Dimanche
18 septembre 1988 : de NAANTALI à BERGSHAMRA (SUEDE)
Cette fois-ci nous nous levons tôt (7:30 !) pour embarquer sur
le ferry après une nuit des plus tranquilles. L'énorme navire
quitte le quai à 10:00 et nous serpentons lentement durant
deux heures entre les îles et îlots rocheux de l'archipel
jusqu'à la pleine mer.
Îlot sur la
Baltique
|
Au large, les flots
sont calmes avec une légère houle. Les autres ferry de
Turku et de la compagnie concurrente Sijlna se suivent
et se doublent pendant cinq heures jusqu'aux îles
Marianhamina. Nous sommes dans la partie soit-disant
la plus agréable de la Baltique, pourtant qu'elle nous
parait dure et grise... Une courte escale pour
embarquer les touristes du week-end, et l'on repart
pour encore une heure trente d'une traversée qui nous
aura paru interminable et monotone. |
Nous roulons un peu pour reprendre contact avec la terre après
ces huit heures et demie d'eau froide et plate. Cette région
de la Suède où nous avons abordé nous apparait plutôt douce et
riante, légèrement vallonnée, avec des alternances de boisés,
de prairies et de champs cultivés, le tout dans des couleurs
d'automne débutant. Empruntant un petit chemin de traverse sur
la route de Stockholm, nous allons dormir au bord d'un étang,
sur le stationnement d'une baignade maintenant fermée.
Lundi 19 septembre 1988 : de BERGSHAMRA à STOCKHOLM
S'il a fait un peu frais cette nuit - serait-ce déjà la fin de
l'été ? - le ciel dégagé nous promet une autre belle journée
rayonnante aujourd'hui. A peine en route dans notre agréable
campagne, nous nous arrêtons dans la petite ville d'Akerberga.
Les constructions basses sont aérées et modernes, l'ambiance
sympathique et chaleureuse. Nous tentons - vainement - de
retirer de l'argent avec notre carte Master-Card et Monique
cherche remède à des démangeaisons et éruptions persistantes
auprès d'une pharmacienne francophone. Abordant sans tarder la
grande banlieue fort agréable de Stockholm, nous arrivons
bientôt dans la capitale suédoise.
Centre de
Stockholm vu du ciel
|
Centre de Stockholm
|
Nous nous dirigeons
aussitôt vers le Tourist Information où, surprise,
l'accueil est non seulement très courtois, mais en
français ! Je ne suis pas fâché d'abandonner un peu
mon anglais laborieux. On nous indique rapidement
notre banque correspondante qui se trouve dans le
quartier d'affaires près du quai. Nous en revenons en
suivant le bord de l'eau; cette grande ville nous
charme tout de suite : bien que très active, elle
semble avoir conservé un rythme et un "visage" humain.
Les immeubles, de styles et d'époques très disparates,
affichent un air cossu et soigné, les rues sont
propres sans être austères, les gens prennent le temps
de respirer, de sourire et de parler dans des parcs et
des jardins qui abondent. |
Les vieux quais de Stockholm
|
Mathieu et Juliette ne manquent pas de repérer dans un immense
magasin de jouets une exposition du Lego World Show consacrée
aux grandes explorations. Nous allons y faire un tour puis,
après avoir un peu flâné dans le centre moderne de la ville,
nous nous consacrons à la corvée du blanchissage des trois
dernières semaines. Le lavage dans une buanderie automatique
nous occupe jusque vers 18:00. Nous décidons alors de nous
aérer un peu en montant voir le panorama sur la ville depuis
le sommet de la tour de Kaknës (128 mètres). Nous nous rendons
jusqu'à sa base mais, affamés, nous commençons par souper sur
le terre-plein. Lorsque la vaisselle est terminée, il fait
trop sombre et nous ne pensons plus qu'à nous coucher... Nous
choisissons le stationnement du Musée Maritime comme point de
chute et y trouverons une paix idéale durant nos trois nuits à
Stockholm.
Mardi 20 septembre 1988:STOCKHOLM
Nous retournons dans le centre;
après un moment passé au Tourist Inform pour réserver
un tour de ville en bus (auquel nous renonçons vu le
coût), nous marchons vers la Maison de la Culture,
puis dans les rues commerçantes en arrière où j'achète
une autre cassette vidéo 8 à 32.00 $ ! Nous nous
rendons jusqu'au Design Centre, fort décevant (aucune
exposition matérielle, seulement quelques bleus
d'architecte), puis rentrons déjeuner au camping-car
sur le quai. |
Stockholm : les quais du centre ville
|
Je suis alors abordé par le Délégué commercial du Québec qui a
vu nos couleurs fièrement arborées sur le camion et m'invite à
aller rencontrer le personnel de la Délégation... Nous y
passons et y demeurons un bon moment à discuter avec la
secrétaire qui nous accueille fort gentiment. Cadeaux
d'affiches, d'écussons... mais le Délégué est en dîner
d'affaire et nous ne pourrons l'attendre plus longtemps.
Le vieux Stockholm (Gamla Stan) vu du ciel
Stockholm : la place au centre de Gamla Stan
Stockholm : le Palais royal
|
Stockholm : visite du Palais royal
|
En route pour la vieille ville Gamla Stan où nous sommes
d'abord attirés par le Palais Royal; nous y visitons
l'"Armoirie Royale", installée dans les anciennes écuries des
souverains. On y expose un ensemble de carrosses richissimes,
d'armures et de souvenirs royaux comme la chemise tachée de
sang d'un roi de Suède tué à la tête de ses troupes.
Armoirie de Stockholm : cheval blanc à la
crinière tressée
|
Armoirie de Stockholm : attelage de
carrosse
|
Armoirie de Stockholm : armure de Gustav
Vasa
|
Armoirie
de Stockholm : armure de tournoi
|
On peut aussi y admirer les plus belles pièces de la
garde-robe des anciens Rois de Suède. Spectacle moyennement
impressionnant...
Armoirie de Stockholm : costume du
couronnement
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Stockholm : la reine Sylvia et le Prince
consort
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Puis nous faisons le tour de la Storkirkan, superbe église
royale où ont lieu les couronnments mais qui ferme quelques
minutes plus tard...
Stockholm : mariage de la reine Sylvia
dans la Storkirkan
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Stockholm : la veillie ville et Storkirkan
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Stockholm : banc royal dans la
Storkirkan
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Stockholm : St Georges et le dragon
dans la Storkirkan
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Stockholm : place dans Gamla Stan
|
Nous
poursuivons par une promenade à pied dans le vieux
quartier joliment restauré. Il est plein d'antiquaires
spécialisés très attirants, mais hélas fort chers
(petits vases modern style, accastillages de vieux
bateaux à voile...). Nous rentrons fourbus au
camping-car où nous soupons avant d'aller nous
installer pour la nuit sur notre stationnement
préféré.
|
Mercredi 21 septembre 1988 : STOCKHOLM
A 10:00 nous sommes
devant l'Hôtel de Ville, une énorme bâtisse datant de
1903, très monumentale, où se multiplient salles de
réceptions et d'apparat au riche décor. C'est là
qu'ont lieu en présence de la Reine les cérémonies de
la remise des prix Nobel. Elles sont suivies d'un
grand banquet réunissant plus de 1 000 convives dans
un immense hall avec galerie où jouent des
musiciens... Décidément ces bourgeois suédois savent
vivre... |
Stockholm : le Stadhus (hôtel de ville)
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Stockholm : la Salle d'Or du Stadhus
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Stockholm : silhouette du Stadhus au
coucher du soleil
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Stockholm : dÉcor du Stadhus représentant
la pêche
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Stockholm : le grand hall bleu du Stadhus,
là où sont remis les Prix Nobel
|
Stockholm : le Stadhus
Nous rencontrons pendant notre visite 3 jeunes Québécois très
sympathiques auxquels nous offrons un passage jusqu'au palais
de Drottningholm. Nous voilà donc partis pour la résidence
d'été de la famille royale de Suède qui se trouve à une
vingtaine de kilomètres du centre-ville, dans un grand parc
avec pièces d'eau et dépendances. Le théâtre de bois est
tout-à-fait authentique, avec ses décors et sa machinerie du
XVIII
ème (que nous ne
verrons malheureusement pas). Le château en revanche nous
laisse avec une impression de toc, genre "petit prince du Nord
qui veut en mettre plein la vue, mais n'a pas les moyens" :
faux marbre, fausse pierre, fausses statues antiques....
Le palais de Drottningholm
Jardin à la française du palais de Drottningholm
Les jardins à la française et le palais de
Drottningholm
|
La famille royale dans le jardin du palais
de Drottningholm
|
Le petit opéra royal de Drottningholm
Le petit opéra royal de Drottningholm
De retour à Stockholm, nous nous dirigeons vers la banlieue
sud pour faire remplir notre bouteille de propane dans un
petit atelier, mais le délai, trop long, nous y fait renoncer.
Nous allons alors faire un tour dans le plus grand IKEA du
pays; l'architecture circulaire est intéressante, le choix et
la présentation des produits extraordinaires. Quand ce
diffuseur de décidera-t-il à dessiner un camping-car ?
Jeudi 22 septembre 1988 :
de STOCKHOLM à NORRKOPING
Nous retournons au Palais Royal pour compléter notre visite de
l'église royale et pour un dernier petit tour dans Gamla Stan;
c'est un plaisir que de parcourir les Appartements de
Bernadotte, charmants et agréables, mais nous apprécions moins
les Appartements d'Apparat trop grandioses, d'un rococo
vraiment dépassé et un peu terni.
Stockholm : relève de
la garde au Palais royal
|
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Après une relève de la garde folklorique et peu martiale tant
ces militaires aux cheveux longs nous paraissent débonnaires,
je reste à écouter de la musique - pour une fois où je peux
être seul - dans le camping-car pendant que Monique et les
enfants vont voir le trésor royal; ils reviennent un peu
déçus...
Trésor royal de Stokholm : les trois
couronnes de 1771
|
Trésor royal de Stokholm : insignes d'Éric
XIV
|
Trésor royal de Stokholm : couronne de Charles X
Trésor royal de Stokholm : couronne de la Reine
Marie
Le temps devient de plus en plus maussade. Aussi, après un
dernier tour dans la vieille ville, décidons-nous de prendre
la direction du sud. Le manque de guide - 55,00 $ le Guide
Bleu ! - nous handicape quelque peu et nous passons une heure
à fouiller dans la documentation remise par l'Information
Touristique (bien peu pratique) pour tracer un itinéraire
intéressant. Finalement nous repassons près du centre d'achat
IKEA, après moult embouteillages puisqu'il est presque 17:00.
Traversant plusieurs cités dortoirs massives et denses (nous
sommes loin de l'urbanisme finlandais...), nous nous rendons
jusque dans la banlieue de Norrköping où nous stationnons dans
un lotissement résidentiel face à un marais.
Vendredi 23 septembre 1988 :
de NORRKOPING à VAXJO
Nuit excellente quoique humide (moins à cause du marais que de
la pluie...). Nous décidons de faire le tour du Lac Roxen via
la toute petite route de Roxenbaden, après un bref arrêt
devant les pittoresques écluses du canal de Gotä. Notre chemin
s'avère très rustique et sauvage, traversant bois et landes;
il ressemble bientôt davantage à une piste forestière qu'à une
route touristique. Bien que craignant un peu de nous être
égarés, nous poursuivons et finissons par aboutir à un château
non identifié sur notre carte... La Suède du sud nous parait
cultivée intensivement dans ses moindres recoins, entre les
roches affleurantes et les bois touffus. Les paysages
demeurent souriants, doucement ondulés, l'herbe grasse et les
labours partout en cours. Nous venons à bout de sortir de
notre détour rural pour rattraper la grand route qui nous mène
à Linköping.
Nous bifurquons alors vers le lac Vättern et montons au parc
de Vatterland. Malheureusement le temps est complètement
bouché et la visibilité très réduite; pourtant le paysage dans
les éclaircies nous paraît splendide : petits villages groupés
autour de leur clocher mais dispersés dans la plaine au
dessous de nous jusque sur les rives du lac... Il se met
bientôt à pleuvoir et nous renonçons alors à jouer plus
longtemps les touristes; nous roulons donc sans arrêt vers le
sud jusqu'à la grande ville de Växjö où nous arrivons dans la
nuit et sous la pluie. Nous y campons dans un très beau
quartier résidentiel, devant un parc.
La Route
du Verre et la côte sud de la Suède
Samedi 24 septembre 1988 :
de VAXJO à KALMAR
Bonne nuit... sous la bruine qui se poursuit. Le temps restant
décevant, nous commençons la "Route du Verre" par la visite du
Musée du Smäland à Växjö; y sont exposées quelques très belles
pièces provenant des verreries de la région. Ma préférence va
aux plus simples et aux verres colorés, les plus poétiques et
porteurs de rêve.
Paysage typique de lacs et de forêt
boréale
|
Puis nous prenons la
route vers l'est sans beaucoup d'informations, le
Tourist Byro étant fermé le samedi ! Roulant dans une
vaste forêt de pins, nous faisons une première étape à
Strombergshyttan; pas d'atelier de souffleurs de
cristal ici, mais un magasin bien fourni où les
créations récentes de Kosta Boda nous plaisent
beaucoup. Cependant notre budget très réduit nous fait
hésiter à effectuer des emplettes pourtant peu
coûteuses... |
Peintre sur verre à Strombergshyttan
La riche boutique de Strombergshyttan...
Toujours sous la pluie, nous gagnons ensuite la fabrique de
Kosta où nous arrivons à la fermeture... Nous reviendrons
lundi pour observer les verriers au travail, comme à Orrefors
où nous passons aussi pour vérifier les horaires.
Dans un vent
progressivement plus violent, nous gagnons enfin la
petite ville côtière de Kälmar; son château-fort isolé
sur son île nous attire d'abord, flanqué de ses tours
au milieu des vagues. Fermé lui aussi ! Après un tour
assez bref dans la vieille ville qui nous paraît
plutôt morte en ce samedi soir, mais où tout est net
et rangé comme un décor de cinéma attendant le
tournage, nous allons stationner sur le quai, devant
une Baltique de plus en plus mauvaise. |
Le château de Kälmar
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Dimanche 25 septembre 1988 :
de KALMAR à la plage
d'ALEKLINTA, île d'OLAND
Le grand pont menant à l'ïle d'Oland
|
Après une nuit toute de
pluie et de vent, le soleil finit par apparaître
lorsque nous passons le pont long de 6,4 kilomètres
(record d'Europe !) menant à l'île d'Oland dont nous
voulons faire le tour. |
Le pays est très pittoresque, la mer toujours en vue ou jamais
loin. Un peu partout on repère des pierres runiques et des
champs funéraires viking où parfois des pierres disposées en
forme de drakkar identifient la sépulture d'un notable.
Plus récentes, de charmantes petites églises isolées sont
entourées de leur cimetière romantique. La lande au centre et
au sud de cette île longiligne est semi-désertique, parcourue
par des moutons en grand nombre, tandis que le nord et la côte
sont cultivés de façon intensive autour de dizaines de petites
fermes basses qui semblent prospères. A tout moment des
moulins à vent ponctuent le paysage de leurs tours et de leurs
ailes squelettiques, et si l'on ajoute les vaches qui elles
aussi abondent, on se croirait parfois en Hollande...
Les enfants découvrent une pierre runique
perdue dans les champs
|
Cimetière viking, avec la tombe d'un chef
en forme de drakkar
|
Nous enfonçant dans les champs à Karlevistenen, nous allons
voir de plus près 3 pierres runiques isolées dont Mathieu se
fait un devoir de relever méticuleusement les inscriptions
gravées dans le granit. Puis c'est un cimetière viking
particulièrement bien conservé (le Gettlinge gravfält) qui
nous rappelle les Seigneurs des mers dont cette région fut le
domaine autrefois.
Passant ensuite un long moment dans la réserve ornithologique
d'Ottenby aménagée à même l'extrême pointe marécageuse au sud
de l'île, nous admirons longuement des oiseaux pêcheurs et des
goélands se laissant porter par le vent.
Les oiseaux d'Ottenby fägelstation
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Les oiseaux d'Ottenby fägelstation
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Les oiseaux d'Ottenby fägelstation
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Les oiseaux d'Ottenby fägelstation
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Les oiseaux d'Ottenby fägelstation
L'après-midi s'achève
par la visite impressionnante du fort viking d'Eketorp
bâti au Vème siècle. Solidement plantée sur
la lande plane et rase, son enceinte circulaire de
pierres sèches a été remarquablement restaurée. |
Enceinte du fort viking d'Eketorp
reconstituée
|
Au centre de l'espace ainsi délimité, des maisons de paysans
ou d'artisans ont été reconstituées et un joli petit musée
expose les résultats des fouilles. Quelques animaux paissant
en liberté achèvent de donner une touche rustique et réaliste
au tableau.
Fort viking d'Eketorp :
maison reconstituée
|
Eketorp : les chaumières
reconstruites
|
Dans le soleil
descendant, nous roulons encore un moment vers le
nord, arrêtant au passage pour contempler les pierres
runiques dressées dans le tranquille cimetière cernant
l'église rurale de Sandby. Finalement nous allons
dormir au bord d'une plage déserte à Aleklinta.
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Pierre runique de Sanby
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Aleklinta
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Notre plage déserte
d'Aleklinta
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Lundi 26 septembre 1988 :
de l'île d'OLAND à KOSTA
Ruines du château de
Borgholm
|
La pluie qui
continuera toute la journée nous amène à écourter
notre visite de l'île d'Oland. Le petit port de
Borgholm où la famille royale de Suède a sa maison de
vacances ne manque pourtant pas d'agrément, même si
les ruines massives et sans grâce du château voisin
nous ont paru sans intérêt majeur. |
Reprenant le grand pont
nous rentrons donc à Kälmar, passons à la banque,
faisons remplir nos bouteilles de propane sur le port
et, toujours sous la pluie, retournons au château et à
son vieux quartier que je tiens à filmer avant que
nous ne reprenions la "Route du Verre". |
Place du Marché de Kälmar... sous le
soleil !
|
Le château de
Kälmar
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La forteresse entourée
de ses douves donnant directement dans la mer profile
ses tours sur un ciel lourd où roulent des nuages gris
et bas. Les sifflements du vent se mêlent aux cris
stridents et lugubres des oiseaux de mer, alentour des
roseaux ont envahi l'étendue désolée d'un marais
désert..., tout cela forme un cadre superbement
romantique digne de Shakespeare (Hamlet...). |
Le château de Kälmar sous
un soleil printanier
Contrastant, les
minuscules maisons du vieux quartier nichées dans les
fleurs de leurs jardinets miniatures, les ruelles
sinueuses revêtues d'un mauvais pavé, authentique mais
glissant, composent un univers de contes de fée... un
vrai monde de poupées que je quitte un peu à regret. |
Dans le vieux Kalmär, un heureux jardinier
|
Maisonnette du vieux Kalmär
Les villages où se trouvent les "glasbruk" sont perdus dans
des forêts de bouleaux et de pins entrecoupées de lacs. Nous
visitons d'abord l'atelier de Boda où les couleurs vives du
verre en fusion et l'habileté des artisans au travail nous
fascinent.
Boda : four de fusion du cristal
|
Boda : les cannes dans le four de
fusion du cristal
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Orrefors :
façonnage d'un pied de verre
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Le produit fini
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Orrefors : verres peints
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Orrefors : artisan peintre à l'oeuvre
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Le spectacle se répète à Afors, puis à Johanesfors. On se
faufile dans l'atelier pour apercevoir les verriers mouler,
souffler et assembler la pâte de cristal en d'étincelantes
créations. Monique tient à filmer en détail le processus avant
de passer, dans les affres du choix, de longs moments parmi
les vitrines de la "tourist shop"... Finalement nous
atterrissons au village de Kosta où nous campons sur le
stationnement de la "glasbruk", dans le vent et la pluie qui
se prolongent.
Mardi 27 septembre 1988 :
de KOSTA à CHRISTIANOPEL
Après un réveil plutôt matinal
(les ouvriers entrent au travail dès 6:00 du matin
!), nous visitons à nouveau la boutique où Monique
fait ses derniers achats sans retour possible, puis
nous allons voir les souffleurs à l'ouvrage. La mise
en forme de ce matériau chauffé au rouge ou à
l'orange, apparemment si malléable entre leurs mains
expertes, est captivante, et nous suivons plusieurs
cycles de fabrication avant de nous lasser.
|
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Kosta Boda : soufflage d'une pièce de
cristal
|
Kosta Boda : soufflage d'une pièce de cristal
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Kosta Boda : façonnage d'une pièce de
cristal
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Kosta Boda : façonnage d'une pièce de
cristal
|
Kosta Boda : assemblage d'une pièce de cristal
Kosta Boda : le produit fini... une caraffe
Quelques chefs d'oeuvres où se jouent formes et couleurs nous
attendent dans le musée Kosta Boda; cela nous pousse à aller
voir la concurrence : Orrefors.
Ici on a une autre approche : beaucoup de cristal taillé, une
fabrication plus moderne (nous y voyons même des robots
travailler le cristal !), et surtout une présentation très
pensée pour les touristes : une galerie fait le tour du grand
atelier à 5 mètres de hauteur tandis que chaque étape du
processus fait l'objet d'un commentaire pré-enregistré. Une
fois encore, nous observons depuis ce point de vue idéal
plusieurs cycles de soufflage-moulage et nous terminons par la
visite du musée Orrefors, probablement la plus belle
présentation qui nous a été donnée à voir.
Orrefors : gravure sur verre
Kosta Boda : vases en cœur
Kosta Boda : vases gravés et colorés
Kosta Boda : service à punch
Kosta Boda : flacons bleus
Kosta Boda : flacons aux couleurs irisées
Puis c'en est fini du verre, nous reprenons la route à travers
forêts et lacs pour rattraper la côte au sud de Kälmar et
dormir dans le petit port de pêche de Kristianopel. Les
maisonnettes pastel du village composent un joli tableau. Dans
un crépuscule grisâtre nous nous installons discrètement entre
la petite église et le quai au bord du bassin. La vue est des
plus pittoresques, mais le temps demeure bien menaçant; aussi,
quelques heures plus tard, nous gagnerons un abri moins
venteux derrière un gros mur de pierres.
Mercredi 28 septembre 1988 :
de CHRISTIANOPEL à LUND
Ce que nous craignions
se réalise : c'est sous la pluie et dans le brouillard
que nous nous réveillons... Nous sommes déçus car nous
ne verrons pas grand chose de ce très joli coin plein
de douceur, avec ses petites maisons de pierre nichées
dans un paysage soigné tout paré de ses couleurs
d'automne. Le temps n'incitant guère à la hâte, nous
traînons un peu au lit et déjeunons nonchalamment,
espérant une hypothétique amélioration de la météo. En
vain... |
Paysage agreste et verdoyant du Sud de la
Suède
|
La galerie des figures de proue du Musée
de la Marine de Karlskrona
|
Nous filons donc
jusqu'à Karlskrona, base maritime créée de toute pièce
au XVIIIème par un prince suédois belliqueux. Le
voilier-école de la Marine Royale, grande attraction
du lieu, est déjà désarmé pour l'hiver et donc non
visitable. Nous nous rabattons sur le Musée de la
Marine, exceptionnel par sa collection de figures de
proue, quelques très belles maquettes anciennes de
navires et une reconstitution miniature de l'arsenal
de la Suède d'autrefois, grande puissance maritime. |
La pluie ne nous lâchant pas, nous descendons jusqu'à
Kristianstad, autre petite ville de fondation récente
(1740...) sur un plan au carré du roi danois Christian, ce qui
lui donne un côté très fonctionnel en même temps que beaucoup
d'unité. Nous avons juste le temps de faire un petit tour sur
la grande place centrale et dans les rues piétonnières où les
magasins ferment (il est 18:00). Nous y trouvons enfin la
tablette de papier à dessin complétant les crayons de couleur
pastels achetés à Helsinki... ce qui met fin à bien des
récriminations des enfants. Nous repartons, par l'autoroute et
par grand vent, jusqu'à Lund où nous allons bivouaquer dans un
quartier résidentiel près du jardin botanique.
Jeudi 29 septembre 1988 :
de LUND à GILLELEGE (près
d'HELSINGOR)
Après une très bonne nuit, nous faisons - à pied - la
découverte de Lund. C'est une vénérable ville universitaire
dont les nombreux instituts sont disséminés dans des parcs aux
arbres centenaires. On les découvre au détour des ruelles
sinueuses et pavées bordées de vieilles maisons basses
particulièrement pittoresques avec leurs fleurs, leurs façades
peintes de couleurs vives ou pastels, leurs fenêtres doubles à
petits carreaux décorées de bouquets séchés...
Cathédrale de Lund
|
C'est une ville animée aussi,
dont les élégants commerces sont dispersés le long
des rues piétonnières. Curieusement une forte odeur
de fumier flotte sur les toits... jusqu'aux portes
de l'imposante cathédrale romane en pierre grise
avec crypte, stalles de chêne et horloge
astronomique à mécanisme.
Nous observons les personnages en mouvement à midi :
au son d'une allègre musique jouée par un petit
orgue mécanique, le cortège des Rois Mages forme une
ronde défilant devant la Vierge assise tenant
l'Enfant dans ses bras. Puis nous nous rendons
jusqu'au vaste jardin public où les enfants passent
un long moment dans un parc de jeu à pomper l'eau
actionnant un petite roue à aube... J'en profite
pour terminer le tour du centre-ville seul.
|
Nous retrouvons la
route - et le vent - jusqu'à Helsinborg où,quittant la
Suède, nous embarquons pour 25 minutes de
traversée vers Helsingor au Danemark. Son château
magnifique (celui du prince Amled = Hamlet) se précise
petit à petit sur le bord de la côte danoise, ses
briques rouges dorées par le soleil descendant. Nous
sommes contents de nous retrouver au Danemark, plus
"continental", plus chaleureux, plus abordable, plus
sale aussi... |
|
Nous nous payons une petite balade dans la vieille ville,
séduisante avec ses maisons basses XVIIème, sa place centrale
animée par les terrasses des cafés et des restaurants, ses
galeries d'art... Hésitant à gagner immédiatement les parages
très urbanisés de Copenhagen dont nous craignons le bruit et
l'agitation, nous prenons la route côtière vers le nord. Après
une courte recherche d'un coin propice à notre halte, nous
allons stationner en arrière de la dune couverte de pins et
dormons près de luxueuses villas à Gillelege.
Traversée
des pays danois
Vendredi 30 septembre 1988 :
de GILLELEGE à BIRKEROD
Dunes et plage de
la Mer du Nord
|
Ce
stationnement en bord de mer était des plus
tranquilles, et comme les enfants veulent jouer sur la
plage, nous les laissons aller pendant que nous
commençons une lettre de réclamation à la compagnie
Pilote. Nous sommes en effet excédés par les multiples
défectuosités qui se sont progressivement révélées à
l'usage de notre véhicule. Nous avons remédié aux plus
pressantes et à celles qui relevaient de notre
compétence, mais nous voulons obtenir pour plusieurs
autres que le fabricant assume ses responsabilités.
Après deux heures de listing et de griffonnage, nous
repartons vers Copenhagen... pour nous arrêter après
quelques kilomètres devant le château de Frederiksborg
à Hillerod. |
Mathieu décide de rester à jouer
au Lego dans le camping-car pendant que je réussis à
entraîner Monique et Juliette à la découverte de ce
palais Renaissance élevé par Christian IV en 1600.
On l'a surnommé le Versailles du Nord, il mérite
bien cette épithète : immense, au milieu d'un vaste
plan d'eau, il rassemble une belle collection de
tableaux retraçant l'histoire du Danemark, et de
nombreuses pièces ont été restaurées (très beaux
plafonds caissonnés et peints en particulier) après
le grand incendie de 1859 qui faillit tout ruiner.
Bref c'est imposant, riche et on en a vraiment "pour
son argent" !
|
Le château historique de Frederiksborg à
Hillerod derrière ses douves
|
Grande cour d'honneur de Frederiksborg
La salle de bal du château de
Frederiksborg
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Frederiksborg: l'orgue de la salle de bal
|
Mais nous sortons si tard qu'il ne nous reste que le temps
d'aller faire un peu d'épicerie avant de camper à Birkerod,
une grande banlieue à quelques kilomètres de Copenhagen, dans
un quartier résidentiel.
Samedi 1er octobre 1988 :
de BIRKEROD à TRELLEBORG
Copenhagen : pavillon d'entrée du Parc de
Tivoli
|
Nous nous levons un peu
tard, mais réussissons cette fois à nous rendre
jusqu'à Copenhagen, pour stationner en plein centre
tout près du Christianborg, un ex-palais princier aux
allures assez lourdes de forteresse, bien peu
impressionnant au plan esthétique. Aussitôt nous nous
dirigeons vers l'imposant Hôtel de Ville
(Radhus), malheureusement fermé à la visite le
samedi... Idem pour le fameux parc de Tivoli dont les
nombreuses attractions sont closes jusqu'au prochain
printemps. En revanche le musée de cire L. Tussaud est
ouvert. Monique accompagne les enfants qui y passent 2
heures de plaisir pendant lesquelles je traîne sur la
Grand Place |
Copenhagen : Musée de cire du Parc de
Tivoli : Churchill, Mao, Hitler...
|
Copenhagen : Musée de cire du Parc de
Tivoli :
le président US Reagan et son homologue
soviétique Gorbatchev
|
Musée de cire du Parc de Tivoli : quelques
expressions de Charlie Chaplin
Copenhagen : Musée de cire du Parc de Tivoli :
Bohr et Einstein
Nous déambulons ensuite dans les rues piétonnes du centre
ville, au milieu de maisons de briques ou à colombages souvent
anciennes qui "datent" le quartier mais manquent d'unité et de
mise en valeur.
Au
hasard des détours, nous arrivons à la Tour Ronde, une
massive construction de pierre que le roi Christian IV
offrit comme observatoire à son astronome Tycho Brahé.
Une rampe hélicoïdale originellement destinée aux
chevaux nous mène à la terrasse couronnant le
monument. La vue là-haut nous déçoit un peu, la tour
manquant d'élévation et la ville apparaissant sans
grand caractère. |
Copenhagen : la rampe donnant accès à
l'observatoire
|
Copenhagen : relève de la garde au Palais
royal d'Amalienborg
|
En
repartant, nous voulons quand même aller saluer la
Petite Sirène et découvrons alors la Place du Palais
d'Amalienborg qui, elle, a grande allure dans son
décor XVIIIème. |
Copenhagen : gardes au Palais
d'Amalienborg
|
Un garde débonnaire du Palais
d'Amalienborg
|
Fontaine de Gefion
la déesse mythique qui, attelant ses 4 fils
métamorphosés en taureaux furieux, creusa le canal
séparant l'île de Seeland (Zélande) de la Suède
|
C'est ensuite la
superbe fontaine de Géfion qui nous retient tant par
la vigueur de son groupe sculpté que par
l'enchantement de ses multiples jets d'eau : une reine
mythique guide une charrue tirée par quatre taureaux
colossaux et creuse ainsi le fossé maritime séparant
le Danemark de la Suède; l'eau jaillit sous le soc, la
vapeur fuse des naseaux fumant des bêtes en plein
effort... |
nfin, nous trouvons la
Petite Sirène sur son rocher... mais qu'elle est
minuscule, et mal entourée, à l'entrée du port
industriel et sur fond de réservoirs d'essence... Il
en émane cependant un charme un peu mélancolique
convenant tout-à-fait au climat du conte d'Andersen. |
Copenhagen : la Petite Sirène dans
l'entrée du port |
Copenhagen: la Petite-Sirene
et la famille dans le port
|
Copenhagen : la Petite Sirène dans
l'entrée du port
|
C'est sur cette impression mitigée que nous quittons la ville
pour prendre la direction d'Odense. La route file à travers
champs et villages prospères, le Danemark étale le dynamisme
rural qui fait sa richesse. On fait étape en pleine campagne à
Trelleborg, sur le stationnement désert de la forteresse
viking, à quelques kilomètres du traversier de Korsor que nous
emprunterons demain.
Dimanche 2 octobre 1988 :
de TRELLEBORG à BILLUND
(DANEMARK)
La hache de Trelleborg
|
Tôt éveillé, je vais
faire seul le tour de la forteresse circulaire assez
bien conservée sinon restaurée. D'un dessin très pur
et précis, elle est remarquablement située au milieu
d'un marais créé par le confluent de deux ruisseaux;
des prairies avec vaches et moutons l'environnent, et
dans la solitude et la lumière vive du matin, c'est
super !
Monique et les enfants finissent par me rejoindre,
suivis bientôt par un vieux monsieur amoureux des
lieux qui joue les guides bénévoles; il nous donne
informations et précisions avec passion, mais dans un
anglais plutôt approximatif... |
Photo aérienne et maquette du fort de
Trelleborg : les longues maisons
et la situation statégique du camp entouré par la boucle
de la rivière et des marais
Trelleborg : une longue maison servant de caserne
(reconstitution)
Hans Christian Andersen
|
Puis nous prenons notre
dernier traversier scandinave pour gagner Odense sous
le ciel clair et brillant d'un bel automne. La terre
est assez plate, soigneusement cultivée, fermes
modernes et labours bordent la route. La vieille ville
et la maison natale d'Andersen retiennent notre
attention avec leurs souvenirs émouvants du grand
conteur et les jolies petites maisons colorées du
quartier populaire, autrefois misérable, où il passa
son enfance. |
La petite maison natale de Christian Andersen à
Odense sous la neige
Salon de l'appartement de Christian Andersen à
Copenhagen, reconstruit dans sa maison natale à Odense
Après un dernier
coup d'oeil à la cathédrale et à son impressionnant
retable, nous quittons bientôt la Fionie pour
retrouver le Jutland en empruntant le pont suspendu à
grande portée qui enjambe le Lille Baelt. Le ciel se
colore de rose tandis que nous filons encore une fois
jusqu'au Legoland tant attendu par les enfants. Nous y
dormons sur le stationnement précédant le terrain de
camping fermé. |
Retable de la cathedrale St Knut
d'Odense (1521)
|
Lundi 3 octobre 1988 :
de TRELLEBORG à THYBORON
La nuit fut courte, l'aéroport étant tout près, la rue en
cours de pavage et le camping en réaménagement ! Tôt éveillés
par le vacarme de toute cette machinerie, nous décampons
précipitamment jusqu'au stationnement du Legoland en oubliant
sur le terrain les bottes boueuses de Mathieu... Je demeure
dans le camping-car à faire le ménage, lire et classer la
documentation pendant que Monique et les enfants visitent les
derniers shows encore ouverts dans le parc. Mathieu en profite
pour se faire offrir son cadeau de Noël, une magnifique auto à
construire en Lego Technic, son dernier trip ! Voulant percer
le mystère des petites briques multicolores, il se rend aussi
jusqu'à l'usine de fabrication. On lui en refuse l'accès, mais
il a la chance de tomber sur l'un des cadres de l'entreprise
qui l'entraîne à l'entrepôt et, puisant dans les vastes
paniers de pièces détachées, lui en donne un plein sac.
Comblés, nos mousses acceptent enfin de quitter sans trop de
regrets leur cher Legoland.
Les dunes bordant la côte danoise
entre Sondervig et Torsmine
|
En début
d'après-midi, nous partons vers les plages de la mer
du Nord. Nous traversons d'abord l'habituelle
campagne danoise cultivée intensivement ou couverte
de forêts artificielles. Puis nous arrivons aux
dunes, hautes et très accidentées, bordant
d'immenses plages désertes entre Sondervig et
Torsmine. Une grande heure de délassement passe à
jouer sur le sable et à s'aérer : les enfants
pataugent dans l'eau pendant que je fais quelques
plans vidéo des vagues prenant d'assaut d'énormes
blocs de béton grisâtres semblant échoués sur la
grève. Ce sont des blockhaus, les derniers vestiges
du Mur de l'Atlantique, très important sur toute
cette côte faisant face à l'Angleterre. |
La lumière est douce et belle, le vent pas trop froid, et
lorsque le soleil commence à descendre, nous repartons
jusqu'au petit port de pêche de Torsmine, entre mer et lagune,
dont les barques de pêche bleu pâle font tout le charme. Puis
nous roulons encore un moment, longeant la mer et ses dunes
dans le crépuscule. Nous allons finalement coucher en vue de
Thyboren, un autre petit port de pêche typique de la région,
sur une butte toute environnée de vastes champs en labours et
couronnée par la petite église de campagne de Klinkby.
Mardi 4 octobre 1988 :
de THYBORON à BREDSTED (ALLEMAGNE)
Maisons de vacances dispersées dans les
dunes près de THIBOREN
|
Après avoir changé
d'église, pardon de bivouac, à cause d'un tracteur
travaillant nuitamment et bruyamment à nos pieds, nous
finissons par nous endormir. Le lendemain, par un
temps infect (brume, pluie, etc...), nous faisons le
tour de Thyboren où Monique filme une maison
entièrement décorée de coquillages pendant que je vais
contempler sur la grève venteuse et sinistre le Mur de
l'Atlantique local. Le temps ayant plutôt tendance à
empirer, nous renonçons à explorer plus avant la
partie nord-ouest du Jutland. |
Nous filons donc vers
le sud jusqu'au fjord de Ringkobing dont je filme
l'extrémité pittoresque dans la brume, puis à Varde où
nous tentons de visiter le Minibyen. Mais la saison
touristique est finie et la maquette en plein air de
la vieille ville, reconstituée dans un joli parc, est
fermée; le coup d'oeil à travers les grilles nous en
donne quand même une bonne idée. La ville par
elle-même est assez typée par les maisons anciennes et
basses qui subsistent. |
Devant les maisons miniatures du Minibyen
de VARDE
|
RIBE : les petites maisons de la ville
médiévale vue du ciel
|
Nous atteignons enfin
Ribe, prestigieuse et séculaire capitale viking,
devant laquelle Mathieu et Monique déclarent forfait.
C'est donc seul avec Juliette persévérante que je fais
un tour à pied dans ses rues médiévales près de la
rivière; nous nous laissons imprégner par le charme
désuet se dégageant de son ensemble remarquable de
petites maisons très bien conservées qui demeurent
vivantes et habitées. |
Dans les rues charmantes du vieux RIBE
|
Une autre ruelle de Ribe
|
Dans la soirée, nous gagnons la frontière allemande et dormons
au bord du parc municipal de Bredsted, à 17 kilomètres de
Husum.
Vers
l'Allemagne, la Hollande et la France
Mercredi 5 octobre 1988 :
de BREDSTED à BEVERDSTED
(ALLEMAGNE)
Nous levons le camp assez tôt après une nuit excellente
quoiqu'urbaine. A 10:00, nous sommes dans le musée de la Frise
à Husum. On y trouve une exposition très intéressante sur le
problème des polders maintes fois reconquis sur une Mer du
Nord envahissante. Des photographies ou des tableaux - dans
les cas les plus anciens - montrent les différentes
catastrophes qui se sont succédées dans la région durant les
dernières décades, tandis que des maquettes expliquent les
gigantesques travaux rendus nécessaires pour y faire face.
Nous gagnons enfin
Hambourg sous un ciel de moins en moins clément. Nous
faisons bien un bout de balade dans le centre de cette
très grande ville de transit maritime et d'affaires,
mais le temps de plus en plus bouché nous fait
renoncer à la promenade en vedette dans l'immense
complexe portuaire. |
Le port d'Hambourg
|
Quartier renové près du port d'Hambourg
|
Enveloppés de nos
K-Way, nous nous contentons d'aller admirer à pied les
grues du port dans le soleil couchant, puis la vieille
ville dont il ne reste pas grand chose suite aux
bombardements de la dernière guerre. De grands
immeubles à bureaux ont remplacé les vieilles demeures
et les entrepôts des armateurs le long des anciens
quais sinueux. On ne peut pas dire que ces bâtiments
soient très réussis, on sent qu'ici c'est le
fonctionnel basique qui a primé sur l'esthétique
pendant les années de la reconstruction. |
Nous finissons la journée par un souper-maison aux moules et
au vin blanc du Rhin dont la bouteille se vend ici 2,10 $ le
litre ! L'abondance et le prix modéré des produits allemands
nous surprennent agréablement après le "haut niveau de vie"
de la Scandinavie. Tout en dégustant, nous admirons par la
fenêtre de la dînette le bassin illuminé du lac Vaters, en
plein centre culturel et touristique de Hambourg. Mais le
niveau de circulation et de bruit est trop élevé dans cette
métropole. Nous reprenons donc la route de nuit pour aller
dormir sur un stationnement tranquille dans le village de
Beversted.
Jeudi 6 octobre 1988 :
de BEVERSTED à BREMEN (ALLEMAGNE)
A l'unanimité nous décidons d'aller visiter le Musée
National de la Marine Allemande à Bremenhaven. Le temps
continue d'être détestable, aussi les salles superbes de ce
musée sont-elles bienvenues. Les très nombreuses maquettes
font notre admiration. S'y ajoutent plusieurs attractions
rejoignant les intérêts de chacun : un bassin avec des
modèles réduits télécommandés où les enfants passent
plusieurs heures "à la barre", la reconstitution d'un canot
préhistorique d'il y a 8 000 à 9 000 ans en os et peau de
renne, un sous-marin de poche "écorché", une kogge de la
Ligue Hanséatique datant de 1380 retrouvée dans le port de
Bremen et actuellement en traitement de conservation dans
une espèce d'énorme aquarium...
Le clou de
l'exposition est un véritable U-boot construit en
1945 qu'on a ancré devant le musée. Nous le visitons
de la chambre des torpilles à la salle des machines
pour en sortir enfin à 15:45 sous une pluie
battante. Ce temps de cochon nous désole mais nous
sommes malgré tout très satisfaits de notre journée
passionnante. |
U-boot dans le port de Bremenhaven
|
Poste de commande de l'U-boot
Salle des torpilles à l'avant de l'U-boot
Nous gagnons alors
Bremen que nous dépassons sur l'autoroute (aucune
indication "centre-ville", mais les noms des
différents quartiers qui nous ne disent rien...).
Nous devons donc faire demi-tour et, après un long
vagabondage sur des voies d'accès engorgées par
l'heure de pointe, nous finissons par atteindre
notre but. Une courte reconnaissance nous permet de
situer les rues commerçantes où nous voulons acheter
jouets et cassettes vidéo à un prix raisonnable
avant de quitter l'Allemagne demain. Puis nous
allons nous installer sur une impasse d'un chic
quartier résidentiel pour passer la nuit. |
Bremen
: Place du Marché devant l'Hôtel de ville en
soirée
|
Vendredi 7 octobre 1988 :
de BREMEN à GRONINGEN
(PAYS-BAS)
Après un paisible sommeil bourgeois, nous retournons au
centre-ville où nous retrouvons le super-magasin
d'électronique repéré hier soir. Les prix y sont excellents,
nous y achetons 20 cassettes vidéo de 90 minutes à 11.00 $
et un grand angulaire à 130.00 $. Avec cela nous pourrons
voir grand et large pour le reste du voyage ! Les formalités
de factures et détaxes sont un peu longues - d'autant que
les Allemands n'aiment guère utiliser l'anglais - et nous ne
retrouvons la rue que vers 13:00.
Bremen : Hôtel de ville en matinée
|
Nous faisons alors
une balade près de la Place du Marché et de l'Hôtel
de Ville, dans les vieilles rues du centre
transformées en zone commerciale grouillante de vie.
Nous y découvrons "le" magasin de jouets, immense et
très bien fourni, surtout en trains électriques,
maquettes et Playmobil, aussi y passons-nous deux
heures très stimulantes pour les enfants... petits
et grands. |
Les
animaux des contes de Grim, emblèmatiques de
Bremen
|
|
Nous finissons notre tour de la vieille ville par le riche
Stadhus d'époque Renaissance à l'ombre duquel nous découvrons
le curieux groupe sculpté d'un coq, un chat, un chien et un
âne reposant les uns sur les autres : ce sont les célèbres
statues animalières représentant les héros du conte de Grimm
qui sont devenues emblèmatique de la cité.
Butchenstrasse
et ses maisons Juggenstil
|
La petite rue
Butchenstrasse avec sa maison Gropelius, de style
juggenstil, nous attire ensuite et nous traînons un
moment dans ses boutiques originales. |
Butchenstrasse et ses maisons
Juggenstil
|
Nous devons finalement quitter cette ville attachante sous une
pluie battante pour gagner de nuit le port de Groningen aux
Pays-Bas. Errant un peu autour des canaux à la recherche "du
spot idéal", nous nous installons sur un quai pittoresque en
plein centre.
Samedi 8 octobre 1988 :
de GRONINGEN (PAYS-BAS) à EDAM
Bien que réveillés vers 2:00 par des marins en goguette qui
finissent par être ramassés par la police à quelques mètres de
notre toit, nous dormons bien. Au matin, nous nous dirigeons
vers Leuwarden, jolie petite ville rurale où notre drapeau
canadien nous vaut un excellent accueil : on nous invite à
prendre un pot, on veut "piquer une jasette" avec nous...
Monument en hommage aux constructeurs de
la Grande Digue
|
Le Zuiderzee et la Grande digue vus depuis
le satellite
|
Nous gagnons à travers les polders la Grande Digue de
fermeture du Zuiderzee dont nous traversons les 30 kilomètres
en admirant l'audace des constructeurs de l'ouvrage datant de
1932. Heureusement l'autoroute est protégée du large par la
crête de la digue, car lorsque nous l'escaladons à pied pour
contempler la mer du Nord, nous manquons d'être emportés par
un vent formidable qui souffle en rafales continues.
Redescendant vers notre véhicule, nous rencontrons des
Québécois qui se sont arrêtés à la vue de nos drapeaux
nationaux. Ils enseignent sur une base en Allemagne et
profitent de tous leurs congés pour voyager aux quatre coins
de l'Europe avec leurs deux enfants à bord de leur - trop -
petit Volkswagen. Heureux exilés...
Moulins à vent du Zuiderzee
La pluie a repris lorsque nous arrivons à Edam. Parcourant les
ruelles dans le froid et le jour tombant, nous tentons de
retrouver les bons souvenirs de l'été 86 avec Papa et Maman.
La petite ville est toujours aussi charmante avec ses maisons
minuscules, ses jolies enseignes, ses pavés et son canal.
Pourtant cet automne pluvieux ajoute au triste sentiment de
l'absence irrémédiable de Papa pour créer une ambiance morne
et sombre. Renonçant à poursuivre notre route, nous décidons
de stationner sous un arbre au bord du canal, là où tout
semble si calme, comme figé dans le temps. Mais j'ai pris
froid durant notre balade et, transi, j'aurai besoin de
plusieurs heures pour me réchauffer avant de faire une nuit de
12 heures...
Dimanche 9 octobre 1988 :
d'EDAM à SENLIS (FRANCE)
Blottis sous notre arbre, nous sommes réveillés dans la nuit
par les grosses gouttes qui s'en écoulent et résonnent sur
notre toit, nous obligeant à avancer de quelques mètres pour
retrouver le sommeil. Le lendemain, toujours sous la pluie,
nous profitons de notre présence en ce fameux terroir
d'élevage laitier pour visiter une ferme-fromagerie. On nous y
explique avec force détails la fabrication du fameux fromage
en boule rouge exporté dans le monde entier (les boules
jaunes, tout à fait identiques, sont destinées à la
consommation locale, nous précise-t-on). Puis nous allons
jeter un coup d'oeil sur le ravissant petit port de Vollendam
noyé dans la bruine et la brume, une autre spécialité locale
semble-t-il...
Les canaux et les quais d'Amsterdam
|
Cahiers du Journal d'Anne
Franck
|
Quelques kilomètres encore, et c'est Amsterdam que nous avions
tant aimé il y a 2 ans. Nous nous rendons d'abord au musée
Anne Franck installé dans la maison qui l'abrita avec sa
famille pendant l'occupation nazie. Le tableau de ces quelques
mètres carrés sommairement aménagés est particulièrement
émouvant lorsque l'on connaît la fin tragique de ses
occupants. Mais c'est aussi une extraordinaire occasion
d'apprendre pour les enfants qui demandent qu'on leur traduise
tous les panneaux explicatifs en anglais.
Nous allons ensuite stationner devant le Rikjmuseum et nous
nous séparons. Je profite des 2 heures durant lesquelles le
musée est encore ouvert pour explorer à peu près la moitié des
salles consacrées à la peinture (des Primitifs jusqu'au
XVIIème); les collections sont d'une qualité, d'une richesse
et d'une variété inouïes mais, comme à Bruxelles, je dois
gagner la sortie au moment d'entrer dans les salles consacrées
aux Rembrandt, valeur étoile en ces lieux... Malheureusement
ici, il n'y aura pas de prolongation possible demain ! Pendant
ce temps, Monique a entraîné les enfants dans une grande
promenade à pied, tentant de leur faire ressentir l'ambiance
si spéciale du dédale des canaux et des quais de la ville.
Vers 17:30, nous nous retrouvons dans le camping-car. La nuit
tombe, le mauvais temps semble devoir persister encore
plusieurs jours, aussi renonçons-nous - avec regrets - à la
visite de Bruges et de Gand en Belgique dont nous attendions
beaucoup de plaisir. Nous gagnerons plutôt directement Paris
pour y faire nos demandes de visas nécessaires à notre
deuxième périple vers les pays d'Europe Centrale.
Nous prenons donc la route du sud, faisant seulement une pause
dans la vieille ville de Breda toute illuminée pour souper
d'une pizza. Puis nous rembarquons dans notre confortable
motor-home. Après une toilette rapide, mes passagers
s'endorment sur leur couchette pendant que je roule dans la
nuit jusqu'à Senlis, en banlieue parisienne. Je m'y arrête
vers 2:30 sur le trottoir d'un paisible quartier résidentiel.
Séjour à Paris et en
Normandie
Lundi 10 octobre 1988 : de SENLIS à SOISY-SOUS-MONTMORENCY
La rue qui m'avait semblé si tranquille sous la lumière des
réverbères est en fait une voie reliant une cité-dortoir au
centre-ville, et nous sommes tôt réveillés par une circulation
dense d'autos et de pétrolettes. Depuis la Poste de Senlis où
nous retrouvons une bousculade et un manque de courtoisie bien
français et presque oubliés, nous appelons Gigi qui nous
accueillera quelques heures plus tard. Entre temps, nous nous
serons enlisés en stationnant sur un accotement non stabilisé
(ce qui nous vaut notre deuxième treuillage dans cette même
région...), et nous aurons constaté avec dépit notre retard
d'une journée au Salon du Camping-Car du Bourget.
Gigi et Henri sont très occupés par le chantier de leur fille
Anne qui restaure les vitraux de la petite église de
Sainte-Marguerite-de-Carrouges. Ils nous réservent cependant
un accueil charmant et nous échangeons un long moments sur nos
multiples expériences, rencontres, impressions, etc... Nous
passerons la nuit devant chez eux, après avoir regarni un peu
nos coffres vides au supermarché voisin. Comme la nourriture
nous semble variée et peu coûteuse ici après notre séjour
nordique ! Décidément la France demeure - et pour longtemps je
l'espère - le royaume des plaisirs de la table...
Mardi 11 octobre 1988 : de SOISY-SOUS-MONTMORENCY à
BOIS-COLOMBES
Chez Gigi et Henri, la matinée s'écoule paisiblement en
discussions sur notre prochain itinéraire, en examen des
cartes, en parcours d'une documentation sur la Turquie
rassemblée par Xavier tenté par cette destination... Voilà
bien de quoi nous séduire !
Mais nous ne voulons pas déranger plus longtemps nos hôtes de
Soisy. Aussi, répondant à une invitation lancée depuis des
années par ma cousine Marie-Joëlle, nous gagnons via un dédale
de petites rues de banlieue le centre de Bois-Colombes où elle
a acheté une maison voici quelque temps. Sa "Villa de la Paix"
est nichée dans une impasse très tranquille juste assez large
pour contenir notre camion qui restera 3 jours stationné
devant la porte du jardin. Nous avons grand plaisir à nous
revoir, mais comme Marie-Joëlle a déjà réservé son après-midi,
nous profitons de nos loisirs et de la gare toute proche pour
aller à Paris discuter un moment avec Philippe Jacquier. Il
nous accueille avec sa gentillesse coutumière et nous jasons
un long moment de notre voyage, de nos impressions et de son
projet de film sur l'arrière grand-père Veyre qui semble en
bonne voie. Un autre grand voyageur avec lequel on ne peut que
se sentir en connivence...
Nous retournons en fin d'après-midi à Bois-Colombes pour
souper avec Marie-Joëlle et Alfred rentré tard de son bureau
d'avocat à Paris. Il parle le français à la perfection avec
une pointe d'accent hollandais qui lui donne un charme tout
particulier. La conversation roule longuement sur toutes
sortes de sujets reliés de près ou de loin à notre voyage :
politiques, culturels et même pratiques... Puis nous nous
laissons tenter par de vrais lits et, pour la première fois
depuis presque 3 mois, nous nous glissons entre 2 draps dans
une chambre grandeur nature.
Mercredi 12 octobre 1988 : BOIS-COLOMBES
La grande maison est vide lorsque nous nous levons; les
garçons sont partis à l'école, Alfred à son bureau, Charlotte
à la garderie, et l'on se sent un peu d'une autre planète à
pouvoir vivre à notre rythme comme nous nous en sommes donné
le loisir... Nous décidons d'avancer nos affaires en nous
rendant au consulat de Yougoslavie pour obtenir nos premiers
visas. Rue d'Assas, Jardin du Luxembourg... c'est avec une
certaine émotion que nous retrouvons ces lieux autrefois
familiers qui ont gardé pour nous un parfum d'études et de
jeunesse.
Laissant nos passeports à l'agent consulaire pour 24 heures,
nous rejoignons Thérèse C., la marraine de Monique, dans son
restaurant du XVème arrondissement. Elle nous invite à prendre
place à table, puis nous rejoint après le rush de midi. Nous
pouvons alors échanger un moment avant que sa fille Florence
prenne la relève. Elle nous fait visiter son minuscule
appartement au dessus du restaurant et bavarde un peu avec
nous.
C'est déjà l'heure du retour à Bois-Colombes où nous
retrouvons Juliette et Mathieu. Nos enfants ont passé
l'après-midi avec leurs cousins en congé ce mercredi. Tout le
monde a apprécié cette journée où l'on a pu mettre un peu de
distance entre les générations, ce qui n'était pas arrivé
depuis bien longtemps... Nous ne verrons pas Alfred ce soir au
souper car il est à l'étranger en voyage d'affaire; aussi
prenons-nous tous notre repas dans la cuisine. Mathieu va
jouer avec l'ordinateur des cousins pendant que nous finissons
la soirée en compagnie de Marie-Joëlle à discuter
d'éducation...
Jeudi 13 octobre 1988 : BOIS-COLOMBE et PARIS
Nous récupérons nos passeports visés au consulat de
Yougoslavie, et les portons à celui de la Hongrie pour la même
opération. Cette fois-ci les enfants nous accompagnent; nous
profitons de l'occasion pour leur faire visiter le Quartier
Latin, de la gare Montparnasse à la Place St-Michel en passant
par la rue de Rennes et le Jardin du Luxembourg.
Chemin faisant, nous découvrons sur la Place Saint-Sulpice une
librairie spécialisée dans les livres d'histoire et
d'archéologie. Voilà qui nous permettra d'équiper de façon un
peu plus adéquate la bibliothèque du bord. C'était en effet
une lacune de notre premier voyage que de nous être
insuffisamment préoccupés de la documentation destinée aux
enfants. Elle est indispensable si l'on désire les
sensibiliser aux grand courants culturels que l'on est amené à
fréquenter, et l'on trouve sur le marché toutes sortes de
publications très riches beaucoup plus abordable pour eux que
les guides touristiques. Plusieurs volumes de la collection
"Grandes Époques de l'Homme" (Time-Life) laissés à Montréal
auraient fort bien répondu à ce besoin, mais nous avions déjà
tant de bagages...
Après un agréable pique-nique dans le splendide Jardin du
Luxembourg (où Mathieu manque tomber dans le bassin...), nous
allons traîner dans le nouveau quartier de Montparnasse. Comme
il a changé depuis que nous y séjournions il y a maintenant 16
ans ! Disparues les ruelles sales et pittoresques, démolis les
bistrots crasseux dont la faune était en soi tout un
spectacle, anéanties les petites boutiques aux vitrines
vieillottes et poussiéreuses... Partout ont poussé les grands
immeubles de béton et de verre, des avenues nettes et
rectilignes ont remplacé les petites rues sinueuses... La
ville est neuve et nous avons perdu tous nos repères.
Nous achevons notre balade par une visite - inévitable ! - à
la librairie de la F.N.A.C., rue de Rennes, où nous faisons
encore quelques emplettes avant de reprendre enfin le chemin
de Bois-Colombe. Nous y passons une autre soirée familiale
tranquille.
Vendredi 14 octobre 1988 : de BOIS-COLOMBE à
COLLEVILLE-MONTGOMMERY
Pendant que je retourne à Paris chercher nos passeports dûment
tamponnés au consulat de Hongrie, Monique lève le camp chez
Marie-Joëlle et, à 12:30, nous partons pour la Normandie. En
sortant de l'autoroute à Chaufour (péage de 10,00 F.), nous
évitons le seul passage un peu pénible de la N 13 pour arriver
à Caen après 3 heures et demi de voyage sans problème. Maman
nous reçoit dans son appartement merveilleusement situé près
de l'Abbaye aux Dames. Elle nous semble beaucoup plus en forme
moralement que la dernière fois et les retrouvailles sont très
chaleureuses et plaisantes.
Après un moment passé avec elle à raconter brièvement notre
périple nordique, nous prenons la route de la mer pour aller
nous installer dans la petite maison de Colleville "Simple
Abri". A deux pas de la plage, c'est une retraite paisible
dont nous apprécions beaucoup le silence et l'isolement.
Presque toutes les villas sont actuellement inoccupées dans ce
village de vacance assis sur la dune. Seuls le vent, les cris
des mouettes et le ressac de la marée haute apportent un peu
de vie au rivage désert immensément étendu sous le ciel
variable. En passant par Hermanville nous ne manquons pas de
nous arrêter quelques minutes chez Gilles et Ginette qui, eux
aussi, nous réservent un accueil cordial. Mathieu et Juliette
surtout sont heureux de retrouver des jeunes de leur âge et se
donnent rendez-vous pour les prochains jours.
Samedi 15 octobre 1988 : COLLEVILLE-MONTGOMMERY
Cette première journée d'étape devrait être de repos, mais
l'on s'emploie d'abord à vider le camping-car et à s'installer
dans "Simple Abri". Sans s'arrêter en si bon chemin Monique
attaque les lessives en séries tandis que j'entreprends un
ménage général de notre véhicule qui en a bien besoin. A peine
trouvons-nous le temps d'aller prendre l'air sur la plage en
début d'après-midi, mais le vent d'automne, vraiment très
frais, nous fait bientôt battre en retraite. Gilles me rejoint
dans la maison et je l'aide à poser quelques portes dans la
grande chambre. Papa avait entrepris ces travaux pendant sa
maladie mais n'avait pu les terminer.
Nous allons enfin faire le plein de nourriture à
l"Intermarché" local où nous rencontrons par hasard Denis et
Françoise passant le week-end dans leur belle-famille. On
échange quelques mots, on se donne rendez-vous pour la semaine
suivante, avant de rentrer rapidement à la maison préparer le
souper que nous partageons avec Gilles et Ginette.
Dimanche 16 octobre 1988 : COLLEVILLE-MONTGOMMERY
À Collevile Mathieu continue des barrages...
Les nettoyages, lessives et autres tâches d'entretien se
poursuivent dans la journée. Maman, qui garde Sophie et
Olivier pendant que leurs parents sont à Paris pour un
congrès, vient passer l'après-midi sur la plage. Les garçons
s'en donnent à cœur-joie dans les flaques laissées par la
marée, construisant ports et barrages, tandis que les filles
courent les coquillages. J'achève le ménage du camping-car par
un grand lavage extérieur qui se termine à la nuit tombée...
Lundi 17 octobre 1988 :
COLLEVILLE-MONTGOMMERY
Nous prenons rendez-vous chez le concessionnaire Citroën pour
faire réparer la suspension qui grince de façon chronique et
effectuer la révision des 15 000 km. Puis nous gagnons le
centre de Caen pour quelques soins médicaux. Mathieu et
Juliette subissent un examen chez l'ophtalmologiste avant que
nous filions chez l'opticien commander de nouvelles lunettes
pour Mathieu, puis je rencontre moi-même le Dr Beaufils pour
une prescription d'analyse. Dans les rues les gens nous
semblent relativement sereins et la circulation fluide mais
nous avons le sentiment d'avoir un peu perdu le rythme de la
vie urbaine. Nous sommes donc très heureux de regagner en fin
d'après midi le calme de notre asile de Colleville. En passant
nous arrêtons voir Maman qui continue patiemment sa garde dans
la grande maison d'Hermanville. Elle nous prête gentiment sa
voiture, ce qui facilitera nos déplacements du lendemain.
Mardi 18 octobre 1988 :
COLLEVILLE-MONTGOMMERY
Poursuite de nos "cossins" bien ennuyeux mais nécessaires :
j'emmène le camping-car au garage où je dois parlementer une
heure pour obtenir qu'on me commande en express des agrafes
manquantes. Elles sont indispensables pour fixer le coussin
insonorisant du moteur lui-même livré avec 3 semaines de
retard après notre départ vers la Scandinavie... Puis nous
filons avec la petite Peugeot de Maman chercher les lunettes
de Mathieu, passons à la banque renouveler notre réserve de
chèques de voyage, retournons à Vaucelles porter mon analyse,
rentrons à Hermanville où Mathieu et moi-même nous rendons
chez le coiffeur... pendant que Monique se repose un peu.
Maman et Juliette vont chercher Sophie à la sortie du lycée de
Ouistreham, puis les deux filles font une heure d'équitation
chez une amie de Sophie propriétaire de plusieurs chevaux. En
fin d'après-midi, nous voyons arriver à Hermanville Gilles et
Ginette qui rentrent de leur congrès, épuisés par le rythme
qu'ils ont dû subir à Paris. Assez fatigués nous-mêmes, nous
regagnons "Simple Abri" avec l'auto de Maman que Monique
raccompagnera demain matin à Caen.
Mercredi 19 octobre 1988 :
COLLEVILLE-MONTGOMMERY
Monique part à Caen, prenant Maman au passage à Hermanville,
pour des rendez-vous de médecin et de coiffeur pendant que je
demeure dans la maison à bricoler les portes de la chambre.
Les enfants avancent un peu leurs travaux scolaires, puis
lisent et jouent ensemble. Monique rentre en fin d'après-midi
accompagnée de Maman qui soupe avec nous.
Jeudi 20 octobre 1988 :
COLLEVILLE-MONTGOMMERY
Gilles vient nous chercher le matin, nous laissons les enfants
chez Maman et rejoignons Denis chez le notaire pour parachever
la succession de Papa. Puis Gilles et moi allons à la banque
ouvrir notre compte indivis. Voilà qui devrait clore ce
chapitre délicat et préoccupant.
Nous dînons ensuite chez Maman qui nous emmène voir une
conférence "Connaissance du Monde" sur la Bavière; si les
images sont bonnes, le commentaire goguenard nous semble un
peu forcé, caricaturant un peuple et un pays passionnant. Nous
retrouvons dans la salle Françoise qui nous accompagne à
Vaucelles où nous récupérons nos couettes chez le nettoyeur;
Denis nous remonte chez Maman où nous chargeons son vieux
frigo à destination de la maison de Colleville.
Monique reprend au passage le camping-car enfin réparé chez
Citroën et nous allons installer le frigo à Colleville. Denis
rentre à Caen portant au passage la clé de son garage à Maman,
mais celle-ci, ayant manqué le rendez-vous, s'est rendue la
chercher chez Françoise... Quant à moi, je m'aperçois juste
après le départ de Denis qu'il nous manque les grilles du
nouveau frigo où nous ne pouvons remiser nos victuailles
fraîches; je repars donc à Caen chez Maman que je dois
attendre un bon moment (puisqu'elle-même attend sa clé chez
Françoise...). Un vrai chassé-croisé dignes des vaudevilles à
la Feydeau ! Enfin tout rentre dans l'ordre, et nous finissons
par nous coucher fort tard.
Vendredi 21 octobre 1988 :
COLLEVILLE-MONTGOMMERY
C'est encore une journée bien remplie qui nous attend : ayant
constaté que les réparations demandées chez Citroën n'ont pas
été bien faites, je décide donc de retourner réclamer au
garage. Pendant ce temps Monique met de l'ordre dans la maison
et les vêtements. Je n'obtiens guère de résultats - il
faudrait une autre immobilisation de plusieurs jours - mais je
réussis quand même à faire livrer directement à Lyon les
pièces manquantes.
Dans l'après-midi, je raccourcis la baguette de retour sur la
tablette du placard haut de la cuisine et descends la tablette
du bas, ce qui augmente l'espace utilisable et évitera aux
casseroles de glisser dans l'allée à chaque virage serré;
j'achève aussi de boucher les ouïes d'aération des coffres qui
continuaient d'amasser poussière et objets errants.
En fin de journée, nous prenons la route du Havre-Varaville où
Pascale Mourez et Jean-François Poussin nous ont invités à
souper. Ils ont reconstruit dans un grand jardin une ancienne
maison de vacance et y vivent tranquillement avec leurs deux
enfants. Le résultat de leurs travaux est charmant, noyé dans
les fleurs et les arbustes, abrité par la dune des bourrasques
et des embruns de la Manche. La soirée se déroule joyeusement
et c'est bien tard que nous retrouvons notre foyer.
Samedi 22 octobre 1988 :
COLLEVILLE-MONTGOMMERY
Marion et Philippe J., que nous avions conviés à venir passer
un week-end avec nous, arrivent vers 11:00, quelques minutes
après le début de notre déjeuner... Pendant qu'ils vont "voir
la mer", nous mettons la maison en ordre (elle en a bien
besoin !). Puis nous abandonons là nos invités bien trop
heureux de passer leur après-midi à la pêche; nous laissons
également sur place les enfants très occupés à construire un
circuit de petites voitures dans le sable du jardin, et
partons faire nos "dernières" courses à Caen.
En cherchant des duvets à "La Hutte", Monique trouve enfin le
jogging vert qu'elle désirait depuis longtemps, puis nous
traînons encore un moment à la poursuite d'autres peccadilles.
Nous rentrons tard - sans duvets ! - mais à temps pour
préparer le souper avec nos hôtes. Une autre joyeuse soirée
qui se termine bien avant dans la nuit...
Dimanche 23 octobre 1988 :
COLLEVILLE-MONTGOMMERY
La journée, claire et tiède, commence tranquillement en
compagnie de Philippe et Marion. Nous allons d'abord faire un
tour sur la plage où le cousin de Monique taquine le poisson
depuis 8:00; il exhibe fièrement une plie minuscule qui seule
a daigné se laisser prendre... Aussi, délaissant le produit de
sa pêche, nous passons au Vivier et faisons provision de
moules fraîches dont nous nous régalons.
Nous partons ensuite le long de la côte jusqu'à Arromanches.
La lumière est superbe, les points de vue sur la mer et sur la
campagne normande pittoresques. Vers 16:00 nous sommes devant
la célèbre tête de pont par laquelle les Alliés déferlèrent
sur l'Europe en juin 1944. Du haut de la falaise près de la
croix, on distingue très bien le dessin du port artificiel
délimité par quelques restes de caissons de béton, les
"phénix", échoués dans le sable. Les mouettes jouent alentour,
l'air est vif et la lumière dorée. Nos hôte nous quittent
alors, devant regagner Paris et le travail. Nous avons encore
le temps de faire un petit tour au centre du village où
Mathieu se désole de trouver le Musée du Débarquement fermé,
puis nous rentrons pour avancer nos préparatifs de départ.
Dans la soirée, j'achève l'installation du vide-poches de
Juliette dans le camping-car, avant de poser quelques fermoirs
dans la chambre de Maman. Comme Monique préfère terminer ses
courses à Caen plutôt qu'à Lyon, nous remettons à plus tard le
départ et décidons que j'accompagnerai demain les enfants
visiter le Mémorial de la Bataille de Normandie qui semble
beaucoup les intéresser.
Lundi 24 octobre 1988 :
COLLEVILLE-MONTGOMMERY
Notre journée commence assez tard, et c'est en début
d'après-midi seulement que nous sommes à "Carrefour" pour
compléter nos emplettes. Mais elles s'éternisent, tant il nous
est difficile de trouver ce qui nous convient (vêtements
d'hiver, bottes...) dans cette immense halle dont nous
ignorons l'organisation. C'est donc fourbus et excédés que,
vers 16:00, nous abandonnons les lieux.
|
Comme promis,
j'accompagne alors les enfants au Mémorial de la
Bataille de Normandie. C'est une superbe réalisation
muséographique qui présente, dans une architecture
ultramoderne et très aérée, les prémisses de la montée
du nazisme, la guerre comme telle avec ses différents
aspects (répression, résistance, stratégies
militaires...), puis l'orientation vers la paix de
l'après-guerre. Mathieu et Juliette voulant tout voir
et tout se faire expliquer, c'est la fermeture du
musée à 19:30 qui vient interrompre notre visite en
plein milieu. Nous allons souper chez Maman où nous
avions laissé Monique très fatiguée, et regagnons
bientôt notre home pour un sommeil bienvenu. |
Mardi 25 octobre 1988 :
COLLEVILLE-MONTGOMMERY
Après avoir fait un
détour par la banque et déposé Monique au centre-
ville dont elle veut parcourir seule les magasins,
nous retournons au Mémorial vers 12:00 pour le quitter
vers 18:00. Films, maquettes, exposition de matériel
nous occupent intensivement pendant ces 6 heures et
c'est saturés d'informations face à cette période
historique que nous quittons le musée. Une mention
particulière pour les 2 films par lesquels s'achève la
visite, l'un très spectaculaire avec son écran double
où s'affrontent parallèlement et simultanément les
deux partis en présence (Alliés et Allemands), l'autre
fort émouvant par l'évocation de la fin de la guerre
mondiale, des autres conflits armés ayant éclaté
depuis, et l'espérance d'un état de paix enfin à venir
pour le monde. |
|
Nous rejoignons Maman et Monique à Colleville où nous soupons
ensemble avant de terminer nos préparatifs de départ.
Améliorations
chez Pilote en Bretagne et séjour à Lyon
Mercredi 26 octobre 1988 :
de COLLEVILLE à LA LIMOUSINIÈRE
(près de NANTES)
Nous rangeons la maison et remplissons le camping-car pour
être enfin prêts à lever le camp vers 12:00. C'est incroyable
tout ce que peut contenir cette petite maison à roulettes,
aussi quel boulot ! Un arrêt à Hermanville nous permet de
compléter notre pharmacie de voyage et de remonter le coffre
sur le toit avant de faire nos adieux à Gilles et Ginette;
autre escale à Vaucelles chez Denis auprès duquel nous
achevons de nous approvisionner et d'où nous faisons nos
adieux à Maman par téléphone.
Vers 17:00, nous prenons la route de Nantes. Nous voulons en
effet profiter de ce que nous devons traverser la France pour
passer à l'usine Pilote. Nous comptons y faire réparer ou
modifier tout ce que nous pourrons parmi les nombreux défauts
et insuffisances relevés sur notre R 470 depuis trois mois et
demi.
Dans l'ensemble, la route est belle et rapide, offrant des
vues pittoresques sur les vallonnements du Bocage sillonné de
haies et envahi par les brumes du crépuscule. Du haut de la
colline d'Avranches, nous apercevons le Mont-Saint-Michel
illuminé au loin dans sa baie, puis nous roulons dans la nuit
jusqu'à Rennes, utilisant des 4 voies modernes dont j'ignorais
l'existence. Comme la Bretagne s'est modernisée en 20 ans !
L'impression se confirme lorsque nous empruntons le
périphérique de Rennes puis de la voie rapide sur laquelle
nous filons jusqu'à Nantes. Mais arrivés au centre ville et
tentant de repérer sur un plan la Limousinière, nous sommes
incapables de la trouver. Pire, personne ne semble jamais en
avoir entendu parler... Il nous faudra 2 heures de recherches
dans la campagne, zigzaguant sur des petites routes
enténébrées, pour découvrir le village. L'usine se profile
enfin devant nos phares. Nous allons stationner dans un
lotissement en construction juste à côté pour nous endormir
enfin vers 2:00 du matin.
Jeudi 27 octobre 1988 :
LA LIMOUSINIÈRE
Accueil de l'usine Pilote de La Limousinière
|
Nous nous présentons
vers 9:30 aux bureaux de la compagnie Pilote. On nous
fait poireauter une demi-heure avant qu'un sous-fifre
vienne entendre nos récriminations. Devant leur
ampleur, il semble dépassé et doit en référer au
directeur technique qui, quant à lui, ne sera pas
disponible avant 14:00... Vers 14:30 ce dernier, de
fort méchante humeur (on ne lui aurait pas transmis
notre appel quelques jours plus tôt, dit-il...)
condescend à nous consacrer quelques minutes. Ce sera
une entrevue très désagréable où il faudra arracher
point par point chacune des réfections nécessaires; et
encore, tous les défauts dus à la mauvaise qualité du
matériel ne seront-ils pas réparés à notre convenance,
et les travaux ne commenceront-ils que demain ! |
Voilà qui nous laisse désœuvrés pour la deuxième moitié de
l'après-midi. Un coup d’œil sur la carte et nous partons vers
l'île de Noirmoutier où, malchance, nous trouvons le Gois
(voie submersible à marée haute) sous quelques mètres d’eau...
Monique entame une longue conversation avec une femme en
caravane seule avec ses six enfants, et nous n'aurons
finalement pas le temps de faire le détour par le pont. Nous
soupons quand même devant la plage avant de retourner à la
Limousinière dans la nuit pour nous y coucher tôt.
Vendredi 28 octobre 1988 :
de LA LIMOUSINIERE à TOURNUS
Lever à 7:15 pour mettre le camping-car à la disposition de
l'atelier à 8:00. On nous installe avec armes et bagages dans
une salle de conférences où j'écris mon journal très en
retard, tandis que les enfants lisent et que Monique met la
comptabilité à jour.
La journée se passe ainsi tranquillement jusqu'à ce que, vers
16:00, on nous remette notre coquille rénovée : grand
lanterneau motorisé et immense trappe d'aération basse dans la
douche (nous ne devrions plus avoir de problème d'humidité !),
vanne du réservoir d'eaux usées placée sur le côté (et non
plus sous le plancher), changement de la tôle latérale pliée,
etc. On nous remet aussi des pièces et du matériel pour
remplacer ou réparer le reste des équipements défectueux, et
en route.
Nous roulons toute la fin de la journée qui s'achève et une
bonne partie de la nuit pour arriver vers 2:00 à Tournus où
nous nous glissons en silence sur le stationnement d'Odile et
Jean-Louis à la Croix Saint-Léonard.
Samedi 29 octobre 1988 :
de TOURNUS à SAINTE-FOY-LES-LYON
Je me lève tard et récupère un peu. Après un minimum de mise
en ordre du camion, un plantureux déjeuner nous réunit avec la
famille B.. Répondant à l'invitation de sa tante, Mathieu
restera à Tournus passer quelques jours de vacances avec ses
cousins eux-mêmes en congé. Puis, après quelques vaines
tentatives pour brancher notre camescope sur leur T.V. (nous
n'avons pu voir jusqu'à présent aucun de nos films tournés en
Scandinavie), nous reprenons la route vers Lyon. Malgré
quelques errements, Monique ne retrouvant plus son chemin dans
le dédale des nouvelles voies d'accès et autoroutes, nous
arrivons sur la rue Alexis-Carrel vers 16:00. Chaleureux
accueil de Jehanne qui nous reçoit seule, Jean étant à la
chasse au chevreuil dans le Jura.
Dimanche 30 octobre 1988 :
SAINTE-FOY-LES-LYON
Journée tranquille où l'on se lève tard et où l'on s'installe
dans les chambres mises à notre disposition. Quel déballage !
Lundi 31 octobre 1988 :
SAINTE-FOY-LES-LYON
Après être allé chercher à la succursale Citroën d'Ecully les
pièces commandées à Caen... et bien arrivées, nous prenons
rendez-vous au garage de Brignais pour tenter encore une fois
de faire taire notre suspension grinçante.
Mardi 1er novembre 1988 :
SAINTE-FOY-LES-LYON
En France la Toussaint est jour férié, donc repos forcé...
Mercredi 2 novembre 1988 :
SAINTE-FOY-LES-LYON
Nous nous levons tôt pour porter notre camping-car chez le
concessionnaire Citroën de Brignais où Jehanne nous a obtenu
un rendez-vous d'urgence. Le chef d'atelier paraît bien
occupé, mais je garde quand même espoir en la qualité du
service dans un petit garage... Dans la journée, un peu de
magasinage et beaucoup de repos...
Vendredi 4 novembre 1988 :
SAINTE-FOY-LES-LYON
Nous récupérons notre camping-car au garage, mais les ressorts
grincent toujours autant, et le chef d'atelier me fait
comprendre qu'il m'a pour ainsi dire fait une faveur en
recevant mon camion dans son atelier... Quand je pense que
nous avons dû nous passer 48 heures de notre précieux véhicule
pour un résultat si mince... Décidément, quel service dans ce
pays; on est loin du Danemark !
Nous résignant à revaloriser par le remplissage de nos coffres
à provision un après-midi déjà bien entamé, nous filons au
Carrefour d'Ecully. Pour moins de 2 000,00 francs, nous avons
la surprise de bourrer 2 grands paniers, soit 2 coffres et
demi. Cela nous permettra de subsister en quasi autarcie
pendant les deux mois à venir. Je profite de l'occasion pour
remplacer nos 2 bouteilles de propane quasiment vides par des
pleines à un coût raisonnable. Voilà qui équilibrera notre
budget autrement mieux que lors de notre coup d'essai
scandinave !
Après cette razzia, nous rentrons à la maison à 19:00, bien
fatigués. Monique commence aussitôt un rangement rationnel et
une liste qui rendra plus rapide le prochain plein à notre
retour. Nous sommes enfin presque prêts...
Samedi 5 novembre 1988 :
SAINTE-FOY-LES-LYON
Matinée tranquille où l'on se lève tard et traîne un peu...
Après dîner Jean m'accompagne dans ma recherche de jerrycans à
eau destinés à compléter notre réservoir de 90 litres vraiment
insuffisant. Nous consacrerons l'après-midi à cette quête pour
finalement trouver chez Sublet à Saint-Priest les deux fameux
bidons. Une visite chez Matasse avait amené le résultat
habituel : pas de solution sinon à un coût prohibitif...
Entre temps Mathieu rentré de Tournus passe les quelques
heures de notre magasinage dans la boutique de Jean-Pierre B.
où il peut voir et discuter des nouveaux jeux tout son saoul.
Il récupère ainsi la fatigue d'une semaine de vacances avec
ses cousins qui, parmi bien d'autres plaisirs et activités,
l'ont entraîné sur un parcours d'hébertisme...
Dimanche 6 novembre 1988 :
SAINTE-FOY-LES-LYON
Baptême de Clément B.
|
C'est aujourd'hui le
baptême de Clément, et toute la famille se rassemble à
Sainte-Foy : Jean-Louis et Odile, René-Pierre et
Jocelyne... Cela fait beaucoup d'enfants, auxquels
s'ajoute la famille de Christian. Avant que chacun
arrive en fin de matinée, j'achève la pose de
l'antenne radio sur le toit du camping-car pendant que
Monique poursuit le rangement de l'épicerie. |
Nous descendons ensuite
à la cathédrale Saint-Jean où, en attendant le début
de la cérémonie, nous allons admirer l'horloge
astronomique et ses charmants personnages médiévaux
qui s'animent soudain sur le coup de midi: le coq
secoue ses ailes, les anges battent tambour et sonnent
trompette, l'Archange Gabriel apparaît à Marie en
prière; quelques secondes d'agitation, puis tout
rentre dans le calme pour 24 nouvelles heures... Nous
nous dirigeons alors vers la chapelle des baptêmes.
Clément se montre très serein et gracieux pendant les
différents rituels et onctions. Les autres enfants
tiennent sagement leur cierge cérémoniel tandis que
les parents entonnent à pleine voix les hymnes de
circonstance, accompagnés à l'orgue par Jean-Louis et
Emmanuel. |
Baptême de Clément B. |
La fête se poursuit autour d'un bon feu de cheminée dans le
grand salon de Sainte-Foy. Jean étrenne sa nouvelle T.V. en
présentant ses débuts à la vidéo, puis nous visionnons pour la
première fois (hélas en noir et blanc, faute d'un appareil
multistandard PAL-NTSC...) quelques uns de mes films. Leurs
nombreux défauts me sautent aux yeux et me décident à les
regarder tous systématiquement par la suite pour tâcher
d'améliorer une technique pour le moins maladroite.
Lundi 7 novembre 1988 :
SAINTE-FOY-LES-LYON
C'est ce matin que nous devions prendre la route de la Hongrie
et de la Grèce, mais Monique ne se sent pas encore prête à
redémarrer. Elle veut prolonger encore un peu l'étape pour
achever ses travaux de couture et faire quelques courses.
Aussi décidons-nous de nous séparer : j'emmènerai Mathieu en
Suisse pour 4 jours d'excursion selon ses désirs, puisqu'il
nous réclame ce pays de ses rêves depuis bien longtemps. Nous
reviendrons samedi pour qu'il puisse participer à la prochaine
assemblée des "Paladins des Traboules" (son club de jeu de
rôle favori et nous partirons tous dimanche.
La journée passe donc en ultimes bricolages dans le
camping-car (coupe des coussins isolants de la capucine,
fixation du câble d'antenne, étanchéité de la salle de
douche), et en quelques ajustements vestimemtaires (il
commence à faire assez froid et, insuffisamment équipés, nous
avons dû nous faire prêter quelques vestes et anoraks). Au
repas du soir, j'invite Jean à nous accompagner s'il le
désire, ce qu'il accepte semble-t-il avec plaisir.
Virée en Suisse et traversée de l'Autriche jusqu'au
Loibltunnel
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