Juillet-août 2020

Au Québec sur la Route 132 (partielle…)

ou l'histoire d'un aller et retour (!)
(1 066 km)

Jean-Paul, Monique et Hermione à bord du ProMaster


37 035 Samedi 25 juillet 2020 : de MONTRÉAL à SOREL (85 km)

Départ en fin de matinée, après un laborieux chargement du ProMaster transformé en étuve par le grand soleil et la chaleur lourde régnant à Montréal depuis plusieurs jours (ce qui a d'ailleurs motivé mon choix de la Gaspésie comme destination). Monique s'est ruée en cuisine, remplissant le petit frigo à en déborder, nous garantissant ainsi des repas délicieux et bien cuisinés, mais se fatigant plus que de raison avant notre départ. De mon côté je tente de parer au maximum d'éventualités, bien aidé par les check-lists que je me suis préparé, on verra en cours de route s'il y a encore des manques… Outremont-ProMaster-au-depart
Outremont : ProMaster au départ

Longueuil, rue St-Charles est, No.100 : la maison
                  Daniel Poirier
Longueuil, rue St-Charles est, No.100 : la maison Daniel Poirier (1750)
Nous commençons par traverser la métropole, assez encombrée, pour franchir le fleuve par le pont Jacques-Cartier, et finissons vers 14:30 sur le Chemin de la Rive, près du début de la rue St-Charles à Longueuil. Un espace ombragé devant une entreprise fermée nous offre l'opportunité de manger sans trop transpirer, avant d'entreprendre notre route vers l'est en commençant par la vieille rue St-Charles. Pas grand chose de bien impressionnant, en tout cas, hormis quelques belles façades de pierre rompant avec les quelques autres rares constructions un peu sophistiquées, des maisons bourgeoises en brique fin XIXème.

Alentour, quantité de maison plus récentes et beaucoup plus ordinaires, sans aucun style ni recherche architecturales qui sont trop souvent, notre lot en fait d'architecture urbaine … Nous continuons donc vers l'est en longeant le fleuve vers Boucherville (sans que la 132 nous révèlent rien de la maison L.H. Lafontaine ni l'église de la Ste-Famille), puis Varennes, indiscutablement parsemée de vieilles bâtisses mais dont le «circuit patrimonial» est tout sauf évident.
Varennes : la rue Ste-Anne
Varennes : la rue Ste-Anne

Varennes-le-Manoir-Massue-1777
Varennes : le Manoir Massue (1777), le pignon triangulaire central été ajouté fin XIXème

Contrecoeur : maison Lenoblet du Plessis (1794)
Contrecoeur : maison Lenoblet du Plessis (1794)
Le moulin banal de Verchères n'est guère plus indiqué depuis la Route 132, ce n'est qu'à Contrecœur que la Maison Lenoblet du Plessis se détache sur un petit parc qui met bien en valeur ses 3 gables sculptés d'une originalité, si ce n'est d'une élégance certaines. Arrêt en avant pour prendre quelques photos extérieures faute de pouvoir pénétrer à l'intérieur (le covid 19… !) avant de reprendre la route qui fait traverser des paysages de plaine très rurale jusqu'à atteindre en fin de journée la petite vile industrielle de Sorel.

Contrecoeur : galerie de la maison Lenoblet
                        du Plessis (1794)
Contrecœur : galerie de la maison Lenoblet du Plessis (1794) donnant sur le parc
Contrecœur : couronnement des gâbles de la maison
                  Lenoblet du Plessis
Contrecœur : couronnement des gâbles de la maison Lenoblet du Plessis

Longue pause au bord du fleuve dans un petit parc bien aménagé (Parc Maisouna) où je vois le soleil se coucher sur l'eau, entouré de nombreux couples avec ou sans enfants venus profiter de la fraîche. Nous soupons sur le parking, puis commençons à traverser les quartiers résidentiels assez étendus à la recherche d'un coin tranquille pour passer la nuit. Plusieurs rue donnant sur la 132 aboutissent à la ligne de chemin de fer, à proscrire !
Laquiers-mouilles-devant-Sorel
Laquiers mouillés dans le St-Laurent devant le parc Maisouna à Sorel

Sorel : bivouac près de l'Aire de jeu du parc
                  Jean-Marie Marcotte
Sorel : bivouac près de l'Aire de jeu du parc Jean-Marie Marcotte
Nous passons près de l'usine métallurgique, et un peu plus loin nous engageons dans un autre quartier résidentiel prometteur, pour finalement aboutir en impasse sur un petit parc de jeu jouxtant un grand parking vide (en fait la patinoire Marc Guèvremont). Ce sera là notre étape pour ce soir, Hermione se consacrant un bon moment aux balançoires du petit parc J.M. Marcotte.

Mise en place pas trop laborieuse du lit d'appoint à l'avant pour la demoiselle (malgré la chaleur encore très présente bien après le crépuscule). Hermione prend une petite douche avant de s'étendre sur sa couchette avec son bouquin, tandis que je me dénude dans la chaleur moite, pour tenter de trouver un repos réparateur après cette longue et surtout chaude journée. La rumeur continue de la ville (en fait celle de l'usine de la Rio Tinto Fer et Titane) nous accompagnera en permanence jusqu'au matin, il me faudra un bon moment pour trouver enfin le sommeil dans cette atmosphère moite et humide.


37 120 Dimanche 26 juillet 2020 : de SOREL à ST-NICOLAS (192 km)

Nuit bruyante (les industries soreloises en bruit de fonds continu) malgré le quartier des plus calmes (au bout d'une impasse se terminant par un petit parc). Mais c'est surtout la chaleur qui aura gêné notre endormissement, sans que la ventilation croisée des fenêtres avant et des 2 lanterneaux de toit procurent un confort satisfaisant : il faisait encore 29° à 22:00 lorsque je me suis couché très fatigué par ce départ un peu précipité et la grosse chaleur dépassant les 31°…

Le ciel sera plus voilé aujourd'hui et des averses passagères finiront par rafraîchir l'atmosphère, limitant grandement le recours à la clim décidément agréable mais génératrice de congestion et de maux de tête.

Départ vers 9:15 en continuant de suivre la Route 132 vers l'est, à travers la campagne verdoyante et couverte de cultures touffues. Petites maisons plutôt quelconques, quelques maisons anciennes un peu plus stylées, et de rares - trop-rares - réalisations contemporaines minimalement intéressantes. Quelle pauvreté que l'architecture contemporaine civile dans cette province !

Odanak-Musee-des-Abenakis-la-maison-longue-reconstruite-et-la-chapelle
Odanak : Musée des Abenakis dans l'ancienne école, la maison longue reconstruite et la chapelle
Premier et long arrêt pour visiter le Musée des Abénakis à Odanak, une petite localité autochtone baignée par la rivière St-François… Belle présentation et accueil sympathique des guides appartenant à cette 11ème Première Nation récemment reconnue par le gouvernement québécois. Bien qu'elle ait occupé un très vaste territoire recouvrant quasiment la Nouvelle Angleterre et le Québec jusqu'au St-Laurent et aient compté plus de 40 000 individus au XVIIIème, il n'en reste qu'une poignée répartis dans les 2 villages d'Odonak et Wôlinak au Québec (de 400 à 600 personnes) et un nombre indéterminé et très dispersé du côté américain.

Odanak-Musee-des-Abenakis-carte-du-teritoire

LES ABÉNAKIS, PEUPLE DU SOLEIL LEVANT

Les Abénakis forment la grande famille Wabanaki, nom dérivé de wabun « aurore » et d'aki « terre », qui signifie Peuple du soleil levant. Ce peuple occupe un immense territoire qui va des côtes atlantiques de la Nouvelle-Angleterre jusqu'aux vallées du Saint-Laurent et du Richelieu.

Le pays abénaki se situe entre la forêt boréale des chasseurs atikamekw et innus au nord, les terres des peuples iroquois à l'ouest et celles des Mi'kmaq à l'est. Les divers groupes abénakis qui l'habitent se définissent souvent par les rivières qu'ils empruntent : Passamaquoddy, Penobscot, Saco, Kennebec.

ODANAK : NATURE ET TRADITION AMÉRINDIENNE

Les Abénakis, peuple nomade, se sont établis de façon permanente au Québec vers la fin du XVIIe siècle. Entre 1676 et 1680, un établissement fut d’abord érigé dans la région de Sillery avant qu’ils s'installent pendant une vingtaine d'années sur les rives de la rivière Chaudière, à la hauteur des chutes. Les terres étant devenues stériles pour la culture du maïs, la mission fut déménagée sur les bords de la rivière Saint-François pour des raisons de stratégies militaires, car les Anglais et leurs alliés occupaient la rivière Richelieu.

À cette époque, les Abénakis pratiquaient une économie de subsistance basée sur la chasse, la pêche, la trappe, la cueillette de petits fruits ainsi que sur la culture du maïs, des haricots, des courges, des pommes de terre et du tabac. La proximité de la rivière était importante, voire essentielle, tant à l’agriculture, la pratique de la pêche et de la chasse aux oiseaux migrateurs ainsi qu’aux transports et déplacements sur leur territoire traditionnel.

Un plan datant de 1720 mentionne l'existence d’une fortification et d’une redoute (bâtiment militaire situé à l’extérieur du fort) sur le territoire actuel du village d’Odanak. Lors de la guerre de la conquête, les Abénakis s’allièrent aux Français et cette fortification bien située aurait permis aux Abénakis de défendre {es colonies françaises contre les Anglais. Le chef guerrier Nescambiouit s’éleva au rang de Chevalier, sous le règne de Louis XIV pour ses mérites au combat et son support des forces françaises au début de la fondation de la colonie.

La communauté d'Odanak fait partie du bassin versant de la rivière Saint-François qui longe la communauté. Le sentier touristique « Tolba », qui est situé aux abords de ladite rivière, permet de découvrir une partie de la commune où l’on retrouve une zone boisée et marécageuse qui possède une riche biodiversité. C’est remarquable de voir comment les milieux humides et la forêt sont demeurés intacts malgré le développement d’Odanak.

L'Île Ronde, située, à quelques kilomètres à l’ouest de la communauté, dans la rivière Saint-François, est déjà identifiée comme un site exceptionnel par le Conseil Régional de l'Environnement du Centre du Québec (CRECQ) depuis 2007. La très riche biodiversité de l'île Ronde compte dans son inventaire sept espèces de la faune et de la flore qui figurent sur la liste des espèces en péril.

La vente d'artisanat et le tourisme permettent aux Abénakis de favoriser leur économie tout en préservant leurs traditions. De plus, en 1960, la Société historique d’Odanak fonde et gère le premier musée autochtone du Canada, à quelques kilomètres de l’axe routier qui relie Québec-Montréal. Le musée des Abénakis accueille au-delà de 5 000 visiteurs chaque année.

Odanak montre bien comment la tradition et la nature se côtoient en harmonie, proposant une partie de l’histoire autochtone si importante au Québec.

WWW.CBODANAK.COM
guerrier-abenaki-a-la-Bataille-de-la-Chateauguay
Guerrier abénaki à la Bataille de la Chateauguay

Musee-des-Abenakis-carte-des-migrations-saisonnieres
LES MIGRATIONS SAISONNIÈRES

Les Abénakis étaient semi-nomades. L'hiver, ils vivaient près de la mer, et chaque printemps, ils se dirigeaient vers les plaines du nord pour pratiquer l’agriculture. Au passage, ils faisaient les sucres dans les grandes érablières des Appalaches. L'automne, ils regagnaient leurs campements d'hiver. Trois grands axes leur permettaient de passer du sud des Appalaches à la vallée du Saint-Laurent au nord.

L'axe du centre empruntait les fleuves Connecticut ou Androscoggin pour atteindre la Coaticook et ensuite la Saint-François. La route de l’est partait de la Passamaquody et traversait le territoire malécite par le fleuve Saint-Jean avant d’atteindre la Chaudière. Deux fleuves, le Kennebec et le Penobscot, permettaient aussi de joindre cette rivière. La route de l’ouest partait du fleuve Connecticut et passait par les rivières White et Winooski pour accéder au lac Champlain et à la riviere Richelieu.


Musée des Abenakis : fabrication d'un canot en écorce
            de bouleau
Musée des Abenakis : fabrication d'un canot en écorce de bouleau

Leur mode de vie semi-sédentaire les faisait s'adonner à la chasse et à la pêche en hiver et au printemps, à la culture en été et à l'automne. Ils se signalent par une belle production artisanale (paniers tressé en particulier) et un grand respect de la nature dont l'Homme blanc devrait faire son profit…

Fabrication des fameux paniers tréssés Abenakis
Fabrication des fameux paniers tressés Abenakis

Paniers à ouvrage Abenakis
Paniers à ouvrage Abenakis

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Musée des Abenakis : habit féminin traditionnel
Musee-des-Abenakis--porte-bebe-(Tkin8gan)
Musée des Abenakis : porte-bébé (Tkin8gan)
La présentation du petit musée est simple, mais raffinée, très claire et agréable, sans rien de trop savant ni redondant. Un film joliment imagé sert d'introduction, relatant la Création du monde en un récit poétique très évocateur. En fin de parcours, une petite salle consacrée aux fouilles faites sur place par quelques membres de la communauté ressuscite le petit «bourg» entouré d'une palissade comprenant une douzaine de longues maisons communes recouvertes d'écorce… Maquette du village de lomgues maisons tel que
                  révelé par les fouilles

Longue maison commune recouverte d'écorce de boleau
            devant le muéee
Longue maison commune recouverte d'écorce de bouleau devant le musée

Le tout entouré des précautions rendues nécessaires par la pandémie, empêchant la visite de la maison autochtone reconstruite sur la pelouse en avant du bâtiment. Bref une fort belle visite qui aura retenu l'attention d'Hermione, sinon celle de Monique demeurée à se reposer dans le ProMaster.

Nous gagnons ensuite Nicolet au bord de sa rivière homonyme. Arrêt à la pharmacie à la recherche de lotion dermato pour notre ado et d'un peigne arborant toutes ses dents pour le grand-père…

Puis stationnement sur le grande place déserte devant la cathédrale moderne pour en admirer la superbe verrière… Porte fermée, la covid… Au moins prenons-nous le temps de déjeuner confortablement à l'ombre.
Cathédrale de Nicolet
Cathédrale de Nicolet (1961-1963)

Nicolet : Maison Rodolphe Duguay
   Nicolet : Maison Rodolphe Duguay

Leu de résidence du peintre-graveur Rodolphe Duguay durant la plus grande partie de sa vie, la maison est érigée en 1854 pour Calixte  Duguay, grand-père de l’artiste.  Elle prend vraisemblablement son apparence actuelle avant la fin du XIXème siècle. L’atelier,  relié à la maison par un passage couvert, est construit en 1927.

La propriété est ouverte au public en 1977. La résidence est représentative des maisons québécoises d’inspiration néoclassique bâties en milieu rural au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle. La demeure ainsi que l'atelier rappellent l’ œuvre de Duguay et celle de son épouse, l'écrivaine et poète Jeanne L’Archevêque, tous deux ayant puisé leur inspiration en ces lieux.

Les atelier et maison Rodolphe-Duguay ont été reconnus le 22 décembre 1977 par le Ministre des Affaires Culturelles, puis classés le 19 octobre 2012. (Texte de la plaque apposée sur la maison)
Un peu à l'extérieur de la petite ville, arrêt sur le gazon et sous les grands arbres de la belle maison natale puis habitation du peintre paysagiste, sculpteur et graveur Rodolphe Duguay (1891-1972). Son atelier présente encore quelques toiles d'un intérêt certain, mais le meilleur est certainement ailleurs. Accueil attentionné de l'hôtesse dont nous sommes les seuls visiteurs…

Maison Rodolphe-Duguay : l'atelier du peintre
Maison Rodolphe-Duguay : l'atelier du peintre
Maison Rodolphe-Duguay : le peintre dans son
                  atelier
Maison Rodolphe-Duguay : le peintre dans son atelier

Maison-Rodolphe-Duguay


Maison-Rodolphe-Duguay
Le Semeur, par Rodolphe Duguay (1938)

Maison-Rodolphe-Duguay


Maison-Rodolphe-Duguay


Maison-Rodolphe-Duguay


LE VIEUX MOULIN DE ST-GRÉGOIRE-LE-GRAND

Précieux bâtiment patrimonial, le Vieux Moulin témoigne de l’histoire des gens de Saint-Grégoire-le-Grand. Leur récit débute, il y a très longtemps, en Acadie au moment de la Déportation de 1755. Pendant environ dix ans, plusieurs Acadiens, fuyant la déportation ou en errance après avoir été déportés, se réfugient en face de Trois-Rivières, autour du lac Saint-Paul. En ce leu, ils s'établissent et fondent le village de Sainte-Marguerite, appelé plus tard Saint-Grégoire-le-Grand, lequel deviendra un secteur de la Ville de Bécancour en 1965. La population d'origine acadienne de cette localité est l'une des plus importantes du Québec.

Autrefois, de nombreux habitants cultivaient la terre. Quelques années après la fondation de la paroisse, un moulin à vent est construit entre 1808 et 1810 sur les bords de la petite rivière Marguerite, dans le Haut du Village. Le cultivateur et meunier Joseph Bourg l'érige pour le sieur Étienne LeBlanc, seigneur de Godefroy. Dès sa construction jusqu'en 1843, les paysans acadiens y font moudre leurs grains pour obtenir de la farine. Par la suite, ce moulin est utilisé pour remplacer un moulin à eau, lors des périodes de sécheresse en été et de glace en hiver,

Les meules de pierre du moulin cessent de fonctionner à la suite d'un ouragan, vers 1875. Rendu inopérant, le moulin est colmaté et conservé comme vestige. En 1957, il est reconnu monument historique par le ministère des Affaires culturelles. Au fil du temps, le moulin se détériore; le ministère fait démolir la partie la plus élevée pour des raisons de sécurité et fait clôturer ses pierres pour les préserver. Afin de conserver le Vieux Moulin, un comité de citoyens de Saint-Grégoire-le-Grand entame plusieurs démarches, à compter de 1988. Leurs nombreux efforts permettent sa reconstruction en 1993.

Le Vieux Moulin à vent de St-Gregoire-le-Grand
Le Vieux Moulin à vent de St-Grégoire-le-Grand

Moulin
                  Michel
Bref arrêt ensuite au moulin Michel, dont j'aimerais montrer à Hermione le mécanisme en fonctionnement. Hélas un fuite du canal d'alimentation a fait temporairement cesser son exploitation hydraulique, je renonce donc, après une petite discussion avec l'hôtesse d'accueil, elle-même abénaki, qui se désole du peu d'intérêt du gouvernement et de la jeune génération pour l'enracinement de notre culture québécoise dans ses composantes traditionnelles autochtones et coloniales.

Pas de visite donc, mais suite de la route 132 qui se rapproche alors du St-Laurent en offrant de temps à autres de belles vues sur son large cours (St-Pierre-les-Becquets, Deschaillons et sa «fenêtre sur le Fleuve»).

St-Pierre-les-Becquets: ProMaster devant l'église
St-Pierre-les-Becquets: ProMaster devant l'église...

St-Pierre-les-Becquets : vue sur le fleuve St-Laurent
              en amont
...et la  vue sur le fleuve St-Laurent en amont

St-Nicolas-l'eglise
Église de St Nicolas (1962)

La pluie rafraîchit progressivement l'atmosphère et il fait 23° lorsque nous arrivons à St-Nicolas, presque en vue de Québec. Coup d'oeil au joli presbytère fleuri, maintenant espace culturel, et à l'église moderne de 1962 en forme de voilure, hélas tous deux fermés pour causse de pandémie…

St-Nicolas-l'ancien-presbytere
St-Nicolas : l'ancien presbytère (1825)

Pendant ce temps Monique réchauffe le souper, Hermione jase avec ses amies sur le téléphone, nous soupons puis allons nous installer sur le vaste parking vide un peu en contrebas qui offre une vue partielle sur le fleuve et sa rive nord. Soirée tranquille devant le soleil couchant, préparatifs maintenant presque routinier du coucher, à 22:00 extinction des feux et endormissement au calme et au frais. St-Nicolas : crépuscule sur le fleuve et la
                  rive-nord depuis notre bivouac
St-Nicolas : crépuscule sur le fleuve et la rive nord depuis notre bivouac


37 312 Lundi 27 juillet 2020 : de ST- NICOLAS à N.-D. du PORTAGE (223 km)

Bivouac à Saint-Nicolas sur la place sous
                  l'église
Bivouac à Saint-Nicolas sur la place sous l'église
Lever vers 8:15, après une nuit nettement plus fraiche mais très humide qui me fait dormir nu sous la fenêtre arrière ouverte, calée dans la haie d'aubépines bordant notre grand parking.

Démarrage tranquille après crêpes, douches et trainage par un temps guère énergisant : le ciel couvert est très lourd, l'humidité masque le fleuve à nos pieds et la température dépasse bientôt les 29°. Nous commençons par rattraper la 132 un peu au-dessus du village, puis filons vers Lévis, notre prochaine étape.

https://www.desjardins.com/page-renvoi/maison-alphonse-desjardins/index.html… (très jolie, à faire !). Levis-Maison-Alphonse-Desjardins
Levis : Maison Alphonse Desjardins (1883)

Levis---vue-sur-Quebec
Lévis : vue sur Québec
Nous ne quitterons pas la vieille ville montueuse sans redescendre par une autre côte à pic (19%) jusqu'au ras du fleuve maintenant occupé par un beau parc linéaire avec vue superlative sur le fleuve et sur le centre ancien de Québec occupant l'autre rive.

Terrasse de Levis : le Chevalier
                  Francois-Gaston-de-Levis
Terrasse de Levis : le Chevalier Francois-Gaston-de-Levis
Le panorama est encore plus spectaculaire** depuis la terrasse du Chevalier de Lévis. Sa statue, reproduite d'après celle que Louis-Philippe Hébert fit pour orner la façade de la Chambre des Députés de Québec, le montre plein de vaillance et de détermination dans sa résistance aux Anglais…

Le «skyline» de Québec se découpe très nettement à travers la brume de chaleur qui couvre le fleuve, au delà des deux ferry qui font leur ronde incessante entre les deux rives.

Levis-va-et-vient-des-traversiers-au-pied-du-Chateau-Frontenac
Lévis : va et vient des traversiers au pied du Chateau Frontenac

Nous reprenons bientôt la route 132 à travers la vieille ville aux rues sinuant entre des vieilles maisons traditionnelles. Celles-ci  lui donneraient un tout autre chic si un programme de réhabilitation un peu ambitieux avait voulu préserver leur cachet, au lieu de les laisser se dégrader et permettre au travers l'édification de bâtiments modernes sans aucun caractère… Puis l'habitat se fait moins dense, la campagne reprend ses droits, l'horizon s'élargit à gauche vers le fleuve et l'Ile d'Orléans, à droite vers une plaine intensément cultivée, et parsemée de fermes apparemment opulentes. 

Beaumont-facade-de-l'eglise

Nous arrivons ainsi au village de Beaumont dont le centre charmant nous séduit à nouveau, je tente d'entrer dans l'église - fermée suite à la pandémie - puis nous allons déjeuner sur une rue périphérique bordée de luxueuses - mais pas toujours élégantes - maisons cossues contemporaines.

En repartant vers l'est, bref arrêt devant le moulin, fermé lui aussi; nous ne saurons pas si son mécanisme a finalement été restauré…

Suite de la 132 à vitesse modérée, je ne dépasse les 75 km/h qui me permet de contempler tout à loisir le paysage, les maisons, etc. tout en profitant du confort apporté par la clim qui atténue la chaleur et l'humidité très inconfortables.

Beaumont : maison ancienne au coeur du village
Beaumont : maison ancienne au coeur du village

Beaumont : le-moulin-de-1821-et-sa retenue
Beaumont : le moulin de 1821 et sa retenue

Pause devant une pharmacie à Montmagny où Monique va quérir quelques cossins. Puis je me préoccupe de remplir notre citerne d'eau fraiche, ce à quoi parviennent une dizaine de bidons de 8 l. remplis tour à tour sur le robinet de la halte routière de St-Ignace. Un peu plus loin, autre vaine tentative de visiter l'intérieur de l'église de l'Islet  : encore une fois  la covid  a fait annuler tous les programmes de visites estivales. Nous poursuivons sans autre arrêt jusqu'à St-Jean Port Joli où nous arrivons 5 minutes avant la fermeture (17:00) du Manoir de Philippe Aubert de Gaspé… Mes compagnes manifestent leur lassitude de me voir arrêter successivement devant tous les points d'intérêt qui ne les accrochent guère, uniquement fixées sur l'idée d'arriver en Gaspésie.

St-Andre-de-Kamouraska-le-Petit-Phare
St-André-de-Kamouraska : le Petit Phare
Je renonce, un peu frustré, à tout autre arrêt et nous continuons vers Kamouraska, St-André où nous faisons quand même quelques pas sur la rue du Quai vers le Petit Phare, histoire de nous dégourdir les jambes.

Nous passerons tout droit à St-Denis devant la maison des Chapais, qui m'aurait pourtant retenu le temps d'une visite (annulée de toute façon, et trop tard maintenant). Passe aussi St-Roch-des-Aulnaies : portes closes à l'église, tout comme celles du moulin banal et de la boulangerie au pied du manoir seigneurial.

St-Andre-de-Kamouraska-le-Petit-Phare
St-Andre-de-Kamouraska : depuis le Petit Phare, le fleuve vers l'ouest

La Route 132 coupe la A20 à deux reprises dans les environs de La Pocatière, où nous n'entrerons même pas. Finalement, cheminant lentement en longeant la côte où le fleuve s'élargit progressivement nous arrivons à l'embranchement de N-D. du Portage. Je choisis de suivre la rue côtière, bordée de riches résidences de vacances de Rivière-du-Loup, à la recherche improbable d'un spot pour nous poser ce soir.

Bien entendu aucun espace disponible dans ce quartier chic, nous ne trouverons un petit coin qu'en ralliant à nouveau la 132, et en empruntant sur quelques centaines de mètres une rue en impasse qui s'en éloigne un peu vers le sud, offrant ainsi une certaine tranquillité sinon tout le silence souhaité. Souper, écriture. installation du lit d'appoint à l'avant dans une température enfin normale (dans les 22°). Je laisse mon clavier à 22:00 pour m'endormir aussitôt.


37 535 Mardi 28 juillet 2020 : de N.-D. du PORTAGE à LÉVIS (261 km)

Excellente nuit que nous prolongeons jusque vers 10:00 pour un lever tardif dans le confort de la fraicheur retrouvée. Il pleuvote, le ciel très gris masque complètement le soleil et les horizons disparaissent dans une brume uniforme à quelques centaines de mètres.

Départ vers 11:00 pour gagner sous la pluie le stationnement d'un centre commercial à l'entrée de Rivière-du-Loup. Là Monique et moi complétons notre épicerie (salades, viandes et eau minérale dont nous faisons une ample consommation)tandis qu'Hermione reste dans le ProMaster à jouer sur sa tablette et son téléphone. Belle présentation dans le grand IGA, mais choix inférieur à celui auquel nous sommes habitués, et surtout prix nettement plus élevé qu'à Montréal…
N-D-du-Portage bivouac devant les champs
N-D-du-Portage : bivouac devant les champs

Nous allons ensuite piqueniquer au bord de l'eau, près du quai du traversier menant à St-Siméon, sur le côte nord. Vaste espace dégagé sur les battures découvertes par la marée basse mais horizon toujours aussi limité par la brume… Avant de repartir ces dames font quelques parties de crapette, puis nous reprenons la route vers Rimouski, dans des paysages toujours aussi agrestes. Il pleuvote, et nous progressons lentement; Hermione se remettant sur le téléphone à bavarder sans fin avec ses amies, nous perdons patience et la sommons d'être plus présente à l'environnement de ce voyage qui manifestement ne l'intéresse guère…

Arrêt au bord de la route juste après l'ancienne fin de l'A20, longue discussion, pleurs, chacune se vide le cœur… et nous décidons d'arrêter là notre périple manifestement pas du goût de mes équipières pour rentrer immédiatement à Montréal. À cette insatisfaction je dois dire s'ajoute la frustration de trouver beaucoup d'attractions fermées et la nouvelle que les voyageurs «libres» (sous tente ou en motorisés) ne sont pas les bienvenus en Gaspésie où des agents de sécurité auraient été engagés pour leur donner la chasse.
Une demi-heure plus tard nous sommes sur l'A 20 direction sud-ouest et j'enclenche le cruise control pour parcourir à 90 km/h les 380 et quelques km qui nous séparent de la maison.

Je ravale ma frustration de cet itinéraire avorté et de ce coup pour rien - ou presque - j'en tirerai les leçons pour mon prochain voyage ! De son côté Monique tâche de rabibocher les morceaux avec Hermione à qui elle propose un arrêt à Québec : celle-ci aimerait en parcourir la fameuse terrasse Dufferin, et Monique de son côté voudrait lui faire découvrir le Musée des Ursulines…

Levis : fontaine du Quai Paquet et skyline de
                  Quebec
Lévis : fontaine du Quai Paquet et skyline de Québec
Vers 17:30 nous quittons l'autoroute à Lévis pour aller contempler le soir tomber sur la capitale nationale depuis le quai du ferry. Casés sur un petite place devant la nouvelle fontaine du quai Paquet je vais faire quelques photos de la haute ville de Québec dont les contours se détachent sur le ciel encombré de grand massifs nuageux, mais doré par de grandes percées du soleil couchant… Puis nous soupons dans le Promaster devant le superbe paysage, tandis que tombent des averses passagères.

Lévis, Quai Paquet : coucher de soleil sur Québec
Lévis, Quai Paquet : coucher de soleil sur Québec

À la nuit tombée nous gagnons une autre fois le belvédère du Chevalier de Lévis pour admirer la même scène mais avec plus d'élévation.

Depuis la ville haute de Lévis, Québec et le St-Laurent
            en amont
Depuis la ville haute de Lévis, Québec et le St-Laurent en amont

Quelques autres photos de la Haute Ville maintenant illuminée, puis nous allons stationner en haut de Lévis sur le vaste parking tranquille de l'école Charles-Rodrigue, près de l'église paroissiale. Il continue de pleuvoir par intermittence, mais au moins la température ce soir
est-elle agréable (20°).

Levis-terrasse-du-Chevalier-de-Levis-soir-sur-Quebec
Levis : soir sur Québec depuis la terrasse du Chevalier-de-Lévis


37 796 Mercredi 29 juillet 2020 : de LÉVIS (École Charles-Rodrigue) à MONTRÉAL (305 km)

Lever vers 9:00 dans un silence relatif, sans aucun dérangement ni trafic aux alentours. Décollant vers 10:00 sous un ciel dégagé nous traversons Lévis vers l'ouest pour gagner le grand pont de Québec, cette merveille d'architecture métallique construite au début XXe qui fut en son temps le plus grand du monde (les péripéties entourant sa construction défrayèrent la chronique !). Puis nous traversons Ste-Foy par le Bvd Laurier qui devient Grande Allée en entrant dans Québec même.

Quebec : monument à Champlain sur la Terrasse
                  Dufferin
Québec : monument à Champlain sur la Terrasse Dufferin
Nous dépassons le Parc des Champs de Bataille, l'Hôtel du Parlement du Québec sur ce qui est maintenant la Rue St-Louis, passons la porte homonyme et je vais déposer ces dames juste devant le monument de Champlain, à l'orée de la Terrasse Dufferin qu'elles veulent parcourir, tandis que je «garderai le fort » sur un espace réservé aux calèches, bien rares aujourd'hui il faut dire. Je lis un peu en attendant leur retour, un peu déçues par les travaux de réfection qui là aussi bloquent les accès aux balustrades et limitent la vue, intérêt essentiel du lieu… Elle n'ont pas retrouvé non plus l'habituelle animation. Ici comme ailleurs les touristes sont rares…

Nous allons déjeuner à l'ombre sous les grands arbres entourant les Plaine d'Abraham, juste devant le Pavillon du Musée National des Beaux Arts (MNBAQ). Puis nous gagnons l'Aquarium, juste avant le grand pont sur le Fleuve, qu'elles veulent visiter avant de regagner Montréal. Mais Hermione et Monique reviennent bientôt frustrées de la billetterie : la file d'attente est longue, et de toute façon il faut avoir réservé des billets en ligne pour y accéder… et la liste est complète pour aujourd'hui !

Voilà qui clôt la boucle de ce voyage raté vers les attractions d'une Belle Province qui refuse de dévoiler ses charmes, toute emprisonnée dans les restrictions et fermetures liées à la pandémie toujours présente. Nous sommes tous trois déçus, et la chaleur omniprésente n'a fait qu'ajouter une couche aux déceptions de ce périple de près de 800 km.

Pour rentrer à Montréal je préfère emprunter l'Autoroute 40, moins monotone et fréquentée que la 20, qui offre quelques vues intéressantes sur le fleuve.

Deux heures 20 plus tard nous retrouvons notre avenue Hartland où tout est tranquille… et chaud… et humide !


38 101 MONTRÉAL


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