30 656 Vendredi 9 aout 2019 : de MONTRÉAL à GRAND REMOUS (277 km)
Après les courses et mises au point diverses
d’hier, particulièrement l’installation provisoire de la
nouvelle fenêtre ouvrante arrière rendue nécessaire par
l’enlèvement de la vitre fixe, nous consacrons le début de la
journée aux derniers préparatifs de départ. Je dois seulement
aller reporter au CLSC l’appareil enregistreur de tension mis en
place hier matin, si bien qu’il reste un peu de temps pour
remplir le camion de tous les effets nécessaires à notre virée
dans le Nord québécois. Monique se démène en cuisine pour
préparer tous les délicieux mets que je n’aurai qu’à réchauffer
pour constituer des repas tout prêts fort appréciés; de mon côté
je remplis la citerne d’eau fraîche, puis le frigo de tous ces
plats préparés maison.
Tout semble à peu près au point malgré l’absence d’une liste de contrôle comme j’en ai une dans l’Exsis. Je n’ai pas trop oublié d’étapes, sinon d’ouvrir les vannes du chauffe-eau (ce dont je m’apercevrai au moment de faire la vaisselle du soir…) et de vérifier le bon fonctionnement de la pompe et du système d’évacuation : le siphon extérieur est brisé (il a du geler, faute d’être purgé…) et les eaux grises s’écoulent directement sur le sol. De plus je constaterai, 2 heures après le départ de la maison, l’oubli de mon petit percolateur à café; je devrai m’en passer pour ces quelques jours !
Juliette ramène les enfants de Trois-Rivières
en début d’après-midi, le temps pour Hermione de collecter
quelques vêtements, chaussures et de prendre sa douche… Nous
sommes prêts à partir dès 15h20.
À Outremont, Hermione et Jean-Paul au départ
dans le ProMaster
Je quitte donc la rue Hartland avec les dernières
recommandations de Monique et prends la direction de l’autoroute
des Laurentides, première étape des 1 340 km qui doivent nous
mener à Radisson. Nous n’irons guère loin, car en ce vendredi
soir de vacances nous nous butons bientôt à de très importants
ralentissements et embouteillages sur l’autoroute des
Laurentides qui nous font progresser au pas. Après plus d’une
heure de ce niaisage, je me décide à gagner la 117 Nord en
traversant une banlieue coquette de Sainte-Thérèse. Là nous
avançons un peu plus vite, mais la vitesse y est bien sûr
limitée (50 km/h) et constamment entravée par de très nombreux
feux rouges.
Il est 17:00 lorsque nous rejoignons enfin l’autoroute 15 peu avant St-Jérôme pour retrouver enfin un train normal. Mais que de temps perdu… C’est ensuite la traversée des Laurentides, joliment vallonnées et semées de lacs et de stations de ski. Il fait assez beau, malgré un fond orageux qui apporte quelques courtes et légères averses. La clim maintient une ambiance confortable dans la cabine où Hermione s’est installée à côté de moi, lisant puis piquant un somme. Nous atteignons presque Mont-Laurier autour du coucher du soleil, lorsque, affamés nous arrêtons sur le parking d’une petite école pour souper, d’abord d’un potage aux pois préparée par Monique et très appréciée par Hermione, puis d’une petite quiche aux épinards réchauffée dans la poêle, ma foi assez savoureuse…
Nous sommes alors assez ragaillardis pour
faire la dizaine de kilomètres qui nous sépare de la petite
métropole du Nord (Mont-Laurier) où je refais le niveau de
carburant sur une station Ultramar qui me fait à nouveau la
ristourne de 2,00$/plein offerte par Metro…. Puis nous roulons
encore une trentaine de km dans la nuit qui s’installe pour
aller bivouaquer en arrière du petit centre civique (pompiers,
Caisse Desjardins) de Grand Remous traversé par la Rte 117.
Installation au plus simple, prise de ces quelques notes et
coucher tôt à 21:50.
30 933 Samedi 10 aout 2019 : de GRAND-REMOUS à MATAGAMI Km
381 (838 km)
Départ à 9:15 après une nuit paisible devant le terrain de foot et en arrière de la patinoire. J’ai seulement dû déployer le duvet au dessus de notre mince couverture d’été en milieu de nuit, la fraîcheur commençant à se faire sentir. Pour la suite réveil vers 8:00 pour moi, tandis qu’Hermione est déjà debout (mais lisant calmement en avant) dès 7:00. Après douche et déjeuner nous décollons à 9:15, sans que personne ne nous ait dérangés dans notre bivouac villageois.
Je reprends aussitôt la route du Nord (la 117,
baptisée ici Transcanadienne) pour plusieurs centaines de km
faciles et assez rapides. Je profite d’être encore en pays
civilisé, c'est-à-dire connecté, pour faire la réservation des
visites de la centrale LG1 et des installations Robert-Bourassa
(LG2) pour lundi et mardi, et nous repartons.
L’environnement de la route se fait de plus en plus désert, la forêt boréale coupée de lacs plus ou moins entraperçus occupe tout le paysage, limitant les perspectives et gommant le relief par ailleurs assez doux. Plus nous montons vers le nord plus les arbres diminuent en hauteur et, en fin d’après midi, en densité, pour laisser finalement place à une taïga défini par Hermione comme «pas d’arbres, des arbustes rabougris et du lichen ». Plein d’essence dans un dépanneur à Louvicourt. À 1,194 $/le litre, c’est un prix vraiment intéressant, qui compensera pour l’autre plein dans la soirée à 1,617 $ du litre… à peu de distance du bout de la route (Relais routier au km 381).
Nous virons sur la Route 113 peu après sans
aller jusqu’à Val d’Or et en parcourons 88 km jusqu’à l’entrée
de Lebel-sur-Quévillon. Nous quittons alors la route 113 pour
couper en diagonale vers le nord-est sur la R1055, une longue
(116 km) route gravelée, assez bonne au demeurant, heureusement
humidifiée par la pluie presque continuelle qui retient une
poussière autrement intolérable.
Juste avant d’arriver à Matagami, nous
finissons par rattraper la «route de la Baie James» au
revêtement remarquablement égal sur une première partie, hélas
ensuite coupée de longues sections (2 fois 70 km) en travaux de
réfection et donc en gravelle pleine de trous, sans compter
d’autres sections plus anciennes dans un état assez pitoyable
(raccords tressautant tous les 50 mètres environ)…
Le soir descend sur cette très longue route
marquée «isolée», c’est-à-dire déserte et sans station d’essence
sur 375 km annoncés. J’ai fait mon calcul en m’y engageant, mais
finis par être impatient d’arriver à l’étape en voyant
l’autonomie indiquée par l’ordinateur de bord diminuer jusqu’à
une cinquantaine de km au moment d’atteindre le Relais routier
du km 381 où se trouve la pompe salvatrice. Hermione aura eu le
temps de voir s’installer la transition de la taïga à la
toundra, de s’extasier devant le magnifique coucher de soleil et
de s’impatienter aux multiples arrêts pour travaux le long de la
route décidément en grande rénovation.
Plein passé 21:00 après cette longue randonnée de plus de 800 km. Nous aurons demain une journée off en arrivant à Radisson où nous passerons un dimanche tranquille à récupérer. Bivouac sur l’enclave de la station aire de services (restaurant et motels) dans un coin tranquille à l’écart des gros camions aux moteurs bruyants. Souper rapide d’une excellente soupe maison aux poireaux, Hermione - qui s’est enfilé 2 BN et une coupe de fruit comme collation tardive, n’en acceptant pas plus - tandis que je complète de fromage et trempette mexicaine. Une coupe de fruit pour terminer moi aussi, je rédige ces quelques notes et me mets au lit aussitôt pour récupérer après cette grosse journée de conduite pas toujours facile.
31 771 Dimanche 11 août 2019 : du Relais
routier km 381 à RADISSON (247 km)
Averses dispersées durant la nuit et réveil
plutôt tranquille, seulement un peu dérangés par des «maniaques
de la mécanique » faisant chauffer leur moteur avant de quitter
leur stationnement… De toute façon Hermione s’est manifestée dès
6:45, malgré son intention annoncée hier de faire la grasse
matinée… Je réussis à sommeiller jusque vers 8:00, mais
impossible de la faire patienter davantage, je dois donc quitter
le confort de ma couette pour passer à la douche et au déjeuner.
Démarrage du camion à 9:15 pour parcourir les derniers 240 km
nous séparant de Radisson.
Le paysage de toundra est de plus en plus
affirmé : des arbres maigrichons disséminés dans de vastes
espaces légèrement vallonnés recouverts de petits buissons et de
plaques de lichen jaunâtre. Hermione m’a fait bien rire en
disant que c’était les caribous qui avaient mangé le lichen et
l’avaient ensuite vomi, parce que le lichen avait une couleur
vert-jaunâtre !
Les points de vue un peu élargis sont rares, vu
la planéité générale du paysage, le seul accident venant rompre
la monotonie de l’itinéraire étant le franchissement de
rivières, par toujours bien larges d’ailleurs. Exceptions : le
petit belvédère sur le Lac Yasinski où l'horizon recule un peu
plus loin vers l'ouest,
ainsi que le pont au-dessus de la rivière Eastmain qui laisse entrevoir en amont chutes et rapides, malheureusement à peu près à sec vu le détournement de 80% de son débit vers la Grande. Ensuite ce sont les lignes électriques à haute tension qui attirent l’œil, indiquant la direction vers laquelle nous nous dirigeons à notre train de sénateur. J’ai en effet adopté une conduite cool en tâchant de maintenir le régime du moteur entre 1500-2000 révolutions par minutes, histoire d’économiser au maximum le précieux combustible et de maximiser notre autonomie (sa cylindrée de 3,6 l et ses 280 ch. rendent vite le moteur gourmand !)
En fin de matinée nous finissons par arriver au village de Radisson dont les quelques rangées de maisons toutes pareilles entourent le vaste centre administratif et logement du personnel de l’Hydro-Québec. Dans les quelques rues grouillent les véhicules blancs marqués du logo de l’entreprise qui fait ici figure de monopole, à côté de quelques dépanneurs et de deux vendeurs de carburant qui, vérification faite, sont encore plus chers que le relais d’hier soir ! Nous faisons un petit tour des lieux, à la recherche d’un coin tranquille pour stationner et nous reposer le reste de la journée avant d'y dormir. Nous reviendrons sur la place centrale pour le départ de la visite demain matin. Je trouve ce «spot» en « périphérie», devant le garage municipal et la station des pompiers, agrémenté de deux petit parcs de jeux pour enfants.
Nous déjeunons rapidement du plat de saumon
farci garni de haricots verts préparé par Monique, puis
passerons l’après-midi tranquille au soleil, Hermione à regarder
Le jour le plus long sur mon ordi, tandis que je lis le
livre que Pierre Turgeon a consacré à La Radissonie. Au moment
de revenir de l’un de ces parcs où elle est allée se dégourdir
un peu, Hermione me dit « Papou, je me suis cognée la tête
sur un poteau de sûreté, je crois que je suis beaucoup trop
grande pour ces modules.»
Le soir tombe dans un silence quasi complet, j’étudie un peu sur carte (incomplète) et GPS l’itinéraire le plus avantageux pour notre retour, nous soupons légèrement avant de nous coucher tôt, pour être pleinement disponibles à la visite de demain.
32 018 Lundi 12 août 2019 : RADISSON
Lever dès 6:45 pour être
dans l’accueil du Centre des visites de l’Hydro-Québec au centre
du village. Le temps est couvert et il bruine par moment, comme
toute la nuit sur notre bivouac en bord du terrain de jeu où
nous avons joui d’une paix royale. Heureusement nous serons à
l’abri dans le bus durant le long trajet pour rejoindre le
barrage/centrale de LG1 (La Grande Un). Notre guide
accompagnateur nous aura auparavant équipés d’un beau casque
blanc marqué «Visiteur», et privés de nos sacs (Hermione a dû
déposer dans un coffre son sac banane contenant les clés de
secours du ProMaster…). Tout au long du trajet sur la route
plutôt cahoteuse que nous connaissons déjà partiellement, il
nous donnera moult explications et projettera sur l’écran du
bord plusieurs vidéos sur divers aspects du projet
hydroélectrique de la Baie James…
Complexe des 9 barrages et 11 centrales sur
La Grande (Baie James)
Une œuvre colossale
On commence par un premier arrêt au poste de transformation et de distribution de Radisson qui collecte toute l’électricité produite à LG1 et LG2 pour l’élever à 735 KV. Ce poste en traite aussi une partie destinée à l’exportation vers Boston, sous forme de courant continu (moins de pertes sur les longues distances) par une ligne spéciale à 450 KV. Le petit bus pénètre dans les installations hautement sécurisées par une porte qui se referme automatiquement derrière nous. Puis il fait un petit tour entre les différents énormes appareils, transformateurs, filtres et autres bijoux technologiques qui permettent de répondre aux énormes besoins énergétiques de la grande zone urbaine de la côte Est américaine et rapportent gros à l’Hydro-Québec, donc au pays.
Nous poursuivons ensuite la route qui longe de
loin La Grande Rivière sans qu’on la voie jamais à travers le
rideau de pluie et de brume qui flotte sur la toundra. Une forêt
de pylônes et de lignes s'éparpille au dessus des arbres nains
et des espaces semi-désertiques qui nous entourent.
Les alignements de pylônes prenant la
direction du Sud
Pylônes de la ligne à courant continu vers les USA
Pylônes «Mae West»
Pylônes à chaînette, moins coûteux mais plus encombrants,
particuliers à la Baie James
Notre guide continue de nous alimenter en
informations pertinentes, entrecoupées de petites vidéos portant
sur les enjeuxtant énergétiques qu’écologiques ou culturels et
politiques (avec les Amérindiens Cris entre autres) de tous ces
grands projets. Nous finissons par arriver au barrage LG1, le
dernier construit dans le complexe La Grande qui en comprend 9.
Ici aussi on franchit une porte sécurisée avant de contempler
brièvement le barrage, long mur de béton gris assez bas coupant
toute la largeur du fleuve, puisqu’il s’agit d’une centrale au
fil de l’eau.
Interdiction de faire quelque photo que ce
soit à l’intérieur de la centrale où nous pénétrons presque
aussitôt, sans nous attarder sous la pluie à l’extérieur. Les
caméras et téléphones demeureront sur notre siège du bus; en
revanche nous devons porter casque de chantier, lunettes de
sécurité et écouteurs sans fil connectés sur le petit émetteur
du guide. Celui-ci poursuit ses explications au fur et à mesure
qu’il nous dirige dans quelques parties de l’immense bâtiment :
d’abord la vaste salle de l’étage supérieur servant surtout aux
travaux d’entretien, lorsqu’il faut extraire alternateur ou
turbine de leur puits bien en dessous de nous au moyen de deux
puissants ponts roulants accouplés. Son plancher carrelé
impeccable court sur plus de deux cents mètres en travers du
fleuve, encadré des machines de contrôle et des équipements de
connexion nécessaires à la production. Tout est net,
méticuleusement rangé, on sent en arrière une grande rigueur et
la volonté de garder un contrôle absolu sur ces techniques très
puissantes et potentiellement tout aussi dangereuses.
Descente ensuite dans un puits d’alternateur,
puis encore plus bas au niveau de la turbine, dans un bruit
assourdissant et une chaleur étouffante. Là aussi tout est
méticuleusement ordonné, les tuyauteries soigneusement
identifiées (couleurs, étiquettes…), les outils d’entretien bien
rangés sur leurs établis. Et là aussi abondance d’explications,
même si parfois certaines «colles» posées par les visiteurs
restent sans réponse claire…
Après plus d’une demi-heure passée dans la
centrale, nous remontons dans l’autobus pour cette fois gagner
le belvédère en passant sur la rive droite du barrage. Court
trajet sur la crête du mur qui permet d’apercevoir le large
cours du fleuve au puissant courant puis, depuis le
belvédère, l’alignement des niches contenant les gros transfos
correspondant à chacune des 12 turbines. Vu les intempéries,
nous ne nous attardons pas et reprenons bientôt la route de
Radisson, après une autre courte pause photo sur la rive gauche
du fleuve.
Après une autre heure de transport tout aussi pédagogique (beau film de propagande de l’Hydro-Québec à la gloire des 185 000 travailleurs ayant œuvré à La Grande), nous sommes de retour sur notre parking devant l’Office de l’Hydro-Québec à Radisson. Nous ne nous attardons pas au petit centre d’interprétation que nous reviendrons voir plus tard, mais retrouvons vite l’habitacle du ProMaster pour un confortable déjeuner réconfortant. Après une petite sieste, nous décidons un première approche vers la barrage de LG2, tout proche, dont la visite est réservée pour demain après-midi.
Un peu de route gravelée - nous en avons
maintenant l’habitude - et l’on voit apparaître devant nous
une énorme mur de roches empilées, incliné à 45°, dont les
proportions apparaissent davantage au fur et à mesure de
l’approche et de la descente au pied de cette digue barrage.
ProMaster au pied du barrage
Hermione devant l'ancien lit de la
Grande au pied du barrage
Nous remontons jusqu’en haut de l’enrochement
près de la rive droite; elle a été entaillée pour creuser
«l’escalier de géant» que constitue l’évacuateur de crue,
surmonté des portiques de ses 8 énormes vannes.
Sur la route vers l'évacuateur de crue
Depuis la route passant au-dessus des vannes,
coup d’œil sur l’énorme dépression dont on imagine le
travail titanesque nécessaire à sa constitution; puis un
autre belvédère donne pleinement la mesure de l’ouvrage
: barrage et lac de retenue.
Creusement de l'escalier géant (archive)
L'évacuateur de
crue en « escalier de géant »
Hommage au promoteur le Premier
Ministre Robert Bourassa
Apercevant à la base du barrage les deux
bouches des tunnels jumeaux utilisés pour détourner le cours
du fleuve lors des travaux, nous tentons de nous en rapprocher
sur une terrasse herbeuse un peu en contrebas, mais sans
arriver à contempler leur béance de face.
Tunnels de dérivation abandonnés au pied du
barrage
Double page extraite du livre de
Pierre Turgeon La Radissonie, montrant
évacuateur, lac et barrage
Retour ensuite au cœur de Radisson après
cette première prise de contact avec l’ouvrage que nous
découvrirons plus à fond demain, et surtout sa centrale à 150
m sous terre. Hermione décide de consacrer la fin de
l’après-midi à une visite plus complète du petit centre
d’interprétation de l’Hydro. Sa présentation est agréable ,
mais après la visite conférence de ce matin et mes lectures
glanées à la bibliothèque d’Outremont, je ne collecte pas
grand chose de nouveau… à part la belle mise en scène d’un
caribou attaqué par un loup (naturalisés) dans un champ de
lichen.
Nous allons passer la fin de l’après-midi au bord du parc Jolliet, toujours aussi désert, où découvrant son petit stationnement à l’écart de la route j’installe notre bivouac. Après un petit tour dans les équipements de jeux, nous nous retirons au chaud et à l’abri dans le ProMaster pour lire, écrire, écouter un peu de musique et enfin souper. Quelques rayons du soleil couchant éclairent un peu l’atmosphère qui demeure très humide et fraiche. La nuit devrait être calme… après le (re-)visionnement partiel du Jour le plus long, interrompu hier par l’épuisement de la batterie.
Radisson : 2ème-bivouac devant le Parc
Jolliet
32 311 Mardi 13 aout 2019 : de RADISSON au Relais routier du km 381 (293 km)
Lever peinard sous un ciel toujours aussi gris… Au moins notre bivouac nous a-t-il offert une fort bonne nuit reposante ! La matinée passe tranquillement à lire et nous reposer, et à discuter avec un jeune policier de la SQ venu vérifier qui s’est installé sur le site. Il dit apprécier beaucoup le village où il est en remplacement, et pense à en devenir un citoyen permanent, vu les services particulièrement nombreux et leur qualité pour un bourg de seulement 250 habitants. L’aspect climatique, qui me rebuterait, ne semble pas le déranger puisqu’il est originaire d’Amos, qu’il m’invite à visiter au retour en empruntant la route 109, bien meilleure que le raccourci de la Rte 1055, non revêtue et isolée.
Nous avalons un peu de nourriture avant de gagner à 12:45 le bureau des visites de l’Hydro, sur la place du village. Mêmes formalités qu’hier (enregistrement de notre identité, dépôt de nos sacs dans le coffre, etc.) avant de passer dans le petit auditorium voisin où notre guide rafraîchit nos connaissances sur l’ hydroélectricité au moyen de quelques animations, puis nous présente quelques vidéos pleines d’information sur les différents aspects du projet LG2. Trois-quart d’heure plus tard, c’est l’embarquement dans un gros bus (nous sommes cette fois-ci une quarantaine dont une bande de motards descendus à l’auberge voisine) et notre accompagnateur trouve dans ce public bon enfant un auditoire sympathique à son humour du même acabit.
Nous commençons par aller admirer le canal
d’admission de la centrale LG2A, A comme Auxiliaire, bâtie
subséquemment à la première centrale, s'alimentant au même
réservoir et en doublant la production. Puis comme hier,
nous franchissons la barrière de sécurité protégeant
l’entrée de la centrale LG2. Notre bus passe alors un
grand sas ouvert dans le rocher et nous entraîne dans un
tunnel sombre creusé dans le roc qui descend 150 m plus bas
jusqu’à la grande porte donnant accès aux installations
souterraines de la centrale. Il nous laisse alors, nous nous
équipons des casque, lunettes et écouteurs réglementaire en
laissant téléphone et caméra sur le siège du bus, et pénétrons
dans l’immense salle (425 m de long) où ne dépassent du pavage
luisant que les coffres jaunes des excitatrices alimentant les
électro-aimants des rotors de chacun des 16 alternateurs.
(Voir:Photo panoramique de la centrale LG2).
Grande salle de la centrale Robert-Bourassa
(LG2) (Photo Hydro-Québec)
Explications un peu redondantes après la visite deLG1
hier; en revanche la réfection de l’un des groupes permet de
bien voir l’organisation supérieure (alternateur) de celui-ci.
Notre guide nous fait descendre ensuite par un escalier étroit et très bruyant au 2ème niveau inférieur, entre l’alternateur et la turbine où nous pouvons brièvement voir la rotation très rapide du rotor au-dessus de nos tête et celle du gros arbre en acier brillant qui le relie à la tête de la turbine en dessous, totalement invisible bien sûr. L’ensemble pèse près de 100 t et tourne à vive allure, comme une toupie de gamin… Le parcours de retour suit le même chemin et les même consignes strictes de déplacement, tout en étant l’occasion pour notre guide de nous transmettre une autre foule d’informations qui mettent en évidence l’extraordinaire exploit technique supervisé par Hydro-Québec.
De retour dans l’autobus, suit une petite
promenade sur le site des Installations Robert-Bourassa qui
reprend les points visités hier seuls : les vannes de
l’évacuateur de crue et «son escalier de géant», les 2 trous
noirs vestiges des galeries de détournement puis, depuis le
petit parc Robert-Bourassa, une vue frontale de l’escalier de
l’évacuateur de crue déployant sa dizaine de marches
monumentales, chacune haute de 10 m.
Nous quittons alors le site pour regagner le
centre d’interprétation de l’Hydro au centre du village et
retrouver notre ProMaster. Ouf ! Il est passé midi, mais
Hermione insiste pour retourner voir les 3 turbines démontées
lors des réfections précédentes et attendant leur départ pour
le recyclage. Nous allons stationner sur le terrain vague où
elles sont entreposées, en faisons le tour et quelques photos,
puis déjeunons sur place avant de reprendre la route vers le
sud, objectif la station service du Km 381, que je devrais
normalement atteindre sans manquer d’essence au bout de 240
km.
Dans le crépuscule grisâtre, je fais immédiatement le plein, puis nous retournons nous garer un peu à l’écart au même endroit dans la vaste clairière. Je place les volets et prépare un souper léger. Hermione épuisée va au lit sans même toucher à son bol de soupe, j’écris le journal et me couche ensuite à 22:30.
33 000 Mercredi 14 août 2019 : du
Relais routier Km 381 à GRAND-REMOUS (689 km)
Autre nuit tranquille, mais température fraîche et ciel très gris au réveil. Décidément le temps aura été moche jusqu’au bout durant notre courte incursion dans le Nord ! À 8:30 nous sommes sur le route et poursuivons direction plein sud. Les kilomètres semblent défiler plus rapidement qu’à l’aller, et pourtant j’ai adopté une vitesse modérée et une conduite régulière (toujours en bas de 2 000 trs/mn, pas d’accélération brusque entraînant la rétrogradation de la boite automatique, et quelques rares passages en 5ème lorsque les côtes s’avèrent particulièrement longues ou raides). On verra si cela permet vraiment d’améliorer la consommation…
Dans l’ensemble la route est en bon état, les
sections les plus récentes impeccables, les anciennes plus
bruyantes et cahoteuses surtout à cause des raccords
irréguliers entre les bandes d’asphalte (tous les 50 à 100 m).
Une équipe d’ouvriers s’affaire d’ailleurs à dénuder un ruban
autour de ces fissures pour les remplir d’un enduit beaucoup
plus régulier. S’ajoutant aux deux zones de près de 70 km où
le surfaçage d’asphalte totalement décapé laisse place à une
route en gravelle plus ou moins bonne, de nombreux ponceaux
sont en cours de remplacement; notre train se trouve donc
considérablement ralenti par les multiples arrêts, feux rouges
et accompagnements en suivant une véhicule d’escorte. Le ciel
laisse entrevoir quelques éclaircies sur la taïga (forêt
boréale) et des zones plus petites de toundra (arbustes et
lichens) résultant le plus souvent de l’un des nombreux et
vastes incendies à avoir ravagé le pays. Des lacs innombrables
bien sûr, de toutes dimensions, s'entremêlent aux plaques
rocheuses. À l’infini surgissent des épinettes noires, plus ou
moins grêles sous leur faîte en plumeau.
Le temps passe, un peu monotone; Hermione
lit, discute un peu, va se reposer sur le lit à l’arrière,
revient en clamant sa faim… Nous arrêtons pour déjeuner en
bord de route, faisons une autre pause au moment de passer le
large cours torrentueux de la Rupert, et cheminant ainsi
régulièrement, commençons à constater la densification
progressive de la forêt et la remontée de la température.
Nous atteignons enfin Matagami, km 0 de la route de la Baie James. Suivant le conseil du policier rencontré avant-hier, je décide d’éviter la route gravelée R-1055 et de passer plutôt par Amos (ce qui nous permettra d’en visiter la cathédrale romano-byzantine, une rareté en Amérique du Nord) puis Val-d’Or, avant de rattraper la Rte 117.
Longue et excellente route 109, presque toute
droite, qui file à travers forêts et prairies. Rendus à
Amos, déception : la cathédrale, de forme assez bizarre et
plutôt lourde, est en complète restauration et donc
close…
Je fais le plein de carburant dans une autre station Ultramar à un coût cette fois raisonnable (1,22$/l, moins la ristourne de 2,00 $), et nous repartons vers l’est, cette fois par la Rte 111. Encore une quarantaine de km et nous sommes à Val d’Or, à nouveau sur la Rte 117 qui nous emmène au sud-est vers Montréal. Souper sur une vaste esplanade en quittant Val d’Or, à côté d’un autre ProMaster version Travato (le fourgon aménagé par la grande compagnie américaine Winibago).
J’ai hâte d’avancer, vu le peu d’attractions repérées le long de cette route déjà parcourue, et nous repartons aussitôt la vaisselle terminée. Très longue traversée du parc de La Vérendrye. La nuit est tombée depuis longtemps et impossible de trouver un bivouac civilisé au bord de la route… Hermione, épuisée par cette longue journée de roulage, se déshabille et va se coucher pour de bon vers 21:30. Il faudra attendre la sortie du parc, une heure plus tard, pour tomber alors sur Grand Remous et découvrir enfin une rue latérale, juste après le passage du pont sur la Gatineau, qui mène à quelques maisons. Je stationne sur le bord de la rue et me couche aussitôt, remettant à demain la rédaction du carnet de bord.
33 208 Jeudi 15 août 2019 : de GRAND
REMOUS à MONTRÉAL (259 km)
Réveillé tôt, je traine un peu au lit pour récupérer la longue route d’hier, tandis qu’Hermione dès 7:30 s’habille et va jouer avec Olaf, l’aimable chien de notre plus proche voisin. Nous avons retrouvé une lumière et une température des plus agréables, et la route, très filante, devient de plus en plus chargée en nous rapprochant de la métropole. Beaucoup de camions, de bois d’abord, puis de marchandises qui livrent dans tout le Haut Pays sans industrie autre que mines et foresterie, les produits de consommation. Coup de fil à Monique, maintenant que nous avons retrouvé un réseau à peu près constant, pour lui annoncer notre arrivée avant midi. Le passage de la Route 117 à l’Autoroute 15 «des Laurentides» marque une autre augmentation du trafic qui montre quelques ralentissements majeurs aux alentours de Mirabel, heureusement très brefs. L’entrée à Montréal et l’arrivée à Outremont ne sont plus maintenant qu’une question de minutes… Monique nous accueille sur le trottoir et nous offre un délicieux - quoique frugal - repas, régime exige ! Un grand soleil luit dans le ciel bleu et il fait 24°.
33 467 km Arrivée à
Montréal
©2019