2023-01

ITALIE

Jean-Paul MOUREZ en solo dans l'Exsis



58 346 Jeudi 26 janvier 2023 : de BARI à MATERA (89 km) (2 000 pas)

de-Bari-a-Matera Débarquement sans problème après cette bonne nuit. Malheureusement la pluie persiste et la bruine ne cessera quasiment pas de la journée. Les charmes de Brindisi m'étant déjà connus, je quitte le quai en prenant la direction sud pour m'arrêter 20 minutes plus tard au bord de la route et examiner les possibilités qui s'offrent à moi. Je ne retournerai pas faire le «tour de la botte» italienne, lui aussi déjà parcouru, trop long pour le temps dont je dispose, et dont les paysages et les sites ne donneront rien sous la pluie et le ciel bouché.


La consultation de la météo me donne l'espoir de trouver un climat plus favorable sur la côte ouest, en remontant vers Naples. Je quitterai donc cette côte est, sur la façade Adriatique, pour traverser le bas de l'Italie, à travers les Pouilles (Puglia) et la Basilicata pour gagner la Campania aux alentours de Salerno, au bord de la Mer Tyrrhénienne. Une première étape s'impose, Matera et ses sassi, ensemble d'habitations semi-troglodytes qui ont fait inscrire la ville au patrimoine mondiale de l'Unesco. Je suis donc le trajet proposé par Google Maps, une soixantaine de km que je parcourrai tranquillement dans la campagne verdoyante de saison. Ici encore quelques plantations d'oliviers, mais aussi des champs cultivés où poussent drues des céréales d'un vert très vif. Voilà qui change assez radicalement des paysages de la Grèce du sud que je parcours depuis près de 5 semaines…

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Panorama sur la vieille ville de Matera depuis le belvédère de l'Hôtel de ville

Rue et immeubles classiques dans la ville haute
                  de Matera
Rue et immeubles classiques dans la ville haute de Matera
Arrivé en ville, j'ai un peu de mal à m'orienter, et surtout à trouver un stationnement assez plat pour cuisiner sans faire d'acrobaties. Puis je repère sur le plan le quartier des sassi, celui pour lequel j'ai choisi cette destination. Il est au cœur de la vieille ville, garnissant les flancs d'un vallon plutôt abrupt et maintenant assez bien restauré. Quartier très populaire voire misérable, il était dominé par les grandes maisons classiques et les bâtiments officiels de la bourgeoisie et des nobles, sur les hauts. Actuellement on peut contempler sa cascade de petits bâtiments blancs dégringolant la pente en amphithéâtre depuis un belvédère aménagé devant l'Hôtel de ville.
Je me lance alors dans les ruelles qui serpentent en descendant, coupées d'escaliers, de porches et autres éléments urbanistiques quasi médiévaux. Je n'irai pas bien loin sous mon parapluie, la pluie fine me réfrigérant assez vite et rendant les pavés glissants.
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Rue dans la vieille ville de Matera

Après passage à l'Office du Tourisme où je me fais remettre un plan de la ville et conseiller sur l'endroit où stationner mon véhicule vraiment pas aux dimensions de ces rues minuscules, je rejoins l'Exsis laissé sur l'une des rares places libres où il entre sans problème - quoique en infraction ! - et gagne la rue montant au castello. J'y trouve effectivement plusieurs places libres et de grandeur convenable, mais hélas trop inclinées pour me permettre d'y bivouaquer.

Mes Traction-Aids enfoncées dans l'ornière
MesTraction-Aids enfoncées dans l'ornière
Je longe la rue jusqu'en haut, près de l'entrée de l'université et, apercevant un terrain plat mais non asphalté, je m'y engage... et m'y embourbe, la pluie ayant transformé cet espace terreux en véritable patinoire. Je tente de me déprendre, cherchant aux alentours des matériaux susceptibles de donner un peu de prise à mes roues (gravier, branches, etc.) mais rien. Je me souviens alors avoir eu dans la soute des plaques de désensablement en plastique, mais elles ne sont plus là. En revanche, en fouillant un peu, je tombe sur la boite de Traction Aids apportée tout exprès du Canada.

Sous la pluie qui continue et en pataugeant dans la boue, je déplie les petites échelles d'acier et les place sous les roues ; un bon coup d'accélérateur en marche arrière, ça patine mais ça le fait ! Me voilà tiré d'affaire, encore me faudra-il un bon quart d'heure et des pinces pour extirper mes grilles de la couche de boue dans laquelle elles se sont profondément enfoncées...

Je regagne l'asphalte, plus sûr, et trouve un peu plus loin le long de la même rue un autre espace à peu près plat où je m'installerai pour la nuit. J'utiliserai l'eau accumulée dans quelques flaques pour décoller la boue de mes plaques, puis accrochant mes vêtement trempés à sécher dans l'habitacle, commence une longue soirée tranquille tandis que la pluie finit par se raréfier puis s'arrête tout à fait. Pourvu que cela se maintienne demain matin, que je puisse au moins faire un petit tour en ville… Souper, achèvement du traitement de mes image de Grèce auxquelles je mets un point final, coucher à 22:30 dans un silence presque absolu. Matera-bivouac-Via-Castello-devant-l'Universite
Matera : bivouac Via Castello devant l'Université


58 435 Vendredi 27 janvier 2023 : de MATERA à SALERNO (200 km) (15 450 pas, soit 10,9 km)

De Matera à Salerno
De Matera à Salerno

Grosse journée, puisque mon «petit tour» s'est transformé en un tour extensif des sassi de Matera, du moins en suivant la compilation des trois itinéraires suggérés par l'Office du tourisme sur sa carte. Ce qui fait que, parti dès 8:30 de l'Exsis laissé sur son stationnement à l'entrée de l'Université, je n'y serai de retour que vers 14:00, pas vraiment fatigué (l'entraînement commence à porter fruit…), mais content de mon effort et de mes découvertes.


Passant près des restes du château - incomplets car il resta inachevé après l'assassinat du seigneur constructeur - je rejoins la Plazza Veneto, siège de l'Office du Tourisme (dans l'Hôtel de ville) et point de départ des différentes balades. Matera-le-chateau
Le castello de Matera

Les sassi depuis le belvedere de l'Hotel de Ville
Les sassi de Matera depuis le belvédère de l'Hôtel de Ville

J'y retrouve le premier belvédère qui offre une vue saisissante sur l'amphithéâtre des constructions en pierre blanchâtre entassées sur les pentes, au dessus du torrente Gravina qui coule tout au fond du val. Il ne pleut pas, mais la température très fraiche (6°) m'a fait échanger mon chapeau Tilley contre ma chapka en mouton, mieux adaptée… et le mouvement constant me gardera au chaud sous mon polaire et ma doudoune.

Matera-itineraire-de-visite.
Itinéraire de la visite de la basse ville de Matera au milieu des sassi

J'ai heureusement surligné en mauve fluo sur le petit plan de poche remis hier les itinéraires faisant le tour des principales attractions et offrant un bon échantillon de l'apparence de Matera. Je le suivrai le plus fidèlement possible, me perdant dans ses enchevêtrements, consultant de temps à autre Google Maps sur mon téléphone pour me situer et m'orienter, revenant en arrière, grimpant en soufflant les volées de marches sinueuses et glissantes reliant les rues… Je ne visiterai pas toutes les églises rupestres, chacune étant payante (je me rendrai compte seulement à la fin qu'un seul billet à 18.50 € me les aurait toutes rendues accessibles…). Mais surtout elles ont conservé bien peu des fresques qui en auraient fait le charme, les quelques traces restantes étant à peu près illisibles… Au moins les quelques églises ouvertes, certes moins originales mais bien restaurées, donne-t-elles un bonne idée du décor religieux des différentes époques (y compris le richissime décore baroque de la cathédrale).

Façade de Hôtel de Ville
Façade de Hôtel de Ville
Rue
                  pavée descendant dans la basse ville
Rue pavée descendant dans la basse ville

Le
                  chaudronnnier de Matera
Le chaudronnier de Matera
Plazzo cel Sedile
Palazzo del Sedile, siège de l'administration municipale à la Renaissance

Chiesa-et-covento-San-Francesco-d'Assisi
Chiesa et covento San Francesco d'Assisi

ÉGLISE ET COUVENT SAINT FRANÇOIS D'ASSISE
XIIIe siècle

L'église de San Francesco d'Assisi est le seul bâtiment qui subsiste de l'ensemble monastique du même nom, démoli dans les années 1950 pour faire place à l'immeuble de la Banca d'Italia.

La communauté franciscaine s'installa à Matera dans le complexe préexistant des Santi Pietro e Paolo vers la première moitié du XIIIe siècle et commença à construire la première église entre 1250 et 1300 environ. Elle était de petite taille et devait occuper la surface de l'abside actuelle. Dans le clocher, on peut encore distinguer le portail avec son arc brisé. L'église n'a jamais été achevée. Grâce à l'amélioration de la situation financière de la communauté religieuse, un programme de construction plus vaste a permis de réaliser un grand ensemble avec deux cloîtres.

La nouvelle église était perpendiculaire à l'ancienne et présentait des caractéristiques iconographiques typiques de l'architecture franciscaine : un espace unique, un plafond de fermes en bois qui existent encore au-dessus du plafond actuel, que l'on peut dater de la première moitié du XVe siècle, un arc triomphal en ogive et une abside basse couverte d'une voûte en croisée d'ogives. Le clocher a également été construit à cette époque, à droite de l'abside, qui conserve les caractéristiques stylistiques de l'époque : une voûte d'arêtes aux nervures élancées reposant sur des corbeaux sculptés de motifs anthropomorphes et zoomorphes ; des peintures murales de style gothique tardif avec des figures de saints ; un portail tréflé flanqué d'arcs aveugles.

Entre le XVe et le XVIe siècle, l'espace unique a été agrandi par la construction de chapelles latérales. Au XVIIe siècle, le patronage de Mgr Vincenzo Lanfranchi, évêque de la ville, a permis aux franciscains de Matera d'apporter des améliorations à l'église, notamment en construisant un double plafond à caissons en bois avec des médaillons, décoré de rosaces sculptées et dorées et d'une sculpture de la Sainte Vierge au centre.

Après des travaux de restauration au cours du XVIIe siècle, la façade de l'église a été reconstruite en 1751 et l'intérieur a été décoré selon des schémas du baroque tardif en 1756.

Nef de la Chiesa San-Francesco d'Assisi
Nef de l'église San Francesco d'Assisi


Orgie de l'église San Francesco d'Assisi
Orgue de l'église San Francesco d'Assisi au fond du choeur

Chiesa-del-Purgatorio : borne devant l'entrée
Chiesa del Purgatorio : borne devant l'entrée
Chiesa-del-Purgatorio
Façade de l'église del Purgatorio

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                  les-ames-du Purgatoire-sur-la-facade.jpg
Iglesia Santa Chiara: N-D du Mont Carmel
et les âmes du Purgatoire sur la façade

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Via Ridola depuis la Chiesa del Carmine; au fond la Chiesa del Purgatorio

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Madonna de Idris et San Giovanni in Monterrone sur la butte

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Toits des sassi de Matera

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Ravin du Torrente Gravina vers le sud

Le
            Torente Gravina et la cathédrale depuis le sud
Le Torente Gravina et la cathédrale depuis le sud de la ville

Pointe sud des sassi de Matera
Pointe sud des sassi de Matera

En revanche la visite de la Casa Grotto di Vico Solitario m'intéresse beaucoup, puisqu'on y a réinstallé une habitation typique avec les modestes meubles, accessoires domestiques et agricoles donnant une  bonne idée du mode de vie matériel des anciens propriétaires. Pauvre, extrêmement rustique, d'un confort minimum, d'une grande promiscuité (famille nombreuse d'en moyenne 6 enfants survivants installés tous dans la même pièce en compagnie des animaux : mulet, porc et basse-cour…) Impressionnant ! Et dire que la situation a duré jusqu'en 1956, lorsque enfin le gouvernement italien a décidé de reloger ces citoyens dans des logements modernes et salubres…

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Le rocher de Madonna del Idris au dessus de grotte
Dans la
Dans la Grotta di Vico Solitario

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Casa Grotta di Vico Solitario : le grand lit familial dans un coin de la grotte
Cuiisne de la grotta di Vico Solitario
Cuisine de la grotta di Vico Solitario

LA CHARRETTE D'UN AGRICULTEUR: U'TRALJN

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Casa Grotta di Vico Solitario : carriole paysanne u'traljn
Elle était utilisée à Matera et dans les régions limitrophes des Pouilles jusqu'au début des années 1960. Il était fabriqué en bois, avec une structure assez basique : une planche de bois, deux côtés verticaux, deux longs arbres où était attaché un mulet ou un cheval, deux grandes roues, chacune avec un épais anneau de fer entourant la jante en guise de bande de roulement, et un système de freinage actionné à la main par une corde. Les grandes roues permettaient la vitesse et assuraient la stabilité et de longs trajets sur des pistes accidentées.

Les U'traljn pouvaient être de différentes tailles, en fonction de leur fonction : une énorme remorque était nécessaire pour transporter de gros sacs de blé ou des matériaux de construction en vrac, ou bien une petite charrette, plus petite et plus légère, une charrette polyvalente pour l'usage quotidien, comme celle qui est présentée ici.

Une charrette rapide, légère et bien construite, était utile à l'agriculteur local pour transporter les produits agricoles ou les outils de travail, et pour se rendre dans ses champs le matin, en parcourant trop souvent de longues distances, puis pour revenir à son domicile dans les Sassi, le soir.

Sur les petites places des Sassi de Matera, là où aujourd'hui nous garons nos voitures, on pouvait autrefois voir de longues rangées de u’traljn, leurs bras tendus vers le ciel comme pour adresser une prière, prêts à partir à chaque nouvelle aube, en direction des champs, comme à l'accoutumée ; tous se déplaçant avec un mélange de sonneries de harnais, de cliquetis de grandes roues, de battements de sabots et de craquements de longs fouets dans l'air.


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Carriole de fermier u'traljn vers 1975

Église rupestre de Sant'Agostino
Église rupestre de Sant'Agostino
Église rupestre de Sant'Agostino
Église rupestre de Sant'Agostino

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Belvédère depuis la butte de Madonna del Idris vers le sud

Pour le reste, le côté non planifié de l'urbanisme est bien rendu par le respect de sa structure, même si les innombrables restaurations, nettoyages, repavages, consolidations, l'ont certainement considérablement amélioré. D'autre part bien des restaurants, locations touristiques et cafés, sans parler des boutiques de souvenirs et «d'artisanat» se sont installés un peu partout. C'est supportable en hiver comme maintenant, où les touristes sont rares et la plupart de ces activités commerciales fermées. Mais en saison…? Au total une belle sortie en plein air dans un environnement totalement original dont j'aurai bien profité, malgré le temps froid et, sur la fin, très humide qui m'a obligé à rabattre ma chapka sur mes oreilles et à fermer soigneusement ma doudoune.

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Chiesa San Pietro Caveoso
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Retable de l'église San Pietro Caveoso

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Nef de l'église San Pietro Caveoso

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Chiesa San Pietro Caveoso : Vierge à l'Enfant
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Ravin du Gravina et clocher de la
cathédrale depuis San Pietro Caveoso


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En chemin vers la cathédrale le long du ravin
Chiesa San-Pietro Caveoso et Madonna del Idris

Montée vers la cathédrale
Montée vers la cathédrale



BASILICA CATTEDRALE MARIA SS DELLA BRUNA
E S. EUSTACHIO


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Parvis et Cathédrale Maria della Bruna

Au début du XIIIe s, l'évêque Andrea réunit les diocèses de Matera à celui d'Aderenza. Le prélat choisit alors Matera comme siège épiscopal et projette la construction d'un édifice adapté au nouveau statut ecclésiastique de la ville.

La construction de la cathédrale commence en 1230 et s'achève en 1270: une inscription sur la porte d'entrée du clocher en témoigne. Construite pour remplacer ce qui était jusqu'alors l'église mère de la ville, nommée Sainte Marie de l'Episcopal et jugée trop petite et humble pour le nouveau rôle à assumer, cette église occupe aussi partiellement le site du monastère bénédictin de Saint Eustache, détruit par un tremblement de terre.

Le plan de l'église était a l'origine en forme de T, avec une abside qui se terminait près de l'autel principal actuel. Elle a ensuite été dotée d'un plan classique en forme de croix latine, allongée par l'ajout du chœur.
Au XVIe s, au-delà des limites du plan basilical à trois nefs, trois chapelles ont été construites sur les côtés de la nef gauche : la chapelle du Saint-Sacrement, la chapelle de L'Annonciation et la chapelle de la Nativité

L'ensemble des décoration intérieure a été renouvelé au XVIIIe siècle pour se conformer au lexique culturel de l'époque. Cela a entraîné l'application de stucs et de corniches dorées sur les surfaces murales, probablement agrémentées de peintures murales des XIVe-XVe siècles. dont on peut voir un détail, au début de la nef droite, du Jugement dernier, attribue à Rinaldo de Tarente.

C'est également à cette époque que le plafond en bois décoré a été ajouté, recouvrant ainsi un ensemble de treize poutres à treillis en bois décorées du XIIIe.

En 1776, le maitre-autel a été remplacé par un autre provenant de l'abbaye bénédictine de Montescaglioso : l'original a été déplacé dans la nef gauche et une icône du XIIe siècle de Madonna della Bruna, patronne de la ville, y a été placée.

Parmi les premiers aménagements intérieurs on peut admirer un ensemble de colonnes monolithiques avec des chapiteaux finement sculptés, tandis qu'à l'extérieur on peut apprécier la splendeur de l'architecture romane et et du figuratif des Pouilles, bien que sous une forme partiellement altérée, en raison des modifications apportées au XVIIIe siècle, qui ont transformé les fenêtres à double baie de la nef en ouvertures à baie unique.

Outre les nombreux autels en l'honneur de différents saints, datés entre le XVIe et le XXe siècle, cet édifice ecclésiastique est également orné de peintures de Domizio Persia, Giovanni Donato Oppido, Fabrizio Santafede et Vitantonio Conversi, de sculptures attribuées a Altobello et Aurelio Persio et de fresques toutes datées entre le XVle et le XVIlle siècle. La chapelle de l'Annonciation. entièrement sculptée dans des blocs de calcaire et la chapelle de la Nativité contenant une crèche réalisée par Altobello Persto et Sannazzaro d'Alessano. sont d'une qualité remarquable.  Le chœur en bois datant de 1453, réalisé par Giovanni Tantino, est également impressionnant.


Chapelle de Sta Maria di Constantinopoli
Chapelle de Sta Maria di Constantinopoli
Icône de Santa-Maria-di-Constantinopoli dans la
                  chapelle
Icône de Santa Maria di Constantinopoli dans la chapelle

LE MUSÉE DE LA CATHÉDRALE

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Musée de la cathédrale de Matera : Sainte
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Musée de la cathédrale : St Michel Archange
Bois doré et peint (1ère moitié du XVIIe)


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Musée de la cathédrale de Matera :
Enluminure d'antiphonaire : Nativité

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Musée de la cathédrale de Matera :
Vierge Marie (XVIIIe) en calcaire peint


LA CATHÉDRALE
Cathédrale de Matera : Chapele de la Nativité
Cathédrale de Matera : Chapelle de la Nativité
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Cathédrale de Matera : Chapelle de la Nativité
Plafond caissoné et doré de la chaêlle de
                  l'Annonciationchapelle-de-l'Annonciation
Plafond caissonné et doré de la chapelle de l'Annonciation
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Nef de la cathédrale de Matera
Choeur de la cathédrale de Matera
Chœur de la cathédrale de Matera
Plafond de la cathédrale de Matera
Plafond de la cathédrale de Matera

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Cathédrale de Matera : tabernacle en marbre

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Cathédrale de Matera : ferronnerie

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Matera : les sassi vers le nord depuis la cathédrale

Matera Habitations troglodites dans -eur jus
Matera : Habitations troglodytes dans leur jus

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Chariots rustiques en démonstration

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Matera: la cathédrale sur sa butte

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Chiesa San Agostino (XVI-XVIIIe)
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Matera : Chiesa San Agostino (XVIe-XVIIIe) statue du saint
au-dessus du portail


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Matera : chœur de San Agostino (XVIe-XVIIIe)
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L'orgue de San Agostino (XVIe-XVIIIe) au fond du choeur

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San Agostino (XVIe-XVIIIe) autel de la Vierge du Miracle
San-Agostino-XVI-XVIIIe-Vierge-du-Miracle-XVIe-
Vierge du Miracle (XVIe) de San Agostino

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San Agostino (XVIe-XVIIIe) : les angelots au dessus de l'icône de la Vierge du Miracle

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Sous l'église San Agostino, l'église rupestre San-Giulano (XVe)
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Église rupestre San Giulano (fin XVIe)
Madone avec Jésus enfant (3ème quart du XVIe)
Très Sainte Trinité (1ère moitié XVIIe)


Chiesa-San-Pietro-Barisano
Chiesa San Pietro Barisano
Chiesa-di-San-Biagio
Chiesa San Biagio

Chiesa-San-Giovanni-Battista
Chiesa San Giovanni Battista
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San Giovanni Battista : le porche roman

CHIESA SAN GIOVANNI BATTISTA
(XIIIe siècle)


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Abside de San Giovanni Battista avec ses deux éléphants
Les Pénitentes de Santa Maria di Accon en Palestine arrivent à Matera en 1215 et reçoivent en 1220 la chapelle de Santa Maria la Nova, qui avait appartenu aux Bénédictins jusqu'en 1212. En 1229, elles commencent à construire une nouvelle église qui sera achevée en 1236, pour remplacer la chapelle bénédictine. Deux siècles plus tard, en 1480, les religieuses abandonnent l'église car sa situation à l'extérieur des murs de la ville la rend constamment sujette aux raids des soldats.

En 1695, Monseigneur del Ryos, archevêque de Matera, ayant constaté que la paroisse de San Giovanni Battista dans le Sasso Barisano était en très mauvais état et avec le consentement des religieuses d'Accon, transféra cette paroisse dans l'ancienne église de Santa Maria la Nova, qui était restée abandonnée pendant plus de deux siècles. Au XVIIIe siècle, un programme de travaux a été lancé pour augmenter les dimensions de l'église : en 1701, la sacristie a été construite et en 1735, la chapelle du Saint Sacrement a été construite en utilisant une partie du jardin arrière. À la fin du siècle, des travaux structurels ont été effectués qui ont modifié l'aspect de l'intérieur : l'état des trois coupoles qui s'élevaient dans le transept, déjà grave au XVIIe siècle, s'aggrava à tel point que le Chapitre décida de les démolir et de les remplacer par des voûtes de type Lecce. Pour supporter le poids de ce nouveau toit, la façade fut bordée d'une série de grands arcs, à travers lesquels on peut voir le portail du XIIIe siècle, surmonté de la statue de Saint Jean Baptiste. L'église San Giovanni Battista et la cathédrale sont deux des plus importants exemples d'architecture romane des Pouilles à Matera. Un chroniqueur du XVIIIe siècle la décrit ainsi : "Il reste maintenant à décrire l'église de Santa Maria la Nova dont l'architecture doit être observée non pas tant à l'intérieur qu'à l'extérieur. Tout est bien agencé et embelli, mais le plus merveilleux est l'extérieur avec la perfection et la beauté de son exécution byzantine, partout où vous regardez. Ce qui est encore plus merveilleux, c'est que sur les quatre côtés, il y a une perspective différente avec un travail varié et diversifié, orné de nombreuses statues et d'animaux divers, et au sommet trois petites mais très hautes coupoles, et il est rare de trouver des églises d'une telle facture dans ce royaume."

En 1610, la façade principale a été incorporée dans la zone de l'ancien hôpital adjacent de San Rocco et ses éléments sculpturaux, deux éléphants dans l'abside et le télamon sur les murs extérieurs de la nef, ont été transférés ailleurs.

Le plan de l'église est un trèfle latin, avec une nef et deux nefs séparées par des piliers composites ornés de splendides chapiteaux portant des motifs anthropomorphes, zoomorphes et végétaux, tous différents les uns des autres. La nef a une voûte d'arêtes du type de celle de Lecce, tandis que les nefs latérales ont des toits plus bas et conservent la disposition spatiale de l'édifice original du XIIIe siècle avec des voûtes d'arêtes.

Dans la nef de gauche, se trouve un autel polychrome avec une fresque de Santa Maria la Nova ; aux deux extrémités se trouvent des sculptures attribuées à l'école d'Altobello Persio.

Dans la chapelle du Saint-Sacrement, on peut admirer un tableau du peintre de Matera Vito Antonio Conversi datant de 1727.

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San Giovanni Battista : transept et chœur
San-Giovanni-Battista-crucifix-du-choeur
Crucifix du chœur de San Giovanni Battista

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Chapiteau dans San Giovanni Battista
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Fonts baptismaux de San Giovanni Battista
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"Cittadinanza attiva" (Citoyenneté active)
par Nicola Morelli, sculpteur de Matera

Enfin me voilà de retour à l'Exsis en traboulant dans les petites rues et rencontrant un autre témoin de l'ancien Matera coulé dans le bronze, un hommage des contemporains aux pères fondateurs.

Je commence par me sustenter d'un lunch léger (tomate cœur-de-bœuf en salade, plateau de fromages international et quelques tranches de pain spécial aux graines céréales Lidl) avant de poursuivre ma quête d'une température plus élevée et d'un soleil plus présent que j'espère trouver sur la côte ouest de l'Italie.

Je pointe donc le GPS au nord-ouest, sur Salerno, en bas de la baie de Naples, que je ne me souviens pas avoir visité. La baisse d'altitude (Matera est à 440 m, Solento en bord de l'eau) et la présence de la mer devraient y pourvoir. Je suis sur la route à 14:45 et roulerai toute la fin de l'après-midi en montant assez haut pour être entouré de neige (sur les bas-côtés de la route) lorsque je passe le massif du Cilento. La nuit tombe pendant la longue descente jusqu'au Golfo di Salerno. Quatre voies ou autoroute presque tout au long, mais chaussée en très mauvais état (et nombreux ponts en complète restauration - la chute dramatique du pont de Gêne semble avoir réveillé les pouvoirs publics...). Les secousses mettent durement à l'épreuve ma suspension arrière qui cogne à chaque trou ou bosse et qu'il va falloir que je révise (ajustement de lapression des pneus et pose de renforts à air entre autres).

Lorsque je finis par toucher au rivage vers 17:45, il est grand temps de chercher un bivouac. Après une pause devant une plage déserte au sud  de Salerno mais dans un isolement qui me laisse insécure, je me dirige vers la ville et trouverai à me garer sur un large espace au milieu d'un groupe d'immeubles genre HLM, loin de la circulation et dans un silence étonnant. En plus je suis à deux pas du Lidl local, je pourrai y jeter demain un coup d’œil pour voir s'il est plus fourni que ceux de Grèce… Rédaction du carnet de bord, transfert des photos et préparation de mon souper me mènent jusqu'à 21:30. Je me couche en jetant un œil sur le guide qui m'inspirera peut-être pour la suite de ma remontée vers le nord.


58 635 Samedi 28 janvier 2023 : de SALERNO à SANTA MARINELLA (332 km)

SDe
              alerno-Santa à Marinella
De Salerno à Santa Marinella

Bivouac
                    à Salerno
Bivouac à Salerno en plein centre urbain
En fait je me suis endormi aussitôt couché pour me réveiller à 7:30. Rien de tel qu'une longue marche pour assurer un bon sommeil ! Le quartier est si tranquille que je ne vois et n'entends quasiment personne, à part un quidam promenant son chien… Inutile donc de me presser pour quitter les lieux, et je démarre lentement ma journée.

Je renoncerai même à la visite du Lidl voisin, car ma cambuse assez remplie me permettra de ne refaire le plein qu'en France, avec des prix, une variété et surtout une qualité que je connais. La température est certes plus douce qu'hier et il ne pleut pas, mais il manque le soleil pour que je me hâte de mettre le nez dehors.

Enfin vers 11:30 je jette un œil au Guide Vert qui souligne l'intérêt de la cathédrale, médiévale. Elle intègre aussi des éléments antiques et comme elle n'est qu'à 4,5 km de mon stationnement, je pense donc y être vite rendu… Mais c'était sans compter sur la circulation, infernale, le grand marché du samedi, le manque de voie rapide (puisque la ville est bâtie entre mer et montagne), l'enchevêtrement des rues et ruelles, les sens uniques inattendus, etc. si bien qu'il est presque l'heure de la fermeture de mi-journée lorsque j'arrive à proximité. Et ensuite, impossible de trouver un stationnement… Je tourne un peu, puis renonce et décide de gagner directement le nord de Rome (je sais combien la côte amalfitaine et Naples sont pires encore) en rejoignant l'autoroute au plus court.

La voie d'accès fait pas mal de détours où le GPS me guide sans défaillance et je peux enfin filer à travers la riche campagne de Campania à un train soutenu. Les km défilent, je passe en vue du Vésuve enneigé, et prends enfin un ticket de péage sur ma route vers Rome.

La jauge de diesel commence à pointer vers le bas, mais je calcule que je devrais pouvoir me rendre au delà de Rome, donc hors autoroute puisque j'emprunterai alors la Via Aurelia (SS1) où je ferai le plein. En effet les prix affichés dans les aires de service autoroutières m'effarent (de 1,95 € à plus de 2 € le litre de diésel !).
En-vue-du-Vesuve-enneige
En vue du Vésuve enneigé

À part cela le moteur tourne rondement et j'avance gentiment dans ma remontée vers le nord, avec un temps qui reste stable même s'il n'est pas emballant. Ne me dérangent que la vibration légère mais persistante du côté passager que je suis incapable d'identifier précisément, et surtout le gros bruit de ferraille secouée à chaque bosse ou chaos. Serait-ce les ustensiles dans le tiroir, et les casseroles et poêles sous la cuisinette ? De toute façon il faudra vraiment que je me penche sérieusement sur cette question de suspension arrière.

Montagnes enneigées du Latium vers Frosinone
Montagnes enneigées du Latium vers Frosinone

Enfin j'aborde les faubourgs de Rome, passe la barrière de péage (de Salerno à Roma sud : 17,90€) et m'enfile sur les autoroutes urbaines genre périphérique qui me font traverser la ville du sud au nord sans aucun pépin ni ralentissement. Je ne suis pas encore complètement sorti de ce réseau lorsque s'allume le voyant d'alerte "carburant bas". N'osant risquer une panne sèche dans ce trafic rapide et sans voie d'urgence, je m'arrête faire le plein dans la première station qui se présente. 1,919 le litre, j'aurais pu plus mal tomber, mais la facture n'en est pas moins salée : 131, 41 € pour 68.48 l, soit près de 1,45 $ x 131,41 € = 190,50 $CA pour 687 km parcourus. Heureusement mon petit moteur frugal se contente de consommer 10 l d'or noir pour faire 100 km…

Dans le crépuscule je m'apprête à repartir lorsque la sonnerie Facetime retentit : Monique vient aux nouvelles et me tient  au courant de ses démarches. Elle a enfin reçu les cartes de la Banque postale (18 jours de délai, on m'avait annoncé 8 à 10…) et s'inquiète de la validation de sa Visa… Nous verrons tout cela à son arrivée.

Lorsque je repars, la nuit est tombée et je devrai conduire dans l'obscurité sur une route rapide et sinueuse, je n'aime pas trop… Mais je finis par rejoindre sans problème le bord de mer à Santa Marinella, un des premiers ports de plaisance au nord de Roma, peu avant Civittavechia. Difficile de trouver un coin favorable au bivouac dans cette station trop chic. Les quais du port sont inaccessibles (barrière avec carte). Je me caserai finalement sur une rue résidentielle un peu plus loin, toute proche de l'eau mais séparée de sa vue par des villas. Au moins le trafic y est-il restreint, et la nuit devrait y être tranquille.

Je consacrerai la veillée à l'étude de la pression optimale pour les pneus arrières qui me semblent décidément beaucoup trop durs. Je charge sur le site de Continental les pressions recommandées en fonction de la charge, et fais plusieurs constats :
  • pour un essieu (axle) arrière pesant 1680 kg (masse enregistrée au dernier contrôle technique : 1647 daN -  et 1409 daN à l'avant) la pression  recommandée par Continental pour ce type de pneu est de 3,75 Bar. Or le constructeur Fiat indique 5 Bar, bien au dessus du max. recommandé par Continental.  Plusieurs suggèrent même de passer à 5,5 Bar, ce qui augmente encore l'écart  et l'inconfort de la suspension.
  • Continental donne une charge de 2 060 kg pour 4,5 Bar, et de 1 875 kg pour 4 Bar.  Si ma pesée est bonne, passer à 4 Bar me donnerait encore une marge de sécurité de 220 kg, ce qui me semble amplement suffisant puisque je ne remorque pas.
  • Enfin, pour ce qui est des renforts pneumatiques, le fabricant Firestone situe la pression entre 1 Bar minimum et 7 Bar maximum. Dans le cas du ProMaster, je l'ai fixée à 30 PSI, soit 2,2 Bar. Or au Garage Gaumont à Allaire, le mécanicien m'a dit avoir mesuré 1,4 Bar à gauche, et 12,7 Bar à droite (?). À corriger d'urgence ! Il faudrait au moins abaisser la pression à droite au maximum autorisé de 7 Bar, et monter celle du boudin gauche à 2,2 Bars (30 PSI, idem que sur le Promaster).
Finalement il est près de 2:00 lorsque je monte enfin au lit.


58 967 Dimanche 29 janvier 2023 : de SANTA MARINELLA (Civitavecchia) à CARRARA  (319 km) (5 343 pas)

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De Santa Marinella à Carrara

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Bivouac devant la mer à Santa Marinella
Grand soleil au lever à 8:30; peu de passage sur cette rue de bord de mer résidentielle, surtout en ce dimanche matin. Quelques joggeurs passent en sautillant… Après douche et déjeuner je renonce à retourner au port où de toute façon je ne pourrai remplir la citerne.

Je repère plutôt sur IOverlander la possibilité de faire le plein d'eau à Pise, au cours de ma route vers le nord. Je repère aussi sur le Guide Vert une attraction spéciale dans le coin : la Nécropole de Monterozzi à Tarquinia où l'on a découvert plus de 600 tombes étrusques. On en a mis en valeur une vingtaine que l'on peut visiter, sans compter ensuite le Musée archéologique national consacré aux Étrusques, puisque l'Ancienne Tarquinia était leur capitale.

Je rejoins donc la SS1 (ex Via Aurelia qui reliait la Roma antique à la Gaule) pour la vingtaine de km à travers la riche campagne qui m'amène bientôt sur le site de la nécropole, à l'orée de la petite ville de Tarquinia.

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Plan de la necropoli di Monterozzi à Tarquinia


Première surprise : pas de stationnement prévu à l'entrée du site; je réussis néanmoins à me caser entre deux platanes au bord de la route.

Passée la billetterie, je me retrouve devant un vaste champ parsemé de petites bicoques en briques crépies de forme plus ou moins triangulaire : ce sont les portes des escaliers qui donnent accès aux hypogées, ou tombes souterraines taillées dans le tuf. Un panneau délavé auprès de chacune donne son nom et quelques informations.

Auparavant, des espèces de champignons en pierre rassemblés dans un enclos attirent mon attention : ce sont les tombes pré-étrusques de la nécropole de Villa Bruschi Falgari.
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Tombes de la Nécropole villanovienne de Villa Bruschi-Falgari,
transportée ici dans un enclos pour conservation.


Les tombes de la nécropole villanovienne de Villa Bruschi Falgari

Les récipients en pierre exposés derrière la clôture en bois proviennent du cimetière d'une communauté du premier âge du fer qui vivait dans les environs de Tarquinia. Le lieu de sépulture se trouve non loin d'ici, dans le domaine de la Villa Bruschi Falgari, près de la via Aurelia.  Le cimetière a été utilisé par quelques générations entre 1020 et 750 av. L'établissement se trouvait sur les pentes d'une colline proche, dans une partie de l'actuelle Tarquinia connue aujourd'hui sous le nom d'Infernaccio. De là, les habitants pouvaient commander la plaine côtière et les voies d'accès à la mer. Ce petit établissement proto-urbain se trouvait à la périphérie de ce qui allait devenir la grande ville étrusque de Tarquinia.

Les tombes sont soit disposées en lignes vaguement ordonnées, soit réunies en groupes. La disposition de certaines tombes semble indiquer un désir d'immortaliser la relation qui avait existé entre certains membres de la communauté au cours de leur vie.

La partie supérieure de la tombe était une grande fosse circulaire creusée dans le sous-sol de pierre ponce. Un puits cylindrique plus petit était ensuite taillé dans le sol de la fosse pour accueillir l'urne funéraire.

La coutume voulait que le défunt soit brûlé sur un bûcher funéraire. Les os incinérés était recueillis et parfois lavés avant d'être brisé pour être placés dans une urne à une seule poignée. Cette dernière était un récipient en terre cuite noire copieusement décoré. Un bol était utilisé comme couvercle de l'urne. Parfois, dans les tombes d'hommes de certaines familles, un casque de poterie imité était utilisé à la place d'un bol.

L'urne représentait symboliquement le défunt et était souvent décorée d'un collier d'anneaux de bronze. Elle était parfois enveloppée dans un linceul orné de petits objets en os et en bronze.

Un rituel précis et complexe accompagnait l'enterrement des morts. Il pouvait varier selon l'âge et le sexe du défunt, ou en fonction de son rang social. À la fin de la cérémonie, une partie de la cendre du bûcher funéraire était renversée sur l'urne et une sélection de petits pots, dont certains auraient été utilisés par Lan, pendant la cérémonie, étaient disposés autour du défunt. Le puits inférieur était scellé par une dalle de pierre. Celles-ci peuvent varier en forme et en taille. Certaines sont exposées derrière la clôture. Le puits supérieur était remblayé avec de la terre et des pierres. Une pierre ou un autre marqueur aurait indiqué la présence de la tombe pendant plusieurs années.

L'urne et les objets funéraires associés étaient parfois placés dans un récipient en pierre pour les protéger. Ceux-ci sont exposés ici. Ces membres importants de la communauté étaient principalement des hommes adultes, plus rarement des femmes et très rarement des jeunes.

Les récipients varient en forme et en taille. Le matériau utilisé était la roche volcanique locale « nenfro », facile à travailler. Le corps du récipient est soit cylindrique soit ovoïde et possède un couvercle hémisphérique. La fabrication de l'intérieur a fait l'objet d'un soin particulier, et souvent le fond du tonneau intérieur a été creusé pour accueillir la base circulaire de l'urne. Les encoches en forme de croix sur le haut et le bas des récipients devaient faciliter leur transport jusqu'à la tombe et leur éventuelle localisation dans celle-ci.

L'un des couvercles, actuellement exposé au Museo Nazionale du Palazzo Vitelleschi, a été sculpté en forme de toit de maison.

Pour trois tombes, un coffre en pierre carré ou rectangulaire a été sculpté dans le nenfro. Toutes les trois sont des tombes masculines. Elles se distinguent par certaines particularités du rituel d'inhumation. Des objets symboliques et cérémoniels ont été placés dans deux des coffres. Il s'agit de petites assiettes sur un trépied, de "candélabres" et d'un cheval et d'une charrette miniaturisés. Il est particulièrement intéressant de noter que les os humains contenu dans le plus grand coffre a été mélangé aux restes incinérés d'un cochon. L'un des plus petits coffres a été mis de côté pour une double sépulture de deux hommes adultes d'âges différents. Ces deux urnes étaient fermées par un couvercle en poterie.


Puis c'est la descente d'une vingtaine de marches (autrefois taillées dans la pierre, maintenant doublées en acier pour plus de sécurité). En bas de ce sombre couloir, une porte vitrée à travers laquelle on peut contempler la chambre mortuaire décorée de fresques colorées. Tout à fait étonnant !

L'accès à la Tomba Cristofani
L'accès à la Tomba Cristofani
TOMBE DU GUERRIER

Découverte en 1961, elle date de 430-400 av. J.C. Elle est composée d'une seule chambre avec un plafond à double pente, des bancs le long des murs et des accès (dromos) avec des marches.
Au centre du tympan du mur principal se trouve le support de la poutre principale du plafond avec un combat entre deux coqs, et des panthères symétriques sur les côtés.

Les décorations des murs reprennent le thème du banquet avec des exhibitions athlétiques, musicales, acrobatiques et guerrières en l'honneur des défunts.Le mur du fond présente une scène de banquet avec deux lits de banquet (klinai) sur lesquels se trouvent respectivement un homme et une femme allongés; deux serviteurs et un joueur de flûte les attendent. Sur le mur de droite se trouvent un guerrier monté sur un cheval rouge, un cheval peint en bleu et un guerrier à pied. Sur le mur de gauche, un autre joueur de flûte,deux boxeurs avec un petit joueur de flûte entre eux, un lancier, un lanceur de disque et la vaisselle du banquet..


Tomba-del-Guerriero
Tomba del Guerriero

Et l'expérience se répète au fur et à  mesure de mon parcours des allées de la nécropole, les seules variantes étant au niveau des peintures figurant sur les parois et leur état plus ou moins lisible.

TOMBE DE LA CHASSE ET DE LA PÊCHE


Tomba-della-Caccia-e-Pesca
Tomba della Caccia e Pesca
Découverte en 1873, elle date de 520-510 av. J-C. Elle est composée de deux pièces en ligne avec un plafond à double pente et un dromos d'accès avec des marches.

Décoration : la première pièce présente sur le pignon la scène d'un retour de chasse, tandis que sur ses murs sont représentés des personnages dansant parmi les arbres. La deuxième pièce présente, sur le pignon du mur d'extrémité, la scène d'un banquet, avec un couple qui peut être considéré comme les commanditaires de la tombe. Les murs de cette pièce sont peuplés de scènes colorées de chasse et de pêche, de rochers aux couleurs vives d'où certains chasseurs tirent sur des oiseaux avec des arcs et des frondes. Sur le mur de gauche se trouve la peinture très connue du plongeur, qui rappelle la "tombe du plongeur" de Paestum (480 av. J.-C.).

Nous devons garder à l'esprit que les thèmes des deux pignons résument les idéaux de la vie aristocratique des propriétaires de la tombe, qui devaient plus que probablement apprécier les peintures de paysages de bord de mer, de pêche et de chasse.

Le tombeau est l'œuvre d'un peintre opérant dans la tradition des "petits maîtres ioniques."


Tomba-della-Caccia-e-Pesca
Paroi gauche de la Tomba della Caccia e Pesca

Paroi droite de la Tomba-della-Caccia-e-Pesca
Paroi droite de la Tomba della Caccia e Pesca

Le spectacle est  vraiment incroyable vu l'antiquité et la facilité d'accès à ces témoins d'un passé de plu de 25 siècles. Mais ce n'est pas sans problèmes : la qualité de l'éclairage est très variable tant en intensité, en répartition qu'en température de couleur, si bien que l'on peut difficilement contempler les fresques sous leur meilleur jour. De plus beaucoup sont très dégradées et on peut à peine identifier les scènes pourtant très vivantes rappelant les conditions de vie des riches décédés (beaucoup de scènes de banquets, car ces Étrusques étaient de bons vivants !) tels que les décrivent les panneaux d'information près de chaque entrée. Enfin et surtout, la vitre qui sépare le bas de l'escalier (à la température de l'air extérieur) est, du côté tombe, beaucoup plus chaude, et l'humidité présente (nécessaire de toute façon pour la préservation des peintures) se condense sur sa face intérieure, créant une buée qui brouille terriblement la vue… Au final une expérience extraordinaire mais aussi décevante qui ne m'empêchera pas de faire consciencieusement le tour de la vingtaine de tombes ouvertes aux visiteurs.

Necropoli di Monterozzi : Tomba della
                      Pulcella
Tomba della Pulcella

Découvert en 1865 et datant de la fin du Ve siècle avant J.-C., ce sépulcre doit son nom à la figure d'une petite servante (Pulcella) peinte sur le côté gauche. C'est une pièce unique avec plafond à double pente et long couloir d'accès (dromos).
Au centre du mur du fond se trouve une niche funéraire en forme d'édicule avec des colonnes toscanes et un masque de gorgone sur la tête de la poutre faîtière ; au fond, deux génies ailés étendent un voile sur le corps du défunt. De chaque côté de l'édicule se trouvent deux musiciens. Sur les murs murs latéraux de la chambre, des scènes de banquet, iconographie très répandue dans les tombes peintes du Ve siècle, avec des couples (homme et femme) allongés sur des lits conviviaux (klinai). Remarquable est le niveau de qualité picturale et la richesse vestimentaire des convives.

La tombe a été dévastée en 1963 par des vandales inconnus qui ont endommagé le mur gauche, détruisant le visage de "Pulcella" et enlevant les figures d'un dîneur et d'un petit serviteur ; la tête de ce dernier, réapparue dans un musée allemand, a été restituée spontanément et est maintenant exposée au Musée archéologique.


Tomba Pallottino
Tomba Pallottino
TOMBA PALLOTTINO

Découverte en 1962, elle date de la fin du Ve siècle avant J.-C.
Cette tombe est dédiée à Massimo Pallottino (1909-1996), maître inoubliable pour des générations d’étruscologues.
Une seule chambre avec un plafond à double pente et des dromos d'accès avec des marches. Le plafond est décoré par le contour rouge foncé des poutres centrales et latérales.
Le mur d'extrémité présente un harpiste dansant, une danseuse et un danseur tenant un kylix dans sa main droite. Sur les murs latéraux, on trouve des figures de danseurs et de danseuses dans un petit bois. On notera une touche très raffinée dans la transparence peinte des vêtements des figures féminines.


TOMBA MORETTI

Découverte en 1968 et datée de 500-490 av. J.-C., la tombe est dédiée à Mario Moretti (1912-2002), Surintendant étruscologue de 1961 à 1977, qui a été le protagoniste de cette période où tant de nouvelles tombes peintes ont été découvertes à Tarquinia.

Elle est constituée d'une seule chambre avec un plafond à double pente et des dromos d'accès avec des marches. Décoration : le tympan du mur d'extrémité montre deux lions qui se font face sur les côtés du support de la poutre centrale du plafond ou
columen. Le mur d'extrémité représente un joueur de flûte, un personnage masculin tenant un kylix et un personnage féminin richement vêtu. Sur les murs latéraux, des danseurs et des joueurs alternent avec des figures d'arbres.

La structure architecturale de cette tombe a la particularité de présenter certains éléments en relief, comme le columen, son support et l'architrave de la frise continue. La figure féminine sur le mur d'extrémité a probablement une grande signification, et peut être interprétée comme la propriétaire défunte de la tombe.

Tomba-Moretti.
Tomba Moretti


TOMBA BARTOCCINI
Découverte en 1959, elle date de 530-520 av. J.-C.


Tomba Bartoccini
Tomba Bartoccini
Elle est composée d'une chambre centrale menant à trois autres, toutes avec un plafond à double pente. Dans la salle principale, la poutraison centrale (columen) est peinte en cercles et le plafond à double pente est à damier ; sur le pignon du mur d'extrémité se trouve une scène de banquet, sur le pignon opposé deux chevaux de mer se font face ; le long des murs, des groupes de bandeaux dessinent des damiers et des motifs fleuris. Le pignon de la salle terminale présente deux groupes d'animaux de combat sur les côtés du support du columen : les pignons des salles latérales montrent des panthères et des lions qui se font face.

Il s'agit de la plus vaste tombe peinte tarquinienne de l'époque archaïque, avec des motifs à caractère essentiellement décoratif, à l'exception de la scène du banquet qui est considérée comme la représentation la plus ancienne d'un symposium dans la peinture étrusque.

Un document intéressant prouvant la réutilisation ultérieure de la tombe est la présence dans la chambre centrale de nombreux graffitis d'âge probablement tardo-gothique, non liés à des usages funéraires.



Musee-national-etrusque-Decor-de-tombe-et-mobilier
Musée national étrusque - Décor de tombe et mobilier (reproduction)

Paradoxalement, on a une bien meilleure vue de plusieurs de ces tombes en les visitant virtuellement sur YouTube Vidéos:

Reliefs tomb: https://www.youtube.com/watch?v=KvWOFoWICwk 
Tombe du Singe : https://www.youtube.com/watch?v=7nu0s-_V5do
Tombe Bartoccini: https://www.youtube.com/watch?v=o146AfQ7nDg
Sarcophage des Épouses: https://www.youtube.com/watch?v=ALW3KxT6zbg
Experience Etruria: https://www.youtube.com/watch?v=8YzTEejXMek


En quittant la nécropole je me rends au centre de la petite ville de Tarquinia pour visiter le Musée national des Étrusques. Il est installé dans le superbe et grandiose Palazzo Vitelleschi (1439) construit par le cardinal local. Tarquinia-entree-dan-la-ville-par-la-Barriera-San-Giusto
Tarquinia: entrée dans la ville par la Barriera San Giusto;
à gauche le Palais Vitelleschi (1439)


La grande cour centrale du Palazzo Vitteleschi
La grande cour centrale du Palazzo Vitteleschi à Tarquinia
LE PALAZZO VITTELESCHI

L'édification du Palais
entre 1436 et 1439 fut patronnée par le cardinal Giovanni Vitelleschi - le plus notable parmi les citoyens de Corneto (Tarquinia, au Moyen Age) - sous le pontificat du Pape Eugène IV.

L'emploi d'une série de structures médiévales préexistantes, datant du XIIe au XIVe siècle - une maison/tour fortifiée et une série d'habitations le long de la ruelle correspondant au couloir menant au bout de la cour - pourrait expliquer l'irrégularité du projet et la rapidité avec laquelle il a été exécuté.

Le Palais, l'un des plus remarquables parmi les monuments du début de la Renaissance dans le Latium, imite la typologie d'une noble demeure florentine : trois étages donnant sur une cour intérieure, le rez-de-chaussée pour les services, le premier pour les invités et le second pour la vie privée de l'occupant : à ce dernier étage se trouvent la Chapelle Palatine et la salle d'étude du Cardinal. La cour, de forme quadrangulaire, avec un puits de marbre au centre pour puiser l'eau d'un réservoir souterrain. est circonscrite sur trois côtés par autant d'édifices avec loggias et colonnades, tandis que le quatrième côté est fermé par un haut mur muni d'un couloir de communication.

En raison d'un choix unanime du mécène et du concepteur, des motifs Renaissance et gothiques coexistent dans la structure de l'œuvre : des portails et des ouvertures de gout classique côtoient des portes, des fenêtres à double lancette et à triple lancette gothique-catalanes. L'emploi de différents matériaux - calcaire lisse et rustiqué pour les façades, nenfro et marbre pour les cadres et l'appareil décoratif, granit pour les colonnes - donne une connotation picturale à l'ensemble. Ce qui reste des riches décorations peintes qui embellissaient les pièces du Palais sont des fragments épars dans certaines pièces du premier étage et la décoration intacte de la petite salle d'étude du cardinal au deuxième étage, peinte à fresque avec les histoires de Lucretia Romana. alternées avec des allégories des Vertus. une œuvre selon Federico Zeri, d'un artiste anonyme du XVème siècle qu'on a nommé le " peintre de Corneto ".

Le palais est le siège du Musée archéologique national de Tarquinia, inauguré en 1924.


L'espace est généreux et les salles aux vastes proportions se prêtent bien à l'exposition du matériel recueilli dans les fouilles relatives aux Étrusques, essentiellement des tombes et leur mobilier. Apparemment il ne reste pas grand chose d'autre, du moins au dessus du sol, de cette civilisation pourtant sophistiquée que les Romains ont phagocyté lors de leur expansion dans le Latium.

Tarquinia-Musee-national-etrusque-Couvercle-de-sarcophage-masculin-detail
Couvercle de sarcophage masculin (détail)
Sur le couvercle est couché en décubitus dorsal, le défunt enveloppé dans le linceul, tenant dans sa main droite le bol (patera) utilisé pour accomplir l'acte rituel de la libation. Le physique est caractérisé par le rendu massif de la musculature. Produit dans la seconde moitié du 4ème siècle avant J.-C. par un atelier artisanal probablement actif dans l'arrière-pays de Tarquinia.
Couvercle de sarcophage féminin en nenfro

La défunte est couchée sur le dos, vêtu d'un chiton et d'une cape. Le visage, couronné, a les cheveux séparés au milieu et tombant en boucles sur les côtés. L’attention particulière dans la reproduction des ornements personnels est un signe distinctif de l’appartenance de classe : boucles d'oreilles et collier avec des perles circulaires et des pendentifs en forme de glands.
Deuxième moitié du 4e siècle avant J.-C.

Couvercle-de-sarcophage-feminin
Couvercle de sarcophage féminin

Sarcophage étrusque en renfo (tuf)
Sarcophage de Larth Il Plecu dit du Magnat en nenfro (tuf)
Sarcophage-du-Magnat-330-av.-JC-
Sarcophage du Magnat (détail)

Musee-national-etrusque
Frise sur la base du sarcophage de Larth II Piecu

Sarcophage-de-Ramtha-Apatrui
Sarcophage de Ramtha Apatrui
SARCOPHAGE DE RAMTHA APATRUI

La défunte, mère de Larth Le Plecu, est représentée en train de festoyer, à demi allongée sur le couvercle du sarcophage sculpté en forme de lit convivial (kline) avec des pattes en forme d'étoile et avec un chapiteau ionique. La décoration du cercueil montre, sur le devant, une Scylla - un monstre marin mi-poisson, mi-femme - en train de saisir une rame, avec un dauphin à ses côtés ; sur le côté gauche est sculptée Vanth, la déesse étrusque des Enfers. Une longue inscription funéraire court le long des bords du couvercle et du coffre.
Nenfro, première moitié du IIIe siècle avant J.-C.

La présentation des collections est fort belle, malheureusement trop de textes et de notices sont exclusivement en italien, ce qui me laisse le sentiment de manquer pas mal d'informations pourtant apparemment pertinentes et intéressantes (les Grecs, avec leurs notices systématiquement bilingues, s'en tirent nettement mieux). Je me lasse vite de l'accumulation de grands sarcophages en grossière pierre grise (nenfro, un tuf gris d'origine volcanique) et aux sculptures sans finesse - mais en ces temps reculés…

Dans les vitrines, une très belle série de vases peints essentiellement d'origine ou de tradition grecques (à figures noires ou rouges) où l'on retrouve les plus grands noms de ces peintres potiers virtuoses.

Kylix
Kylix

Coupe attique à figures rouges : jeune guerrier courant vers la gauche avec casque, lance et bouclier garni d'une peau de panthère et décoré au centre d'une tête de Silène. Attribué à Epiktetos. (490 - 480 av. J.-C.)

Oinochoe-en-forme-de-tete-de-femme
Oinochoe (pichet à vin) en forme de tête de femme
Attique à figures noires


Visage allongé et pommettes saillantes ; cheveux rassemblés dans un précieux bonnet brodé de motifs géométriques et d'une frise miniature d'animaux réels et imaginaires. Traces de restauration ancienne sur la poignée. Attribué au potier Charinos (signature sur la poignée). (500-490 av. J.-C.)

Kylix

Kylix attique à figure rouge : à l'intérieur : scène de banquet : un homme semi-allongé sur un kliné, encourage un joueur de flûte double. Sur la face extérieure : Dionysos entre deux couples de ménades et de silènes. Signé sur une poignée par le céramiste Hieron et peint par l'artiste-peintre Macron (500-480 av. J.-C.)
Kylix


Kylix
Attique à figure rouge : scène de libation : une jeune femme verse du vin dans la patera que lui tend un vieil homme sur un riche tabouret. Attribué au Peintre de Brygos.(490-470 av. J.-C.)
Kylix
Kylix attique à figures noires attribué à Xénocle, avec Heracles luttant contre Triton dans le centre de l’intérieur et des jeunes filles dansant autour (570-560 av. J.-C.).

-Tarquinia-Musee-national-etrusque-Attique-a-figure-noire-Scene-de-danse-540-av.J-C
Musée national étrusque, vase Attique à figures noires :
Scène de danse (540 av. J-C.)

Tarquinia-Musee-national-etrusque-Le-rapt-d'Europa
Musée national étrusque : Le rapt d'Europa par Zeus adoptant
l'apparence d'un taureau



Les bijoux, sophistiqués et raffinés, retiennent un moment mon attention.

Collier
Collier composé de pendentif en or et de boules circulaires ornées d'un motif réticulé ou figuré avec gorgoneion, triton et jeune homme nu sur un animal à tête d'équidé et à corps d'oiseau. VIe s. av J-.C.
Coupe en nastri (2e moitié du 1er s. av. J-C
                    -1er-s.-ap. J-C.jpg
Coupe en nastri (pâtes de verre colorées et empilées)
(2ème moitié du 1er s. av. J-C - 1er s.ap. J-C)



Collier comportant 45 pendants de divinités
              égyptiennes en faience (690-680 av. J-C)
Collier comportant 45 pendants de divinités égyptiennes en faïence (690-680 av. J-C)

Les figurines et autres objets en bronze sont eux aussi admirables, et font honneur à cette tradition où l'art de vivre et le soucis religieux tenaient une place essentielle. Tout comme en Grèce à la même époque, mais me semble-t-il, sans atteindre, et de loin, la même qualité et surtout déboucher sur l'accomplissement extraordinaire de la période grecque classique.

Tetes-votives
Têtes votives en bronze
Tetes-votives-LAra-della-Regina-IIIe-IIe-s.-av.JC.
Têtes votives en terracotta (Ara della Regina (IIIe-IIe s. av. J-C.)

Tête d'homme avec traces de igments rouges
Tête d'homme en terracotta avec traces de pigments rouges
(fin IVe-début IIIe s. av. J-C)

Tete-d'homme-en-terracotta-fin-4e-debut-3e-s.-av.



                    J-C
Tête d'homme en terracotta (fin 4e-début 3e s. av. J-C)
(dépôt votif de Ara della Regina)


Oinochoe italique géométrique
Oinochoe italique de style géométrique
La poterie décorée de motifs géométriques a une longue tradition en Italie centrale. Elle remonte à l'âge du bronze et prend une importance particulière à l'âge du fer. Dans le troisième quart du VIIIe siècle avant J.-C., les contacts de plus en plus fréquents avec le monde gréco-eubéen marquent le début d'une nouvelle période décorative pour la poterie de l'Étrurie méridionale : à côté des vases importés de Grèce, on trouve également des spécimens produits sur place par des artisans grecs immigrés ou par des apprentis étrusques.

Le répertoire décoratif comprend des motifs linéaires, des cercles concentriques, des ovales reliés par des lignes en S, et des éléments figuratifs standardisés tels que des poissons, des oiseaux, quelques quadrupèdes et quelques rares figures humaines.

La standardisation élevée du répertoire permet aux experts d'identifier des groupes stylistiques, des ateliers opérant dans les différentes villes étrusques et, plus rarement, des personnalités artistiques clairement reconnaissables ("maîtres"), comme le Peintre de Bocchoris et le Peintre des Palmiers.

Pourtant les deux chevaux ailés en terre cuite, seuls vestiges du fronton du grand temple voisin, suggèrent une grande maitrise, tout comme le groupe de Mithra égorgeant le taureau dans un marbre blanc très finement travaillé.

Admirables, mais au bilan c'est peu par rapport à ce que vient de m'offrir la Grèce...

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Paire de chevaux ailés en terre cuite ornant le fronton du grand temple d'Ara della Regina

LE SANCTUAIRE DELL'ARA DELLA REGINA

Le char divin


Le haut-relief des chevaux ailés a été découvert par Pietro Romanelli sur les vestiges du grand temple identifié comme "autel de la Reine" sur la hauteur de Civita, en 1938. L'œuvre, universellement reconnue comme l'un des principaux chefs-d'œuvre de la sculpture étrusque en terre cuite (art coroplastique), est considérée par la communauté de Tarquinia comme le symbole de sa propre ville.

Le panneau a été fixé à l'origine par de longs clous en bronze (conservés dans le montage) à l'extrémité gauche du linteau du temple : en effet, le bord supérieur incliné suit l'inclinaison de la pente du toit.

La singularité du panneau réside dans l'admirable progression du bas-relief (jambes et queue du cheval en arrière-plan) au haut-relief (corps du cheval au premier plan) jusqu'aux têtes et ailes tridimensionnelles, parfaitement formées avec une abondance de détails, qui dépassent de la surface du panneau.

Les chevaux n'ont pas été réalisés uniquement pour une vision frontale, car la projection tridimensionnelle les rendait également visibles pour les personnes venant du côté gauche du sanctuaire et ils semblaient trépigner en attendant de prendre leur envol.

Il reste de nombreuses traces de polychromie : il est particulièrement remarquable que le cheval de fond soit rouge-brun et celui de premier plan jaune afin d'augmenter la perspective.

Sur un deuxième panneau perdu, il y avait le char tiré par un cheval dont la tige était visible ; il était dirigé par un conducteur de char que nous pouvons peut-être identifier à une divinité ou à un héros.



Renaissance d'un chef-d'œuvre

En 1938, pendant les fouilles dirigées par P. Romanelli dans la ville antique de Tarquinia,  dans le temple étrusque (connu sous le nom de "Ara della regina"), près de 100 pièces de cette sculpture extraordinaire ont été mises au jour et immédiatement restaurées par A. Falessi. La dernière restauration, en 2004, a consisté à nettoyer les surfaces, à ajuster les liaisons compromises entre les fragments, à faire ressortir les restes des couleurs originales, à retravailler les intégrations de forme et de couleur, largement interprétées, selon les critères de restauration contemporains.

Une nouvelle plaque de support transparente a été installée, laissant l'arrière de la sculpture visible pour des études ultérieures et permettant d'ancrer les clous en bronze d'origine.

Pour la restauration, un support spécial a été construit, permettant en toute sécurité tout type de mouvement et de rotation et sa transformation facile en table de travail.

La terre cuite a été analysée pour ses composants argileux, la température de cuisson et les pigments de couleur.

Dimensions : largeur 1,20m x hauteur 1,16 m. Le poids se situe entre 130 et 150 kg ; il n'est pas possible d'évaluer le poids exact, car les têtes et les corps des chevaux ont été remplis de morceaux de plâtre et de barres métalliques lors de la première restauration et ne sont pas amovibles.



Mithra-egorgeant-le-taureau
Mithra égorgeant le taureau - Marbre du IIe s. ap. J-C.

LE MITHRAEUM DE TARQUINIA

Le groupe en marbre représentant Mithra tuant le taureau a été récupéré par les carabiniers suite à des enquêtes sur le trafic illicite d'œuvres d'art. Par la suite, un rapport sur une activité clandestine sur la colline de Civita, fait par le quartier général des Carabiniers pour la protection du patrimoine culturel, a convaincu le Surintendant pour le patrimoine archéologique de l'Étrurie méridionale de l'époque d'effectuer des fouille pour trouver des preuves concluantes de la provenance de la sculpture. On a ainsi découvert les vestiges d'un bâtiment reconnaissable comme étant un Mithraeum, qui faisait partie d'une résidence plus complexe. Des fragments de marbre se rapportant à la sculpture récupérée ont également été mis au jour, fournissant la preuve irréfutable que la sculpture de Mithra provient de la Civita de Tarquinia. L'œuvre, de très grande qualité, est très probablement attribuable à un artiste actif à Rome, et la sculpture a ensuite été transportée à Tarquinia. Certains détails du travail de la pierre permettent de la dater du début du règne d'Antonin le Pieux (138-161).


Une heure trente plus tard, après avoir parcouru la quinzaine de salle et les 3 étages du palais, j'en sors un peu saturé d'artefacts, sans pour autant être convaincu d'avoir saisi grand chose de cette culture qui, intégrée à celle de Rome, fait pourtant partie de nos racines...

Je reprends la route, décidé à m'avancer au maximum vers le nord. Suite de la SS1 à la chaussée irrégulière qui accuse les faiblesses de ma suspension arrière. Je me rends ainsi jusqu'à Livourne, m'arrête pour manger sur une grande station-service où j'ai la chance de trouver un robinet d'eau : je n'aurai pas besoin de m'arrêter à Pise sur l'aire repérée grâce à IOverlander… Je continue donc de traverser les provinces d'Italie, passant enfin en Toscane dont les sommets vers l'intérieur des terres sont saupoudrés de neige.

Le soir descend, je me rends jusqu'à Carrara sur l'autoroute E80 maintenant payante (de San Rosignano à Carrara : 12,60 €). Là, dans le crépuscule qui rend le repérage de plus en plus difficile, je sors de la voie rapide et me dirige un peu au hasard vers le littoral, espérant trouver un bivouac face aux vagues. Je me rends jusqu'au lungomare, mais il est bordé de plages privées (restaurants, buvettes, parasols, salles de danse, etc.) entourées de hautes clôtures. Après quelques recherches je me caserai finalement sur un stationnement au bout d'une impasse, un peu à l'écart du grand boulevard dont j'entendrai à peine la rumeur. Soirée calme chauffage vite allumé, je me coucherai tôt, un peu fatigué après cette journée bien remplie de belles découvertes.


59 286 Lundi 30 janvier 2023 : de CARRARA à MENTON (277 km) (4 660 pas)

de-Carara-a-Menton

Départ à 9:00 sous un beau soleil qui ne tardera pas à se cacher. Mais le pire est la température, qui me parait décidément très fraiche après le beau temps et la douceur du Péloponnèse : 2° au plus bas, ce qui fait que le chauffage a tourné toute la nuit. Malgré tout, mon confort est assuré, et mes crevasses aux doigts commencent à disparaitre… Dans ce contexte je ne trainerai pas à Carrare (malgré un Musée du marbre qui aurait pu m'intéresser), refais le plein de gasoil (43 litres, soit 11,40 l/100 km, correct pour mon allure à 100/110 km/h) et reprends l'autoroute après douche et déjeuner. Carrara-bivouac-sur-Parcheggio-Paradiso-pres-de-la-plage
Carrara : bivouac sur le Parcheggio Paradiso près de la plage

Auparavant une petite recherche dans mes bagages pour sortir la prescription d'analyse que je veux faire exécuter dès mon retour en France me fait tomber sur le Guide vert Grèce continentale ! Je l'avais en fin de compte placé dans la poche extérieure de mon sac d'ordi… Quand je pense au tintouin que cela a été pour récupérer ces précieuses données avec l'aide de Monique et des enfants, leur numérisation et leur envoi par courriel ! À méditer pour une prochaine fois : l'organisation ne suffit pas, il faut aussi la mémoire...

Je retrouve finalement les prescriptions de mon médecin et du Dr Dominique bien à leur place dans l'un des vide-poches où je range les docs à conserver… Courriel alors à Tatiana, l'assistante du bon docteur à Montréal, pour lui demander de retarder la consultation téléphonique de suivi, le temps de faire procéder aux analyses et de les lui envoyer. Je contacte aussi la téléphoniste de Mon-camping-car.com pour mettre au point commande et livraison (par point relais) du couvercle du réchaud que je veux remplacer, quitte à trouver un moyen de le rendre plus résistant à un oubli d'éteindre le gaz avant de le rabattre.

Ensuite roulage continuel vers la France, puisque le temps en Italie, même sur cette fameuse Riviera au climat favorisé, ne répond pas à mes attentes. Cette fois la traversée de Gênes se passe comme une fleur, avec son enchaînement ininterrompu de longs tunnels et viaducs. Pause expresso sur une aire en bord d'autoroute, où je contacte Marinie pour lui annoncer mon passage d'ici la fin de la semaine, et compléter mon carnet de route tôt abandonné hier soir.

Je reprends la route à 13:45, escomptant passer en France d'ici peu. L'autoroute file sans autre problème que de très fréquentes diversions soit sur une seule voie dans le même sens, soit sur une seule voie dans le sens contraire. Sorte de petit gymkhana bien balisés auquel les Italiens et les nombreux routiers étrangers semblent habitués et qui ralentit bien peu le trafic. Je me demande ce qui peut motiver tant de travaux sur les ouvrages d'art (viaducs et tunnels extrêmement nombreux qui me semblent représenter les 3/4 du trajet). Sont-ils si vétustes, ou bien est-ce la conception ou la réalisation qui ont été bâclées ? Pourtant les Anciens Romains s'étaient rendus maîtres dans l'art du béton, et combien de leurs ponts et aqueducs sont-ils encore debout…

-A-la-frontiere-dernier-coup-d'oeil-sur-l'Italie.j
A la frontière franco-italienne, dernier coup d’œil sur l'Italie
Je passe le péage (36,80 €, de Carrara à Vintimiglia) puis la frontière française vers 14:00 et descends aussitôt en ville à Menton. Malgré une circulation épouvantable, bien digne de la Riviera italienne, je m'arrête dans la première pharmacie venue pour demander l'adresse d'un bon laboratoire d'analyse.

On m'indique aimablement le Laboratoire de la Gare, en plein centre évidemment, où la circulation ne fait qu'empirer, sans compter les perturbations liées à la préparation de la Fête du Citron (qui tient lieu ici de Carnaval).  Je tourne un peu et ai la chance - inespérée ! - de trouver une place aux dimension de mon motel roulant, à 200 m à peine du labo. L'hôtesse y consulte ma prescription originale montréalaise et la transcription de Dominique, me confirme qu'elles concordent et qu'ils peuvent répondre à la demande. Mais comme je dois être à jeun, le prélèvement devra se faire demain à partir de 7:00. Les résultats me seront envoyés par courriel, et je pourrai les répercuter aussitôt à mon médecin montréalais.

Mon plan était donc bon, reste à être à la porte du labo demain matin dès son ouverture. Pour cela la meilleure solution me semble être de demeurer sur place, puisque de toute façon le stationnement est autorisé et gratuit là où je suis de 19:30 à 9:00. Reste le trafic et le bruit, considérables à 19:00, mais ils devraient diminuer dans la soirée et cesser tout à fait pendant la nuit. Bivouac-au-bord-du-Jardin-Bioves au centre de
                    Menton
Bivouac au bord du Jardin Bioves au centre de Menton

Menton : facade-de-villa-ancienne
Menton : façade de villa ancienne
Une bonne marche dans les rues environnantes me fait découvrir  les développements touristiques de la fin XIXe début XXe, où les nantis et les puissants venaient passer l'hiver ici (famille royale anglaise, russes tsaristes, etc.). Quelques photos d'architecture typique, et je passe à la Poste (encore ouverte !) pour prendre les renseignements attendus à propos de notre carte Visa commune (de bonnes nouvelles pour Monique) La fraicheur tombe avec la nuit, je retrouve alors avec plaisir la chaleur de mon home.

Soirée tranquille à écrire, souper et écouter un peu de musique qui masque le bruit ambiant...


Suite : 2023-01 France

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