Débarquement sans
problème après cette bonne nuit. Malheureusement la
pluie persiste et la bruine ne cessera quasiment pas de
la journée. Les charmes de Brindisi m'étant déjà connus,
je quitte le quai en prenant la direction sud pour
m'arrêter 20 minutes plus tard au bord de la route et
examiner les possibilités qui s'offrent à moi. Je ne
retournerai pas faire le «tour de la botte» italienne,
lui aussi déjà parcouru, trop long pour le temps dont je
dispose, et dont les paysages et les sites ne donneront
rien sous la pluie et le ciel bouché. La consultation de la météo me donne l'espoir de trouver un climat plus favorable sur la côte ouest, en remontant vers Naples. Je quitterai donc cette côte est, sur la façade Adriatique, pour traverser le bas de l'Italie, à travers les Pouilles (Puglia) et la Basilicata pour gagner la Campania aux alentours de Salerno, au bord de la Mer Tyrrhénienne. Une première étape s'impose, Matera et ses sassi, ensemble d'habitations semi-troglodytes qui ont fait inscrire la ville au patrimoine mondiale de l'Unesco. Je suis donc le trajet proposé par Google Maps, une soixantaine de km que je parcourrai tranquillement dans la campagne verdoyante de saison. Ici encore quelques plantations d'oliviers, mais aussi des champs cultivés où poussent drues des céréales d'un vert très vif. Voilà qui change assez radicalement des paysages de la Grèce du sud que je parcours depuis près de 5 semaines… |
Rue et immeubles classiques dans la ville haute de Matera |
Arrivé en ville, j'ai un peu de mal à m'orienter, et surtout à trouver un stationnement assez plat pour cuisiner sans faire d'acrobaties. Puis je repère sur le plan le quartier des sassi, celui pour lequel j'ai choisi cette destination. Il est au cœur de la vieille ville, garnissant les flancs d'un vallon plutôt abrupt et maintenant assez bien restauré. Quartier très populaire voire misérable, il était dominé par les grandes maisons classiques et les bâtiments officiels de la bourgeoisie et des nobles, sur les hauts. Actuellement on peut contempler sa cascade de petits bâtiments blancs dégringolant la pente en amphithéâtre depuis un belvédère aménagé devant l'Hôtel de ville. |
Je me lance alors dans les ruelles qui serpentent en descendant, coupées d'escaliers, de porches et autres éléments urbanistiques quasi médiévaux. Je n'irai pas bien loin sous mon parapluie, la pluie fine me réfrigérant assez vite et rendant les pavés glissants. |
Rue dans la vieille ville de Matera |
MesTraction-Aids enfoncées dans l'ornière |
Je longe la rue
jusqu'en haut, près de l'entrée de l'université et,
apercevant un terrain plat mais non asphalté, je m'y
engage... et m'y embourbe, la pluie ayant transformé cet
espace terreux en véritable patinoire. Je tente de me
déprendre, cherchant aux alentours des matériaux
susceptibles de donner un peu de prise à mes roues
(gravier, branches, etc.) mais rien. Je me souviens
alors avoir eu dans la soute des plaques de
désensablement en plastique, mais elles ne sont plus là.
En revanche, en fouillant un peu, je tombe sur la boite
de Traction Aids apportée tout exprès du Canada. Sous la pluie qui continue et en pataugeant dans la boue, je déplie les petites échelles d'acier et les place sous les roues ; un bon coup d'accélérateur en marche arrière, ça patine mais ça le fait ! Me voilà tiré d'affaire, encore me faudra-il un bon quart d'heure et des pinces pour extirper mes grilles de la couche de boue dans laquelle elles se sont profondément enfoncées... |
Je regagne l'asphalte, plus sûr, et trouve un peu plus loin le long de la même rue un autre espace à peu près plat où je m'installerai pour la nuit. J'utiliserai l'eau accumulée dans quelques flaques pour décoller la boue de mes plaques, puis accrochant mes vêtement trempés à sécher dans l'habitacle, commence une longue soirée tranquille tandis que la pluie finit par se raréfier puis s'arrête tout à fait. Pourvu que cela se maintienne demain matin, que je puisse au moins faire un petit tour en ville… Souper, achèvement du traitement de mes image de Grèce auxquelles je mets un point final, coucher à 22:30 dans un silence presque absolu. | Matera : bivouac Via Castello devant l'Université |
Passant près des restes du château - incomplets car il resta inachevé après l'assassinat du seigneur constructeur - je rejoins la Plazza Veneto, siège de l'Office du Tourisme (dans l'Hôtel de ville) et point de départ des différentes balades. | Le castello de Matera |
Façade de Hôtel de Ville |
Rue pavée descendant dans la basse ville |
Le chaudronnier de Matera |
Palazzo del Sedile, siège de l'administration municipale à la Renaissance |
ÉGLISE ET COUVENT
SAINT FRANÇOIS D'ASSISE
XIIIe siècle L'église de San Francesco d'Assisi est le seul bâtiment qui subsiste de l'ensemble monastique du même nom, démoli dans les années 1950 pour faire place à l'immeuble de la Banca d'Italia. La communauté franciscaine s'installa à Matera dans le complexe préexistant des Santi Pietro e Paolo vers la première moitié du XIIIe siècle et commença à construire la première église entre 1250 et 1300 environ. Elle était de petite taille et devait occuper la surface de l'abside actuelle. Dans le clocher, on peut encore distinguer le portail avec son arc brisé. L'église n'a jamais été achevée. Grâce à l'amélioration de la situation financière de la communauté religieuse, un programme de construction plus vaste a permis de réaliser un grand ensemble avec deux cloîtres. La nouvelle église était perpendiculaire à l'ancienne et présentait des caractéristiques iconographiques typiques de l'architecture franciscaine : un espace unique, un plafond de fermes en bois qui existent encore au-dessus du plafond actuel, que l'on peut dater de la première moitié du XVe siècle, un arc triomphal en ogive et une abside basse couverte d'une voûte en croisée d'ogives. Le clocher a également été construit à cette époque, à droite de l'abside, qui conserve les caractéristiques stylistiques de l'époque : une voûte d'arêtes aux nervures élancées reposant sur des corbeaux sculptés de motifs anthropomorphes et zoomorphes ; des peintures murales de style gothique tardif avec des figures de saints ; un portail tréflé flanqué d'arcs aveugles. Entre le XVe et le XVIe siècle, l'espace unique a été agrandi par la construction de chapelles latérales. Au XVIIe siècle, le patronage de Mgr Vincenzo Lanfranchi, évêque de la ville, a permis aux franciscains de Matera d'apporter des améliorations à l'église, notamment en construisant un double plafond à caissons en bois avec des médaillons, décoré de rosaces sculptées et dorées et d'une sculpture de la Sainte Vierge au centre. Après des travaux de restauration au cours du XVIIe siècle, la façade de l'église a été reconstruite en 1751 et l'intérieur a été décoré selon des schémas du baroque tardif en 1756. |
Nef de l'église San Francesco d'Assisi Orgue de l'église San Francesco d'Assisi au fond du choeur |
Chiesa del Purgatorio : borne devant l'entrée |
Façade de l'église del Purgatorio |
Iglesia Santa Chiara: N-D du Mont Carmel et les âmes du Purgatoire sur la façade |
Via Ridola depuis la Chiesa del Carmine; au fond la Chiesa del Purgatorio |
Le rocher de Madonna del Idris au dessus de grotte |
Dans la Grotta di Vico Solitario |
Casa Grotta di Vico Solitario : le grand lit familial dans un coin de la grotte |
Cuisine de la grotta di Vico Solitario |
LA
CHARRETTE D'UN AGRICULTEUR: U'TRALJN Casa Grotta di Vico Solitario : carriole paysanne u'traljn |
Elle
était utilisée à Matera et dans les régions
limitrophes des Pouilles jusqu'au début des années
1960. Il était fabriqué en bois, avec une structure
assez basique : une planche de bois, deux côtés
verticaux, deux longs arbres où était attaché un
mulet ou un cheval, deux grandes roues, chacune avec
un épais anneau de fer entourant la jante en guise
de bande de roulement, et un système de freinage
actionné à la main par une corde. Les grandes roues
permettaient la vitesse et assuraient la stabilité
et de longs trajets sur des pistes accidentées. Les U'traljn pouvaient être de différentes tailles, en fonction de leur fonction : une énorme remorque était nécessaire pour transporter de gros sacs de blé ou des matériaux de construction en vrac, ou bien une petite charrette, plus petite et plus légère, une charrette polyvalente pour l'usage quotidien, comme celle qui est présentée ici. Une charrette rapide, légère et bien construite, était utile à l'agriculteur local pour transporter les produits agricoles ou les outils de travail, et pour se rendre dans ses champs le matin, en parcourant trop souvent de longues distances, puis pour revenir à son domicile dans les Sassi, le soir. Sur les petites places des Sassi de Matera, là où aujourd'hui nous garons nos voitures, on pouvait autrefois voir de longues rangées de u’traljn, leurs bras tendus vers le ciel comme pour adresser une prière, prêts à partir à chaque nouvelle aube, en direction des champs, comme à l'accoutumée ; tous se déplaçant avec un mélange de sonneries de harnais, de cliquetis de grandes roues, de battements de sabots et de craquements de longs fouets dans l'air. |
Église rupestre de Sant'Agostino |
Église rupestre de Sant'Agostino |
Chiesa San Pietro Caveoso |
Retable de l'église San Pietro Caveoso |
Chiesa San Pietro Caveoso : Vierge à l'Enfant |
Ravin du Gravina et clocher de la cathédrale depuis San Pietro Caveoso |
En chemin vers la cathédrale le long du ravin Chiesa San-Pietro Caveoso et Madonna del Idris |
Montée vers la cathédrale |
BASILICA CATTEDRALE MARIA SS DELLA BRUNA E S. EUSTACHIO Parvis et Cathédrale Maria della Bruna Au début du
XIIIe s, l'évêque Andrea réunit les diocèses de
Matera à celui d'Aderenza. Le prélat choisit alors
Matera comme siège épiscopal et projette la
construction d'un édifice adapté au nouveau statut
ecclésiastique de la ville.
La construction de la cathédrale commence en 1230 et s'achève en 1270: une inscription sur la porte d'entrée du clocher en témoigne. Construite pour remplacer ce qui était jusqu'alors l'église mère de la ville, nommée Sainte Marie de l'Episcopal et jugée trop petite et humble pour le nouveau rôle à assumer, cette église occupe aussi partiellement le site du monastère bénédictin de Saint Eustache, détruit par un tremblement de terre. Le plan de l'église était a l'origine en forme de T, avec une abside qui se terminait près de l'autel principal actuel. Elle a ensuite été dotée d'un plan classique en forme de croix latine, allongée par l'ajout du chœur. |
Au XVIe s,
au-delà des limites du plan basilical à trois
nefs, trois chapelles ont été construites sur
les côtés de la nef gauche : la chapelle du
Saint-Sacrement, la chapelle de L'Annonciation
et la chapelle de la Nativité L'ensemble des décoration intérieure a été renouvelé au XVIIIe siècle pour se conformer au lexique culturel de l'époque. Cela a entraîné l'application de stucs et de corniches dorées sur les surfaces murales, probablement agrémentées de peintures murales des XIVe-XVe siècles. dont on peut voir un détail, au début de la nef droite, du Jugement dernier, attribue à Rinaldo de Tarente. C'est également à cette époque que le plafond en bois décoré a été ajouté, recouvrant ainsi un ensemble de treize poutres à treillis en bois décorées du XIIIe. En 1776, le maitre-autel a été remplacé par un autre provenant de l'abbaye bénédictine de Montescaglioso : l'original a été déplacé dans la nef gauche et une icône du XIIe siècle de Madonna della Bruna, patronne de la ville, y a été placée. Parmi les premiers aménagements intérieurs on peut admirer un ensemble de colonnes monolithiques avec des chapiteaux finement sculptés, tandis qu'à l'extérieur on peut apprécier la splendeur de l'architecture romane et et du figuratif des Pouilles, bien que sous une forme partiellement altérée, en raison des modifications apportées au XVIIIe siècle, qui ont transformé les fenêtres à double baie de la nef en ouvertures à baie unique. Outre les nombreux autels en l'honneur de différents saints, datés entre le XVIe et le XXe siècle, cet édifice ecclésiastique est également orné de peintures de Domizio Persia, Giovanni Donato Oppido, Fabrizio Santafede et Vitantonio Conversi, de sculptures attribuées a Altobello et Aurelio Persio et de fresques toutes datées entre le XVle et le XVIlle siècle. La chapelle de l'Annonciation. entièrement sculptée dans des blocs de calcaire et la chapelle de la Nativité contenant une crèche réalisée par Altobello Persto et Sannazzaro d'Alessano. sont d'une qualité remarquable. Le chœur en bois datant de 1453, réalisé par Giovanni Tantino, est également impressionnant. |
Chapelle de Sta Maria di Constantinopoli |
Icône de Santa Maria di Constantinopoli dans la chapelle |
Musée de la cathédrale de Matera : Sainte |
Musée de la cathédrale : St Michel Archange Bois doré et peint (1ère moitié du XVIIe) |
Musée de la cathédrale de Matera : Enluminure d'antiphonaire : Nativité |
Musée de la cathédrale de Matera : Vierge Marie (XVIIIe) en calcaire peint |
Cathédrale de Matera : Chapelle de la Nativité |
Cathédrale de Matera : Chapelle de la Nativité |
Plafond caissonné et doré de la chapelle de l'Annonciation |
Nef de la cathédrale de Matera |
Chœur de la cathédrale de Matera |
Plafond de la cathédrale de Matera |
Chiesa San Agostino (XVI-XVIIIe) |
Matera : Chiesa San Agostino (XVIe-XVIIIe) statue du saint au-dessus du portail |
Matera : chœur de San Agostino (XVIe-XVIIIe) |
L'orgue de San Agostino (XVIe-XVIIIe) au fond du choeur |
San Agostino (XVIe-XVIIIe) autel de la Vierge du Miracle |
Vierge du Miracle (XVIe) de San Agostino |
Sous l'église San Agostino, l'église rupestre San-Giulano (XVe) |
Église rupestre San Giulano (fin XVIe) Madone avec Jésus enfant (3ème quart du XVIe) Très Sainte Trinité (1ère moitié XVIIe) |
Chiesa San Pietro Barisano |
Chiesa San Biagio |
Chiesa San Giovanni Battista |
San Giovanni Battista : le porche roman |
CHIESA SAN GIOVANNI
BATTISTA (XIIIe siècle) Abside de San Giovanni Battista avec ses deux éléphants |
Les Pénitentes
de Santa Maria di Accon en Palestine arrivent à
Matera en 1215 et reçoivent en 1220 la chapelle de
Santa Maria la Nova, qui avait appartenu aux
Bénédictins jusqu'en 1212. En 1229, elles
commencent à construire une nouvelle église qui
sera achevée en 1236, pour remplacer la chapelle
bénédictine. Deux siècles plus tard, en 1480, les
religieuses abandonnent l'église car sa situation
à l'extérieur des murs de la ville la rend
constamment sujette aux raids des soldats.
En 1695, Monseigneur del Ryos, archevêque de Matera, ayant constaté que la paroisse de San Giovanni Battista dans le Sasso Barisano était en très mauvais état et avec le consentement des religieuses d'Accon, transféra cette paroisse dans l'ancienne église de Santa Maria la Nova, qui était restée abandonnée pendant plus de deux siècles. Au XVIIIe siècle, un programme de travaux a été lancé pour augmenter les dimensions de l'église : en 1701, la sacristie a été construite et en 1735, la chapelle du Saint Sacrement a été construite en utilisant une partie du jardin arrière. À la fin du siècle, des travaux structurels ont été effectués qui ont modifié l'aspect de l'intérieur : l'état des trois coupoles qui s'élevaient dans le transept, déjà grave au XVIIe siècle, s'aggrava à tel point que le Chapitre décida de les démolir et de les remplacer par des voûtes de type Lecce. Pour supporter le poids de ce nouveau toit, la façade fut bordée d'une série de grands arcs, à travers lesquels on peut voir le portail du XIIIe siècle, surmonté de la statue de Saint Jean Baptiste. L'église San Giovanni Battista et la cathédrale sont deux des plus importants exemples d'architecture romane des Pouilles à Matera. Un chroniqueur du XVIIIe siècle la décrit ainsi : "Il reste maintenant à décrire l'église de Santa Maria la Nova dont l'architecture doit être observée non pas tant à l'intérieur qu'à l'extérieur. Tout est bien agencé et embelli, mais le plus merveilleux est l'extérieur avec la perfection et la beauté de son exécution byzantine, partout où vous regardez. Ce qui est encore plus merveilleux, c'est que sur les quatre côtés, il y a une perspective différente avec un travail varié et diversifié, orné de nombreuses statues et d'animaux divers, et au sommet trois petites mais très hautes coupoles, et il est rare de trouver des églises d'une telle facture dans ce royaume." En 1610, la façade principale a été incorporée dans la zone de l'ancien hôpital adjacent de San Rocco et ses éléments sculpturaux, deux éléphants dans l'abside et le télamon sur les murs extérieurs de la nef, ont été transférés ailleurs. Le plan de l'église est un trèfle latin, avec une nef et deux nefs séparées par des piliers composites ornés de splendides chapiteaux portant des motifs anthropomorphes, zoomorphes et végétaux, tous différents les uns des autres. La nef a une voûte d'arêtes du type de celle de Lecce, tandis que les nefs latérales ont des toits plus bas et conservent la disposition spatiale de l'édifice original du XIIIe siècle avec des voûtes d'arêtes. Dans la nef de gauche, se trouve un autel polychrome avec une fresque de Santa Maria la Nova ; aux deux extrémités se trouvent des sculptures attribuées à l'école d'Altobello Persio. Dans la chapelle du Saint-Sacrement, on peut admirer un tableau du peintre de Matera Vito Antonio Conversi datant de 1727. |
San Giovanni Battista : transept et chœur |
Crucifix du chœur de San Giovanni Battista |
Chapiteau dans San Giovanni Battista |
Fonts baptismaux de San Giovanni Battista |
"Cittadinanza attiva" (Citoyenneté active) par Nicola Morelli, sculpteur de Matera |
Enfin me voilà de
retour à l'Exsis en traboulant dans les petites rues et
rencontrant un autre témoin de l'ancien Matera coulé
dans le bronze, un hommage des contemporains aux pères
fondateurs. Je commence par me sustenter d'un lunch léger (tomate cœur-de-bœuf en salade, plateau de fromages international et quelques tranches de pain spécial aux graines céréales Lidl) avant de poursuivre ma quête d'une température plus élevée et d'un soleil plus présent que j'espère trouver sur la côte ouest de l'Italie. |
Bivouac à Salerno en plein centre urbain |
En fait je me suis
endormi aussitôt couché pour me réveiller à 7:30. Rien
de tel qu'une longue marche pour assurer un bon
sommeil ! Le quartier est si tranquille que je ne vois
et n'entends quasiment personne, à part un quidam
promenant son chien… Inutile donc de me presser pour
quitter les lieux, et je démarre lentement ma journée. Je renoncerai même à la visite du Lidl voisin, car ma cambuse assez remplie me permettra de ne refaire le plein qu'en France, avec des prix, une variété et surtout une qualité que je connais. La température est certes plus douce qu'hier et il ne pleut pas, mais il manque le soleil pour que je me hâte de mettre le nez dehors. |
La voie d'accès fait
pas mal de détours où le GPS me guide sans défaillance
et je peux enfin filer à travers la riche campagne de
Campania à un train soutenu. Les km défilent, je passe
en vue du Vésuve enneigé, et prends enfin un ticket de
péage sur ma route vers Rome. La jauge de diesel commence à pointer vers le bas, mais je calcule que je devrais pouvoir me rendre au delà de Rome, donc hors autoroute puisque j'emprunterai alors la Via Aurelia (SS1) où je ferai le plein. En effet les prix affichés dans les aires de service autoroutières m'effarent (de 1,95 € à plus de 2 € le litre de diésel !). |
En vue du Vésuve enneigé |
Bivouac devant la mer à Santa Marinella |
Grand soleil au
lever à 8:30; peu de passage sur cette rue de bord de
mer résidentielle, surtout en ce dimanche matin.
Quelques joggeurs passent en sautillant… Après douche
et déjeuner je renonce à retourner au port où de toute
façon je ne pourrai remplir la citerne. Je repère plutôt sur IOverlander la possibilité de faire le plein d'eau à Pise, au cours de ma route vers le nord. Je repère aussi sur le Guide Vert une attraction spéciale dans le coin : la Nécropole de Monterozzi à Tarquinia où l'on a découvert plus de 600 tombes étrusques. On en a mis en valeur une vingtaine que l'on peut visiter, sans compter ensuite le Musée archéologique national consacré aux Étrusques, puisque l'Ancienne Tarquinia était leur capitale. |
Première surprise :
pas de stationnement prévu à l'entrée du site; je
réussis néanmoins à me caser entre deux platanes au
bord de la route. Passée la billetterie, je me retrouve devant un vaste champ parsemé de petites bicoques en briques crépies de forme plus ou moins triangulaire : ce sont les portes des escaliers qui donnent accès aux hypogées, ou tombes souterraines taillées dans le tuf. Un panneau délavé auprès de chacune donne son nom et quelques informations. Auparavant, des espèces de champignons en pierre rassemblés dans un enclos attirent mon attention : ce sont les tombes pré-étrusques de la nécropole de Villa Bruschi Falgari. |
Tombes de la Nécropole villanovienne de Villa Bruschi-Falgari, transportée ici dans un enclos pour conservation. |
Les tombes
de la nécropole villanovienne de Villa Bruschi
Falgari
Les récipients en pierre exposés derrière la clôture en bois proviennent du cimetière d'une communauté du premier âge du fer qui vivait dans les environs de Tarquinia. Le lieu de sépulture se trouve non loin d'ici, dans le domaine de la Villa Bruschi Falgari, près de la via Aurelia. Le cimetière a été utilisé par quelques générations entre 1020 et 750 av. L'établissement se trouvait sur les pentes d'une colline proche, dans une partie de l'actuelle Tarquinia connue aujourd'hui sous le nom d'Infernaccio. De là, les habitants pouvaient commander la plaine côtière et les voies d'accès à la mer. Ce petit établissement proto-urbain se trouvait à la périphérie de ce qui allait devenir la grande ville étrusque de Tarquinia. Les tombes sont soit disposées en lignes vaguement ordonnées, soit réunies en groupes. La disposition de certaines tombes semble indiquer un désir d'immortaliser la relation qui avait existé entre certains membres de la communauté au cours de leur vie. La partie supérieure de la tombe était une grande fosse circulaire creusée dans le sous-sol de pierre ponce. Un puits cylindrique plus petit était ensuite taillé dans le sol de la fosse pour accueillir l'urne funéraire. La coutume voulait que le défunt soit brûlé sur un bûcher funéraire. Les os incinérés était recueillis et parfois lavés avant d'être brisé pour être placés dans une urne à une seule poignée. Cette dernière était un récipient en terre cuite noire copieusement décoré. Un bol était utilisé comme couvercle de l'urne. Parfois, dans les tombes d'hommes de certaines familles, un casque de poterie imité était utilisé à la place d'un bol. L'urne représentait symboliquement le défunt et était souvent décorée d'un collier d'anneaux de bronze. Elle était parfois enveloppée dans un linceul orné de petits objets en os et en bronze. Un rituel précis et complexe accompagnait l'enterrement des morts. Il pouvait varier selon l'âge et le sexe du défunt, ou en fonction de son rang social. À la fin de la cérémonie, une partie de la cendre du bûcher funéraire était renversée sur l'urne et une sélection de petits pots, dont certains auraient été utilisés par Lan, pendant la cérémonie, étaient disposés autour du défunt. Le puits inférieur était scellé par une dalle de pierre. Celles-ci peuvent varier en forme et en taille. Certaines sont exposées derrière la clôture. Le puits supérieur était remblayé avec de la terre et des pierres. Une pierre ou un autre marqueur aurait indiqué la présence de la tombe pendant plusieurs années. L'urne et les objets funéraires associés étaient parfois placés dans un récipient en pierre pour les protéger. Ceux-ci sont exposés ici. Ces membres importants de la communauté étaient principalement des hommes adultes, plus rarement des femmes et très rarement des jeunes. Les récipients varient en forme et en taille. Le matériau utilisé était la roche volcanique locale « nenfro », facile à travailler. Le corps du récipient est soit cylindrique soit ovoïde et possède un couvercle hémisphérique. La fabrication de l'intérieur a fait l'objet d'un soin particulier, et souvent le fond du tonneau intérieur a été creusé pour accueillir la base circulaire de l'urne. Les encoches en forme de croix sur le haut et le bas des récipients devaient faciliter leur transport jusqu'à la tombe et leur éventuelle localisation dans celle-ci. L'un des couvercles, actuellement exposé au Museo Nazionale du Palazzo Vitelleschi, a été sculpté en forme de toit de maison. Pour trois tombes, un coffre en pierre carré ou rectangulaire a été sculpté dans le nenfro. Toutes les trois sont des tombes masculines. Elles se distinguent par certaines particularités du rituel d'inhumation. Des objets symboliques et cérémoniels ont été placés dans deux des coffres. Il s'agit de petites assiettes sur un trépied, de "candélabres" et d'un cheval et d'une charrette miniaturisés. Il est particulièrement intéressant de noter que les os humains contenu dans le plus grand coffre a été mélangé aux restes incinérés d'un cochon. L'un des plus petits coffres a été mis de côté pour une double sépulture de deux hommes adultes d'âges différents. Ces deux urnes étaient fermées par un couvercle en poterie. |
L'accès à la Tomba Cristofani |
TOMBE DU
GUERRIER
Découverte en 1961, elle date de 430-400 av. J.C. Elle est composée d'une seule chambre avec un plafond à double pente, des bancs le long des murs et des accès (dromos) avec des marches. Au centre du tympan du mur principal se trouve le support de la poutre principale du plafond avec un combat entre deux coqs, et des panthères symétriques sur les côtés. Les décorations des murs reprennent le thème du banquet avec des exhibitions athlétiques, musicales, acrobatiques et guerrières en l'honneur des défunts.Le mur du fond présente une scène de banquet avec deux lits de banquet (klinai) sur lesquels se trouvent respectivement un homme et une femme allongés; deux serviteurs et un joueur de flûte les attendent. Sur le mur de droite se trouvent un guerrier monté sur un cheval rouge, un cheval peint en bleu et un guerrier à pied. Sur le mur de gauche, un autre joueur de flûte,deux boxeurs avec un petit joueur de flûte entre eux, un lancier, un lanceur de disque et la vaisselle du banquet.. Tomba del Guerriero |
TOMBE DE LA CHASSE
ET DE LA PÊCHE Tomba della Caccia e Pesca |
Découverte
en 1873, elle date de 520-510 av. J-C. Elle est
composée de deux pièces en ligne avec un plafond à
double pente et un dromos d'accès avec des
marches. Décoration : la première pièce présente sur le pignon la scène d'un retour de chasse, tandis que sur ses murs sont représentés des personnages dansant parmi les arbres. La deuxième pièce présente, sur le pignon du mur d'extrémité, la scène d'un banquet, avec un couple qui peut être considéré comme les commanditaires de la tombe. Les murs de cette pièce sont peuplés de scènes colorées de chasse et de pêche, de rochers aux couleurs vives d'où certains chasseurs tirent sur des oiseaux avec des arcs et des frondes. Sur le mur de gauche se trouve la peinture très connue du plongeur, qui rappelle la "tombe du plongeur" de Paestum (480 av. J.-C.). Nous devons garder à l'esprit que les thèmes des deux pignons résument les idéaux de la vie aristocratique des propriétaires de la tombe, qui devaient plus que probablement apprécier les peintures de paysages de bord de mer, de pêche et de chasse. Le tombeau est l'œuvre d'un peintre opérant dans la tradition des "petits maîtres ioniques." |
Tomba della Pulcella Découvert en
1865 et datant de la fin du Ve siècle avant
J.-C., ce sépulcre doit son nom à la figure
d'une petite servante (Pulcella) peinte sur le
côté gauche. C'est une pièce unique avec plafond
à double pente et long couloir d'accès (dromos).
Au centre du mur du fond se trouve une niche funéraire en forme d'édicule avec des colonnes toscanes et un masque de gorgone sur la tête de la poutre faîtière ; au fond, deux génies ailés étendent un voile sur le corps du défunt. De chaque côté de l'édicule se trouvent deux musiciens. Sur les murs murs latéraux de la chambre, des scènes de banquet, iconographie très répandue dans les tombes peintes du Ve siècle, avec des couples (homme et femme) allongés sur des lits conviviaux (klinai). Remarquable est le niveau de qualité picturale et la richesse vestimentaire des convives. La tombe a été dévastée en 1963 par des vandales inconnus qui ont endommagé le mur gauche, détruisant le visage de "Pulcella" et enlevant les figures d'un dîneur et d'un petit serviteur ; la tête de ce dernier, réapparue dans un musée allemand, a été restituée spontanément et est maintenant exposée au Musée archéologique. |
Tomba Pallottino |
TOMBA
PALLOTTINO
Découverte en
1962, elle date de la fin du Ve siècle avant
J.-C.
Cette tombe est dédiée à Massimo Pallottino (1909-1996), maître inoubliable pour des générations d’étruscologues. Une seule chambre avec un plafond à double pente et des dromos d'accès avec des marches. Le plafond est décoré par le contour rouge foncé des poutres centrales et latérales. Le mur d'extrémité présente un harpiste dansant, une danseuse et un danseur tenant un kylix dans sa main droite. Sur les murs latéraux, on trouve des figures de danseurs et de danseuses dans un petit bois. On notera une touche très raffinée dans la transparence peinte des vêtements des figures féminines. |
TOMBA MORETTI
Découverte en 1968 et datée de 500-490 av. J.-C., la tombe est dédiée à Mario Moretti (1912-2002), Surintendant étruscologue de 1961 à 1977, qui a été le protagoniste de cette période où tant de nouvelles tombes peintes ont été découvertes à Tarquinia. Elle est constituée d'une seule chambre avec un plafond à double pente et des dromos d'accès avec des marches. Décoration : le tympan du mur d'extrémité montre deux lions qui se font face sur les côtés du support de la poutre centrale du plafond ou columen. Le mur d'extrémité représente un joueur de flûte, un personnage masculin tenant un kylix et un personnage féminin richement vêtu. Sur les murs latéraux, des danseurs et des joueurs alternent avec des figures d'arbres. La structure architecturale de cette tombe a la particularité de présenter certains éléments en relief, comme le columen, son support et l'architrave de la frise continue. La figure féminine sur le mur d'extrémité a probablement une grande signification, et peut être interprétée comme la propriétaire défunte de la tombe. |
Tomba Moretti |
TOMBA
BARTOCCINI
Découverte en 1959, elle date de 530-520 av. J.-C. Tomba Bartoccini |
Elle
est composée d'une chambre centrale menant à trois
autres, toutes avec un plafond à double pente.
Dans la salle principale, la poutraison centrale
(columen) est peinte en cercles et le plafond à
double pente est à damier ; sur le pignon du mur
d'extrémité se trouve une scène de banquet, sur le
pignon opposé deux chevaux de mer se font face ;
le long des murs, des groupes de bandeaux
dessinent des damiers et des motifs fleuris. Le
pignon de la salle terminale présente deux groupes
d'animaux de combat sur les côtés du support du
columen : les pignons des salles latérales
montrent des panthères et des lions qui se font
face. Il s'agit de la plus vaste tombe peinte tarquinienne de l'époque archaïque, avec des motifs à caractère essentiellement décoratif, à l'exception de la scène du banquet qui est considérée comme la représentation la plus ancienne d'un symposium dans la peinture étrusque. Un document intéressant prouvant la réutilisation ultérieure de la tombe est la présence dans la chambre centrale de nombreux graffitis d'âge probablement tardo-gothique, non liés à des usages funéraires. |
En quittant la nécropole je me rends au centre de la petite ville de Tarquinia pour visiter le Musée national des Étrusques. Il est installé dans le superbe et grandiose Palazzo Vitelleschi (1439) construit par le cardinal local. | Tarquinia: entrée dans la ville par la Barriera San Giusto; à gauche le Palais Vitelleschi (1439) |
La grande cour centrale du Palazzo Vitteleschi à Tarquinia |
LE PALAZZO
VITTELESCHI
L'édification du Palais entre 1436 et 1439 fut patronnée par le cardinal Giovanni Vitelleschi - le plus notable parmi les citoyens de Corneto (Tarquinia, au Moyen Age) - sous le pontificat du Pape Eugène IV. L'emploi d'une série de structures médiévales préexistantes, datant du XIIe au XIVe siècle - une maison/tour fortifiée et une série d'habitations le long de la ruelle correspondant au couloir menant au bout de la cour - pourrait expliquer l'irrégularité du projet et la rapidité avec laquelle il a été exécuté. Le Palais, l'un des plus remarquables parmi les monuments du début de la Renaissance dans le Latium, imite la typologie d'une noble demeure florentine : trois étages donnant sur une cour intérieure, le rez-de-chaussée pour les services, le premier pour les invités et le second pour la vie privée de l'occupant : à ce dernier étage se trouvent la Chapelle Palatine et la salle d'étude du Cardinal. La cour, de forme quadrangulaire, avec un puits de marbre au centre pour puiser l'eau d'un réservoir souterrain. est circonscrite sur trois côtés par autant d'édifices avec loggias et colonnades, tandis que le quatrième côté est fermé par un haut mur muni d'un couloir de communication. En raison d'un choix unanime du mécène et du concepteur, des motifs Renaissance et gothiques coexistent dans la structure de l'œuvre : des portails et des ouvertures de gout classique côtoient des portes, des fenêtres à double lancette et à triple lancette gothique-catalanes. L'emploi de différents matériaux - calcaire lisse et rustiqué pour les façades, nenfro et marbre pour les cadres et l'appareil décoratif, granit pour les colonnes - donne une connotation picturale à l'ensemble. Ce qui reste des riches décorations peintes qui embellissaient les pièces du Palais sont des fragments épars dans certaines pièces du premier étage et la décoration intacte de la petite salle d'étude du cardinal au deuxième étage, peinte à fresque avec les histoires de Lucretia Romana. alternées avec des allégories des Vertus. une œuvre selon Federico Zeri, d'un artiste anonyme du XVème siècle qu'on a nommé le " peintre de Corneto ". Le palais est le siège du Musée archéologique national de Tarquinia, inauguré en 1924. |
Couvercle de sarcophage masculin (détail) |
Sur le couvercle est couché en décubitus dorsal, le défunt enveloppé dans le linceul, tenant dans sa main droite le bol (patera) utilisé pour accomplir l'acte rituel de la libation. Le physique est caractérisé par le rendu massif de la musculature. Produit dans la seconde moitié du 4ème siècle avant J.-C. par un atelier artisanal probablement actif dans l'arrière-pays de Tarquinia. |
Couvercle de sarcophage féminin
en nenfro
La défunte est couchée sur
le dos, vêtu d'un chiton et d'une cape. Le
visage, couronné, a les cheveux séparés au
milieu et tombant en boucles sur les côtés.
L’attention particulière dans la reproduction
des ornements personnels est un signe distinctif
de l’appartenance de classe : boucles d'oreilles
et collier avec des perles circulaires et des
pendentifs en forme de glands.
Deuxième moitié du 4e siècle avant J.-C. |
Couvercle de sarcophage féminin |
Sarcophage de Larth Il Plecu dit du Magnat en nenfro (tuf) |
Sarcophage du Magnat (détail) |
Sarcophage de Ramtha Apatrui |
SARCOPHAGE DE RAMTHA APATRUI
La défunte, mère de Larth Le
Plecu, est représentée en train de festoyer, à
demi allongée sur le couvercle du sarcophage
sculpté en forme de lit convivial (kline) avec des
pattes en forme d'étoile et avec un chapiteau
ionique. La décoration du cercueil montre, sur le
devant, une Scylla - un monstre marin mi-poisson,
mi-femme - en train de saisir une rame, avec un
dauphin à ses côtés ; sur le côté gauche est
sculptée Vanth, la déesse étrusque des Enfers. Une
longue inscription funéraire court le long des
bords du couvercle et du coffre.
Nenfro, première moitié du IIIe siècle avant J.-C. |
Kylix |
Oinochoe (pichet à vin) en forme de tête de femme Attique à figures noires Visage allongé
et pommettes saillantes ; cheveux rassemblés
dans un précieux bonnet brodé de motifs
géométriques et d'une frise miniature d'animaux
réels et imaginaires. Traces de restauration
ancienne sur la poignée. Attribué au potier
Charinos (signature sur la poignée). (500-490
av. J.-C.)
|
Attique à
figure rouge : scène de libation : une jeune
femme verse du vin dans la patera que lui tend
un vieil homme sur un riche tabouret. Attribué
au Peintre de Brygos.(490-470 av. J.-C.)
|
|
Musée national étrusque, vase Attique à figures noires : Scène de danse (540 av. J-C.) |
Musée national étrusque : Le rapt d'Europa par Zeus adoptant l'apparence d'un taureau |
Collier composé de pendentif en or et de boules circulaires ornées d'un motif réticulé ou figuré avec gorgoneion, triton et jeune homme nu sur un animal à tête d'équidé et à corps d'oiseau. VIe s. av J-.C. |
Coupe en nastri (pâtes de verre colorées et empilées) (2ème moitié du 1er s. av. J-C - 1er s.ap. J-C) |
Têtes votives en bronze |
Têtes votives en terracotta (Ara della Regina (IIIe-IIe s. av. J-C.) |
Tête d'homme en terracotta avec traces de pigments rouges (fin IVe-début IIIe s. av. J-C) |
Tête d'homme en terracotta (fin 4e-début 3e s. av. J-C) (dépôt votif de Ara della Regina) |
Oinochoe italique de style géométrique |
La poterie
décorée de motifs géométriques a une longue
tradition en Italie centrale. Elle remonte à l'âge
du bronze et prend une importance particulière à
l'âge du fer. Dans le troisième quart du VIIIe
siècle avant J.-C., les contacts de plus en plus
fréquents avec le monde gréco-eubéen marquent le
début d'une nouvelle période décorative pour la
poterie de l'Étrurie méridionale : à côté des vases
importés de Grèce, on trouve également des spécimens
produits sur place par des artisans grecs immigrés
ou par des apprentis étrusques. Le répertoire décoratif comprend des motifs linéaires, des cercles concentriques, des ovales reliés par des lignes en S, et des éléments figuratifs standardisés tels que des poissons, des oiseaux, quelques quadrupèdes et quelques rares figures humaines. La standardisation élevée du répertoire permet aux experts d'identifier des groupes stylistiques, des ateliers opérant dans les différentes villes étrusques et, plus rarement, des personnalités artistiques clairement reconnaissables ("maîtres"), comme le Peintre de Bocchoris et le Peintre des Palmiers. |
LE SANCTUAIRE
DELL'ARA DELLA REGINA
Le char divin Le haut-relief
des chevaux ailés a été découvert par Pietro
Romanelli sur les vestiges du grand temple
identifié comme "autel de la Reine" sur la
hauteur de Civita, en 1938. L'œuvre,
universellement reconnue comme l'un des
principaux chefs-d'œuvre de la sculpture
étrusque en terre cuite (art coroplastique), est
considérée par la communauté de Tarquinia comme
le symbole de sa propre ville.
Le panneau a été fixé à l'origine par de longs clous en bronze (conservés dans le montage) à l'extrémité gauche du linteau du temple : en effet, le bord supérieur incliné suit l'inclinaison de la pente du toit. La singularité du panneau réside dans l'admirable progression du bas-relief (jambes et queue du cheval en arrière-plan) au haut-relief (corps du cheval au premier plan) jusqu'aux têtes et ailes tridimensionnelles, parfaitement formées avec une abondance de détails, qui dépassent de la surface du panneau. Les chevaux n'ont pas été réalisés uniquement pour une vision frontale, car la projection tridimensionnelle les rendait également visibles pour les personnes venant du côté gauche du sanctuaire et ils semblaient trépigner en attendant de prendre leur envol. Il reste de nombreuses traces de polychromie : il est particulièrement remarquable que le cheval de fond soit rouge-brun et celui de premier plan jaune afin d'augmenter la perspective. Sur un deuxième panneau perdu, il y avait le char tiré par un cheval dont la tige était visible ; il était dirigé par un conducteur de char que nous pouvons peut-être identifier à une divinité ou à un héros. Renaissance
d'un chef-d'œuvre
En 1938,
pendant les fouilles dirigées par P. Romanelli
dans la ville antique de Tarquinia, dans
le temple étrusque (connu sous le nom de "Ara
della regina"), près de 100 pièces de cette
sculpture extraordinaire ont été mises au jour
et immédiatement restaurées par A. Falessi. La
dernière restauration, en 2004, a consisté à
nettoyer les surfaces, à ajuster les liaisons
compromises entre les fragments, à faire
ressortir les restes des couleurs originales, à
retravailler les intégrations de forme et de
couleur, largement interprétées, selon les
critères de restauration contemporains.
Une nouvelle plaque de support transparente a été installée, laissant l'arrière de la sculpture visible pour des études ultérieures et permettant d'ancrer les clous en bronze d'origine. Pour la restauration, un support spécial a été construit, permettant en toute sécurité tout type de mouvement et de rotation et sa transformation facile en table de travail. La terre cuite a été analysée pour ses composants argileux, la température de cuisson et les pigments de couleur. Dimensions : largeur 1,20m x hauteur 1,16 m. Le poids se situe entre 130 et 150 kg ; il n'est pas possible d'évaluer le poids exact, car les têtes et les corps des chevaux ont été remplis de morceaux de plâtre et de barres métalliques lors de la première restauration et ne sont pas amovibles. |
LE MITHRAEUM
DE TARQUINIA
Le groupe en
marbre représentant Mithra tuant le taureau a
été récupéré par les carabiniers suite à des
enquêtes sur le trafic illicite d'œuvres d'art.
Par la suite, un rapport sur une activité
clandestine sur la colline de Civita, fait par
le quartier général des Carabiniers pour la
protection du patrimoine culturel, a convaincu
le Surintendant pour le patrimoine archéologique
de l'Étrurie méridionale de l'époque d'effectuer
des fouille pour trouver des preuves concluantes
de la provenance de la sculpture. On a ainsi
découvert les vestiges d'un bâtiment
reconnaissable comme étant un Mithraeum, qui
faisait partie d'une résidence plus complexe.
Des fragments de marbre se rapportant à la
sculpture récupérée ont également été mis au
jour, fournissant la preuve irréfutable que la
sculpture de Mithra provient de la Civita de
Tarquinia. L'œuvre, de très grande qualité, est
très probablement attribuable à un artiste actif
à Rome, et la sculpture a ensuite été
transportée à Tarquinia. Certains détails du
travail de la pierre permettent de la dater du
début du règne d'Antonin le Pieux (138-161).
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Départ à 9:00 sous un beau soleil qui ne tardera pas à se cacher. Mais le pire est la température, qui me parait décidément très fraiche après le beau temps et la douceur du Péloponnèse : 2° au plus bas, ce qui fait que le chauffage a tourné toute la nuit. Malgré tout, mon confort est assuré, et mes crevasses aux doigts commencent à disparaitre… Dans ce contexte je ne trainerai pas à Carrare (malgré un Musée du marbre qui aurait pu m'intéresser), refais le plein de gasoil (43 litres, soit 11,40 l/100 km, correct pour mon allure à 100/110 km/h) et reprends l'autoroute après douche et déjeuner. | Carrara : bivouac sur le Parcheggio Paradiso près de la plage |
A la frontière franco-italienne, dernier coup d’œil sur l'Italie |
Je passe le péage (36,80 €, de Carrara à Vintimiglia) puis la frontière française vers 14:00 et descends aussitôt en ville à Menton. Malgré une circulation épouvantable, bien digne de la Riviera italienne, je m'arrête dans la première pharmacie venue pour demander l'adresse d'un bon laboratoire d'analyse. |
Mon plan était donc bon, reste à être à la porte du labo demain matin dès son ouverture. Pour cela la meilleure solution me semble être de demeurer sur place, puisque de toute façon le stationnement est autorisé et gratuit là où je suis de 19:30 à 9:00. Reste le trafic et le bruit, considérables à 19:00, mais ils devraient diminuer dans la soirée et cesser tout à fait pendant la nuit. | Bivouac au bord du Jardin Bioves au centre de Menton |
Menton : façade de villa ancienne |
Une bonne marche dans les rues environnantes me fait découvrir les développements touristiques de la fin XIXe début XXe, où les nantis et les puissants venaient passer l'hiver ici (famille royale anglaise, russes tsaristes, etc.). Quelques photos d'architecture typique, et je passe à la Poste (encore ouverte !) pour prendre les renseignements attendus à propos de notre carte Visa commune (de bonnes nouvelles pour Monique) La fraicheur tombe avec la nuit, je retrouve alors avec plaisir la chaleur de mon home. |