Avant le coucher hier
soir, brève observation du ciel exceptionnellement clair
et étoilé, à l’invitation de Mathieu qui passera un bon
moment à contempler le spectacle en compagnie
d’Hermione. Ciel pur ce matin, et vent modéré qui promet des conditions idéales pour la randonnée envisagée. |
Bivouac au pied de la tour du Mt-St-Alban |
Après déjeuner et
prise de 2 comprimés d’ibuprofène (en prévention...), je
suis prêt à 9:00 mais dois attendre que mes voisins
lèvent le camp puisque Mathieu tient à laisser la
roulotte à l’endroit indiqué hier par le gardien, tandis
que Juliette prendra l’auto pour aller faire quelques
courses et du lavage avec les 2 jeunes réticents à se
lancer dans la randonnée. Tout étant prêt à 10:00,
Mathieu et moi gagnons enfin le sentier donnant accès à
la promenade. |
Distance affichée : 1,8 km, mais dénivelé conséquent de près de 250 m jusqu’à la tour d’observation dont la structure ajourée en bois nous surplombe, en haut de la falaise verticale. Je prendrai donc mon temps pour franchir à petits pas les quelques passages caillouteux assez abrupts et les volées d’escalier à peine plus faciles sinon confortables, coupés de zones moins pentues mais pleines de racines qu’il faut repérer et enjamber sans trébucher… | Parc du Forillon : le chemin raide et raboteux montant vers la tour d'observation du Mont St-Alban |
Sur le sentier du Mont St-Alban-: vue vers le Cap des Rosiers et son phare |
Après une heure d’efforts et quelques pauses sur des belvédères opportunément placés, nous touchons au but, et escaladons les dernières marches malgré les courbatures qui commencent à s’imposer. |
Nous passerons un bon moment sur la terrasse supérieure à contempler l’admirable panorama à 360°. Vers l’est les falaises se poursuivent comme un rideau rocheux ondulant verticalement jusqu’au cap qui tombe brusquement dans l’Atlantique s’étendant à l’infini. Au nord-ouest le bleu profond du Golfe du St-Laurent se perd dans le lointain (les Îles-de-la-Madeleine, trop basses, et la Côte Nord encore plus distante demeurent invisibles). | Parc du Forillon : Mathieu sur le belvédère du Mont St-Alban |
Parc du Forillon, belvédère du Mont St-Alban : vue vers le sud-ouest, le Rocher de Percé et l'Ile Bonaventure |
Au sud, c’est l’échine verte du Forillon couvert de forêts qui occupe tout le premier plan, tandis qu’un bras de mer nous sépare de l’autre péninsule parallèle, celle de Gaspé dont on distingue à peine les constructions. Tout au fond à l’horizon, la mer miroite, sur laquelle flotte la silhouette caractéristique du Rocher Percé et de l’Île Bonaventure. |
Juliette, Hermione et
Gabriel ne sont pas encore rentrés lorsque je retrouve
ma cabane à roulettes. Je m’y allonge un moment pour
récupérer, puis me prépare une salade de tomates
accompagnée de saumon fumé, bois abondamment et retrouve
assez d’énergie pour, une heure plus tard, aller dans le
camping du Cap Bon Ami faire le plein d’eau et vider la
toilette sèche que je regarnirai bientôt de branchettes
de pin cueillies aux alentours. Nous décidons alors de gagner le secteur sud (nouveau billet d’admission pour une deuxième journée) et aller nous reposer sur la plage de Petit-Gaspé, tandis que les enfants iront passer deux heures dans la piscine du Centre de Loisirs voisin. Bien installé sur le grand parking, je commencerai par faire une longue sieste sur mon lit dans le ProMaster, avant de rejoindre Juliette et Mathieu sur la plage de galets. La température est douce, mais l’eau est vraiment trop froide pour s’y baigner. |
Parc du Forillon : plage de Petit-Gaspé |
Bivouac sur le stationnement de l'Église St Peter (Petit Gaspé) |
Réveil en forme vers
5:30 avec le lever du jour, quasiment sans courbatures !
Je me rendors ensuite jusqu’à 7:45, profitant du calme
presque absolu du parc et du stationnement où, ici
aussi, rien ni personne ne nous ont dérangés. |
À 9:00 je suis prêt au départ, mais une autre fois encore la roulotte peine à démarrer (en partie suite aux facéties de Gabriel). | Petit-déjeuner sur le parking de l'Église St-Peter |
Parc du Forillon : sentier Les Graves (de Grande Grave au Cap Gaspé) |
En route sur le sentier des Graves |
Ce sont donc 3,2 km
que nous devrons parcourir pour gagner le phare, une
marche un peu plus longue que celle d’hier matin, mais
beaucoup plus confortable puisque nous avons choisi
d’emprunter la chaussée gravelée plutôt que le sentier
rustique qui serpente dans les prairies et les bosquets
en dessous de nous, au plus près de la mer. Le paysage tout au long est superbe car nous longeons la large baie de Gaspé qui va s'élargissant jusqu’à son ouverture sur l’Océan. Au bleu profond de l’eau animée de quelques moutons blancs répond l’azur ensoleillé parcouru par quelques légers nuages qui filent sous le vent assez vif. |
Parc du Forillon : la côte et l'ouverture vers l'Océan le long du sentier des Graves |
Depuis le sentier des Graves, l'ile Bonaventure et le haut du Rocher Percé |
Entre les deux, la ligne grisâtre de la côte en face se termine par la masse plus élevée de l’île Bonaventure, le sommet du Rocher Percé n’apparaissant qu’à la fin du parcours. Les kilomètres s’allongent sans trop de fatigue, le vent frais et les nombreuses taches d’ombre projetées par les sapins bordant la chaussée combattant la chaleur de cette belle journée d’été. Et surtout la vue panoramique constante, le silence malgré les quelques autres promeneurs que nous croisons rendent cette balade mémorable. |
Pause piquenique appréciée en arrivant au pied du phare, au centre d’une étendue d’eau dégagée à 300°, sans île ni navire à l’horizon. Seul un petit voilier taille sa route vers l’ouest du Golfe. Nombreux sont les visiteurs qui nous entourent, mais sans bruit intempestif ni agitation, comme si le magnifique environnement pacifiait tous ces amateurs de grand air. | Parc du Forillon : casse-croute au pied du phare du Cap Gaspé |
Parc du Forillon, sentier des Graves : Jean-Paul et Mathieu sur la route du retour |
Le retour bien qu’un peu moins pentu me paraitra long, moins par la douleur sciatique que l’ibuprofène aura gardé à distance, que par des douleurs aux articulations des hanches… Décidément mon châssis vieillit, et je crains bien que le manque d’entraînement régulier - auquel je me refuse - ne fasse qu’empirer les choses ! En revanche les vues renouvelées sur la côte et le fond du golfe font passer le temps de la façon la plus agréable. |
Je commence par boire et me rassasier un peu, puis nous revenons un peu en arrière pour visiter l'ancien magasin général Hyman. Son décor pittoresque a été reconstitué, accompagné de commentaires éloquents sur le régime d’exploitation mis en place par les marchands entrepreneurs de pêche jersiais. | Parc du Forillon : Mathieu et Gabriel gagnent le Magasin Hyman de Grande Grave |
Gabriel devant le Magasin Hyman de Grande Grave |
Grande Grave : dans le Magasin général Hyman |
Les Hyman
En 1807, William Hyman voit le
jour en Russie. Afin d'échapper à l'oppression du
tsar, la famille Hyman de religion juive quitte le
pays et se réfugie à Lodz en Pologne. Au fils des ans,
leur situation ne s'améliore pas et les parents de
William périssent tous les deux.
En 1835, William réussit à sortir de Pologne et trouve refuge dans la ville de Norwich en Angleterre où il travaille pour un joaillier du nom de Hart. Il épouse Amélia Hart et de cette union naissent cinq filles et trois fils. En 1840, son patron l'envoie à New-York pour affaires. De là, il se rend à Montréal pour enfin trouver le chemin de la Gaspésie dont on vante à cette époque les terres neuves. Il est aussitôt attiré par la prospérité de la compagnie Robin et décide d'acheter en 1845, de Francis Ahier guernesiais d'origine, son premier établissement de pêche à Grande-Grave, pour la somme de 220 livres ou environ 800.00$. De 1858 jusqu'en 1882, il est maire de la municipalité du canton de Cap-des-Rosiers et par le fait même le premier maire de religion juive au Canada à occuper un tel poste. À ce titre, il favorise l'établissement du télégraphe, puis la construction du phare de Cap Gaspé. Il devient également membre du conseil de comté, juge de paix et capitaine de milice. Son fils Isaac suit les traces de son père en occupant le poste de maire pendant quarante ans et de nombreuses fonctions politiques et juridiques. William Hyman décède à Montréal le 8 décembre 1882. Ses fils Isaac, Horatio et Jack héritèrent du commerce dont l'expansion fut remarquable. À la fin du siècle, on comptait douze établissements sur la côte : Anse-à-Brillant, Gaspé, Grande-Grave, Cap-des-Rosiers, Rivière-au-Renard, Saint-Maurice, Petit-Cap, Cloridorme, Pointe-à-la-Frégate, Grande-Vallée, Madeleine et Cap-à-l'Ours. Vers 1906, Isaac prend le commerce en mains et en 1946, son fils Percival lui succède. En 1964, juste avant la faillite, il restait encore quelques magasins situés à Rivière-au-Renard, Grande-Grave, Cap-des-Rosiers, Cloridorme, Grande-Vallée, Saint-Maurice et Gaspé. C'est après 123 ans d'existence et 3 générations qu'en 1967, la compagnie Hyman disparaît définitivement de la côte gaspésienne. |
« On faisait un compte là »
(ou : le système d'asservissement du pêcheur par le crédit) Le système de crédit commença à
changer au début du siècle. Cependant, plusieurs se
souviennent encore :
«... au printemps, le monde n'avait pas une cent. Moi là, j'avais pas d'argent; et bien je m'en allais à Grande-Grave pis je prenais mes gréements de pêche, pis je prenais pour ma famille, je faisais un compte là. Et bien rendu au 15 d'août, je donnais ce que j'avais dessus, pis je finissais l'automne. Pis s'il m'en restait une dizaine de piastres, et bien j’avais fait une bonne été... quand un homme avait pu clairer vingt-cinq piastres, eh maudit, il était riche!...! » « quand même que t'aurais été en dettes, ils donnaient du crédit pareil, pour garder le monde là. «... leur but, à eux, était de maintenir le pauvre homme en bas de l'échelle, et c'est seulement ceux qui ont fait des études qui sortent du trou. Ceux qui n'avaient pas d'éducation, peu importe qu'ils soient français, anglais... ils les avaient là, ils les gardaient là. Supposons que les gens l'été, ils n'ont jamais eu un centime. Ils l'ont mis là (ils ont été crédités dans les livres de comptes) et l'année suivante, si c'était une mauvaise année, la compagnie le gardait...» |
Nous complétons par la grange attenante où une exposition bien conçue explique les techniques de pêche et surtout de traitement et commercialisation de la morue. | Grande Grave : expo dans la grange du Magasin Hyman |
Jersey, capitale administrative
des pêcheries gaspésiennes
Après la Conquête en 1760, le contrôle des pêcheries gaspésiennes passa rapidement aux mains des Anglo-Normands. Ce sont des capitaux étrangers provenant de l'ile de Jersey, qui alimentèrent dès lors cette industrie. D'ailleurs, la plupart des compagnies établies en Gaspésie avaient leur siège social sur cette ile anglo-normande: Robin, Janvrin, Le Bouthillier, Fruing, Collas, et d'autres. Des marchands, que William Hyman appelait ironiquement «mes amis de Jersey» avaient formé une Chambre de commerce extrêmement influente et ils contrôlaient toute l'industrie de la pêche, depuis la préparation de la morue jusqu'à sa vente sur les marchés méditerranéens. Ils étaient devenus les maîtres du trafic maritime dans une région qui dépendait d'eux pour ses approvisionnements. Le «système commercial jersiais» était des plus efficaces et les pêcheries gaspésiennes connurent ainsi un essor considérable au 19e siècle. Cependant, comme le déplorait le capitaine Fortin, premier inspecteur des pêcheries du golfe Saint-Laurent, la majeure partie de ce commerce échappait au Canada. La Gaspésie était alors plus jersiaise que canadienne et c'est sans doute l'une des principales causes de son isolement par rapport au reste du Québec. Qui mangeait de la morue de Gaspé ? D'abord les Méditerranéens Comme le calendrier catholique leur imposait chaque année plus de 100 jours de jeûne ou d'abstinence, les Italiens, Portugais et Espagnols venaient en tête de liste pour la consommation de la morue séchée. Ils achetaient surtout du poisson de qualité «marchande». Toutefois, alors que les Italiens choisissaient de préférence les poissons les plus petits, les Espagnols et les Portugais étaient friands de grandes morues. Des esclaves Produit de consommation peu dispendieux, la morue de qualité inférieure était destinée aux ports des Antilles et du Brésil pour nourrir les esclaves des plantations. Plus tard, une fois affranchis, ces consommateurs continuèrent leur habitude de manger de la morue séchée. Surtout pas les Québécois! La morue séchée n'a jamais été très populaire auprès des Québécois. Dans les marchés des grands centres urbains, comme Montréal et Québec, on ne trouvait habituellement que de la morue d'automne, qui n'était qu'à demi-séchée, ou de la morue verte, qui n'était que salée. LA PRÉPARATION DE LA MORUE: Le tranchage Dès que la barge arrivait à quai, les prises du matin étaient déchargées et préparées. Le tranchage, aussi appelé «habillage», exigeait précision et rapidité. Trois «habilleurs» placés autour d'un étal à trancher, apprêtaient quotidiennement des milliers de poissons: 1. le piqueur coupait la gorge de la morue et l'éventrait 2. le décolleur lui retirait le foie et les entrailles avant de lui casser le cou sur le bord de l'étal et de lui enlever la tête 3. le trancheur ouvrait le poisson complètement, détachait «l'arête principale» et la retirait. Le salage Dès que le poisson était vidé, on le salait pour en extraire l'humidité et tuer les bactéries. Des «coucheurs» plaçaient les morues dans des cuves à saler rondes. Ils les disposaient en cercle, la chair vers le haut. Lorsqu'une rangée était complétée, le maître-saleur déposait sur la partie charnue de chaque poisson le sel nécessaire pour le conserver sans le brûler. Le lavage Quand elle avait «pris son sel » la morue était lavée dans de grands bassins de bois remplis d'une eau légèrement salée. Munis de grandes vadrouilles, des ouvriers enlevaient le sel et les dernières impuretés. Des ouvriers lavent la morue dans un entrepôt de la compagnie Robin. Le séchage «Le soleil de partance» Quand la morue avait séjourné dans les entrepôts pendant un mois ou deux elle était étendue sur la grave pour prendre un dernier «soleil» . On s'assurait ainsi qu'elle était débarrassée de toute son humidité et qu'elle était bien sèche pour l'expédition. Séchage de la morue sur la grève (la « grave») Le pressage Cette peinture d'Eugène Klimot en 1954 illustre l'emploi des presses à l'intérieur d'un entrepôt de Carleton. À cette époque, la morue était souvent expédiée dans des boites de bois ou des barils de 1 quintal (52 kilos ou 112 livres). Pressage de la morue dans les barils Plusieurs catégories Le «culler» déterminait les catégories de morue La morue séchée exportée par le marchand ne provenait pas uniquement de son propre établissement de pêche. La plus grande partie lui était livrée par les pêcheurs de la côte qui préparaient eux-mêmes le poisson. De là le besoin de contrôler la qualité de la morue Le «culler», personnage fort controversé, avait la responsabilité d'inspecter, de classer et conséquemment de fixer le prix de la morue livrée par les pêcheurs. Le «culler» voyait défiler des échantillons de morue séchée devant lui. En pressant le poisson de son pouce, il pouvait juger de sa qualité. Si la chair était ferme et poudreuse, le poisson était considéré de qualité marchande; dans le cas contraire, il était déclassé. Le poisson de qualité inférieure. Cette catégorie regroupait les morues graisseuses, brûlées par le sel, cassées, molles, mal tranchées, mal séchées ou «breumeuses», c'est-à-dire comportant des taches. Ce produit portait souvent le nom de sa destination:
Le «culler» (du verbe anglais to cull : choisir) Les différents formats de la morue : La taille du poisson était un deuxième critère de classification. On distinguait la morue:
Navire transatlantique fin XIXe. Destination: Naples Naples était le principal port de débarquement de la morue gaspésienne. Civitavecchia, le port de Rome, et les ports d'Ancône et de Bari sur l'Adriatique, étaient aussi des destinations habituelles. Grands consommateurs de morue séchée, les Italiens s'approvisionnaient aussi en Norvège, à Terre-Neuve et au Labrador à prix concurrentiels Cependant, le climat de la Gaspésie permettait de sécher la morue plus vite et donc de l'expédier avant ses concurrents. Cette liste de navires enregistrés à Naples, en 1869, illustre bien la concurrence qui opposait les pays producteurs de morue séchée pour la conquête du marché italien. Remarquez que c'est un bateau de la William Fruing and Co. provenant de Gaspé qui est en tête de liste. Il était arrivé trois semaines avant le premier navire norvégien et un mois avant le premier navire terre-neuvien. |
MAISON DOLBEL-ROBERTS Construite vers 1915, la maison
Dolbel-Roberts se distingue des maisons voisines à
flanc de coteau de Grande-Grave. Elle adopte une
version sobre de la maison de style cubique, ou Foursquare.
Deux familles y ont vécu successivement : les Dolbel
et les Roberts.
Les Dolbel, agents de la Fruing
de père en fils
Arrivé de Jersey en 1861, Alfred William Dolbel est d'abord engagé comme commis auprès de la compagnie Fruing à Shippagan, au Nouveau-Brunswick. Quelque 10 ans plus tard, il dirige l'établissement Früing de l'Anse-au-Griffon, puis celui de Rivière-au-Renard, et enfin, de 1885 à 1901, le quartier général des Fruing, à Grande-Grève. Son fils aîné, Alfred Henry Dolbel, suit ses traces. Il entre chez la Fruing comme commis, et il en est agent lorsqu'il achète la propriété, en 1915. Quand la Fruing déclare faillite, le 28 avril 1917, Alfred H. Dolbel délaisse le commerce de la morue pour l'industrie forestière. En 1921 il déménage avec sa famille à L'Anse-aux-Cousins. Les Roberts, une famille pionnière Les Roberts comptent parmi les familles pionnières de la péninsule de Forillon. Résident de Seal Cove, près de Douglastown, George Roberts achète la propriété d'Alfred Henry Dolbel en 1926. Cultivateur et pêcheur de métier, il partage sa maison avec son épouse, Alice Piton, native de Cap-aux-Os, et leurs 10 enfants. Leur fille Audrey sera la dernière propriétaire des lieux. Elle, son époux, Frederick Morency et leur fils Allen, habiteront la maison de 1959 jusqu'à l’expropriation, en 1970. |
Grande Grave : la Maison Dolbel-Roberts |
Plage de Penouille |
Après notre exploration de ce coin du parc, Juliette décide de nous emmener à la plage de Penouille où nous allons passer la fin de l’après-midi. Je resterai à prendre un peu de repos dans le Promaster et à jaser avec Mathieu tandis que Juliette et Hermione vont se tremper les orteils dans l’eau trop fraiche pour nous. Petite plage de sable agréable, mais un peu trop encombrée de troncs flottés à mon goût, tandis qu’algues et rochers rendent la descente et le bain peu attirants selon Hermione. Nous y passerons un bon moments, mais finissons par quitter le stationnement interdit aux campeurs la nuit. De toute façons il est rendu trop bruyant par un chantier routier voisin. |
À 9:15, la bonne
humeur des enfants aidant, nous sommes prêts à lever un
camp qui fut des plus tranquilles et silencieux,
confirmant le bon choix de notre pilote. |
Nous gagnons aussitôt le Fort Péninsule, l’une des trois batteries construites en 1942 pour protéger la base navale alliée de la baie de Gaspé face aux bâtiments et surtout aux sous-marins allemands qui coulèrent une vingtaine de navires lors de la Bataille de l’Atlantique. Un filet tendu entre les deux rives et des navires patrouilleurs complétaient le dispositif, si efficace que la batterie ne fut jamais sollicitée… Deux canons de marine de 120 mm dont les fûts émergeaient des deux casemates garnissaient la «forteresse», bien modeste à côté des batteries dont les Allemands avaient truffé la côte normande… | Fort-Péninsule, Canon No.1 |
Penouille : balade de la Taiga en quadricycle |
Plage de Penouille : baignade.solitaire en fin de journée |
Après une dernière baignade sur la plage qui se vide progressivement sous un ciel chargé, nous retournons en soirée souper et dormir sur le parking du Portage qui nous a si bien réussi la nuit dernière. |
Après une autre nuit des plus tranquilles en ces lieux retirés, retour au centre ville de Gaspé pour faire quelques courses au SuperC où nous trouvons à prix abordable à peu près tout ce qui nous manquait. |
Bivouac sur le parking devant la station du Mont Béchervaise |
Rien ne troublera notre sommeil dans les hauteurs et un grand soleil brille à nouveau à notre lever. Nous regagnons Gaspé et la route côtière pour voir défiler les villages de la côte est de la péninsule : Seal Cove, L’Anse-à-Brillant, Bois-Brûlé, St-Georges-de-la-Malbaie… |
Coup d’œil en passant au Rocher à Tête d’Indien, avant d’arriver à la Pointe St-Pierre, une petite réserve ornithologique protégée au bord d’une anse débordante de fleurs sauvages. Juliette, Mathieu et moi y faisons un petit tour pour jouir du paysage agreste préservé, des espaces fleuris et des vues sur les rochers et la plage de sable rouges. | Le Rocher à Tête d’Indien |
Pointe St-Pierre : rivage rocheux |
En nous rapprochant de
Percé, nous bifurquons sur une mauvaise piste
poussiéreuse qui mène au Parc de la Rivière Émeraude,
repéré par Juliette. Au delà du grand parking en cours d’aménagement, et au bout d’un joli sentier sous les arbres, une volée de marches en bois dégringole jusqu'au lit de galets d'un torrent aux eaux bleu-vert, précédé d’une cascade d'une dizaine de mètres. |
Chute de la Rivière Émeraude |
Chute et bassin de la Rivière Émeraude |
Nous y passons la matinée sans Hermione restée dans la voiture; Juliette puis Mathieu et enfin Gabriel se baigneront dans l’eau très fraîche se déversant dans un bassin bleu-vert au pied de la cascade. Puis nous prendrons le soleil un moment dans ce cadre paradisiaque, entourés de quelques autres visiteurs venus se baigner, patauger ou piqueniquer en famille dans le lit caillouteux du torrent. | Mathieu et Juliette dans l'eau très fraiche du bassin. Gabriel suivra plus tard... |
Descente sur Percé |
Nous voilà en pleine
forme pour gagner enfin le village de Percé tout proche.
L'arrivée impromptue en haut de la côte offre une vue
spectaculaire sur le site réputé. Mais plutôt que de consacrer notre passage aux rues toutes dédiées au tourisme commercial (restaurants, hôtels, buvettes et autres boutiques de souvenirs…) j’ai pensé faire la balade menant au sommet du Mont Sainte-Anne qui domine le site renommé. Nous avons en effet renoncé à l’excursion à l’Île Bonaventure beaucoup trop coûteuse (48 $/personne !) et trop centrée sur l'ornithologie. Nous faufilant à travers les petites rues jusqu’à l’église nous tentons d’y stationner nos véhicules mais l’espace y est rare et dispendieux. De plus le chemin carrossable qui mène au belvédère est maintenant interdit aux véhicules à moteur… Déçus, nous devons là aussi renoncer, d’autant plus qu’entreprendre la montée de 2,6 km, (60 mn à pied) sur le chemin pentu et exposé plein sud, nous paraît un défi un peu élevé en plein midi ! |
Nous rejoignons donc
la rue principale qui traverse la village, envahies par
une foule de vacancier qui déambulent entre les
terrasses des cafés et restaurants… et poursuivons
jusqu’à la Côte Surprise d’où se dévoile une vue bien
dégagée sur le fameux Rocher et son trou. Je contourne le jardin de l’Hôtel La Côte Surprise qui bouche partiellement la vue, mais voilà qu’une employée qui ramassait les déchets sur le terrain commence à me demander ce que je fais là, d’un ton courroucé en s’apprêtant à m’en chasser. Je réponds vertement en évoquant la tournure «exploitation à outrance du touriste» dans ce joli village, prends ma photos et tourne les talons, décidé à quitter immédiatement son territoire si peu accueillant. |
Percé : le Rocher depuis la Côte Surprise |
Cap d'Espoir : l'église anglicane désaffectée St-James, siège de la distillerie La Société Secrète. |
Une belle production variée. |
Trilogies vitraux alambics... |
Hermione et Gabriel dégustent un sorbet aux parfum délicat |
Bivouac du ProMaster devant le camping du Bourg de Pabos |
Beau temps ensoleillé aujourd’hui encore avec nuages dispersés qui donnent du relief au grand ciel bleu. En attendant mes compagnons de route qui déjeunent tranquillement dans leur camping, je consacre le début de la matinée à une longue promenade sur la plage et sur la dune contigüe où l'on a ménagé des campements isolés et noyés dans la végétation. |
Au camping de Pabos Mills : l'équipage de la Bolt prend le ptit déj'... |
...puis Gabriel se retire dans sa tente ! |
SITE HISTORIQUE DU BANC DE PÊCHE DE PASPÉBIAC C’est en 1767 que la compagnie
Charles Robin (originaire de Jersey) établit son
quartier général à Paspébiac. L’entreprise devient un
véritable empire au 19e siècle. Dans le golfe du
Saint-Laurent, elle possédait plus d’une trentaine de
postes de pêche, que ce soit au Québec, au
Nouveau-Brunswick ou en Nouvelle-Écosse. À partir de
Paspébiac, elle dirige un vaste réseau de collecte, de
transformation et d’exportation de morue séchée vers
les marchés d’Europe, des Antilles et du Brésil. Au
retour, ses navires rapportent des produits qui sont
revendus à d’autres marchands ou dans ses propres
magasins généraux.
En 1838, avec l’arrivée de la compagnie Le Boutillier Brothers (autres jersiais), le banc de Paspébiac devient une plaque tournante du commerce international de la morue. Comptant 80 bâtiments, c’est un village grouillant d’activités : quais, ateliers, forges, dortoirs, entrepôts, bureaux… À l’époque, c’est même l’un des plus grands chantiers navals du pays. Si elle fut l’une des grandes entreprises de son époque, la compagnie Robin a cependant été l’objet de vives critiques. Avec son système de crédit, elle a souvent créé l’endettement, la dépendance et la pauvreté des pêcheurs. En 1886, à la suite de la faillite de la Banque de Jersey, le banc de Paspébiac est le théâtre d’une véritable émeute. Menacés de famine, les habitants se voient contraints de piller les entrepôts de la compagnie. En 1964, un violent incendie détruit la majorité des bâtiments du banc de Paspébiac. Dans les années qui suivent, ceux qui restent sont tout simplement laissés à l’abandon. C’est grâce à l’action d’un groupe de citoyens de Paspébiac qu’ils ont pu être sauvés, restaurés et mis en valeur. Ce patrimoine unique, témoignant de l’histoire des pêches dans le golfe du Saint-Laurent, est désormais classé par les gouvernements du Québec (1981) et du Canada (2001). |
Paspébiac : barques sur la grève |
Les pêcheurs Dans les petits établissements,
la morue est pêchée et transformée entièrement par
les familles de pêcheurs. Dans les grands
établissements, comme à Paspébiac, les compagnies
recourent plutôt à des engagés saisonniers.
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Le banc de
Paspébiac en 1870 À son apogée, le banc de
Paspébiac est l'un des rares établissements de
pêche d'envergure industrielle de l'Est du Canada.
Durant l'été, c'est une ville grouillante
d'activités avec des centaines d'employés :
pêcheurs, graviers, constructeurs de navires,
marins, capitaines et administrateurs.
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Paspébiac : vue ancienne avec l'entrepôt de la puissante CRC (Charles Robin Company) |
Dans le Banc de pêche de Paspébiac Gabriel s'instruit devant les vigneaux sur lesquels on séchait le poisson |
Banc de Paspébiac : Hermione devant une palangre, ligne aux hameçons multiples tirée par le pêcheur derrière sa barque |
Banc de Paspébiac : le grand entrepôt des Le Boutillier Brothers |
Banc de Pasbebiac : Jean-Paul dans l'entrepôt |
En fin de journée nous ferons un petit arrêt chez une cousine de Mathieu qui, fuyant la grande ville, est venue se mettre au vert ici avec ses chats. Elle a acheté une vieille maison qu’elle retape elle-même progressivement. Décor orignal, quelque peu kitch… | Gabriel et le chat de la cousine de New-Richmond |
New-Richmond : la côte de la Baie des Chaleurs sous notre bivouac |
Après un lever tardif sur notre petit stationnement désert et paisible, nous allons passer la fin de la matinée au Parc de la Pointe Taylor. Juliette et Gabriel font un tour de kayak de mer dans la baie, puis Gabriel fait plusieurs fois le tour du parc et des environs sur un vélo électrique loué par sa mère. |
La Baie d'Escouminac et ses troncs flottés |
Nuit totalement
silencieuse et sans aucun passage immédiatement au
bord de l’eau. Nous décollons assez tôt cette fois pour gagner sous un ciel encore très gris le Parc National de Miguasha, consacrés à un extraordinaire site fossilifère du Dévonien, «l’Âge des poissons» (-370 millions d’années). |
L’importance de ce gisement, une petite falaise composée de sédiments déposés dans un estuaire équatorial de l’époque, a d’ailleurs été soulignée par son inscription au Patrimoine mondial de l’UNESCO). |
LES DÉBUTS DE LA VIE Au temps du
PRÉCAMBRIEN
De -4,6 milliards à -543 millions d'années* *Les âges des périodes géologiques citées dans l'exposition sont tirés de l'Union internationale des sciences géologiques : Commission internationale de Stratigraphie, 2001. Les patients débuts de la Vie Il y a 3,9 milliards d'années, les premières formes de vie apparaissent sur notre planète*. Dans les océans, des communautés d'organismes microscopiques préparent la venue de formes plus complexes en produisant par leurs activités de l'oxygène - processus infiniment lent... Ces organismes à une seule cellule domineront les mers pendant plus de 2 milliards d'années - 90 % de l'histoire de notre Terre se déroule au Précambrien ! À quel moment les premiers multicellulaires apparaissent-ils ? Nul ne le sait exactement. Chose certaine, des animaux primitifs à corps mou existent il y a 600 millions d'années. * La Terre elle-même est âgée de 4,6 milliards d'années. Au temps du CAMBRIEN De -543 à -495 millions d'années La vie explose ! Alors qu'il avait fallu plus de 3 milliards d'années pour produire les premières formes de vie animale, voilà que brusquement, les souches ancestrales de presque tous les grands groupes d'animaux actuels, y compris les poissons, se mettent en place. Une période d'expérimentation biologique intense débute. De nouveaux types d'organismes se répandent à travers les océans. et disparaissent parfois aussi vite qu'ils sont apparus ! Nombreux sont ceux qui se dotent d'un squelette externe protecteur. Un site fossilifère canadien témoigne de ce formidable « big bang » du vivant : celui de Burgess, en Colombie- Britannique, reconnu comme Site du patrimoine mondial de l'UNESCO. Au temps de l'ORDOVICIEN De -495 à -440 millions d'années La vie se diversifie... Des millions et des millions d'années aidant, les fonds marins ressemblent de plus en plus à ceux d'aujourd'hui. La vie aquatique se déploie en des milliers d'espèces, dans un foisonnement délirant de formes - dont certaines, déjà, nous sembleraient familières : coraux, étoiles et lys de mer, coquillages, nautiloides* de diverses tailles, poissons... Les communautés animales se multiplient et deviennent plus complexes. * Sortes de « pieuvres » à coquille. Voyez l'illustration. Au temps du SILURIEN De -440 à -417 millions d'années ... de plus en plus ! Événement majeur de cette période, la vie terrestre apparaît : quelques plantes commencent à verdir les continents, et les premiers invertébrés - animaux sans colonne vertébrale - à y poser leurs pattes. L'évolution poursuit aussi son œuvre dans les océans. Les premières grandes barrières récifales s'édifient- communautés complexes de coraux, d'éponges, de bryozoaires... -, créant ainsi de nouvelles niches écologiques. Et les poissons sont de plus en plus diversifiés. Bientôt, ils domineront les eaux. Bienvenue dans les eaux du « paléoestuaire » de Miguasha, au temps de l'« Âge des poissons » ! Ralentissons notre machine à voyager dans le temps. 390 millions d'années... -380. -373.. -370. Nous voici vers la fin du Dévonien, période géologique connue sous le nom de l'« Âge des poissons ». Un événement marquant de l'évolution s'y prépare : la conquête du sol par un animal doté d'une colonne vertébrale et de pattes. Visiteur, oublie le temps présent et la Gaspésie qui t'entoure. Avance-toi plutôt dans les eaux tièdes de l'estuaire équatorial qui coule alors à Miguasha et... laisse les fossiles te raconter leur histoire. Ta propre histoire de Vertébré. |
Hermione et Gabriel devant les fossiles de Miguasha |
Le tour de la longue galerie « De l’eau à la terre» consacrée à l’évolution de la vie, met l’accent sur les espèces de poissons qui font la transition avec les tétrapodes (animaux à 4 pattes) grâce à l’ossature de ses nageoire et sa capacité de respirer. Il s’agit principalement du «Prince de Miguasha», l’Eusthenopteron foordi, dont on a découvert ici pas moins de 3000 spécimens et que l’on a qualifié de «poison avec des pattes». |
Miguasha : Eusthenopteron foordi Le "Prince de Miguasha" |
Eusthenopteron foordi occupe une place centrale
dans l'évolution des vertébrés Ce spécimen est
le plus complet découvert jusqu'à maintenant.
L'animal mesurait près de 90 centimètres !
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N'ayez pas
peur !
Ce n'est qu'un moulage grandeur nature du crâne et du thorax de Dunkleosteus terrelli. Ce poisson, l'un des plus gros prédateurs des mers dévoniennes, n'a jamais nagé à Miguasha. Il vivait dans les mers chaudes de la région de Cleveland en Ohio aux États-Unis. Profitez-en pour observer les redoutables mâchoires cisaillantes. |
Nous quittons ces
galeries fort bien documentées et illustrées pour
rejoindre un groupe en visite organisée sur la plage
toute proche. Accompagnés d’un guide naturaliste, nous découvrons la falaise fossilifère très érodée, lieu des découvertes qui ont rendu le site fameux, et qui continue de livrer régulièrement des spécimens aux chercheurs. |
Sur la plage au pied de la falaise Mathieu examine des pierres éboulées |
Notre guide sur la plage fossilifère de Miguasha |
Une trouvaille sur la plage... |
Chacun marche avec précaution sur le lit de cailloux, espérant y découvrir une quelconque empreinte dans les pierres libérées au pied de la falaise abrupte qui s’écroule progressivement sous l’effet de l’érosion... | Mathieu et Jean-Paul sur la plage de Miguasha |
Comme l’indique la plaque de la Commission des lieux historiques du Canada, «en mai 1760, une flottille de secours française, renonçant à rallier Québec se retira à la tête de la Baie des Chaleurs. Une escadre britannique les bloqua à compter du 22 juin. Appuyés d’Acadiens et de Micmacs, les Français installèrent des batteries sur les rives et obstruèrent le chenal. Ils voulaient ainsi empêcher l’adversaire de s'approcher de leurs navires, ancrés en retrait dans l’estuaire de la Ristigouche. Les Britanniques eurent raison des obstacles et le 8 juillet 1760, les bâtiments français se sabordèrent après quelque sept heures de combat» |
LA BATAILLE DE LA RISTIGOUCHE Après avoir séjourné pendant plus
de 200 ans au fond de l'estuaire de la Ristigouche,
l'épave du Machault révèle enfin ses
secrets. Grâce aux fouilles subaquatiques réalisées
par les archéologues de Parc Canada de 1969 à 1972,
une vaste collection d'objets a été mise au jour.
Ces artefacts ont contribué à l'avancement des
connaissances sur la bataille ainsi que sur les
échanges commerciaux qu'entretenaient la métropole
et la colonie à cette époque.
L’Histoire. Dans un dernier effort pour soutenir sa colonie, la France dépêche une mission de secours en Nouvelle-France. Cinq navires marchands faiblement armés, escortés par la frégate Le Machault (26 canons) commandé par le Lieutenant François Chenard de la Giraudais, appareillent du port de Bordeaux, le 10 avril 1760. Chargés de 2 000 tonneaux de vivres et de munitions, les six voiliers transportent 400 hommes de troupe. Suite à divers incidents, seuls Le Machault, Le Bienfaisant et Le Marquis-de-Malauze se retrouvent dans le golfe du Saint-Laurent, le 15 mai 1760. La stratégie. Ayant appris que des navires britanniques l'avaient précédé, La Giraudais, commandant de l'expédition, décide de se réfugier à la tête de la baie des Chaleurs, hors d'atteinte des vaisseaux britanniques. Le 18 mai, il ancre la flottille dans l'estuaire de la rivière Ristigouche. À cette époque, la petite agglomération de Ristigouche compte des réfugiés acadiens et quelque 150 familles micmaques. L'arrivée des navires français est providentielle pour cette population réduite à la famine. Nourrie et armée par les Français, elle se prépare à livrer bataille avec eux. Pendant ce temps… Les Britanniques dépêchent, de Louisbourg, une escadre de cinq vaisseaux de guerre commandée par le capitaine Byron. Le 22 juin, la flottille française se retrouve bloquée au fond de la baie des Chaleurs. Devant la supériorité britannique, La Giraudais retraite vers l'intérieur. Il espère que les vaisseaux britanniques, avec leur fort tirant d'eau, ne pourront s'engager dans le chenal donnant accès à l'estuaire. Une batterie de canons est aussi installée sur la rive nord de la rivière Ristigouche. Le Machault est gardé dans le chenal, derrière un barrage de goélettes que le commandant a fait saborder pour obstruer le passage. Plan de la Bataille de la Ristigouche L'affrontement. Après plusieurs jours de tentatives pour trouver le chenal principal, les Britanniques réussissent, le 3 juillet, à se frayer un chemin. Le Machault doit se replier en amont. L'affrontement qui suit dure plusieurs jours, et la bataille est ponctuée de nombreux revirements. Le 8 juillet, devant l'inéluctable, le commandant La Giraudais fait saborder Le Machault et Le Bienfaisant afin d'empêcher les Britanniques de s'emparer des vivres et des munitions. Sans la présence de prisonniers dans ses cales, Le Marquis-de-Malauze aurait subi le même sort. La fin des espoirs. Les secours tant attendus gisent maintenant au fond de la rivière. Privée de renforts et de ravitaillement, la Nouvelle-France capitule à Montréal le 8 septembre 1760. La nouvelle ne parvient à Ristigouche que le 23 octobre. Six jours plus tard, la petite garnison se rend. C'est donc ici que fut scellé le sort de la Nouvelle-France en 1760. |
Section de la coque du Machault |
Vaisselle trouvée à bord du Machault : à gauche porcelaine de Chine, à droite terre-cuite vernissée de fabrication française (1760) |
Cargaison du Machault : chaussures de cuir (1760) |
Tonneau en chêne et son contenu de lard salé (1760) |
L'entrepont C'est à ce niveau que
matelots et soldats « s'empilent » pour dormir.
L’exiguïté des lieux ainsi que l'obscurité et
l'humidité qui y règnent rendent la promiscuité
encore plus pénible.
Cent soldats et près de 150 matelots dorment dans cet espace restreint. Ils se partagent les hamacs à tour de rôle. Le quart de travail et le service du navire Le service du navire exige la soumission totale et le travail continuel de l'équipage. Les matelots sont divisés en deux équipes qui se relaient constamment à la manœuvre et à l'entretien du voilier : le quart de babord et le quart de tribord. |
L'hygiène Même si l'on observe certaines
mesures élémentaires d'hygiène, l'entassement des
hommes dans l'entrepont, l'humidité constante, le
froid et la saleté qui y règnent ainsi que la
vermine qui y grouille font des navires des lieux
privilégiés de contagion.
La vermine... Elle est une réalité quotidienne pour les marins. Ce sont les rats qui hantent tous les recoins du navire, mais ce sont aussi ces compagnons tenaces que sont les poux, les morpions et les puces. |
Nous apprécierons aussi la grande maquette très détaillée du navire dans l’entrée, à côté d’un superbe canoë mig’maq tout en bouleau exposé dans une salle voisine. |
Jean-Paul devant le canoë mig'maq |
Pointe-au-Père : bivouac sur le stationnement près du sous-marin |
Nuit silencieuse et reposante malgré l’affluence autour de nous, mais le ciel voilé au matin ne se dégagera pas vraiment. Nous ne nous attardons pas sur les lieux déjà visités à l’aller (sous-marin Onondaga et musée de l'Empress of Ireland), et décidons plutôt de faire une bonne balade dans la parc national du Bic, à une trentaine de kilomètre au sud de Rimouski. |
Stationnant près du
Camping Rioux Juliette, Mathieu et moi empruntons le
Chemin du Nord qui suit la rive ouest de l’Anse à
l’Orignal en passant l'Anse à Damase, l'Anse à Wilson
jusqu’à l'Anse à Voilier. Nous la parcourrons sur le
sable jusqu'au cap hérissé de rochers pointus qui la
limite au nord. Gabriel nous suit d’abord sur la piste cyclable parallèle avant de se lancer sur tous les autres parcours cyclables qui lui sont accessibles… tandis qu’Hermione est demeurée dans la roulotte ! Nous aurions bien aimé faire ensuite Le Tour Cap Orignal, mais la marée haute en bloque l'accès et nous forcera à faire demi-tour. |
Parc du Bic : près de la Maison Rioux |
St-Jean-Port-Joli : bivouac devant la borne de recharge derrière la Caisse Pop |
Bonne nuit sur notre parking désert, malgré la proximité de la 132, heureusement bien peu fréquentée avant 7:00… |
St-Jean-Port-Joli : façade de l'église (1781) |
St-Jean-Port-Joli : l'église côté sud |
St-Jean-Port-Joli : l'ancien presbytère joliment restauré |
Beaumont : le moulin à cheval sur le torrent |
Beaumont : l'Île d'Orléans et le fleuve St-Laurent en aval |