J'avais oublié que les pêcheurs se lèvent tôt… aussi vers 4:00 je suis éveillé par le cafouillage persistant d'un moteur de bateau en train de chauffer… Je patiente un peu, puis décide de me déplacer un peu plus loin sur le chemin de Bury Head où j'irai finir ma nuit sans vraiment retrouver le sommeil profond auquel j'aspirais… | Bury Head : le lever du soleil derrière mon parebrise |
Northport : vol d'oies depuis Bury Head |
À 7:30 je me lève et gagne la pointe, sans aucune construction et occupée seulement par quelques voitures et remorques de pêcheurs amateurs partis en mer. J'ai alors la chance d'y voir un magnifique lever de soleil rougissant les eaux de la baie, où se profile le long cou d'un héron pêchant… Je resterai là une bonne partie de la matinée à profiter de la vue, me doucher et déjeuner, écrire mon carnet de bord et observer un immense vol d'oies du Canada (grises) venues faire une pause durant leur migration vers le sud. |
Enfin vers 10:30 je
me mets en route après avoir fait le plein d'essence en
repassant à Alberton (12,54 l/100km, pas mal, surtout
avec le chauffage). Je poursuis ma route vers le nord
sous un ciel radieux, qui met bien en valeur le côté un
peu plus rude et surtout moins systématiquement aménagé
ou cultivé, comme ce sera le cas lors de ma longue
descente le long de la côte ouest. Je vois beaucoup de
champs en jachère, où apparemment on a abandonné la
culture, et aussi des bois en cours de régénération
après qu'on en ait récolté les résineux. Mais partout les maisons, cossues ou plus simples, sont entourées de vastes pelouses très vertes et très soigneusement tondues : tradition anglaise, sans doute ? |
Alberton : une jolie maison victorienne |
Tignish : église St-Simon et St-Jude; 500 000 briques de grès rouge local pour la plus grande église de l'Île du Prince Édouard |
Un détour vers Tignish, communauté franco-irlandaise, donc catholique romaine, me fait découvrir la grande église de St-Simon et St Jude, une vaste création néo-gothique des années 1880 luxueusement décorée dans le goût de l'époque. J'y entends l'orgue Louis Mitchell, un facteur montréalais apparemment fameux, sous les doigts d'un organiste qui s'entraine à jouer un cantique… Le son est impressionnant et l'acoustique excellente sous la grande voute en bois. |
Tignish : bas-côté de l'église St-Simon et St-Jude |
Tignish, église St-Simon et St-Jude : nef et tribune |
Je déjeune sur le stationnement avant de repartir pour un autre petit bout de route et j'atteins le North Cape. Phare bien entendu, mais aussi champs d'éoliennes puisqu'on a installé dans ces lieux venteux et soumis à l'Océan sur plus de 300° le Centre canadien de recherche sur l'énergie éolienne. Malheureusement tant le centre de recherche que le centre d'Interprétation destiné au grand public sont fermés, que ce soit pour la saison ou pour jour férié (Action de Grâce). | Les éoliennes en arrivant au North Cape |
North Cape : le récif à la convergence des deux courants du Golfe du St-Laurent et du Détroit de Northumberland |
Reste un site naturel bien mis en valeur (sentier, explications) où l'on retrouve l'habituelle côte de grès rouge grugée par les assauts de la mer. Elle peut se montrer assez violente dans ces eaux là, même si aujourd'hui elle est assez calme et belle sous le grand soleil. |
Maintenant que j'ai
atteint l'extrémité nord-ouest de l'île, il ne reste
plus qu'à descendre les quelques 90 km de sa façade
ouest à mon train de sénateur. Paysage qui finit par devenir un peu monotone, aucune attraction signalée ou découverte le long de cette route côtière aux toponymes exclusivement anglais et où je cherche en vain des traces de peuplement acadien… Dans cette région très rurale et plus sauvage, même les petits ports se font rares. |
North-Cape : le cap et le champ d'éoliennes |
West Point : le phare |
J'arrive vers 16:30 au
Parc provincial Cedar Dunes qui ne m'impressionne guère
: les cèdres sont minables (on dirait plutôt des
épinettes déplumées…), les dunes invisibles et toutes
les installations minimaliste du camping fermées, si
bien que je pourrai même pas y compléter ma provision
d'eau. En revanche le phare, le petit port et les quais de West Point sont typiques, mais redondants après tous ceux qui les ont précédés. |
J'amorce donc mon
retour vers l'est pour boucler mon tour de l'I.P.E. Mon
étape ce soir sera le Musée de la Pomme de terre de
O'Leary que je trouve après quelques recherches sur un
rue latérale tranquille ; il ouvrira demain à 9:30. À
17:30 j'établis donc mon bivouac sur son stationnement
vide et totalement silencieux. Longue conversation avec Monique qui m'avait localisé à Alberton sans pouvoir me rejoindre, faute de signal suffisant. Elle semble fort occupée entre Juliette qui revient ce soir de Calgary, Gabriel ramené par son grand-père de Trois-Rivières, tandis qu'Hermione reçoit son amie Laure… Il semble que sa belle énergie lui soit revenue, puisqu'elle s'inquiète de laver la moquette qui recouvre le plancher de l'appartement… |
O'Leary : le Musée de la pomme de terre canadienne |
ProMaster devant le Musée de la pomme de terre d'O'Leary au matin |
Je me suis
profondément endormi dans le silence complet de la
petite place devant le musée, mais un vacarme et des
phares braqués sur le parebrise m'ont soudain tiré du
sommeil vers 6:15 : ce n'était que le camion des
éboueurs qui manoeuvrait près de moi pour charger les
grosses poubelles métalliques installées à proximité… Je
n'ai pas heureusement pas eu à bouger et ait pu me
rendormir dès leur départ, mais mon sommeil en a
été perturbé, et ce n'est que vers 9:15 que j'ai enfin
émergé. Chauffage, déjeuner, douche, je suis à l'entrée
du musée à 10:30. Hélas ! il est clos, et même en frappant à la porte je n'arrive à obtenir aucune réaction; le guide 2021 de la province indiquait pourtant le 15 octobre comme date de fermeture annuelle… Il ne me reste plus qu'à reprendre la route pour gagner Miscouche où, là au moins, je sais que le Musée acadien sera ouvert jusqu'à 17:00 ! |
Route rurale donc encore toute parée des splendeurs automnales, qui suit les zigzags du Circuit côtier du North Cape, tout en empruntant certaines sections plus rapides de la Route 2. À Mount Pleasant je retrouve la petite route côtière 11 qui me fait traverser une série de villages acadiens comme St-Chrysostome, Abram Village, Maxime ville, Cap-Egmont où, pour le coup, j'aperçois quelques drapeaux acadiens flottant sur le mât devant la maison, à moins que ce soit une étoile plus ou moins stylisée incrustée dans sa façade. Paysage maritime, la côte du Nouveau Brunswick se devine de l'autre côté du Northumberland Strait. Nombreuses petites fermes éparses, et toujours les vastes terrains séparant les maisons sont couverts d'une pelouse très verte impeccablement tondue (le loisir de la fins de semaine ?) | Sur la petite route 11, aux couleurs automnales |
Près de l'un de ces hameaux (Cape Egmont) une petite église blanche en bois jouxte un parc mémorial consacré aux soldats acadiens tombés lors des guerres mondiales en Europe. Les listes sont longues, et les patronymes souvent identiques forment quelques groupes illustrant la parenté reliant ces premiers occupants européens de la région. Quelle natalité ! et aussi quelle consanguinité ? |
À Mont-Carmel, haut lieu de regroupement acadien, je m'attendais à visiter l'église, mais fermée et cadenassée, elle est aussi en bien mauvais état, comme si la vie religieuse dans ce secteur - ou la présence catholique ? - s'était davantage estompée qu'ailleurs. Pourtant les panneaux indicateur continuent de montrer bien des toponyme français : Urbainville, St-Raphaël, Saint-Nicholas. | Église paroissiale de N-D de Mont-Carmel |
Miscouche : retour au Musée Acadien |
Je suis bientôt rendu
à Miscouche, bouclant mon itinéraire ouest de cette île
aux dimensions réduites. Stationnant devant le Musée
acadien tout pavoisé de bleu blanc rouge, je déjeune,
puis consacre près des 2 heures suivantes à sa visite. À l'extérieur, 4 bas-reliefs sculptés dans des panneaux de bois résument l'histoire de ce peuple pris entre les deux impérialismes français et anglais au XVIIIème siècle, commença à se relever au XIXème et cherche encore à avoir sa place dans le Canada contemporain. |
Miscouche, Musée acadien : famille acadienne de Havre St-Pierre ou Port-Lajoye (1720) |
Miscouche, Musée acadien : la Déportation en 1758 |
Miscouche, Musée acadien : le déploiement du premier drapeau (Miscouche, 1884) |
Miscouche, Musée acadien : armoierie et drapeau acadien |
Miscouche, Musée acadien : la renaissance acadienne |
Belle présentation qui rend justice au parcours dramatique de ce peuple balloté et maltraité par l'histoire. Une vidéo bien faite d'une quinzaine de minutes introduit ce destin qui sera développé ensuite dans les vitrines, dioramas, affiches et autres exhibits des salles d'exposition qui s'enchaînent, depuis les premières implantations coloniales dès 1720 à Havre St-Pierre et Port-Lajoye. Puis c'est l'arrivée des Acadiens expulsés du Nouveau Brunswick et de la Nouvelle Écosse, avant la Déportation de tous ces pauvres gens par les troupes anglaises après la prise de Louisbourg et la cession par la France de l'Acadie puis de l'Ile St-Jean. Louis XV désargenté et vaincu en Europe n'avait plus les moyens de soutenir sa politique impérialiste et ses lointaines colonies… Plusieurs tableaux, sculptures et textes émouvants illustrent cet exil des 5 000 Acadiens de l'époque dont beaucoup périrent durant leur transfert vers la France ou leur dispersion dans d'autres colonies britanniques (maladies, naufrages…). Certains réussirent à s'enfuir, soit en se cachant dans les bois à l'intérieur de l'île - avec la complicité de Mi'kmaq avec lesquels ils avaient établi de bonnes relations - d'autre se réfugièrent au Québec, sur la Côte-Nord ou à St-Pierre-et-Miquelon… | Musée acadien de Miscouche : Famille acadienne, par Louis-Philippe-Hébert (1908) |
Après la fin de la guerre, plusieurs revinrent sur les terres qui n'étaient plus leurs, reformèrent des petites communautés fermées sur elles-même, accrochées à leur langue et à leur religion. Ce n'est que plusieurs générations plus tard qu'elles se relevèrent en promouvant leur identité (drapeau, hymne et fête nationale…) et surtout leur éducation. Un combat toujours en cours - et en cour - puisqu'il a fallu obtenir un jugement de la Cour suprême canadienne dans les années récentes pour consacrer le droit des Acadiens à des écoles francophones. |
Le toponyme ACADIE
On attribue à l’explorateur italien Giovanni Verrazano l’origine du toponyme ACADIE. Lors d’un voyage d’exploration pour le roi de France en 1524, il baptisa ARCADIA une partie de la côte atlantique des États Unis, soit la région de la Virginie. Impressionné par la beauté du paysage, ce lieu lui rappelle l’Arcadie de la Grèce antique. Mais les cartographes qui le suivent déplacent non seulement vers le nord le toponyme, mais également le modifient à Larcadia, Cadie, La Cadie et enfin à L’Acadie. Certains croient aussi à une influence de la langue Micmac dans le toponyme Acadie. En micmac, l’expressions cadie signifie «lieu d’abondance». On retrouve ce mot dans les toponymes tels Tracadie et Shubenacadie. LES ORIGINES
ABEGWEIT L'Île-du-Prince-Édouard est habitée depuis des millénaires. Des fouilles archéologiques récentes nous indiquent que des peuples y vivaient il y a au moins 10 000 ans. C'est probablement leurs descendants qui habitaient l'île lorsque les premiers colons Européens y sont arrivé. Ces Amérindiens appartenaient an peuple Mi'kmaq. Dans leur langue ils désignaient l'ile bar. de nom Abegweit, ce qui signifie “bercé par les flots". Les Mi'kmaq habitaient près de la mer et des cours d'eau, vivant essentiellement de chasse et de la pêche. ÎLE SAINT- JEAN
On ignore qui a donné à l'Île le nom de Saint-Jean, et à quel moment. On sait qu’elle était connue sous ce nom par les pêcheurs basques et bretons qui la côtoyaient bien avant sa première apparition sur la carte de l'Atlantique nord. dressé bar Guillaume Levasseur en 1601. Il écrit simplement «I.S.Jean» JACQUES CARTIER
Le navigateur français Jacques Cartier a été le premier à nous laisser une description écrite des côtes de l'île. Les premiers jours de juillet 1534, il explorait une partie de la côte nord sans toutefois réaliser qu'il se trouvait dans une île. « Toute cette terre est basse et unie, la plus belle qu'il soit possible de voir, et pleine de beaux arbres et prairies; mais en celle-ci, ne pûmes trouver havre, parce que la terre est basse, et le fond peu profond, et tout rangé de sable. Nous y fûmes en plusieurs lieux avec nos barques; et entre autres, dans une belle rivière, peu profonde, où vîmes des barques de sauvages, qui traversaient ladite rivière, qui, pour cette raison, fut nommée Rivière des Barques.» LE RÉGIME FRANÇAIS 1720-1758 LA FONDATION DE LA COLONIE Ce dernier avait obtenu l'ile en concession du roi Louis XV “pour y établir des habitants et une pêche sédentaire de morue”. Il recevait également le monopole de la pêche dans les eaux de l'île. Selon les conditions de la concession, il devait installer 100 colons dans la colonie la première année et 50 les années suivantes. Le siège administratif est établi à Port-Lajoie où on construit des fortifications et où on poste une garnison d’une trentaine de soldats. PÊCHEURS DE MORUE
L'exploitation de la pêche de la morue constitue le
moyen le plus rapide de rentabiliser la colonie.
Voilà pourquoi la grande majorité des colons
recrutés en France sont des pêcheurs et leurs
familles. Arrivés à l'ile, la plupart d'entre eux
sont dirigés vers Havre Saint-Pierre, appelé à
devenir le principal centre de pêche et
l'établissement le plus peuplé de la colonie.À l'époque, la morue jouit d'une grande valeur commerciale en Europe. Séchée ou salée, elle constitue le principal aliment en conserve. Elle est d'autant plus en demande dans les pays catholiques où il y a 166 jours maigres par année! Pendant ces jours-là, il est interdit de manger de la viande. LES ACADIENS
Les Acadiens ne tardent pas à se joindre aux colons français. Au début, cependant, ils n'émigrent qu'en petit nombre. Selon le recensement de 1735, seulement 162 des 432 colons étaient d'origine acadienne. Mais ils viennent beaucoup plus nombreux à l’île à compter de 1749, date de la fondation d'Halifax. Craignant pour leur sécurité, beaucoup d'Acadiens quittent Beaubassin, Pisiguit, Grand-Pré et Port-Royal vers l'Île Saint-Jean. Ainsi la population de l’île triple en l'espace de quatre ans, passant de 755 à 2.223. On estime qu'un autre 1 500 Acadiens ont pris refuge à l'île en 1755 alors que la Déportation débute en Acadie. MICHEL HACHÉ dit GALLANT ET
ANNE CORMIER
Michel Haché dit Gallant et Anne Cormier et leurs enfants constituent une des premières familles acadiennes à s'établir à l'Île Saint-Jean. Ils sont les ancêtres de tous les Haché et Gallant en Amérique du Nord. En 1720, Michel et Anne quittent Beaubassin (près d'Amberst, N .É.) avec onze de leurs douze enfants pour se rendre à Port-Lajoie. Sans doute le fait que Michel Haché sait lire et écrire le rend utile aux autorités françaises. Il devient capitaine de port et il possède une goélette qui s'appelle La Miscoudine. Le 10 avril 1737, Michel Haché tombe à travers la glace et se noie dans le port. Il est mort à l'âge de 75 ans environ. LES FOUILLES DE 1988 Au cours de l'été de 1988, une équipe d'archéologues du Service canadien des parcs a déterré la cave de ce qui aurait pu être la maison de la famille Haché dit Gallant à Port-Lajoie. Une fois un carré de dix mètres de gazon enlevé, la dépression de la cave et les vestiges de quelques charpentes carbonisées se sont manifestés. Tout ce qui reste de l'habitation est une couche noire d'environ dix centimètres de terre remplie de charbon de bois. Cette couche de cendres contenait beaucoup de fragments de verre à fenêtre et un nombre important de petits clous qui ont peut-être servi à attacher un revêtement de bois. Les fouilles ont mis à jour une grande quantité d'argile à briques et de débris de grès. IL se peut que ce soient les restes d'un foyer et d'une cheminée. Les quelques objets qui ont été déterrés dans la cave datent de l'époque de Michel Haché. Les archéologues ont découvert plusieurs pièces de monnaie, des jetons, des pierres à fusil et d'autres petits objets. Enfin, des fragments de terre cuite indiquaient la présence d'articles de cuisine provenant de la France, de l'Angleterre et de l'Allemagne. Marie-Anne
8 ans à bord du Violet, 10 décembre 1758 J'ai peur qu'on va périr. Ça fait trois jours que le bateau se fait brasser dans cette grosse tempête. L'eau n'arrête pas de rentrer dans la cale. Il y a de l'eau partout. On entend des gros craquements, comme si le bâtiment allait s'ouvrir et nous jeter à la mer. Ça fait plusieurs jours que personne ne dort. C'est terrible. On se fait trop brasser, on est tout trempé et il fait si froid! Des fois, je me ferme les yeux et je rêve que je suis encore chez mot à Havre Saint-Pierre. Je me vois courir dans les grosses dunes avec mes soeurs et mes cousines. Je vois Papa qui arrive de la pêche à la morue et Maman en train désherber le petit jardin. Tout a mal tourné au mois d'août. Un jour, des bateaux remplis de soldats anglais sont arrivés dans la baie. Ils étaient armés. Ils ont saisi tous nos bateaux et les fusils qu'ils ont pu trouver. Ils nous ont annoncé qu'ils avaient reçu l'ordre de nous transporter en France, parce que l'île Saint-Jean appartenait maintenant au roi de l'Angleterre. On était maintenant des prisonniers ! Plusieurs semaines plus tard, ils nous ont fait embarquer dans ce bâtiment. Il s'appelle le Violet. On était à peu près 300 personnes à bord quand on est parti, mais depuis il y en a beaucoup qui sont morts. J'ai perdu plusieurs de mes meilleures amies. J'ai vraiment peur que si la tempête ne se calme pas, on va tous disparaître ensemble.
*********************************************
Le Violet a coulé le 12 décembre 1758 dans la Manche, près des côtes de l'Angleterre. Il n'y a eu aucun survivant, Marie-Anne Oudy se trouvait à bord avec ses parents, ses frères et sœurs, sa grand-mère Marguerite Oudy, ses oncles et tantes et de nombreux cousins et cousines. Cette famille élargie comprenait plusieurs ménages. Dans ce naufrage disparaissaient donc tous les Oudy acadiens. Le clan Oudy demeurait là où se trouve aujourd'hui Greenwich, y inclus les terres qui font partie du Parc national du Canada de l'Île-du-Prince-Édouard LA PERTE DU DUKE WILLIAM
Le Duke William quitta Port-Lajoie à la fin du mois d'octobre de 1758 avec 300 prisonniers acadiens à bord. Le 13 décembre, le navire à sombré dans la Manche, Le capitaine Nicholls, les membres de l'équipage, l'abbé Girard et quatre Acadiens ont été les seuls survivants. La plupart des victimes étaient originaires de Pointe-Prime. L'extrait suivant du journal de bord décrit les efforts pour sauver le navire qui coule petit à petit: “Toutes les bailles mentionnées ci-dessus étaient maintenant rassemblées pour servir de marches. Les Acadiens et les Acadiennes y ont assisté et se sont comportés avec une détermination remarquable. Ensuite ils ont ouvert toutes les écoutilles de la cale et au fur et à mesure que l'eau montait dans la cale, ils ont rempli les bailles et les ont halées jusqu'au pont supérieur pour les vider par-dessus les hiloires. Avec les trois pompes qui fonctionnaient sans cesse et le travail pour écoper la salle aux fusils, cela a dû éliminer une grande quantité d'eau… Vers six heures du quatrième matin, les gens se sont présentés au capitaine pour lui annoncer qu'ils avaient tout fait en leur pouvoir, mais que le vaisseau était plein d'eau et que cela ne servirait plus à rien de pomper. Le capitaine leur a répondu qu'il savait qu'ils disaient la vérité et les a complimentés sur leur effort et leur application. Ensuite il a informé le prêtre de la situation en l'assurant que toutes les mesures pour sauver le bateau avaient été prises et que les gens avaient risqué leur vie en vain et que les ponts allaient sans doute éclater d'un moment à l'autre. Le prêtre paraissait confus; mais il est allé tout de suite donner l'absolution à ses ouailles. Il s'en est suivi une scène d'une grande tristesse. Des hommes forts et robustes en pleine santé se regardaient les uns les autres, larmes aux yeux, et se lamentaient sur leur condition malheureuse tout en se préparant pour la mort." ****************** « Les pauvres infortunés qui sont restés dans l'Île Saint-Jean sont dans un état d’extrême indolence et pauvreté tel que je n’en ai jamais vu dans ma vie. Leurs habitations sont pires que les wigwams des Indiens. N'ayant pas de pain, ils mangent surtout du poisson séché et de temps à autre un peu de viande salée qu’ils obtiennent en échange contre différentes sortes de gibiers. Cependant, même ces aliments manquent souvent, ce qui accroît considérablement leur détresse.» Lettre de l’arpenteur Samuel Holland à Lord Hillsborough, 4 mars 1765 LE RETOUR DANS L'ILE
De leur exil, un certain nombre de familles et d’individus reviennent éventuellement à l'Île où flotte désormais le drapeau britannique. Au début, plusieurs y viennent pour pêcher à l'emploi d'entrepreneurs anglais. Ces Acadiens et Acadiennes arrivent à l'Île de la baie des Chaleurs, du sud-est du Nouveau-Brunswick, des îles de la Madeleine, des îles Saint-Pierre et Miquelon et même de la France. Ils forment quelques petites communauté où les familles sont généralement unies par des liens de parenté. Entre-temps, l'Angleterre fait arpenter l'île par l'ingénieur Samuel Holland. Il la divise en 67 cantons. Ces derniers sont adjugés à des Britanniques influents qui doivent y amener des colons à qui ils loueront des terres. LE PROBLÈME DES TERRES
Les Acadiens devront se faire locataires des propriétaires britanniques pour demeurer dans la colonie. L'expérience s'avère pénible. Souvent incapables d'honorer leurs baux et parfois victimes de malhonnêteté, ils ont des rapports difficiles avec les propriétaires et leurs agents. Voilà pourquoi ils quittent à quelques reprises leurs terres pour recommencer le défrichage ailleurs. Éventuellement les Acadiens deviennent propriétaires terriens en bonne et due forme. LA PÊCHE
“Les Français sur la côte nord [ profitent de la pêche] et possèdent neuf-dixièmes des goélettes qui sont les seuls navires marchands de l’île. Ils ne se consacrent pas exclusivement à la pêche; ils font aussi l'agriculture. [...] D'une façon générale les goélettes des Français sont mal gréées; et pourtant, il leur arrive rarement une mésaventure parce qu'ils surveillent de près le temps dont ils ont une connaissance intuitive remarquable. Ils sont même capables de naviguer de longues distances sans compas.” Extrait du journal de 1803 de Thomas Douglas, comte de Selkirk, propriétaire du canton 57. Joseph Arsenault
21 ans Malpèque, île Saint-Jean, hiver 1765 Les Anglais m’appellent « Joe League and a Half ». C'est juste pour me taquiner. Ça fait une couple de fois qu'ils m'engagent parce que je connais bien les côtes de l’île. Je ne parle pas beaucoup l'anglais, maïs je sais au moins qu'une « lieue », c'est une « league » en anglais. Il y a une couple d'années, un Anglais au fort Amherst m'a demandé s'il pouvait m'engager comme pilote. Il voulait faire le tour de l'île pour faire un rapport au gouverneur à Halifax. Il était toujours à me demander comment loin qu'on était d’une telle place. Il paraît que je lui donnais toujours la même réponse, « a league and a half ». Ça le faisait bien rire. Ç'a pas pris de temps que lui et les autres gars ont commencé à m'appeler « Joe League and a Half ». Et le nom m'est resté. Même les Acadiens des alentours m'appellent comme ça asteure. Moi, je suis né ici sur la baie de Malpèque, il y a 21 ans. En 1757, notre communauté a été frappé par la picotte et de nombreux paroissiens en sont morts. Moi-même, j'ai perdu mes deux parents de cette terrible maladie. J'avais seulement 13 ans cette année-là. On était encore dans le deuil l'année suivante quand une autre tragédie nous a frappés. Au cours de l'été, on a eu la nouvelle que les Anglais avaient pris la forteresse de Louisbourg et qu'ils s'en venaient nous chasser de l'île. Les chefs de la paroisse se sont réunis. Ils ont décidé qu'on était mieux d'aller nous cacher sur la grande terre jusqu'à la fin de la guerre. Ç'a pris plusieurs voyages avec nos bateaux pour évacuer la soixantaine de familles de la paroisse de Malpèque. On a apporté avec nous la plupart de nos animaux. Moi, je suis seulement resté une couple d'années sur la grande terre. Il y a un monsieur David Higgins qui est venu nous engager pour faire la pêche à la morue pour lui l’été, Je pêche ici à Malpèque. Cet hiver, j'ai été engagé par un arpenteur, un monsieur Wright. Il avait besoin d’un guide pour lui et ses hommes qui sont ici pour arpenter la région pour le roi d'Angleterre. J'aurai 21 ans au mois d'avril. Il serait temps que je pense à me marier. Les filles sont rares par ici. Je devrai peut-être retourner sur la grande terre pour me trouver une femme. J'irai faire un tour par là l'automne prochain, après la pêche.
****************************************
Vers 1770, Joseph Arsenault a épousé Marie Richard à la pointe à Beauséjour (Aulac, N.-B.) Ils ont élevé leur famille de dix enfants à la Rivière-Platte, sur la baie de Malpèque. Joseph Arsenault est devenu un des principaux chefs de la communauté acadienne. Il est décédé à Baie-Egmont le 21 novembre 1833 à l'âge de 89 ans. Sa mort à été annoncée dans le Royal Gazette de Charlottetown et dans le Novascotian de Halifax, preuve qu'il était un homme bien connu et respecté chez les anglophones. On écrivait : « Il étant tenu en haute estime par tous ceux qui le connaissaient. il était un.homme honnête, accueillant et charitable » Ses descendants sont très nombreux à l'Île-du-Prince-Édouard, Parmi ses illustres descendants, on compte le premier Acadien à devenir premier ministre d'une province canadienne, soit l'honorable Aubin-Edmond Arsenault. qui a été premier ministre de l'Î-P-E. de 1917 à 1919, aussi l'honorable Joseph A. Bernard, le premier lieutenant-gouverneur acadien de l'Île, ainsi que la célèbre chanteuse Angèle Arsenault. Joseph
Arsenault et Madeleine Doiron
Madeleine Doiron
51 ans Rustico, île Saint-Jean, 1788 Il y a seulement quelques années depuis que je suis arrivée à Rustico avec mon mari Alexis et mes enfants. On s'est déplacé plusieurs fois avant de nous établir ici. J'avais seulement 16 ans quand j'ai épousé Alexis. Lui en avait 30. Il était veuf et père de trois garçons. On vivait à Grande-Anse quand les Anglais sont venus nous déporter en France. La traversée a été bien éprouvante. On a perdu deux des petits garçons du premier mariage de mon mari qui sont tombés malades. Et moi, j ai donné naissance à mon troisième enfant, François-Xavier, en plein mitan de l'océan. Le pauvre petit est mort quelques mois après qu'on a débarqué à Saint-Malo. Nous avons passé une douzaine d'années en France. D'abord à Saint-Énogat, pas loin de Saint-Malo, et ensuite à Belle-Île, près des côtes de la Bretagne. On faisait ce qu'on pouvait pour survivre, mais la vie était très dure. Et Alexis voulait revenir en Acadie. En 1772, nous avons donc décidé de quitter la France et on est revenu à l'île Saint-Jean. Un monsieur David Higgins nous a invités à nous établir sur ses terres à Trois-Rivières, dans le lot 59. Il a engagé Alexis et plusieurs autres Acadiens à travailler pour lui comme pêcheurs et bûcherons. Mais après quelques années, Higgins a connu des problèmes financiers. Là, on n'était plus certains de ce qui allait se passer. Nous avons donc décidé de venir nous établir ici, à Rustico. Jusqu'à présent, on est assez content. L'an passé, nous avons loué une terre de 200 acres du propriétaire du canton. J'espère que nous pourrons y rester jusqu'à la fin de notre vie. Je remercie le bon Dieu de m'avoir conservé la vie malgré toutes les grandes misères que nous avons connues. J'ai mis au monde 15 enfants : d'eux à la Grande-Anse, un sur l'océan, trois à Saint-Énogat, cing à Belle-Île-en-Mer et quatre à Trois-Rivières. Malheureusement, j'en ai perdu six. Mais je suis heureuse de vous dire que je suis entourée, ici à Rustico, de mes neuf enfants et de nombreux petits-enfants. UN PEUPLE À PART
Pendant le siècle qui suit la Déportation, les Acadiens se tiennent généralement à part de la société britannique de l’Île, composée principalement d’Anglais, d’Écossais et d’Irlandais. Ils se marient rarement à l’extérieur de leur groupe ethnique. Comme l’écrivait un Acadien en 1868 : « Le souvenir des souffrances que leurs ancêtres ont endurées à l’époque de la conquête de ces provinces par es Anglais et aussi par la suite, les empêche d’avoir des relations normales avec eux ». Les Acadiens forment donc une communauté rurale satisfaite de vivre repliée sur elle-même, Ils tiennent fort à leur langue, à leur costume traditionnel, à leurs fêtes populaires et à leurs traditions agricoles. « IL EST TEMPS DE SE RELEVER…
Aux Acadiens:Messieurs, — J'ai considéré, depuis quelque temps, notre position parmi les autres races de l'Île et je vois que nous sommes beaucoup en arrière sous plusieurs rapports. Nous n’occupons pas la place dans la société que nous devrions occuper comme les plus anciens habitants de l'Île. I! nous faut emprunter presque tous nos hommes publics de chez les autres. La plupart de nos membres et magistrats, tous nos avocats et docteurs, même nos prêtres sont de races étrangères, et si, dans les paroisses acadiennes, il y a de petits offices à occuper, ils sont tout de suite remplis par des Anglais […] Le manque d’ éducation causé par les injustes traitements de nos pères a été une des principales causes pour lesquelles nous sommes encore en arrière. Mais à présent, Messieurs, il est temps de se relever… Tignish, le 10 avril 1870. Un Acadien Lettre publiée dans le Summerside Journal, 1870 BANQUES AGRICOLES
“Tel est le nom par lequel on désigne les associations qui existent à l'Île-du-Prince-Édouard depuis nombre d'années déjà et qui y fonctionnent à merveille au grand avantage des fermiers. On sait avec quelle difficulté bon nombre de cultivateurs parviennent à se procurer leurs grains de semence le printemps. [...] Disons que cent, deux cents cultivateurs s'associent, mettent chacun l'équivalent de dix boisseaux d'avoine et en font un capital qui doit rester là. C’est peu de chose pour chacun. Le printemps les associés qui ont besoin de grain de semence l’obtiennent de la banque en s’engageant à rembourser à l'automne cinq boisseaux pour quatre. Cela forme un intérêt peu élevé dont l’emprunteur ne se ressent nullement. Cet intérêt est plus que suffisant pour payer les frais d'administration; le capital augmente donc chaque année au bénéfice des actionnaires de l'association.” Le Moniteur Acadien, 1880. ILS S’EN VONT
Dès le milieu du 19e siècle, les paroisses acadiennes sont surpeuplées et les emplois font défaut. Certains chefs encouragent les jeunes à aller s'établir dans de nouvelles colonies à l'extérieur de l'Île. De nombreuses familles se rendent au Québec, dans la Vallée de la Matapédia, et dans le sud-est du Nouveau-Brunswick, principalement à Rogersville, Adamsville et Saint-Paul-de-Kent. Les jeunes préfèrent cependant émigrer dans les centres industriels de la Nouvelle- Angleterre où les emplois sont abondants et où la vie est plus facile que celle du colon. Aux États-Unis, les Acadiens de l'Île se regroupent surtout dans les villes industrielles du Maine et du Massachusetts. ENFIN DES ÉCOLES FRANCOPHONES
D'UN BOUT À L'AUTRE DE L’ÎLE
Les parents et les organismes acadiens de l’Île-du-Prince-Édouard ont d'importantes luttes pour une éducation en français pour leurs enfants. Ces luttes ont même mené des parents de Summerside jusqu'à la Cour suprême du Canada. Dans la célèbre cause Arsenault-Cameron, la Cour suprême a reconnu en 2000 le droit des francophones en milieu minoritaire d’avoir accès à une école de langue française dans la communauté où ils habitent. Cette décision historique a eu un impact à l'échelle du Canada. La communauté acadienne et francophone de l’Île du Prince Edouard a désormais accès à six écoles de langue française réparties à travers la province UNE ÉCONOMIE DIVERSIFIÉE
L'économie des communautés acadiennes s'est grandement transformée au cours des années. L'industrie de la pêche demeure une industrie importante dans plusieurs régions, mais l'agriculture a graduellement perdu de son importance. Les coopératives jouent un rôle significatif dans la vie économique de plusieurs communautés. De nos jours, l'économie acadienne est grandement diversifiée et de plus en plus urbaine. Le secteur des services, la petite entreprise et la fonction publique constituent les principales sources d'emploi. |
Miscouche, Musée acadien-: patronymes de l'ouest de l'I.P.E. |
Miscouche, Musée acadien : patronymes de l'est de l'IPE |
Je choisis alors de
suivre la petite Route de la côte acadienne
(Étoile de mer) panoramique qui offre de belles
échappées sur le Northumberland Strait. On aperçoit
fort bien les arches du pont et la côte de l'I.P.E
formant une mince ligne gris-bleu à l'horizon nord,
tandis que le ciel progressivement envahi par des
bancs de nuage se pare de pourpre et d'or. Je roule tranquillement à la recherche d'un bivouac proche de la rive, tout en songeant à compléter mon plein d'eau. |
Route de la côte acadienne au crépuscule |
Port-Elgin : bivouac au bord de la rivière Gaspereaux |
Une borne encore alimentée dans
un grand camping vide et sans barrière fera
l'affaire près du Cap Tourmentine. Je roule encore
un trentaine de km avant de m'arrêter sur un grand
espace vide près du pont sur la rivière Gaspereaux à
Port Elgin.
Il est presque 19:00, la nuit tombe tout à fait. Je soupe, charge et traite les photos de la journée avant de me coucher pour retrouver un autre bout des aventures d'Anne de la maison aux pignons verts sur ma liseuse. |
Réveil vers 7:30 sous les gouttes de pluie frappant les lanterneaux. Le ciel est tout gris, mais la température (13°) reste très douce. Je commence par mettre à jour le carnet de bord abandonné pour Anne hier soir, elle est en pleine adolescence, s'assagit un peu et s'apprête à entrer au collège. J'ai hâte de voir comment se termine ce premier épisode de la saga parti sur les chapeaux de roue… | Port-Elgin : bivouac sous la pluie devant Gaspereau River |
Beaubassin : le lieu |
Je m'apprête à repartir, non sans faire un tour près d'un drapeau acadien flottant au dessus d'un monument et d'une plaque qui m'apprennent que je suis en fait sur l'emplacement du village acadien de Beaubassin, que celui-ci a été incendié en 1750 par un prêtre français pour obliger les habitants, pourtant prospères, à le quitter et gagner une autre terre appartenant à la France. Opération stratégique un peu bizarre qui méritera un poil d'enquête ! |
J'atteins ainsi Pictou qui s'attribue un rôle premier dans la naissance de la Nouvelle Écosse, puisque, port important, c'est là que sont arrivés les premiers colons écossais en provenance de Glasgow à bord de l'Hector, un petit voilier (flûte hollandaise). Nous en avions vu construire la réplique en 2000. Traversant les tissu urbain assez lâche où se voient beaucoup de maisons anciennes, je me rends directement sur le quai et aperçois la coque du navire désarmée et tirée au sec. | Pictou : Historic Hector Quay Le 15 septembre
1773, quelques 200 Écossais des Highlands
arrivèrent à bord du navire Hector. Ce fut
le début d'une vague d'émigration vers la Nouvelle
Écosse qui dura des décades. La persévérance des
colons qui obtinrent la liberté de posséder et de
prospérer sur leur propre terre a fait d'eux une
part fondamentale de l'histoire du Canada. Malgré
les risques ils bâtirent des communautés et
élevèrent leurs familles. En entendant parler des
premiers pionniers, des milliers d'immigrants
écossais les suivirent bientôt sur cette terre de
Nouvelle-Écosse. Le Hector Heritage Quay et la
réplique du Hector sont un tribut à leur courage
et aux liens de la Nouvelle Écosse avec la culture
de l'Écosse. Il sied donc que cet héritage soit
célébré à Pictou, "le Berceau de la Nouvelle
Écosse". (Stèle de granit apposée sur le quai)
|
Pictou : coque du Hector |
J'en suis un peu
étonné, quoique, pour l'hiver… mais un second regard
montre qu'après 20 ans la coque a énormément souffert,
et qu'il lui faudra une restauration majeure avant de
pouvoir reprendre la mer. Défaut de construction,
manque d'entretien, ou autre circonstance ? Il me
semble que les bateaux d'époque, autrement moins
choyés et exposés à des stress majeurs, avaient une
autre résistance… Un autre point à documenter. https://www.townofpictou.ca/assets/PDFs/Waterfront/HHQ-Final-Report-June-2019.pdf |
Quelques photos un peu mélancoliques dans la chaude lumière du soir, et je reprends la route en me donnant pour objectif d'étape le phare de Cape George, à une centaine de km juste en face de la côte ouest de l'île du Cap Breton. Le plein d'essence dans une grande station en quittant Pictou donne 10,96l/100 pour les 500 derniers kilomètres, ça s'améliore encore ! | Le soir tombe sur la Transcanadienne |
Bivouac au pied du phare de Cape George (le 3ème depuis 1861) |
Réveil tardif passé 9:00, j'aurais beaucoup et bien dormi, mais le temps très gris, humide qui limite la visibilité sur la mer devant moi n'a rien pour dynamiser ce début de journée... On devine à peine la côte de l'I.P.E. de l'autre côté du Northumberland Strait pourtant relativement étroit (entre 15 et 20 km). Le phare repris par la communauté de Cape George est parfaitement entretenu et le terrain alentour soigné; il se trouve assez haut sur le cap rocheux, ce qui lui confère une bonne visibilité dans son environnement sauvage de collines couverte de forêts et de landes. Effectivement on se croirait facilement en Écosse, et le coup d'oeil serait superlatif si le soleil et le grand ciel bleu des derniers jours étaient présents… |
Après quelque photos,
remettant à plus tard douche et déjeuner je prends la
direction d'Antigonish qui sera ma dernière étape avant
d'aborder l'île du Cap Breton. La petite route serpente en suivant plus ou moins le tracé du rivage, montant et descendant sans arrêt, et offrant quelques vues pittoresques sur les Coves (Anses) où niche parfois un petit port tout semblable à ceux aperçu durant les dernières semaines. Entre chaque anse, une forêt assez dense de feuillus que l'automne maintenant bien présent pare de toute la palette des verts pâles aux rouges lie de vin, en passant par les jaunes, orange et rouge sang. Malheureusement la lumière terne leur enlève leur éclat incomparable sous les rayons du soleil. |
Ballantynes Cove |
Antigonish : la gare de 1908 maintenant musée régional |
À Antigonish je vais
m'arrêter sur le stationnement de l'ancienne petite
gare, charmante, maintenant convertie en Antigonish
Heritage Museum, où je déjeune, appelle Monique qui m'a
laissé des messages ne pouvant me rejoindre faute de
signal, puis tente de présenter à mon frère Gilles mes
voeux d'anniversaire. Mais là c'est lui qui n'est pas
rejoignable… Une tentative de visite du petit musée s'avérera vaine, car par ce temps de Covid, il faut prendre rendez-vous pour qu'on vous ouvre la porte… Je profiterai de ce petit délai pour brancher la tondeuse et me désépaissir un peu la toison qui me sert de coiffure et devient incontrôlable… |
Je finis par atteindre la Digue de Canso qui réunit l'île au continent. Je passe aussitôt à l'Info tourisme pour prendre le maximum de documentation sur mon objectif, le Parc national des Hautes Terres du Cap Breton. On me demande d'abord de présenter une autre fois mes preuves de vaccination, puis on me remet les mêmes guides et cartes qu'à l'entrée dans la province… guide fort incomplet, essentiellement commercial, inexact quant aux dates de fermeture et en fin de compte peu utile. Je me débrouillerai avec les informations dont je dispose, de toute façon il n'y a qu'une route qui fasse le tour de la partie Nord de l'île en longeant la côte et menant au Parc national des Hautes Terres du cap Breton (Route 19). | Sur la digue du Détroit de Canso |
Troy : vue sur le Détroit de Canso |
C'est une belle route
panoramique qui offre de nombreux points de vue sur la
baie d'abord, puis de plus en plus sur le Détroit de
Northumberland. Mais la visibilité ne s'améliore guère
et j'ai peine à deviner la ligne ténue de l'I.P.E. à
l'horizon. Longue pause juste après Troy pour profiter
d'un coup de soleil sur une halte du Chemin côtier
celtique, superbement aménagé sur l'ancienne voie
ferrée qui longeait la côte jusqu'à Inverness, et
desservait ports et mines maintenant abandonnées. Ce
paysage a décidément du caractère, comme toujours
lorsqu'un relief soutenu s'allie à la grande étendue
maritime. Hélas le ciel se ferme de nouveau et la pluie
se met de la partie… Avant de repartir j'appelle Gilles que je rejoins cette fois et prends des nouvelles de sa santé à l'orée de sa 72ème année. |
Faisant le tour des
quelques rues du village, je tombe sur un belvédère
donnant sur la mer à l'écart de la route : je ne pense
pas qu'avec ce temps j'y sois beaucoup dérangé cette
nuit. Je m'y installe dès 17:30. La pluie se remet franchement de la partie, je plonge dans mon ordi où je charge les photos, calfeutre les ouvertures pour conserver la chaleur, et complète le carnet de route avant de souper légèrement d'une soupe à l'oignon enrichie de Cheddar râpé et de croutons. Un yogourt dans lequel je disperserai quelques blueberries (bleuets) cueillis au passage chez un petit producteur au bord de la route, et je pourrai me mettre au lit en espérant que la prédiction d'une belle journée à venir faite par l'hôtesse de l'Info Tourisme ce matin se réalisera. |
Bivouac devant l'île de Port Hoood |
Port Hood : bivouac au matin sous l'éclaircie |
Réveil à 8:15 après une fort bonne
nuit : il n'a pas plu cette fois, et le vente reste
modéré. En revanche le ciel est loin d'être bleu, et
je devrai me contenter pour cette journée de quelques
belles éclaircies.
|
Décollage à 9:15 pour parcourir aujourd'hui une partie du Parc national qui occupe la partie nord de l'île. Route rurale vallonnée dans un premier temps, plutôt à l'intérieur des terres jusqu'à Inverness, puis superbes vues sur la vallée de la Margaree lorsque j'en longe le cours pour descendre vers la mer. La route sera beaucoup plus accidentée jusqu'à Chéticamp, et les pentes présentent une palette mordorée superbe qui resplendit encore plus lorsqu'un rayon de soleil vient tout amplifier. | Margaree River |
Vue vers le nord depuis le belvédère de Margaree en direction de Chéticamp |
Quelques hameaux aux noms
francophones indiquent que ce fut là le refuge de
quelques acadiens (Terre Noire, Cap Le Moine, St
Joseph du Moine, Grand étang…) mais presque toutes les
annonces sur les panneaux, boutiques et autres
publicités sont en anglais, parfois bilingues et
jamais unilingues français… La francophonie semble
bien ici sur ses derniers milles, et me parait plus un
argument commercial un peu superficiel qu'une réalité
liée à une sentiment identitaire ou une fière
appartenance nationale.
|
À l'écart des enseignes tapageuses qui décorent la Grande Rue, pardon la Main Street, je m'engage sur les quais du port de pêche qui semble très actif ici, même si la saison touche à sa fin. Dans ces grands espaces vides, je profite du soleil brillant et de la température agréable pour sortir mon petit aspirateur et tenter d'extraire le maximum de poussière du tapis qui s'est beaucoup encrassé depuis mon départ. Je ne pense pas que je garderai ce genre de revêtement de sol qui, bien qu'agréable au pied, est trop difficile à entretenir et risque de stimuler des allergies auxquelles je ne suis déjà que trop sujet. | Sur le quai du port de Chéticamp |
Parc national du
Cap-Breton : Grande Falaise
|
Aussitôt passée la guérite, la route, excellente, devient montueuse, grimpe en corniche et offre des belvédères donnant des vues spectaculaires sur la côte, à commencer par celui de Cap-Rouge. |
Un autre suit quelques km loin, avec son émouvante stèle consacrée aux anciens combattants et une autre vue superbe sur la côte. Une forte pente - aïe la conso grimpe en flèche elle aussi ! - à 11% et je me retrouve 400 m plus haut sur French Mountain. | Parc national du Cap-Breton : près de Corney-Brook Trail, vers le sud |
C'est de là que part le Skyline
Trail. Beaucoup de monde sur le parking où je
commence par manger, avant de me lancer sur le
sentier en fin de compte facile et parfaitement
aménagé, mais assez long puisqu'il me fera parcourir
près de 9 km.
|
Paysage le plus souvent inattendu, car la forêt originale a en grande partie disparu pour laisser la place à une savane de hautes herbes jaunes : les épinettes ont été ravagées par une invasion de tordeuse (chenille qui dévore cet arbre) et les jeunes bouleaux qui devaient les remplacer ont été à leur tour dévorés par les orignaux que l'on a réintroduit dans leur parc suite à leur presque totale extinction, et que cette manne a fait se multiplier ! Avant qu'un nouvel équilibre se fasse et que la forêt retrouve ses droits, il risque de se passer du temps ! Il reste que cet environnement un peu inattendu dans la région est loin d'être déplaisant, avec sa petite touche exotique - où sont les lions et les zèbres ? | Parc national du Cap-Breton : la savane créée par les orignaux sur Skyline Trail |
Parc national du Cap-Breton, Skyline Trail : vue sur Cabot Trail au sud |
Mais surtout c'est l'arrière plan maritime presque toujours présent qui donne son intérêt à la balade, d'autant plus que plusieurs belvédères judicieusement placés donnent accès à des vues grandioses sur les collines, la côte et l'Océan. Sur tout cela une lumière variable avec quelques éclaircies à travers le plafond nuageux, aucune précipitation et un vent frais si supportable que je finis par enlever mon coupe-vent sous lequel je suis en nage avec ce bel exercice. |
Niché
au pied du mont MacKenzie, Fishing Cove repose à 335
mètres (1,000 pieds) de l'endroit où vous vous
trouvez actuellement. À une certaine époque, une
communauté prospère d'agriculteurs et de pêcheurs
habitait cet endroit isolé et y exploitait une
conserverie de homard. Les pionniers écossais qui
s'y étaient établis pêchaient le homard et la morue
dans les eaux du golfe et s’approvisionnaient en
faisant du commerce avec Chéticamp. En 1915, les descendants de ces familles de pionniers, soit les Frasers, les Hinkley, les MacKinnon et les McRae avaient tous quitté ce coin sauvage et s'étaient installés dans les communautés environnantes. |
Fishing Cove |
Puis une descente très rapide en quelques amples épingles à cheveux me ramène au niveau de la mer. | Descente sur Pleasant Bay |
Bivouac à Pleasant Bay Harbour |
Ciel très bas et
bruine sur le parebrise au lever à 7:45… J'ai bien peur
que mon excursion du côté de Bay St-Lawrence, sur la
côte nord de l'île soit à l'eau… Hier soir fin de la
lecture du 2ème tome de Anne aux pignons verts : pas de
surprise cette fois-ci, mais le déroulement de la vie de
la petite institutrice à Avonlea continue d'être plein
de charme… Je lance un peu le chauffage pour déjeuner et prendre ma douche, puis quitte mon bivouac, toujours aussi désert, pour aller jeter un coup d'oeil à la mer. |
Beau point de vue sur la plage et les falaises de part et d'autre, qu'est en train de contempler une guide - québécoise - du Parc tout juste sortie de son camping-car qui lui sert de logement pendant la saison où elle vient travailler ici. Nous engageons la conversation, elle m'apprend qu'elle aussi voyage beaucoup avec son mari qui prépare justement un itinéraire en Normandie… | Pleasant Bay Harbour : plage de galets vers l'est |
Lorsqu'elle part pour rejoindre
son poste, je peux enfin achever de me préparer, et
reprends la route qui vire vers l'intérieur des
terres pour entrer à nouveau dans le parc. Dommage
que la lumière soit si faible, car la palette des
couleurs me semble s'être encore enrichie et
intensifiée depuis hier. C'est probablement parce
que je longe maintenant la faille d'Aspy qui a
conservé intacte sa couverture de forêt primaire de
feuillus : bouleaux, hêtres et surtout érables qui
sont en train de virer au rouge vif.
|
Retour dans le Parc national du Cap-Breton |
Lone Shieling : extérieur de la cabane de berger |
J'apprendrai plus loin que c'est cette végétation particulière qui a motivé la création du parc que la route ne fait qu'effleurer. Un Pr Donald S. MacIntosh légua une centaine d'acres de ces terres au gouvernement de Nouvelle Écosse, sous condition qu'on y élevât un cabane de berger écossaise (pierre et chaume), le Lone Shieling où je m'arrêterai pour une petite visite. |
Lone Shieling : toit en chaume et cloisonnage intérieur |
Lone Shieling : la rivière Grande Anse |
Lone Shieling : la forêt primaire climacique |
Belle occasion aussi
pour parcourir le sentier de quelques centaines de
mètres qui sinue sous les grands arbres magnifiques,
irrigués par un torrent du plus joli effet.
Anne-Shirley (des Pignons verts) aurait adoré ! Je ne me lancerai pourtant sur aucun autre sentier, le temps trop humide et la longueur des parcours ne me tentant guère. La route longe alors la faille Aspy, quelques superbes belvédères répondront à ma soif de découvertes, tandis que les panneaux explicatifs habituels au parc suffiront à répondre à ma curiosité. |
Belvédère sur la Faille Aspy |
Belvédère de la Faille Aspy : explications |
Belvédère de la Faille Aspy : le vallée suspendue |
Beulach Ban Falls |
Dernière balade de ce côté-ci du
Parc jusqu'au Beulach Ban Falls. Quelques filets
d'eau - trop rare, pourtant avec tout ce qui tombe
du ciel ! - tracent leurs arabesques sur le profil
mouvementé de la falaise encadré par les arbres
dorés. Je tente bien de poursuivre la longue balade
vers la faille Aspy, mais renonce bientôt, trop
mouillé par les gouttes qui filtrent à travers le
feuillage du joli sentier.
|
St-Margaret Village, au dessus du port de Bay St. Lawrence |
La pluie cessant à peu près totalement et la lumière augmentant, je donne suite à mon projet de monter jusqu'à Bay St Lawrence, au centre de la vaste échancrure faisant face au Golfe du St-Laurent au nord. La petite route suit la mer avec quelques belles vues sur North Harbour fermé par un long cordon littoral, puis franchit quelques contreforts rocheux avant d'aller s'arrêter sur le quai du petit port de pêche fort semblable à ceux que je parcours depuis deux semaines. |
Large vue sur l'étendue océane, les falaises rocheuses à pic qui encadrent largement le site, et une colonie de cormoran qui jacasse et se sèche les ailes sur un môle devant le chenal. | Bay St. Lawrence : les falaises côté est |
Cabot Landing : Sugar Loaf |
Il ne me reste qu'à prendre le chemin du retour, sous un ciel qui commence enfin à s'éclaircir lorsque je passe sous l'éminence colorée du Sugar Loaf, juste au dessus du Cabot Landing. J'ai bien du mal à en découvrir la petite route d'accès qu'aucun panneau ne signale. |
Agréable point de vue sur la plage et la côte rocheuses maintenant éclairée par le soleil. Je jette un œil au petit monument commémorant le débarquement supposé de l'explorateur génois Giovanni Caboto aux ordres du roi d'Angleterre Henry VII en juin 1497. |
Cabot Landing : la plaque officielle |
Événement mis en
doute par bien des historiens, mais dont la couronne
britannique se prévalut pour réclamer la domination de
ces territoires et plus tard les disputer aux
Français. Reste une belle expédition sur un tout petit
navire (80 tonnes), le Matthew, avec seulement
20 hommes d'équipage. |
Je rejoins le Cabot Trail à Cape North, pour rentrer bientôt dans le Parc à South Harbour. Le paysage devient plus riant, les rayons du soleil maintenant bien présents y sont sûrement pour quelques chose ! Je choisis d'emprunter la toute petite route du littoral (Coastal Loop), elle m'offrira quelques superbes points de vue sur les anses et les rochers au fil de ses virages et de ses montées set descentes continuelles. | Coastal Loop |
Lakies Head vers le sud |
Une autre vingtaine
de kilomètres de parc parfaitement protégé en bord de
mer offrent quelques très beaux point de vue sur les
anses et les caps très rocheux - Lakies Head entre
autres - où un vieil indien accompagné de sa
femme Mi'kmaw m'aborde pour échanger quelques mots
aimables, mais que j'ai bien du mal à comprendre… |
Enfin je sors du
parc sauvage en arrivant à Ingonish dont le toponyme
s'applique à plusieurs site : un premier village
Ingonish, la North Bay Ingonish, Ingonish Centre, une
langue de terre séparant la première baie d'une
deuxième South Bay Ingonish, Ingonish Beach, Ingonish
Harbour et enfin Ingonish Ferry. Au fur et à mesure que défilent les quelques magasins, restaurants, etc. dispersés le long de la route je cherche en vain une station service pour faire le plein, l'aiguille de la jauge d'essence se rapprochant rapidement du rouge. Je n'aperçoit qu'une seule pompe, au tarif exorbitant d'1,499 $ le litre ! Après quelques calculs rapides, je décide que je devrais avoir assez du précieux liquide pour me rendre jusqu'à Baddeck, mon étape de ce soir. Je me contenterai de faire le plein d'eau sur la douche de la plage superbement équipée par Parcs Canada, puis poursuis vers le sud. |
Ingonish, en direction du Cap Smokey |
Ingonish
River éclatante sous le soleil du soir
|
Très jolie vue colorée en passant Ingonish River, avant d'attaquer la longue escalade très raide du Mont Smokey (je sens mon moteur avaler goulument l'essence qui se raréfie…). |
Bivouac sur le quai de Baddeck |
Pas de circulation
avant 7:30, donc nuit reposante, lever paisible mais
sous la grisaille. Décidément j'ai eu de la chance avec
mon tour de l'I.P.E. ! Une fois levé, douché et déjeuner
expédié, je fais quelques photos de mon environment de
bord de lac, en particulier de la statue d'Alexander et
de sa femme Mabel Hubbard Bell, puis gagne le grand
centre d'Interprétation de Parc Canada consacré à
Alexander Graham Bell. Le grand inventeur s'était fait construire une superbe résidence d'été au bord du lac en face du village - il habitait Boston. Il a par la suite fait sur le Bras d'Or toutes sortes d'expériences plus créatives les unes que les autres. |
Mabel Hubbard-Bell et Alexander Graham Bell sur le quai de Baddeck |
Baddeck : monument au Silver Dart |
Baddeck : plaque commémorant le 1er vol motorisé au Canada |
Je photographie aussi
nombre de citations ou d'indications biographiques à
propos d'Alexander G. Bell qui, par plusieurs côtés
(dont l'époque) me font penser à Gabriel Veyre. Des enfants de Jules Verne qui, une fois bien lancée une première innovation source de revenus à long terme (le téléphone d'un côté, l'automobile de l'autre), utilisent le reste de leur vie à créer, essayer, inventer, chercher au gré de leurs fantaisies ou de leur inspiration. |
Baddeck : l'histoire du graphophone |
Baddeck : le graphophone |
Je prends alors la route qui doit me faire quitter l'île du Cap Breton en ralliant la digue franchissant le détroit de Canso. Plus question de faire du tourisme, de toute façon les attractions sont rares et la lumière des plus ternes enlève leur séduction aux paysages. Je roulerai donc tout l'après-midi, ne m'arrêtant qu'une petite heure pour déjeuner à l'écart de la circulation sur le vaste parvis d'une petite église de campagne toute blanche. La Rte 105 se poursuit en longues courbes bien redressées sur un pavage assez régulier. | Cap Breton : sur la route vers Canso |
Amherst : bivouac devant un parc sur le stationnement d'un Centre comunautaire |
Décollage dès mon lever à 8:30, lorsque les employées du Centre commencent à stationner autour de moi. Ciel variable, d'abord agréablement ensoleillé mais qui ne tardera pas malheureusement à se couvrir. Je rattrape la Transcanadienne à la sortie de la ville et passe au Nouveau-Brunswick, sans aucune formalité cette fois-ci. |
Une cinquantaine de km
rapides et je sors vers le village de Memramcook pour
aller visiter le Monument Lefebvre National Historic Site.
Partie la plus ancienne du College St Joseph fondé en 1864
et haut lieu de culture des élites acadiennes, c'est
là qu'eut lieu dès 1861 la Première Convention
nationale des Acadiens. Après déjeuner et douche dans le grand parking vide, suit la visite. Mais lorsque je me présente à la porte du vénérable bâtiment, une affichette indique "Fermé dimanche et lundi". Voilà mon projet de visite à l'eau ! Les activités intéressante ne sont pourtant pas si nombreuses dans la région… |
Memramcook : le Monument Lefebvre |
Moncton : le Palais de justice |
La traversée de
Moncton confirme le manque d'intérêt que présente la
ville «capitale des Acadiens du N.B», je n'arrive même
pas à trouver un bureau du tourisme ouvert pour me
procurer une carte routière de la province. Les quelques
bâtiments aperçus en passant ne brillent ni par leur
esthétique ni par leur originalité, le Palais de Justice
quant à lui se démarquant par sa hideur (grands blocs
aux lignes anguleuses et semblant empilées en tous sens,
pierre verdâtre et noirâtre). |
En sortie j'emprunte le long pont qui franchit la rivière Petitcodiac, que la marée haute remplit au ras des berges, puis enfile la « Route du Littoral» qui vagabonde de côtes en descentes et en incessants virages longeant le cours de la rivière. Celle-ci s'élargit considérablement en approchant de son estuaire dans la Baie de Chignecto qui constitue elle-même le fond de la Baie de Fundy. C'est dire que la marée s'y fait fortement sentir, l'eau montant de 7 m aux 6 heures, et la petite rivière atteignant 1,6 km de large en sortie de Moncton. | Hopewell Cape : la Baie de Fundy à l'horizon |
Hopewell Cape : plan du parc |
Enfin après un heure
de ce gymkhana tranquille j'arrive au Parc provincial
mettant en valeur les rochers érodés par les fortes
marées. Après un premier stationnement où je trouve
quelques voitures laissées par des visiteurs, je
franchis à pied en les contournant les barrières sur le
large chemin menant au Centre d'interprétation fermé
pour la saison. |
Hopewell Cape : Anse des escaliers, l'Arche des Amoureux |
Hopewell Cape : Rocher de l'Ours |
Je poursuis le sentier longeant la côte et, au bout de la promenade, je trouve une longue rampe qui m'amène au niveau de la plage. En me faufilant sur l'étroite bande de sable et de rocher encore mouillée que la marée descendante a dégagé au pied de la falaise plus ou moins ruiniforme, je passe un petit cap et découvre plusieurs des fameux «pots de fleurs» caractéristiques du site. | Hopewell Cape : les Pots de fleurs (Flower Pots Rocks) |
Hopewell Cape : les Pots de fleurs (Flower Pots Rocks) |
Quelle étrange construction de la nature que ces hauts cylindres de roche brune amincis à leur base par le mouvement de l'eau et portant à leur sommet des bouquets d'épinettes relativement bien développées ! Plusieurs se profilent ainsi, sombre à contrejour sur le ciel nuageux clair. |
Hopewell Cape : Les Pots de fleurs |
La falaise elle-même montre de multiples évidements là où d'autres monolithes sont en formation, et de profondes cavernes percent la paroi, jusqu'à leur effondrement sous l'effet de l'érosion manifestement très active. D'où les nombreux avertissement de se tenir à l'écart… Je n'irai pas bien loin, car la mer encore haute rend le passage difficile et je n'ose pas trop patauger avec mes sandales. Il faudrait revenir à marée basse et en bottes pour profiter au maximum de ce site étrange qui offre aussi une belle exploration du fond sous-marin découvert, flore et faune, vantée par les naturalistes au service du parc, bien évidemment absents aujourd'hui. | Hopewell Cape : grotte dans la falaise de grès |
Memramcook : plaque devant le Monument Lefebvre |
Meramcook, Monument Lefebvre : sculpture à l'entrée du Musée acadien |
Auparavant la journée aura bien commencé sur mon coin du stationnement vide du Monument Lefebvre. Je me prépare tranquillement, entame une longue discussions pleine d'enseignements avec un jeune femme qui arrive vers 9:30 et viens travailler au centre de documentation. Originaire d'Ottawa, elle a beaucoup visité les Maritimes et semble très connaissante de la dimension acadienne. J'achève mon café et la suis dans les vieux murs. Là aussi je suis accueilli par un homme dans la cinquantaine qui vient de lâcher son boulot de technicien en laboratoire à l'Université de Moncton où, dit-il, on le surchargeait de travail. Il se trouve très heureux de ce nouveau poste d'accueil et de relations publiques au Monument Lefebvre. Très disert, il ne ne s'interrompra que lorsque je lui demanderai mon billet pour aller visiter la grande exposition qui occupe le rez-de-chaussée de la bâtisse. |
Quelques vignettes de
l'exposition
Les origines du peuple acadien La plupart des Acadiens sont les descendants d’environ 50 familles d’origine française qui se sont établies en Acadie entre 1636 et 1650. Ces familles et quelques autres familles arrivées au cours des années suivantes forment la souche du peuple acadien. En moins de quelques générations, leurs descendants commencent à se considérer comme un peuple distinct, les Acadiens et les Acadiennes, colonisateurs de l’Acadie. Les familles acadiennes sont surtout d’origine française, mais il y a des exceptions. Bien que peu nombreuses, il y a des familles d’origine basque, espagnole et portugaise. Il se trouve également des familles d’origine irlandaise, anglaise, écossaise, flamande et croate. En outre, certains Acadiens sont les descendants de plusieurs mariages entre Français et femmes des Premières Nations, y compris des femmes d’origine mi’kmaq, abénaqui et peut-être malécite. Coincée entre deux empires Pendant plus d’un siècle, les Acadiens survivent et prospèrent en Acadie grâce à leur ingéniosité, leur présence d’esprit et leurs liens familiaux. Ils y parviennent pendant que la France et la Grande-Bretagne se livrent bataille pour la maîtrise du territoire. L’Acadie est au centre du conflit parce qu’elle est un territoire limitrophe stratégique calé entre la Nouvelle-France et la Nouvelle-Angleterre. Elle donne accès aux grandes routes du commerce et aux pêcheries de l’Atlantique Nord, ainsi qu’au golfe du Saint-Laurent et à la traite des fourrures. Dès le début des années 1700, le peuple acadien est bien enraciné en Acadie. Il a sa propre identité et son mode de vie particulier, et ses villages où rayonnent les familles se retrouvent aux quatre coins de l’Acadie. Prélude à la crise Le Traité d’Utrecht de 1713 met fin officiellement à la domination française en Acadie, qui s’appelle désormais la Nouvelle-Écosse. Par la fondation de Halifax en 1749, les Britanniques tentent de maîtriser le territoire et d’y installer des sujets protestants « loyaux ». En outre, les Britanniques tentent d’obtenir des Acadiens qu’ils prêtent serment d’allégeance, et ce sans condition. Entre-temps, les Français consolident leur position dans le territoire qui est aujourd’hui le Nouveau-Brunswick en y construisant le fort Beauséjour. Les Acadiens se retrouvent coincés entre la France et la Grande-Bretagne, tandis que la Nouvelle-Angleterre les voit comme une menace constante. Les Acadiens refusent obstinément de prêter serment à moins que leur allégeance ne garantisse leur neutralité. Lorsque les Britanniques capturent le fort Beauséjour en 1755, ils commencent à mettre à exécution un plan qui sera désastreux pour les Acadiens. La déportation Parce qu’il est coincé entre deux empires qui s’affrontent, le peuple acadien paye le prix suprême : la déportation. D’une société florissante qu’ils étaient, les Acadiens deviennent des exilés dépossédés, dépourvus d’une patrie. Des familles étendues, unies par des liens très serrés, sont séparées, la plupart à tout jamais. Les soldats britanniques et les soldats de la Nouvelle-Angleterre réduisent en cendres des villages acadiens vieux de plusieurs générations. Entassés sur des bateaux, les Acadiens endurent des conditions lamentables; ainsi les tempêtes, la pénurie de nourriture, l’eau croupie, les maladies contagieuses et des conditions déplorables entraînent la mort de plusieurs en mer. Des navires transportant des Acadiens coulent, noyant tous les occupants à leur bord. De nombreux Acadiens échappent à la déportation et organisent une résistance face à l’agresseur. Ainsi, les prisonniers à bord d’un navire s’en emparent et réussissent à s’échapper. D’autres encore s’enfuient dans les bois où la famine et toutes sortes d'épreuves les font beaucoup souffrir. Malheureusement, un grand nombre de ces réfugiés et résistants meurent ou sont capturés et déportés. En 1755, environ 6 500 Acadiens sont déportés des territoires qui représentent ce qui est aujourd’hui la Nouvelle-Écosse continentale et la partie sud du Nouveau-Brunswick. On les fait débarquer dans des ports du Massachusetts jusqu’en Géorgie. Ils deviennent une minorité catholique de langue française au milieu d’une majorité protestante hostile et de langue anglaise. Plus de 3 000 autres Acadiens sont déportés entre 1755 et 1763. En 1758, lorsque les Britanniques s'emparent de Louisbourg qui est alors une possession française, les Acadiens qui avaient fui vers ce que sont aujourd’hui le Cap-Breton et l’Île-du-Prince-Édouard sont déportés en France et en Angleterre. Parmi les Acadiens qui restent, certains s’enfuient vers le Québec et les iles de Saint-Pierre et Miquelon tandis que d’autres sont emprisonnés dans des forts britanniques en Nouvelle-Écosse. D’autres encore s’enfuient vers les rives de la rivière Miramichi dans le nord du Nouveau-Brunswick; toutefois, un certain nombre sont finalement capturés et déportés à leur tour. |
Dans les derniers tableaux l'accent est mis sur la créativité et la joie de vivre des Acadiens, que ce soit dans le domaine des affaires que dans celui des Arts (de la scène plus spécifiquement : théâtre, musique, etc.). | Monument Lefebvre : courtepointe illustrant le mode de vie traditionnel acadien |
La salle de spectacle du Monument Lefebvre |
Avant de sortir je
vais jeter un oeil à la grande salle de spectacle qui
occupe tout le deuxième étage, et me fait penser,
toutes proportions gardées, au rôle joué par la Salle
de la musique catalane à Barcelone. Même revendication
nationale, même lutte pour le reconnaissance, même
richesse de l'art populaire, même forme circulaire
signifiant le désir de communion. Je note aussi à la boutique la référence d'un bouquin récent à propos de la collaboration souhaitable et nécessaire de l'Acadie avec le Québec et ses revendications d'affranchissement tant culturel qu'économique. |
Fredericton : droit devant, Beaverbrook Gallery en travaux et fermée |
Le GPS me mène
directement au centre du downtown de la petite
capitale, et je stationne entre la Chambre législative
et le grand théâtre. La Galerie d'art de Lord
Beaverbrook est juste en face, mais comble de
malchance, elle est clôturée et inaccessible depuis
plusieurs mois pour rénovations majeures… Je ne pourrai donc y admirer les deux œuvres vedettes : le Santiago el Grande, de Salvador Dali, et Fountain of Indolence par J. M. W. Turner, à côté d'une brochette d'autres chefs-d’œuvre que possède cette fameuse galerie. |
Gallery Beaverbrook : Santiago el Grande par Salvador Dali (1957) |
Gallery Beaverbrook : Fountain of Indolence par J. M. W. Turner |
La Palais législatif où le G.V
signale un bel escalier est lui aussi en travaux et
de toute façon maintenant fermé, reste la petite
cathédrale Christ Church, néo-gothique, isolée au
milieu de son green. Très anglaise - ce serait une
copie de St. Mary's Church, Snettisham, Norfolk -
elle ne manque pas de charme, et son intérieur vaut
largement le détour : ambiance romantique à souhait,
belles proportions, chœur avec stalles de chêne
sombre sculpté, vitraux fort bien réalisés, orgue
Casavant de belles proportions, pierres tombales en
forme de gisant du premier évêque et fondateur… On
se croirait vraiment transporté dans une petite
ville du sud de l'Angleterre. J'y traine un moment,
puis fais le tour du bâtiment entouré d'un vaste
dégagement arboré de chênes centenaires.
|
Fredericton : cathédrale Christ Church sous les arbres au milieu de son green |
Nef de la cathédrale Christ Church |
Les fonts baptismaux ont été taillés en pierre de Caen par M. Rowe, maître maçon de la cathédrale d'Exeter, en Angleterre, en 1852. Leur forme octogonale évoque le symbole chrétien de la régénération. |
Stalles du chœur de la cathédrale Christ Church |
Vitrail du chœur de la cathédrale Christ Church |
Fredericton : vitrail de façade de Christ Church Cathedral |
Fredericton : façade de la cathédrale Christ Church |
Ensuite il ne reste pas grand chose d'autre à découvrir que le Grand Théâtre aux proportions relativement modestes mais élégantes, et la façade du Palais des congrès joliment incurvée. Quelques pas sur la rue King qui fait office de rue principale, un petit détour vers la Place des Officiers (Officer's Square) nue et vide, puis vers le large lit de la Rivière St-Jean qui écoule son flot paisible bordé d'un sentier pour randonneurs et vélos, et je retrouve avec plaisir la chaleur de mon ProMaster, car la fraîcheur de cette fin de journée maussade se fait sentir. | Fredericton : le Théâtre et l'Assemblée législative |
Vallée de la St-Jean avant Woodstock |
Je décide de me rendre le plus loin possible vers le nord avant que la nuit ne tombe, i. e. vers 18:30. Je remonterai donc le cours de la Saint-Jean sur la Transcanadienne facile et rapide, mais toujours aussi accidentée, où je reprends ma conduite économique. Quelques beaux dégagements - trop rares - sur d'amples courbes de la rivière, viennent rompre la monotonie d'une région essentiellement boisée où les couleurs de l'automne apportent des taches fauves aux côtés du vert sombre des épinettes ou des sapins baumiers (l'arbre emblème du Nouveau-Brunswick). |
Lever à 7:30, déjeuner après qu'une demi-heure de chauffage ait ramené la température de l'habitacle à un confortable 20° (il fait 7° dehors), à 8:10 je suis sur la route en remettant la douche à plus tard. Dans la lumière blafarde je fais quelques photos du plus long pont du monde, puis le traverse en admirant l'interminable charpente intérieure qui en soutient le toit. | Hartland : bivouac près du pont |
Près d'Hartland, maison de colon loyaliste |
Le GPS me fait emprunter ensuite l'ancienne route qui suit au plus près la rivière, en donnant plusieurs larges points de vue qui seraient plus agréables si la lumière était au rendez-vous. |
Puis je réintègre
l'autoroute pour deux bonnes heures de roulage identique
à celui d'hier, la forêt s'étendant à perte de vue de
chaque côté de la voie rapide. Peu de trafic, une
majorité de gros camions filant à 100 km/h me doublent
dans le ronflement de leur gros moteur, une vrai usine !
tandis que je roule autour de 80 km/h : moins de bruit,
moins d'essence, moins de stress et plus de paysage. |
Sur la Transcanadienne, en remontant la Vallée de la St-Jean |
Grand-Sault : le chaos au pied du barrage |
Après 150 km je sors à Grand Sault pour aller admirer la haute et large chute que fait la jeune Rivière St-Jean. Mais domestiquée par un barrage qui en capte presque toute l'eau, il ne reste qu'un chaos de rocher presque à sec. Impressionnant mais bien moins pittoresque que ce qu'en montrent des photos prises au printemps où presque tout le débit transite par le trop plein du barrage en une époustouflante cascade (9/10 du volume de Niagara Falls ! dit l'affiche). |
Grand-Sault : marmite de géant au pied de la chute |
Grand-Sault : la gorge |
Pas encore de Costco à Rimouski, de toute façon l'autoroute 85 - en grande partie en chantier - aboutit à Rivière-du-Loup. Je prends mon lunch sur le stationnement de la grand église en pierre St Patrice (XIXème) que j'ai la chance de trouver ouverte, ce qui me permettra d'en faire le tour intérieur. | Rivière-du-Loup : l'église St-Patrice |
Riviere-du-Loup : maitre-autel de l'église St-Patrice |
Rivière-du-Loup : nef de l'église St-Patrice |
Église St-Patrice de Rivière-du-Loup : St-Thomas, par Louis Jobin |
Église St-Patrice de Rivière-du-Loup : St Simon, par Louis Jobin |
Édifiée
pour la première fois sur ce site en 1855, elle
remplace l’ancienne église de la paroisse construite
plus à l’ouest. Située sur un terrain donné par les
seigneurs Fraser, l’église consacre l’importance du
village qui s’est développé depuis une vingtaine
d’années sur le domaine seigneurial. Conçue à
l’origine par Charles Baillargé, l’église sera
reconstruite après l’incendie de 1883. À partir des
ruines des murs, l’architecte David Ouellet modifie
les plans de la façade, mais conserve l’inspiration
néogothique de l’édifice avec ses grandes fenêtres à
arc brisé, les contreforts de la nef et les pinacles
du clocher. Les douze statues en bois du sculpteur
Louis Jobin et les peintures de Charles Huot sont
les œuvres magistrales du décor intérieur.
Une légende raconte que William Fraser, un anglican, était tombé amoureux de la belle Anaïs de Gaspé, une catholique. Afin d’obtenir la permission de l’Église pour que le mariage puisse être consacré, non seulement William a dû se convertir mais il a dû démontrer son affiliation à l’église catholique Romaine en ordonnant la construction de cette église. |