CANADA OUEST

Août-sept. 2020

(10 138 km)

Jean-Paul en solo à bord de son ProMaster



Photos visibles en pleine grandeur et en diaporama sur Google Photo :
https://photos.app.goo.gl/w8wAxeaUub8Eqw6NA


Cinquième partie : Le retour vers Montréal


Itinéraire du retour à Montréal
Itinéraire du retour à Montréal


44 713      Jeudi 17 septembre 2020 : d'EDSON à ELK ISLAND NATIONAL PARK (273 km)

Réveil à 8:15 après une nuit des plus paisibles, en face d'un parc et à côté d'une école. Comptant sur le chauffage du moteur pour tempérer l'habitacle (le thermomètre marque 5° sous un beau soleil) je démarre immédiatement en rattrapant la Hwy 16 et roule à travers la campagne légèrement vallonnée jusqu'à 10:30. Halte pour douche et déjeuner au bord du lac Wabamun, au bout du quai du petit port de plaisance et près des oies qui se prélassent dans les eaux tièdes.

Passage
          du train à Wabamun
Passage du train derrière la plage à Wabamun

La
            locomotive de tête du CN
La locomotive de tête du CN

Un train passe entre rivage et village derrière moi : je compte 154 wagons porte-containers accrochés derrière les deux grosses loco diésel rouges et noires. Ensuite, le silence…   jusqu'à ce que 10 minutes plus tard, ce soient 204 wagons accrochés derrière 2 locos du CN en avant et une autre juste après le 100ème. Cette fois il s'agit de wagons vraquiers, transport de grain, à voir l'épi dessiné sur plusieurs. Une demi-heure plus tard, la cloche de la barrière qui s'abaisse retentit à nouveau : derrière 2 locos, ce sont 199 wagons porte-containers qui défilent… Sont-ils vides pour se contenter seulement de ces deux locomotives ? Quand on parle des trains nord-américains…
Le temps passe agréablement au grand soleil, devant le beau plan d'eau et son petit port guère achalandé aujourd'hui. Je reprends un peu la relecture de ma traduction du bouquin d'Edward Curtiss sur les Hopis, puis décide de gagner le centre d'Edmonton où je réserve par internet mon entrée à l'Art Gallery of Alberta pour une visite à 14:30. J'ai donc amplement le temps de parcourir la cinquantaine de km faciles sur l'autoroute 16 Yellowhead et pénètre dans la capitale de l'Alberta. Elle semble avoir suivi la même évolution que Québec, i. e. avoir énormément grossi et vouloir presque jouer un rôle de métropole (rôle tenu par Calgary). En tout cas les travaux considérables d'aménagement et la reconstruction presque totale de son centre ville, piqueté de hauts immeubles en acier et en verre bleuté (tout en conservant quelques immeubles typiques fin XIXème début XXème bien restaurés) en donnent l'impression. Tout cela est assez réussi d'ailleurs.

Edmonton-100-St-NW
Edmonton 100 St-NW, une des grandes artères du centre ville

Edmonton : City Hall sur le Square Sir Winston
            Churchill.
Edmonton : City Hall sur le Square Sir Winston Churchill

Le GPS me mène directement au 2, Sir W. Churchill Square, une vaste place avec quelques arbres, une fontaine, et quelques grands bâtiments publics comme la mairie, le théâtre, la grande bibliothèque et l'Art Gallery of Alberta (AGA) que je tiens précisément à visiter. Stationnant à deux pas sur une rue typique des centres villes actuels, i.e. grands immeubles à bureaux en arrière plan, mais vieilles maison victoriennes abritant bars, terrasses et restaurants, je laisse là mon ProMaster et gagne le musée.

Edmonton : façade de l'Alberta Art-Gallery-AGA
Edmonton : façade de l'Art Gallery of Alberta (AGA)
Edmonton : entrée de l'AGA
Edmonton : entrée de l'AGA

AGA : l'entrée depuis le 1er palier
Edmonton : AGA : l'entrée depuis l'escalier vers le 1er palier
AGA
                  : 1er palier
AGA : le 1er palier

Sa façade totalement atypique le rend immédiatement reconnaissable : une sculpture en soi, pleine de mouvement et d'affirmation. Tarif très raisonnable (7,50 $ pour un senior comme moi) mais pas de collection permanente accessible. En revanche 3 expositions empruntent en partie à cette collection, et la complètent avec la collaboration d'autres grands musées canadiens : la première consacrée à Rembrandt jeune, la deuxième au Groupe des Sept et «autres voix» picturales canadiennes de la même époque, et enfin une série de maquettes préparatoires et de fort belles photographies grand format retraçant la conception et la construction du musée lui-même à l'occasion de son dixième anniversaire. Toute les œuvres ne sont pas du niveau le plus élevé, mais leur présentation matérielle et documentaire rend le parcours des plus intéressants.
Edmonton : AGA facade du 1er palier
Edmonton : Art Gallery of Alberta : façade du 1er palier
Edmonton AGA : 1er et 2ème palier
Edmonton : Art Gallery of Alberta : 1eret base du 2èmepalier
AGA - Expo Rembrandt emerges AGA-présentation de l'Expo Rembandt jeune

AGA - Tête de vieillard au chapeau par
                  Rembrandt-vers 1630
Tête de vieillard au chapeau, par Rembrandt vers 1630
AGA-Tete-d_une-vieille-femme-de-profil-Mere-de-Rembrandt-attr.
Tête d'une vieille femme de profil, dite «Mère de Rembrandt» (attr.)

AGA - Homme en buste portant un chapeau haut «le père
            de Rembrandt» par Rembrandt (1630)
Homme en buste portant un chapeau haut dit « Le père de Rembrandt», par Rembrandt (1630)

AGA-Tete-d_homme-dans-un-turban-par-Rembrandt-1661
Tête d'homme en turban, par Rembrandt (1661)
AGA-Tete-de-vieillard-aux-cheveux-boucles-par-Rembrandt-1659
Tête de vieillard aux-cheveux bouclés, par Rembrandt (1659)

AGA- palier du 1er étage
AGA : palier du 1er étage depuis le haut de l'escalier

AGA- maquette en papier
AGA- maquette en papier du musée

AGA- maquette en papier
AGA- maquette en papier du musée

Affiche de l'expo «Groupe des Sept»

Présentation de l'expo Groupe des Sept


The Fisherman, par Tom Thomson (1916-17)
The Fisherman, par Tom Thomson (1916-17)

Algoma-Sketch-1918-19-par-Lawren-S-Harris
Algoma Sketch, par Lawren S. Harris (1918-1919)

Canyon V,-Sketch-XCVI, par Lawren S. Harris
Canyon V, Sketch-XCVI, par Lawren S. Harris

Winter-par-Arthur-Lismer-1920
Winter, par Arthur Lismer (1920)

Three Lone Shack,St-Fabien, par-A.Y.Jackson (1935)
Three Lone Shack, St-Fabien, par A.Y. Jackson (1935)

Spring Breakup, par Albert-Henry Robinson (1928)
Spring Breakup (Débâcle printanière), par Albert-Henry Robinson (1928)

Arctic-Night-par-F.H.-Varley-ap-1938
Arctic Night, par F.H. Varley (ca. 1938)
South-Peak,-Mt-Victoria-par-Lawren-S.-Harris-ca-1949
South Peak, Mt-Victoria, par Lawren S.Harris (ca.1949)


Near-Snowflake-Manitoba-1930-par-Lionel-LeMoine-Fizgerald
Near Snowflake, Manitoba, par Lionel LeMoine-Fizgerald

Edmonton
                  : sortie de l'AGA
Edmonton : sortie de l'A.G.A.
Edmonton
                  : façade de l'AGA
Edmonton : façade de l'A.G.A

Edmonton :101A Avenue Edmonton : sur la 101A Avenue Edmonton : Citadel Theatre et-Bibliotheque
                  A.Millner
Citadel Theatre et Stanley A. Millner Library

Bibliotheque publique Stanley A.Millner
Edmonton : bibliothèque publique Stanley A. Millner

Je ressors deux heures plus tard assez satisfait, fais encore quelques photos du quartier qui décidément parait assez réussi (on voit que l'Alberta ne manque pas de ressources, mais qu'il sait aussi les employer avec goût).

Un parcours rapide du Guide Vert ne me montre pas grand chose d'autre d'attirant que je n'aie déjà visité. La seule attraction qui m'aurait séduit, un village ukrainien reconstitué et animé (ces Européens sont très nombreux à avoir immigré dans cette province) a fermé ses portes à la fête du Travail, i. e. le 4 septembre, et ne rouvrira qu'à la fin du printemps…

Comme l'après-midi est encore jeune et le temps favorable, je pars immédiatement pour le Elk Island National Park que m'a chaudement recommandé le ranger consulté au Bureau de  Parcs Canada à Jasper. Je rejoins donc la Hwy 16 après une longue sortie de ville tant à cause de son étendue (jolis quartiers résidentiels ombragés) que des innombrables travaux qui barrent les rues et détournent la circulation. Je suis intrigué par l'agrandissement du circuit de tramway qui semble-t-il, fonctionne sans caténaires… À vérifier.

Une autre cinquantaine de kilomètres à mon train paisible me permet d'observer le paysage rural mi-cultivé mi-boisé, continuellement doublé dans un grand bruit de moteur lancé à fond par d'énormes et longs camions à double remorque dont je relève le PTA autorisé : 63 500 kg ! Enfin l'autoroute traverse un zone clôturée et déserte : nous sommes dans la partie sud du parc Elk Island, et je vois à deux reprise un bison broutant l'herbe drue de l'autre côté de la clôture. Bon présage.

Entrée du Parc national Elk Island
Entrée du Parc national Elk Island

Puis c'est la bifurcation dans le parc lui-même où la circulation est limitée aux moins de 4 500 kg détenteurs d'un laisser-passer de Parc Canada (que je possède déjà). La guérite d'accueil est fermée; dommage, cela m'empêchera d'obtenir carte et brochure qui auraient facilité ma découverte. Presque immédiatement sur la route qui s'enfonce dans le parc du sud au nord, se présente une «Boucle des Bisons» qui, sur environ 1,5 km, traverse des zones semi-boisées et des vastes clairières dont les bisons sont censés brouter la haute herbe jaune (la fétuque). Malheureusement pour moi, bien qu'empruntant 2 fois la même boucle parcourue entre 10  et 15 km/h je n'en apercevrai aucun; en revanche un beau coyote presque blanc (que je prends d'abord pour un loup gris), à une centaine de mètres du ProMaster, s'arrête et me considère longuement, avant de poursuivre son chemin vers les fourrés.

Parc national Elk Island : coyote
Parc national d'Elk Island : coyote

Quant aux bisons c'est plus loin en continuant la route que j'en doublerai deux, d'abord un jeune mâle puis un vieux plus crotté et corpulent, qui paissent l'herbe verte autrement plus fournie sur la berme.

Bison du Parc national d'Elk Island
Bisons du Parc national d'Elk Island

Bison
Bisons du Parc national d'Elk Island

Je me rends ainsi jusqu'au grand lac Astotin dont certaines sections de la berge ont été aménagées à des fins récréatives. On y trouve entre autres un beau golf (!) mais aussi des campings assez rustiques, une plage de sable et une rampe de mise à l'eau pour les canots. Je me balade un peu à droite et à gauche, admirant l'équilibre qu'on a réussi à garder entre la nature sauvage et l'utilisation humaine d'enclaves, apparemment sans trop de conflits.

Soir sur le lac Astotin
Fin d'après-midi sur le lac Astotin

Parc-National-Elk-Island-soleil-couchant-sur-le-lac-Astotin
Parc national d'Elk Island : soleil couchant sur le lac Astotin

Parc national d'Elk Island : soir sur le lac Astotin
Parc national d'Elk Island : soir sur le lac Astotin


Après quelques photos du coucher de soleil sur le lac et ses îles en profitant de la paix du soir, je cherche un peu et finis par découvrir un grand parking vide (il ne doit se remplir que les week-ends) près de l'eau où je me case dans un coin sous les arbres. La nuit tombe, je prépare mon souper, rédige ces notes et me couche tôt vers 21:30.

oiseau-sur-le-lac-Astotin


44 986 Vendredi 18 septembre 2020 : de ELK ISLAND NAT. PARK à VERMILION (175 km)

Réveil à 7:30 dans un grand silence un peu inhabituel; les visiteurs ne commenceront à circuler qu'une heure plus tard. Le ciel d'abord pâle, bleuira progressivement tout en conservant un voile bien de saison. La journée sera plutôt chaude (le thermomètre montera jusqu'à 23°) mais sans moiteur.

Bivouac devant le lac Astotin
Bivouac devant le lac Astotin

Je traine un peu, déménage sur le parking principal avec vue directe sur le lac, retouche les photos faites au musée hier, parcours le Guide Vert à la recherche de mes destinations suivantes… Puis je vais m'enquérir d'une carte du parc auprès de la préposée à l'enregistrement au camping - premier personnel vu jusqu'ici - qui m'en fournit une très complète. Elle m'indique aussi où trouver de l'eau potable pour remplir mes bouteilles.

Cette corvée accomplie, je décide alors de faire la balade du Sentier de l'Étang-des-Castors, facile, en terrain presque plat, 3,6 km à parcourir en 1 à 2 heures en musardant un peu. Je commence par me doucher sur le petit stationnement plus discret entouré d'arbres, puis me lance sur le  joli sentier forestier qui tournicote entre différents plans d'eau habités par des colonies de castors.

Hutte de castor sur l'un des étangs de Beaver Pond
Hutte de castor sur l'un des étangs de Beaver Pond

hutte-sur-Beaver-Pond Travail de castor
Autre hutte et souches résultant de l'abattage par les castors

Je n'en verrai malheureusement aucun, malgré mes patientes et attentives observations, mais leurs œuvres sont partout : barrages constitués d'amoncellements d'arbres (abattus par eux), de branchages et autres résidus forestiers. On voit aussi émerger à plusieurs endroits le haut de leurs huttes lacustres, partiellement recouvertes de végétation.

Mais ce sont principalement les très nombreux tronçons d'arbres coupés à une trentaine de centimètres au dessus du sol, entourés des débris, qui témoignent de leur présence active.

Travail de castor Travail de castor
Le travail des castors
Pour le reste, c'est surtout le charme de cette forêt relativement clairsemée de feuillus en ce commencement d'automne qui me charme. Cela me fait penser à refaire une autre fois au Québec la promenade dans les Cantons de l'Est tracée par Michel au Sud-Est de Montréal.
Marécages
Marécage à la limite de l'un des étangs
Sentier
Un joli chemin au creux des arbres
Beaver Pond : nid d'insectes ?
Beaver Pond : nid d'insectes ?

Sentier
Parc national d'Elk Island : fin du sentier de Beaver Pond

De retour au stationnement je me restaure un peu, puis reprends la direction sud pour aller parcourir la «Promenade des Eaux de la vie». Dans cette courte incursion sur les eaux du lac Astotin, près de mon bivouac, des passerelles posées sur flotteurs permettent d'explorer in situ les différentes formes que prend la vie dans ces milieux humides. Hélas, une barrière - sans explication - en entrave l'accès…

Promenade-des-Eaux-de-la-Vie-plan
Tracé de la Promenade des Eaux de la Vie

Départ de la Promenade des Eaux de la Vie fermé
Départ de la Promenade des Eaux de la Vie fermé !

Elk Island sur le lac Astotin
Elk Island sur le lac Astotin

Je décide alors de reprendre ma route vers l'Est, et redescends vers le sud la route principale qui coupe la Hwy 16, non sans apercevoir à nouveau un gros bison mâle fort occupé à brouter sur la berme. Observation de l'animal qui semble tout-à-fait indifférent aux voitures qui s'arrêtent les unes après les autres pour le filmer et le photographier, comme s'il jouait là le figurant de service.

Parc national d'Elk Island : bison des plaines broutant
          au bord de la route
Parc national d'Elk Island : bison des plaines broutant au bord de la route

Parc national d'Elk Island : bison des plaines broutant
            au bord de la route

Ensuite je tente à nouveau d'apercevoir une petite harde de ces grosses bêtes censée paître dans la Boucle aux bisons, mais cette fois encore je n'en verrai aucun.

Laissant maintenant ce magnifique petit parc derrière moi, dans la lumière chaude de la fin de journée je file sur l'autoroute sans m'arrêter - hormis une courte pause-photos pour filmer deux énormes moissonneuses batteuses rouges rasant de concert un immense champ de blé jaune d'or, juste au bord de la route.

Moisson-au-bord-de-la-Hwy-16

Moisson au bord de la Transcanadienne Hwy 16

Moisson-au-bord-de-la-Hwy-16.

Puis je continue mon chemin à travers la plaine légèrement vallonnée, toute en cultures, pointillée de lacs plus ou moins grands où s'ébattent outardes et canards. Le soir descend; vers 18:15 je fais étape à Vermilion où j'ai repéré de l'essence à bon prix (0,969 $/l.) Puis, après un long appel à Monique qui me fait part de ses dernières découvertes fiscales, je décide de planter là mon bivouac ce soir. Je tourne un peu dans les quelques rues au carré, puis dégote un grand parking gravillonné entre le Temple des Témoins de Jehovah et le petit «Musée» local. Le chemin de fer est juste à côté, mais je n'entendrai pas trop passer les quelques très longs trains habituels qui roulent au pas. Souper, transfert et dénomination des photos; trop las pour écrire je tombe dans mon lit dès 21:45 et m'endors aussitôt.


45 161 Samedi 19 septembre 2020 : de VERMILION à SASKATOON (347 km)

Réveillé une première fois par le passage d'un train à 5:45, je me rendors pour émerger deux heures plus tard. Sans tarder je démarre et suis sur la route à 8:05.

Bivouac à Vermillon
Bivouac à Vermillon

Un gros soleil rouge tout rond diffuse une lumière quelque peu tamisée sur la plaine, signe de beau temps ? En tout cas il fait relativement chaud (12°) pour la saison, et l'autoroute est bien dégagée. Je suis fidèlement les consignes de conduite que je me suis données : vitesse maximum de 85 km/h, accélérer dans les (légères) descentes et laisser mourir l'élan dans les montées, relativement rares dans ce paysage qui devient vite monotone. En passant Lloydminster j'aperçois une pharmacie Shoppers Drug Mart (groupe Jean Coutu) et  vais y prendre du pansement liquide pour soigner mes gerçures qui mettent trop de temps à disparaitre. Puis je me douche et déjeune tout en prenant mon courrier. Message de ma cousine Anne qui m'apprend le retour d’Édouard chez lui. Je l'appelle illico et passe un bon moment à discuter avec lui. Il semble faible et un peu abattu, mais a retrouvé une conversation à peu près normale. Appel ensuite à Anne pour la remercier, elle est en arrêt de travail, ayant été diagnostiquée positive au covid… (contaminée au collège par ses élèves ?). Je profite de cette longue pause pour mettre à jour mon carnet de bord, puis à 11:15 reprends la route sous le soleil timide.

Route monotone, le dira-t-on jamais assez, que l'interminable traversée de ces Prairies maintenant couvertes d'immenses champs de céréales pâles auxquels le Normand est si peu habitué… De temps à autre, un bouquet d'arbres, bouleaux ou autres feuillus, et au loin la silhouette d'une élévateur à grain (silo), généralement à proximité de la voie ferrée, pour l'expédition des abondantes récoltes, l'or doré des Prairies. L'or noir est aussi présent, sous forme de cylindres noirs apparaissant tous les quelques kilomètres, seuls ou groupés, réservoirs à proximité d'un puits dont on voit ou non la pompe à levier qui extrait, avec semble-t-il une patience infinie, cette autre richesse du sous-sol. De gros camions citernes à remorque (63,500 tonnes) font le ramassage périodique, comme le lait en Normandie ! Et c'est tout, au fil des kilomètres que la route avale, généralement plate avec parfois de légères montées ou descentes peu accusées.

Battleford-Allen-Sapp-Gallery-frontiispice


Je finis par aboutir vers 14:00 à New Battleford où le G.V. signale l'Allen Sapp Gallery qui expose des toiles du peintre homonyme, un Amérindien Cree qui, analphabète, peignit des paysages et des scènes de la vie de ses contemporains sur sa réserve. Stationné en arrière du petit musée, je déjeune d'une salade de tomate au thon, puis fais le tour de la galerie.

Les photos sont malheureusement interdites, et la grande et unique salle, sur les murs de laquelle sont accrochés les tableaux, ne permet guère de déroger… Il reste une œuvre intéressante plus par les sujets que par la facture, encore que ce sont surtout les personnages qui «souffrent» du manque de formation du peintre, un jeune indien souffreteux à qui sa grand-mère mit dans les mains un pinceau pour l'occuper. Très doué, il se mit à peindre son expérience quotidienne et son environnement essentiellement rural, tout imprégné du spiritualisme amérindien. Découvert et soutenu dès sa trentaine par un médecin du coin amateur et mécène, celui-ci le propulsa dans quelques expositions qui firent un tabac, et il finit en 2015 couvert d'honneurs tant au plan provincial que national et universitaire.

Allen-Sapp-Gallery
Allen Sapp Gallery

Allen Sapp Gallery : Making Friends, par Allen
            Shapp,1944
Allen Sapp Gallery : Making Friends, par Allen Shapp (1944)
Allan Sapp Gallery : Haying Scene
Allan Sapp Gallery : Haying Scene

Coming Home with a load, par Allen Shapp
Coming home with a load, par Allen Shapp

They've all come to visit par Allen Sapp, 1986
They've all come to visit, par Allen Sapp (1986)

Going for Prairie Chicken, par Allen Sapp (1968)
Going for Prairie Chicken, par Allen Sapp (1968)

These kids have skates, par Allen Sapp
These kids have skates, par Allen Sapp

Battleford-Allen-Shapp-Galery


Je passe un bon moment à découvrir les toiles qui, l'une après l'autre, respirent l'amour de la nature (les toiles hivernales avec neige sont particulièrement suggestives et réussies), et sont pleinement immergées dans le quotidien des personnes, les traditions (sans aucun folklorisme) et la tendresse pour ses personnages. Je tâcherai d'en savoir plus sur lui et de collecter quelques photos de ses œuvres sur le net.

Au moment de repartir, j'aperçois juste devant moi un Liquor Store gouvernemental, équivalent des magasins de la S.A.Q., qui possède ici le monopole de la vente des alcools et boissons alcoolisées (y compris la bière). Je vais y faire un tour, histoire de vérifier si cette autre province est logée à la même enseigne que l'Alberta. Hélas, ces pauvres «westerners» doivent tous payer plus cher pour un choix moindre que celui dont nous gratifie la Belle Province, confirmant notre orientation nettement plus méditerranéenne : moins d'alcools forts et de bières, mais beaucoup plus de vins, d'origines plus diverses, et surtout 30 à 50% moins cher. Me voilà édifié, je répéterai l'expérience en Ontario.

Après cette bonne étape, je quitte Battleford en passant devant les bâtiments du Western Development Museum - fermé - reconstituant un village mi-XIXème : ferme avec ses dépendances, petite église ukrainienne à bulbe, boutiques, poste de police et ateliers d'artisans, animés en saison (jusqu'à la Fête du Travail le 4 sept.) par des gardiens costumés exécutant les gestes quotidiens. Dommage, cela aurait pu être intéressant ! La route reprend, toujours aussi monotone, par un temps un peu bizarre, lourd, le soleil présent rayonne à travers un halo rouge et il fait chaud : le thermomètre montera jusqu'à 25°. Moi qui craignais de tomber sur de la neige au retour ! d'autant que l'altitude autour de 650 m est encore élevée. Je dois même faire fonctionner la clim pour être plus confortable…

Du coup l'absence de stimulation dans l'environnement me rend plus sensible à tous les bruits, grincement, couinements et autres rossignols émanant de l'intérieur du ProMaster, et je tente d'en identifier la source pour y remédier. Presque tous semblent provenir de la zone cuisine, et plus précisément du placard supérieur. Deux arrêts pour en ouvrir la porte, resserrer les vis de fixation et d'assemblage, ouvrir le réchaud et en enlever les réservoirs d'alcool, etc. ne donnent pas grand chose. Il faudrait être deux pour repérer précisément les bobos tandis que le véhicule est en mouvement… On verra donc cela plus tard, et je devrai prendre mon mal en patience jusqu'à Montréal (encore 3 000 km !).

Belvédère sur la North Saskatchewan River peu avant
            Saskatoon
Belvédère sur la North Saskatchewan River peu avant Saskatoon

Le bateau d'York


LA RIVIÈRE SASKATCHEWAN NORD

La rivière Saskatchewan nord était la route la plus importante pour l'exploration et le commerce du nord-ouest au cours des années 1800 et fut essentielle pour l'ouverture de l'ouest du Canada aux pionniers. La rivière a servi de passage pratique pour fournir des fournitures, telles que du pemmican, aux habitants en amont et au transport des fourrures d'animaux en aval. Ces fourrures, piégées et échangées en Alberta et en Saskatchewan, ont trouvé leur chemin à l'est sur la rivière jusqu'au lac Winnipeg, puis sur les Grands Lacs, le fleuve St. Laurent jusqu'à Montréal. À partir de là, elles étaient expédiées aux acheteurs en Europe.

Le canoë, le canoë du nord, le bateau d'York et le vapeur à aubes (tels que le Northcote) ont été les principales formes de transport sur la rivière. le bateau unique de York (illustré à gauche) a été spécialement développé pour le voyage fluvial. Un autre type de bateau trouvé pour traverser la rivière était le chariot de la Rivière Rouge. On convertissait ce char à bœuf en radeau pour traverser des rivières telles que la Saskatchewan.


Il est passé 17:00 lorsque je parviens enfin à Saskatoon. Je vais directement stationner en plein centre ville, au bord de la Saskatchewan Nord, à deux pas de la Mendel Art Gallery que je pense visiter immédiatement (elle est supposée fermer à 21:00, dixit Michelin). En fait, nouvel horaire, Covid ou autre raison, elle est fermée depuis quelques minutes et ré-ouvrira demain matin à 9:00. Je dormirai donc là, malgré le bruit assez considérable de la circulation (qui devrait s'atténuer plus tard). Souper puis rédaction du carnet dans la nuit qui s'établit bientôt, bien casé dans un coin du parking qui se vide. La rumeur de l'avenue voisine tend à s'atténuer, me laissant espérer un sommeil paisible.

Saskatoon : bivouac devant Mendel Art Gallery
Saskatoon : bivouac devant Mendel Art Gallery


45 508 Samedi 20 septembre 2020 : de SASKATOON à WINNIPEG (774 km)

À mon lever à 8:00, ciel ennuagé très gris qui n'atténue pas trop l'embrasement des arbres entourant le parking. J'y suis absolument seul, et le passage sur la rue voisine s'est totalement arrêté vers 22:00, ce qui m'a valu une nuit «comme à la campagne». Cette fois c'est bien l'automne qui est là, et j'en suis étonné, quand il s'annonçait à peine dans les montagnes au début de la semaine.

Après douche et déjeuner pour être prêt à 9:00, ouverture de la Galerie, je me présente à la porte où l'on ne lésine pas avec les précautions : couvre-chaussures stériles, lavage des mains avec eau et savon désinfectant, masque bien sûr, et ensuite enfin je peux prendre mon billet… pour me rendre compte alors que la Collection Mendel n'est plus là ! Elle a été «intégrée» au nouveau musée d'art moderne Remai, et le présent bâtiment converti en «musée» pour enfants… Tout cela sans aucun avertissement ou affiche, et sans même que l'on change les inscriptions en grosses lettres sur la façade !

Saskatoon : façade de la Mendel Art Gallery
Saskatoon : façade de la Mendel Art Gallery

J'en suis fâché et le fais savoir, car du coup je devrai me faire rembourser mon billet et refaire tout le cérémonial à l'envers, ce qui prendra près d'une demi-heure. Je pourrai ensuite gagner le grand bâtiment, assez réussi d'ailleurs, du nouveau musée en question à un kilomètre et demi, en me faisant difficilement donner les explications pour m'y rendre, personne bien entendu ne parlant un traitre mot de français. Je résous le pb en entrant sur mon GPS l'adresse préalablement transcrite, et à 9:50, suis dans le grand hall d'accueil du «Remai Modern ».
Saskatoon : façade du musée rRemai mModern
Saskatoon : façade du musée rRemai mModern
Saskatoon : hall d'entrée du rRemai-nModern
Hall d'entrée du rRemai-mModern

rRemai nModern : composition lumineuse dans l'escalier
rRemai nModern : composition lumineuse dans l'escalier

Là c'est une autre déception qui m'attend, car la précieuse et intéressante collection Mendel n'est plus présentée en tant que telle; elle a été  «noyée» dans ce musée d'art contemporain où l'on n'en produit que quelques pièces, exploitées à l'appui des thèses esthético-socio-politico contestataires que ce genre d'institution charrie un peu partout dans le monde, une autre variante du snobisme bobo. Les grandes salles presque vides donnent toute la place ici à  une «installation » où un mannequin enfile des peaux artificielles qui remodèle son visage et ses traits, expérience qui semble la plonger dans un abîme de réflexion… Dans une autre salle, on présente alignées un quarantaine de linogravures de Picasso, en fait seulement trois complètes et achevées, les autres n'étant que les tirages intermédiaires (monochromes ou à peine plus) qui, après tous les passages sous presse, finiront par donner ces trois images achevées. Ce qui me parait gratuit, en tout cas ne mérite pas les 300 ou 400 m2 de salle d'exposition mobilisés. Bref beaucoup de fla-fla, et guère de contenu. Pour moi l'émotion esthétique n'est pas au rendez-vous…

ANATOMIE D'UNE NATURE MORTE


"Les objets qui entrent dans mes peintures sont des objets communs de n'importe où : un pichet, une chope de bière, un bol, une simple table commune. Je veux dire quelque chose au moyen de l'objet le plus courant”. Pablo Picasso

Dans l'histoire de l'art, le genre de la nature morte a été considéré comme bien moins important que le portrait ou la peinture d'histoire en raison de son manque de sujet humain. C'est un genre idéal pour véhiculer les plaisirs matériels de la vie, souvent représentés par des objets tels que les décors de la table, la nourriture, le vin et les fleurs coupées. Les natures mortes peuvent également être riches en symbolisme, parfois en mettant en garde contre la brièveté de la vie humaine. Depuis le début du XXe siècle, la nature morte a souvent servi de base à l'expérimentation formelle.

Pablo Picasso a exploré le genre de la nature morte tout au long de sa longue carrière en utilisant la peinture, le collage, la sculpture et diverses formes de la gravure. La collection de linogravures de Picasso du Remai Modern comprend un grand nombre d'épreuves de travail qui ont rarement été de l'artiste, offrant un aperçu intime du processus de création de l'artiste. Exemple extraordinaire, Nature morte à la pastèque comprend quatorze étapes différentes et a donné lieu à une linogravure en huit couleurs. Anatomie d'une nature morte présente une sélection alléchante d'œuvres créées dans ce genre par Picasso en 1962.

Nature morte à la pastèque par Pablo Picasso
Nature morte à la pastèque, par Pablo Picasso (1962)

Nature morte au verre sous la lampe, par Picasso
            (1962)
Nature morte au verre sous la lampe, par Pablo Picasso (1962)

Je ressors donc là aussi un peu frustré, en me demandant quelles magouilles ont pu faire que la Fondation Mendel, et tous les donateurs et sponsors qui y ont contribué, aient pu ainsi se faire déposséder par un autre mécène apparemment fort riche et puissant. Mystère de la politique artistique municipale…

Je réussis quand même à apercevoir deux tableaux de la collection Mendel qui retiennent mon intérêt :

A nice Sunset par Allen Sapp (1990)
A nice sunset, par Allen Sapp (1990)
Winter Hi-Way, par W.C. McCargar (1963)
Winter Hi-Way, par W.C. McCargar (1963)

En quittant le rRmai mModern de Saskatoon
En quittant le Musée Remai Modern de Saskatoon

Je ne m'attarderai donc pas à Saskatoon, vais quand même jeter un oeil au quai-jardin joliment aménagé sur le bord de la rivière Saskatchewan Nord, puis sors de la ville en regagnant la Yellowhead Hwy. Je ne sais jusqu'où je parviendrai à me rendre d'ici ce soir, mais vu le peu d'attractions ouvertes et que je n'ai déjà vu dans ce qui reste de Saskatchewan et d'ici Winnipeg au Manitoba, je compte bien me rendre aussi loin que possible dans cette direction.

Parc au bord de la Saskatchewan River à Saskatoon
Parc au bord de la Saskatchewan River à Saskatoon

Je ne reviendrai pas sur la monotonie du paysage à peu près plat et envahi par les blés. De place en place, d'énormes moissonneuses-batteuses les récoltent, provoquant un immense nuage de poussières qui me fait fermer précipitamment fenêtres et ventilation. L'état de la route est très variable : de grands bouts sont excellents, un vrai tapis qui me permet d'apprécier la musique que mon nouvel autoradio diffuse fort bien; d'autres sont terriblement bosselés et secouent la caisse du ProMaster en engendrant toutes sortes de grincements et couinements, ce qui m'amène à enlever le réchaud, vider des tiroirs etc. pour tâcher d'isoler l'origine de tous ces «rossignols» horripilants. Sans résultat vraiment probant… M'enfin, j'arrive néanmoins à bien m'avancer, malgré le vent du sud très fort; je ne prends que deux pauses : l'une vers 15:00 pour déjeuner et faire cuire du riz et éplucher/râper les carottes qui me serviront de salade les prochains jours, l'autre vers 19:00 pour prendre une collation avant d'attaque les derniers 200 km qui devraient me mener à Winnipeg. Comme cela, demain je devrais pouvoir traverser une bonne partie du nord de l'Ontario dont je sais combien il est interminable.

Je roulerai donc quasiment sans m'arrêter jusqu'à 22:00, finissant par aboutir, en banlieue de Winnipeg, sur le grand stationnement d'une station-service apparemment ouverte, mais dont les pompes sont bloquées et le bureau fermé. J'y referai le plein demain matin en partant.

Je dormirai donc ici dans un silence relatif, bien abrité quant même du trafic de la Highway derrière un grand bâtiment inoccupé. Je me restaure rapidement d'une soupe en boite Campbell à la tomate additionnée de riz et de persil  - pas mal - que je déguste avec quelques rondelles de  saucisson à l'ail : inattendu, mais composant un repas reconstituant, couronné d'une portion du tiramisu dégoté il y a 3 jours au Safeway de Hinton. Je jette ensuit ces notes sur mon clavier pour me coucher à minuit.


46 282 Lundi 21 septembre 2020: de WINNIPEG à THUNDER BAY (745 km)

Winnipeg bivouac dans la station-service au
                    petit matin
Bivouac à Winnipeg dans la station-service au petit matin
Réveillé à 7:45, je décolle à 8:00 sous un ciel très gris et un vent encore fort, mais par une température douce de 17°, après avoir fait le plein de carburant. La traversée de Winnipeg est longue, d'autant plus qu'à part le centre ville prestigieux, elle laisse voir de longues avenues commerciales peu reluisantes jalonnées de publicités et d'enseignes tapageuses des plus vulgaires.

Quant aux rues résidentielles transversales, beaucoup me semblent plus que modestes, ce n'est décidément pas une ville séduisante. La sortie de ville se fait assez abruptement du côté sud-est, et je retrouve les paysages de boisés feuillus assez épars qui dureront sur une centaine de kilomètres jusqu'à la frontière ontarienne, marquée par un vaste parc avec lacs et équipements de loisir (Whiteshell Provincial Park).

La Transcanadienne entre Winnipeg (Manitoba) et
                l'Ontario
La Transcanadienne entre Winnipeg (Manitoba) et l'Ontario


Je sors temporairement de la Transcanadienne à Falcon Lake, histoire de me doucher et de petit-déjeuner en paix au bord de l'eau. Le vent fraîchit sans qu'il fasse encore froid, je reste à l'intérieur pour écrire et envoyer un petit mot à Hermione à l'occasion de son anniversaire, 12 ans déjà !

Falcon Lake
Près de Falcon Lake, à la frontière Manitoba-Ontario

Puis je reprends la route; le paysage change assez radicalement puisque c'est l'orée du Bouclier canadien avec ses forêts sombres de résineux, ses rochers affleurant et ses innombrables lacs…

Retour au Bouclier canadien - épinettes
En Ontario, retour au Bouclier canadien avec ses épinettes et ses rochers

La journée sera longue, d'autant plus que je dois ajouter une heure à ma montre en changeant encore une fois de fuseau horaire. Je roulerai donc toute la journée, hormis une pause-déjeuner vers 15:00 devant un lac, cette fois ontarien, pour avaler une portion de salade de carotte (bien assaisonnée avec des olives vertes fourrées, j'aime), quelques lamelles de cheddar rouge Cracker Barrels (il faut bien sacrifier aux produits locaux, malgré leur manque de sapidité), un yogourt pour la santé et une portions de tiramisu pour la gourmandise… Puis je repars pour 7 heures de route sur la Transcanadienne après avoir retranscrit sur une clé USB quelques morceaux de musique classique, histoire de changer de répertoire sur la boite à musique du bord.

En passant Dryden, je m'avise de l'aggravation des picotements dans mes yeux et mon nez, et me souviens être arrivé depuis 2 jours au bout de mon flacon de comprimés de cétirizine, que je n'ai donc pu ajouter à mon pilulier quotidien… Je gagne donc la rue principale de la petite ville pour trouver une pharmacie et y quérir le médicament - en vente libre. Le pharmacien auquel je présente mon flacon vide acheté à Costco me propose à dosage égal du Claritin : 15 $ pour 20 comprimés, quand j'en obtiens 200 pour une vingtaine de dollars… Devant mon sursaut, il me propose un succédané sans marque, mais là encore 11$ pour si peu me parait excessif… Je renonce donc à mon achat, résigné à souffrir sans engraisser ces ignobles compagnies pharmaceutiques, et m'apprête à quitter la ville, lorsqu'en passant devant le centre commercial limitrophe, j'aperçois un Walmart. Le déclic se fait, Walmart comme Costco inclut une pharmacie et distribue ce genre de produits en vente libre et à coût modique. Et j'y trouve effectivement, sous une autre étiquette, mon même  flacon avec le même contenu et à un prix équivalent (25 $ + tx). Allez comprendre une différence de prix aussi considérable…

Ensuite je file à travers le paysage de forêt, de lacs et de rochers affleurants typique du Bouclier, peu accidenté - ce qui me permet de maintenir une consommation raisonnable - mais lassant par sa monotonie et surtout son caractère interminable. La chaussée est excellente, ce qui change de la Saskatchewan et surtout du Manitoba, car depuis Saskatoon j'en ai vu de toutes les couleurs sur la Yellowhead Hwy. Du coup plus, de rossignols, ce soucis-là s'estompe - au moins temporairement - et je peux écouter à peu près correctement la musique qui m'aide à faire passer le temps en avalant progressivement les 365 km vers Thunder Bay.

En revanche, avec la tombée de la nuit, c'est la crainte de frapper un moose (orignal) venu jouer sur la route qui s'insinue progressivement, comme le rappellent des panneaux insistants et répétés tous les quelques kilomètres. Que faire ? Arrêter ? Mais je suis en pleine cambrousse, et encore bien loin de mon objectif. Puis l'idée surgit en me faisant doubler par un gros camion citerne avec double remorque (63,500 tonnes de convoi roulant, c'est écrit dessus !). Ces véhicules roulent très régulièrement - avec cette masse ils n'ont pas le choix - et sont munis à l'avant d'un bouclier à l'épreuve d'un éléphant. Je le suivrai de près et il me servira d'avant-garde, au cas où… Me voilà donc à la poursuite du camion en question que je rejoins bientôt et, dans la nuit qui s'installe, le suis fidèlement à la distance respectueuse d'une centaine de mètres, me repérant sur la constellation de feux de position qui décorent son panneau arrière.

Je profiterai de l'aubaine sur près de 250 km, jusqu'à ce que, dans une côte un peu raide, mon guide - et ange gardien - m'oblige à passer devant en s'arrêtant à moitié engagé sur l'accotement. Peut-être en a-t-il eu marre d'avoir mes phares - mal réglés au demeurant - dans ses rétroviseurs ? Désappointé, je me retrouverai quelques kilomètres plus loin un autre lièvre qui, lui, ne me lâchera qu'à l'entrée de Thunder Bay.

Longue traversée de la ville au tissus lâche dans laquelle je me perds un peu, jusqu'à ce que je pointe le GPS sur le parc Marina que j'avais bien apprécié à mon passage à l'aller. Je retourne exactement au même endroit, devant le parc en bordure immédiate du Lac Supérieur, avec la différence qu'aujourd'hui je suis seul à rester stationné devant l'eau. Il est passé 22:30, je me prépare un souper un peu plus consistant (un doigt de whisky Crown Royal avec le reste des pistaches, potage poireaux pommes-de-terre Maggi, fèves en sauce à la Britannique (non sucrées ?) Campbell, garnies de rondelle de saucisson à l'ail, salade de fruit, le tout arrosé d'un peu de Cabernet-Sauvignon Syrah dont la bouteille elle aussi tire à sa fin… Puis j'écris le carnet de route du jour et, à minuit, passe au lit dans un silence complet, après que le dernier train voisin ait terminé ses manœuvres.


47 027 Mardi 22 septembre2020 : de THUNDER BAY à GERALDTOWN (329 km)

Pas de réveil en cours de nuit, mais décidément les haricots cuisinés à la canadienne ne me réussissent guère et cette fois-ci encore je me réveille assez barbouillé côté abdominal… De plus je ne sais plus trop quelle heure il est : ma montre marque 7 heures, mais en fait elle est en retard d'une heure par rapport aux autres horloges que j'ai déjà ajusté à l'heure de l'Est. Donc il est 8:00, ce qui cadre mieux avec le grand ciel lumineux et le soleil déjà haut. La journée sera belle, et surtout dispensera une magnifique lumière sur les arbres dont les couleurs sont juste en train de s'enflammer. Je me lève tranquillement en profitant de la vue superbe devant moi sur la rade de Port-Arthur (le premier nom de Thunder Bay) en trainant un peu, sans pour autant préparer mon déjeuner ni prendre ma douche…

Bivouac devant la rade de Thunder Bay
Bivouac devant la rade de Thunder Bay

Enfin vers 10:00 je m'ébranle et décide d'aller refaire le plein de carburant là où il est le moins cher en ville (94 cents le litre, au lieu de 1,169 $ partout ailleurs, merci Gasbuddy !), en l'occurrence dans la réserve amérindienne qui jouxte la ville à l'ouest. Belle occasion de retraverser et découvrir tout ce côté là de la ville, qui s'avère très mêlée; autant certaines rues et avenues présentent bien, autant d'autres semblent dans le très modeste, quoique généralement en ordre et propres. Dans la réserve, sur la grande rue qui la traverse c'est la surenchère à qui offrira le tarif le plus bas… je joue le jeu, le service est bon enfant, le carburant j'espère correct, et j'en verse au delà de 82 litres dans le réservoir de 90 litres. Il était temps !

Me voilé paré à reprendre la route; en passant devant le grand Metro tout neuf je fais un saut pour quérir le petit pot de crème de cuisson 35% indispensable au Normand et quelques légumes frais. Je prends enfin la direction de Nipigon au nord, sur le bord du Lac Supérieur, là où la Highway se divise : la branche plus au sud-est continue de longer le Lac Supérieur tout au long jusqu'à Sault-Ste-Marie, c'est celle que j'ai empruntée à l'aller. L'autre qui porte le N° 11 pique au nord-est pour aboutir à Cochrane, à 650 km, et c'est celle que j'ai décidé de prendre cette fois-ci. C'est une autoroute de grande style (qui a dû coûter une fortune…), très large et paysagée qui relie Thunder Bay à Nipigon. Le parcours en est plaisant, avec de temps à autres de superbes dégagements sur le Lac Supérieur, immense, qui s'estompe à l'horizon sud.

Sur la Hwy 17 en quittant Thunder Bay, au dessus du
                Lac Supérieur
Sur la Hwy 17 en quittant Thunder Bay, au dessus du Lac Supérieur

Sur la petite route montant au Ouimet Canyon
Sur la petite route montant au Ouimet Canyon
Feuillage automnal en approchant du Canyon

Je fais le petit détour d'une douzaine de km qui mène au Canyon Ouimet, une curiosité géologique assez impressionnante, où la table rocheuse qui constitue la base même du Bouclier canadien est brusquement et profondément entaillé par une longue faille aux parois verticales sur une centaine de mètre de hauteur et approximativement 200 m de largeur. Deux théories s'affrontent sur l'origine du phénomène, mais les glaciers sont de toute façon à sa source.

Gloire des feuillages d'automne resplendissant dans le grand soleil, contrastant avec le ciel intensément bleu.

Dans le parc Le ravin sous le pont d'accès
Le ravin sous le pont d'accès

Panorama sauvage et singulier, dans un parc provincial parfaitement aménagé avec sentiers et belvédères. Il préserve le caractère sauvage du site mais aussi une flore très particulière rassemblant sur 100 m de hauteur celle que l'on retrouve répartie sur 1 000 km du sud au nord de l'Ontario.

Ouimet canyon - premier belvédère vers le nord
Ouimet Canyon : le premier belvédère vers le
                      Sud

Ouimet Canyon : vue depuis le premier belvédère vers le Nord...

...et vers le Sud

Deuxième belvédère vers le Nord
Ouimet Canyon : du deuxième belvédère, vers le Nord
Ouimet Canyon : pente est depuis le 2ème
                    belvédère Versant Est depuis le 2ème belvédère

Éboulis au fond du canyon
Éboulis au fond de Ouimet Canyon

Ouimet Canyon : l'Indien de la légende La légende de l'Indien



Ouimet Canyon : silhouette de l'Indien de la légende



Sur la route descendant de Ouimet Canyon vers le Lac
              Supérieur
Sur la route descendant de Ouimet Canyon vers le Lac Supérieur

Je déjeune avant de repartir et de gagner la bifurcation de la Hwy 1 et de la Hwy 11 à Nipigon. En traversant le village je fais un ultime plein d'essence avant d'affronter ce que je crains être une longue zone désertique de près de 650 km (ce qui se révélera inexact).

Su la Hwy 11 longeant le Lac Nipigon
Sur la Hwy 11 longeant le Lac Nipigon en début d'après-midi

Puis j'entame le long parcours, d'abord vers le Nord puis plein Est qui, relativement plat, s'insinue entre les multiples lacs et la forêt toujours présente. Il s'avère quand même assez varié : parfois ce sont de grandes étendues couvertes d'épinettes noires en peuplements denses, très droites, mais qui semblent s'étioler vers leur pointe, plus souvent ce sont des bouleaux et autres feuillus dont les couleurs nuancées (mais leur dominante actuelle est dorée) sont un enchantement.

Sur la Hwy 11 en soirée
Sur la Hwy 11 en soirée

Je roule ainsi jusque vers 19:30, lorsque la lumière commence à baisser après le coucher du soleil. Je décide alors d'arrêter à Geraldton, une petite agglomération autrefois minière sise à l'écart de la grande route (donc silencieuse…) et bien évidemment au bord d'un lac aux multiples ramifications. Avisant le grand stationnement vide du siège de l'administration régionale de Greenstone (équivalent d'une municipalité régionale de comté québécoise ?), je m'y installe à la place jouissant de la plus belle vue sur l'environnement. J'y admire un superbe crépuscule sur le lac avant de vaquer aux tâche du soir (cuisine en particulier, je prépare une fricassée de poivrons multicolores bien appréciée, rien à voir avec les beans indigestes du terroir...). Coucher autour de 22:00.

Bivouac à Geraldton : crépuscule au bord du lac
Bivouac à Geraldtown : crépuscule au bord du lac


47 356 Mercredi 23 septembre 2020 : de GERALDTOWN à ROUYN-NORANDA (694 km)

Réveillé à 8:15 après une excellente nuit, je n'ai même pas entendu la pluie et suis surpris de découvrir le pare-brise couvert de gouttes. Je suis sur la route à 8:45 après lever et photos du site, ma foi fort bien aménagé : un beau jardin paysagé en bordure de lac entoure des bureaux très modernes. Geraldton-bivouac-devant-les-bureaux
Bivouac devant les bureaux de Geraldtown<
Geraldton-le-lac-au-matin
Geraldtown : le lac au matin
Le ciel est passablement couvert, laissant filtrer de temps à autre seulement un rayon de soleil qui illumine les paysages de forêt et de lacs que je continuerai de traverser toute la journée, magnifiés par les jaunes et orangés des bouleaux et autres feuillus dans toute leur gloire automnale.

Après 200 km, vers 10:30, j'arrête sur une aire de piquenique un peu à l'écart de la route et devant un lac. Je m'y douche, déjeune et complète le carnet de bord. Encore 376 km jusqu'à Cochrane, indique le GPS... Heureusement la chaussée est excellente et on continue de l'améliorer et de l'élargir, comme en témoignent les nombreux chantiers qui obligent à faire à chaque fois une pause devant le (ou la) porte-pancarte de service. Petit train va loin… je finis par arriver à Cochrane vers 16:15.

À
              travers la forêt d'épinette noire
À travers la forêt d'épinette noire

Je commence par faire le plein : 65,48 l pour 633 km, ce qui donne 10,34 l/100, un record pour les 3,6l de cylindrée et 280 CH de mon moteur ! Puis je rejoins le carrefour où prend la Hwy 11 Sud; je ne l'emprunterai que sur une quarantaine de km, puisqu'ensuite je prendrai plein Est pour rejoindre le Québec au plus court. Pour l'instant c'est la fameuse effigie du gros ours blanc, mascotte de la ville, posant devant le bureau du tourisme et le lettrage «COCHRANE» qu'il m'importe de «mettre dans la boite» avec mon ProMaster bien campé en avant. L'ours de Cochrane et le ProMaster
L'ours blanc de Cochrane et le ProMaster

Je peux maintenant repartir pour trois autres heures de roulage dans un décor souvent beaucoup plus humanisé : de ci-de-là la forêt a été défrichée et des colons du début du XXe siècle ont commencé à exploiter ces terres vierges. Le succès, ou plutôt la rentabilité de telles entreprises ne semblent pas avoir été au rendez-vous, puisque maintenant la plupart des champs sont en friche et l'on ne compte plus les granges qui croulent et les maisonnettes rurales abandonnées. Saison productive trop courte, terres rapidement épuisées, concurrence d'exploitations beaucoup plus productives au sud dans la large vallée du St-Laurent, développement de l'emploi manufacturier et minier… toutes ces raisons (et d'autres sans doute) se sont conjuguées pour faire abandonner ce projet, comme dans les Laurentides au nord de Montréal d'ailleurs.

Région cultivée près de Cochrane
Région cultivée près de Cochrane

Quant aux mines, si je n'aperçois ni chevalet ni autre installation ad hoc, en revanche je vois leur nom figurer sur une dizaine de panneaux encadrant leur voie d'accès depuis la grande route. Autres entreprises bien en place ici : les scieries, assez nombreuses, qui prennent l'apparence de grosses usines avec barrière, poste d'accueil, etc. Ce n'est pas la matière première qui manque autour ! Tout cet appareil m'intimide, et je n'ose pas tenter d'obtenir un sac de sciure pour ma toilette sèche dont j'aurais pourtant bien besoin…

Un enchevêtrement de routes secondaires (en nettement moins bon état que les précédentes) me fait passer au Québec, seulement signalé par un petit panneau d'accueil «Bonjour-Québec» et le changement de n° de la route… Je finis par arriver comme prévu à la tombée de la nuit à Rouyn-Noranda, métropole de cette région : l'Abitibi (du nom du lac conséquent dont la plus grande partie se trouve du côté ontarien). Je ne vois pas grand chose de la ville, sinon qu'elle semble toute centrée sur l'énorme usine de traitement de minerai de cuivre qui en occupe pratiquement le centre.

Vu l'heure tardive et l'obscurité qui s'installe, je remets à demain le coup d'oeil et m'enfile dans une rue résidentielle qui se termine en impasse et donne sur la campagne. Parfait pour moi, d'autant plus que, pour une fois, le chemin de fer se trouve à bonne distance (même si à 21:00 j'arrive encore à entendre au loin la sirène de la loco… ). Je tourne avec soulagement et satisfaction la clé dans le contact : la route aura été facile et agréable, mais longue… Souper, écriture du carnet et transfert des quelques photos de la journée; je ne suis plus qu'à 625 km d'Outremont, le GPS prévoit 8:15 de route, je devrais donc dormir demain soir à la maison. Rouyn-Noranda : bivouac sur une rue
                    résidentielle
Rouyn-Noranda : bivouac sur une rue résidentielle


48 050 Jeudi 24 septembre 2020 : de ROUYN-NORANDA à MONTRÉAL (534 km)

Rouyn-Noranda : le magasin Dumulon (1924)
Rouyn-Noranda : le magasin Dumulon (1924)
Nuit tranquille mais fraîche : il fait 7° lorsque je prends le volant à 8:15, pour passer au centre ville, près du lac Osisko voir l'ancien magasin général Dumulon, entièrement reconstruit dans les années 1980. C'est à peu près la seule «relique» de Rouyn-Noranda, ville industrielle autour de sa mine-fonderie de cuivre, l'une des plus grandes au monde.

L'architecture tant privée que publique manque totalement d'attrait, et si le site autour du lac a déjà pu avoir un certain charme, son aménagement me paraît maintenant bien trop léché, sans pour autant montrer un raffinement qui retienne l'intérêt. Je ne m'attarderai donc pas et prends aussitôt (il est maintenant 9:15) la route de Montréal : les 621 km annoncés par le GPS risquent de me paraître longs…

Vers 10:15, en approchant de Val d'Or, je m'arrête sur une aire de piquenique pour prendre douche et déjeuner. Au moment de faire griller mes tartines, je m'abstiens de lancer le moteur et laisse donc la batterie habitacle, amplement suffisante, fournir tout le courant nécessaire à l'opération. L'ampèremètre indique un débit de 30 A pendant approximativement 2 minutes. Je tente ensuite d'allumer la radio : impossible, la batterie moteur n'indique plus que 2,40 V, comme si elle s'était vidée… ce qui est impossible en aussi peu de temps. Encore un tour de mon ordinateur de bord, identique à ce qui s'était produit en arrivant à Jasper ! Reste à savoir si la situation va se régler spontanément après un certain délai - lequel ? - ou si je devrai faire la même manœuvre - démarrage sur la batterie habitacle et déblocage de secours du levier de vitesse - pour repartir. En tout cas, dorénavant : NE PAS TIRER UN FORT AMPÈRAGE SUR L'ONDULEUR SANS FAIRE TOURNER LE MOTEUR ! ou DÉSACCOUPLER LES DEUX BATTERIES en ouvrant l'un des coupe-circuits qui les relient (ou placer un relai qui se coupe lorsque le contact est coupé) !!!

Après une demi-heure d'attente, pas de changement. Je mets donc en œuvre la même procédure que la première fois, à savoir démarrage sur la batterie de l'habitacle connectée sur celle du moteur avec un câble de survoltage (le seul rouge, positif); cette fois-ci je n'ai pas besoin de débloquer le levier de vitesse, et je repars. Seul le voyant jaune «Check engine» demeure allumé, pour combien de temps ? Lorsque j'arrête le moteur 30 minutes plus tard pour faire le plein à Louvicourt, il redémarre sans renâcler… et le voyant ne s'allume plus. J'ai bien du mal à comprendre cette «décharge» à peu près totale de la batterie qui redevient normale si peu de temps après.

Piquenique devant l'Accueil Nord de la Réserve
              faunique de la Verandrye
Piquenique devant l'Accueil Nord de la Réserve faunique de la Verandrye

Le ciel s'est complètement dégagé et je déjeune sur une fort belle aire de piquenique en bord de lac, à l'entrée de la réserve faunique de la Vérendrye. Cette grande porte ouverte sur la nature commence ici aussi à montrer l'approche de l'automne. Couleurs sombres, un rien austères, eau bleu profond bien loin de l'émeraude des Rocheuses, et mélange de sapins et d'épinettes noires, avec quelques bouleaux pour éclairer de leurs feuilles or pâle.

Trois-quart d'heure plus tard je reprends la route qui n'en finit pas de défiler. Certains passages sont très mauvais, tout bosselés, qui secouent la caisse du ProMaster et font retentir le vacarme habituel de grincements, couinements et autre concert. Il reste que dans l'ensemble la chaussée est bonne à 75%, et son parcours donne le spectacle pittoresque de la forêt progressivement gagnée par les couleurs automnales. Les contrastes s'avivent au fur et à mesure de ma progression vers le sud et de la descente du soleil qui répand sur le paysage une teinte de plus en plus jaune orangée.

Sur la 117 Nord
Sur la 117 Nord

Sur la 117 Nord


Je passe les sorties vers le Parc du Mont-Tremblant, la Route 117 se mue en autoroute A15 Nord, mon train s'accélère, d'autant que l'altitude diminue. Nouveau plein en passant au grand carrefour de Tremblant pour profiter du prix de l'essence en dessous de 1,00$ (probablement introuvable à Montréal), puis ce sont les derniers milles après un appel à Monique pour la prévenir de mon arrivée.

Sur la A15 Nord vers Ste Adèle
Sur la A15 Nord vers Ste-Adèle

La nuit est tombée depuis près d'une heure lorsqu'enfin je coupe le contact dans la cour arrière de la maison.

Km 48 584      Fin de ce voyage après 10 138 km !


Accueil de Mon-Aigle