Juliette, Mathieu, Monique et Jean-Paul
MOUREZ
à bord de leur Pilote 470
GRÈCE
Vendredi 2 décembre 1988 : de BOGORODICA à THESSALONIKI (GRECE)
Encore du brouillard au lever, et la nuit n'a pas été très reposante : est-ce le bruit (le "camping" se trouvait entre les deux voies de l'autoroute...) ou l'abondant couscous d'hier soir qui ont troublé notre sommeil ? En quelques minutes nous sommes à la frontière grecque, mais nous devons attendre durant une heure et demi que les douaniers achèvent de fouiller un autobus en avant de nous. Lorsque nous arrivons enfin à passer, c'est pour nous faire engueuler par un changeur de monnaie qui ne comprend pas un mot d'anglais ! Ah, ces latins et leur (dés-)organisation..
|
Nous poursuivons notre chemin. Après une heure de belle autoroute PROPRE (ça change des derniers jours en Yougoslavie...), nous atteignons la banlieue industrielle et grouillante de Thessalonique sous un brillant soleil retrouvé. Quelle agitation, quel vacarme... et quel désordre ! Nous réussissons à nous rendre jusqu'au centre, affrontant klaxons et queues de poisson, pour stationner place Aristotelous, au coeur de la ville. |
Le bruit nous semble phénoménal et nous décidons de nous réfugier au Musée Archéologique pour y admirer le trésor de Philippe de Macédoine. Nous longeons le quai, d'où l'on a une jolie vue sur la baie et sur la ville, puis contournons la Tour Blanche, une construction massive symbole de la cité mais sans grand caractère. | ![]() Thessasloniki : le quai menant à la Tour Blanche |
![]() Musée archéologique de Thessaloniki : le cratère de Derveni |
![]() Musée archéologique de Thessaloniki : détail du cratère de Derveni |
![]() Musée archéologique de Thessaloniki : détail du cratère de Derveni |
![]() Satyre et naiade sur le cratère de Dervini |
![]() Musée archéologique de Thessaloniki : médaillon en or d'Aboukir |
![]() Musée archéologique de Thessaloniki : médaillon en or d'Aboukir |
![]() Musée archéologique de Thessaloniki : couronne de feuilles de chêne en or |
![]() Musée archéologique de Thessaloniki : collier en or |
![]() Musée archéologique de Thessaloniki : mosaïque représentant un quadrige |
![]() Musée archéologique de Thessaloniki : stèle funéraire datant du Ve. siècle av. J.C |
En sortant nous traînons un peu dans le parc autour de la
célèbre statue équestre d'Alexandre le Grand. Nous nous
retrouvons vers 17:30 au camping-car sans trop savoir vers où
nous diriger. Monique réclame un itinéraire, je ne puis le
préparer sans connaître les horaires et les tarifs des
traversiers pour les îles que j'aimerais beaucoup explorer un
peu (Rhodes, Santorin, Mikonos, la Crète...). Je fais donc le
tour de quelques agences de voyage; elle m'apprennent qu'il
n'existe aucune information synthétique et qu'il faut magasiner
dans ce pays de libre concurrence...
La traversée des rues du centre ville toutes illuminées à
l'approche des fêtes m'aura au moins fait découvrir une vie
intense à une heure où tout ferme dans le Nord. Nous n'avons
d'autre choix que d'attendre d'être au Pirée (toutes les
compagnies de navigation y ont un bureau sur l'Acti Poseidonos,
me dit-on) pour planifier notre voyage insulaire. Pour le
moment, nous irons coucher au camping d'Aghia Trias, à 26 km de
Thessaloniki, avant de partir demain faire le tour de la
presqu'île de Sithonia en Chalcidique.
Samedi 3 décembre 1988 : d'AGHIA TRIAS à NEO-MARMARAS (SITHONIA)
Nous sommes seuls dans ce superbe camping du gouvernement grec
hormis un autre motorhome anglais. Nous profitons de l'eau
courante à discrétion pour débarrasser notre carrosserie de tout
le sel accumulé sur les routes de Yougoslavie.
![]() Mont Athos : le port de Kapsokalyvia |
Puis, vers 10:00, nous partons vers
Sithonia; le temps est merveilleux, la température
approche les 20° C. La campagne grecque est
intensivement cultivée jusqu'à la montagne. En revanche
la presqu'île que nous atteignons bientôt est demeurée
très sauvage et n'est qu'en début d'exploitation
touristique. Aussi la route presque neuve et le plus
souvent en corniche est encore excellente, on voit très
peu d'hôtels mais plusieurs campings immenses et
absolument vides installés au bord de plages séduisantes
|
Mont Athos : monastère de Saint Paul
Tout le long de la côte est, le mont Athos profile sa pyramide
sur l'autre bord du bras de mer. Un petit nuage couronne sa cime
enneigée comme une auréole : confirmation de sa consécration
exclusivement monacale ? Nous passons un bref moment dans le
camping municipal de Sarti ouvert à tous vents et totalement
désert, mais les enfants trouvent la plage trop froide (!) et
refusent que nous y séjournions plus longtemps. Nous repartons
donc, jetant un œil au passage à l'échancrure du petit fjord de
Koufos (plutôt une calanque d'ailleurs), jusqu'à la baie de
Toroni. On y contemple de loin les fouilles d'une vieille
forteresse franque fermée au public. Mathieu parcourt la plage à
la recherche de coquillages tandis que Juliette comme à son
habitude déploie des trésors de séduction pour apprivoiser un
chat errant... Finalement nous faisons étape sur la plage de
Neo-Marmaras, en face d'un camping fermé, mais malheureusement
près d'une discothèque (souvenir de Norvège...) et nous sommes
samedi soir !
Dimanche 4 décembre 1988 : de NEO-MARMARAS à PELA
Cette nuit, comme on pouvait s'y attendre, voitures et pétrolettes ont défilé un long moment, puis les chiens ont empli la matinée de leurs aboiements exaspérants... Nous nous levons donc assez tard, quoiqu'il fasse un temps super (20° C à 10:30 !). Juliette joue dans le sable pendant que Mathieu range son bazar avec sa mère... Les deux enfants passeront la matinée sur la plage tandis que Monique écrit à Diane un résumé de nos pérégrinations. Pendant ce temps je répare les feux de gabarit et fais quelques retouches de peinture à la carrosserie.
Enfin vers 14:00 nous repartons vers Thessaloniki par la petite
route de Poligiros, très sinueuse et accidentée. Elle nous fait
voir la Chalcidique de l'intérieur, très agricole, parsemée de
champs de coton et de céréales. Près de Vassiliva, nous croisons
aussi un grand troupeau de chèvres noires en transhumance.
Lorsque nous arrivons à Thessaloniki, nous devons chercher
longuement une pompe ouverte avant de trouver du gasoil car tout
semble fermé le dimanche. C'est donc dans la nuit que nous
gagnons le village rural de Pela, à deux pas des vestiges de la
ville natale d'Alexandre le Grand. Une rue calme et écartée fait
office de camping. Ici on n'a pas à craindre de disco, mais
probablement un réveil matinal au chant du coq...
Lundi 5 décembre 1988 : de PELA à KOUTSOHERO
Ce ne sont pas les appels des coqs
qui nous ont tirés du sommeil mais plutôt le passage de tracteurs
charroyant de volumineuses charges de coton ou partant labourer
équipés d'énormes charrues. Nous sommes bientôt devant le petit
musée rassemblant les découvertes faites dans le champ de fouilles
de l'antique Pella,
de l'autre côté de la route. C'est dans cette ancienne capitale de
la Macédoine que serait né Alexandre-le-Grand. Hélas l'une et
l'autre curiosité sont fermées le lundi... Cette expérience
frustrante nous amène à renoncer à notre excursion vers Lefkadia
dont nous craignons de trouver le site également cadenassé.
![]() L'Olympe depuis la route allant à Katerini |
Nous
rebroussons chemin et, dans la brume matinale, reprenons la
grande route vers Katerini. L'imposante silhouette du Mont
Olympe brillant au soleil se dégage bientôt, dominant la
plaine, semblable à une énorme pyramide étageant ses degrés
jusqu'au ciel. Sa majesté explique bien pourquoi les Anciens
en avaient fait la demeure des Dieux et le trône de Zeus. J'aimerais beaucoup prendre la petite route traversant le massif que le Guide Vert décrit en termes superlatifs. Mais la neige abondante qui nappe les pentes et couvre le sommet me fait hésiter à entreprendre cette expédition hasardeuse, compte tenu des limites de notre véhicule expérimentées à nos dépens dans les cols d'Autriche... |
A Katerini nous finissons par trouver l'agent Citroën du lieu - minable - pour faire la vérification prescrite aux 25 000 km. Je lui demande de se contenter de changer l'huile car l'état de son atelier m'inspire une confiance très limitée... J'exige cependant qu'il imprime sur la carte de garantie les tampons exigés par le constructeur, sait-on jamais... Sur les conseils de plusieurs, nous renonçons définitivement à prendre la route de l'Olympe probablement enneigée et non dégagée, donc impraticable. Nous nous consolons en allant visiter le site de Dion. La ville au pied de la montagne, entourant un ancien sanctuaire fort riche, a été en partie exhumée, avec ses thermes (romaines), son petit odéon et quantité de magasins desservis par de larges avenues pavées. Malheureusement les magnifiques mosaïques décorant les sols des villas luxueuses sont recouvertes pour l'hiver et donc invisibles. Le petit musée contient quand même un statuaire intéressant quoiqu'assez mal présenté.
La route est excellente jusqu'à Larissa, révélant un paysage intéressant dans la gorge du Pinios près de Tembi. Un court arrêt à Larissa pour expédier des lettres à la poste nous met en contact avec la rusticité d'une petite ville rurale grecque, sa poussière et sa voirie... digne de l'antiquité. Nous poursuivons notre descente vers le sud et établissons notre bivouac sur la place du village de Koutsohero. La journée nous laisse un certain sentiment de déception, peut-être parce que nous commençons à démystifier l'image idéale de la Grèce que notre culture classique et une solide propagande touristique nous ont mis dans la tête !
Mardi 6 décembre 1988 : de KOUTSOHERO à TRIKALA
Village rural typique des plaines centrales de la Grèce où l'on cultive principalement le coton, Koutsohero est assez tranquille la nuit pour qu'on y dorme bien, même sur sa place centrale. Je quitte un moment le camping-car pour faire quelques vues dans la claire lumière du matin : un groupe d'hommes discute à perte de vue sur l'"agora", de la petite église orthodoxe s'échappent les psalmodies du pope amplifiées par un haut-parleur extérieur, des nids de cigognes sont accrochés à la cheminée d'une maison très couleur locale... Mais Monique apprécie fort peu ma petite balade impromptue en solitaire, et nous avons une sérieuse engueulade : elle se sent trop isolée avec les deux enfants, tandis que j'exige de garder un minimum d'autonomie...
![]() Les Météores : le village de Kastraki au pied des rochers |
![]() Les Météores : le village de Kastraki au pied des rochers |
![]() Les Météores : zoom sur les maisons de Kastraki au pied des rochers |
![]() Juliette devant les Météores |
![]() Météores : le monastère de Roussanos |
![]() Météores : le monastère de Roussanos |
Météores : le monastère de Roussanos
![]() Aghia Triada |
![]() Météores : le monastère d'Aghia Triada |
![]() Météores : les monastères de Varlaam et du Grand Météore |
![]() Météores : les monastères de Varlaam et du Grand Météore |
![]() Les Météores |
![]() Météores : les monastères de Varlaam et du Grand Météore |
![]() Météores : le
monastère de Varlaam
|
Sur leur sommet étroit
sont bâtis plusieurs monastères orthodoxes du XIIème au
XIVème siècle. Nous en visitons un, celui de Varlaam,
mais devons nous arrêter à la porte du Grand Météore,
fermé pour les deux prochains jours.
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La visite du catholicon (sanctuaire) de Varlam est un peu spéciale : certes les peintures qui couvrent les murs sont impressionnantes, mais on les distingue très mal dans le faible éclairage. | ![]() Varlaam : le catholicon |
![]() |
Pour le reste, à part
la tour et son couronnement en surplomb d'où l'on
descendait un filet pour hisser visiteurs et
approvisionnement, on ne voit pas grand chose; la
bibliothèque exhibe bien quelques "trésors" mais à
réserver aux érudits... Il reste un paysage grandiose et
un accès pittoresque, taillé à flanc de rocher.
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![]() L'escalier taillé dans le rocher menant à Aghia Triada |
![]() Le cloître de Varlaam |
![]() Le saint fondateur de Varlaam |
![]() Grand Météore - Saint Jean |
Grand Météore : Adam nomme les animaux
![]() Grand Météore : la Vierge |
![]() Grand Météore : le Christ de pitié |
Nous poursuivons notre
balade dans ce paysage bouleversé et je filme sous tous
les angles monastères et monolithes. A 14:00 nous
redescendons prendre un repas léger dans un petit
restaurant sur la place de Kalambaka. On y mange bien et
on échange beaucoup avec le patron (ses frères tiennent
des restaurants grecs à Montréal et Toronto...), mais
quel coup de fusil à la sortie : le souvlaki est plus
cher ici que sur l'avenue du Parc à Montréal !
Le soleil commence à descendre lorsque nous remontons terminer le circuit faisant le tour des monastères. |
![]() Météores : Aghios Stefanos |
![]() Météores : Aghios Stefanos |
La lumière a tourné et le paysage s'est comme modifié avec elle, devenant plus contrasté, plus prenant encore. Depuis l'ultime couvent d'Aghios Stefanos, la vue du crépuscule s'étendant sur la plaine de Thessalie est particulièrement impressionnante, l'horizon s'évanouissant au loin dans une frange bleutée. |
Vers 17:15 nous quittons ces hauts
lieux et prenons la route de Trikala. La petite ville
nous parait assez banale. Après quelques détours pour
trouver un point de chute, nous finissons par aller
stationner devant la gare où nous trouvons le calme
recherché.
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![]() Météores : Aghios Stefanos |
Mercredi 7 décembre 1988 : de TRIKALA à DELPHI
Levés tôt (7:00 !) avec les premiers trains, nous quittons Trikala et sa petite gare provinciale pour traverser la plaine de Thessalie. La route est plutôt plate et droite avec, à l'horizon tout alentour, des chaînes de montagnes aux cimes enneigées. Plus près de nous les paysans s'affairent aux labours et au transport du coton. Partout aussi, la crasse, le désordre, les détritus jonchant le bord des routes, les déblais déposés n'importe où, les maisons à demi bâties et comme à l'abandon... Rien n'est à sa place, net, fini. Quel paradoxe au pays de l'esthétique et de l'harmonie ! Nous atteignons ainsi Lamia puis, par la vieille route dite d'Héracles, escaladons la montagne au dessus d'Iraklia. Là haut la vue s'étend très vaste sur le sud de la Thessalie et sur la baie de Maliscos. La descente vers Amphissa emprunte une large vallée accidentée, avant que nous remontions vers Delphes à travers une mer d'oliviers.
Le golfe d'Itea s'ouvre sur la mer scintillante à l'horizon, jusqu'à ce que nous arrivions à Delphes. Le petit village à flanc de montagne vit depuis 2 500 ans de son "piège à touristes", d'abord sanctuaire renommé, puis ensemble archéologique unique. Plein de boutiques de souvenirs, d'hôtels et de restaurants, le bourg se montre des plus quelconques. En revanche le site des ruines est vraiment merveilleux : les temples occupent une terrasse en escalier au pied d'un cirque montagneux à pic tandis que la mer d'oliviers dévalant vers Itea et la Méditerranée vient s'arrêter juste à son bord. | ![]() Delphes : le site du sanctuaire antique, la mer d'oliviers et, au loin, le golfe d'Itea |
![]() Delphes : la Voie Sacrée, le Temple d'Appolon, le théâtre et le stade |
Les vestiges du
sanctuaire sont quand même en très mauvais état, et je
suis scandalisé par le mercantilisme de ces Grecs qui
voudraient nous obliger à prendre un permis de 90.00 $
pour filmer avec la vidéo ! Cela ne m'empêche pas
d'apprécier la remarquable façon dont était agencé et
construit ce lieu de pèlerinage.
|
Visite du site archéologique de Delphes : le Trésor
des Athéniens
Évidemment, il faut pas mal d'imagination pour reconstituer en esprit ce à quoi tout ceci a dû ressembler : les trésors des différentes cités ne présentent plus que leurs fondations, excepté celui des Athéniens qu'on a restitué, et il ne demeure plus rien du richissime décor de statues et d'ex-voto qui avait envahi (jusqu'à la surcharge...) les moindres espaces libres. | ![]() Delphes : la Voie Sacrée et le trésor des Athéniens |
Le grand temple d'Apollon lui-même où officiait la Pythie n'exhibe plus que quelques colonnes dressées pour évoquer sa splendeur passée. Cependant il continue de régner en ces lieux quelque chose de fervent, un sentiment d'être en continuité profonde avec l'univers, un feeling magique auquel on ne peut rester insensible. | ![]() Delphes : temple d'Appolon sous la neige |
![]() Delphes : le théâtre |
Notre balade à travers les ruines à flanc de colline nous mène au théâtre assez bien conservé (ou restauré...) pour qu'on y domnne des spetacles prestigieux en été. |
... puis jusqu'au stade où Juliette et Mathieu piquent
un 300 mètres vite interrompu... C'est long, un stade ! |
![]() Delphes : le stade |
![]() Delphi : le Tholos au soleil couchant |
Mais le site ferme à 17:00, nous devrons remettre à demain la visite du Musée, très riche semble-t-il. Nous cherchons dans les environs un endroit pour stationner durant la nuit; nous le trouvons tout en haut du village, avec un vue superbe d'un côté sur le vallon sacré et de l'autre sur les toits de tuiles et le golfe d'Itea. |
Jeudi 8 décembre 1988 : de DELPHES à DAPHNI
Notre nuit est excellente, mais le panorama attendu au réveil nous déçoit un peu, le ciel s'étant couvert entre temps. Après un tour au village où Mathieu toujours à l'affût d'un souvenir visite les quelques boutiques ouvertes, nous prenons le chemin du Musée. |
![]() Visite du Musée de Delphes |
![]() Musée de Delphes
: kyllis blanc représentant Apollon faisant une
offrande
|
Les pièces exposées sont
magistrales, mais les frises récupérées sur le site sont
très abîmées et fort peu lisibles pour nous.
|
De plus une salle demeure d'accès
limité si bien qu'on aperçoit seulement de loin la frise du
trésor de Siphnos, la plus célèbre et la plus belle...
![]() Musée de Delphes : Antinous, favori de l'Empereur Hadrien |
![]() Delphi : l'Omphalos, ou Nombril du Monde |
![]() Musée de Delphes : l'Aurige |
![]() Musée de Delphes : l'Aurige |
![]() Musée de Delphes : l'Aurige |
![]() Musée de Delphes : l'Aurige |
Pendant que Juliette et Monique remplissent les jerrycans à la fontaine de Castallie où venaient se purifier les pèlerins, je vais filmer le temple d'Athéna et le tholos. C'est probablement le monument de Delphes le plus souvent photographié. | ![]() Musée de Delphes : restitution du tholos |
![]() Delphes : le tholos dans son environnement sauvage de montagnes (les Phériades) |
Les trois colonnes encore debout sur la base circulaire arrivent encore à évoquer toute l'élégance et le charme de ce petit édifice votif. Il en inspirera d'ailleurs bien d'autres puisque nous en retrouverons des copies dans tous les parcs anglais du XVIIIème et du XIXème, que ce soit à Corfou ou jusque dans la lointaine Albion... |
Et puis l'arrière-plan du vallon sacré et de ses oliviers forme un cadre tellement exceptionnel... | ![]() Delphi : le tholos et le vallon |
Nous prenons alors la direction
d'Arachova, un gros village accroché à la montagne, dont le
brouillard nous cache bientôt la crasse et le bazar habituel.
L'itinéraire "touristique" jusqu'à Livadia (en très mauvais état)
nous reste ensuite voilé par la brume. Sous une pluie continuelle,
nous finissons par atteindre Daphni, en banlieue d'Athènes, par
une route très vallonnée qui elle aussi aurait valu le coup d'oeil
sous un autre ciel. Nous trouvons sans peine le camping vanté par
Denis, mais il est cher (12.00 $), ne dispose pas d'emplacement
horizontal accessible à un camping-car et ses équipements en
mauvais état font pitié...
![]() Visite du monastère de Daphni |
Aussi quittons-nous au
plus vite ce site peu confortable pour visiter le
monastère de Daphni, ravissant dans son enclos verdoyant.
|
Il renferme de superbes mosaïques dont la restauration, en cours depuis des années, avance à pas de tortue. | ![]() Daphni : cour du monastère |
Daphni : Christ Pantocrator
![]() Daphni : Pieta (Vierge Marie) |
![]() Daphni : Saint Jean |
L'ensemble du bâtiment gagnerait à retrouver sa forme originale, mais les Grecs semblent avoir beaucoup de réticences ou de difficultés à restaurer, ils conservent des ruines... ou créent des paysages urbains contemporains qui les imitent. C'est du moins l'impression qui nous reste de la périphérie d'Athènes, sale, anarchique et mal ordonnancée. | ![]() Daphni : coupole |
![]() Athina : l'Acropole depuis le Monument à Philipopapos |
Nous gagnons le centre de
la grande ville dont la circulation ne nous dérange pas
autant que nous y attendions. La pollution, en revanche,
est bien conforme à sa réputation, causée surtout par des
autobus puants crachant leur fumée noire à tous vents.
|
Stationnant à deux pas du fameux Musée National d'Archéologie, nous consacrons trois heures et demie à sa visite. | ![]() |
![]() Musée national d'archéologie d'Athina : Kouros |
![]() Musée national d'archéologie d'Athina : Aphrodite et Pan |
Les pièces superbes abondent : à mentionner...
![]() |
![]() découvert dans une épave romaine reposant au fond de la mer... |
![]() Masque d'Agamemnon |
![]() Taureau de Mycènes |
![]() Fleur de lys en or |
![]() Bague-sceau en or |
![]() certaines stèles funéraires... |
![]() |
![]() l'extraordinaire cheval de bronze et son petit jockey |
![]() |
![]() Musée national d'archéologie d'Athina : satyre |
![]() Musée national d'archéologie d'Athina : homme portant un bélier |
Mais encore une fois la présentation ne met pas toujours en valeur ces trouvailles de qualité pourtant supérieure : que dire des centaines de céramiques entassées dans leurs vitrines ? Là aussi les Grecs auraient beaucoup à apprendre d'autres grands musées archéologiques dans le monde, comme celui de Mexico... Et puis on expose trop d'oeuvres brisées ou insuffisamment restaurées à mon goût, au bénéfice des seuls connaisseurs ou spécialistes. L'ensemble est quand même très impressionnant et laisse songeur quant à la compétence technique et à la sensibilité artistique des Anciens.
Sortis du musée sous une pluie
torrentielle, nous mangeons dans le camping-car avant d'aller à
l'autre bout de la ville nous heurter à la porte - close - du
Musée Byzantin. Je fais un tour à l'extérieur du Musée de la
Guerre avec Mathieu fasciné par les belles armes orientales
incrustées ou damasquinées exposées dans ses vitrines. Pendant ce
temps Monique cherche - en vain - un téléphone pour donner des
nouvelles à ses parents. Nous quittons alors Athènes pour tenter
de passer une nuit plus tranquille au camping de Voula, quoiqu'il
semble bien proche de l'aéroport.... Tombant en cours de route sur
un chantier d'immeuble en construction et trouvant l'endroit
paisible, nous nous installons sur ce terrain pour la nuit.
Samedi 10 décembre 1988 : d'ATHENES à SARONIDA (près du cap SOUNION)
Le camping sauvage a du bon puisque
nous dormons fort bien sur notre chantier, malgré la pluie qui ne
cesse de la nuit. Le temps maussade semble bien devoir durer toute
la journée, aussi décidons-nous de retourner visiter le Musée
Byzantin. Mais rendus dans le vestibule, pas moyen d'y trouver un
guide en français; nous descendons alors en ville à travers le
Jardin National, un vaste parc demeuré très vert pour la saison,
jusqu'à la place de la Constitution, coeur de la ville moderne.
Nous nous y procurons les livres-guides recherchés. Monique
réussit à rejoindre sa mère par téléphone, nous consultons une
agence de voyage en vue de préparer notre retour via l'Italie et
rejoignons enfin le camping-car (toujours sous la pluie...) vers
15:00. Je constate alors que j'ai endommagé un pneu sur une roche
en stationnant en pleine ville, un comble ! Je dois le changer sur
le champ ainsi que l'autre déjà usé... et il est déjà trop tard
pour retourner au musée.
La lumière commence à baisser lorsque nous décidons de prendre la route vers le Cap Sounion. Chemin faisant, nous nous arrêtons dans une grande boutique de souvenirs demeurée ouverte pour un autobus de touristes japonais. Le mauvais goût s'y étale dans toute sa splendeur et, pour quelques copies valables, que d'horreurs commises au nom de l'Art ! L'obscurité est complète lorsque nous finissons par faire halte un peu plus loin, dans le stationnement d'une école de tourisme, au bord de la route. | ![]() Port en allant au Cap Sounion |
![]() Temple du cap Sounion |
Partis tard sous un ciel
morne, nous atteignons le cap Sounion presque sous le
soleil, après une heure de belle route panoramique
longeant la côte. Le site ne manque pas de grandeur (le
vent non plus d'ailleurs...), mais le temple lui-même,
consacré à Poseïdon, dieu des navigateurs, ne montre plus
que quelques colonnes debout sur l'échine du promontoire,
et encore sont-elles très abîmées.
|
Un beau coup d’œil quand même, surtout sur les baies et les promontoires entourant le cap, déroulant leurs dentelles jusqu'à l'horizon. Dire que, pour les marins de l'Antiquité, doubler ce cap signifiait s'aventurer vers des horizon exotiques en affrontant des éléments adverses, à la merci de créatures monstrueuses... | ![]() Crépuscule
sur le Cap Sounion
|
Nous rentrons ensuite à Athènes pour
visiter l'Acropole. La grande porte monumentale est close : ces
Grecs impossibles ont encore changé l'horaire d'ouverture à
l'improviste, et nous devons nous joindre aux dizaines d'autres
touristes frustrés qui redescendent déçus les degrés menant aux
Propylées.
![]() Athina : les Propylées de l'Acropole |
Découragée, Monique regagne le camping-car tandis que je m'attarde derrière les grilles fermées, impressionné par la masse imposante des Propylées vues d'en bas. |
Je monte seul ensuite sur la colline voisine jusqu'au monument de Philippopapos d'où le regard embrasse toute la ville, ses monuments, le Lycabète et Le Pirée. Le site naturel choisi par les Anciens pour établir leur cité prestigieuse est tout à fait remarquable : buttes rocheuses fournissant retraite et aire sacrée, plaine propice aux constructions et aux activités agricoles, côte hospitalière autorisant l'édification d'un port à proximité... Mais l'urbanisation sauvage du dernier siècle a considérablement enlaidi cet environnement magnifique; à cela s'ajoute la pollution atmosphérique dont le voile gris-bleuâtre masque l'horizon avant de ronger insidieusement les monuments de marbre... | ![]() Athina : l'Acropole depuis le monument à Philipopapos |
Nous allons enfin nous installer sur
le stationnement d'un centre d'achat repéré auparavant au bord de
la route du Cap Sounion. Y trouvant de l'eau à volonté, nous
faisons un début de lessive vite limitée par l'espace de séchage.
Voilà un autre problème qui serait facile à résoudre avec un
chauffage plus économique (fonctionnant sur le carburant par
exemple) permettant d'utiliser le cabinet de toilette comme
séchoir.
Lundi 12 décembre 1988 : d'ATHÈNES à KRIEZA (île d'EUBÉE)
Nous avons fort bien dormi sur notre parking, et
nous avons pu profiter de la matinée pour faire quelques courses
dans un superbe Prisunic grec tout neuf. Enfin un magasin qui a de
l'allure, propre et rangé, où l'on sait ce qu'on achète et où l'on
ne craint pas a priori de se faire avoir !
![]() Athina : l'Acropole vue du ciel |
Nous retournons ensuite
au centre d'Athènes pour la visite de l'Acropole. Cette
fois, pas de problème, ce haut lieu mythique est
accessible.
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![]() |
![]() |
Une lente montée à l'ombre des oliviers permet de gravir d'abord les pentes de la colline avant de franchir l'entrée monumentale par les Propylées. | ![]() Escalier des Propylées |
![]() Acropole d'Athina : Propylées et petit temple d'Athena Niké |
Elles nous surplombent, imposantes et d'une superbe dissymétrie, flanquées du délicieux petit temple d'Athéna Niké juché sur son promontoire. |
Enfin... le Parthénon apparaît dans son champ de pierres étalées. La silhouette familière est bien là, mais je ne l'aurais jamais cru en si mauvais état, et cela enlève un peu de sa magie au tableau. | ![]() Acropole d'Athina : le Parthénon |
![]() Acropole d'Athina : façade du Parthénon dans son état actuel |
Avec en plus la grue et
les échafaudages de la restauration lourde qu'il subit
actuellement, on a davantage l'impression d'être sur un
chantier de démolition que devant le monument le plus
visité du monde...
|
L'Erechteion est lui aussi très
endommagé, mais comme il est plus composite, l'aspect
"déconstruit" est moins gênant. Ses minces colonnades, ses
chapiteaux corinthiens finement sculptés et surtout ses Caryatides
sont d'un effet ravissant.
Acropole d'Athina : l'Erechteion
Acropole d'Athina : les caryatides de
l'Erechteion au soleil couchant
Acropole d'Athina : restitution de l'Erechteion
Certes les proportions du Parthénon
sont parfaites encore aujourd'hui, mais la visite du Musée et les
lectures laissent imaginer un décor, des statues, des couleurs
autrement riches et stimulantes.
![]() Acropole d'Athina : frise du Parthénon, procession des Panathénées |
![]() Acropole d'Athina : frise du Parthénon, procession des Panathénées |
![]() Musée du Parthénon d'Athina : kouré |
![]() Musée du Parthénon d'Athina : détail de la kouré de gauche |
![]() Musée du Parthénon : Athéna pensive sur la tombe d'un soldat |
![]() Musée du Parthénon : le moschophore (porteur d'offrande) |
![]() Musée du Parthénon : Quadrige |
![]() Musée de l'Acropole : Nike (Victoire) dénouant sa sandale |
![]() Musée du Parthenon d'Athina : Tête d'Alexandre |
![]() Musée du Parthénon : Philosophe |
Athina : le théâtre de Dyonisos
Il reste que la vue du haut des remparts sur la ville étalée à nos pieds, parsemée de monuments et de rares espaces verts, s'ajoutant à l'ambiance intemporelle flottant sur la terrasse sacrée, sont exceptionnelles, et je passe plus de trois heures à traîner et filmer un peu partout. |
![]() Athina : l'Acropole illuminée |
Nous finissons cependant par nous
lasser de cet environnement urbain synonyme d'agitation et de
pollution. Aussi décidons-nous de parcourir la "route des Aigles"
sur l'île d'Eubée : d'abord 60 km d'"autoroute" à la grecque (en
fait une belle voie express à péage), puis un chemin fort sale et
dégradé par d'horribles usines qui finalement se poursuit sur
l'île même par une campagne misérable et saccagée. La nuit tombe
bientôt et nous devons dormir - faute de mieux - dans la grande
rue d'un village avec pétrolettes, camions et chiens... Jusqu'ici,
rien de bien emballant !
Mardi 13 décembre 1988 : de KRIEZA à ERETRIA (île d'EUBÉE)
Un ciel lumineux d'un bleu profond nous accueille au lever, il nous suivra toute la journée. Les villages traversés sont vraiment minables, tout en constructions inachevées et et en bâtiments croulants au milieu d'un désordre... indescriptible. Quant aux bords des routes, ils présentent leur cortège habituel de déchets ménagers et autres... Cependant les paysages sont de plus en plus grandioses en allant vers le sud et les 25 derniers kilomètres jusqu'à Karistos justifient amplement le déplacement. | ![]() Côte d'Eubée |
![]() La Route de l'Aigle en fin de journée sur Eubée |
Une haute route de
corniche suit le flanc de la montagne, déroulant des vues
superbes sur la mer et les îles jetées dedans comme les
rochers gigantesques du Cyclope. Une barque de pêche
minuscule tout en bas trace un fin réseau de lignes entre
deux rivages...
|
![]() Sur le quai à Karistos |
![]() Chapelle en arrivant à Karistos |
Nous dévalons la pente jusqu'à
Karistos : c'est un authentique petit port de pêche avec marins
raccommodant leurs filets à bord de leur barque et petits
magasins... en bazar. Pas stressés, les boutiquiers prennent le
soleil sur le pas de la porte, piquant une jasette avec les
clients et les copains. Nous faisons une lessive rapide à la
fontaine trouvée sur le quai avant de prendre le chemin du retour.
Il suit d'abord le même trajet spectaculaire dominant la côte,
puis une route à l'intérieur des terres, étroite et sinueuse mais
suffisamment accidentée pour être intéressante. Elle s'achève par
une section plate longeant le rivage. Nous arrêtons au crépuscule
à l'extrémité d'un cul-de-sac desservant un hôtel fermé pour
l'hiver; la nuit y sera super tranquille.
Mercredi 14 décembre : d'EUBÉE à ATHÈNES
Empruntant d'abord une route "verte" escaladant la montagne au dessus de Ritsona, nous rentrons à Athènes sans problème par la voie express. Je remonte aussitôt sur l'Acropole où, tout à mes films, j'ai dû laisser avant hier le Guide Vert sur une pierre... Il a évidemment disparu, et nous repartons pour le centre ville dans l'intention d'en trouver un autre. Mais il est impossible d'y stationner à cause d'une visite officielle portugaise. Dérouté par la police, je dois m'engager dans la Plaka (la vieille ville turque). La conduite d'un camping-car dans son dédale de ruelles relève du quitte ou double à chaque carrefour ! Après bien des émotions, et sans aucune égratignure (!) nous nous retrouvons sur le parking de l'Acropole, retraversons (à pied cette fois) la Plaka, passons au dessus de l'Agora (habituel champ de ruines...), admirons au passage la Tour des Vents, trouvons enfin la statuette d'Athéna recherchée par Mathieu et nos écussons sur la rue Pandrossou traduite par les enfants en Prend-nos-sous...
Nous gagnons alors Sindagma, la place de la Constitution formant la grande esplanade centrale d'Athènes. Le Bureau du Tourisme y ferme (à 15:00!) et la seule hôtesse encore présente tergiverse à nous aider dans notre recherche de gaz propane... Heureusement un aimable employé de la banque où se trouve le kiosque de l'Office du Tourisme Hellénique accepte de parcourir pour nous les pages jaunes (en grec...). Il y déniche une adresse susceptible de remplir notre bouteille. Un peu plus loin, une grande librairie internationale nous vend un Guide Vert remplaçant celui que j'ai malencontreusement égaré. Nous le complétons de toute une collection de guides des sites et musées de la Grèce, puis nous rejoignons le camping-car en traversant à nouveau la Plaka.
J'y réussis mon deuxième exploit de la semaine, en cassant par inadvertance (je reculais en filmant la rue Panos...) une horrible potiche noire et or. Je dois laisser 1 500 drachmes 28 Fr, soit près de 6 $) au vendeur ravi, sans marchandage possible... Nous gagnons dans la nuit la boutique minable du chauffagiste qui, après quelques palabres, accepte de nous réapprovisionner en propane dans l'heure qui suit. Arrêté devant un café, je filme les joueurs de cartes cocasses et débonnaires à travers la vitre. Notre bouteille pleine, nous repartons jusqu'à notre Prisunic préféré où nous nous installons à nouveau sur le stationnement près du robinet...
Feux d'artifice sur l'Acropole d'Athina illuminée
Jeudi 15 décembre : d'ATHENES à LOUTROPIRGOS
Notre sommeil a été entrecoupé par les aboiements répétitifs des maudits chiens athéniens qui jappent à la demi-heure au moindre bruit ou passant. Je fais discrètement le plein d'eau pendant que Monique complète nos provisions dans le supermarché, puis nous regagnons le centre ville visiter le Musée Benaki. L'ancien hôtel particulier de l'opulent banquier légataire de ses trésors est un peu défraîchi et la présentation assez poussiéreuse. Mais on ne peut qu'admirer bijoux et petits objets antiques, icônes et autres babioles précieuses plus récentes, ou encore la riche collection de costumes grecs du siècle dernier. Ce monsieur jouissait vraiment d'une sensibilité très baroque, maniériste même, mais elle lui a fait amasser une variété d'articles exquis témoignant de l'habileté, de la créativité et du goût sûr des artisans qui l'entouraient.
Je redescends ensuite avec Juliette au siège de l'Office du Tourisme Hellénique chercher des affiches pour ma collection-souvenir, puis je vais choisir un disque de musique grecque traditionnelle dans un magasin indiqué par une spécialiste du Musée. Pendant ce temps Monique a récupéré Mathieu qui avait préféré visiter plus à fond le Musée de la Guerre.
Nous mettons alors le cap sur Le Pirée pour étayer nos hypothèses de voyage en Crète et de retour par ferry en Italie. La circulation est épouvantable et le chemin très mal indiqué dans une ville qui semble avoir subi un tremblement de terre tant elle est crasseuse, en pagaille, parsemée de chantiers plus ou moins à l'abandon... Les camionneurs stationnent n'importe où, chargent en pleine rue, s'engueulent allégrement avec les automobilistes... Bref le bazar à l'orientale dans toute sa gloire ! (une expérience qui atténue un peu ma déception de ne pas nous être rendus jusqu'aux rues d'Istanbul...). Après une heure d'attentes et de détours, nous atteignons l'Acti Poseidonos pour y magasiner les agences de voyage qui font le trottoir tout au long du quai. Hélas ! le prix du passage vers la Crète (395.00 $) dépasse de beaucoup notre budget et nous devons remettre en cause notre projet de séjour là-bas. Nous commencerons donc par faire le tour du Péloponnèse tel que prévu et déciderons alors de la suite de notre itinéraire. Idem pour notre retour par l'Italie (le trajet simple Patras-Brindisi = 350.00 $ !).
Nous quittons Le Pirée dans la nuit. Il nous faudra plus de deux heures pour nous démêler des mauvaises routes sans signalisation, dans la grosse circulation et dans un bain de pollution épouvantable. Nous nous ramassons finalement dans le village de Loutropirgos où nous dormons sur une colline au dessus des chantiers maritimes, un peu après les raffineries...
![]() Le canal de Corinthe |
Réveil sous la pluie qui dynamise peu un départ paresseux... Nous suivons le rivage du golfe Salonique ponctué de belles résidences d'été cossues et de plages organisées beaucoup moins soignées. Parfois la route s'élève en corniche, ménageant un panorama que j'aurais pu qualifier de grandiose sous le soleil... Nous arrivons à l'isthme de Corinthe où nous admirons la tranchée nette et profonde du canal homonyme, abrités sous notre parapluie. Encore un site - moderne celui-là - mal mis en valeur et massacré par la prolifération des boutiques sordides et l'entassement des saloperies. |
Nous bifurquons vers le pont de Possidonia qui s'abaisse sous l'eau pour laisser passer les navires. Depuis son tablier humide on aperçoit - mal - le diolkos, halage de pierre sur lequel les Anciens faisaient traverser l'isthme à leurs embarcations. Après quelques pas sur ce vestige émouvant du lointain travail des hommes curieusement laissé à l'abandon, nous traversons vite la Corinthe moderne, sans intérêt, pour gagner l'ancienne Corinthe dont nous entrevoyons le champ de ruines derrière sa clôture. | ![]() Le Diolkos à l'extrémité ouest de l'isthme |
![]() Ruine de la Corinthe antique au pied de l' Acrocorinthe |
Les cinq malheureuses
colonnes qui demeurent debout servent de premier plan à
quelques vues sur l'Acrocorinthe, haute de 574 mètres,
dont le sommet se perd dans les nuages. Nous tentons de
gravir la pente, mais la piste en réfection laisse peu
de chance à notre tortue qui, faute de quatre roues
motrices, déclare vite forfait. Nous devons renoncer à
cette escalade avec d'autant moins de regrets que la
cime disparaît maintenant à peu près complètement dans
la brume.
|
![]() L'enceinte de Mycènes et la Porte des Lionnes |
La forteresse
archaïque, bien assise sur son mamelon, est encadrée de
petites montagnes et domine la plaine de l'Argolide. A
l'écart de la grande route et adéquatement protégé, le
site naturel demeure sauvage à souhait. Malgré que les
ruines aient été modérément restaurées, il s'en dégage
toujours une certaine grandeur. L'enceinte en
blocs cyclopéens mais précisément ajustés frappe d'abord
par sa masse et son aplomb.
|
Nous la franchissons par la "Porte des Lionnes" dont l'image grisâtre et mal définie dans mon livre d'histoire de 6ème me revient en mémoire... | ![]() La Porte des Lionnes de Mycènes |
![]() Le Cercle des tombes de Mycènes |
Nous abordons alors le cercle de tombes où Schliemann retrouva le merveilleux trésor d'Agamemnon admiré au Musée d'Athènes. |
![]() Diadème en or mycénien |
![]() Poignards mycéniens |
Il faut ensuite grimper avec peine le sentier incertain menant au faîte de la butte pour contempler le vaste et grandiose panorama qu'avait le légendaire roi homérique depuis les fenêtres de son petit palais. Un peu plus loin dans la citadelle, Mathieu insiste pour descendre dans la citerne souterraine, mais il s'arrêtera au bout de 20 des 99 marches, l'obscurité grandissante et la surface glissante le rendant... prudent. Sans doute aussi le climat de mystère qui semble encore planer en ces lieux l'aura-t-il impressionné : n'est-ce pas ici que se noua le destin funeste des Atrides... |
![]() Escalier taillé dans la pierre descendant à la citerne de Mycènes |
En terminant notre visite, nous allons admirer la
tombe à coupole de Clytemnestre et surtout le Trésor d'Atrée,
frappants par leur vaste dimension, la pureté de leur ligne et le
silence qui règne à l'intérieur de leur dôme de pierre.
![]() Tombe de Clytemnestre |
![]() Dans le Trésor d'Atrée |
Femme de Mycènes (XIIIème av. J-C)
Le soleil descend bientôt, répandant sa lumière dorée sur le golfe d'Argos, et nous décidons de dormir seuls sur le site, dans le stationnement face à la forteresse.
![]() La forteresse de Larissa au dessus d'Argos |
Nuit tranquille seulement troublée par un vent formidable qui fait grincer la suspension du camping-car. Le temps maussade à 8:00 s'éclaircit vers 9:00, au moment où nous partons en direction d'Argos. Nous escaladons sans problème le chemin raide menant au kastro de Larissa. Le château-fort, construit par les Francs et remanié par les Byzantins, ne présente plus que des ruines en très mauvais état. En revanche la vue là-haut est splendide, tant sur les contreforts montagneux alentour dont certaines cimes sont enneigées, que sur la riche plaine cultivée d'Argos. Les orangers et les oliviers croulant sous les fruits couvrent toutes les terres exploitables, tandis qu'une mer bleutée miroite à l'horizon. Nous passons un bon moment à jouer les lézards sur les vieilles pierres, nous faufilant entre les murs croulants, grimpant sur les chemins de ronde, examinant les citernes éventrées... Puis nous redescendons au pied de la colline pour traverser la ville moderne sans réel intérêt architectural. |
Nous prenons ensuite le chemin de la côte de
Laconie, renonçant pour l'instant à visiter Épidaure que
surmontent encore de gros nuages gris de mauvaise augure. La côte
est superbe sous le soleil, rocheuse et découpée, ménageant de
belles plages évidemment désertes en cette saison. Les enfants
trouvent sur celle d'Astros un immense terrain de jeux à leur
convenance. Après avoir construit quelques châteaux de sable et
allumé un grand feu sur la grève, nous repartons vers 15:30,
laissant dans le sable un petit bonhomme Playmobil. Cela nous
vaudra une "baboune" prolongée de Mathieu lorsqu'il constatera
plus tard son oubli. Sous le soleil déclinant, la route côtière se
poursuit jusqu'à Leonidio, un gros village étalé au débouché d'une
gorge abrupte, entouré de rochers rouges et massifs faisant un peu
penser à ceux des Météores. La rue étroite et zigzaguante qui
traverse la bourgade en remontant la vallée nous parait
supérieurement propre pour une agglomération grecque. A la
brunante, nous allons stationner à la sortie du village, près
d'une tour en ruine d'où nous avons une vue pittoresque sur tout
le site. Nous nous proposons de visiter plus à fond et à pied les
lieux le lendemain.
Dimanche 18 décembre 1988 : de LEONIDIO à
MISTRA
Cette fois, ce sont les pétarades d'un maniaque de la moto qui nous jettent à bas du lit beaucoup plus tôt que nous ne nous y attendions... Nous réalisons notre balade comme prévu; si les rues de Leonidio ne sont pas tout-à-fait aussi nettes qu'elles le paraissaient hier soir dans la pénombre, l'ensemble est quand même fort agréable avec ses échoppes d'artisans et ses petites boutiques rustiques qui semblent antérieures à l'ère touristique... Les gens se montrent accueillants, et nous traînons parmi eux jusque vers 11:30.
Une route de montagne de plus en plus sportive nous hisse à travers rocs et sapins jusqu'au village de Kosma. Nous y retrouvons la neige, à tel point que je dois monter les chaînes pour franchir un passage difficile ! Puis nous tombons dans 12 kilomètres d'un chemin qu'il faut franchir à 10 km/heure, serpentant entre des ornières profondes et des roches proéminentes. Celles-ci jalonnent les épingles à cheveux d'une piste prenant bientôt des allures de torrent asséché... Alentour les montagnes enneigées surplombent la plaine de Spartes intensivement cultivée, composant un cadre singulier pour cet itinéraire original.
Tout en bas du vallon sauvage nous arrivons à Geraki, un gros bourg rural déployé sur une colline sans grand relief. Un autre méchant chemin gravit le Pirgos Gerakiou surmonté des vestiges d'une forteresse du XVème, du temps où les Francs de Guillaume de Champlitte occupaient la principauté de Morée. Dominant la plaine, l'ancienne Giérachy occupe un site magnifique d'où la vue plonge jusqu'à la mer et n'est limitée que par le massif du Taygète saupoudré de neige. L'éperon rocheux est parsemé des ruines de la ville médiévale qui couvrait la pente. Seules subsistent quelques chapelles dans lesquelles on peut apercevoir par les fenêtres étroites des restes de fresques murales byzantines. La promenade valait le coup, mais nous regagnons le camping-car transis, le vent s'étant beaucoup refroidi en l'absence du soleil.
Lundi 19 décembre 1988 : de MISTRA à GITHIO
Au matin, un soleil splendide nous réchauffe un peu après une nuit
tranquille mais fraîche. Nous bénéficierons d'un temps radieux
pour visiter l'ancienne ville forte. Je redescends d'abord dans la
plaine pour filmer une vue d'ensemble du site dont les ruines sont
éparpillées sur la pente, avec pour deuxième plan les cimes
enneigées du Taygète tout proche.
Puis nous gagnons le Châtelet marquant l'entrée de la ville basse. Commence alors une balade très agréable dans un air frais et lumineux, parmi les murs à moitié effondrés des maisons, sur les ruelles pentues et empierrées, musant d'églises en monastères sommairement restaurés (mais pour une fois, ils le sont !). Les fresques sont fort belles, même si la plupart gagneraient encore beaucoup à être sérieusement nettoyées et complétées. Quant à l'éclairage sus les vieilles voûtes, comme d'habitude il est inexistant. |
![]() Visite de Mistra |
![]() Mistra : sentier menant au Palais |
![]() La Métropole et la Plaine de Sparte |
![]() Vue générale de la Metropole |
Nous franchissons
l'enceinte de la Métropole par un joli portique. Puis,
traversant la cour ombragée où gazouille l'eau d'une
fontaine, nous découvrons un ravissant cloître fleuri dont
la terrasse domine la campagne. Les murs de pierre
soigneusement restaurés, les dalles polies par le temps et
les géraniums ornant les escaliers rustiques nous
replongent dans notre vieux rêve de mas provençal. Monique
est sous le charme...
|
![]() Exonarthex de la Métropole de Mistra |
![]() Ange de l'Apocalypse dans la Metropole de Mistra |
![]() Bontcocion de Mistra |
![]() Hodigitria de Mistra: les martyrs |
A mi-pente nous atteignons le couvent de Pantanassa. Nous y demeurons un long moment à contempler à nos pieds le splendide panorama qui se déploie jusqu'à la plaine. |
![]() Mistra : la Pantanassa |
![]() Église Pantanassa de Mistra |
![]() Abside de la Pantanassa de Mistra |
Quel lieu propice à la méditation ! Nous reposant dans la fraîcheur du portique, nous nous amusons à suivre les ébats des chats sautant sur les toits des cellules ou se prélassant au soleil devant les portes des nonnes du couvent. Nous en croiserons plus loin quelques unes toutes guillerettes faisant à la hâte le tour des chapelles de la ville morte. On dirait qu'elles se sont donné pour mission d'en préserver la vocation sacrée en venant y chanter quotidiennement quelques cantiques et y brûler de l'encens. |
![]() Pantanassa de Mistra : la Fuite en Egypte |
![]() Mistra : Porte de la Citadelle |
Un peu plus haut sur la
montagne, une poterne donne accès à la Ville Haute où
résidait les Despotes. Notre balade s'achève dans les
ruines du Palais dont les hautes structures évidées nous
laissent imaginer la grandeur passée. Les restaurations en
cours nous empêchent malheureusement d'atteindre la
terrasse surplombant l'ensemble du site.
|
![]() Mistra depuis la Porte de Monemvasia |
![]() Fenêtre du Palais de Mistra |
Les gardes ferment les portes à 15:00; nous
devons donc quitter les lieux sans terminer le tour de la Ville
Haute (qui semble de toute façon moins intéressante). Nous ne
pourrons pas non plus escalader le rocher jusqu'à la Citadelle, ce
que je regrette davantage, la vue plongeant sur la ville et ses
remparts y étant probablement très spectaculaire.
![]() Maison Laskaris au pied de la citadelle de Mistra |
![]() Dans le quartier des maisons bourgeoises de Mistra |
Il reste que Mistra nous aura séduits par une combinaison d'atouts : son emplacement acrobatique à flanc de montagne, l'admirable panorama donnant là-haut sur la plaine, et peut-être aussi le temps magnifique qui nous a suivi toute la journée.
Nous traversons ensuite la Laconie parallèlement au massif du Taygète. A travers les sempiternels oliviers et orangers, nous atteignons Githio, petit port blotti au creux du golfe de Laconie. Et là, surprise (à laquelle nous ne croyions plus), une agence locale de ferry-boats nous propose un billet vers la Crète pour la moitié du prix demandé au Pirée ! Nous sautons sur l'occasion et réservons un passage sur le prochain bateau jeudi soir. D'ici là nous poursuivrons notre tour du Péloponnèse. Nous nous retirons au crépuscule dans un coin désert près du bassin des pêcheurs.
Mardi 20 décembre 1988 : de GITHIO à NOMITSI
![]() Vathia - par beau temps ! |
Rien n'aura dérangé notre sommeil
durant cette nuit hormis le froid, car j'hésite à
utiliser le chauffage si gourmand en propane dont le
ravitaillement est toujours une aventure. Nous partons sous un beau soleil
parcourir la côte du Magne. Dans des paysages très
sauvages de garrigues et de maquis, nous suivons un
rivage tout en découpes où les falaises tombent à pic
dans la mer. Les maisons de pierre sont regroupées en
villages perchés, chacune avec sa tour plus ou moins
haute et fortifiée. La terre ici est rude, sévère, le
paysage comme dépouillé de fioritures, livré dans toute
sa nudité. Nous renonçons à faire le petit détour menant
au plus impressionnant et plus renommé de ces bourgs,
celui de Vathia, que nous apercevons de loin à l'écart
de la route car il disparaît dans un nuage de pluie. |
Cette nuit a été moins froide que la précédente, mais c'est seulement vers 22:00 que la taverne a fermé ses portes tandis que la pluie nous a réveillés vers 6:00. Le temps finit par se lever, tout en restant variable, et nous poursuivons notre route côtière. Le panorama est particulièrement étendu à Kardamili; nous filmons longuement et photographions l'immense bassin d'oliviers et la côte rocheuse égrenant ses îles et ses promontoires loin vers le sud... |
![]() La côte de Messenie près de Kardamili |
Nous sommes bientôt dans la ville de Kalamata qui semble avoir subi un violent tremblement de terre depuis peu : maisons détruites, murs fissurés, toits effondrés et nombreux chantiers au centre ville. Voulant retirer de l'argent via notre Master-Card, nous nous présentons dans une banque correspondante mais avons alors la très désagréable surprise de nous voir refuser toute avance : les agents M.C. d'Athènes dont il faut l'autorisation téléphonique sont en grève...
Après avoir changé quelques uns de nos précieux - et derniers - chèques de voyage, nous prenons la direction d'Olympie par une grande route de plaine sans intérêt majeur. Le pays semble plutôt aride, l'herbe rase et le paysage défile sans que rien n'attire notre attention. Cependant près de Tholo j'aperçois une plage invitante à quelque distance de la route et je m'engage dans le chemin de terre y donnant accès. Mathieu et Juliette jouent un bon moment sur la grève à affronter les vagues grossies par le vent... jusqu'à en être trempés; le ciel d'orage diffuse une lumière contrastée sur le sable rouge et la mer bleu ardoise. Nous goûtons le côté sauvage et isolé des lieux durant notre repas. Mais au moment de repartir, je m'enlise en manoeuvrant, et nous devons aux chaînes de ne pas passer la nuit sur place...
![]() Visite d'Olympie : la Palestre |
Nuit super à deux pas
du complexe olympique vieux de plus de vingt siècles.
Pour une fois les ruines sont très lisibles; est-ce
parce que les fouilleurs cette fois-ci étaient
allemands, les tas de pierres sont remarquablement
ordonnés... L'ambiance est calme et douce sous les
arbres, dans une verdure vivace tellement inattendue en
ce solstice d'hiver.
|
La découverte de ce premier site des Jeux est passionnante. Nous en parcourons lentement les différents secteurs. Dans la palestre et le gymnase, les colonnes en partie remontées délimitent bien l'espace où s'entraînaient les athlètes; le léonidaion présente une version initiale du village olympique tandis que le stade champêtre est encore parfaitement fonctionnel. |
![]() Maquette des installations religieuses et ludiques d'Olympie |
![]() Olympie : le temple de Zeus rasé par un tremblement de terre |
Le gros morceau au
propre comme au figuré reste le temple de Zeus dont les
colonnes colossales, abattues par un tremblement de terre,
gisent, tambours encore alignés, sur les côtés de la
terrasse. On sort un peu stupéfait du sanctuaire massif
mais si bien intégré à l'environnement naturel.
|
![]() Allumage de la flamme olympique |
![]() Le premier stade olympique |
Un tour du musée termine en beauté ce pèlerinage fort agréable par ce temps ensoleillé : statue d'Appollon remarquable d'élégance et d'harmonie, en état presque parfait, restitution très frappantes des frontons du temple de Zeus dont les éléments sont encore très lisibles et extraordinairement dynamiques, l’Hermès de Praxitèle bien sûr, et enfin quantité de petits bronzes d'une rare qualité. |
![]() Visite du Musée d'Olympie |
![]() Appolon d'Olympie |
![]() Tête de l'Appolon d'Olympie |
![]() Musée d'Olympie : Zeus enlevant Ganymède |
![]() Musée d'Olympie : Victoire |
Musée d'Olympie : Taureau sacré
![]() Musée d'Olympie : L'Hermès de Praxitèle |
![]() Musée d'Olympie : Hermès de Praxitèle : détail |
![]() Musée d'Olympie : tête de l'Hermès de Praxitèle |
![]() Musée d'Olympie : Antinöus |
Vers 15:30, nous partons à travers la champêtre
Arcadie pour regagner Githio par un chemin sinueux et montueux.
Nous devons absolument atteindre le petit port ce soir : il faut
être prêts à embarquer sur le traversier à destination de la Crète
à 19:00.
Je prends quand même le temps de filmer au passage de pittoresques cueilleurs d'olives, des moutons et des ânes errant en liberté le long de la route, dans des paysages superbes que l'on aimerait contempler plus longtemps. L'Acadie... Le crépuscule s'achève lorsque nous finissons par toucher notre but, mais on nous apprend alors que le bateau est retardé jusqu'à 5:00 du matin. C'était bien la peine de tant nous hâter !
Stationné sur le quai, je dors mal car je guette du coin de l'oeil l'ouverture du guichet aux billets que nous avons trouvé clos à notre arrivée. Le bateau, tout illuminé dans les ténèbres précédant l'aube, arrive enfin vers 6:00. Nous embarquons aussitôt... en arrachant le tuyau d'évacuation de la toilette accroché par la passerelle de chargement insuffisamment descendue ! Je bénis copieusement la marine grecque et ses représentants qui dirigeaient la manoeuvre : ils prétendent sans complexes être la "première" du monde, tout dépend du point de vue... |
![]() Billet du ferry pour la Crête |
![]() Escale à Cythères |
La navigation jusqu'à Kastelli dure 8 longues heures sur un petit ferry qui doit être amorti depuis longtemps... (si l'on compare son état à celui des navires superbes jadis emprunté en Scandinavie !) Heureusement la mer est assez belle et le soleil brille dans un ciel radieux, nous laissant jouir en toute quiétude de vues saisissantes sur Cythère et Anticythère. Une courte escale dans les petites îles semi-désertiques et sévères nous les montre bien différentes du tableau idyllique qu'en ont répandu les poètes et les peintres (Wateau et son "Embarquement..."). |
Voilà longtemps que nous n'avions pas dormi dans un tel calme ! Au matin, j'achève la réparation de la toilette recollée tant bien que mal avec du joint à calfeutrer, un tube de colle contact et quelques vis restant de mes travaux d'aménagement. Pour être vraiment autonome il faudrait quasiment tirer son atelier derrière soi ! (comme nous le verrons plus tard chez des camping-caristes anglais au Portugal...). Après un plein d'eau de fortune et acrobatique sur la citerne d'un restaurant local abandonné pour l'hiver, nous reprenons la route vers 11:30. Anticipant la fermeture de toutes les attractions touristiques durant les deux prochains jours 25 et 26 décembre, nous décidons d'aller directement à Iraklio visiter le riche et fameux musée.
La grande route panoramique, excellente, offre de magnifiques échappées sur la côte. Nous sommes à Iraklio vers 14:30. C'est une assez grande ville typiquement grecque par sa saleté, son désordre, ses nombreux bâtiments en démolition ou en construction... Nous dirigeant aussitôt vers le musée, nous avons peine à croire que ce bâtiment décrépit aux grilles rouillées soit un "temple de l'Art" contenant des merveilles, plutôt qu'une prison à l'abandon, ou un entrepôt peut-être... Et le comble, c'est que nous en voyons sortir les derniers visiteurs à 15:00, chassés par les gardiens pressés de regagner leur foyer !
![]() Forteresse vénitienne d'Iraklio |
Il ne nous reste plus
qu'à faire une balade dans la ville crasseuse, bruyante
(pétrolettes et camions) et cependant endormie jusqu'à
17:00. Le tour du port s'avère tout aussi désolant, les
quelques beaux restes vénitiens étant noyés dans des
bâtiments modernes affreux, à l'exception du fort
commandant l'accès au bassin des galères de Venis,
maintenant port de plaisance
|
Mais en retournant dans le centre vers 17:30, nous tombons sur un marché installé dans la rue de 1866 et là, quel folklore ! Vendeurs de "bébelles", fruiteries, boucheries sur le trottoir... c'est presque le souk dans la lumière crue des petites ampoules blanches et nues. Il fait très doux... et nous sommes le 24 décembre, soir de Noël ! |
![]() Marché de la Rue 1866 |
Un gril en plein air vend des brochettes sur la pittoresque place Venizelou au coeur même de la ville. Nous cherchons un banc pour déguster notre pique-nique indigène et nous découvrons alors les quelques derniers bâtiments vénitiens encore debout et présentant une certaine élégance : l'église Sainte-Catherine (fermée !), la Loggia du XVIIème et l'église Saint-Tite. J'entre dans cette dernière pour voir si l'on n'y célébrerait pas une messe de Noël orthodoxe, mais je ne découvre qu'un décor assez quelconque sans nulle indication ni signe d'aucune festivité.
Nous passons la journée dans notre carte postale, utilisant à volonté l'eau d'une borne d'arrosage pour faire la lessive et le lavage du camion. Les citronniers du parc font office de séchoirs à linge, transformant les alentours en vrai campement de romanichels... Un gardien en habit du dimanche prétend nous chasser de notre paradis en milieu d'après-midi, mais tout est désert, nous sommes sur la voie publique... et lui souhaitons un cordial Joyeux Noël, moyennant quoi nous ne le reverrons plus...
Durant la nuit, le vent terrible nous oblige à déplacer notre camping-car tant nous sommes malmenés par les violentes rafales. Au matin nous découvrons dans la lumière grise que nous sommes en fait juste sur la crête, là où les gens du lieu qui connaissaient cette particularité naturelle avaient installé une batterie de moulins à vent... | ![]() Les moulins à vent dans le col de Lassithi |
![]() La pittoresque
vallée de Lassithi... sous le soleil et toutes ailes
déployées !
|
Nous partons bientôt faire le tour de
la vallée suspendue, très plate, dont les champs exigus
sont parsemés d'éoliennes en plus ou moins bon état. Les
montagnes nous entourent de tous côtés comme si nous
parcourions la surface d'un lac de cratère d'une dizaine
de kilomètres de diamètre. Il pleut, et les petits
villages paysans sont singulièrement moches dans cette
grisaille.
|
Nous rattrapons alors une route transversale zigzaguant dans un paysage assez sauvage de garrigues et d'olivaies; ponctuée de petits villages accrochés aux pentes, elle nous mène à la côte sud. Il y fait chaud sous le soleil brillant et la mer y est bleu émeraude; mais en approchant de Ierapetra, les serres à bananes en polythène jauni et les installations touristiques (maisons et hôtels) deviennent de plus en plus envahissantes. L'anarchie est totale, les débris de maçonnerie et les lambeaux de bâches de plastique omniprésents. Bref, nous retrouvons la Grèce "développée", sale et disgracieuse, que nous apprenons hélas de plus en plus à connaître...
Dès que les hommes se font rares,
les paysages, superbes, retrouvent tout leur charme. Nous le
constatons encore une fois lorsque nous parcourons l'intérieur
vers l'est en direction de Sitia. La route est montagneuse comme
celle que nous avons prise pour descendre sur le littoral sud,
mais traverse un maquis de chênes verts et de buissons encore plus
sec et plus rude. La côte ne tarde guère à apparaître au débouché
d'un vallon particulièrement sinueux et pentu. De l'autre côté
d'une petite baie, le port de Sitia a quelque chose d'oriental par
sa lumière et son étagement de maisons colorées déboulant
jusqu'aux quais plantés de gros tamaris. Plus nous avançons vers
l'est, plus les palmiers sont présents. Nous en trouvons encore
davantage en prenant la route de Vàï, le long d'une côte inhabitée
dont les vagues, les rochers et les plages emporteraient
l'adhésion du plus blasé des amoureux de la nature. A l'étape nous
allons camper dans le soleil couchant à Itanos, à l'extrême pointe
est de la Crète, sur un chemin de terre menant à un petit site
archéologique absolument désert sur son promontoire.
Mardi 27 décembre 1988 : d'ITANOS à KNOSSOS
![]() Vaï et ses palmiers |
Nous gagnons
ensuite la palmeraie de Vàï qu'un panneau multilingue
présente comme la plus septentrionale au monde. Une
vallée quasi marocaine plantée de plus de 5 000 palmiers
débouche sur une belle plage de sable fin, elle aussi
ombragée par quelques arbres touffus. Le site nous
parait d'autant plus exotique que nous sommes
complétement seuls à fouler ce paysage d'île déserte.
Lorsque nous escaladons le petit promontoire limitant la
plage à l'ouest, l'enfilade de caps rocheux et d'anses
sableuses se poursuit le long de la côte jusqu'à
l'horizon. Malheureusement, comme d'habitude, la
propreté laisse à désirer, et encore sommes-nous hors
saison... Pour un parc national protégé "inscrit sur la
liste de l'UNESCO" comme le proclame fièrement un grand
panneau multilingue, c'est pour le moins inattendu !
|
La route de retour vers Sitia passe par le monastère de Toplou. Sur une espèce de plateau aride entourant les bâtiments du couvent paissent de grands troupeaux de chèvres brunes et noires escortés de leurs bergers. On rattrape bientôt la route côtière. La vue s'étend, grandiose, en direction du port de Sitia maintenant en pleine lumière; elle sera encore plus belle en allant vers Agios Nikolaos. Le golfe de Mirambelo déroule sa vaste courbe de falaises rocheuses et rouges entrecoupées d'anses sableuses jusqu'au port tout blanc d'Agios Nikolaos, puis se poursuit par les hauteurs de la presqu'île de Spinalonga. |
![]() Golfe de Mirambelo |
Les reliefs ressortent sur le bleu de la mer et du ciel, juste ourlé par le blanc des plages et des vagues avec, en arrière plan, les cimes neigeuses du mont Dikti. C'est magnifique, surtout près de Mohlos où nous arrêtons un bon moment pour prendre photos et vidéos.
Juliette et Mathieu devant le Golfe de Mirambelo, vers
l'ouest
Le centre d'Agios Nikolaos, blotti autour de son bassin réputé de Voulismeni, nous parait assez quelconque, abusivement touristique avec ses guinguettes presque toutes fermées. En revanche l'excursion subséquente vers Spinalonga nous comble par les vues splendides qu'elle développe sous nos yeux. Passée la forteresse vénitienne du XVIème sur son îlot de Spinalonga, nous nous hasardons par des pistes difficiles sur le plateau du côté de Vrouchas. Ici les "typical cretan villages" sont autrement authentiques que ceux du golfe uniquement destinés aux touristes. Notre camping-car passe bien proche des murs à certains endroits, et sa suspension est mise à rude épreuve sur les passages non bétonnés du chemin, mais le paysage totalement vierge de tout "aménagement" touristique vaut bien ces quelques inconvénients.
![]() Cnossos : salle de bain de la reine |
![]() Cnossos : salle des haches (boucliers) |
![]() Cnossos : grand escalier donnant sur la cour centrale |
![]() Cnossos : entrée nord |
Cnossos : fresque du taureau qui charge
Nous filons ensuite vers Malia. Là encore nous découvrons un autre palais minoen, mais plus petit et très peu restauré. Le site est aussi plus sauvage, étalé dans une rase campagne à mi-distance de la mer et de la montagne. Les vestiges sont nettement moins suggestifs qu'à Knossos, pourtant je ne regrette pas le déplacement, enchanté par le côté champêtre de l'environnement.
En repassant à Limani
Hersonissou, nous apercevons un bureau de téléphone
ouvert. Nous tentons une nouvelle fois de contacter la
famille à Lyon, mais après une heure d'attente pour
obtenir une ligne, nous renonçons. Il nous reste juste le
temps de retourner alors en vitesse à Iraklio pour la
visite du Musée Archéologique. Si l'état de décrépitude du
bâtiment lui-même fait pitié, les collections, de
céramiques en particulier, sont extrêmement variées et
d'une rare élégance. Remarquables aussi les fresques présentées à la fin dont on a vu partout des reproductions (le Prince aux Lys, les Dauphins, les Femmes Bleues, la Parisienne...). Nous ne faisons cependant que les entrevoir, le musée fermant ses portes à 17:00. |
![]() |
![]() Musée archéologique d'Iraklio : les Déeses aux Serpents |
![]() Musée archéologique d'Iraklio : le Prince aux lys |
![]() Musée archéologique d'Iraklio : la Parisienne |
![]() Musée archéologique d'Iraklio : pendentif aux abeilles |
![]() Musée archéologique d'Iraklio : l'Oiseau bleu |
![]() Musée archéologique d'Iraklio : jeux tauromachique |
![]() Musée archéologique d'Iraklio : rhyton en cristal de roche |
![]() Musée archéologique d'Iraklio : vase en pierre |
![]() Musée archéologique d'Iraklio : rhyton |
![]() Musée archéologique d'Iraklio : acrobate (ivoire) |
Musée archéologique d'Iraklio : cratère en pierre
![]() Visite du site de Phaestos |
Au réveil sous un beau
soleil, nous découvrons que les princes de Phaestos
avaient vraiment eu bon goût pour choisir l'emplacement
de leur palais. Les vestiges occupent un éperon
surplombant la campagne environnante, avec vue sur le
mont Ida en arrière fond... Le palais lui-même, fouillé
par l'École Italienne d'Archéologie, est en meilleur
état que celui de Malia mais présente lui aussi
l'organisation minoenne que nous commençons à
reconnaître: agora, "théâtre", appartements du Roi et de
la Reine, cour centrale, magasins, etc... Le plan ici
particulièrement clair, notre quasi solitude,
l'environnement superbe, tout concourt à faire de cette
visite une partie de plaisir.
|
![]() Phaestos : bâtiments donnant sur la cour centrale |
![]() Phaestos : cratère fleur |
Phaestos : les escaliers/gradins du théâtre
Nous dirigeant ensuite vers Skafia sur la côte sud-est, nous embarquons un couple d'Allemands auxquels nous offrons 100 km d'une route accidentée, parfois sportive, qui serait fort belle n'étaient-ce la pluie diluvienne et le vent violent qui ne nous lâchent pas. Nous suivons la route de corniche jusqu'à Frangokàstelo où nous descendons près du rivage voir son château fort vénitien très cinécolor. Il garde un petit port déserté dans un cadre de bout du monde où tout semble à l'abandon. L'enceinte de pierre jaune coupe à peine les rafales et nous devons nous cramponner pour ne pas être emportés... |
![]() Frangokastelo |
Un peu plus loin, Skafia occupe un joli site, mais a tout perdu de ce que devait être son opulence lorsqu'elle commerçait avec l'Afrique. Ne demeure qu'un pauvre petit port de pêche qui vend ses derniers charmes aux touristes. Nous échangeons nos adresses en quittant cordialement nos invités allemands venus faire une grande randonnée pédestre dans les spectaculaires gorges de Samaria***. Puis, laissant la mer de Lybie derrière nous, nous attaquons la traversée de la Crète vers le nord. La remontée du profond ravin à pic de Lefka Ori ne laisse pas d'impressionner dans la tempête qui se poursuit. Nous craignons même un moment de rencontrer de la neige, mais celle-ci demeure quelques centaines de mètres plus haut sur les sommets.
Un petit tour dans l'ancienne Hania (La Canée) nous convainc qu'elle aussi a bien peu conservé de sa splendeur vénitienne passée. Après quelques recherches, nous trouvons effectivement un traversier pour Le Pirée, et à un prix inférieur à celui de Kastelli-Githio ! Nous sautons sur l'occasion. Comme il nous reste quelques heures avant l'embarquement, nous les employons à une balade sur les hauteurs jusqu'au petit parc entourant le monument dédié à Venizelos. Depuis son belvédère, la vue s'étend largement sur la région d'Hania, son port, la ville moderne et les Montagnes Blanches traversées hier soir.
En fin d'après-midi, nous redescendons au nouveau port de Souda où l'on nous fait monter sur un grand ferry tout neuf. Cette fois, il ressemble beaucoup plus à ceux de Scandinavie. Je m'installe à mon aise dans le camping-car pour passer la nuit, mais Monique veut d'abord faire un tour sur le pont "pour reconnaître les lieux". Elle revient accompagnée d'un gardien qui nous chasse, et je suis obligé de quitter mon cocon bien tranquille pour une salle à manger bondée, dans le bruit et la fumée des cigarettes.
![]() Entrée de l'Acrocorinthe |
Nous retournons aussi à
l'Acrocorinthe, bien dégagée aujourd'hui, pour en
entreprendre l'escalade à pied, la route n'étant
toujours pas carrossable jusqu'au bout. Vues
imprenables, perspectives fantastiques, etc..., c'est
vraiment un site ***, mais qui se fait mériter. La
montée dans les cailloux croulants du chemin médiéval
est difficile, et Mathieu abandonnera à la dernière
étape, renonçant à grimper jusqu'au temple d'Aphrodite
tout en haut de l'éminence.
|
Pourtant là-haut, quelle
vue immense ! Tout l'isthme de Corinthe s'étale sous nos
yeux entre les deux mers qu'il départage, tandis qu'au
premier plan s'élèvent les ruines de la place-forte
franque. Nous devons en franchir les trois portes
successives pour atteindre enfin le donjon au sommet du
mont. Puis nous errons un moment parmi les ruines éparses
où l'on trouve entre autres reste de citernes et petite
mosquée turque, jusqu'à gagner le sommet où se trouvait,
dans l'Antiquité, un temple dédié à Aphrodite. Il n'en
reste rien une petite colonne de béton |
![]() Mathieu et Monique au pied du fort franc |
Juliette sur les ruines du temple
d'Aphrodite, devant le Golfe de Corinthe s'étendant vers
l'Ouest
![]() Coucher de soleil sur le Pelopponèse depuis l'Acrocorinthe |
Dans le soleil
déclinant qui dore les vieilles pierres, nous regagnons
la Corinthe antique 500 mètres plus bas, les jambes un
peu lourdes mais les yeux pleins d'espace et de lumière.
La route d'Argos nous ramène à Mycènes où nous allons à
nouveau camper devant l'antique forteresse, lieu des
plus calmes et comme hors du temps.
|
Le soleil brille lorsque nous nous nous levons et contemplons une dernière fois la légendaire Mycènes depuis notre table de petit déjeuner. Hélas, la paix qui nous entoure n'inspire guère les enfants qui entament une énième chicane. Lassés de jouer les redresseurs de torts ou les Salomon, selon le cas, nous leur faisons descendre la colline à pied, seule façon de nous accorder quelques instants de tranquillité... La "conséquence" semble porter fruit puisque l'équipage garde un calme absolu tandis que nous parcourons la route d'Argos, puis celle de Nauplie par la côte. Le vaste paysage de plages est séduisant sous le soleil, mais le côté terre est dégueulasse comme d'habitude, et lorsque s'y ajoute quelques camps de romanichels, la mesure est à son comble...
Les ruelles et les placettes du vieux Nauplie semblent avoir gardé pas mal de leur charme vénitien. Cependant le mauvais état des maisons qui bordent le quai ne nous incite guère à visiter la vieille ville. En revanche les citadelles nous tentent. Nous faisons d'abord le tour de l'Acronauplie hérissée de ses fortifications franques et vénitiennes. Au pied d'une des tours défendant l'isthme, nous apercevons tout-à-coup des baigneurs sur la petite plage abritée d'Arvanitia. Monique et les enfants se changent rapidement et se lancent à l'eau. Fraîche mais bonne, paraît-il... Renseignements pris, les autres baigneurs sont des Polonais tout juste arrivés de leurs froidures septentrionales et fascinés comme nous par la douceur méditerranéenne !
![]() L'Acronauplie depuis le fort de Palamidi |
![]() Nauplie : l'îlot de Bourdzi |
![]() La plage et Palamidi depuis l'Acronauplie |
Nous attaquons alors
les 857 marches du fort Palamidi qui escaladent le
versant abrupt du rocher couronné par tout un complexe
défensif. La vue de là-haut s'épanouit sur l'ensemble du
golfe, grandiose. Les rocs couverts de figuiers en
fleurs, l'îlot fortifié de Bourdzi, les différents
remparts et bastions sur fond de mer et de montagnes
enneigées, le liseré des côtes du Péloponnèse au loin,
tout cela forme un magnifique sujet vidéo.
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![]() Porte en chicane de la Forteresse de Palamidi portant l'emblème de Venise |
![]() La forteresse de Palamidi vue d'avion |
Nous redescendons lorsque le soleil décline pour gagner Épidaure où nous nous installons directement sur le stationnement du site.
![]() |
La visite de ce haut
lieu médical et culturel sera comme la synthèse de tous
les autres.
|
Le cadre physique est exceptionnel : un vallon planté d'oliviers au creux de pentes douces qui centrent le regard sur le théâtre. Celui-ci, parce qu'il est dans un remarquable état de conservation, parle puissamment à l'imagination. Quant aux autres monuments, c'est une pitié de voir de tels tas de pierres dispersés dans la nature avec aussi peu de restaurations, ou du moins de mise en contexte... |
![]() Le vallon d'Épidaure où se trouvaient les installation thérapeutiques |
![]() Le théâtre d'Épidaure vu du ciel |
![]() Porte du théâtre d'Épidaure |
![]() Le théâtre d'Épidaure |
![]() Gradins du théâtre d'Épidaure |
![]() Reconstruction du tholos dans le Musée d'Épidaure |
![]() Dans le Musée d'Épidaure, une section de colonne du tholos bizarrement réassemblée «en raccourci» |
![]() Soubassements du tholos d'Épidaure Néréide à cheval dans le
Musée d'Épidaure
|
![]() |
Mais que dire du théâtre, rien que le théâtre où nous nous asseyons quelque minutes dans les fauteuils de marbre rose réservés aux magistrats ! Quelle merveille de design, d'esthétique comme de fonctionnalité ! Les enfants se font un plaisir d'expérimenter son acoustique en faisant tomber une pièce au centre de l'orchestre pendant que l'autre en écoute la chute tout en haut des gradins... J'ai rarement vu monument conjuguant comme celui-ci la beauté du cadre, la majesté des lignes et l'harmonie des proportions. Je n'ai qu'un regret, celui de ne pouvoir assister dans son enceinte à l'un des prestigieux spectacles de son fameux festival. |
![]() Le théâtre d'Épidaure dans tout sont développement, depuis le haut des gradins |
Le stade d'Épidaure
Sous le soleil du matin revenu, Méthana mérite plus que la mention dont j'usais hier soir, et je dois convenir qu'elle doit constituer une station de vacance très agréable l'été. Mais pour ce qui est du repos pendant l'hiver, on repassera : notre sommeil a été léger, bercé, pardon "brassé" qu'il fut par le ressac roulant les galets de la plage et par le vent jouant dans les agrès des voiliers italiens, allemands, anglais, français... |
![]() Portobelo, un petit port grec tout semblable à tant d'autres... |
Nous rattrapons ensuite Corinthe par une route agreste zigzaguant entre les cultures de glaïeuls et les orangeraies jusqu'à passer en arrière de l'Acrocorinthe, de si beau souvenir... Pittoresques points de vue sur la côte découpée et sur l'île de Poros, apparemment propre et soignée, que nous admirons depuis la rive continentale, les pieds dans l'habituel tas d'ordure ourlant le rivage...
![]() La plage de Parga |
Nous gagnons ensuite
Parga, pittoresque petit port au fond de ses criques,
avec ses maisons colorées escaladant sa colline, ses
ruelles et son quai manifestement très touristiques
quoiqu'arrangés avec goût au pied de son château.
Pendant que Mathieu se grille sur la plage, je répare
tant bien que mal les dégâts d'hier, raboutant les
tuyaux arrachés avec du sparadrap...
|
Îlot devant le village de Parga
Nous prenons alors le premier traversier disponible pour Kerkyra (Corfou). L'après-midi est à son mitan, le temps radieux et la mer est calme..., tous les ingrédients sont là pour une merveilleuse navigation. Pendant une heure trente, je filme les rivages, les vols de mouettes tournoyant derrière le navire ou se précipitant sur les petits morceaux de pain que les enfants leur lancent à la volée. Je fais aussi quelques zooms sur des têtes typées dans le grand salon, dont celle d'une femme corfiote en costume traditionnel; la couleur locale est au rendez-vous ! |
![]() Arrivée du ferry à Corfou |
En arrivant à la nuit, nous allons camper en plein centre de la
Spianada, la grande esplanade bordée d'arcades au coeur de la
ville de Corfou.
Corfou : arcades de la Spianada en soirée
Jeudi 5 janvier 1989 : de CORFOU à SIDARI
La nuit est un peu bruyante et le réveil matinal, comme il fallait s'y attendre en plein centre-ville ! Nous consacrons l'avant-midi à la visite de Kerkyra (Corfou) qui nous plaît beaucoup : vieilles maisons vénitio-grecques, arcades, ruelles pleines d'ambiance, gens aimables, propreté très inhabituelle à la Grèce, animation tout-à-fait "nature" des places et des rues. La balade s'achève en beauté par notre retour à la Spianada, entourée de ses jardins et du palais classique de l'ex-gouverneur anglais. | ![]() Corfou ville
(Kerkyra) : la citadelle et le monument Maitland
depuis le parc Spianada
|
Petit matin sur la citadelle de Corfou
![]() Porte de la
vieille citadelle vénitienne de Corfou
|
![]() Soirie d'un paravent japonais dans le Palais du Gouverneur converti en Musée |
![]() Les toits de Kerkyra |
![]() Rue de Kerkyra |
![]() Rue de Kerkyra |
![]() Rue Theotoki, la Grande rue de Kerkyra |
Vers midi, nous prenons la route du nord en direction de la baie de Gouvia et des plages d'Ipsos; en soi elles sont belles mais vraiment très touristiques et trop proches de la route. |
![]() Corfou : plage d'Ypsos |
![]() Corfou : l'anse de Sidari |
Nous gagnons enfin la plage de Sidari, dite aussi Canal d'Amour, dont les strates sableuses ocre jaune usées par la mer forment plusieurs petites anses et calanques miniatures fort originales. Avançant le camping-car sur le sable bien compact, nous stationnons directement sur la plage, devant un village à touristes désert. |
Sidari : le Canal d'Amour
![]() Plage du Canal d'Amour à Sidari en été |
La nuit nous plonge dans
la grande paix des étendues marines, seulement rythmée par
un faible ressac. Au matin nous partons en balade sur le
rivage très découpé, comme sculpté par la mer : le sol est
composé de sédiments jaunes friables que l'eau ronge sans
cesse, créant îlots et promontoires ruiniformes
tout-à-fait insolites, grottes marines et gouffres au fond
desquels clapotent les eaux particulièrement tranquilles
aujourd'hui.
|
Le soleil joue sur les courbes régulières du sable accumulé au fond des anses. Dans ces tièdes et lumineuses solitudes, comme on se sent loin des froidures montréalaises, de la promiscuité triviale du métro et de la corvée de pelletage après la dernière tempêtes de neige... |
![]() « Notre » plage du Canal d'Amour en fin d'après-midi |
![]() Corfou : au-dessus de Paleokastritsa |
Une route étroite, sinueuse et très mal signalée nous fait gagner ensuite Paleokastritsa. |
Le but en vaut la peine : une haute côte rocheuse super découpée
délimite d'agréables petites plages au fond des calanques.
![]() L'anse de Paleokastritsa sur l'île de Corfou |
![]() Baignade dans les eaux claires de Paleokastritsa |
L'eau est cristalline au pied des rochers acérés... | ![]() |
![]() Le monastère perché dans les rochers au-dessus de la plage de Paleokasritsa |
...le minuscule monastère
orthodoxe tout blanc sur son promontoire déborde de charme
avec ses fleurs et ses chats.
|
![]() |
![]() La cour fleurie du monastère de Paleokasritsa |
Bien que le site soit relativement propre (contrairement à Sidari), la sur-construction hôtelière, les "rooms to let" au détour de tous les virages, les guinguettes moussaka - souvlaki - pizza "friendly service - normal prices" (!) finissent par taper sur les nerfs et oblitérer une nature pourtant superbe.
Nous grimpons ensuite à Lakones, village-balcon d'où se déploie un panorama spectaculaire sur toute la côte ouest de l'île. Nous continuons jusqu'à Krini. On y retrouve le délabrement maintenant habituel des villages grecs. Une rapide balade à pied dans l'olivaie derrière les masures nous fait entrevoir les murs ruinés du château vénitien d'Angelokastro, nid d'aigle juché sur son rocher solitaire auquel nous n'aurons pas cependant le courage de nous attaquer.
Le soir tombe lorsque nous redescendons
dans la plaine. Traversant la campagne paisible où sont
dispersées des maisons neuves dans le style local (arcades
et toits de tuile romaine), nous gagnons le village de
Pélekas. Virant dans ses ruelles étroites, nous nous
élevons jusqu'au belvédère du "Trône du Kaiser" d'où l'on
embrasse un superbe panorama sur le centre de l'île
progressivement noyé dans la pénombre. Enfin, dans la nuit
maintenant bien établie, nous dégringolons les lacets
accentués menant à la plage de Glifada en contrebas pour y
stationner près d'un autre village à touristes.
|
![]() Plage de Glifada en soirée |
Samedi 7 janvier 1989 : de GLIFADA à IOANINA
Après un tour sur la plage (sale) et dans le village à touristes (charmant) de Glifada, pour lequel la baie montagneuse forme un écrin naturel somptueux, nous remontons admirer le panorama très vaste englobant l'île au dessus de Pelekas.
Brume et ciel couvert nous accompagnent jusqu'à l'Achileïon, l'ancien palais de vacances de l'impératrice Elizabeth d'Autriche (Sissi). Le cadre est superbe (pentes couvertes d'oliviers et de cyprès, parc fleuri et palmiers), la vue étendue, et le palais néo-classique a beaucoup d'allure... |
![]() |
Entrée de l'Achileion, le palais d'été d'Élisabeth
d'Autriche à Corfou
Façade de l'Achileion, le palais d'été d'Élisabeth
d'Autriche à Corfou
Mais l'ensemble est dans un état de délabrement
lamentable qui laisse mélancolique et désabusé vis-à-vis des
gérants de ce monument : l'État grec via l'O.T.E. Il y a bien
quelques échafaudages accotés aux façades lépreuses, mais pas un
ouvrier sur les planches...
Le grand escalier de l'Achileion à Corfou
![]() Colonnade de l'Achileion côté jardin |
![]() Héros et dieux dans les jardins de l'Achileion à Corfou |
![]() Dans les jardins de l'Achileion à Corfou |
![]() Dans les jardins de l'Achileion à Corfou |
![]() Achille blessé dans les jardins de l'Achileion à Corfou |
Les statues de marbre sont
progressivement rongées par des champignons noirâtres, les
colonnes de stuc croulent, les escaliers reliant les
terrasses des jardins sont disjoints et leurs marches
partent à la dérive...
|
Avant de regagner la ville de Corfou,
un détour par la pointe de Kanoni s'impose. Une dernière
déception nous y attend : les photos d'agences
touristiques mettent toujours en évidence les deux
charmants îlôts de Vlaherna et de Pondikonissi au milieu
de la jolie lagune d'Halkiopoulos; elles omettent
complètement la piste et les phares d'atterrissage de
l'aéroport aménagé dans la baie qui défigurent
complètement le site...
|
![]() L'Îlot de Vlacherna près de Kanoni, une vue idéale... |
![]() À Kanoni, monastère Notre-Dame de Blachernes |
![]() Maison de la Société de lecture de Kerkyra |
Plus rien ne nous retient dans l'île dont nous avons le sentiment d'avoir découvert presque toutes les beautés, mais dont le plus grand charme réside probablement dans son climat d'une douceur surprenante.
![]() Les murs de Kerkyra en allant vers le port |
![]() Le port de Kerkyra |
Un petit tour près du port aux ruelles étroites mais sales, aux maisons typées mais décrépites, et nous rembarquons sur le ferry à destination d'Igoumenitza. |
![]() Ruelles de Kerkyra près du port |
Cette balade à Corfou n'aura que confirmé notre
impression d'ensemble sur la Grèce : c'est un pays superbe, doué
d'un extraordinaire patrimoine, mais massacré par une exploitation
touristique anarchique et sans goût à laquelle s'ajoute le
laisser-aller et la négligence de ses habitants...
![]() Canyon en Épire |
De retour à Igoumenitza, nous abandonnons la Méditerranée pour prendre la direction de Ioanina à l'intérieur des terres. Une excellente route panoramique franchit les montagnes de l'Épire. Il est malheureusement trop tard pour filmer les profondes vallées et les cimes qui se fondent dans un brouillard bleuté. |
Après avoir difficilement trouvé du gasoil à la carte (Visa) et fait provision de lave-glace antigel (introuvable en Yougoslavie), nous achetons quelques échantillons de vin grec pour Jean Boissier, épuisant ainsi nos dernières drachmes. Dans la nuit noire nous atteignons enfin Ioanina et montons camper sur le belvédère du Pavillon du Tourisme au dessus de la ville.
Au matin, la brume a envahi le lac et
la vallée, rétrécissant le paysage et laissant à peine
dépasser les sommets des hautes montagnes
alentour. Après une brève balade sous les remparts
de la vieille ville au bord du lac couvert de glace, je
jette un coup d'oeil à la mosquée Aslan Aga flanquée de
son élégant minaret. Dans les ruelles voisines on
reconnait le style turc des petites maisons à leurs
balcons de bois et à leurs toits débordants.
|
![]() Maison turque de l'Épire avec balcon traditionnel |
Décor turc d'une maison traditionnelle de l'Épire
Nous prenons enfin la route de la frontière par une vallée qui devient de plus en plus sauvage au fur et à mesure qu'elle s'élève dans les montagnes de l'Épire. Bientôt les pentes blanchissent, nous sommes entourés d'une mince poudre blanche qui heureusement ne tient pas. La route, très sinueuse, est cependant fort bien dessinée, et ce n'est qu'après Kozani où nous faisons le plein qu'elle présente des plaques de glace gênantes. Nous passons néanmoins sans devoir monter les chaînes et, vers 17:00, nous franchissons la frontière yougoslave à Niki.
Retour en France par Belgrade et l'Italie
Dimanche 8 janvier 1988 : de IOANINA à GRADSKO (Yougoslavie)
Les douaniers grecs sont tout aussi désagréables que lors de notre entrée dans leur pays, nous faisant poireauter 10 minutes sans raison avant de nous laisser passer. De plus la banque est fermée et nous devons conserver par-devers nous les quelques drachmes qui nous restent. En revanche les Yougoslaves sont charmants, rapides et le changeur efficace. L'état de la route, là aussi, est très différent puisqu'elle est impeccablement dégagée. Décidément dans ce sens aussi on voit le changement en sortant de Grèce...
Nous gagnons Bitola puis grimpons les 990 mètres
de pavés du col de Pletvar sans difficulté quoique dans la nuit.
Nous allons enfin dormir au pied du col à Gratsko, sur le
stationnement d'un hôtel qui voudra bien jouer les terrains de
camping et nous réclamera la somme colossale de 15 000 dinars,
soit 3.50 $...
Lundi 9 janvier 1989 : de GRATSKO à BELGRADE
![]() Pont de Mostar |
Nous attaquons tôt notre remontée rapide vers le nord, d'autant plus qu'il fait frisquet et que de la neige à peine fondue encadre une chaussée cependant bien dégagée. La voie est rapide et en bon état. Nous suivons d'abord une vallée assez sinueuse où il est difficile de doubler les très nombreux camions. |
A partir de Leskovac, la route devient plus facile; nous arrêtons quelques minutes à l'aéroport de Nis pour changer un peu d'argent. Heureuse ressource que cet aéroport, car le péage des 54 kilomètres d'autoroute actuellement en service près de Skopje, ajouté aux 150 kilomètres de Nis à Belgrade, nous coûte 250 000 dinars, soit près de 60.00 $ ! | ![]() |
Vers 16:00, nous arrivons sans problème à Belgrade dans une grisaille sinistre. Stationnant en plein centre sur la place de la République, nous pataugeons pendant deux heures dans la neige fondue pour aller retirer de l'argent avec notre carte Master-Card, acheter quelques livres d'art à un prix ridicule (notre dollar a gagné 25 % en un mois !), et téléphoner à Maman qui commençait à s'inquiéter de notre silence. Puis nous allons camper sur le quai au bord de la Sava, près de son confluent avec le Danube, dans un grand parc juste devant le Musée d'Art Moderne : le grand calme.
Mardi 10 janvier 1989 : BELGRADE
Petit coup d'oeil au musée - hélas fermé le mardi - dont j'admire quelques bronzes de Mestrovic exposés à l'extérieur. Retournant au centre-ville, nous suivons l'itinéraire recommandé par le Guide Bleu. Il nous mène dans les parcs puis à la citadelle de Kalemgad. Nous y visitons longuement le Musée de la Guerre, au grand plaisir de Mathieu, mais au grand dam de Monique lassée de cet accumulation d'armes... | ![]() Mère et enfant par Mestrovic devant le musée fermé... |
![]() Parc du château : Monument à la Victoire (Mestrovic) |
Depuis la terrasse du
château se déploie un large point de vue sur les
nouveaux développements de la ville jusqu'au grand
fleuve en arrière, le Danube. Mais il reste bien peu de
monuments réellement intéressants, la ville ayant
quasiment été rasée lors de la dernière guerre.
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Vers 13:30 nous regagnons la place de la République pour parcourir les galeries du Musée National : se distinguent quelques belles pièces préhistoriques et antiquités gréco-romaines, une section médiévale plutôt confuse d'où émergent quelques icônes remarquables, des statues intéressantes de Mestrovic (quoiqu'un peu quelconques à côté de celles présentées dans son palais de Split...) et, dans les peintures, quelques impressionnistes yougoslaves et français assez séduisants.
![]() Visite du Musée National de Belgrade |
![]() Musée National : char votif datant du XIème siècle |
Nous faisons un dernier tour sur la grande rue piétonnière du centre bordée de façades baroques. Elle nous laisse une impression un peu triste et terne malgré son animation. J'y trouve encore quelques livres, puis vais placer une demande d'affiches à l'Office du Tourisme Yougoslave où l'on m'accueille très gentiment. Nous retournons enfin à notre campement d'hier soir où nous passons une autre nuit bien tranquille.
Mercredi 11 janvier 1989 :de BELGRADE à
LUBLJANA
A l'Office du Tourisme, on m'a préparé un gros
rouleau de posters bien ficelé. Les employés, cordiaux, discutent
un moment de leur beau pays, de notre voyage qui les intrigue, les
laisse étonnés et un peu envieux. Ils nous laissent partir en nous
invitant à revenir pendant une saison plus clémente... Voilà un
accueil bien différent de celui de celui d'Athènes ! Nous
reprenons la route. Après une heure de détours dans le brouillard
et les faubourgs très mal signalisés, nous finissons par trouver
et nous engager sur l'autoroute de Zagreb.
Nous filons alors pied au plancher à 95-110 km/heure. La route, plate, traverse une immense plaine qui semble parfaitement cultivée en champs très étendus. Nous évitons Zagreb et poursuivons. Cette fois, plus d'autoroute, mais toujours autant de camions. Comme le relief est plus accidenté et donc la route plus sinueuse, la conduite devient plus stressante avec des doublages continuels et toujours à recommencer. |
![]() La campagne bosniaque après Zagreb |
A 17:30 nous arrivons à Lubljana. Quelques achats, de vin en particulier, nous permettent de liquider nos dinars excédentaires. Il fait assez frais (5° C), mais la neige de notre première visite a disparu, ce qui améliore encore l'excellente impression que nous avait laissée cette jolie ville presque autrichienne. Ayant la chance de trouver une place de stationnement sur le quai en plein centre, juste en face du pittoresque marché, nous nous y installons pour la nuit.
Jeudi 12 janvier 1989 : de LUBLJANA à VENEZIA (Italie)
Levés à 7:00 bien reposés, nous partons achever notre exploration du centre ville de Lubljana. Nous ne l'avions pas complété il y a 6 semaines car le froid nous en avait alors dissuadés. Nous dirigeant du côté de la place de la Révolution, nous passons devant la façade massive de l'église des Ursulines, longeons la colonnade classique de la Philharmonie et découvrons la vieille Université. Au retour, nous traînons un peu sur les quais décorés de façades néoclassiques colorées et de sculptures ou ferronneries du siècle dernier. De l'autre côté de la rivière, la masse du château domine le site, et nous demeurons sous la protection omniprésente de sa Tour de l'Horloge. Je fouille encore quelques librairies pour trouver certains volumes en français sur ce pays si captivant, mais rien ne sert de traîner, il faut enfin se résoudre à partir.
Nous profitons de ce que nous connaissons déjà le chemin de l'usine à gaz pour faire remplir notre bouteille de propane à un coût dérisoire. Puis nous filons sur l'autoroute vers Trieste. Le temps, clair ce matin, devient de plus en plus gris et, lorsque nous passons la frontière après avoir fait le plein de gasoil et de vin (ils sont tous deux d'un prix également bas...), nous tombons dans le brouillard. Dans ces conditions Trieste et son superbe golfe demeurent pour nous méconnus, comme la longue autoroute de plaine que nous empruntons ensuite pour gagner Venezia (Venise). Nous nous arrêtons dans l'obscurité le long d'une rue à Mestre, juste au bord de l'eau.
Vendredi 13 janvier 1989 : de MESTRE à SAINTE-FOY-LES-LYON (France)
Au réveil après une nuit paisible (décidément ces quartiers bourgeois à grandes propriétés sont vraiment des lieux de séjour idéaux pour nous !), nous tentons vainement d'apercevoir Venise dans la brume. Mais au bout du quai l'horizon s'arrête à quelques dizaines de mètres sur les vaguelettes grises de la lagune, réduisant à néant nos projets d'excursion en vaporetto. Nous décidons donc de rentrer directement à Lyon.
Nous rattrapons l'autoroute à la sortie de Mestre pour une autre journée monotone de "roulage" à travers la plaine du Pô, dans le brouillard intermittent. De temps à autre des éclaircies laissent entrevoir de vastes exploitations agricoles plantées d'arbres fruitiers, de vignes ou de céréales. L'autoroute superbe évite les villes, nous ne faisons donc qu'effleurer du regard les panneaux signalant Cremona, Padova, Brescia, Torino, Milano..., autant d'illustres cités que je dépasse sans détour ni visite. J'en ai un peu de regret, mais ce sera pour une autre fois... Le soleil réapparaît enfin en abordant le val d'Aoste, et le paysage devient admirable dans cette profonde vallée parsemée de forts de toutes époques.
Les gorges se creusent, les pentes s'accusent, la haute montagne prend la vedette. L'énorme masse enneigée du Mont Blanc se rapproche jusqu'à occuper tout le champ de vision... et l'autoroute déclare forfait ! Nous retrouvons une route à 2 voies et 50 kilomètres de sauts de puce derrière les nombreux camions gagnant le tunnel du Mont Blanc. Le passage de la frontière ne pose pas de problème, après une contravention des carabiniers pour doublage d'un poids lourd particulièrement lent sur une ligne continue...
L'entrée en France se signale par un
extraordinaire ouvrage d'art reliant Chamonix à la vallée
plusieurs centaines de mètres plus bas. L'on y achève une
autoroute qui mènera jusqu'à la porte du tunnel international.
L'ampleur des travaux est stupéfiante. Nous continuons ensuite
vers Annecy via la magnifique autoroute des Alpes où nous voyons
le soleil se coucher sur les montagnes. Nous sommes maintenant en
terrain connu, et les sorties défilent, nous rapprochant
inéluctablement de Sainte-Foy où nous arrivons vers 19:00. Ouf !
La plus grosse étape d'une traite (Venise-Lyon : 740 km) en 10
heures se termine confortablement, mais avec un peu de fatigue.
LA GRÈCE DE RÊVE QUE NOUS
N'AVONS JAMAIS VUE...
CELLE DES CARTES POSTALES ET DES AFFICHES TOURISTIQUES !La plupart des photos qui suivent ont été prises à Thera (Santorin) et illustrent un monde mythique, celui des îles enrichies par le tourisme essentiellement étranger (voir l'inscription VERBOTEN ! sur une cheminée). Jamais nous n'avons vu en Grèce tant continentale qu'insulaire de paysage aussi pur, aussi net et aussi parfait dans sa blancheur et son dépouillement... |
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Les dernières images montrent une
Grèce plus prosaïque, plus proche du quotidien
réellement aperçu dans les ruelles des villages
parcourus. Simple, vraie, belle. Celle dont nous voulons
garder le souvenir et qui nous invitera toujours à un
éventuel retour...
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