Août 2012


Charlevoix et Côte Nord

Jean-Paul MOUREZ à bord du ProMaster




Mercredi 11 août 2021 : de MONTRÉAL à QUÉBEC (260 km)

La vague de chaleur persistant à Montréal, je décide de gagner des températures plus clémentes repérées sur la carte Ventursky, en l'occurrence la rive nord du fleuve St-Laurent au delà de Québec.

Montreal-Havre--St-Pierre
Itinéraire de Montréal à Havre St-Pierre

Départ de Montréal direction Québec en fin d'après-midi et au plus court, i.e. par l'Autoroute Transcanadienne (A20 est). Il fait encore très chaud, aussi je renonce à rouler fenêtres ouvertes pour profiter plutôt de la climatisation.

Arrivé tardivement à Québec, je gagne la rive nord du fleuve par la A73 directement jusqu'à la rue Einstein où se trouve le SAQ Dépôt. J'y ferai le plein de Pastis et du vin blanc récemment découvert mais épuisé à Montréal, un Pinot gris de Vénétie parfumé, sec et rafraichissant. Mais le magasin est fermé à mon arrivée tardive (passé 19:30) et il serait impossible de dormir à proximité, la rue Einstein, entre 2 autoroutes A73 et A40, étant vraiment trop bruyante. Je retourne sur Bd Laurier et vais bivouaquer sur un petit parking vide devant des tennis (Parc St Mathieu, 1037 rue de Bar-le-Duc) près du Bd Hochelaga.


Jeudi 12 août 2021 : de QUÉBEC à ST-JOSEPH-de-LA-RIVE

Nuit tranquille malgré l'environnement urbain. Je décolle assez tôt, retourne faire mes emplettes au Dépôt S.A.Q., puis prends immédiatement la direction nord-est via l'autoroute A 440 qui me fait rapidement traverser la capitale jusqu'à ce qu'elle fusionne avec la Route 138 en arrivant au pont vers l'Ile d'Orléans. Je passe les chutes Montmorency, le sanctuaire de Ste-Anne-de-Beaupré et quitte la grande route pour le village de St-Joachim. Destination : le Cap Tourmente, sa réserve naturelle où l'on peut observer en saison la migration de milliers d'oies blanches, et la Grande Ferme, installée en 1667 sur ces terre très fertiles par Mgr de Laval pour produire de quoi sustenter la population de son vaste séminaire de Québec.

Cap-Tourmente : la Grande-Ferme de St-Joachim
Cap-Tourmente : la Grande Ferme de St-Joachim telle que bâtie par Mgr de Laval en 1685

Paysage rural du
          Cap-Tourmente
Paysage rural du Cap Tourmente

Étang sur
            les terres du Cap Tourmente
Étang sur les terres du Cap Tourmente

Un des hérons pêchant dans l'étang près de la Grande
          Ferme
Un des hérons pêchant dans l'étang près de la Grande Ferme

Cap-Tourmente : maison de la Grande Ferme
Cap-Tourmente : maison de la Grande Ferme
J'observe un moment les hérons pêchant dans l'étang attenant, puis vais faire un tour sur les restes de la petite colonie. Après les destructions et incendies par les Anglais en 1759, on a remis en état le bâtiment principal converti maintenant en Centre d'initiation au patrimoine (1979).

Quant au reste, on ne peut plus voir grand chose : seules les fondations de l'église ont été dégagées et conservées, tout comme les traces des petits bâtiments annexes... Pour mémoire ! Cap-Tourmente : soubassements de l'église
                St-Joachim
Cap Tourmente : soubassements de l'église St-Joachim

En revanche l'environnement naturel a été admirablement préservé et mis en valeur, particulièrement le marais rempli de fleurs sauvages où je fais quelques pas.

Flore du
        marais du Cap-Tourmente

Flore du marais du Cap Tourmente

Flore du marais
          du Cap-Tourmente

Le marais du Cap Tourment en bordure du fleuve
Le marais du Cap Tourmente en bordure du fleuve

Rattrapant ensuite la Rte 138 vers le nord, je quitte la Côte de Beaupré pour aborder les hauts et les bas de Charlevoix. La route s'éloigne un peu de la côte pour vagabonder sur les collines de l'arrière-pays sans offrir de vues sur le grand fleuve. Agréable, mais chaud, et limité quant au paysage.

Rivage de Petite-Rivière St-François
L'estran et le rivage de Petite-Rivière St-François vers le nord
Un premier détour vers Petite-Rivière-St-François me ramène au niveau de l'eau, au bout d'une descente prononcée de quelques kilomètres. Les petites maisons de pêcheurs, marins et bûcherons d'autrefois se succèdent, alignées des deux côtés de la route qui longe le rivage, sur l'étroite terrasse au pied des collines de l'arrière pays.

Depuis le quai, les battures et la côte vers le sud
Depuis le quai, les battures et la côte vers le sud

Depuis le quai de Petite-Rivière-St-Francois. les
          battures; un gros laquier passe sur le fleuve
Depuis le quai de Petite-Rivière-St-Francois. les battures; au loin un gros laquier passe sur le fleuve

Après ce petit tour d'autant plus rafraichissant que le soleil ne se montre que très voilé, je remonte jusqu'à la Rte 138 pour filer vers Baie St-Paul, qui fait figure de «capitale» de la Côte Charlevoix. Je ne m'attarderai guère en ville, trop orienté vers l'exploitation du touriste, mais profiterai des larges panoramas sur l'estuaire de la Rivière du Gouffre tant en arrivant sur la ville qu'en la quittant via la petite Rte 362.

Arrivée sur Baie-St-Paul par la Rte-138, à la Pignoronde
Arrivée sur Baie-St-Paul par la Rte 138, à la Pignoronde; au large l'Île-aux-Coudres

Baie-St-Paul-depuis-le-belvedere-de-la-Rte-362
Baie-St-Paul dans la vallée du Gouffre depuis le belvédère de la Rte 138

Estuaire de la Rivière du Gouffre et plage de
          Baie-St-Paul depuis le belvédère de la Rte 362
Estuaire de la Rivière du Gouffre et plage de Baie-St-Paul depuis le belvédère de la Rte 362

La baie de St-Joseph-de-la-Rive et le ferry de
                l'Île-aux-Coudres depuis mon bivouac
La baie de St-Joseph-de-la-Rive et le ferry de l'Île-aux-Coudres depuis mon bivouac
Une vingtaine de kilomètres plus loin s'amorce la vive descente sur St-Joseph-de-la-Rive. Je gagne directement mon bivouac favori, au pied du haut talus qui soutient la nouvelle route. C'est une impasse, gage de tranquillité, la ligne de chemin de fer dévolue à l'unique Petit Train de Charlevoix est à peu près inactive. Superbe est la vue sur la baie, le quai d'embarquement du ferry pour l'Île-aux-Coudres et le chenal où passent de temps à autre les gros laquiers

Crépuscule sur la baie devant St-Joseph de la Rive
Crépuscule sur la baie devant St-Joseph de la Rive



Vendredi 13 août 2021 : ST-JOSEPH-de-LA-RIVE
Temps superbe à mon lever vers 8:00. La température s'est rafraichie, le silence à peu près complet et la vue magnifique m'invitent à une journée de farniente que je passerai à lire, écrire, éditer mes pages web, et tout simplement à laisser le temps s'écouler paisiblement.
St-Joseph-de-la-Rive-et-l'Ile-aux-Coudres-depuis-mon-bivouac-au-matin.
Baie de St-Joseph-de-la-Rive et l'Île-aux-Coudres depuis mon bivouac au matin

St-Joseph-de-la-Rive-maison-Savard-Tremblay
M'approchant de la vieille maison voisine, un petit panneau attire mon attention : il s'agit de la demeure de l'écrivain Félix -Antoine Savard, qu'occupa ensuite la famille de Gilles (le musicien) et Jacqueline Tremblay (la fondatrice de l'École Buissonnière). Monique avait collaboré avec celle-ci lorsque nos enfants fréquentaient son centre d'éveil par les arts, elle nous avait en retour fait découvrir St-Joseph où nous avions passé une belle semaine de camping sous la tente en juillet 1981.

Je suis bien content d'avoir découvert où la vieille demeure se niche, j'avais cherché sans succès à la retrouver lors de mes derniers passages...

Pignon de la maison de Gilles et Jacqueline Trembaly
Pignon de la maison de Gilles et Jacqueline Tremblay

Cette belle journée tranquille, d'abord sous un ciel tout bleu, se charge progressivement et s'achève en beauté par un magnifique crépuscule digne des plus belles marines du XIXème...

St-Joseph-de-la-Rive-crepuscule-sur-le-fleuve-en-amont-(ile-aux-Coudres)
Crépuscule sur le fleuve en amont, entre St-Joseph-de-la-Rive à droite et l'Île-aux-Coudres à gauche


Samedi 14 août 2021 : de ST-JOSEPH-de-LA-RIVE à POINTE-AU-PIC

À 9:30 je quitte mon bivouac pour reprendre mon cheminement vers le nord. Fini le ciel bleu pour la journée, au moins fait-il plus frais aujourd'hui. Je commence par un petit tour sur le Rang des Éboulements-Centre, une longue rue rurale en corniche au dessus du fleuve qui offre des vues grandioses sur son cours et quelques maisons anciennes joliment dessinées. Rang-des-Eboulements-Centre
Vue sur le fleuve et le quai de St-Joseph depuis le Rang des Éboulements-Centre

Rang-des-Eboulements-Centre-maison-la-Bella-Vista
Rang des Éboulements-Centre : maison La Bella Vista

Gallerie de la maison La Bella Vista
Galerie de la maison La Bella Vista

Rang-des-Eboulements-Centre-maison-la-Bella-Vista
La Bella Vista

Rang-des-Eboulements-Centre-maison-francaise-debut-XIXe
Rang des Éboulements-Centre : maison française début XIXème
À quelques dizaines de mètres une autre maison ancienne, plus stylée peut-être, montre toutes les caractéristiques des maisons française des XVIIème et XVIIIéme.

Cette maison d'inspiration française construite au début du XIXe siècle possède une toiture à deux eaux percée de trois lucarnes (deux «à pente» et une «à croupe») La rallonge, plus contemporaine, respecte l'esprit du bâtiment original, Ce style d'architecture a connu une période glorieuse au Québec aux XVIIe et XVIIIe siècles.

Le bâtiment de ferme qui accompagne la maison date de la même époque et est bâti en pièce sur pièce. Bien assis sur un solage de pierre, le bâtiment dispose d'une « cave » où peuvent être conservés certains produits. Au fil du temps, on y a ajouté un appentis à l'arrière ainsi qu'une imposante lucarne centrale.

Quant au four à pain, il est fabriqué en pierre ; il est donc de construction plus récente. Il est orienté de façon à préserver la demeure principale de la fumée ou des étincelles. Les fours à pain ont été pendant longtemps des éléments typiques du paysage charlevoisien. (Notice)


Encore quelques kilomètres de parcours accidenté sur la petite Rte 362, et je redescends vers le rivage au Cap-aux-Oies, et plus précisément à l'Anse aux Piments, découverte en juin dernier. Le ciel est cette fois beaucoup moins glorieux, les couleurs plus éteintes. Mais je suis une nouvelle fois saisi par la forte personnalité du lieu, sauvage, rempli de fleurs exubérantes, fréquenté par toutes sortes d'oiseaux qui pêchent dans les flaques laissées par la marée à travers le rocher noir.
Cap-Aux-Oies-verges-d'or-du-canada
Cap-aux-Oies : massif de Verges d'or du Canada

Cap-aux-Oies :
        l'Anse aux Piments
Cap-aux-Oies : l'Anse aux Piments à marée basse et la ligne du Petit Train de Charlevoix

Cap-aux-Oies : le Petit- Train de Charlevoix au-dessus de
          la plage
Cap-aux-Oies : le Petit Train de Charlevoix passe au-dessus de la plage

Cap-aux-Oies : fleur d'aubépine (Rosier
                    rugueux)
Cap-aux-Oies : fleur d'aubépine (Rosier rugueux)
Cap-aux-Oies : verge d'or
Cap-aux-Oies : verge d'or



Cap-aux-Oies : Aster cordifolié
Cap-aux-Oies : Aster cordifolié
Cap-aux-Oies : Sorbier d'Amérique
Cap-aux-Oies : Sorbier d'Amérique

Cap-aux-Oies-herons-dans-les-baches
Cap-aux-Oies : hérons pêchant dans les bâches

Cap-aux-Oies: l'envol du héron
Cap-aux-Oies: l'envol du héron

Cap-aux-Oies : la voie envahie par les fleurs sauvages
Cap-aux-Oies : la voie envahie par les fleurs sauvages

Nuage en regagnant
                  la Rte 368
Nuages en regagnant la Rte 368

Sortant un peu à regret de ce bain de nature, je salue le retour du ciel bleu en remontant sur la Route 368 pour gagner la Malbaie. Bref arrêt au dessus du golf, en haut de la colline dominant le site, d'où s'étend une belle vue sur la côte tant au nord qu'au sud.

La-Malbaie-au-nord-du-golf
La Malbaie : la côte au nord du golf

La Malbaie : la côte au sud du golf
La Malbaie : la côte au sud du golf

Pour finir j'irai établir mes pénates en plein centre de la Malbaie, sur la tranquille rue Richelieu, à deux pas de l'église Pointe-au-Pic.


Dimanche 15 août 2021 : de POINTE-AU-PIC à TADOUSSAC

Port-de-Refuge-de-Cap-à-l'Aigle
Le Port refuge de Cap-à-l'Aigle
Après une nuit paisible, je passe la rivière et vais faire un petit tour au bord de l'eau, du côté du Port refuge de Cap-à-l'Aigle. La lumière est superbe sur la côte d'un côté et sur la vaste étendue du fleuve dont on peine à deviner la rive sud.

Cap-a-l'Aigle : le fleuve en amont depuis la jetée
Cap-à-l'Aigle : le fleuve en amont depuis la jetée du port

En remontant sur la Route 138 désormais en corniche, la vue s'élargit, et de longues îles barrent le fleuve borné par des hauteurs qui limitent l'horizon loin au sud-est. Route-138-en-corniche-sur-le-fleuve
Sur la Route 138 en corniche au dessus du fleuve vers l'aval

Peu après, Port-au-Saumon aménagé en Centre écologique propose quelques sentiers balisés à travers le sous-bois. Je préfère m'engager un peu plus loin à droite sur une petite route qui batifole entre mer et montagne jusqu'à la grande descente tombant sur Port-au-Persil. On y a une vue encore plus large sur l'estuaire du St-Laurent qui continue de s'amplifier.

En abordant la grande descente vers Port-au-Persil
En abordant la grande descente vers Port-au-Persil

Port-au-Persil-le-St-Laurent-en-aval
Port-au-Persil : le St-Laurent vers l'aval

Tout en bas de la côte niche l'anse toujours aussi charmante, surmontée d'une cascade.

Port-au-Persil-la-chute au dessus de l'Anse
Port-au-Persil : la chute au dessus de l'anse

Port-au-Persil-la-chute
Port-au-Persil : la chute

Port-au-Persil-le-quai
Port-au-Persil : le quai, l'anse à marée basse et le débouché du torrent

Port-au-Persil-la-chapelle-McLarren
Port-au-Persil : la chapelle McLarren

En
                    arrivant sur Baie-des-Rochers
En arrivant sur la Baie des Rochers
Après un petit tour jusqu'au quai en vue de la chapelle McLarren édifiée par le premier colon écossais fin XIXème, je poursuis ma route jusqu'à faire un autre détour sur la côte au niveau de Baie des Rochers.
Cascade de Baie-des-Rochers
Cascade de Baie-des-Rochers
Araignée d'eau
Araignée d'eau
Baie-des-Rochers-en-remontant-le-torrent
Baie-des-Rochers : en remontant le torrent
Baie-des-Rochers : la-passe à marée basse
Baie-des-Rochers : la passe à marée basse

Je ne suis plus guère éloigné du débouché du fjord du Saguenay où, juste au dessus de Baie-Ste-Catherine, je tente d'apercevoir des bélugas depuis la station d'observation de Pointe Noire. Le site de Parc Canada est fermé, et aucune petite baleine blanche ne se pointera devant moi...

Estuaire-du-Saguenay-entre-Pointe-Noire-et-Tadoussac
Estuaire du Saguenay (amont) entre Pointe-Noire et Tadoussac

Pointe-Noire-la-station-de-Parcs-Canada
Pointe-Noire : la station de Parcs Canada et l'estuaire du Saguenay (aval)

Il ne me reste plus qu'à prendre le ferry vers Tadoussac où je passerai la nuit sur le stationnement destiné aux Véhicules Récréatifs (RV) transitant dans le village marquant le début de la Côte Nord.

Sur le Saguenay, dans le ferry vers Tadoussac
Sur le Saguenay, à bord du ferry vers Tadoussac



Lundi 16 août 2021 : de TADOUSSAC aux ESCOUMINS

Bonne nuit et sommeil réparateur, malgré mes appréhension vu les interdictions nocturnes (pas claires) et la proximité de la grande route. Je ne m'attarde pas à Tadoussac, déjà amplement visité en juin, et me dirige plutôt vers Grandes-Bergeronnes. Là encore, je fais l'impasse sur le village pour rejoindre la mer, tout au bout du quai. On y trouve, au delà du musée Archéo-Expo (que je visiterai à mon retour) une large vue sur le golfe du St-Laurent et quelques sculptures :

Grandes-Bergeronnes-rue-de-la-Mer-sculpture-au-bout-du-quai
Grandes-Bergeronnes : sculpture au bout du quai
Grandes-Bergeronnes-rue-de-la-Mer-inuksuk
Grandes-Bergeronnes : inuksuk sur la rue de la Mer

L'inukshuk est un empilement de pierres (ou cairn) construit par les peuples arctiques, depuis l'Alaska jusqu'au Groenland, en passant par l'Arctique canadien. Sa forme et sa taille peuvent varier.(Wikipédia Il fait office de «panneau indicateur» dans la taïga.

Sur le petit quai, de gros blocs de rochers empilés et mis en forme évoquent les cultures autochtones. Le musée attenant présente une belle synthèse des restes retrouvés et identifiés, ainsi et fait rem0nter l'histoire du pays bien au delà d'une dizaine de milliers d'années. Plus actuels, des zodiacs conduits par des autochtones contemporains proposent des excusions d'observation des baleines dans le golfe, puisqu'on se trouve à l'orée de la grande fosse formée par l'ancien glacier où se mêlent les eaux très froides du nord et les eaux relativement plus chaudes transportées par le fleuve. D'où une abondance de nutriments, donc de planctons profitant particulièrement aux grands cétacés.


Je ne sacrifierai pas aujourd'hui ni ici à cette attraction touristique, préférant gagner un peu plus loin le fameux site d'observation de Parcs Canada, au Cap de Bon Désir. Là, sur les rochers ronds plongeant dans la fosse, on guette les baleines qui s'approchent tout près.
Cap Bon-Desir : le-phare et le sentier vers
                      les rochers
Cap de Bon-Désir : le phare et le départ du sentier fleuri vers les rochers

Cap
              Bon-Désir : le sentier
Cap de Bon-Désir : sur le sentier menant aux rochers

Cap-Bon-Desir-epilobe-et-verge-d'or
Cap de Bon-Désir : épilobes et verges d'or

Cap-Bon-Desir : depuis les rochers, en regardant
                  vers l'amont (sud-ouest)
Cap de Bon-Désir : depuis les rochers, en regardant vers l'amont (sud-ouest)

Cap Bon-Désir : dos d'un petit rorqual
Cap de Bon-Désir : dos d'un petit rorqual venu respirer à la surface

Cap-Bon-Desir-types-de-cetaces
Cap-Bon-Desir : épilobe et verge d'or sur
                        le sentier au retour
Cap de Bon-Désir : épilobe et verge d'or sur le sentier au retour

Le cadre naturel est superbe, la nature florissante et ma longue séance de guet sur les rochers, entouré de toute une bande d’aficionados, bien agréable. Certes les apparitions de cétacés sont plutôt rares et courtes mais les horizons sont vastes, et la lumière pure du Nord envahit tout, les rochers rouges, la mer bleue et le ciel parcouru par de minces filets blanchâtres. Je tiendrai un peu plus de 2 heures malgré la petite brise dont je me protège comme je peux dans des anfractuosités du rocher, avant de reprendre le chemin du stationnement lorsque le soleil commence à descendre.

Je finis par arriver en début de soirée aux Escoumins où je pose mon bivouac devant le Centre d'Étude des milieux marins.


Mardi 17 août 2021 : des ESCOUMINS à GODBOUT

Les-Escoumins-bivouac-devant-le-Centre-de-decouverte-du-milieu-marin
Les Escoumins : bivouac devant le Centre de découverte du milieu marin
Excellente nuit sur un coin de dune envahi par les herbes sauvages, à deux pas du Centre de découverte du milieu marin que je visite dès mes préparatifs matinaux achevés.

Dans la grande salle un parcours labyrinthique initie le béotien que je suis aux arcanes de la vie marine.

Et d'abord le fondement de la chaine alimentaire, les phytoplanctons et zooplanctons :

LA VIE INSOUPÇONNÉE

Quand vous trempez votre main dans l’estuaire, des centaines d’algues invisibles à l’œil nu collent à votre peau. Ces végétaux microscopiques forment le phytoplancton. Ils pullulent dans les premiers mètres d'eau, car ils utilisent l'énergie du soleil pour se développer et se multiplier.

Le phytoplancton représente 90% de toute la matière végétale contenue dans les océans. C'est le poumon de la planète : à lui seul, il produit autant d'oxygène que l'ensemble des forêts et des plantes terrestres.


Les-Escoumins-Centre-de-decouverte-du-milieu-marin


                          : phytoplancton
Les Escoumins, Centre de découverte du milieu marin : le phytoplancton

Les Escoumins, Centre-de découverte du
                          milieu marin : le zooplancton
Les Escoumins, Centre de découverte du milieu marin : le zooplancton
UN ZOO MINIATURE

Le zooplancton : quel ZOO ! Pour en faire partie, il faut appartenir au règne animal et vivre en suspension dans l'eau, captif des courants.

On trouve de tout dans le zooplancton : des œufs, des larves et des adultes. Ces animaux, si menus soient-ils, pèsent lourd dans la vie de l'estuaire… des centaines de milliers de tonnes.

Ils servent de pâture aux poissons, aux oiseaux et aux mammifères marins.


Et puis la place de la mer et des côtes au Canada :

Les-Escoumins, Centre de découverte du milieu
                    marin : les côtes
Les Escoumins, Centre de découverte du milieu marin : les côtes du Canada

Le Canada possède plus de 250 000 kilomètres de côtes le long de 3 océans et des Grands Lacs. C'est le plus long littoral au monde. Les écosystèmes de ces côtes sont vastes, variés, productifs et précieux. Nous avons la responsabilité, sur le plan national et international, de protéger ces milieux. Le Canada met donc en place un réseau d'aires marines protégées dont fait partie le parc marin Saguenay-St-Laurent. À la fin, chaque région marine aura son aire marine qui en assurera la préservation.

Les-Escoumins-Centre-de-decouverte-du-milieu-marin
Les Escoumins, Centre de découverte du milieu marin : la côte au pied du centre

Je quitte le Centre en fin de matinée et poursuis ma progression vers le nord. J'ai décidé de découvrir les Îles de Mingan, autre joyau de Parcs Canada qui se trouve à ma portée. Les kilomètres défilent en longeant la côte que les rochers de plus en plus dénudés rendent austère, voir sévère. Un paysage qui rappelle le rabotage provoqué par la pression et la progression du glacier continental dont les trois kilomètres d'épaisseur recouvraient toute cette partie de l'Amérique du Nord.

La côte rocheuse près des Escoumins
Le roc primaire sculpté par la glace, d'une minéralité absolue

Pause à Ragueneau, sur le quai «décoré » de dinosaures de béton plutôt incongrus dans cet environnement nordique... Ragueneau : les dinosaures sur le quai
Pause devant les dinosaures sur le quai de Ragueneau

Ragueneau-ilots-devant-le-quai
Ragueneau : les îlots sur le golfe au bout du quai

Ragueneau-rochers
Ragueneau : les rochers couverts d'un flore anémique

Ragueneau : sur les rochers
Ragueneau : sur les rochers dans la chaude lumière vespérale

Godbout : bivouac près de l'église
                          Sainte-Anne
Godbout : bivouac près de l'église Sainte-Anne
Dans la lumière dorée du soir qui descend, je passe bientôt Baie-Comeau, puis vais poser mon bivouac à Godbout, sur l'avenue devant la mer près de l'église Sainte-Anne. Auparavant j'ai voulu vérifier la possibilité de revenir à Montréal par la Rive sud, mais la Gare fluviale est fermée, « en grève » me dit un camionneur impatient...


Mercredi 18 août 2021 : de GODBOUT à HAVRE ST-PIERRE

Nuit des plus tranquilles, bien entendu... Couché et réveillé tôt, j'ai la chance de voir les premières lueurs de l'aurore éclaircir le ciel sur le fleuve.
Godbout-aube-sur-mon-bivouac-derriere-le-parebrise
Godbout : derrière le parebrise, l'aurore "aux doigts de rose" devant mon bivouac

Pointe-aux-Anglais : la plage et ses
                        rochers
Pointe-aux-Anglais : la plage et ses rochers dispersés
Je reprends bientôt ma longue route et suis vers 9:00 à Pointe-aux-Anglais. Le rivage ponctué de rochers arrondis et un petit musée rappellent l'épisode historique suivant :

En 1711, durant la Guerre de Succession d'Espagne, une flotte imposante menée par l'amiral Walker fut envoyée d'Angleterre pour prendre la ville de Québec. Cependant, suite à un coup de vent et au brouillard sur le Saint-Laurent, les vaisseaux anglais s'échouèrent sur les récifs de l'Île-aux-Œufs. La pointe de terre face à ces récifs fut nommée « Pointe-Aux-Anglais », en commémoration de la funeste expédition. Huit vaisseaux furent perdus et 900 marins moururent. L'Amiral fit demi-tour et la ville de Québec fut épargnée... (Wikipédia)

Pointe-aux-Anglais : la plage longue de 13
                    km...
Pointe-aux-Anglais : la plage longue de 13 km...

Un peu plus loin j'atteins le site de Rivière-Pentecôte, autrefois port actif sur la Côte Nord, maintenant presque abandonné au profit de Port-Cartier stimulé par sa vocation industrielle. Le panorama en allant vers l'église est pourtant fort joli, la rivière formant une grande boucle parallèle au rivage avant de se jeter dans le golfe.

Rivière-Pentecôte : l'estuaire et le quai
Rivière-Pentecôte : l'estuaire de la rivière et le quai

Riviere-Pentecote-presqu'ile.
Rivière-Pentecôte : la presqu'ile entre rivière et golfe

Et la Route 138 Est continue, le plus souvent longeant la côte, parfois dérivant vers l'intérieur des terres, dans un océan d'épinettes rabougries par la belle saison trop courte et les interminables hivers trop froids... Route-138-est
La route 138 filant vers le nord-est à travers les épinettes

Longue-Pointe-de-Mingan-Centre-d'accueil-et-d'Interpretation-de-Parcs-Canada-Petit-rorqual
Longue-Pointe-de-Mingan, Centre d'accueil et d'Interprétation de Parcs Canada : modèle d'un Petit rorqual (5 à 7 mètres)
À Longue-Pointe-de-Mingan, le Centre d'accueil et d'Interprétation de Parcs Canada m'attire quelques minutes, le temps de glaner d'autres informations sur les grands mammifères marins qui hantent la région, et sur les accès et excursions permettant de visiter le Parc national des Îles de Mingan.

En fait c'il s'agit d'un archipel s'étendant sur une centaine de kilomètres le long de la côte; le seul moyen d'accès est de prendre un bateau d'excursion, et le plus beau secteur se trouve devant Havre-St-Pierre, une cinquantaine de km plus loin.

carte-du-Parc-national-des-Iles-de-Mingan
Le Parc national des Îles-de-Mingan

Me voilà donc reparti de plus belle jusqu'à Havre-St-Pierre, une petite ville animée par le tourisme où j'arrive en début de soirée. Je me dirige directement vers le bureau de Services maritimes Boréale qui affrète les vedettes d'excursion vers les îles voisines.

Renseignements pris, je flâne un moment sur la Promenade des Anciens, un boulevard en bord de mer d'où je contemple la lumière descendre doucement sur le golfe, avant de retourner vers le centre ville chercher un bivouac. Je m'installerai pour la nuit sur le stationnement désert du magasin de la SAQ.
Havre-Saint-Pierre-crepuscule-sur-la-Promenade-des-Anciens
Havre-Saint-Pierre : crépuscule sur la Promenade des Anciens et sur les îles


Jeudi 19 août 2021 : de HAVRE ST-PIERRE à SEPT-ÎLES

Havre-Saint-Pierre-embarquement
Havre-Saint-Pierre : l'embarquement sur le Calculot
À 10:00 c'est l'embarquement sur la vedette qui doit nous mener visiter deux îles parmi les plus intéressantes : l'île Quarry, qui offre à la fois une jolie excursion d'herboristerie à l'intérieur des terres, et une belle collection de monolithes sur sa rive sud. C'est d'ailleurs ce site qui a fait la réputation de ce Parc qui a pris ces monuments naturels comme insigne. Au retour on doit débarquer sur Niapiskau où se trouvent d'autres monolithes plus caractéristiques encore.

Nous naviguons une bonne demi-heure entre plusieurs îles tandis que le puissant moteur laisse derrière nous un large et profond sillage.  Malgré le soleil présent dans un ciel légèrement voilé, il fait frais et je suis content d'avoir emporté mon coupe-vent.
Navigation au miilieu des îles
Navigation entre les îles de l'Archipel de Mingan

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Débarquement sur l'Ile Quarry
carte-de-l'ile-Quarry

Nous n'aurons pas le temps de faire le tour de l'ile ni d'en explorer tous les trésors signalés sur le carte. Les 3 petites heures d'escale permettent seulement de parcourir le sentier central (pointillés noirs) posé sur un trottoir de bois qui l'isole du sol et évite le piétinement des plantes. C'est le prix pour assurer la préservation de la végétation typique de la région, dont certaines sont rares et à risque. Tout est fait d'ailleurs pour restaurer dans ce parc, transformé en jardin botanique naturel, l'état initial de nature sauvage tel qu'il était avant l'intrusion des Européen. Les Amérindiens avaient une toute autre attitude en ce qui concerne «l'aménagement du territoire». Ce qui me permettra de belles observations.

Ile Quarry : épilobes en quittant la plage
Ile Quarry : épilobes en quittant la plage

Ile Quarry : Cornouiller du Canada
Ile Quarry : Cornouiller du Canada

Ile Quarry : Airelles sur fond de lichen
Île Quarry : Airelles sur fond de lichen

Ile Quarry : Viorne comestible (pimbina)
Ile Quarry : Viorne comestible (pimbina)

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Ile Quarry : la falaise érodée dans le centre de l'île
Au centre de l'île, depuis le sentier qui serpente sous les arbre on longe les restes d'une falaise qui montre bien le travail de l'érosion sur le fond calcaire qu'elle a profondément sculpté, creusé et grugé. C'est ce même matériau qui sera à la base des monolithes occupant la côte sud de l'île sur laquelle le sentier aboutit bientôt.

Ile-Quarry : l'Anse des Erosions travers la forêt
                  d,Épinettes
Ile Quarry : l'Anse des Érosions travers la forêt d'épinettes

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Ile Quarry : Anse des Érosions

Ile-Quarry-monolithes
Les monolithes de l'Ile Quarry

Ile-Quarry-monolithes

Le Chien
Le monolithe du Chien


Ile-Quarry-monolithes

Ile-Quarry-monolithes

Le retour vers le quai en traversant l'intérieur de l'île permet de découvrir aussi quelques tourbières et leur végétation caractéristique.

Ile Quarry : tourbière
Ile Quarry : tourbière
Ile Quarry : tourbière
Floraison de Sanguisorbe dans une tourbière de l'Ile Quarry
Ile-Quarry-Sanguisorbe-du-Canada
Ile Quarry : Sanguisorbe du Canada

Et enfin une plante carnivore très colorée dont on trouve quantité dans els tourbières de l'Île Quarry : la sarracénie pourpre.

D'origine nord américaine, la sarracénie pourpre est une herbacée rustique et carnivore au feuillage caractéristique tirant sur le rouge en forme d'entonnoir et piégeant les insectes osant s'y aventurer. Elle est l'emblème floral de la province de Terre-Neuve-et-Labrador. (Wikipedia)

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Ile Quarry : sarracénies pourpres
Ile-Quarry-pied-de-sarracenies-pourpres
Ile Quarry : pied de sarracénies pourpres
Ile-Quarry-sarracenies-pourpres
Ile Quarry : fleur de sarracénie pourpre
Ile-Quarry-pied-de-sarracenies-pourpres

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De l'Ile Quarry à Niapiskau

Nous regagnons le quai et notre vedette qui noues amène à notre deuxième escale : l'île de Niapiskau, fameuse par des monolithes baptisés depuis longtemps par les autochtones qui venaient pêcher sur ses rives : Les Bonnes Femmes, tant ils avaient trouvé leur formes suggestives.

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Les "Bonnes Femmes" de Niapiskau depuis le rivage

Monolithes et port de Niapiskau
Monolithes et port de Niapiskau depuis la forêt
Niapiskau
Bonne Femme de Niapiskau
Archipel-de-Mingan-Ile-du-Fantome
Monolithes de l'Île du Fantôme

La fin de la balade nous fera longer les bords de l'Île du Fantôme (d'après le nom d'un bateau qui s'y était échoué, nous dit-on). Là encore, des monolithes, que des lichens parent de couleurs, vives ourlent le rivage que notre bateau longe lentement.

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Monolithes de l'Île du Fantôme

De retour au quai de Havre-St-Pierre après cette belle journée de découverte et de plein air, je mange un morceau dans ma cantine ambulante, puis reprend la route vers le sud-ouest par la même belle route côtière qui m'a amené jusqu'ici. Retour-vers-le-sud-ouest-sur-la-route-138.
Retour vers le sud-ouest sur la Route 138

En fin de journée je ferai étape à Sept-Île sur une petite esplanade déserte près de la station de pompage, avec une large vue sur la rade où attendent quelques longs minéraliers venus charger le minerai de la Côte Nord.


Vendredi 20 août 2021 : de SEPT-ÎLES à BAIE COMEAU

Sept-Iles-bivouc-devant-la-baie-pres-de-la-station-de-pompage-rue-Arnaud
Sept-Iles : bivouac devant la baie près de la station de pompage rue Arnaud
Ciel lumineux au réveil devant la baie. Quelques longs navires attendent devant le port où transitent minéraux et céréales.

Pas grand chose à voir en ville d'après mes informations, je gagne donc directement le Jardin du Ruisseau Bois Joli dont j'ai gardé bon souvenir après mon précédent passage en 2006.

Ce jardin fut créé en 1984 par la communauté environnante dans un vallon abandonné pour améliorer la qualité de vie de ce quartier plutôt défavorisé. Il s'est développé au fil des années pour comprendre maintenant 14 000 plantations réparties en 13 jardins thématiques et 5 km de sentiers pédestres et cyclables. La visite suit le cours du ruisseau que l'on voit à peine, tant arbres, arbustes, plantes et buissons fleuris ont envahi ses pentes et les petites clairières qui l'entourent. Sept-Ile, Jardin du Ruisseau BoisJoli :
                        l'entrée
Sept-Iles, Jardin du Ruisseau Bois Joli : l'entrée

Placé au centre, c'est le jardin japonais, en cours d'élaboration, qui m'attire le plus, par sa volonté de créer un espace inspiré de la tradition méditative de ce pays asiatique tout en utilisant des espèces boréales propres à cette région du Canada. Évidemment le projet est encore modeste, il aura besoin d'alimenter son inspiration à d'autres tentatives occidentales du même genre pour trouver son épanouissement; j'en discute un moment avec un sympathique jardinier occupé à désherber et replanter une bordure à proximité, évoquant le jardin Sun Yat Sen de Vancouver et celui de Maulevrier en France.

Jardin du ruisseau Bois Joli : torii
                        (portail) du Jardin japonais
Jardin du ruisseau Bois Joli : torii (portail) du Jardin japonais
Jardin-du-ruisseau-BoisJoli-niwaki-et-kareisansui
Jardin du ruisseau Bois Joli : niwaki et kareisansui

Jardin-du-ruisseau-BoisJoli-l'etang-et-sa-cascade
Jardin du ruisseau Bois Joli : l'étang du jardin japonais boréal et sa cascade

Ravi de cette escale dans un environnement aussi soigné, je reprends ma route vers le sud. Sous le grand ciel bleu qui s'est à nouveau installé je m'arrête une autre fois quelques minutes à Pointe-aux-Anglais en espérant visiter le petit musée Louis-Langlois consacré au naufrage de la flotte de Walker en 1711. Comme bien d'autres hélas il est fermé jusqu'à l'année prochaine... Pointe-aux-Anglais : musée
                            Louis-Langlois (1873)
Pointe-aux-Anglais : musée Louis-Langlois (dans une vieille maison de 1873)

Crépuscule sur le plage de Franquelin
Crépuscule sur le plage de Franquelin
Au crépuscule j'arrive à Franquelin dont la plage à marée basse apparait envahie de rochers ronds, derrière une bordure de fleurs sauvages en pleine floraison. Tableau dont la beauté me saisit et que je tâche de capter avec ma caméra.

Franquellin-lys
Franquelin : lys

Franquellin-epilobes
Franquelin : épilobes

Pour finir, dans le nuit qui tombe, je me rendrai jusqu'à Baie-Comeau où je me caserai d'abord sur l'aire de camping-car aménagée près de la rive; mais le coin s'avère trop bruyant à mon goût, je me rabattrai sur une rue tranquille au cœur de la petite ville où je trouve le calme que j'affectionne.


Samedi 21 août 2021 : de BAIE COMEAU aux ESCOUMINS

Baie-Comeau-eglise-Ste-Amellie
Baie-Comeau : l'église Ste-Amélie
Après une bonne nuit reposante, que faire dans cette «ville de compagnie», dont j'apprendrai l'histoire quelque peu étonnante en visitant la petite chapelle des Anglophones.

En 1921, le colonel Robert McCormick, homme d’affaires visionnaire américain, voit en la Côte-Nord une occasion de développement unique. L’exploitation des forêts denses de la région pourrait fournir le papier pour ses trois journaux. L'accès à une baie et des rivières importantes relient la région aux réseaux de transport de l'époque et en assurent la croissance économique.

Après de longues années d'exploration, des délais de construction et l'ouverture du barrage hydroélectrique de la Rivière aux Outardes, la Ontario Paper Company prend la décision de bâtir une usine de pâtes et papiers. Avec des eaux profondes qui permettent le passage de navires à cargaison, un quai et de l’espace abondant pour le développement d'une ville, Baie-Comeau est l'endroit idéal pour la nouvelle usine.

« La roche et les arbres cédèrent la place à l'industrie et au progrès, et une usine de papier et une communauté ordonnée fuient érigées sur les flancs du Mont-Sec. » - Arthur Schmon, président de la Quebec North Shore Paper Company, novembre 1962.


Une ville d'entreprise

Le 12 avril 1936, un dimanche de Pâques, marque le début d’une nouvelle ville, une industrie et un avenir prometteur.

En moins de deux ans, les souches, les marécages, les tentes et les cabanes d’un village de fortune sont transformés en communauté moderne. Chaque aspect de la ville est aménagé en fonction du plan développé par l’ingénieur-urbaniste montréalais Leonard Schlemm, tandis qu’Arthur Schmon et Robert McCormick assurent le financement et la logistique de la construction de la ville et de l'usine à papier.

Entre 1936 et 1937, 5 000 ouvriers érigent l'essentiel. Des écoles, un hôpital, des hôtels, des logements, une église, des centres de loisirs, des magasins et des rues forment le quartier Sainte-Amélie. Le 24 décembre 1937, le premier rouleau de papier journal est produit. De nouvelles rues - Laval, Marquette, Laurier, Montcalm, Wolfe, Hébert et LaSalle - sillonnent bientôt le paysage rocailleux.

Le 20 mai 1937, la Ville de Baie-Comeau est incorporée. La vision de McCormick devient réalité.


Le principal point d'intérêt s'avère être l'église Ste-Amélie vers laquelle je me dirige après les routines du matin. J'ai la chance de tomber sur une visite guidée qui m'en fera découvrir les points saillants.

La première messe célébrée dans cette église date du 19 juin 1940. Le nom de Sainte-Amélie a été choisi dans le but d’honorer la mémoire de la première épouse du fondateur de la ville, Robert R. McCormick.

C'est dans cette église qu'eut lieu, le 11 août 1946, l'intronisation du premier évêque du diocèse du Golfe Saint-Laurent, Monseigneur Napoléon-Alexandre Labrie. Les magnifiques fresques à l’intérieur sont l'œuvre de l'artiste montréalais renommé Guido Nincheri.

Nef de l'église Ste-Amélie
Nef de l'église Ste-Amélie
Tribune de l'église Ste-Amélie
Tribune de l'église Ste-Amélie

Au dessus de la tribune de
                          l'église-Ste-Amelie : Ste-Cécile
Au dessus de la tribune de l'église Ste-Amélie : Sainte Cécile<
Église Ste-Amélie : vitraux de la tribune
                          d'orgue
Église Ste-Amélie : vitraux de la tribune d'orgue

Église Ste-Amélie : le plafond caissonné et son
                    décor d'anges
Église Ste-Amélie : le plafond caissonné et son décor d'anges

Église Ste-Amélie : ange de la voûte
Église Ste-Amélie : un ange de la voûte
Église Ste-Amélie : anges de la voûte

Église Ste-Amélie : Nativité
Chœur de l'église Ste-Amélie : Nativité
Baie-Comeau, église-Ste-Amélie :
                          Résurrection
Chœur de l'église Ste-Amélie : Résurrection

Église Ste-Améllie : autoportrait du peintre
Église Ste-Amélie : autoportrait du peintre Guido Nincheri en soldat romain

Église Ste-Améie : fresque du
                          maitre-autel
Église Ste-Amélie : fresque du maitre-autel
eglise-Ste-Amelie-Dieu-le-Pere
Église Ste-Amélie : Dieu-le-Père dans la fresque du maître-autel

Choeur de l'église Ste-Amélie
Chœur de l'église Ste-Amélie

Après cette incursion dans l'univers stylistique de l'avant-guerre qui nous parait un tantinet kitch, et assez typique de la religiosité catholique de l'époque, je passe à l'univers protestant avec la visite de la chapelle anglicane : the Church of St-Andrew and St George. Elle est nettement plus sobre et dans la tradition des églises anglaises continentales, même si sa canadianité se traduit par un emploi plus généreux du bois, apparent dans sa charpente toute entière exposée.

Church-of-St-Andrew-and-St-George
Church of St-Andrew and St-George

En plus d'un décor intéressant, j'y découvre sur une suite de panneaux préparés par l'association historique locale, moult informations sur le développement tout récent de la ville et de ses industries.

Cap sur le monde

Dans les années 1950, la Canadian British Aluminum bâtit une fonderie, un port en eaux profondes et 300 lots résidentiels (St-Georges). Parmi les 1 600 nouveaux venus sont plusieurs anglophones—les Cameron, Mackenzie, Duncan, Smith, Bradley, Cassidy, Wylie, Watson. Le 23 décembre 1957, le premier lingot d'aluminium est coulé.

La Cargill Grain Company ouvre ses portes en décembre 1958. Le port aide l’économie à devenir diversifiée. L'usine et la ville se développent rapidement. La technologie et les matériaux utilisés sont de la meilleure qualité et les opérations se déroulent à la perfection, malgré les défis de la langue, de compétences et de l'horaire strict.

« Les ouvriers arrivèrent par bateau, suivis de leurs familles lorsque des logements étaient disponibles. » - Emma Duncan Kerr, n° d’immatriculation 286

« J'ai travaillé pour la Canadian British Aluminum pour la première fois comme étudiant en 1959 - 1960, à un salaire horaire de 92 cents. Je travaillais 44,5 heures semaine. » - Allan Beaulieu, n° d’immatriculation 1238.

La rue Champlain

Les premières maisons destinées aux directeurs, aux gérants et au personnel de bureau de la Baie-Comeau Company sont bâties sur la rue Champlain, dans ce qui est alors le quartier anglais. Depuis la fondation de Baie-Comeau, la compagnie en fait une ville modèle, avec des conditions de vie égales ou même supérieures à celles des grands centres. Ces maisons, toutes équipées d'électricité, de téléphone, d’eau courante et de toilettes intérieures, sont magnifiques pour leur époque.

En 1937, la plus belle maison du quartier, sur l'avenue Carleton, est vendue au Dr Thurber pour 9 200$. Une véritable armée d'ouvriers érige rapidement des maisons de qualité. Une piscine extérieure est construite à l’angle des rues Champlain et Laval.

Jusqu’aux années 1960, la rue Champlain est le centre de la communauté anglophone. L'ancien Premier ministre Brian Mulroney, né le 20 mars 1939, grandit dans la maison au 99 de la rue Champlain.

Nef de Church of St-Andrew and
                            St-George
Nef de Church of St-Andrew and St-George
Vitrail de la Nativité. derrière le
                            maitre autel
Vitrail de la Nativité. derrière le maitre autel

Church-of-St-Andrew-and-St-Georges-Vitrail-Jesus-et-les-pecheurs
Vitrail dans Church of St-Andrew and St-George : Jésus et les pêcheurs
Jesus et les draveurs
Jésus et les draveurs (travailleurs du bois)

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Church of St-Andrew and St-George : vitrail des saints patrons
Church-of-St-Andrew-and-St-Georges
En souvenir du fondateur et premier directeur général

Après ces deux visites complétant ma vision de ce Nord qui continue son développement toujours plus loin et plus haut, je reprends la Route 138. Je la poursuivrai jusqu'aux Escoumins. Arrivé en fin d'après-midi, je vais installer mes pénates dans le Parc de la Chute agréablement aménagé en aire de stationnement pour les voyageurs motorisés de passage.


Dimanche 22 août 2021 : des ESCOUMINS aux BERGERONNES
Les-Escoumns-la-chute
Les Escoumins : la chute au bout du parc
Nuit paisible, après que mon voisin dans un gros camping-car américain ait arrêté son groupe électrogène qui ronronnait à une dizaine de mètres de mon ProMaster... Et dire qu'il n'a même pas sembler comprendre pourquoi je lui demandais de faire silence !
Les rochers usés de la chute sont impressionnants, mais la quantité d'eau qui transite aujourd'hui me semble minime...

Quittant mon bivouac, je décide de passer à nouveau un moment au Centre d'observation du Cap de Bon Désir, espérant apercevoir cette fois davantage de baleines que lors de mon passage à l'aller.

Cap Bon Désir : la station de Parcs
                            Canada
Cap de Bon-Désir : la station de Parcs Canada
Cap Bon-Désir : le phare-et le criard
                            de brume
Cap de Bon-Désir : le phare et le criard de brume

LE CRIARD DE BRUME

Fréquemment, le brouillard recouvre l'estuaire. Il devient alors impossible aux marins de s'orienter pour localiser les hauts-fonds et les autres pièges du fleuve. Le son devient l'unique moyen de guider les marins.

Faire du bruit
Le plus ancien système est le sifflet à vapeur. Le canon a été utilisé ensuite mais il était dangereux et peu efficace. La cartouche de fulmicoton a pris la relève jusque dans les années 1950. Elle explosait dans les airs à la manière d’un feu d'artifice. Tous ces systèmes étaient déclenchés manuellement, ce qui obligeait le gardien à intervenir toutes les 15 ou 30 minutes.

Le criard motorisé
Au début des années 1950, le diaphone apparaît. C’est le type de criard que vous trouverez dans ce bâtiment. Il suffit de mettre un moteur en marche et d'ouvrir quelques valves puis le tour est joué. Le gardien doit cependant être prêt à intervenir rapidement en cas de panne. Plusieurs dorment donc dans le bâtiment lorsque le criard fonctionne.

Les criards entièrement automatisés ont succédé au diaphone. Maïs les criards doivent maintenant laisser la place aux instruments de navigation qui percent le brouillard. Dans les eaux du parc, seul le criard du haut-fond Prince est encore utilisé. Celui de Cap de Bon-Désir a poussé son dernier cri en 1997.

Le gardien du phare de l'île Verte. Monsieur Freddy Lindsay, en 1945.

« Je me rappelle une nuit, la brume était très épaisse. J'entends un bateau qui crie. Il s’en venait carré à terre, Il avait faussé sa route. Alors je suis allé vivement à la bâtisse au canon et j'ai tiré. L’écho du coup a retenti après le bateau : bang ! J'ai laissé faire à peu près une minute ou deux, j'ai fait partir un autre coup: bang ! Et puis là j'ai entendu l'appareil pour gouverner. Ils ont tout embarré pour prendre le large. Alors il est bien certain que si j'avais tardé de 4 à 5 minutes, il se serait jeté à terre.»



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Cap de Bon-Désir : machinerie du criard de brume

Mécansime du criard (corne) de brume
Mécanisme du criard (corne) de brume

Cap de Bon Désir : le-sentier fleuri
                        d'épilobes
Cap de Bon-Désir : le sentier fleuri d'épilobes...

Cap Bon Désir : le-poste d'observation sur
                        les rochers
...menant au poste d'observation sur les rochers

Cap de Bon Désir : le guet
Cap de Bon-Désir : le guet

Cap-Bon-Desir-rorqual
Cap de Bon-Désir : la récompense, un petit rorqual

Cap-Bon-Desir-kayak-et-baleine
Cap de Bon-Désir:  autre observation

Cap de Bon-Désir : dernier coup d'oeil
                        avant de quitter
Cap de Bon-Désir : dernier coup d’œil avant de quitter

Quittant le site en fin d'après-midi après plus de deux autres heures d'observation sur les rochers, je gagne tranquillement le village de Bergeronnes où je passerai la nuit pour visiter demain l'Archéo-Expo.


Lundi 23 août 2021 : des BERGERONNES à ST-JOSEPH-DE-LA-RIVE

Nuit tranquille bien à l'écart de la route et devant le vaste panorama sur le rivière et, au loin, sur le fleuve St-Laurent. Le ciel est plus chargé aujourd'hui, si bien que je prends un peu plus mon temps avant de décoller.

Grandes-Bergeronnes-bivouac-derriere-l'eglise
Grandes-Bergeronnes : bivouac derrière l'église

Grandes-Bergeronnes-riviere-du-Bas-de-Soie
Depuis mon bivouac à Grandes-Bergeronnes, la rivière du Bas-de-Soie

J'avais repéré le bâtiment à l'aller, sans connaitre trop de quoi il s'agissait. Maintenant mieux informé, je parcours avec plaisir et intérêt la grande galerie qui présente avec des cartes abondamment illustrées, des maquettes et quelques objets - trop peu nombreux à mon goût - l'histoire de la région depuis la plus haute antiquité. Elle remonte à près de 10 000 ans, lorsqu'à l'issue de la dernière glaciation, des «immigrants» asiatiques transitant par le détroit de Béring finirent par atteindre ces côtes où ils s'établirent en nomade, exploitant à la fois les ressources maritimes et celles de l'arrière-pays. Grandes-Bergeronnes-Archeo-expo
Grandes-Bergeronnes : Archéo-Expo

Archeo-expo : carte des naufrages
                                sur la Côte Nord
Archéo-Expo : carte des naufrages sur la Basse Côte Nord
Puis on aborde les début de la colonisation européenne, et la difficile navigation sur le St-Laurent avec sa longue liste de naufrages...

Dans une salle voisine, une belle exposition de taxidermie réalisée avec beaucoup d'art présente la faune de la région dans des postures très «vivantes». Le Renard et le Lièvre
Le Renard et le Lièvre

Jeux-de-Louveteaux
Jeux de Louveteaux

Cerf de Virginie-(chevreuil)
Cerf de Virginie (chevreuil)

Deux faisans mâles s'affrontant
                                pour une femelle
Deux faisans mâles s'affrontant pour une poule faisane
Faisan de chasse (détail)
Faisan de chasse (détail)

Bergeronnes-Quai-sur-le-St-Laurent-embrume-depuis-Archeo-expo
Bergeronnes : Quai sur le St-Laurent embrumé depuis Archéo-Expo

Après un petit tour sur le quai donnant sur le St-Laurent où une brume légère a commencé à se répandre, je rejoins la Route 138 Sud en direction de Tadoussac. Paysage très vallonné où la route vagabonde et qui ne manque pas de charme.

Route 138 vers Tadoussac
Route 138 vers Tadoussac

Vers 18:00 j'atteins Tadoussac où j'embarque immédiatement sur le traversier qui me fait bientôt gagner la rive sud du Saguenay.

Tadoussac-rive-rocheuse-du-Saguenay-depuis-le-traversier
Tadoussac : rive rocheuse du Saguenay depuis le traversier
Tadoussac-le-Saguenay-depuis-le-traversier
Tadoussac : soleil du soir sur le Saguenay depuis le traversier

Je ferai encore une centaine de km dans le soir descendant, longeant le fleuve de plus en plus embrumé, pour finir par aller dormir aux Éboulements, sur l'aire de service en haut de la côte menant à St-Joseph-de-la-Rive.
Pointe-au-Bouleau-vue-sur-le-fleuve-embrume
Pointe-au-Bouleau : vue sur le fleuve embrumé


Mardi 24 août 2021: des ÉBOULEMENTS à MONTRÉAL
Sur-la-138-vers-Beaupre
Sur la Route 138 vers Beaupré
Le ciel est encore très nuageux aujourd'hui, avec de belles éclaircies. Je ne prolongerai donc pas davantage ma balade et roulerai non stop jusqu'à Montréal, à l'exception d'une pause carburant et déjeuner à mi-chemin. Arrivée à la maison en début d'après-midi.