Août 2023

NOVA SCOTIA

avec Juliette et Mathieu A., Hermione et Gabriel

(4 476 km)


5. de LUNENBURG à MONTRÉAL


81 022 Jeudi 17 août 2023 : de LUNENBURG à BEAR RIVER (186 km)

De
            Lunenburg à Bear-River
De Lunenburg à Bear River

Juliette, ayant déclaré que nous avions besoin de repos avant d’entamer la route du retour, propose d’aller «chiller» sur la plage de Crescent Beach après avoir fait un tour au village de pêcheurs de Blue Rocks.

Ici, les touristes sont rares, rien à voir avec Peggy’s Cove. Et si le site est loin d’avoir autant de caractère, il présente néanmoins une authenticité de bon aloi. Belle occasion d’une petite marche en suivant le chenal aménagé entre de gros rochers et la rive, bordé de petites maisons rustiques colorées et de quais sur pilotis, jusqu’au bout de la pointe où mouillent quelques bateaux de plaisance et d’excursion en mer.
Blue Rocks
Blue Rocks : quais et hangars le long du chenal

Blue Rocks:
                  cabanon
Blue Rocks : cabanon
Blue Rocks : le
                  chenal
Blue Rocks : le chenal et ses barques de pêche
Blue Rocks : la pointe
Blue Rocks : une pointe rocheuse

Blue Rocks : le chenal
Blue Rocks : départ en mer
Blue Rocks : le
                  chenal
Blue Rocks : le quai et ses hangars
Blue Rocks : le
                  quai et ses hangars
Blue Rocks : le quai et ses hangars

Juliette-sur-Crescent-Beach
Juliette déçue sur Crescent Beach
Nous repartons bientôt sous un ciel des plus variables pour passer le bac de La Have et gagner le long croissant de Crescent Beach repéré par notre pilote.

Difficile apparemment de poser le convoi Bolt + roulotte sur le tout petit parking à l'entrée du site. D'ailleurs presque toutes les voitures sont arrêtées sur le sable compact de la plage. Pour notre part nous rechignons à nous engager sur ce genre de terrain meuble dont je conserve quelques malheureux et cuisants souvenirs, et Mathieu est encore plus réticent que moi.

Nous allons donc plus loin sur la chaussée qui longe la dune/digue servant de trait d’union avec l’ile voisine (George Island), mais à la première tentative de nous arrêter sur un petit espace propice, nous sommes assaillis par une horde de moustiques voraces… Pas question de piquenique au grand air ici comme prévu !

Retournant au stationnement du départ, Mathieu finit par caser son convoi dans un espace qui s’est libéré et Juliette peut sortir son réchaud pour cuisiner sur les rochers les fruits de mer qu’elle s’est procuré ce matin au marché de Lunenburg.

Juliette-cuisine-ses-petoncles-sur-Crescent-Beach
Juliette cuisine ses pétoncles aux oignons verts (ciboulette) sur Crescent Beach
Crescent
                  Beach : le bout de la plage à l'est
Crescent Beach : début de la plage à l'est

De mon côté, je fricote un restant de poêlée de poivrons avec une tasse de riz mêlée avec quelques tranches de viande fumée de Schwartz (la fameuse charcuterie hébraïque de Montréal) et du parmesan râpé, de quoi me sustenter pour l’après-midi. Hermione enfile son maillot pour aller ensuite faire un tour sur la plage à la recherche de coquillages, mais l’eau lui paraît vraiment trop froide pour s'y baigner. Le vent frisquet nous dissuadera tous de séjourner plus longtemps dans cet endroit. Il aurait pourtant été attractif si un peu de chaleur avait été au rendez-vous.

Nous prendrons donc dès à présent la direction nord pour rallier Digby, de l’autre côté de la péninsule, et y dormir ce soir. En effet la journée de demain s’annonçant très pluvieuse, nous y serons à portée de 2 beaux sites historiques nationaux de Parcs Canada où nous serons au moins partiellement à l’abri : le fort d’Annapolis Royal et l’Habitation de Champlain. Longue route de près de 150 km qui s’insinue à travers la campagne et la forêt péninsulaire, assez peu fréquentée, mais sinueuse et vallonnée. Je suis la Bolt qui roule entre 70 et 80 km/h, les km défilent lentement… Arrêt café à mi-parcours pour relaxer un peu…

Finalement nous nous rendrons jusqu’au village de Bear River, à une quinzaine de km de la côte nord, où Juliette a repéré une borne de niveau 2 gratuite. La Bolt y passera la nuit branchée, tandis que nous trouverons refuge dans le stationnement très tranquille d’un petit parc commémoratif découvert au bord de la rivière, derrière les murs décrépits de la Loge maçonnique.
Bear-River : la-Bolt-a-la-borne-de-recharge
Bear River : la Bolt à la borne de recharge

Nous découvrons un peu le village, autrefois florissant, qui a profité des marées puissantes remontant jusqu'ici pour exporter en grand le bois extrait de l'arrière-pays. Il reste de cette période faste plusieurs vieilles maisons datant du milieu du XIXe qui bordent le petit fleuve, posées sur de hauts pilotis.

Captain-Anthony-Building-ca.1856
Captain Anthony Building, ca.1856
Captain Anthony Building ca.1856, sur pilotis
                  dans la Bear River
Captain Anthony Building ca. 1856, posé sur pilotis dans la Bear River

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Gabriel médite au bord de la Bear River

La loge maçonnique de Bear River
La loge maçonnique de Bear River
Façade de la Loge Maçonnique (1828)

Nous jasons un moment avec un senior sympathique, propriétaire d’une Boler (une autre mini-roulotte) qui nous aborde et demande à visiter. Échanges chaleureux et encourageants pour nos bricoleurs/rénovateurs. Puis nous nous retirons sur notre bivouac qui deviendra bientôt totalement silencieux. Mathieu offre une dégustation de Proseco, un blanc sucré, fruité et pétillant, dégotté au magasin d'alcools local, Juliette me propose quelques petits concombres tout frais qui s’accordent bien avec ma sauce aïoli au piment (Hermione en redemandera), et la nuit tombe.

Je me retire dans le ProMaster pour souper d’une assiette de brocolis à l'aïoli assortis de filets de hareng fumé. Je consacre le reste de la soirée au chargement des quelques rares photos de la journée, puis à la rédaction du carnet de bord des deux derniers jours. Coucher à 23:45 dans un profond silence.


81 208 Vendredi 18 août 2023 : de BEAR RIVER à GRANDPRÉ (167 km)

de-Bear-River-a-Grandpre
De Bear River à Grandpré

Réveil sous la pluie qui est tombée toute la nuit. Elle s’est accentuée vers 5:00 sous forme de grosses averses qui m’ont réveillé. Le crachin continue tandis que nous levons le camp après une nuit autrement paisible. Bivouac-a-Bear-River
Bivouac à Bear River dans le parc commémoratif

Puis nous faisons les derniers milles qui nous amènent jusqu’au rivage du Bassin des Mines, prolongement de la baie de Fundy, pour découvrir l’Habitation construite par Samuel de Champlain au service de l’expédition de colonisation de Pierre Dugua, Sieur de Mons.

Colonie-de-Port-Royal.
Colonie de Port-Royal
LE DÉFI DE LA COLONISATION DE L’ACADIE

C’est ici, sur les rives de Port-Royal, que les Français ont édifié en 1605 un complexe de bâtiments. Dans le passé, plusieurs tentatives par des Européens de passer l’hiver dans le Canada Atlantique avaient échoué. Si l’entreprise de Port-Royal dirigée par Pierre Dugua le Sieur de Mons a réussi, c’est largement parce que les Mi’kmaq ont accueilli les colons français, partageant avec eux leurs savoirs traditionnels et s’alliant à eux durant les conflits. Les Mi’kmaq étaient invités à prendre part aux célébrations aux côtés des colons français et, dans nombre de cas, ont adopté la foi chrétienne.

LES TROIS PORT-ROYAL

1. Port-Royal est le nom que Samuel de Champlain a donné en 1694 au bassin d’Annapolis actuel.

2. Dans les années 1630. Port-Royal était dans le secteur occupé aujourd’hui par le bassin d’Annapolis, la rivière Annapolis et la côte jusqu’à Paradise

3 De nos jours, l'appellation Port-Royal désigne le présent lieu historique national et la localité voisine.


Habitation-de-Port-Royal
À la porte de l'Habitation de Port Royal
Entrée dans l'Habitation
Entrée dans l'Habitation


RECONSTRUCTION DE L'HABITATION, vers 1940.

L’Habitation de Port-Royal reconstruite a ouvert ses portes en 1941, marquant une étape importante du mouvement de préservation au Canada. La reconstruction d’une structure disparue en faisant appel à des recherches approfondies a montré une nouvelle façon de présenter le passé. L'emplacement précis de l’Habitation de 1605-1613 n’a jamais été découvert, mais on croit que le bâtiment reconstruit est tout près de l'emplacement original.


LE PIDGIN, LANGUE DE LA TRAITE

Les peuples d'Europe et des Amériques, y compris les M'kmaq. ont dû improviser des langues (pidgins) pour communiquer en faisant la traite. En 1609, Mathieu Da Costa, un homme d'ascendance africaine, a été embauché par le Sieur de Mons comme interprète pour ses expéditions au Canada et en Acadie. Da Costa avait une excellente réputation comme interprète, mais les recherches n’ont pas pu confirmer sa présence ici à Port-Royal.
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Dessin de l'Habitation, réalisé par Samuel de Champlain vers 1605


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Cour centrale de l'Habitation de Port-Royal
Il s’agit bien sûr d’une reconstruction des années 1930, la première entreprise par Parcs Canada pour faire ressurgir l’histoire du pays auprès de ses habitants. Il y en aura bien d’autres, mais celle-ci est particulièrement réussie, tant par le site sauvage au-dessus de la baie que par l’exactitude de la reconstitution (basée uniquement sur des documents puisqu’on n’a pas encore retrouvé ni donc fouillé le site exact) et confirmée par toutes les recherches historiques subséquentes.

Les petits bâtiments tout en bois s’enchaînent autour d’une cour carrée centrée sur le puits, et on en parcourt les pièces les unes après les autres, décorées et meublées comme à l’époque (Henri IV) très simplement, mais efficacement.

Magasin de traite
Dans le magasin de traite, les tissus et objets de métal prisés par les Mi'kmaq

Fourrure-et-chapeau-de-Castor
Principal objet d'échanges, la fourrure de castor et un chapeau fait avec son duvet ou «bourre», constitué de poils barbelés très fin qui donnent un feutre luxueux et durable

Après un tour dans le magasin de traite (fourrures, outils en métal pour échange avec les Mi’Kmaqs) et sa cave (barils de vin), puis dans son grenier je me rallie à deux couples en visite privée accompagnés par un guide costumé plein d’allant et fort disert. Agrès, filets de pêche et armes (pierrier à
                  sboite) dans le grenier du magasin
Agrès, filets de pêche et armes (pierrier à boite) dans le grenier du magasin

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Habitation de Port-Royal : la cour centrale

Voilà une aubaine qui me vaudra deux bonnes heures d’informations détaillées, farcies d’anecdotes distrayantes et de citations des auteurs (Champlain, Lescarbot, Jésuites, etc.). On commence par les ateliers des artisans (relieur, menuisier), suivis du dortoir /infirmerie à l’étage pourvu d’une belle charpente.

Habitation de Port-Royal : salle des artisans :
                  sabots
Habitation de Port-Royal :
sabots dans la salle des artisans
Charpente de l'Habitation de Port-Royal dans le
                  dortoir/infirmeriel
Charpente de l'Habitation de Port-Royal dans le dortoir/infirmerie

On continue par la grande salle à manger où célébrait l’Ordre du Bon Temps créé par Champlain...
 
Habitation-de-Port-Royal-Salle-a-manger-de-l'Ordre-du-Bon-Temps
Habitation de Port-Royal : la Salle à manger de l'Ordre du Bon Temps, institué par Samuel de Champlain pour maintenir la santé et le moral de la troupe pendant le long l'hiver canadien
Habitation-de-Port-Royal-vaisselle-en-etain
Habitation de Port-Royal : la vaisselle en étain

...avant de passer sur la terrasse avancée fortifiée de 4 petits canons de marine (pierrier à boîte se chargeant par la culasse). Habitation-de-Port-Royal-pierrier-a-boite

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                  terrasse fortifiée
Habitation de Port-Royal : pierrier à boite sur la terrasse fortifiée

Un pierrier à boîte est un type de pierrier à chargement par la culasse inventé au XIVᵉ siècle, pouvant pivoter sur un émerillon. Le chargement est effectué en insérant une chambre amovible ayant la forme d’un mug, contenant la poudre à canon et le projectile. Plusieurs chambres peuvent être préparées à l’avance, ce qui permet d’obtenir une cadence de tir relativement élevée en les utilisant successivement, ce qui en fait une arme efficace pour un rôle antipersonnel. (Wikipedia)
pierrier-a-boite
La partie amovible surmontée par sa poignée est ici clairement visible

Puis c’est la boulangerie, la cuisine et enfin la forge.

Habitation-de-Port-Royal-Boulangerie
Habitation de Port-Royal : la boulangerie et son four

Habitation-de-Port-Royal-Boulangerie
Habitation de Port-Royal : le Boulanger,
par Charles W. Jeffery


Cuisine
La cuisine et son tourne-broche devant l'âtre
Dans la cuisine l'Office
Dans la cuisine : l'office

Les ustensiles dans la cuisine
Les ustensiles en fer  forgé dans la cuisine de l'Habitation
Hermione-dans-la-forge
Hermione dans la forge

La visite s’achève dans la petite salle des gardes, près de la porte. Des panneaux y expliquent l'origine du projet de reconstruction de l’Habitation dans les années '30  ; quelques belles illustrations par l’artiste et conseiller historique Charles William Jefferys aident à imaginer les personnages de l’époque dans leur décor. Habitation-de-Port-Royal-salle-de-garde-pres-du-portail
Habitation de Port-Royal : la salle des gardes près du portail

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At the Priest House, par Charles W. Jefferys
Dans-la-residence-du-Gouverneur-par-C.W.Jefferys.
Dans la résidence du Gouverneur, par C.W. Jefferys


L'Habitation depusi la route d'accès au dessus du
            Bassin d,Annapolis
En quittant l'Habitation, depuis la route d'accès au dessus du Bassin d'Annapolis

Habitation de Port-Royal devant le Bassin
            d'Annapolis-Royal
L'Habitation de Port-Royal devant le Bassin d'Annapolis Royal

Je termine mon tour en descendant sur la berge du Bassin où l’on a placé un buste de Samuel de Champlain le fondateur, celui par qui tout a commencé pour ce qui est du Canada français et bien sûr, du Québec avec la fondation de la ville de Québec (où il construisit quelques années plus tard une autre Habitation destinée à durer). Samuel-de-Champlain

Après ce retour aux racines, nous déjeunons, toujours sous la bruine, et décidons de gagner maintenant le fort d’Annapolis Royal, réaménagé par les Anglais sur le Port-Royal de Champlain qui était devenu la capitale de l’Acadie française.

Annapolis-Royal-maquette-du-fort-britannique.

Annapolis-Royal-maquette
Maquette d'Annapolis Royal en 1745

Il ne reste plus guère de bâtiments ici en dehors de l’unique caserne où logeaient les officiers, transformée en galeries de musée contant les aléas de cet autre point d’ancrage de la colonie française. Il fut si misérablement défendu par la France qu’il tomba peu après Louisbourg aux mains des Britanniques et devint même un des hauts lieux du Grand Dérangement des Acadiens... Annapolis-Royal. la caserne des officiers
Annapolis Royal : seul vestige, la caserne des officiers

L’histoire m’en est maintenant assez connue pour que je passe assez rapidement sur les belles présentations devant lesquelles nous réussirons difficilement à entraîner Hermione et Gabriel.

Annapolis-Royal
Gabriel et Hermione jouent les factionnaires
Annapolis-Royal.: la -Grande-Bretagne contre
                  Pierre Dugua sieur de Monts
Annapolis Royal : la Grande-Bretagne contre Pierre Dugua Sieur de Mons

Annapolis-Royal
Relique du fort d'Annapolis Royal depuis le talus entourant le fort

Notre visite se terminera dehors, malgré le crachin, sur les talus herbus constituant les remparts de cette citadelle à la Vauban, jamais vraiment finie et en butte aux attaques permanentes des hautes marées de la Baie de Fundy qui les minent. Le vert intense des pentes gazonnées forme un contraste accusé avec l’étendue marine grisâtre contenue entre les rives qui s’allongent jusqu’à l’horizon vers la mer libre.
Annapolis-Royal-les-chaises-rouges
Contemplation du Bassin des Mines depuis le fort

Les intempéries nous font renoncer à une autre excursion vers une plage, d’autant plus que le temps nous est maintenant compté.  Nous devons en effet être de retour à Montréal pour la rentrée scolaire de Gabriel le 25 aout. Aussi décidons-nous de prendre dès à présent la route pour gagner le Site historique National de Grandpré où Juliette a repéré une autre borne de recharge disponible sur le stationnement. Arrivant
vers 18:00 après la fermeture du Centre d’Accueil, nous nous installons pour la nuit près de ladite borne sur laquelle la Bolt fera son plein durant la nuit.

Les derniers visiteurs quittent les lieux vers 18:30. Nous soupons dans le calme et entamons une nuit reposante dont nous commençons à avoir bien besoin. En soirée, transfert des photos et début de rédaction que j’abandonne bientôt pour dormir. Au moins la pluie a-t-elle cessé et la météo s’annonce positive pour demain


81 375 Samedi 19 août 2023 : de GRANDPRÉ à TRURO (146 km)

De
            Grandpré à Truro
De Grandpré à Truro

Grandpre-bivouac
Grandpré : bivouac devant le Centre d'Accueil de Parcs Canada
Bonne nuit sur le grand stationnement devant le Centre d’accueil de Parcs Canada, la Bolt branchée sur la borne opportunément placée. Le soleil traverse les rideaux près de mon lit et m'invite à me lever… pour une fois ! Renonçant à une quelconque grasse matinée qui pourrait être bienvenue après tous ces déplacements sans «journée off» comme j’en ai l’habitude, je me prépare et rejoins Juliette et Mathieu dans le bâtiment.

ARRONDISSEMENT HISTORIQUE RURAL DE GRAND-PRÉ

Les villages de Grand-Pré et de Hortonville, ainsi que les fertiles terres agricoles qui les entourent, présentent un des modèles européens de colonisation et d’utilisation des terres parmi les plus anciens au Canada. Attirés par les vastes marais côtiers, le Acadiens s’établirent dans les environs de Grand-Pré à partir des années 1680. Les fermiers acadiens utilisèrent les techniques ingénieuses de construction de digues développées à Port-Royal pour enclore plus de mille acres de marais qui, une fois dessalés, constituèrent des terres labourables de grande qualité. Les maisons du village de Grand-Pré, situées au milieu des vergers et des boisés des hauteurs périphériques, bordaient la limite sud du marais principal.
Après la déportation des Acadiens en 1755, les terres furent divisées en cantons, à la manière britannique en vue de l'arrivée des Planters de la Nouvelle-Angleterre, qui adoptèrent la technologie agricole en place. Le principal établissement des Planters, aujourd'hui les villages de Grand-Pré et de Hortonwille, se développa sur le site de l'établissement acadien précédent. Le paysage rural distinctif de l'actuel Grand-Pré est le produit de l'évolution des traditions agricoles des Acadiens et des Planters.

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Les villages de Grand-Pré depuis le marais dessalé (Plaque de bronze)

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Grand-Pré : carte du site montrant le vaste développement agricole occupant l'ancien marais


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                  Beau (Musée de Moncton)
Évangéline et ses compagnons d'exil, par Henri Beau (Musée de Moncton)
L'EXPULSION DES ACADIENS
(1755-1762)


L'expulsion des Acadiens commence en 1755, à la veille de la guerre de Sept. ans. Frustrées par la neutralité des Acadiens qui refusaient de prêter un serment d'allégeance inconditionnel à la Couronne, les forces britanniques entreprirent le "Grand dérangement". Au cours des huit années suivantes, plus de 10 000 Acadiens sont dispersés dans les colonies américaines, en Angleterre et en France. Après la fin de la guerre en 1763, beaucoup reviennent. Ils rejoignent le petit nombre d'Acadiens qui ont échappé de justesse à l'exil et, avec force et courage, ils forgent une communauté fière et dynamique. (Plaque à l'entrée du site)

Il ne reste rien de ce qui fut un temps une colonie acadienne prospère, avant le Grand Dérangement de 1755, lorsque les habitants de Grandpré furent déportés par mer et leur village dévasté par les troupes anglaises venues de Nouvelle Angleterre. D’ailleurs, un film d’une vingtaine de minutes habilement dramatisé donne un bon aperçu de la situation de l’époque et des événements tragiques dans lesquels furent pris les braves colons acadiens face aux troupes britanniques venues de Boston. Ils étaient pourtant bien établis après 3 générations sur leurs terres habilement et durement défrichées (digues et aboiteaux).

Malheureuses victimes des aléas des guerres européennes, ils furent expulsés sans pitié, leurs biens confisqués et leurs établissements incendiés ou détruits. La France, qui aurait dû soutenir ses colons, fut incapable de leur offrir une aide suffisante, la maigre flotte royale balayée par celle de l’Angleterre et les quelques forteresses (Louisbourg, Port Royal, etc.) rapidement prises, faute de garnison suffisante et de ravitaillement à la hauteur. Un échec politique et militaire lamentable qui finalement retomba sur ces malheureux et paisibles paysans. On évalue leur nombre à une douzaine de milles. Leurs communautés et leurs familles furent séparées et dispersées dans l’ensemble des colonies britanniques de l’époque ou renvoyées en France, amputées des victimes de maladies et de naufrages qui périrent en route.

Lors d’une visite à Port-Royal en 1699, le sieur de Diéreville décrit comment les Acadiens construisent une digue :

« On n’arrête pas le cours de la mer aisément. Cependant les Acadiens en viennent à bout par de puissantes digues qu’ils appellent des aboiteaux et voici comment ils font. Ils plantent cinq ou six rangs de gros arbres tous entiers aux endroits par où la mer entre dans les marais, et entre chaque rang ils couchent d’autres le long les uns sur les autres, et garnissent tous les vides si bien avec de la terre glaise bien battue, que l’eau n’y saurait plus passer. Ils ajustent au milieu de ces ouvrages un esseau [une conduite d’eau] de manière qu’il permet, à marée basse, à l’eau des marais de s’écouler par son impulsion, et défend à celle de la mer d’y entrer ».


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Les terres gagnées sur la mer et les marais grâce aux digues et aboiteaux

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Grandpré : vanne de l'aboiteau
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Acadien construisant une digue avec aboiteau

Les témoignages écrits et oraux indiquent qu’une équipe de 5 à 8 Acadiens pouvait construire, en une journée, une section d’une digue longue de 5 m, 1,8 mètre de hauteur et 3,6 mètres de largeur (épaisseur) à la base. Une digue située le long d’une rivière aux marées plus calmes était moins haute qu’une digue située à côté d’une baie ou d’un bassin. Autrement dit, plus une digue était exposée à la force des marées houleuses, plus elle devait être haute et épaisse. Selon l'emplacement géographique,  la hauteur de la digue mesurait entre 1 mètre et 5 mètres. La largeur (épaisseur) mesurant environ 5 mètres à la base variait entre 2 mètres et 7 mètres.

En sortant du Centre d'Accueil, un sentier agréablement ombragé me mène dans les vastes jardins fleuris aménagés dans ce qui fut autrefois un village prospère et dont il ne reste rien.

Je me rends ainsi jusqu’à la chapelle commémorative bâtie dans les années 1930 devant laquelle se dresse une émouvante statue d’Évangéline, l’héroïne du poème de l’Américain Longfellow, (1847) sculptée par Henri Hébert en 1920 et inspirée par Louis-Philippe Hébert son père.
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Grandpré : entourée de jardins,
la chapelle commémorative de 1930


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Grandpré : Évangéline, par Henri Hébert (1920)
Grandpre-statue-d'Evangeline-par-Henri-Hebert-d'apres-Louis-Philipppe-Hebert
Grandpré : statue d'Évangéline, par Henri Hébert (1920),
d'après Louis-Philipppe Hébert


Evangeline,-par Louis-Philippe-Hébert
                  (vers-1910)
Évangéline, statuette par Louis-Philippe Hébert (vers 1910), qui inspira son fils Henri
La statue d'Évangéline, héroïne de Longfellow

Cette statue d’Évangéline, héroïne du poème épique de Longfellow : Évangéline - Conte d'Acadie, est un symbole fort et déchirant de la Déportation. Elle établit le lien entre l’histoire d’Évangéline et celle de Grand-Pré.

Deux célèbres sculpteurs québécois contribuent à la création de la statue. La Dominion Atlantic Railway (DAR) demande à Henri Hébert de créer l’œuvre. Selon Henri, sa composition s'inspire d’une statuette réalisée par son père, Louis-Philippe Hébert, et intitulée L'Acadie (ci-contre). Une des sœurs d'Henri, Pauline, a posé pour le visage. L'attitude représente Évangéline «pleurant le pays perdu ».

La statue a été coulée à la fonderie Hohwiller en France, et elle a été dévoilée en 1920.


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Grandpré : au seuil du marais asséché par les Acadiens du XVIIe siècle, les champs sous la chapelle

Jean-Paul et Mathieu sur le belvédère de
                  Grandpré
Jean-Paul et Mathieu sur le belvédère de Grandpré
Nous montons ensuite jusqu’au belvédère aménagé sur la colline au-dessus du site. Il donne un vaste aperçu de l’avancée de l’ancien marais asséché par les Acadiens dans le Bassin des Mines. Quel travail ce dut être, compte tenu des technologies de l’époque et de l’équipement succinct dont ils disposaient !
L’air est encore chaud et humide de toutes les pluies des derniers jours, mais le vent fort joint au soleil bien présent rend le séjour agréable. Juliette sort ses chaises pliables à côté de la paire des fameuses chaises rouges de Parcs Canada, et nous passerons un bon moment à contempler l’étendue et à jouir du paysage maintenant si paisible.
Sur
                  le belvédère de Grandprè
Pause sur le belvédère de Grandprè


Panorama sur le site de Grandpré depuis le belvédère du
            NHS
Panorama sur le site de Grandpré depuis le belvédère du NHS

En milieu d’après-midi il est temps de nous avancer si nous ne voulons pas être trop pressés lors de notre retour vers Montréal. Nous retournerons donc à la petite ville de Wolfville magasiner quelques cossins à l’épicerie et faire le plein d’eau avant de reprendre la route vers Windsor où je suggère la maison Haliburton et ses beaux jardins comme point de chute pour ce soir. Route de campagne tranquille et vite parcourue, mais passé 16:00 les portes de la maison sont maintenant fermées et le quartier s’avère impropre au bivouac (rues étroites et aucun stationnement entre les maisons bourgeoises). Nous pensons alors à la piscine pour la douche vespérale des occupants de la petite Trillium, mais là encore nous trouvons porte close pour le week-end et le quartier, des plus quelconques, déplait à Mathieu. Comme le soleil est encore haut, nous pensons alors pouvoir nous rendre jusqu’à Truro, à seulement une centaine de km pour y dormir dans le parc Victoria, devant la piscine ouverte jusqu’à 20:00.

Longue route virevoltante dans la campagne verdoyante où alternent boisés et cultures dans ce pays très arrosé au climat océanique. Le GPS nous mène directement au stationnement de la piscine vers laquelle se dirigent aussitôt mes compagnons de route pour profiter de la petite demi-heure d’ouverture restante. Cependant, des panneaux explicitement illustrés y interdisent le camping nocturne… et de toute façon, pas de borne de recharge à proximité. Je suggère donc d’en trouver une avant de quitter Truro pour pouvoir aborder sans problème l’étape de demain vers Moncton.

Consultant son application sur son IPhone, Juliette dégotte une borne gratuite au bord de la Salmon River, devant le Fundy Discovery Site où l’on peut observer l’important mascaret (tidal bore) résultant des fortes marées de la baie de Fundy. À quelques kilomètres du centre ville, la grande route est assez distante pour que sa rumeur ne nous dérange pas. Les moustiques qui pullulent resteront à l’extérieur de nos cabanes à roulettes, et nous nous y installons à la nuit tombante. Souper, chargement des photos, un peu d’écriture encore une fois abandonnée pour gagner mon lit bienvenu à 23:00, après cette autre journée fatigante malgré le peu d’action.


81 521 Dimanche 20 août 2023 : de TRURO à SHÉDIAC (270 km)

de-Truro-a-Shediac
De Truro à Shédiac

Truro- : au-matin notre bivouac sur le Fundy
                  Discovery Site
Truro : au matin notre bivouac sur le Fundy Discovery Site au dessus de Salmon River
Ciel couvert au lever vers 7:00 après un bon sommeil réparateur. Je déjeune rapidement et complète mon carnet, puis vais cueillir des fruits d’églantiers qui poussent ici en abondance et dont j’aimerais garnir le fond de la cour pour leurs belles fleurs mauves ou blanches de roses sauvages.

Truro-Fundy-Discovery : les églantiers au dessus de
            Salmon River
Truro, Fundy Discovery Site : les églantiers au dessus de Salmon River à marée basse

Je consulte aussi les quelques panneaux informatifs relatifs aux deux curiosités locales : les hautes marées de la baie de Fundy et le mascaret qui déferle deux fois par jour dans la Salmon River juste devant nous.


Qu'est-ce qu'un mascaret ?

Un mascaret est un front d'onde tumultueux qui se déplace vers l'amont dans une rivière, annonçant l'arrivée d'une marée montante.

Les mascarets se produisent dans les régions du monde où les marées sont importantes. Cependant, un mascaret ne se produit pas dans toutes les rivières inondées par une marée haute.


Trois conditions sont nécessaires pour former un mascaret :

- Un lit de rivière presque plat et peu profond.

L'eau du fleuve avant l'arrivée du mascaret doit être relativement peu profonde. Si un mascaret rencontre des eaux beaucoup plus profonde que la hauteur du mascaret, le mascaret s'effondre en une vague d'eau douce à peine perceptible.

- Le lit de la rivière doit avoir une pente très douce vers l'aval.

- Un lit de rivière doit être situé bien au-dessus du niveau de la marée basse, de sorte que la marée monte rapidement lorsqu'elle pénètre dans la partie du fleuve où un mascaret pourrait apparaître.

Pourquoi la taille du mascaret de la Salmon River varie-t-elle ?

Les plus grands mascarets de la Salmon River se produisent les jours de marée de printemps périgélique (lorsque la Lune est la plus proche de la Terre et se trouve à sa nouvelle phase ou à sa phase pleine). Occasionnellement, en raison de fortes pluie et/ou d'une fonte rapide des neiges, la rivière peut être trop profonde pour qu'un mascaret se forme. Cela se produit le plus souvent lorsque la marée est une marée apogée-nouvelle minimale (la Lune est la plus éloignée de la Terre et dans sa phase du premier ou du dernier quartier).

Truro : le mascaret sur la Salmon River devant le
                  Fundy-Discovery-Site.
Truro : le mascaret sur la Salmon River devant le Fundy Discovery Site


Pourquoi les marées de Fundy sont-elles si hautes ?

C’est à cause de la résonance - comme une poussée sur une balançoire.

Imaginez un parent qui pousse son enfant sur une balançoire. Une poussée douce et répétitive du parent entretiendra un important mouvement de va-et-vient de la balançoire. Le parent doit coordonner les poussées pour qu'elles correspondent à la période naturelle de la balançoire, une condition appelée résonance. Si la synchronisation est mauvaise, la balançoire ne bougera pas beaucoup.

Truro-Fundy-Discovery-Site : pourquoi les marées
                  de Fundy sont elles si hautes ?
Truro Fundy Discovery Site : pourquoi les marées de Fundy sont elles si hautes ?
Dans le cas des marées de Fundy, la "balançoire" est la masse d'eau peu profonde qui se trouve entre le bord du plateau continental à l'est de Boston et le fond de la baie de Fundy. Le "parent" est la petite marée atlantique au bord du plateau continental.

Lorsqu'une marée montante de l'Atlantique traverse le bord du plateau continental dans le golfe du Maine peu profond, elle se déplace sous forme d'onde longue jusqu'au fond de la baie de Fundy, se réfléchit et retourne au bord du plateau continental. Lorsque la vague atteint le bord du plateau continental, l'augmentation spectaculaire de la profondeur de l'océan fait que la plus grande partie de l'onde se réfléchit à nouveau et retourne vers le fond de la baie de Fundy.

La durée de ce cycle est proche de la période de 12,4 heures de la marée lunaire, ce qui signifie que chaque marée de l'Atlantique donne à l'onde précédemment réfléchie une poussée presque parfaitement synchronisée.

C'est cette poussée régulière, répétitive et bien synchronisée qui rapproche les marées de Fundy de la résonance, et qui les rend si grandes !

L'amplitude verticale de la marée est la différence entre la marée basse et la marée haute. Dans le système du golfe du Maine et de la baie de Fundy, l'amplitude verticale de la marée augmente progressivement vers le fond de la baie de Fundy et est la plus importante dans le bassin des Mines.

L'amplitude verticale de la marée est d'environ 2 mètres dans l'océan Atlantique. Comparez cela à une moyenne de 12 mètres (40 pieds) dans le bassin des Mines. Elle peut même atteindre 16,5 mètres (54 pieds) lors d'une marée de printemps périgélique !


Nous trainons encore un peu pour finalement décoller vers 10:00. Direction Shédiac où Juliette et Mathieu aimeraient reprendre contact avec un ex-collègue et ami, Franck, qui a fini par fuir Montréal et poser ses pénates dans le pays beaucoup plus serein de son ami.

La route sera longue pour traverser tout l’isthme de Chignetcto, entre Truro et Tatamagouche, sur le Golfe du St-Laurent. Et ce d’autant plus que nous avons interdit à Google Maps de nous faire emprunter les autoroutes, trop gourmandes en carburant et en énergie… La route vagabonde beaucoup dans la campagne, très verte, touffue, que ce soit les boisés ou les prairies. Après les Acadiens la terre avait été prise en main par les Planters, si bien qu’on aperçoit des maisons et des fermes un peu partout, même si l’occupation du pays semble assez lâche. Nous progressons assez lentement, d’autant plus que l’état de la chaussée sur les routes secondaires est assez pitoyable (creux et bosses, asphalte usé et déformé…) et Mathieu en avant doit souvent ralentir en dessous des 80 km/h qu’il s’est donné comme limite pour ménager la petite roulotte qui roule et tangue devant moi. Vu le peu d’intérêt manifesté par les enfants, nous avons renoncé à aller visiter le moulin à eau de Balmoral Mills qui moud la farine et celui de Sutherland Steam Mill qui, mu par une antique machine à vapeur, actionne une scierie…

À Tatamagouche enfin atteint en début d’après-midi, Juliette, Hermione et moi allons voir le vieux train converti en restaurant et hôtel, sans être emballés par la conservation des décors des voitures et encore moins des équipements techniques. Un autre attrape-touristes de piètre qualité… Le Musée ferroviaire de St-Constant est vraiment d’un tout autre niveau pour évoquer cette épisode épique de l’histoire canadienne ! Tatamagouche : Train Station inn
Tatamagouche : Train Station Inn

Nous déjeunons sur place puis reprenons la route qui longe maintenant la rive sud du golfe du St-Laurent sur des petites chaussées là encore en piètre état (nous avons encore désactivé l'onglet «autoroute» sur Google Maps), et sous un ciel qui s’éclaircit progressivement. La présence acadienne se manifeste de plus en plus par les patronymes et l’affichage des boutiques en traversant des villages qui tentent souvent de se donner une vocation touristique. Enfin nous quittons la Nova-Scotia pour passer au Nouveau-Brunswick et atteignons Shédiac, petite ville proprette et bien aménagée. Je laisse là la Bolt et ses occupants qui iront visiter Franck pendant que je ferai la vingtaine de km qui me séparent du Costco de Moncton pour y  refaire le plein d’essence et quelques emplettes. Il était temps, les signaux d’alerte se sont tous allumés et je remplirai 84,32 l dans le réservoir (1,79$/l, au lieu d’1,89$ plus tôt).

De retour à Shédiac (12 minutes par l’autoroute maintenant réactivée sur le GPS) je retrouve la famille sur la Place Victoria, près des bornes de recharge rapide de niveau 3. Las, la recharge ne s’est pas effectuée et s’est inexplicablement interrompu sans que la batterie ait accumulé de quoi poursuivre notre route. Il ne reste plus qu’à reprendre le processus sur une autre borne mais de niveau 2, donc beaucoup plus lente, que Juliette découvre devant la plage de Plassee Beach, à 5 km du centre.

Nous nous y rendons, mais son unique prise est occupée… Pas d’autre issue que d’attendre sa libération en faisant un tour sur le sable où Hermione et Gabriel feront quelques constructions sous le soleil descendant.

Il se couchera bientôt sous un magnifique dôme de nuages dorés. Les parents préparent le souper lorsque, sur ces entrefaites, apparaît le gardien de sécurité. Bonhomme, il nous informe de l’impossibilité de demeurer ici pendant la nuit comme nous l'avions escompté !
Hermione sur Parlee Beach
Hermione dans le sable de Parlee Beach

Gabriel joue au sapeur dans le sable de Parlee Beach
Gabriel joue au sapeur dans le sable de Parlee Beach avec ma pelle de GI

Il ne nous reste plus qu’à retourner Place Victoria au centre-ville pour brancher la Bolt sur la borne lente qui fonctionnera toute la nuit et y dormir malgré le bruit ambiant. C’est ce que nous faisons illico. Nous sommes tous fatigués et un peu las de ces contrariétés, la veillée sera courte et chacun se retire bientôt pour récupérer.
À deux pas de Main Street l'environnement est un peu bruyant, pourvu que la nuit ne soit pas trop difficile !


81 791 Lundi 21 août 2023 : de SHEDIAC à PERTH-ANDOVER (373 km)

de-Shediac-a-Perth-Andover
De Shédiac à Perth-Andover

Excellent sommeil quant à moi, un peu moins serein apparemment pour les passagers de la Trillium stationnés beaucoup plus près de Grande Rue. Levé dès 7:30 je prends mon temps pour me préparer et lorsque je mets le nez dehors, voiture et roulotte ont disparu. Un message de Juliette m’informe de leur départ pour aller prendre douche et déjeuner chez leur ami Franck qui les y a conviés. Ils ne seront de retour que vers 10:00, ce qui me donnera amplement le temps de rédiger mon carnet de route d’hier, et de faire un peu d’ordre dans mes photos et mon courrier. Shediac-bivouac-solitaire-Place-Victoria
Shediac : solitaire sur le bivouac Place-Victoria...

À leur retour, j’apprendrai que leur sommeil a été un peu troublé par le trafic nocturne, pas assez cependant pour les amener à se déplacer… Le temps de tout remettre en ordre et de planifier la suite de notre retour (calcul des kilométrages et repérage des stations de recharge accompagnées d’un espace favorable au bivouac, vérification des éventuelles attractions sur notre chemin), nous reprenons enfin la route en renonçant à la visite du Village acadien de Caraquet dont l’itinéraire serait trop long, et à celle de King’s Landing pourtant sur notre itinéraire plus direct remontant la vallée du Fleuve St-Jean, mais fermé les lundi et mardi (pas de chance !).
Le ciel nuageux reste sec, facilitant notre longue progression vers le nord, d’abord en empruntant la Transcanadienne sur laquelle nous nous trainons à 80 km/h, économie d’énergie oblige, puis à partir de Fredericton, sur des routes parallèles nettement moins rapides où Mathieu ne craindra pas d’importuner les autres usagers. Arrêt recharge sur une borne de niveau 3 pour une bonne heure, le temps de prendre un léger repas réconfortant. Pour ma part ce sera l’en-cas offert par Franck avec les restes du brunch pantagruélique offert à ses hôtes (œufs brouillés, patates rissolées, bacon frit et surtout de délicieux pancakes, j’en serai calé pour le reste de la journée…). Une fois la Bolt rassasiée elle aussi, nous reprendrons la route sans autre arrêt pour le reste de l’après-midi. Juliette aura la fantaisie de nous faire passer par de jolies routes de campagne sur la rive gauche du fleuve. Pittoresques certes, mais leur chaussée en fort mauvais état et les longues montées sur les hauts feront pester les chauffeurs…

Enfin à la brunante vers 19:00 nous redescendons dans la vallée du St-Jean à Hartland pour pousser un peu plus loin jusqu’au joli village de Perth-Andover. Juliette y a repéré plusieurs bornes dans différents coins du village aux deux extrémités du pont, ce serait bien le diable si nous ne trouvions pas à proximité un endroit favorable au bivouac. Après un essai près de la bibliothèque, trop exposée au trafic, nous retraversons le pont pour installer la Trillium et le ProMaster cachés en arrière de la mairie, tandis que la Bolt restera branchée en avant.

Perth-Andover : souper au bivouac
Perth-Andover : au bivouac, souper sous le soleil couchant
Il est 19:30, la nuit est presque tombée, nous préparons rapidement notre souper que j’irai prendre avec mes voisins sur la grande table à piquenique mise à disposition sur le gazon. Longs échanges intéressants avec Mathieu tandis que Juliette couche sa maisonnée et appelle sa mère…

Je me retire à 22:00, complète le carnet de route de la journée et me coucherai bientôt, fatigué de ce bon bout de route qui nous rapproche de la maison.

Perth-Andover-Gabriel- lit-sur sa couchette dans la
            Trillium
Perth-Andover : Gabriel lit sur sa couchette dans la Trillium


82 164 Mardi 22 août 2023 : de PERTH-ANDOVER à ST-ANDRÉ-DE-KAMOURASKA (253 km)

De-Perth-Andover-a-St-Andre-de-Kamouraska
De Perth-Andover à St-André-de-Kamouraska

Bivouac
                  derrière la Mairoe de Perth-Andover
Bivouac derrière la Mairie de Perth-Andover
Après réveil vers 7:30, douche et déjeuner, je commence par un petit tour du côté du village en traversant le pont sur le fleuve, d’une largeur considérable et animé d’un courant étonnant. Qu’on est loin des dimensions des cours d’eau européens… Quelques photos, lecture des petits panneaux informatifs relatant l’histoire de la région, et je retourne à notre camp.

Le patrimoine irlandais local

Des milliers d’immigrants irlandais ont prospéré au Nouveau-Brunswick au milieu des années 1800 pour deux raisons: la première étant la Grande Famine de 1847-1849 qui a tué près d’un million de personnes et la deuxième étant le manque de bonnes terres agricoles en Irlande. Certains diront qu’il s’agit de la même raison car le mildiou de la pomme de terre était alors causé par de mauvaises méthodes agricoles. Peu importe, le résultat a été le même, des millions d’Irlandais ont immigré vers d’autres pays, dont le Canada.

Beaucoup d’Irlandais sont allés directement d’Irlande à Saint John. Ils y sont restés pendant deux décennies avant d’immigrer au Nouveau-Brunswick, dans une collectivité rurale du comté de Carleton, appelée Johnville. À leur arrivée, ils ont dû défricher les terres et construire leurs maisons. Dès que possible, les pionniers ont bâti une église et une école.

Toutefois, au fil des ans de nombreux Irlandais se sont installés dans la région de Perth-Andover. Parmi les premiers pionniers d’Andover, il y avait une famille du nom de Murphy. Aujourd’hui, de nombreuses familles de la région, comme les Kennedy, Kelley, Kinney et Curran peuvent faire remonter leurs ancêtres directement à l’Irlande.


Perth-Andover le pont au matin
Perth-Andover: le pont au matin
Perth-Andover : structure-du-pont
Perth-Andover : structure du pont

Perth-Andover-petit-dej.

Entre-temps Juliette et les enfants ont émergé d’un sommeil suffisant (malgré la proximité de la route sur laquelle 4x4 tous terrains, pick-up et gros camions aux échappements tonitruants se sont succédé jusqu’assez tard).

Nous démarrons donc bientôt en continuant d’éviter l’autoroute, trop gourmande en énergie selon Mathieu. La petite route au revêtement inégal continue de suivre le cours d’eau en remontant vers le nord. Paysages agréables, assez sauvages et très champêtres bien sûr puisque ici l’agriculture dispute le sol à l’exploitation forestière.

Nous progressons assez bien pour être en fin de matinée à Grand-Sault où nous retournons voir depuis le belvédère près du pont la grande cascade s’échappant du barrage. Cette fois l’eau circule librement sous les vannes levées et s’engouffre en gros tourbillons jaunâtres dans la gorge. Spectacle impressionnant, largement photographié et filmé. Gabriel, captivé par son roman, ne quittera pas son fauteuil pourtant tout près de la balustrade, pas plus qu'Hermione collée à sa banquette et à son téléphone dans la Bolt

Grand-Sault
Grand-Sault

Après cette pause, nous reprenons notre remontée de la vallée du St-Jean, toujours en dehors de l’autoroute snobée par Mathieu qui affirme consommer sensiblement moins ainsi. Les paysages sauvages et les rares villages se poursuivent, assez pauvres, quelques maisons loyalistes un peu plus décorées apportent un minimum de variété à une architecture autrement quelconque. Le temps passe, nous finissons par arriver à Edmundston où Juliette a programmé une recharge sur une grosse station Shell à l’entrée de la ville. J’en profite pour faire le plein moi aussi : 61,80 litres pour 514 km, soit 12,02 l/100, une bonne moyenne vu les reliefs et le vent de face en fin de parcours.
Nous profiterons de l’attente pour déjeuner, avant de repartir vers la côte du St Laurent que nous rejoindrons près de Kamouraska par la route 289. Elle nous fera éviter le détour par Rivière-du-Loup, emprunté à l’aller, et longer la frontière avec le Maine. Autre arrêt recharge à Pohenegamook, après avoir longuement suivi le rivage du lac Baker puis l’interminable lac Long…

Nous sommes maintenant au Québec, les inscriptions et la signalisation sont dorénavant tout en français, on se sent inexplicablement «chez soi». La route n’est plus qu’une longue descente entrecoupée de quelques faux plats, j’ai la surprise – et la satisfaction – de voir la conso baisser jusqu’à 10,4 l/100 !
Au Québec, en descendant vers le St-Laurent
Au Québec, sur la Route 289  descendant vers le St-Laurent

St-Andre-de-Kamouraska : notre bivouac dans
                  l'arrière-cour du garage
St-André-de-Kamouraska : notre bivouac dans l'arrière-cour du garage
Le ciel s’est presque complètement éclairci en arrivant sur la Route 132 que nous longerons un peu jusqu’à entrer dans le village de St-André-de-Kamouraska. Juliette a repéré l’arrière-cour du garage Danny Lapointe donnant sur les battures, contigüe avec la digue (l’aboiteau) qui protège les maisons du fleuve.

Après avoir salué le propriétaire qui nous souhaite la bienvenue avec un grand sourire, nous laissons nos véhicules et partons faire un grand tour sur la digue en admirant le paysage sur le fleuve, grandiose, mais aussi en nous défendant contre les innombrables moustiques qui nous souhaitent, eux aussi, la bienvenue à leur façon.

Nous irons ainsi jusqu’à l’Ancien Quai St-André marqué par un petit bâtiment en forme de phare, pour revenir par la grande rue. Elle rassemble beaucoup de maisons anciennes dont plusieurs ne manquent pas de charme. Juliette s’arrête au Dép du village, une supérette coopérative,  pour quérir de quoi nourrir sa tablée, puis nous retrouvons notre petit campement derrière le garage dorénavant fermé. St-André-de-Kamouraska sur la digue
Les battures et les églantier depuis la digue de St-André-de-Kamouraska

St-Andre-de-Kamouraska-vers-l'Ancien-quai
St-André-de-Kamouraska : sur l'aboiteau vers l'Ancien quai
St-Andre-de-Kamouraska : le village depuis
                  l'aboiteau
St-André-de-Kamouraska : le village depuis l'aboiteau

Le
            fleuve vers l'amont de St-André-de-Kamouraska
Le fleuve et ses battures vers l'amont de St-André-de-Kamouraska

St-Andre-de-Kamouraska Maison Desjardins

St-André-de-Kamouraska : Maison du «boss Desjardins», maintenant hôtellerie


St-Andre-de-Kamouraska Maison Desjardins

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St-André-de-Kamouraska : la Vieille École

Long apéro autour d’une bouteille de cidre et d’un pot de pistaches, nous nous séparons enfin dans la nuit tombante pour souper. Le ciel et les nuages dorés par le soleil couchant auraient sans doute mérité quelques photos, mais je n’ose affronter les insectes qui maintenant pullulent. Après avoir dégusté mes tortellinis mélangés à un poké de saumon additionnés de crème, je termine par un bâton de crème glacée, puis complète le carnet de route. Juliette brave les moustiques pour passer quelques minutes avec moi et m’exprimer sa satisfaction de ce voyage, en dépit du temps trop souvent décevant (en particulier du côté du Cap Breton). Nous décidons de consacrer la dernière journée de demain à un retour tranquille à la maison en suivant la Route 132 tout au long et nous donnons rendez-vous demain après 9:00.

Nuit très silencieuse, toutes ouvertures fermées, car la nuit s’annonce fraiche (11°).


82 417 Mercredi 23 août 2023 : de ST-ANDRÉ-DE-KAMOURASKA à ST-PIERRE-DES-BECQUETS (270 km)

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De St-André-de-Kamouraska à St-Pierre-les-Becquets

St-Andre-de-Kamouraska : bivouac devant le
                  fleuve
St-André-de-Kamouraska : réveil au bivouac devant le fleuve
Grand soleil au matin qui durera toute la journée et ne tardera pas à réchauffer l’habitacle un peu frais. Comme s’il suffisait de rentrer au Québec pour retrouver le beau temps ! Je traine un peu au lit, espérant récupérer un peu et attaquer cette dernière journée de notre voyage avec un peu plus d’allant. Ces 4 000 km en 20 jours et quasiment non stop commencent à me rentrer dans le corps, en fin de compte pas tout jeune… Puis à 9:00 la douche chaude me ragaillardit, je prends un copieux déjeuner et rejoins mes compagnons de route qui semblent, eux aussi, démarrer lentement.

St-André-de-Kamouraska : bivouac au bord de l'aboiteau
St-André-de-Kamouraska : notre bivouac au bord de l'aboiteau

Dernier tour sur la digue pour cueillir une ample provision de fruits d’églantiers blancs, roses et mauves qui poussent en abondance au bord de la digue. Passé 10:00 nous reprenons la route.

Juliette m'accompagne dans le ProMaster, et nous admirons ensemble le paysage de battures, de rochers et d’îles qui se déroule le long du fleuve, avec les côtes bleutées de Charlevois au loin, au-delà de la vaste étendue d’eau brunie par les pluies abondantes et les crues des derniers jours.
Églantine sur l'aboiteau de
                  St-André-de-Kamouraska
Églantine sur l'aboiteau de St-André-de-Kamouraska

Bief d'amené e-d'eau de la Seigneureie des
                  Aulnay
Bief d'amenée d'eau au moulin de la Seigneurie des Aulnay
Après une bonne heure de lent cheminement sur la Route 132 nous arrêtons au domaine de la Seigneurie des Aulnay pour recharger la Bolt, d’abord sur une borne rapide jusqu’à 80%, puis sur une autre de niveau 2 pour parfaire la charge jusqu'à 100%. Pendant ce temps nous ferons un petit tour dans le parc et surtout suivrons une visite très complète du vieux moulin à eau.

Le dernier meunier en titre et son aide continuent d'y produire une farine traditionnelle sur meules de pierre mues par une grande roue à aube parfaitement fonctionnelle. L’homme de l’art décrira abondamment le B-A BA du métier et ses aléas en terminant par un couplet dithyrambique sur « sa » farine biologique et naturelle, autrement plus nutritive et digeste que la farine industrielle qu’il décrie avec passion.

Moulin des Aulnay : trémie de descente du grain
                  dans le grenier
Moulin des Aulnay : dans le grenier, trémie de descente du grain vers les meules
Meule du moulin des Aulnay
Meule du moulin des Aulnay; en arrière le bluteau

Engenages d'entrainement des meules
Engrenages d'entrainement des meules
Meules du moulin des Aulnay
Engrenages d'entrainement des meules

Les grandes rayures servent à évacuer la farine et le son vers la périphérie, les petites stries à accrocher et écraser le grain.

Moulin des Aulnay : stries sur les meules
Moulin des Aulnay : petites stries sur les meules, servant à accrocher et écraser le grain
Moulin des Aulnay arbre de la roue a aube et ses
                  engrenages de renvoi
Moulin des Aulnay : l'arbre de la roue à aube et ses engrenages de renvoi

Mouin des Aulnay : le bluteau en action
Moulin des Aulnay : l'aide meunier devant le bluteau (ou blutoir) tamisant la mouture
 (farine brute sortant de la meule) en 8 composants du plus fin au plus grossier  (de la farine blanche au son)


J’abrège la visite technique du moulin déjà commentée il y a deux ans lors de mon précédent passage, après avoir observé et filmé la mise en eau de la grande roue, impressionnante, qui commence lentement et puissamment à tourner en entrainant les meules de pierre et le bluteau.

Seigneurie-des-Aulnay-irruption-de-l'eau-sur-la-roue
Moulin des Aulnay : irruption de l'eau sur la roue à l'ouverture de la vanne du bief

Seigneurie-des-Aulnay-entree-du-manoir
Entrée du manoir des Aulnay
Je gagne alors la salle à manger installée dans l’ancienne maison du meunier convertie maintenant en boulangerie et restaurant. J'y dégusterai avec mes compagnons de voyage une superbe pizza dont la pâte délectable a bien évidemment été confectionnée avec la farine locale.

Ensuite, le temps passe, si bien que l’heure de la visite du manoir est dépassée... Nous nous hasardons quand même dans le parc jusqu'à aller frapper à la porte du haut perron, tandis que Mathieu va brancher la voiture sur la borne lente pour compléter la charge.

Tombant sur la «gouvernante» en costume d’époque qui attend un groupe en retard, nous avons la chance de profiter d’un petit tour privé qui nous montrera l’essentiel de la grande demeure luxueusement aménagée. Elle a retrouvé une partie de ses meubles originaux, et l’on nous montre une bibliothèque du bureau du seigneur Dionne tout juste récupérée chez un particulier et qui n’attend que sa remise en place…
Manoir des Aulnay : salle à manger
Manoir des Aulnay : salle à manger

Manoir des Aulnay : chambre de Madame
Manoir des Aulnay : chambre de Madame
Manoir des Aulnay : le salon avec sa causeuse et
                  son piano
Manoir des Aulnay : le salon avec sa causeuse centrale pour les robes à panier et son piano

Dans la cuisine, Juliette s’extasie sur un magnifiques poêle Royal Bélanger. Cette visite expresse aura été une belle (re-)découverte.



Dans la cuisine du Manoir des-Aulnay, le
                      dessus du poêle
Dans la cuisine du Manoir des Aulnay, le dessus du poêle Royal Bélanger
Manoir des Aulnay : poêle Royal Bélanger dans la
                  cuisine
Manoir des Aulnay : Juliette devant le  Royal Bélanger de la cuisine

Sur la route 132 belvedere vers l'Ile d'Orléans
                  et la Côte de Beaupré
Sur la Route 132, belvédère vers l'Ile d'Orléans et la Côte de Beaupré
Nos visites complétées et la voiture suffisamment rechargée, nous pouvons reprendre la Route 132 qui continue de remonter le fleuve, bordée de fermes plus ou moins modernes (hauts silos de métal, vastes bâtiments de stabulation libre) et de quelques maisons anciennes en pierre ou en bois peint, à la silhouette traditionnelle. En approchant de Québec, un belvédère malheureusement trop arboré offre un belle échappée sur le St-Laurent et vers sa rive nord.

Arrêt en passant Lévis pour recharger la Bolt sur une borne rapide tandis que je fais un dernier plein d’essence au Costco.

Nous nous rendrons ainsi jusqu’à notre étape prévue sur le parvis de l’église de St-Pierre-des-Becquets, déjà fréquenté à l’aller. Installation et souper rapide, cette fois nous sommes seuls devant la grande courbe du St-Laurent sur lequel tombe la nuit. Gabriel, inspiré par le reflet de la lune dans l'eau, tient à faire une photo du spectacle avant que nous allions tous nous coucher après ce bon parcours.
St-Pierre-des-Becquets-nuit-sur-le-fleuve
St-Pierre-des-Becquets : nuit sur le fleuve, par Gabriel


82 687 Jeudi 24 août 2023 : de ST-PIERRE-DES-BECQUETS à MONTRÉAL (219 km)

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De St-Pierre-les-Becquets à Outremont

Bivouac dans le brouillard sur le parvis de
                  St-Pierre-des-Becquets
Bivouac dans le brouillard sur le parvis de St-Pierre-des-Becquets
Dernière étape de notre retour en continuant d’emprunter la Route 132 jusqu’à Montréal.

Au lever à St-Pierre-des-Becquets, une brume épaisse couvre le fleuve dont nous apercevons à peine quelques reflets. Nous démarrons rapidement, comme si les chevaux sentaient l’écurie… même Gabriel descend sans rechigner de sa couchette !

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Brouillard à St-Pierre-les-Becquets, par Mathieu A.

Lorsque nous arrivons - sans incident - rue Hartland en début d’après-midi, il fait beau, la température est douce et le ciel bleu parcouru par quelques petits nuages blancs. Dommage que nous n’ayons guère expérimenté ce temps dans les Maritimes !


82 906 MONTRÉAL (après 4 476 km)



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