Premier arrêt devant l'église ancienne du village de Lavaltrie fondé fin XVIIème; sa porte s'ouvre mais c'est pour découvrir une salle du spectacle «La Chasse Galerie» que la pandémie a rendu virtuelle, si bien que de grands rideaux noirs masquent le décor peint et sculpté de l'église et que quantité d'ordinateurs et autres consoles ou moniteurs posés sur des rangées de tables ont pris la place des bancs autrefois occupés par les fidèles. On m'y accueille aimablement, mais pour me préciser que cette installation - qui dénature complètement l'intérieur du digne édifice et empêche d'en contempler le décor - est là pour durer… Je bats en retraite, déçu du peu de cas que l'on fait ici de l'authentique patrimoine religieux et artistique du Québec. Je me console en me disant qu'au moins l'église n'a pas été démolie et ses trésors dispersés ou détruits… et qu'ainsi elle est préservée pour des jours meilleurs. | Façade de l'église St-Antoine de Lavaltrie |
En revanche, après un Louiseville sans aucune élégance, je ferai une pause plus intéressante à Yamachiche dont le centre a conservé toute une rangée de petites maisons bourgeoises autour de l'église. Ces demeures, édifiées par quelques architectes et entrepreneurs de talent, sont restées assez bien entretenues pour donner une idée de la richesse relative des propriétaires ruraux du coin fin XIXème et de l'émulation qui régnait dans ce petit monde relativement aisé. | Yamachiche : les jolies maisons de brique rouge sur la rue Ste-Anne |
Retenue du moulin de Tonnancour |
Continuant à longer le vaste Lac St-Pierre, j'arrive à Pointe-du-Lac où un petit détour me fait découvrir le Moulin de Tonnancour soigneusement restauré. M'abstenant d'entrer dans l'antre du meunier dont je connais déjà les secrets, je préfère faire le tour de la solide bâtisse en pierre qui a retrouvé son apparence ancienne début XIXème, et jeter un œil au bassin de retenue joliment aménagé. |
Voulant rejoindre la Route 155 qui remonte le St-Maurice jusqu'à La Tuque, je prends la direction de Shawinigan et finis par m'engager sur l'autoroute 55. Voyant soudain indiqué le Parc national de la Mauricie, je quitte assez vite l'autoroute pour une jolie petite route longeant la rive droite du fleuve. Trajet bientôt rural qui, dans la lumière dorée du soir, me mène jusqu'à St-Jean-des-Piles où je retrouve le belvédère donnant sur Grandes-Piles, malheureusement tellement envahi par la végétation que le charmant panorama attendu est presque invisible… | Panorama sur Grandes-Piles depuis St-Jean-des-Piles au-delà du Saint-Maurice |
Bivouac devant le parc de St-Jean-des-Piles au matin |
La lumière descend et la fraîcheur avec. Je prends congé de mon hôte sympathique et vais trouver au bout d'une autre impasse le bivouac paisible recherché. La nuit tombe bientôt tandis que je travaille encore un peu sur mes pages web, prépare un léger souper et me couche tôt, en projetant de faire demain l'excursion du Parc national de la Mauricie. |
Réveil vers 7:30 à la
lumière des lanterneaux, après une nuit des plus
tranquilles. Je me lève un peu plus tard, appréciant le
silence campagnard qui m'entoure, bien à l'écart de la
route (au demeurant peu passante). Après déjeuner et douche (l'eau est bien chaude cette fois) je vais faire un tour dans le petit parc et prends quelques vues de la vaste rivière qui roule ses eaux paisibles en remplissant maintenant la vallée (elle était beaucoup plus creuse avant l'érection du barrage de Shawinigan, m'a-t-on dit). |
Depuis le Parc des Piles, le St-Maurice en aval de St-Jean-des-Piles |
Après le Lac du Fou où
je déjeune au bord de l'eau, je
profite un bon moment du Lac Édouard et de sa
jolie plage de sable glaciaire (i.e. orangé et assez
gros) en relaxant allongé sur le sable et en observant
de magnifiques nuages d'un blanc éclatant qui
envahissent progressivement le ciel. |
Parc national de la Mauricie : échappée sur le Lac du Fou |
Nuages sur le Lac du Fou |
Parc national de la Mauricie : Lac du Fou |
Peu avant de virer vers le sud, je monte jusqu'au belvédère du Passage d'où s'étend la vue renommée sur l'enfilade du lac Wapizagonké long d'une vingtaine de km. | Au Passage, vue en enfilade sur le Lac Wapizagonké |
Au retour de ma petite
excursions sous les bois, quelques gouttes… J'arrive à
l'extrémité sud-ouest du parc et du lac Wapizagonké où
je me suis réservé une petite balade de 2 km qualifiée
de «facile» : Les Cascades, à partir du Centre
Shewenegan. Là encore sentier parfaitement aménagé (l'asphalte sur la plus grande partie permettrait de le parcourir en chaise roulante !), jolies vues sur le sous-bois et surtout sur la rivière qui, au delà d'un passage tranquille envahi par roseaux et nénuphars, dégringole la pente rocheuse en une longue suite de cascadelles bruissantes et rebondissantes. |
Parc national de la Mauricie : Shewenegan, départ de la balade vers les Cascades |
Grandes-Piles : l'église (1899) et le presbytère (1885) |
Réveillé dès 6:30 sous
un beau soleil, je sommeille jusque vers 8:00, me lève et
suis sur la route à 9:00. Je rejoins bientôt la A55 qui se
rétrécit en Rte 155 quelques kilomètres plus loin, au
moment de rejoindre le cours de la grande rivière. Arrêt à Grandes-Piles pour aller voir l'église (fermée comme d'habitude…), l'ancien presbytère et surtout le panorama, hélas encore une fois à peu près invisible depuis le parvis, en haut du village. |
Mais un ancien quai bien aménagé avec parking et vieux petit bateau de draveurs offre l'ouverture recherchée sur le vaste plan d'eau et le village de St-Jean-des-Piles sur l'autre rive. J'y traine un moment, appréciant l'ampleur de la vue, faisant quelques photos, avant de suivre les méandres de la 155 qui accompagnent fidèlement le cours de la large rivière. | Grandes-Piles : le quai sur la Saint-Maurice et le bateau des draveurs |
Le St-Maurice en quittant Grandes-Piles |
Le St-Maurice depuis la Rte 155 |
Quelques vues particulièrement spectaculaires valent un arrêt photos, et font endurer le trafic intense de gros camions (chargés de billots ou suivis de grosses remorques ravitaillant le nord) que l'on croise sans problème vu la largeur de la route, la qualité générale du revêtement et ses courbes redressées. Mais ceux qui me suivent en me talonnant comme impatient de me doubler sont plus fatigants. Alors que je me cantonne autour de 80 km/h, ils dépassent allègrement le 90 réglementaire et profitent de la moindre ligne droite pour de me dépasser dans le grondement de leur gros diesel. | Les grandes courbes de la Rte 155 épousant le cours de la rivière |
Descente de la Rte 155 sur St-Roch-de-Mekinac |
Un point d'eau providentiel à St-Roch-de-Mekinac |
Je finis par arriver à La Tuque après une centaine de km de cette belle route panoramique, et fait la pause déjeuner dans le Parc des chutes de la Petite Rivière Bostonnais. Piquenique frugal d'une salade de carottes au salami et bâton de crème glacée, puis petit tour sur le site. Du haut de la tour d'observation laborieusement gravie (92 hautes marches !) vue étendue sur la vallée du St-Maurice et les montagnes au loin, mais impossible d'apercevoir les chutes à son pied, tant la végétation est touffue et évidement non élaguée… |
Vue vers le St-Maurice depuis la tour des chutes de la Petite Rivière Bostonnais |
Chute supérieure de la Petite Rivière Bostonnais |
La Tuque : chute inférieure de la Petite-Rivière-Bostonnais |
La Tuque : haut de la chute inférieure de la Petite-Riviere-Bostonnais |
Arrivée sur le Lac-St-Jean peu après Chambord |
Je parviens vers 18:00 devant la large étendue du Lac St-Jean, lorsque la lumière commence à dorer et à descendre. J'entreprends le contournement de la vaste étendue d'eau par la gauche (sens des aiguilles d'une montre) et me rends jusqu'à Roberval en tentant de trouver un point de chute immédiatement sur la rive. |
Bien peu de mouvement
aujourd'hui : le ciel gris restera couvert toute la
journée, avec quelques gouttes éparses, ce qui n'incite
guère à aller admirer le paysage. Celui-ci est d'ailleurs
assez monotone, le lac étant au centre d'une grande
cuvette, riche au plan agricole, mais pauvre en relief
générateur de panorama pittoresque. Quant au lac lui-même, il est plat et «plate» sans que rien ne vienne égayer son étendue finalement des plus monotones. Même l'eau est uniformément grise sous ce ciel chargé, et les curiosités recensées dans le G.V. sont rares : à part l'église moderne en forme de tente près du petit port de plaisance, derrière le parc au bord de l'eau où se trouve le centre civique de la petite ville, rien à signaler. |
Roberval : église Notre-Dame près du centre civique |
Je passerai donc toute
la matinée sans bouger devant la gazon entourant mon
bivouac (station de pompage) sans que rien ni personne ne
vienne me déranger, ce qui me permet d'avancer dans la
mise au point des photos de ma page consacrée au Pays de
Galles. Cette pause me permettra aussi de faire passer un
léger embarras gastrique (petits pois après soupe aux
légumes d'hier soir…). Plus dispos en début d'après-midi, je gagne le centre de Roberval, confirme le peu d'intérêt d'en visiter davantage et vais prendre l'air sur le quai au bout du port de plaisance. |
Port de plaisance de Roberval |
St-Félicien : bivouac dans la cour du CLSC |
Comme je n'envisage pas de demeurer plus longtemps à Roberval, je poursuis mon tour de lac vers l'ouest et me rends jusqu'à Saint-Félicien. Le village est bâti sur la rive droite du large estuaire de la rivière Ashuapmushuan, là aussi sans aucune particularité culturelle ou architecturale. Je tâche de trouver un stationnement au bord de l'eau, que je finis par trouver dans la grande cour-stationnement du CLSC local, bien évidemment à peu près vide à cette heure. J'y passerai une soirée tranquille à poursuivre mes travaux d'édition photographique; souper très léger (potage et yogourt) et coucher tôt vers 22:00. |
Réveillé dès 6:15 après une excellent nuit, je démarre tôt après un petit tour dans le jardin public voisin (créé par un curé bien inspiré au début du siècle, décidément la prêtrise mène à tout !). J'y retrouve les statues colorées du pêcheur et de l'enfant qui m'avaient frappé en 1971; malheureusement l'imposant dispositif de jets d'eau qui égayait le grand bassin est à sec et ses tuyaux rouillés. Décidément je joue de malchance… | St-Félicien : le pêcheur sans canne et la fontaine sans eau dans le parc devant l'église |
Au bout du Chemin du Bôme |
Je vais déjeuner un
peu plus loin avant de traverser le pont menant à
Bellevue et à la partie nord du lac, mais là encore pas
de chance, je dois me déplacer lorsque le propriétaire
du petit terrain où me m'étais casé arrive et me signale
que je suis sur un terrain privé où il ne tolère pas le
stationnement d'inconnus… J'irai finalement installer mes pénates une quinzaine de km plus loin, sur le stationnement - public celui-là - de la rampe de mise à l'eau au bout du Chemin du Bôme, devant la vaste étendue lacustre. À part le va-et-vient des gros pick-up tirant leur chaloupe et venant les mettre à l'eau pour partir pêcher sur le lac, pas de dérangement, et je passerai la matinée tranquille à me doucher, lire et écrire dans ce bel environnement ouvert. |
Au moment de repartir,
je consulte le guide : il semble que les Chutes des
Pères vaille le déplacement à Dolbeau-Mistassini. Je
reprends donc la route avec cet objectif, atteint une
cinquantaine de km plus loin. Je dois me rendre jusqu'à
un office de tourisme local pour apprendre où sont ces
chutes, ignorées des quelques quidams interrogés à
Dolbeau : évidemment, puisqu'elles se trouvent à
Misstassini, la ville jumelle siamoise collée sur
l'autre rive de la rivière homonyme. Esprit de
clocher… Le débit du flot tumultueux dévalant sur les grandes dalles rocheuses rouges et usées impressionne, tout comme la largeur occupée par les multiples cascades. On les voit très bien en avançant dans le terrain de camping justement baptisé «des Chutes». |
Mistassini :
chute des Pères
|
Peribonka : le Musée Louis Hémon au milieu des arbres |
Près de l'église,
désaffectée semble-t-il, un bâtiment moderne en
construction devrait abriter le Musée Louis-Hémon dont je
recherche l'adresse dans le guide. Il n'a pas encore
déménagé et se trouve une quinzaine de km plus loin, en
pleine nature mais toujours au bord de la grande
route qui longe la large rivière Péribonka. Petit bâtiment
moderne un peu étrange au milieu de tous ces arbres, mais
à l'intérieur accueil charmant de l'hôtesse qui me
présente avec simplicité le personnage de l'auteur, sorte
de Jack London français. |
Hémon, Louis
Louis Hémon,
écrivain (Brest, France, 12 oct. 1880 - Chapleau,
Ont., 8 juil. 1913). Il immigre au Canada en 1911.
Après avoir été sténographe bilingue, de nov. 1911 à
juin 1912, à l'emploi d'une compagnie d'assurances, à
Montréal, il se rend au lac Saint-Jean. Séjournant à
Péribonka, puis à Saint-Gédéon, il travaille chez le
fermier Samuel Bédard. C'est là qu'il écritMaria
Chapdelaine: récit du Canada français, roman qui
allait le rendre célèbre à travers le monde entier.
Malheureusement, Louis Hémon ne connaîtra jamais cette
célébrité, car il meurt accidentellement à Chapleau
(Ont.), le 8 juil. 1913, tué par une locomotive, alors
qu'il marche le long de la voie ferrée, en direction
de l'Ouest.(notice de l'Encyclopédie canadienne) MARIA CHAPDELAINE est tout d'abord publié à Paris, dans Le Temps, du 27 janv. au 19 fév. 1914. Deux ans plus tard, le roman paraît à Montréal, sous forme de livre, chez J.-A. LeFebvre. Ce n'est toutefois qu'à partir de 1921, année où Bernard Grasset le lance en France, que le roman de Louis Hémon connaît le succès. Des critiques enthousiastes avancent aussitôt le mot chef-d'oeuvre à son sujet. Par ailleurs, s'il est fréquent, de nos jours, que l'on considère ce récit de la vie paysanne québécoise comme un symbole d'aliénation, tant individuelle que collective, on a tôt fait, à l'époque, en France et au Canada français tout particulièrement, de le récupérer et de le mettre au service d'une idéologie nationaliste prêchant la fidélité au passé et aux traditions. On se plaît à prêter l'oreille à la voix qui affirme qu' « au pays de Québec rien ne doit mourir et rien ne doit changer ... » On estime à plusieurs millions le tirage total de Maria Chapdelaine, au Canada et à l'étranger. Traduit en une vingtaine de langues - William Hume Blake en fait une traduction anglaise, dès 1921 - le roman de Louis Hémon est porté à la scène plusieurs fois: Julien Duvivier, en 1934, Marc Allégret, en 1950, et Gilles Carle, en 1982. Peu après la « révélation » de Maria Chapdelaine, Bernard Grasset publia trois oeuvres inédites de Louis Hémon, écrites pendant son séjour à Londres, de 1903 à 1911: La Belle que voilà, Colin-Maillard (1924) et Battling Malone (1925). En 1950, paraît un autre roman : Monsieur Ripois et la Némésis, et en 1968, Nicole Deschamps présente, sous le titre de Lettres à sa famille, une partie de la correspondance de Louis Hémon. Enfin, en 1982, les Récits sportifs que ce dernier avait écrits pour des journaux, tels Le Vélo, L'Auto, sont présentés par Aurélien Boivin et Jean-Marc Bourgeois. Une société des Amis de Maria Chapdelaine est fondée à Montréal en 1935, et un musée Louis-Hémon est ouvert à Péribonka en 1938. |
Réveillé tôt par le chant des oiseaux accueillant le jour dans un silence presque total vers 5:30, je sommeille encore un peu, et ce sont les gouttes tambourinant sur les dômes des lanterneaux qui prennent le relai. Donc ciel gris aujourd'hui, en tout cas à mon lever vers 7:30. Écriture, déjeuner et douche sans bouger, puis je gagne le stationnement du musée : l'Odyssée des Découvreurs qui ouvre à 9:00. | Alma : musée de l'Odyssée des Bâtisseurs |
Alma : L'Odyssée des Bâtisseurs : la dalle. Dès les années
1840, le marchand de bois William Price exploite
les ressources forestières du
Saguenay-Lac-Saint-Jean. Le bois coupé au
Lac-Saint-Jean doit se rendre à la scierie de
Chicoutimi pour être débité en planches et en
madriers, avant son exportation vers les marchés
européens. Toutefois, plusieurs billots se perdent
ou se brisent dans les baies et les rapides de la
rivière Petite Décharge à Alma. En 1856, Damase
Boulanger et son équipe sont mandatés pour ériger
sur la rivière Petite Décharge une série de sept
barrages et construire une énorme dalle de plus
d’un kilomètre qui permettra au bois de descendre
jusqu’à Chicoutimi sans perte. La dalle opérera de
1860 à 1894.
|
Joli parcours en forêt qui initie d'abord aux fondements du développement de la région : terre de colonisation agricole parallèlement à l'exploitation forestière. Des petits panneaux explicatifs bien faits présentent les transports (par eau : canoë puis petits vapeurs sur le lac jusqu'à l'implantation du chemin de fer à la fin des années '20). Puis c'est la drave (drive) qui permettait au printemps, i.e. à la fonte des glaces, de conduire les billots (13 pieds, la pitoune actuelle est plus courte - 8 pieds) bûcheronnés pendant l'hiver autour du Lac St-Jean vers les usines de papier de Chicoutimi. |
On nous montre aussi
le plus grand chantier hydroélectrique au monde (à
l'époque) le barrage de l'Isle Maligne (1925) sur la
Grande Décharge (du lac St-Jean), qui alimentait
essentiellement l'aluminerie géante de l'Alcan et enfin
toutes sortes de considérations sur la place de l'eau
sur notre planète. Puis c'est la visite des salles du Centre qui complète et illustre ces données avec photos, tableaux, bornes audio etc. Le harnachement ultérieur des rivières affluentes au lac m'impressionne beaucoup, puisque l'ensemble représente la deuxième zone de production électrique du Québec juste après la Baie James. On termine par une collection de photos des années 1950 à 70 qui illustre la vie urbaine dans la région et son entrée dans la modernité présente. Un beau tour d'horizon historique comme je les aime et qui aide à se situer. |
Alma : la Grande-Décharge à l'orée du Lac St-Jean, en amont du barrage de l'Ile Maligne |
Alma : l'église St-Pierre |
Il est presque 13:00
lorsque je retrouve mon ProMaster. Le ciel s'est
largement dégagé et le soleil aidant, les batteries se
sont totalement remplies. Je commence par me restaurer
légèrement, puis complète mon journal et repère dans le
guide les autres ressources de la région. Petite sieste ensuite, avant de me diriger vers l'église St-Pierre, une remarquable construction moderne (1962) en forme de barque et où le motif du triangle (la Sainte Trinité) est partout présent. Un office s'y donnant bientôt, j'ai la chance de pouvoir y pénétrer, avec les précaution d'usage en lien avec la pandémie… Lignes épurées, mobilier pas trop chargé, l'ambiance est conviviale quoique marquée d'une retenue qui contraste avec l'élancement des lignes. Ce sera la fin de mon parcours touristique à Alma. |
Je gagne ensuite Jonquière et le Mont Fortin qui domine le quartier de Kenogami, espérant y admirer le panorama annoncé par le Guide. Là encore le site est négligé, et il faut fouiller un peu pour découvrir au moins partiellement les vues annoncées : d'un côté, l'agglomération de Kenogami qui semble toute faite de pavillons de banlieue rassemblés… | Jonquière-Kenogami depuis le Mont Fortin |
Depuis le Mont-Fortin, le pont en aluminium d'Arvida |
De l'autre, un vaste paysage de collines essentiellement forestières, avec en plan rapproché le renommé pont d'Arvida tout en aluminium, unique en son genre nous dit-on, au pied du barrage de Shipshaw, invisible. |
Celui-ci fut bâti en un temps record pendant la 2ème guerre mondiale pour alimenter l'usine d'aluminium de RioTinto Alcan suite à la grande demande de ce métal stratégique. Le GPS est vite pointé sur ces deux curiosités et une route très sinueuse m'y mène bientôt. Le pont remarquablement conservé est maintenant classé comme site industriel d'exception et je réussis difficilement à en prendre quelques images partielles; en revanche le barrage au bout de la gorge tortueuse restera caché. | Pont d'Arvida en aluminium (1950) |
Je gagne donc
Chicoutimi, dernière section de la nouvelle ville de
Saguenay, où je choisis d'aller admirer le panorama
depuis la Croix de Ste-Anne. Un long pont me fait
traverser la rivière Saguenay qui ne tardera pas à
entrer dans son fjord, puis une rude montée me mène au
pied du monument de 18 m de haut qui commémore
l'arrivée des premiers colons dans la région au milieu
XIXème. Vue étendue tant au sud, sur la
ville étagée en partie sur les collines, qu'à l'est où
les eaux s'élargissent entre des rives encore très
peuplées tout en laissant pressentir leur devenir
maritime. La lumière du soir, de plus en plus dorée, embellit la scène, et je resterai un bon moment à admirer, tout en jasant avec une psychologue proche de la retraite qui a eu la bonne idée d'installer son logis tout contre le belvédère… |
Depuis le belvédère de la Croix de Ste-Anne, le Saguenaya en aval |
Je finis ma journée de voyageur en entamant la route 172 qui longe la rive nord du fjord. Arrêt au bord de l'eau sur la halte routière de Valin, très fréquentée, donc un peu bruyante, peu avant St-Fulgence. J'y prépare une soupe à l'oignon enrichie de croutons et d'une bonne couche de fromage, fondu faute de pouvoir le gratiner. | Le Saguenay depuis la Route 172 |
Route du Parc des Mts-Valin : maison québécoise traditionnelle |
En quittant la zone immédiate du fjord, la petite route assez sinueuse grimpe assez rudement à travers une région d'abord assez agricole où je repère quelques maisons récentes dans un style traditionnel très soigné - le fait est assez rare pour être souligné et marqué de quelques photos. |
Puis c'est la forêt
qui prend le dessus sur les pentes arrondies
entrecoupées de petits lacs et de rivières torrentueuse.
C'est le Piémont qui s'étend largement dans le parc, à
une altitude de 300 à 500 m. Au-dessus, les pentes
deviennent plus raides jusqu'au sommet de la chaine des
«pics», en fait l'équivalent des dômes ou des ballons
alsaciens, qui culminent entre 900 et 1000 m. |
Route des Monts-Valin |
Sur la route du Parc |
Sensation d'air pur et de nature parfaitement protégée, aménagée a minima (la route d'accès, en terre et pleine de tôle ondulée !), un peu comme dans la partie nord du Parc du Mt-Tremblant mais avec un relief et une végétation un peu différents. |
Au Centre d'accueil on me propose une courte randonnée de 2 km avec faible dénivelé qualifiée de «Facile» jusqu'au Lac des Pères, avec extension possible jusqu'à un belvédère sur le chemin plus costaud menant au Pic de la Tête de Chien (575 m). J'aurais bien gravi la route carrossable du Pic de la Hutte à 902 m, (le point culminant du parc, le pic Dubuc, culmine à 984 m), mais elle est fermée en hiver et ne rouvrira que dans une quinzaine. | Parc des Monts-Valin |
Parc des Monts-Valin : Lac des Pères |
Je finis par arriver au petit lac des Pères (deux curés du coins avaient l'habitude d'y venir pêcher, rapporte un panneau). Limité par un barrage de castor, celui-ci a relevé son niveau de quelques mètres, inondant un petit bois de pins dont ne demeurent que les troncs dénudés plantés dans l'eau comme une réunion de totems lisses et blanchâtres. Quelques photos, puis je me risque à poursuivre vers le Pic de la Tête de Chien. |
Je ferai bien un petit kilomètre sur la pente beaucoup plus raide et en nettement moins bon état, qui quitte le piémont pour gagner rapidement de la hauteur avec le changement de flore concomitant, jusqu'à un premier belvédère donnant sur le lac et sur la large vallée en dessous. Mais je renonce vite ensuite à poursuivre le sentier, trop raide pour moi, fais demi-tour et reviens au lac donc j'emprunterai plutôt l'itinéraire alternatif. | Parc des Monts-Valin : le Lac des Pères depuis le belvédère |
Parc des Monts-Valin : orchidée Cypripède acaule |
Il en longe d'abord la rive, puis vagabonde en perdant lentement de l'altitude sur un sol plutôt raboteux où s'entremêlent roches et racines. Végétation variée que j'observe avec curiosité et plaisir, ne serait-ce le survol insistant de dizaines de bestioles que semble attirer ma transpiration abondante. Heureusement le répulsif fait son office, et je parviendrai au bout du chemin sans avoir été dévoré ni piqué ! Je retrouve enfin mon home près de 3 heures après mon départ et une petite balade qui approchant bien plus les 5 km que les 2,5 annoncés… |
Parc des Monts Valin : Trille ondulé |
Rhododendron du Columbia |
Retour vers le fjord |
Il est maintenant midi passé, je bois et me confectionne un petit casse-croute (petits pois en mayonnaise et huitres fumées) avant de retourner sur la Route 172 par la même petite route vagabonde. Elle suit une vallée parallèle au fjord que je perds donc de vue, et file rapide entre des pentes boisées, longeant le cours rapide de torrents. |
Peu de maison, il faut
attendre Ste-Rose-du-Nord atteinte par un court détour
pour retrouver le magnifique spectacle du fjord. Hélas son quai et sa guinguette - où les gens font la file pour acheter la crème molle à l'érable renommée - sont envahis par les touristes du dimanche. Quand ce n'est pas une horde de grosses Harley-Davidson qui défilent, pétaradant à qui mieux-mieux, leurs chauffeurs n'ayant semble-t-il pas trouvé d'autres moyen pour rehausser leur ego… Minable ! et surtout extrêmement méprisant pour les autres promeneurs qui ne veulent que profiter de la beauté et de la tranquillité du site. |
Descente vers Ste-Rose-du-Nord |
Ste-Rose-du-Nord depuis le belvédère de la Montagne |
Je m'en évade en me
rendant jusqu'au bout du cap donnant sur le très large
cours du Saguenay. Sur la pointe rocheuse et sous les
pins, un gazebo rond permet de s'assoir à l'abri et
d'admirer à loisir l'anse et l'admirable étendue marine. Suivant le conseil d'un natif rencontré sur le quai, je monte ensuite au belvédère aménagé au sommet de la colline délimitant l'anse (route de la Montagne, à l'ouest du hameau). Rude montée en partie en première, puis balade de 300 m sous les arbre pour admirer en vue plongeante le pittoresque petit port et, en arrière, les près de sa zone agricole, maintenant moins exploitée, où la forêt reprend ses droits. |
Suite de la Route 172
qui continue à emprunter d'autres belles vallées à
l'intérieur des terres, vers Tadoussac, en particulier
celle de la rivière Ste Marguerite, une rivière à saumon
renommée. Un autre petit détour vers le sud me ramène au fjord, pour découvrir l'Anse-de-Roche, bien nommée car de nombreux rochers, bien visibles à marée basse, parsèment le petit mouillage. C'était autrefois un quai d'embarquement très utilisé par les goélettes qui transportaient le bois extrait de l'arrière-pays vers les usines à papier et scieries de Chicoutimi. Jolie vue, mais moins intéressante que celle de Ste-Rose. Un dernier petit trajet, beaucoup plus habité et plus plat maintenant, et je rattrape la grande Rte 138 qui m'amène à Tadoussac en début de soirée. |
Anse-de-Roche |
Réveillé à 5:20 par le
chant des oiseaux, et dans un cadre totalement serein, je
commence par mettre à jour le carnet puis à décider de
l'itinéraire de la journée : irai-je vers le nord pour
aller visiter le Parc national des iles Mingan, ou bien
remonterai-je tranquillement le fleuve vers Montréal comme
prévu ? On verra. En attendant de me décider, je quitte les lieux jusqu'ici déserts et gratuits pour aller me poser au-dessus du port de yachts, y écrire le carnet de route d'hier et me doucher. J'y déjeune et consulte la carte : 500 km jusqu'à Mingan, autant pour revenir, c'est beaucoup, et sans avoir la certitude que les visites guidées par des naturalistes soient déjà disponibles. |
La plage depuis le port de Tadoussac |
Dune de Tadoussac |
Je renonce donc à cette excursion jamais faite, et prendrai plutôt la direction du sud. Mais auparavant je découvrirai le site des Dunes, jusqu'ici inconnu, auquel me mènent cinq kilomètres d'une petite route à travers les arbres et au dessus du fleuve. La haute falaise de sable dominant la longue plage rayonne la chaleur, et le point de vue sur l'étendue maritime est inspirant. Dommage que partout fleurissent les panneaux interdisant le séjour des campers... |
La Route 138 que je rejoins peu après m'emmène immédiatement à l'embarquement du ferry pour franchir le large bras du Saguenay. Traversée courte, mais rendue toujours aussi grandiose par la perspective changeante des caps et des anses dans le fjord qui s'enfonce entre les terres, surtout par une journée claire comme aujourd'hui. | Le Saguenay depuis le traversier Tadoussac - Baie-Ste-Catherine |
Pointe-Noire : l'embouchure du Saguenay et la station de Parc Canada |
À peine débarqué sur la rive droite du Saguenay, je tente de voir des bélugas, ces petites baleines blanches en voie d'extinction, depuis le Poste d'Observation de Parcs Canada à Pointe Noire, mais le Centre d'Interprétation n'ouvre pas avant la mi-juin, et de baleine, point. Quelques photos de la vue magnifique sur l'estuaire immense (on voit à peine la ligne bleue de l'autre rive du St-Laurent). |
Encore quelques petits kilomètres jusqu'à la halte routière panoramique de Pointe-au-Bouleau où je décide de m'arrêter un bon moment, le temps que tombe un peu la chaleur du milieu de journée. J'achève le travail sur mes images de ce voyage, puis continue le retraitement de celles du Pays-de-Galles qui avance bien lentement… Déjeuner vers 15:00, un vrai rythme de vacances… L'après-midi s'écoule ainsi confortablement jusque vers 16:00. Voyant alors le soleil amorcer sa descente, et sentant une soudaine augmentation de température (le vent a tourné au sud, très chaud : 34° au thermomètre du ProMaster et humide), je décide de gagner un coin ombragé et à proximité immédiate de l'eau. | Sur la halte routière de Pointe-au-Bouleau |
Arrivée sur la Baie-des-Rochers |
Justement le G.V. signale la Baie-des-Rochers. à une vingtaine de km, au bout d'une petite route gravelée de 3 km. J'en prends aussitôt la direction et, au bout d'un chemin en fin de compte asphalté mais étroit, très sinueux et bosselé, arrive sur une plate forme juste au dessus de l'eau, dans une petite baie fermée par un îlot. |
Tableau charmant, encore agrémenté par un jolie cascade en éventail que fait la rivière avant de se couler dans le fleuve. En revanche il n'y fait un peu plus frais qu'à proximité immédiate de l'eau, aussi sortant ma chaise pliante je m'y installe à lire pour un bon moment, distrait seulement pas les cris de canard barbotant et se poursuivant dans la baie, et par le chahut continu de la cascade derrière moi. | Baie-des-Rochers : le torrent et la cascade |
Baie-des-Rochers : mon bivouac sur le quai en avant du petit VW |
Réveillé dès 5:30 je traine un peu, mais dérangé par les quelques insectes qui ont réussi à s'introduire dans l'habitacle, leur donne la chasse et m'apprête au départ. Je commence à mettre à jour mon carnet de route, attendant le réveil de mes voisin en combi VW pour leur faire mes adieux en leur laissant mes coordonnées, au cas où… (Je verrai in extremis Vincent au sortir de son bain matinal dans la cascade…). |
Puis je regagne la Rte
138. Il y fait très chaud mais pas pressé, je me refuse à
faire fonctionner la clim, préférant trouver un autre spot
à l'ombre pour passer la journée. Je le trouve juste avant
St-Siméon, sur une autre halte routière à l'estuaire de la
Rivière Noire (Pointe aux Quilles), à l'ombre de quelques
bouleaux et devant la magnifique voie d'eau du St Laurent
sur lequel défilent les longs cargos, les laquiers, en
route vers Montréal, Toronto ou les Grands Lacs
américains. Le vent du sud continue d'y souffler chaud, avec de brusques alternances d'un Nordet rafraichissant. Je sors ma chaise pliante et m'installe à l'ombre d'un bouleau pour écrire devant le large paysage. |
St-Siméon : ProMaster sur la halte routière de la Rivière Noire |
En passant devant Port au Persil je fais une petite escale, cet endroit est trop charmant - et calme ! - pour qu'on l'ignore ! |
Sur la Route 138 ouest |
La chaleur devient trop élevée pour que m'abstienne de faire fonctionner la clim, toutes ouvertures fermées et je roule ainsi à peu près confortablement jusqu'à La Malbaie. Paysages grandioses qui se révèlent particulièrement lorsque la Rte 138 culmine au sommet de l'une de ses innombrables côtes, dévoilant de larges vues sur le Fleuve jusqu'à son autres rive, le rivage ourlé d'anses et de caps et en arrière pays les monts couverts de forêt. |
En passant
Cap-à-l'Aigle, un panonceau «Jardins du
Cap-à-l'Aigle» attire mon attention. « L'une des
plus prestigieuses collections de lilas au monde ! »
titre une affiche sur le petit pavillon d'accueil.
Effectivement, 800 plants d'autant de variétés (sur 2000
existant au monde), il y a de quoi être fier. |
Cap-à-l'Aigle : les jardins des lilas |
Je cherche un point de
chute pour ce soir, et décide de tenter ma chance sur la
grande place vide devant l'église et le cimetière du
village. Joliment placée sur le haut de la falaise avec
vue sur le fleuve à 180°, elle est parcourue par une
légère brise des plus rafraichissantes après cette
journée plutôt chaude. Il y a bien un panneau
d'interdiction de stationner pour les RV, mais je
passerai outre. On verra… Pendant une petite heure je devrai supporter la fin de la tonte du gazon par deux jardiniers armés de leurs pétrolettes habituelles, mais après leur départ, quel calme ! |
Bivouac devant l'église de St-Irénée |
St-Irénée : bivouac devant l'église |
Décidément le presque sur place a son charme dans cette région ! 15 km durant la journée, et ça suffit pour me rassasier d'espace. Personne n'est venu me dire quoique ce soit ni durant la nuit ni durant la matinée super-tranquilles. La vue s'est complètement dégagée aujourd'hui, magnifique. Qui plus est, le fleuve et la côte en face apparaissent clairement, maintenant que le vent du nord-est à balayé la légère brume de chaleur qui flottait sur l'eau. Je profite de la lumière, de la chaleur confortable et de la paix pour poursuivre et achever la mise en page de notre voyage au Pays de Galles en 1994, retrouvant avec plaisir grâce aux photos nos nombreuses découvertes. |
Cap-aux-Oies : la plage vers le nord |
Au delà des rails, une longue plage de sable, absolument déserte, et seulement quelques autos laissées là par des promeneurs partis en balade. |
Cap-aux-Oies : bivouac au matin |
Je passerai la
journée sur place, sans quitter ce coin
merveilleusement tranquille. Réveillé des 5:30 sous un
grand ciel bleu illuminé par le soleil, j'écris un peu
en attendant que la température remonte dans
l'habitacle (10° au thermomètre extérieur) puis fais
chauffer mon thé. Un fourgon Marco Polo sur ProMaster,
occupé par trois jeunes femmes qui était arrivé hier
soir a déjà quitté les lieux, tandis qu'un jeune
couple, dans une Grand Caravan aménagée toujours sur
place, est parti en balade. Je finis par ouvrir la porte à glissière (pratiquement pas de mouches en matinée et aucun moustique, probablement chassés par la petite brise assez fraîche) pour profiter du beau temps et de la vue en déjeunant, me douchant puis travaillant un bon moment. |
Je m'interromps vers 11:15 pour faire une première balade du côté sud-ouest de la baie, puisque je suis à peu près au centre de l'anse. Il faut enjamber la voie ferrée - bien peu utilisée à voir l'état du ballast et des rails - puis descendre précautionneusement les gros blocs de roc entassés comme brise-lame. On se retrouve alors sur le sable plutôt grossier sur lequel sèchent des restes de varech et autres plantes marines noirâtres. | Cap-aux-Oies : le champ de varech sur fond de rocher |
Long cheminement sur ce sol relativement égal et sur les rochers affleurant usés par le passage glaciaire et les eaux du fleuve. La marée est basse mais le fond légèrement vaseux à peu près découvert me semble glissant et peu «appétissant», si bien que je fais plusieurs détours sur la terre ferme envahie par les arbustes, une herbe touffue très verte et les fleurs sauvages. |
Dans une grande bâche laissée par la marée, des canards pataugent et cancanent, pêchant des petits poissons pris au piège. Deux hérons déambulent tranquillement un peu plus loin. | Cap-aux-Oies : dans une bâche laissée par la marée, des canards |
Cap-aux-Oies : arbre dans le chemin du cap |
Cap-aux-Oies : Potentille des oies perçant à travers le cailloutis |
J'erre quelques
minute sur le cap rocheux rejoint par un étroit
sentier, y découvre, nichées dans des fissures,
quelques jolies plantes que je m'applique à
photographier. Point de vue immense sur le fleuve où éclate la lumière, l'air est pur et la côte sud assez élevée très visible avec les petites taches blanches de quelques maisons. |
Cap-aux-Oies : iris versicolor |
Sur l'eau, de temps en temps passe un gros cargo remontant le fleuve - je n'en ai vu aucun le descendant (?). | Cap-aux-Oies : le St-Laurent vers l'Ouest depuis le cap |
Cap-aux-Oies : les rails au-dessus du rivage |
Balade nettement plus longue (j'aurai parcouru presque 8 km au bout de la journée) mais aussi plus variée. En effet, au bout du cap atteint en remontant sur la voie ferrée, la marée recouvrant la plage au pied de la côte rocheuse, je découvre 2 autres anses rocheuses plus sauvages encore fréquentées par des familles de canards qui pêchent, dansant sur les vaguelettes… |
Les Éboulements : bivouac sur la halte routière |
Ciel très ennuagé au lever à 6:15, il fait presque froid à l'extérieur (8°) et je lance le moteur pour réchauffer rapidement l'atmosphère avant de faire fonctionner le Webasto. Cette fois-ci il démarre sans rechigner et me procure après 15 minute une douce chaleur de plus de 22° bien agréable. Je commence par mettre à jour le carnet de route puis déjeune, satisfait de mon emplacement nocturne effectivement silencieux, plat et largement ouvert sur le fleuve ici encore impressionnant. Malheureusement le ciel très couvert ne laisse passer à travers de rare percées de ciel bleu que des coups de soleil intermittents. Puis, vers 14:00 il se dégage, je resterai donc sur place une bonne partie de la journée à me reposer et à avancer la mise à jour de mes pages web. |
En fin d'après-midi je lève le camp pour descendre vers St-Joseph au milieu de la grande descente je bifurque pour gagner mon spot préféré sur l'ancienne route qui s'arrête brusquement devant la ligne de chemin de fer du «Ptit train de Charlevoix». | Les Éboulements : la grande descente vers St-Joseph-de-la-Rive; en arrière l'Île aux Coudre et son traversier |
Plaçant la
grande porte à glissière devant la vue sur l'anse
et le quai du ferry vers l'Île-aux-Coudre, je
laisse le soir descendre tranquillement sur ce
paysage de rêve, en marchant un peu, faisant
quelques photos et achevant la remise en page du
voyage en Bavière… Souper et coucher tard (je ne me suis guère dépensé physiquement aujourd'hui) en achevant de lire le recueil de nouvelles - très inégales à mon goût - de Brian Aldiss «L'instant de l'Éclipse». Extinction des feux à 22:30. |
Crépuscule sur St-Joseph-de-la-Rive |
Mon bivouac à St-Joseph-de-la-Rive |
Journée off. Quoique ayant
bien dormi je me sens un peu fatigué, et j'ai mal
aux jambes, particulièrement au mollet gauche qui
me semble «crampé». Je me demande si mon saut hier
soir au dessus d'un fossé un peu large et mon
effort pour me pousser sur sa rive opposée n'ont
pas entraîné un claquage au niveau du ligament
(n'étant guère sportif, c'est une sensation pour
moi inconnue, mais bien souvent rapportée par mes
camarades d'école…).
Je passerai donc la journée
sans trop solliciter cette patte folle qui me fait
légèrement boiter à chaque pas lorsque j'exerce
une pression dessus. Le temps est magnifique, le
ciel totalement bleu, le soleil brille mais une
légère brise du nord maintient la température dans
la zone confortable.
|
Enfin, vers 17:00, voyant le soleil descendre, je quitte cet endroit idyllique pour aller poser me pénates en plein centre du village, sur le petit stationnement de l'église quant à lui bien peu rempli. J'ai même la chance de pouvoir placer mon fourgon sur le côté Est, à l'ombre du côté chœur de la petite nef. Autre belle vue sur le fond de l'anse et sur les goélettes du Musée maritime de Charlevoix. | St-Joseph-de-la-Rive : l'église |
En quittant Baie-St-Paul |
En route donc,
après une lente traversée de Baie St-Paul. Ses
petites rues anciennes et hautement touristiques
(i.e. bordées de boutiques de souvenirs, de
restaurants et de «galeries d'art» ) où grouille
le touriste du dimanche me suscitent peu
d'appétence. Je préfère me diriger vers le gros
IGA local où je me procure quelques denrées
essentielles : eau en petites bouteilles de 500
ml, soupes concentrées et… une ouvre-boite,
décidément utile vu le stockage d'une bonne part
de mes menus ! Un grand parking ombragé tout
proche m'offrira la halte nécessaire pour préparer
un piquenique rapide, avant de quitter vers le
sud-ouest cette ville dont je n'aurai pas su
découvrir les charmes… Une suite de longues côtes assez raides et de vives descentes offre quelques grandes vues sur la ville, la rivière et la baie puis sur les collines recouvertes de forêts, jusqu'à l'embranchement vers La Petite-Rivière-St-François. |
Des descentes accusées (11% et même 15%) sur plusieurs kilomètres me ramènent au niveau du fleuve. Des petites maisons - beaucoup sont anciennes - occupent l'étroite terrasse entre la montagne et l'eau, mais c'est surtout le panorama sur le fleuve, les collines de Charlevoix, l'Île-aux-Coudre et le chenal parcouru par les gros navires qui vaut le coup. Je passe quelques minutes tout au bout du quai, tachant de trouver les cadrages rendant justice à l'originalité du lieu. | Depuis le quai de Petite-Rivière-St-François : la côte Charlevoix et l'Île aux Coudres |
Petite-Rivière-St-François : rose sauvage devant le large estran |
Longue
remontée ensuite - en troisième voire en seconde
- qui laissent apparaitre un très rapide
épuisement du réservoir d'essence… Inquiétant,
pour moi qui comptait refaire le plein à Québec.
Incertain de m'y rendre, et faute de la réserve
du bidon de secours que j'ai omis de remplir
après l'avoir vidé après l'hiver, je m'arrête à
Beaupré pour faire au moins un demi-plein,
espérant trouver plus loin du carburant à
meilleur prix. |
Nuit nettement
moins fraiche puisqu'il fait 15° à mon lever à
6:45, mais ciel couvert voire gris du côté nord,
annonciateur de pluie ? Je décolle sans tarder en amorçant le tour de l'ile dans le sens des aiguilles de la montre. La Route Royale suit le haut de la pente (plusieurs dizaines de mètres) descendant vers le bras nord du fleuve, bordée de petites maisons traditionnelles dont plusieurs remontent au début de la colonie française au XVIIème. |
Ferme XIXème à St-Pierre |
Ile d'Orléans : rive nord de Beaupré depuis St-Pierre |
Paysage
éminemment agricole, très vert et semble-t-il
opulent, beaucoup de fermes sont encore
exploitées, un peu d'élevage et beaucoup de
pomocultures, donc de cidreries plus ou moins
de fantaisie. C'est même sur le vaste
stationnement d'un vignoble que je m'arrête
une demi-heure plus tard pour me doucher et
déjeuner ! La pluie se mettant de la partie, mes photos de ces jolies maisons, relativement nombreuses, manqueront de vivacité. S'établit alors une petite bruine bien normande ou bretonne, comme l'origine de la plupart de ces colons. |
Devant la maison patrimoniale des Roberge, un petit monument en pierre commémore les ancêtres de ce patronyme qui, arrivés de France au Québec en 1664, s'installèrent ici dès 1669. Les Roberge seraient maintenant près de 4 000 en Amérique du Nord ! | Ile d'Orléans : maison patrimoniale des Roberge à St-Pierre |
L'église
ancienne de St-Pierre, derrière laquelle
j'ai dormi, est fermée à la visite (trop
tôt, heure ou saison, ou covid ?). Je
continue donc vers Ste-Famille avec toujours
ces maisons et petites fermes typiques
égrenées le long du fleuve, et quelques
échappées vers la côte de Beaupré où
pointent quelques clochers. Là encore, comme plus loin à St-François, puis St-Jean et St-Laurent les églises, anciennes puisque datant des débuts de la colonisation et apparemment riches de décor sculpté et peint, sont closes. On m'apprendra à la mairie de St-François qu'elles ne sont ouvertes que durant la période estivale, et encore, lorsqu'on trouve du personnel (étudiant en général) pour assurer l'accueil et la surveillance… Pas évident, la mise en valeur du patrimoine au Québec ! ÉGLISE
DE SAINTE-FAMILLE
CETTE ÉGLISE À ÉTÉ CONSTRUITE ENTRE 1743 ET 1747. SON DÉCOR INTÉRIEUR SCULPTÉ A ÉTÉ EXÉCUTÉ DE 1812 À 1825 PAR THOMAS BAILLAIRGÉ ET LOUIS-BASILE DAVID, ET IL EST REHAUSSÉ DE NOMBREUX TABLEAUX ATTRIBUÉS À CLAUDE FRANÇOIS, DIT FRÈRE LUC, FRANÇOIS BAILLAIRGÉ ET LOUIS-AUGUSTIN WOLFE. RECONNUE COMME L'UNE DES PLUS ANCIENNES ÉGLISES AU QUÉBEC, ELLE EST UN TÉMOIN EXCEPTIONNEL DE L'ARCHITECTURE RELIGIEUSE DU RÉGIME FRANÇAIS. ELLE SE DISTINGUE PAR SA FAÇADE ORNÉE DE CINQ NICHES ET CANTONNÉE DE TOURS EN SAILLIE. (Plaque apposée sur
l'église)
|
Ile d'Orléans : église de Ste-Famille (1747) |
Panorama vers le St-Laurent en aval depuis la tour d'observation de St-François de l'Ile-d'Orléans |
J'arrive
bientôt à l'extrémité nord-est de l'île où
une tour d'observation permet de contempler
le paysage sur le fleuve en aval. Vue
étendue, mais là encore le ciel gris éteint
les couleurs et limite la sensation
d'espace... alors que là commence l'estuaire
du grand fleuve. |
Église de St-François de l'Île d'Orléans |
Presbytère de St-François de l'Ile d'Orléans |
Il ne ne
reste donc qu'à continuer mon tour de l'île en
suivant la Rte 368, ou Chemin Royal, sans
guère d'arrêt sinon pour photographier telle
ou telle maison typique, et encore, sous la
pluie… La côte sud-ouest (St-Jean,
St-Laurent), qui fait face à la rive sud du
fleuve, est nettement plus densément habitée,
et les petites maisons - apparemment pas mal
de résidences secondaires - se succèdent sur
une étroite bande de terre entre campagne et
eau. Bien des maisons sont neuves ou récentes,
et pas toujours du meilleur goût… Le Québec
n'a vraiment pas pris le virage de la
modernité au plan esthétique et
particulièrement architectural ! Mais les
maisons traditionnelles plus anciennes ne
manquent pas de charme... |
Maisonnette à St-Jean de l'Ile d'Orléans |
St-Jean-de-l'Ile-d'Orléans : l'église (1734-1737) |
St-Jean de l'Ile d'Orléans : maison derrière l'église |
Depuis Ste-Pétronille de l'Île-d'Orléans, vue vers Québec dans la grisaille |
Je finis par arriver à la pointe sud de l'île, rue du Quai à Ste-Pétronille où, noyé dans la grisaille, le panorama de dégage brièvement vers la silhouette de la ville de Québec et sur l'étranglement du fleuve (kebec en montagnais). Plusieurs grosses maisons victoriennes joliment fleuries, résidences de vacances ou de week-end pour la bourgeoisie de la capitale, vaudraient qu'on en fasse une petite exploration, mais sous la pluie… Je gagne donc l'église, au milieu d'un boisé et déjeune sur le grand stationnement vide. |
Québec, MNBAQ : façade Beaux-Arts du Pavillon Gérard-Morisset |
Brève pause sieste, puis je reprends la route pour gagner directement le MNBAQ sur Grande Allée. L'autoroute puis de grandes avenues m'y mènent sans délai, et à 14:39 je laisse mon véhicule au bord du Parc des Champs de Bataille. J'obtiens immédiatement mon billet de visite - une chance, j'avais omis réserver - et me dirige vers le pavillon Gérard-Morisset, le seul que je ne connaisse pas encore. |
On y présente un bon
échantillonnage de l'art au Québec, depuis
l'installation des Français
(essentiellement de l'art religieux)
jusqu'aux courants post-impressionnistes
des années 30 à 50.
|
MNBAQ, Pavillon Gérard-Morisset : salle d'Art religieux ancien |
Québec, MNBAQ : Saint Michel terrassant le Dragon |
Québec, MNBAQ : Saint Michel terrassant le Dragon (détail) |
Québec, MNBAQ : Christ en croix, attr. à Paul Jourdain dit Labrosse (entre 1725 et 1769) |
Québec,
MNBAQ : Christ en croix, attr. à Paul
Jourdain dit Labrosse (entre
1725-1769) (détail)
|
Québec, MNBAQ : la salle des peintures |
MNBAQ : Jean-Baptiste Meilleur (par inconnu entre 1833 et 1835) |
MNBAQ : Chasseur indien, par Cornelius Krieghoff (1858) |
MNBAQ : Couple d'Habitants sous le blizzard, par Cornelius Krieghoff (1855) |
MNBAQ : Louis-Joseph Papineau, par son gendre Napoléon Bourassa (1858) |
MNBAQ : A l'ombre d'un arbre par Helen-Goloway-McNicoll (vers 1910) - une artiste montréalaise dont j'ignorais tout. |
MNBAQ : Le port de Montréal, par Maurice Cullen (1915) |
MNBAQ : Le port de Montréal, par Adrien Hébert (1924) |
MNBAQ : Jeune fille au col blanc, par Alfred Pellan (1934) |
MNBAQ : Paysage de Charlevoix, par Jean-Paul Lemieux (1935) |
À 17:00 je suis de retour au ProMaster, trainant un peu la patte… Je crains qu'il ne lui faille quelques jours avant de retrouver sa souplesse et son endurance habituelle. Je laisse donc à une autre fois les découvertes et visites au long de la route et rentrerai directement à Montréal. | MNBAQ
: le nouveau Pavillon Pierre-Lassonde
|
St-Germain-de-Grantham : bivouac au 214, rue de la Verdure |
Pluie légère
durant la nuit, et ciel gris au lever vers
7:15. Les bermes de mon impasse débordent de
marguerites, l'herbe est drue, les arbres
touffus et les fossés remplis d'eau : le
Québec rural si riche de la plaine du
Saint-Laurent. Pas de bruit non plus, j'ai eu
le flair en venant jusqu'ici chercher mon
bivouac. Un lapin sauvage passe en sautillant et s'aventure sur les vastes gazons entourant les grosses maisons de cette banlieue cossue. Pendant que j'achève mon déjeuner, c'est un chevreuil qui passe discrètement en direction du bois tout proche… |