l'autre côté du bras de mer. Nous continuons la route côtière par Kalami, Kouloura (très jolie vue sur l'anse) et le petit port pittoresque de Kassiopi. On y observe aux jumelles la côte albanaise qui présente un curieux ensemble de grands bâtiments modernes.

Anse de Kouloura sur Corfou
Anse de Kouloura sur Corfou

Corfou : l'anse de Sidari
Corfou : l'anse de Sidari
Nous gagnons enfin la plage de Sidari, dite aussi Canal d'Amour, dont les strates sableuses ocre jaune usées par la mer forment plusieurs petites anses et calanques miniatures fort originales. Avançant le camping-car sur le sable bien compact, nous stationnons directement sur la plage, devant un village à touristes désert.

Sidari : le Canal d'Amour
Sidari : le Canal d'Amour


Vendredi 6 janvier 1989 : de SIDARI à GLIFADA
Plage du Canal d'Amour à Sidari
Plage du Canal d'Amour à Sidari en été
La nuit nous plonge dans la grande paix des étendues marines, seulement rythmée par un faible ressac. Au matin nous partons en balade sur le rivage très découpé, comme sculpté par la mer : le sol est composé de sédiments jaunes friables que l'eau ronge sans cesse, créant îlots et promontoires ruiniformes tout-à-fait insolites, grottes marines et gouffres au fond desquels clapotent les eaux particulièrement tranquilles aujourd'hui.

Le soleil joue sur les courbes régulières du sable accumulé au fond des anses. Dans ces tièdes et lumineuses solitudes, comme on se sent loin des froidures montréalaises, de la promiscuité triviale du métro et de la corvée de pelletage après la dernière tempêtes de neige...
« Notre » plage du Canal d'Amour
« Notre » plage du Canal d'Amour en fin d'après-midi

Monique se balade sur les sédiments découpés par la
              mer
Monique se balade sur les sédiments découpés par la mer

Juliette devant la plage de Sidari
Juliette devant la plage de Sidari

Corfou : au-dessus de Paleokastritsa
Corfou : au-dessus de Paleokastritsa
Une route étroite, sinueuse et très mal signalée nous fait gagner ensuite Paleokastritsa.

Le but en vaut la peine : une haute côte rocheuse super découpée délimite d'agréables petites plages au fond des calanques.

L'anse de Paleokastritsa sur l'île de
                        Corfou
L'anse de Paleokastritsa sur l'île de Corfou
Baignade dans les eaux claires de
                        Paleokastritsa
Baignade dans les eaux claires de Paleokastritsa
L'eau est cristalline au pied des rochers acérés... Paleokrastritsa
Le monastère perché dans les rochers
                        au-dessus de la plage de Paleokasritsa
Le monastère perché dans les rochers
au-dessus de la plage de Paleokasritsa

...le minuscule monastère orthodoxe tout blanc sur son promontoire déborde de charme avec ses fleurs et ses chats.
Paleokrastritsa_monastere
La cour fleurie du monastère de
                        Paleokasritsa
La cour fleurie du monastère de Paleokasritsa

Bien que le site soit relativement propre (contrairement à Sidari), la sur-construction hôtelière, les "rooms to let" au détour de tous les virages, les guinguettes moussaka - souvlaki - pizza "friendly service - normal prices" (!) finissent par taper sur les nerfs et oblitérer une nature pourtant superbe.

Nous grimpons ensuite à Lakones, village-balcon d'où se déploie un panorama spectaculaire sur toute la côte ouest de l'île. Nous continuons jusqu'à Krini. On y retrouve le délabrement maintenant habituel des villages grecs. Une rapide balade à pied dans l'olivaie derrière les masures nous fait entrevoir les murs ruinés du château vénitien d'Angelokastro, nid d'aigle juché sur son rocher solitaire auquel nous n'aurons pas cependant le courage de nous attaquer.

Le soir tombe lorsque nous redescendons dans la plaine. Traversant la campagne paisible où sont dispersées des maisons neuves dans le style local (arcades et toits de tuile romaine), nous gagnons le village de Pélekas. Virant dans ses ruelles étroites, nous nous élevons jusqu'au belvédère du "Trône du Kaiser" d'où l'on embrasse un superbe panorama sur le centre de l'île progressivement noyé dans la pénombre. Enfin, dans la nuit maintenant bien établie, nous dégringolons les lacets accentués menant à la plage de Glifada en contrebas pour y stationner près d'un autre village à touristes.
Plage de Glifada en soirée
Plage de Glifada en soirée

Plage
              de Glifada
Plage de Glifada dans la journée


Samedi 7 janvier 1989 : de GLIFADA à IOANINA

Après un tour sur la plage (sale) et dans le village à touristes (charmant) de Glifada, pour lequel la baie montagneuse forme un écrin naturel somptueux, nous remontons admirer le panorama très vaste englobant l'île au dessus de Pelekas.

Brume et ciel couvert nous accompagnent jusqu'à l'Achileïon, l'ancien palais de vacances de l'impératrice Elizabeth d'Autriche (Sissi). Le cadre est superbe (pentes couvertes d'oliviers et de cyprès, parc fleuri et palmiers), la vue étendue, et le palais néo-classique a beaucoup d'allure...

Façade de l'Achileion, le palais d'été
                            d'Élisabeth d'Autriche à Corfou

Entrée de l'Achileion, le palais d'été d'Élisabeth
                d'Autriche à Corfou
Entrée de l'Achileion, le palais d'été d'Élisabeth d'Autriche à Corfou

Façade de l'Achileion, le palais d'été
                  d'Élisabeth d'Autriche à Corfou
Façade de l'Achileion, le palais d'été d'Élisabeth d'Autriche à Corfou

Mais l'ensemble est dans un état de délabrement lamentable qui laisse mélancolique et désabusé vis-à-vis des gérants de ce monument : l'État grec via l'O.T.E. Il y a bien quelques échafaudages accotés aux façades lépreuses, mais pas un ouvrier sur les planches...

Le
                grand escalier de l'Achileion à Corfou
Le grand escalier de l'Achileion à Corfou

Colonnade de l'Achileion côté jardin
Colonnade de l'Achileion côté jardin
Statues des héros et des dieux dans les
                        jardins de l'Achileion à Corfou
Héros et dieux dans les jardins de l'Achileion à Corfou

Dans les jardins de l'Achileion à Corfou
Dans les jardins de l'Achileion à Corfou
Dans les jardins de l'Achileion à Corfou
Dans les jardins de l'Achileion à Corfou

Achille blessé dans les jardins de
                        l'Achileion à Corfou
Achille blessé dans les jardins de l'Achileion à Corfou
Les statues de marbre sont progressivement rongées par des champignons noirâtres, les colonnes de stuc croulent, les escaliers reliant les terrasses des jardins sont disjoints et leurs marches partent à la dérive...
Avant de regagner la ville de Corfou, un détour par la pointe de Kanoni s'impose. Une dernière déception nous y attend : les photos d'agences touristiques mettent toujours en évidence les deux charmants îlôts de Vlaherna et de Pondikonissi au milieu de la jolie lagune d'Halkiopoulos; elles omettent complètement la piste et les phares d'atterrissage de l'aéroport aménagé dans la baie qui défigurent complètement le site...
L'Îlot de Vlacherna et son monastère près
                        de Kanoni à Corfou
L'Îlot de Vlacherna près de Kanoni, une vue idéale...

À Kanoni, Blachernes
À Kanoni, monastère Notre-Dame de Blachernes
Maison de la Société de lecture de Kerkyra
Maison de la Société de lecture de Kerkyra


La
                citadelle de Kerkyra depuis la côte sud-est
La citadelle de Kerkyra depuis la côte sud-est

Plus rien ne nous retient dans l'île dont nous avons le sentiment d'avoir découvert presque toutes les beautés, mais dont le plus grand charme réside probablement dans son climat d'une douceur surprenante.

Les murs de Kerkyra en allant vers le port
Les murs de Kerkyra en allant vers le port
Port de kerkyra
Le port de Kerkyra
Un petit tour près du port aux ruelles étroites mais sales, aux maisons typées mais décrépites, et nous rembarquons sur le ferry à destination d'Igoumenitza.
Ruelles de Kerkyra
Ruelles de Kerkyra près du port

Cette balade à Corfou n'aura que confirmé notre impression d'ensemble sur la Grèce : c'est un pays superbe, doué d'un extraordinaire patrimoine, mais massacré par une exploitation touristique anarchique et sans goût à laquelle s'ajoute le laisser-aller et la négligence de ses habitants...

Canyon en Épire
Canyon en Épire
De retour à Igoumenitza, nous abandonnons la Méditerranée pour prendre la direction de Ioanina à l'intérieur des terres. Une excellente route panoramique franchit les montagnes de l'Épire. Il est malheureusement trop tard pour filmer les profondes vallées et les cimes qui se fondent dans un brouillard bleuté.

Après avoir difficilement trouvé du gasoil à la carte (Visa) et fait provision de lave-glace antigel (introuvable en Yougoslavie), nous achetons quelques échantillons de vin grec pour Jean Boissier, épuisant ainsi nos dernières drachmes. Dans la nuit noire nous atteignons enfin Ioanina et montons camper sur le belvédère du Pavillon du Tourisme au dessus de la ville.


Dimanche 8 janvier 1989 : de IOANINA (Grèce) à GRADSKO (Yougoslavie)
Au matin, la brume a envahi le lac et la vallée, rétrécissant le paysage et laissant à peine dépasser les sommets des hautes montagnes alentour.  Après une brève balade sous les remparts de la vieille ville au bord du lac couvert de glace, je jette un coup d'oeil à la mosquée Aslan Aga flanquée de son élégant minaret. Dans les ruelles voisines on reconnait le style turc des petites maisons à leurs balcons de bois et à leurs toits débordants.
Maison turque de l'Épire avec balcon
                        traditionnel
Maison turque de l'Épire avec balcon traditionnel

Epire
              : intérieur d'une maison turque
Décor turc d'une maison traditionnelle de l'Épire

Nous prenons enfin la route de la frontière par une vallée qui devient de plus en plus sauvage au fur et à mesure qu'elle s'élève dans les montagnes de l'Épire. Bientôt les pentes blanchissent, nous sommes entourés d'une mince poudre blanche qui heureusement ne tient pas. La route, très sinueuse, est cependant fort bien dessinée, et ce n'est qu'après Kozani où nous faisons le plein qu'elle présente des plaques de glace gênantes. Nous passons néanmoins sans devoir monter les chaînes et, vers 17:00, nous franchissons la frontière yougoslave à Niki.


Retour en France par Belgrade et l'Italie


Dimanche 8 janvier 1988 : de IOANINA à GRADSKO (Yougoslavie)

Les douaniers grecs sont tout aussi désagréables que lors de notre entrée dans leur pays, nous faisant poireauter 10 minutes sans raison avant de nous laisser passer. De plus la banque est fermée et nous devons conserver par-devers nous les quelques drachmes qui nous restent. En revanche les Yougoslaves sont charmants, rapides et le changeur efficace. L'état de la route, là aussi, est très différent puisqu'elle est impeccablement dégagée. Décidément dans ce sens aussi on voit le changement en sortant de Grèce...

Nous gagnons Bitola puis grimpons les 990 mètres de pavés du col de Pletvar sans difficulté quoique dans la nuit. Nous allons enfin dormir au pied du col à Gratsko, sur le stationnement d'un hôtel qui voudra bien jouer les terrains de camping en nous réclamant la somme colossale de 15 000 dinars, ...soit 3.50 $ !


Lundi 9 janvier 1989 : de GRATSKO à BELGRADE

Pont de Mostar
Pont de Mostar
Nous attaquons tôt notre remontée rapide vers le nord, d'autant plus qu'il fait frisquet et que de la neige à peine fondue encadre une chaussée cependant bien dégagée. La voie est rapide et en bon état. Nous suivons d'abord une vallée assez sinueuse où il est difficile de doubler les très nombreux camions.
A partir de Leskovac, la route devient plus facile; nous arrêtons quelques minutes à l'aéroport de Nis pour changer un peu d'argent. Heureuse ressource que cet aéroport, car le péage des 54 kilomètres d'autoroute actuellement en service près de Skopje, ajouté aux 150 kilomètres de Nis à Belgrade, nous coûte 250 000 dinars, soit près de 60.00 $ !
Les péages de l'autoroute

Vers 16:00, nous arrivons sans problème à Belgrade dans une grisaille sinistre. Stationnant en plein centre sur la place de la République, nous pataugeons pendant deux heures dans la neige fondue pour aller retirer de l'argent avec notre carte Master-Card, acheter quelques livres d'art à un prix ridicule (notre dollar a gagné 25 % en un mois !), et téléphoner à Maman qui commençait à s'inquiéter de notre silence. Puis nous allons camper sur le quai au bord de la Sava, près de son confluent avec le Danube, dans un grand parc juste devant le Musée d'Art Moderne : le grand calme.


Mardi 10 janvier 1989 : BELGRADE
Petit coup d'oeil au musée - hélas fermé le mardi - dont j'admire quelques bronzes de Mestrovic exposés à l'extérieur. Retournant au centre-ville, nous suivons l'itinéraire recommandé par le Guide Bleu. Il nous mène dans les parcs puis à la citadelle de Kalemgad. Nous y visitons longuement le Musée de la Guerre, au grand plaisir de Mathieu, mais au grand dam de Monique lassée de cet accumulation d'armes... Statue par Mestrovic devant le musée fermé...
Mère et enfant par Mestrovic devant le musée fermé...

Parc du château : Monument à la Victoire
                    (Mestrovic)
Parc du château : Monument à la Victoire (Mestrovic)
Depuis la terrasse du château se déploie un large point de vue sur les nouveaux développements de la ville jusqu'au grand fleuve en arrière, le Danube. Mais il reste bien peu de monuments réellement intéressants, la ville ayant quasiment été rasée lors de la dernière guerre.

Vers 13:30 nous regagnons la place de la République pour parcourir les galeries du Musée National : se distinguent quelques belles pièces préhistoriques et antiquités gréco-romaines, une section médiévale plutôt confuse d'où émergent quelques icônes remarquables, des statues intéressantes de Mestrovic (quoiqu'un peu quelconques à côté de celles présentées dans son palais de Split...) et, dans les peintures, quelques impressionnistes yougoslaves et français assez séduisants.

Visite du Musée National de Belgrade
Visite du Musée National de Belgrade
Musée National : char votif datant du XIème
                    siècle
Musée National : char votif datant du XIème siècle

Nous faisons un dernier tour sur la grande rue piétonnière du centre bordée de façades baroques. Elle nous laisse une impression un peu triste et terne malgré son animation. J'y trouve encore quelques livres, puis vais placer une demande d'affiches à l'Office du Tourisme Yougoslave où l'on m'accueille très gentiment. Nous retournons enfin à notre campement d'hier soir où nous passons une autre nuit bien tranquille.


Mercredi 11 janvier 1989 :de BELGRADE à LUBLJANA


A l'Office du Tourisme, on m'a préparé un gros rouleau de posters bien ficelé. Les employés, cordiaux, discutent un moment de leur beau pays, de notre voyage qui les intrigue, les laisse étonnés et un peu envieux. Ils nous laissent partir en nous invitant à revenir pendant une saison plus clémente... Voilà un accueil bien différent de celui de celui d'Athènes ! Nous reprenons la route. Après une heure de détours dans le brouillard et les faubourgs très mal signalisés, nous finissons par trouver et nous engager sur l'autoroute de Zagreb.

Nous filons alors pied au plancher à 95-110 km/heure. La route, plate, traverse une immense plaine qui semble parfaitement cultivée en champs très étendus. Nous évitons Zagreb et poursuivons. Cette fois, plus d'autoroute, mais toujours autant de camions. Comme le relief est plus accidenté et donc la route plus sinueuse, la conduite devient plus stressante avec des doublages continuels et toujours à recommencer.
La campagne bosniaque après Zagreb
La campagne bosniaque après Zagreb

A 17:30 nous arrivons à Lubljana. Quelques achats, de vin en particulier, nous permettent de liquider nos dinars excédentaires. Il fait assez frais (5° C), mais la neige de notre première visite a disparu, ce qui améliore encore l'excellente impression que nous avait laissée cette jolie ville presque autrichienne. Ayant la chance de trouver une place de stationnement sur le quai en plein centre, juste en face du pittoresque marché, nous nous y installons pour la nuit.


Jeudi 12 janvier 1989 : de LUBLJANA à MESTRE (VENEZIA) (Italie)

Levés à 7:00 bien reposés, nous partons achever notre exploration du centre ville de Lubljana. Nous ne l'avions pas complété il y a 6 semaines car le froid nous en avait alors dissuadés. Nous dirigeant du côté de la place de la Révolution, nous passons devant la façade massive de l'église des Ursulines, longeons la colonnade classique de la Philharmonie et découvrons la vieille Université. Au retour, nous traînons un peu sur les quais décorés de façades néoclassiques colorées et de sculptures ou ferronneries du siècle dernier. De l'autre côté de la rivière, la masse du château domine le site, et nous demeurons sous la protection omniprésente de sa Tour de l'Horloge. Je fouille encore quelques librairies pour trouver certains volumes en français sur ce pays si captivant, mais rien ne sert de traîner, il faut enfin se résoudre à partir.

Nous profitons de ce que nous connaissons déjà le chemin de l'usine à gaz pour faire remplir notre bouteille de propane à un coût dérisoire. Puis nous filons sur l'autoroute vers Trieste. Le temps, clair ce matin, devient de plus en plus gris et, lorsque nous passons la frontière après avoir fait le plein de gasoil et de vin (ils sont tous deux d'un prix également bas...), nous tombons dans le brouillard. Dans ces conditions Trieste et son superbe golfe demeurent pour nous méconnus, comme la longue autoroute de plaine que nous empruntons ensuite pour gagner Venezia (Venise). Nous nous arrêtons dans l'obscurité le long d'une rue à Mestre, juste au bord de l'eau.


Vendredi 13 janvier 1989 : de MESTRE à SAINTE-FOY-LES-LYON (France)

Au réveil après une nuit paisible (décidément ces quartiers bourgeois à grandes propriétés sont vraiment des lieux de séjour idéaux pour nous !), nous tentons vainement d'apercevoir Venise dans la brume. Mais au bout du quai l'horizon s'arrête à quelques dizaines de mètres sur les vaguelettes grises de la lagune, réduisant à néant nos projets d'excursion en vaporetto. Nous décidons donc de rentrer directement à Lyon.

Nous rattrapons l'autoroute à la sortie de Mestre pour une autre journée monotone de "roulage" à travers la plaine du Pô, dans le brouillard intermittent. De temps à autre des éclaircies laissent entrevoir de vastes exploitations agricoles plantées d'arbres fruitiers, de vignes ou de céréales. L'autoroute superbe évite les villes, nous ne faisons donc qu'effleurer du regard les panneaux signalant Cremona, Padova, Brescia, Torino, Milano..., autant d'illustres cités que je dépasse sans détour ni visite. J'en ai un peu de regret, mais ce sera pour une autre fois... Le soleil réapparaît enfin en abordant le val d'Aoste, et le paysage devient admirable dans cette profonde vallée parsemée de forts de toutes époques.

Les gorges se creusent, les pentes s'accusent, la haute montagne prend la vedette. L'énorme masse enneigée du Mont Blanc se rapproche jusqu'à occuper tout le champ de vision... et l'autoroute déclare forfait ! Nous retrouvons une route à 2 voies et 50 kilomètres de sauts de puce derrière les nombreux camions gagnant le tunnel du Mont Blanc. Le passage de la frontière ne pose pas de problème, après une contravention des carabiniers pour doublage d'un poids lourd particulièrement lent sur une ligne continue...

L'entrée en France se signale par le chantier d'un extraordinaire ouvrage d'art reliant Chamonix à la vallée plusieurs centaines de mètres plus bas. L'on y achève une autoroute qui mènera jusqu'à la porte du tunnel international. L'ampleur des travaux est stupéfiante. Nous continuons ensuite vers Annecy via la magnifique autoroute des Alpes où nous voyons le soleil se coucher sur les montagnes. Nous sommes maintenant en terrain connu, et les sorties défilent, nous rapprochant inéluctablement de Sainte-Foy où nous arrivons vers 19:00. Ouf ! La plus grosse étape d'une traite (Venise-Lyon : 740 km) en 10 heures se termine confortablement, mais avec un peu de fatigue.



Mouettes à Thera


LA GRÈCE DE RÊVE QUE NOUS N'AVONS JAMAIS VUE...

CELLE DES CARTES POSTALES ET DES AFFICHES TOURISTIQUES !


La plupart des photos qui suivent ont été prises à Thera (Santorin) et illustrent un monde mythique, celui des îles enrichies par le tourisme essentiellement étranger (voir l'inscription VERBOTEN ! sur une cheminée). Jamais nous n'avons vu en Grèce tant continentale qu'insulaire de paysage aussi pur, aussi net et aussi parfait dans sa blancheur et son dépouillement...
Escaliers à Thera
Verboten
La baie et l,Ilot depuis une terrasse

Thera_terrasse à la couverture
Thera_chat_sur_cheminee

Thera_terrasse fleurie

Thera : le cafée sur la terrasse

Thera_terrasse-&-porte_bleue
Thera_chaise_dans_courette
village_magsin_general
Les dernières images montrent une Grèce plus prosaïque, plus proche du quotidien réellement aperçu dans les ruelles des villages parcourus. Simple, vraie, belle. Celle dont nous voulons garder le souvenir et qui nous invitera toujours à un éventuel retour...

Village:
                chat orange et volet vert

village_volets_vert-bicyclette

village : cour aux escaliers et volets verts

cour_avec_escalier

village_vieille_dans_cour


En France : repos à Lyon
Accueil de « Sabbatique 1988-89 »

Accueil de Mon-Aigle


© 2021