« Ici fut
Joué-du-Bois... »
A NOS AMIS
de « Libération-Nord» de Rueil-Malmaison, du Comité d'Entr'aide de Vouvray-les-Viris. _____________
C’est le titre - trop véridique hélas ! - que les Cahiers du Maine Libre1 ont donné à la courte légende qui accompagne deux photos du manoir de Joué, victime d'une guerre barbare. En effet, de Joué-du-Bois il ne reste rien, ou si peu ! C'était un bourg très accueillant groupé de coquette façon autour de son église. Maintenant, c'est une espèce de carrière en exploitation autour du sanctuaire mutilé, mais debout. Plus de 40 foyers complètement détruits, 128 sinistrés totaux, 77 sinistrés partiels, voilà l’oeuvre d'un après-midi et d'une nuit : le 14 et la nuit du 14 au 15 août 1944. Dès le 7 juin, lendemain du débarquement, un sévère mitraillage sur les divisions de Panzers montés en renfort avait créé l'atmosphère. De ce jour, rien ne fut plus « comme avant ». Passages d'avions de plus en plus fréquents, Allemands n'osant plus guère circuler de jour, corvées obligatoires dans la forêt de Bagnoles, puis à l'Intendance allemande de la Ferté baptisée « Viktor III », atterrissage d'un ballon anglais de barrage antiaérien dans les herbages de La Croix-du-Rosaire, série de bombes nocturnes au moulin de La Chaux et à La Helotte, échos de l'échauffourée du maquis de Lignères à Orgères2, bombardements des dépôts d'essence de Saint-Michel-des-Andaines, garde de nuit aux « parachutistes », puis sur les routes menacées par les « terroristes », bruit du canon du front du Calvados, tout concourait à renforcer l'ambiance de guerre. Bientôt ce fut le lamentable défilé des évacués et réfugiés de la région de Caen, pour lesquels il fallait improviser gîte et couvert. Joué-du-Bois3, devenu « station halte-repas » sur la ligne Rânes-Lignères-Couptrain, accueillit ainsi et transporta près de 10 000 malheureux. Plus de courant électrique bientôt, et donc nulle part de nouvelles. On sut tout de même la rupture du front allemand dans la Manche, et l'avance foudroyante des troupes du général Patton. Mais pas d‘informations précises : « Ils sont à Rennes !... Ils sont au Mans ! Ils sont à Alençon ! Sont-ils ou ne sont-ils pas à Domfront, par où on entend la canonnade ? Rien de certain ! En fait, la IIIe Armée Américaine du général Patton arrivait le 13 août devant Argentan. Ce jour-là même, 13 août, la 1ère Armée Canadienne (formée le 2 juillet) atteignait les abords de Falaise, menaçant d'encerclement la plus grande partie de l’armée de Normandie (VII armée allemande) commandée par le général Hausser4. C’est ce « couloir » de sortie de la poche d’Argentan qui fut si âprement défendu et attaqué du 13 au 22 août 1944. L’enjeu en valait la peine ! Cette « poche » - délimitée d'après la B.B.C. par Argentan Falaise, Flers et Rânes, - causera de grands soucis aux Américains, qui n'en viendront à bout qu'après « avoir craint - dit M.l’abbé Ceuneau - un moment donné, d’être obligés de se retirer derrière les forêts d'Andaine, de la Motte, de Monnaye, et même jusqu'à Mayenne... ! »5. C'est à Joué-du-Bois, un peu en avant de Rânes, que les unités allemandes sacrifiées commencèrent leur mission retardatrice. Le dimanche 13 août à Joué, première messe comme d’habitude, mais presque aussitôt après, commencement de la grande musique. Les chasseurs, des « Mustangs », repèrent les véhicules malgré les camouflages, et bientôt sur toutes les routes s'élèvent les fumées des incendies. Aussi à la grand' messe, sept personnes ! Après une courte accalmie, le bombardement reprend. En effet, la circulation automobile s'est intensifiée. Carrouges est libéré le midi, et les éléments de la 2e Panzer allemande qui arrivent toujours se préparent à faire face dans cette direction. Mais l'aviation est impitoyable6, attaquant non plus seulement à la mitrailleuse, mais à la bombe. C'est ainsi que vers 13 heures, une explosion formidable fait sauter une grande partie des vitres des maisons du bourg; une très grosse bombe vient de tomber dans le pré de la Douve, y creusant un énorme entonnoir. Et le carrousel des avions se précipite : c'est qu'il y a là tout près, dans le champ de M. Alph. Appert, embusquée sous un pommier au bord de la haie, une pièce allemande de D.C.A. que les chasseurs visent tout l’après-midi, sans pouvoir l’empêcher de riposter par une salve rageuse et inutile après chaque piqué ! Vers 16 heures, un mitraillage plus sévère met le feu au bâtiment de la cantine scolaire, devenu depuis l'évacuation le poste de secours de la Croix-Rouge. Inutile de dire qu'après une telle journée, il ne reste bientôt plus personne dans les maisons7. La nuit du dimanche au lundi est assez calme, contrairement aux prévisions8, pleine tout de même du bruit des convois allant et venant vers la petite route de Carrouges par les Miées. Des chars « Tigre » prennent position du côté où semblaient devoir venir les Américains, et les chemins sont pleins de chenillettes blindées9. Le lundi matin, le concert recommence, mais pas dans la même direction. Ce ne sont pas en effet les Français de Leclerc, mais la IIIe Division blindée américaine de Mayenne et Couptrain, arrivée la veille au soir à l'entrée de Lignères10, qui mène la danse. Depuis l’aube, son artillerie donne à fond. D'abord la Couperie11 puis bientôt le Haut-Désert, puis vers midi les obus sur le bourg ! Ils seront suivis, hélas, de beaucoup d'autres : un juge qualifié12 estime que nous avons reçu de 1.200 à 1.500 projectiles ! Presque dès le début, l'horlogerie Vaugeois et l'épicerie Duval prennent feu. Dans l'après-midi, ce sera le café Herbé, la charronnerie Retous, les étables Lemaître, la maison Alphonse Appert. Aux obus se joignent les bombes d'avion14 qui visent les chars allemands et les isolés qui circulent dans le bourg. Il y a aussi de plus gros morceaux : une bombe de 250 kilos tombe juste au pied du monument aux morts de 14-18 et le bouleverse : le granit des bases est littéralement « feuilleté » par la violence de l'explosion ! Nous avons parlé plus haut de celle du pré de la Douve. Un chapelet tombe dans la Douve elle-même et sur ses rives. D'autres encore dans l'herbage Léveillé, dans les prés de la Noë…, la cantine, incendiée la veille, est pulvérisée le lundi, et les maisons Landry et Esnult bien malades. Sans doute à titre de souvenir, il en restera une non éclatée - et heureusement désamorcée - pendant plusieurs mois au milieu de la place. Les « Tigres » de la 2e Panzer et d'une division blindée S.S. - bien mélangés d'ailleurs ! - ont fort à faire pour se soustraire à l'œil toujours en éveil des chasseurs-bombardiers, surtout des doubles-fuselages : l’un est touché en plein et saute devant le presbytère, l'autre près de la maison Lempereur, un troisième à la Maladrie, un quatrième reçoit un obus de plein fouet et flambe au milieu de la route, devant l'entrée de la ferme Boujus. Deux autres seront incendiés par les Allemands - et un par les Américains15 - le lendemain matin au Mont-Peley et à l'Aître-des-Noës. Deux autres encore dans l'herbage Lemaître, près de l'Ilière, à la sortie du bourg ! Pendant ce temps, les Américains étaient entrés sur la commune par la route de Lignères, vers midi. Le mitraillage dura longtemps aux alentours de la chapelle Saint-Jacques et du carrefour de la route d'Orgères. Plusieurs blessés allemands furent amenés pour les premiers soins chez. M. Vavasseur à la Heurteventière. Puis une auto sanitaire vint les chercher juste avant l'arrivée des Alliés, pendant que flambait la maison de Mme Guérin. Les gens du village, accourus au sauvetage quand ils s'aperçurent du fait, c’est-à-dire plus de deux heures après, trouvaient curieuse l’allure des troupes défilant sur la route, mais il ne les reconnurent que lorsque ceux-ci se mirent à les aider ! Continuant leur avance, les Américains arrivés à la côte de la Poulinière - où un Sherman se vit désemparé provisoirement par un projectile à la chenille - obliquèrent à droite, évitant le bourg. Arrivés à la Noë, à 200 mètres de l'église, à 19 heures, ils rejoignirent, par les écoles, la route du Champ-de-la-Pierre, sur laquelle ils s'avancent de 3 kilomètres au moins16. À ce moment-là, tout le monde croyait l'affaire terminée: il n'en était rien ! En voici deux exemples: Les premiers Américains sont arrivés aux Rochers vers 17 h 45 : la patrouille descendit ensuite vers la Barilière. Un moment après, M. le Curé et son neveu sortirent pour essayer les bribes de ce qui leur restait de la langue de Shakespeare avec les équipages des chars qui remplissaient l'herbage de M. Malnuit. Pendant ce temps, sa soeur et son beau-frère M. et Mme Julienne quittaient la maison Richard pour aller reprendre, dans le chemin à 50 mètres environ, les valises qu'ils y avalent laissées. Et là, ils se trouvent face à face avec un groupe de S.S. qui leur mettent la mitraillette sous le nez : « Pas un mot ! » et les gardent prisonniers pendant une heure et demie ! Le temps leur parait long ! Fusils-mitrailleurs en position, coups de poing anti-char (panzerfaust) tout préparés, il aurait suffi qu'un soldat allié s'approche pour déclencher la bagarre ! Enfin, les geôliers se décident à s'en aller, en faisant promettre de rester encore une heure « il y va de notre vie ! » disait l'un d’eux !... Une mésaventure du même genre arrivait au bourg un peu plus tard. Persuadés de sa libération totale, les nombreux réfugiés du bourg à la ferme de la Noë17 voulurent aller voir l’état de leurs maisons ! Ayant vu les Américains vers 19 heures, il se dirent après une heure et demie ou deux heures : il n'y a plus de risque maintenant ! et en voilà partis quatre par le raccourci. M. Vaugeois est en tête : il arrive chez lui, son hôtel commence à brûler ! II veut prendre ses clés. Il voit bien un soldat sur le trottoir, il ne lui regarde pas trop la tête, c’était un Allemand ! Il est hélé, arrêté, et « pour sa sécurité » on l'emmène passer le restant de la nuit de l'autre côté de la « ligne. », aux Bissons, où vint bientôt le rejoindre un autre de ses compagnons de la Noë, M. Pénichot !... M. Barbe et sa bonne, restés en arrière et n'ayant
rien vu de la chose, s'entendirent siffler à leur
arrivée par l'équipage d'un char stationné près de la
cantine, et reviennent à toute allure en profitant de
l’abri de la « rue de Rivoli » après avoir constaté
qu'il n'y a plus ni toiture, ni portes ni fenêtres,
mais que la maison tient. On ne peut s'empêcher
d'exprimer le regret que nos Alliés n'aient pas occupé
le bourg dès le début ! À ce moment-là, une grande
partie des maisons étaient encore intactes. Mais il ne
faut pas oublier non plus qu'on pouvait s'attendre à
trouver les routes et carrefours garnis de mines, et
que les Américains ont voulu économiser des vies de
soldats18.
Car, du pauvre bourg de Joué-du-Bois, il allait
bientôt ne plus rien rester : le clocher19
reçoit, dans l'après-midi d'assez bonne heure, deux
obus à hauteur de la chambre des cloches, qui lui font
une plaie béante; ce sont les seuls projectiles21
qui toucheront l'église mais ils suffiront ! Le feu
consume d'abord la charpente intérieure et, dans
la nuit qui vient, au milieu des tourbillons de fumée
des maisons du bourg, la pointe de la flèche, dénudée
de ses ardoises, montre bientôt sa charpente
rougeoyante. Vers onze heures du soir, elle s'abat
tout entière sur le bas de l'église, écrasant
complètement trois travées de la nef ! Par ailleurs,
le bas-côté gauche avait vu sa voûte soufflée par la
bombe qui avait détruit le monument aux morts, et la
voûte du reste de l'église était percée comme une
écumoire par les mitraillages22 !
Il semble bien cependant que vers neuf heures du
soir, malgré les incendies locaux dont nous avons
parlé plus haut, l'ensemble du bourg était encore
sauf. C'est seulement à ce moment-là que l'embrasement
devint général. Y a-t-il eu intervention allemande
pour mettre le feu à ce qui ne brûlait pas encore ! ?
On ne peut guère expliquer autrement la destruction
totale.
Un des sinistres les plus regrettables est celui qui anéantit le délicieux manoir23 de Joué-du-Bois, si connu et si apprécié des touristes, des peintres et des amis du passé. Fut-il construit au début du XVe siècle ou vers le milieu, ou par Ambroise de Beaurepaire à la fin du siècle ? En tout cas, il avait vaillamment résisté aux injures du temps24.
Ayant gardé complète l'ordonnance de ses douves avec
leurs jolies tourelles d'angle, formant un ensemble
assez rare, habité et amoureusement conservé par Mme
Paul Lory, le château renfermait un mobilier ancien et
beaucoup d'objets dont la perte est irréparable.
Signalons en particulier une très bonne toile du
peintre H.N. Léveillé, originaire de la Commune...
Tous ceux qui l'ont visité regretteront la magnifique grande salle avec sa cheminée monumentale et ses solives apparentes : la voilà victime de cette guerre du XXe siècle ! Formons ici le vœu qu'une restauration intelligente puisse conserver au moins la tourelle et quelques vestiges de cette relique25 !
La ligne de démarcation entre les secteurs français et américain partage en deux Sainte-Marguerite-de-Carrouges. Les Français (2e. D. B.) ont pour eux la route de Boucé, par l'Aître Gautier, et les Américains (3e D. B.) convergent vers Rânes par deux routes : celle qui vient de Carrouges et celle de Joué-du-Bois : la petite commune du Champ-de-la-Pierre (62 habitants !) se trouve placée juste au point de jonction de ces deux routes ! C'est de la direction de Carrouges que vinrent les premiers Alliés. Dès le dimanche 13 à la brune, le gros de la colonne arrivait au Carrefour du Pont-d'Hatrel26 en Sainte-Marguerite, venant de Lignères, par Carrouges. En continuant, de bonne heure encore, ils étaient à la Boinière et au Petit-Café. Une patrouille de chars s'avance alors jusqu'à l'entrée même de Rânes, mais elle y perdit plusieurs blindés27 et dut se replier. C'est alors que les obus commencèrent à pleuvoir autour du château. Le lundi dans la matinée, c'est un véritable déluge de fer qui s'abat sur les vénérables avenues, sous les ombrages desquelles ont trouvé refuge nombre de véhicules allemands : la grande allée devant le château qui va jusqu'aux étangs a relativement moins souffert, mais aux Moulineaux, c'est un massacre. Il semble qu'un cyclone a passé là : de-ci, de-là, des chars28, des chenillettes, des camions mais partout un fouillis de branches déchiquetées et amoncelées. L'avenue, si majestueuse jadis avec ses allures de cathédrale, s'en remettra-t-elle ? Le lundi soir, l'autre colonne américaine venant de Joué-du-Bois était arrivée, comme nous l'avons dit, aux environs du Pont-Perrin. Avant de faire leur jonction29, ils arrosèrent une fois de plus le terrain devant eux. Le château30, célèbre par les séjours qu'y fit le Comte de Frotté au temps de la chouannerie, est intact, mais dans cette nuit du lundi au mardi, vers minuit, la petite église brûla entièrement, il n'en reste plus que des murs calcinés. L'artillerie américaine continua de s'installer et désormais, c'est à partir des prés et des herbages du Champ-de-la-Pierre que fondit sur Rânes l'ouragan meurtrier. L'emplacement des batteries est encore marqué par les monceaux de douilles en vrai cuivre et d'emballages au carton spiralé et au bout d'ébonite, en grande partie du calibre 105. Abbé F. DUMONT
Curé de Joué-du-Bois. NOTES : (1) N°5, du 1er janvier 1945. Nous sommes heureux de pouvoir offrir à nos lecteurs un excellent dessin dû à M. le Commandant Mouton, que nous remercions ici, d'un aspect peu connu du château de Joué-du-Bois... avant ! (côté est). (2) Le village du Fougeray en Orgères (Mayenne) où elle eut lieu, se trouve juste à la limite du département et de la commune, à 2,5 km de Joué. Sur le maquis de Lignères, voir abbé A. Ceuneau : « L'Été de la libération à Couptrain », pp. 10.12. À noter qu'au Fougeray, il semble bien qu'il y ait eu au moins cinq Allemands tués, quatre dont on a retrouvé les traces au village, et l'autre au carrefour de la route de Joué. (3) Carrouges, Saint-Sauveur et Ciral eurent également leurs centres d'accueil, où ne manquèrent nulle part des dévouements désintéressés. (4) Cf. G. Jean Reybaz. « 6 juin 1944 : ils ont débarqué ! » avec une carte, Monde Illustré du 9 juin 1945. (5) A. Ceuneau : « L'Été de la libération... », p. 32. Sur l'intensité des combats au cœur de la « poche», lire la brochure de M. l’abbé Launay, curé de Tournai-sur-Dives, « Comment finit la Bataille de Normandie », 1 br. in-8° 1945. Le Mans. Vilaire. (6) C'est ce jour-là que le communiqué allié annonça que l'aviation avait détruit sur les routes plus de mille véhicules ennemis ! (7) C'est ce qui explique le petit nombre des victimes. Cependant c'est à ce moment que Mlle Louise Lecoq fut frappée dans sa cave par une balle de mitrailleuse d'avion entrée par un soupirail. (8) C'est pendant cette nuit tout de même qu'une vieille femme, la veuve Picot, habitant une maison isolée à la Haie. fut sauvagement assassinée par les SS de cinq balles de revolver, à 75 ans. (9) A l'Aître-des~Noës, les Allemands devaient brûler eux-mêmes le mardi matin 15 août, 10 chenillettes de munitions ! (10) Cf. A. Ceuneau: « L'Été de la Libération à Couptrain » 1. p.21-22. (11) Où fut tuée d'un éclat d'obus Mme Vve Louveau. (12) M. Jean Touzo, maire de Joué-du-Bois, capitaine d'artillerie. (13) Il semble bien que l'artillerie tirait « à vue » de la direction de l'est. Le Presbytère a reçu 25 obus, dont 5 dans l'habitation (pignon est) et tous les autres au ras du bâtiment, soit un peu trop à droite ou à gauche ou trop courts ! Peut-être des chars, arrivés à la Noë ? (14) En particulier, les terribles avions à double fuselage, si redoutés. Ces chasseurs-bombardiers lancent à profusion des bombes de petit calibre dont on retrouve les ailettes. Après consultation des spécialistes, M. l'abbé Amiard, du Petit Séminaire de Flers et l'adjudant Ménard, chef artificier d'Alençon, il s'agit de « bombes américaines du poids de 20 Ibs (environs 10 kg.). Ces bombes sont amorcées par une fusée instantanée. Leur corps. en fonte aciérée ou en acier, permet une très grande fragmentation: 1.000 à 1.500 éclats ! Ce sont des bombes contre le personnel. D'ordinaire ces bombes sont fixées 6 par 6 sous les ailes de l'avion... » Nous en avons en effet recueilli dans le presbytère près de dix ailettes complètes. Ces bombes sont formées d'un ressort à boudin à spires jointives, mais non soudées, ce qui explique la fragmentation. On en a retrouvé un certain nombre non tirées, dans le chemin des Rochers et cour Christophe. D'où venaient-elles ?(15) L'équipage de ce char se rendit le mardi matin; c'est M.Poirier de la Fouquière, ancien P. G. de 14-18 qui servit d'intermédiaire et d'interprète. Les Américains mirent le feu au Tigre désormais inoffensif. (16) Au Vieil Hêtre, la résistance d'un Tigre, embusqué près de la maison Duhéron, entraîna cette dernière dans sa destruction.Un peu plus loin, en descendant la Côte du Pont-Perrin, carcasses de véhicules et entonnoirs de bombe jalonnent l’avance alliée (17) La Noë était devenue très peuplée ! Outre le bourg, iI y avait en particulier un orphelinat de Briouze dirigé par Mlle de Givenchy. (18) De fait, à notre connaissance, il n'y a eu qu'un mort américain sur Joué-du-Bois: à l'entrée du chemin de la Sorillère.Hélas ! il est certain que le danger des mines n'était pas chimérique : quelques jours après, elles faisaient des victimes: à la Fontenelle, Daniel Lepoury, un entant de 9 ans, au Pont d’Hatrel, M.Jourdan, maire de Saint-Martin-l’Aiguillon, et M. Durand, cantonnier; à Sainte-Marguerite, nous l'avons dit, une chenillette de Leclerc, à la Boinière, un camion américain, etc. (19) D'ailleurs, le lundi matin, les Allemands y avaient établi un observatoire, après avoir fracturé la porte d'une sacristie. (20) Cependant l'auteur a retiré de la voûte, du bas-côté droit, une bombe d'avion antipersonnel qui avait fait long feu. (21) Des trois cloches tombées dans l'incendie, la plus grosse (pesant 1.000 kilos) est en grande partie fondue. (22) Nous sommes heureux d'offrir à nos lecteurs un dessin de l'église à ce moment; par l'excellente artiste Mlle Durand-Lorière, qui voudra bien trouver ici l'expression de notre gratitude. (23) Voir l'excellent dessin du commandant Mouton. (24) Voir abbé C. Macé. « Joué-du-Bois.
Paroisse. Fiefs. Commune », paru au
Bull. de la Soc. Hist. de l'Orne 1889-1891, et
en volume. Il date le château du milieu du XVe.M.
le Dr Gosselin (Ann. de l’Ass. Normande, 1935
p.112) l'attribue à Ambroise de Beaurepaire, au
XVIe. Nous sommes heureux également de pouvoir rassurer tous les amis de N.-D. de Liesse de la Raitière. Le pèlerinage, si cher au cœur de M. le chanoine Leboulanger, n'a pas souffert de la guerre. C'est tout juste si un éclat d’obus a traversé les deux fenêtres de la Sacristie… (26) Tout près du pont d'Hatrel, eut lieu le lundi après-midi un combat assez important : un groupe d'Allemands arrivant de l'Etre-Blanchet fut reçu à coup de fusil par les deux sentinelles américaines placées au carrefour de la Babizière. L'une se replia sur le croisement des routes, solidement tenu par les chars. L'autre continua de faire le coup de feu. Les Fritz - une quinzaine - débordèrent alors le carrefour par les deux côtés, et l'Américain se réfugia à la maison Ravet. Mais en tentant de franchir la route, les mitrailleuses des chars les prirent en enfilade : cinq morts et un blessé restèrent sur le carreau. Les autres, à travers les près, gagnèrent la Forge: une auto mitrailleuse les poursuivit par le chemin: elle revint sans avoir vu personne: en effet, les Allemands étaient dissimulés dans la rivière sous le petit pont de la Forge ! La fusillade avait duré environ une demi-heure. (27) Quatre chars Sherman sont restés autour de la ferme de la Bigottière, d'autres à l'entrée même de Rânes. (28) Dix chars Tigre sont restés entre Joué-du-Bois et Rânes, sans compter les autres véhicules. (29) C'est à ce moment, mais par suite d'un accident et non dans le combat, qu'un char américain qui n’avait pas vu le tournant, bascula sens dessus dessous dans le grand étang. Quand l'eau est claire, on voit encore les chenilles à plus d'un mètre de profondeur. (30) Habité maintenant par M. le comte Hubert d'Andigné. |