Janvier 2019

PORTUGAL

Drapeau du
            Portugal width=


(3 932 km)

Jean-Paul MOUREZ en solo
à bord de l'Exsis



7. de GUIMARÃES à PONTECESURES (Galice)

16  771    Jeudi 17 janvier 2019 : de CALDAS DE TAIPAS à VIANA DO CASTELO (75 km)

Bivouac-dans-le-parc-de-Caldas-de-Taipas
Bivouac dans le parc de Caldas de Taipas
Lever à 9:00 après une nuit réparatrice : les longues marches des derniers jours m’ont apparemment un peu fatigué... De plus le port de chaussures fermées me cause des élancements au pied droit qui ne laissent pas de me déranger (genre crise de goutte). La tranquillité a bien été au rendez-vous au bout de mon parc, mais pas le soleil au matin ! Même si la météo persiste à prédire sa présence pour ce jeudi, la matinée restera noyée dans le brouillard… jusqu’à mon départ à 11:00. Et ce sera pour une autre journée pleine de lumière, sinon de chaleur (maximum 14°C aujourd’hui, le thermomètre continue de descendre en douceur…).
La route sera facile et courte en direction de Braga, même s’il suffit qu’un seul camion traine un peu pour ralentir des kyrielles de voiture, puisque les virages incessants sur cette route montueuse rendent le dépassement quasi impossible.  Je contourne la ville, l'ayant déjà visitéee sans qu'elle me laisse de souvenir passionnant. Sa principale curiosité reste le sanctuaire de Bom Jesus et son escalier baroque extravagant que nous avions parcouru il y a quelques années. En
                  passant sous le viaduc autoroutier
En passant sous le viaduc autoroutier
Barcelos-pont-medieval-sur-le-Rio-Cavado
Barcelos : pont médieval sur le Rio Cavado
Première étape donc, Barcelos. Ville du célèbre coq légendaire - devenu l’emblème folklorique du Portugal - Barcelos est une petite cité qui a conservé un cœur ancien très bien préservé et continue assidument de le restaurer, si bien que ma balade au fil de ses rues traditionnelles (au demeurant limitées en nombre et en longueur) ne sera pas trop fatigante, particulièrement pour mes pieds que j’ai entrepris de soigner : que serait un fantassin de la balade comme moi sans ses pieds ?

Une longue recherche d’une place de ststionnement me mènera finalement près du vieux pont médiéval sur le Rio Cavado, au pied des ruines du castelo del Duques de Bragança. Je mange copieusement et note soigneusement ma localisation indiquée par le GPS avant de me lancer dans la balade.

L'Hotel-de-Ville de Barcelos
L'Hôtel de Ville de Barcelos et, au premier plan, l'un des coqs traditionnels, en terre cuite peinte celui-là
Barcelos-le-coq-Plaza-del Apoio
Barcelos : le coq de la Plaza del Apoio

Barcelos-Rua-D.-Antonio-Barroso, maison couverte
                  d'azulejos
Barcelos : Rua D. Antonio Barroso,  façade couverte d'azulejos
Détail des azulejos sur la façade
Détail des azulejos de la façade

Largo-da-Liberdade-le-coq-devant-le-marché de Barcelos
Largo da Liberdade : le coq monumental devant le marché de Barcelos

En fait la principale attraction est temporaire, au sens où c’est le marché du jeudi, qui envahit une très grande place quasi centrale, genre champ de foire, le plus grand marché du Portugal et peut-être d’Europe. Barcelos : fontaine du Campo-de-la-Feria et
                  coqs.
Barcelos : fontaine du Campo de la Feria et coqs

Barcelos-marche-bibelots-varies
Barcelos : bibelots variés sur le marché
Barcelos : marche le coq à toutes les sauces
Barcelos : le coq à toutes les sauces

Il rassemble en effet à la fois les producteurs/distributeurs locaux de fruits, légumes et autres produits agricoles, (poules, fromages, charcuterie, pâtisseries, etc.) typiques, mais aussi la panoplie habituelle de marchands de nappes et draps, linges, chaussures, casseroles, gadgets de cuisine, outils, bibelots «décoratifs» ou religieux, et que sais-je encore, tous objets susceptibles d’être utiles (ou inutiles ?) à un ménage.
Machande de fruits
Marchande de fruits
Marchande de produits de la ferme
Marchande de produits de la ferme
Nappes brodées
Nappes brodées
Dentelles
Dentelles

À cela s’ajoute, dans une autre section de la place, toute une variété de produits locaux et traditionnels, que ce soit poteries et céramiques décorées, broderies et dentelles, souvenirs plus ou moins sophistiqués et d’un goût pour le moins discutable, dont bien sûr le fameux coq légendaire de Barcelos, décliné en bois sculpté et peint, en poterie, en céramique décorée, etc.

Alambics
Alambics
Terres cuites
Terres cuites

Bref un beau capharnaüm, coloré et pittoresque à souhait, d’autant qu’à la variété des objets s’ajoute les mines souvent accentuées des partenaires, vendeurs ou clients, et les scènes quasi rituelles qui se succèdent à chaque étape de la transaction.


Je passe donc un bon moment sur le Praça de Republica à découvrir l’étendue du marché, étonnamment vaste, la diversité des produits et des scènes, et tente d’en saisir au vol quelques images.
Barcelos-marche-chauds-les-marrons
Sur le marché de Barcelos : «Chauds les marrons...»
Barcelos-Largo-de-Porta-Nova-et-Bom-Jesus-da-Cruz
Largo de Porta Nova, le Templo del Bom Jesus da Cruz
Passons ensuite au patrimoine architectural de Barcelos. La préposée au tourisme (dans la lourde tour médiévale carrée à l’entrée de la place) m’a aimablement pourvu d’un petit plan de ville qui me permet de m’y retrouver. Je me dirige donc vers les 2 plus belles églises situées sur le côté sud-ouest et nord du Champ de Foire ou Campo da Republica : le Templo del Bom Jesus da Cruz et l’iglesia de Nuestra Senora do Terço.
La première (1720) en forme de croix grecque, est d’une baroque léger et élégant à l’extérieur.

En revanche l’intérieur est particulièrement riche en talhas douradas, tant sur le maitre autel que sur les 2 autels latéraux consacrés l’un au Christ de la Passion et l’autre à la Vierge des Douleurs. Les azuléjos bleus et blancs très décoratifs sont moins visibles et couvrent surtout les couloirs d’accès circulaires. Beaucoup de pathos, mais aussi une grande qualité d’exécution : sculptures très fouillées et raffinées, expression des personnages, qualité des couleurs et des dorures bien mises en valeur par l’éclairage…. J’y passe un bon moment, photographiant depuis les divers bancs où je m’assois, pour n’apercevoir qu’en sortant le petit papillon «Photographie interdite»...
Templo del Bom Jesus da Cruz cristal, azulejos et
                  tailhas douradas
Templo del Bom Jesus da Cruz : cristal, azulejos et tailhas douradas
Templo-del-Bom-Jesus-da-Cruz-bras-droit-de-la-nef
Templo del Bom Jesus da Cruz : le bras droit de la nef
Templo-del-Bom-Jesus-da-Cruz-orgue
Templo del Bom Jesus da Cruz : l'orgue

Templo-del-Bom-Jesus-da-Cruz : choeur
Templo del Bom Jesus da Cruz : choeur et maître autel
Templo-del-Bom-Jesus-da-Cruz-tabernacle-du-Maitre-autel
Templo del Bom Jesus da Cruz : tabernacle du maitre-autel

Templo-del-Bom-Jesus-da-Cruz-autel-droit-Vierge-des-7-Douleurs
Templo del Bom Jesus da Cruz : autel de la Vierge des Sept Douleurs
Templo-del-Bom-Jesus-da Cruz : porteurs de la
                  Vierge
Templo del Bom Jesus da Cruz : porteurs de la Vierge

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Largo de Porta Nova : le coq et le Templo del Bom Jesus

Je traine un peu sur la place longiligne et arborée où règne un grand coq très coloré tout recouvert de céramiques, puis m'enfonce dans les rues de la vieille ville, claires et impeccables, ponctuées de jolis coups d'oeils aux façades élégantes et autres petits monunents. Barcelos-facade-av.-da-Liberdade
Barcelos : façade Av. da Liberdade
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Azulejos Av. da Liberdade
Barcelos-balcon-av.-da-Liberdade
Balcon en fer forgé av. da Liberdade

Barcelos-monument-aux-pompiers-volontaires
Barcelos : monument aux pompiers volontaires

Passion, Mort et Résurrection du Christ par
                  Conceicao Sapateiro (1998)
Oratoire en terre-cuite vernissée : Passion, Mort et Résurrection
du Christ, par Conceicao Sapateiro (1998)


Je gagne ainsi l’iglesia de Nuestra Senora do Terço, nettement plus simple extérieurement. Construite en 1707, elle faisait partie d’un couvent de Bénédictines. Barcelos-iglesia-de-Nra-Sra-do-Terço
Barcelos : iglesia de Nuestra Senora do Terço

Nef de l'iglesia de Nra Sra do Terço
Nef de l'iglesia de Nuestra Senora do Terço
Ses murs intérieurs entièrement recouverts d’azuléjos bleus sur fond blanc racontent la vie de São Bento (Saint Benoît), tandis qu'un plafond peint en caissons divisant d’autres scènes de la vie du saint complète le décor. Très bel ensemble, mais là aussi interdiction de photographier (pourquoi ?) inscrite à de multiples endroits, et un gardien veille ! Je dois donc me contenter de quelques vues prises discrètement à la volée, d’une qualité aléatoire…

Chaire de l'iglesia de Nuestra Senora do Terço
Chaire de l'iglesia de Nuestra Senora do Terço
Plafond à caissons peints de Nuestra Senora do
                  Terço
Plafond à caissons peints de Nuestra Senora do Terço

Avec tout cela le temps a passé. Je reprends la rue commerçante Rua D. Antonio Barrosa qui me ramène dans le coin de l’ensemble monumental derrière lequel j’ai laissé l’Exsis : le pont médiéval du XIVe sur le Rio Cavado, le pilori fin XVe, les ruines du palais des Comtes de Barcelos du XVe et l’iglesia matrix de la ville.

Intérêt très mesuré : l’église mère, gothique et en granit très sombre, me semble sinistre et ses lignes à peine apparentes. Le palais des Ducs de Bragança ne ressemble plus à grand chose avec ses quelques pans de murs dénudés. À ses pieds le pont médiéval est entier, mais a manifestement été outrageusement restauré (il supporte maintenant le trafic routier…).
Barcelos-castelo-do-Duques-de-Braganca-et-pilori
Barcelos : le castelo do Duques de Braganca et le pilori

Barcelos-castelo-do-Condes-de-Braganca-et-calvaire-du-coq
Barcelos : castelo do Condes de Bragança et Calvaire du Coq
Palais des Comtes de Barcelos (Ducs de Bragança) 

Le Palais des Comtes a été construit entre 1406 et 1412, par décision de D. Afonso, 8ème comte de Barcelos, pour lui servir de résidence. Le palais symbolisait la souveraineté et l'importance du comté de Barcelos. Bien qu'il ait été démantelé au fil des siècles, ses proportions originales sont connues.

Il y avait un corps central en L auquel étaient attachés trois corps et une tour donnant sur l’entrée du pont qui lui donnait une volumétrie intéressante. Les habitants de Barcelone l'appelèrent donc "le château".

Le bâtiment est tombé en ruines au cours des siècles, jusqu'à ce que la Maison de Bragance l’offre à la municipalité de Barcelos en 1874. Au cours des décennies suivantes, certains murs ont été démantelés et la pierre a été utilisée pour la construction du clocher de l’église mère et pour le pavage de rue.

Il a été classé monument national le 16 octobre 1910, interrompant les démolitions et provoquant des tentatives de reconstruction qui n'ont jamais restitué sa splendeur originale au bâtiment.
Barcelos-castelo-do-Duques-de-Braganca-en-1786
Barcelos : castelo do Duques de Braganca, d'après une peinture de 1786
Barcelos : détail du pilori
Barcelos : détail du pilori gothique (fin XVe - début XVIe)

Reste le pilori au centre d’un joli jardin de buis qui présente en haut de sa colonne assez simple l'élégante petite cage de pierre typique (Michelin dit « une lanterne»). Ici s'achèvera mon grand tour; je repasse au pied du massif Manoir des Pinheiros et retrouve enfin mon véhicule sans problème.

Balcon du Solar-(manoir)-de-los-Pinheiros
Un balcon du Solar (manoir) de los Pinheiros
c
L'austère Solar (manoir) de los Pinheiros

Il n’est que 15:15, j’ai donc encore le temps de m’avancer un peu jusqu’à Viana de Castelo dont je veux faire mon étape ce soir. Plein d’eau en passant devant un Intermarché, puis route un peu longue car très urbanisée, mais dans un décor rural plutôt agréable.

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Le coq emblèmatique de Barcelos en quittant

Arrivee a Viana do Castelo
Arrivée à Viana do Castelo, à l'entrée du Pont Eiffel franchissant le Lima
Me raprochant de la côte atlantique je suis bientôt à Viana do Castelo. Après avoir franchi le Rio Lima sur le long pont Eiffel (routier et ferroviaire) bizarrement un peu décalé à chacune de ses extrémité (N13), je gagne le grand parking disposé sur le quai, à deux pas du port commercial et du noyau ancien, près de la Praça da Liberdade.
Laissant l'Exsis près du Gil Eannes, je découvre ce navire terre-neuvas contemporain (malheureusement fermé à la visite aujourd'hui) et la statue massive de Joao Alvares Fagundes, premier explorateur et colon de la région de Terre-Neuve vers 1520, après les Vikings d'Érik le Rouge établis entre 980 et 1020 à l'Anse aux Meadows. e-navigateur-Joao-Alvares-Fagundes,-decouvreur-des-iles-de-Terre-Neuv
Le navigateur vianois Joao-Alvares Fagundes,
découvreur des îles de Terre Neuve en 1520

chalutiers-dans-le-bassin-et-basilique-Santa-Luc
Chalutiers dans le bassin du port de pêche et
basilique du Sacré-Coeur sur le mont Santa Lucia

Le-Gil-Earnnes-ex-navire-hopital-et-musee
Le Gil-Earnnes, ex-navire-hopital et d'assistance aux pêcheurs portugais dans les eaux de Terre-Neuve, maintenant musée

Viana-do-Castelo-Capela-das-Malheiras
Viana do Castelo : Capela dos Malheiras
Il est un peu plus de 16:00, j’ai donc largement le temps de faire un petit tour du centre guère étendu. Je longe un peu le quai jusqu’à l’office du tourisme où l’on me remet une carte de la ville, puis je remonte la rue Gago Coutinho qui encercle le quartier à l’est. En haut de la rue pavée qui se love entre les maisons traditionnelles, apparait la capela dos Malheiras, d’un baroque très élégant. Cette chapelle voisine avec un bel hôtel particulier de la même période, la Casa de Praça, qui appartenait à la même famille.

Capela dos Malheiras

Tel est le nom sous lequel est connue la chapelle, construite par D. Frei António do Desterro Malheiro Reimão, évêque de Rio de Janeiro, de la famille de cette maison. Elle fut dédiée à S. Francisco de Paula, construite avec de l'argent et selon les directives que le prélat avait envoyés du Brésil. L'intérieur a un seul autel en belle sculpture rococo. La façade est remarquable, car elle reproduit les motifs d'algues, de lichens et de coquillages également sculptés dans le bois à l'intérieur.

La Casa de Praça

Oeuvre baroque de la première moitié du XVIIIe siècle, le manoir urbain de Malheiro Reimão a été installé dans le seul espace disponible du tissu urbain vianais, la Place des Choux. Il met en évidence l'horizontalité et l'équilibre de l'ensemble, ainsi que la symétrie des ouvertures implantées en fonction d’un axe central où se situe l’entrée principale où a été placé le blason familial.

Blason sur la Casa-da-Praça
Viana-do-Castelo-Casa-da-Praca
Viana do Castelo : la Casa da Praça

On débouche alors sur la Praça da Republica, entourée de belles façades anciennes, mais surtout de deux bâtiments en granit massifs qui ferment la place : l’Antigos Paços do Concelho qui fit fonction autrefois d'hôtel de ville, et la façade de l’hôpital de Misericordia, très lourde mais très travaillée; son entrée latérale encadrée par une cariatide et un atlante est plus légère et élégante.

Viana do Castelo, Praça da Republica : Misericordia et
            Antigo Paços do Concelho
Viana do Castelo, Praça da Republica : la Misericordia et Antigo Paços do Concelho

Viana-do-Castelo-Misericodria-et-fontaine-sur-Praca-da-Republica
Viana do Castelo : Misericodria et fontaine sur la Praça da Republica

La Misericordia

La Misericordia, achevée en 1589, est une œuvre qu'on peut inclure dans les solutions maniéristes, même si son dessin est très original et donc difficile à insérer dans les courants artistiques définis comme maniérisme. Le Consistoire est un bâtiment de trois étages avec une loggia de style ionien et deux balcons superposés rythmés par des Atlantes soutenus par les architraves, installés dans de curieux socles tronc-pyramides inversés, décorés de masques.

L'église a été construite au XVIIIe siècle par Manuel Pinto de Vilalobos. On y trouve une lanterne qui illumine la chapelle. L'intérieur est richement décoré avec des sculptures de "style national", des carreaux de Policarpo de Oliveira Berrardes, un plafond peint "brutasco" et des sculptures de bois de style rococo. Sur les autels, des images en relief de style baroque johannin.


La fontaine

Oeuvre de João Lopes o Velho, elle fut terminée en 1554. Construction fusiforme avec deux vasques, elle est intégrée au vaste ouvrage du maître maçon qui l’a construite, mais se présente ici comme un travail de transition entre le Gothique et la Renaissance, à la fois dans le dessin des masques, dans la décoration de la hampe et dans les motifs de sa partie supérieure.

Portail-de-Misericodria-Passeio-das-Mordomas-da-Ronmaria
Portail latéral de la Misericodria, Passeio das Mordoma da Ronmaria
La fontaine sur la Praça da Republica
La fontaine sur la Praça da Republica

Petit tour sur la place décorée d’une jolie fontaine entourée de ses maisons urbaines traditionnelles (façade de 2 ou 3 étages entièrement garnies de hautes fenêtres très lumineuses), dans le crépuscule qui tranquillement annonce la nuit.

Viana do Castelo : Praç da Republica
Viana do Castelo : Praça da Republica

Fronton du Musée des costumes sur l'Avenida dos
                  Combatentes a Grande Guerra
Fronton du Musée des costumes sur l'Avenida dos Combatentes da Grande Guerra
Je reviens vers le port par la Rua de Picata en passant devant le Musée des Costumes régionaux (relief 1920) et quelques autre beaux immeubles, puis descends l’Avenida dos Combatentes da Granda Guerra.

Une petite place en bas près des quais laisse voir l’élégante façade manueline d’une école de musique et, en son centre, une fontaine décorée d’un Mercure appuyé sur une ancre évoquant le commerce maritime qui fit la fortune de Viana (avec le Brésil entre autres).

Viana-do-Castelo : la palce de Mercure
Près du port, la fontaine de Mercure (chafariz de Mercurio) sur le Largo Vasco da Gama
Mercure navigateur sur le Largo de Vasco de Gama
Mercure navigateur sur le Largo de Vasco de Gama

En passant devant le bassin, je fais quelques autres photos du Gil Earnnes sur fond de ciel rougeoyant. Un panneau explique son histoire depuis sa construction ici même en 1955 jusqu’à son sauvetage de la casse et sa conversion en musée, car il joua un rôle significatif en tant que navire hôpital et ravitailleur auprès de la flotte de pêche morutière portugaise sur les Grands Bancs près de Terre Neuve, alors très importante.


LE NAVIRE GIL EANNES


Le navire-hôpital Gil Eannes a été construit en 1955 dans les Chantiers Navals de Viana do Castelo, avec pour mission d'assister la flotte morutière portugaise sur les bancs de la Terre-Neuve et du Groenland.

Viana-do-Castelo : le-Gil Eannes
Viana do Castelo : le Gil Eannes à quai
Bien que sa principale fonction ait été de secourir tous les pêcheurs et les membres d'équipage, le navire Gil Eannes fut également capitainerie, long-courrier, remorqueur et brise-glace, garantissant l'approvisionnement en vivres, filets de pêche, appâts et combustible pour les bateaux de pêche à la morue. Il cessa son activité en 1984, vaguant de quai en quai sur le port de Lisbonne, puis il fut finalement vendu en 1997 à un ferrailleur pour la ferraille, alors qu'il était profondément détérioré et pillé d'une grande partie de son équipement.

En 1998, devenu propriété de la Fondation Gil Eannes, il subit une importante remise en état dans les Chantiers Navals de Viana do Castelo, avec le soutien de plusieurs institutions, entreprises et citoyens. Depuis, le navire se trouve exposé au public, dans le dock commercial de Viana do Castelo. Les visiteurs peuvent ainsi "naviguer" à travers la passerelle, la cuisine, la boulangerie, la salle des machines, le cabinet médical, la salle de soins, le cabinet de radiologie, diverses cabines et salles d'expositions temporaires.


Viana do Castelo le Gil Eannes au crepuscule
Viana do Castelo : le Gil Eannes au crépuscule

Je regagne enfin mon quai et déplace légèrement l'Exsis pour l’orienter face au soleil matinal espéré demain matin. Souper, écriture et traitement des nombreuses photos des deux derniers jours occuperont ma soirée jusque passé minuit, après cette autre belle journée de denses découvertes.


16 846    Vendredi 18 janvier 2019 : VIANA DO CASTELO (0 km)
Ciel couvert à mon réveil vers 7:30, et petite pluie fine qui perle sur mes fenêtres… Je décide donc de rester sur place en attendant un mieux éventuel, et passerai la journée en pyjama sans mettre le nez dehors. Quelques averses, mais surtout une bruine quasi continue (la bruine bretonne…) qui, sans trop refroidir, pénètre partout et vous trempe comme une soupe en quelques minutes. Viana do Castelo bivouac devant l'embouchure du
                  Lima
Viana do Castelo : bivouac dans le port commercial, devant l'embouchure du Lima

Comme je suis abondamment pourvu en vivres et carburant (je pourrais tenir un siège d’une dizaine de jours…), je me consacre plutôt à des tâches cléricales, lisant un peu le guide et la documentation remise par les différents offices de tourisme. Je classe aussi, apure et traite les centaines de photos prises depuis Porto car je crains ne plus retrouver les noms des lieux et et des monuments... De temps à autres je fais tourner le moteur, histoire de recharger à fond la batterie du McBook (et par le fait même la batterie habitacle et celle du téléphone). Je passe un bon moment aux «fourneaux», préparant une poêlée d’endives braisées au fromage et jambon, et suis en train de m’en régaler lorsque Monique m’appelle sur FaceTime pour me demander anxieusement si j’ai retrouvé ses boucles d’oreilles et son collier d’argent, que je finis par dégoter coincés tout au fond de son sac de voyage… Autres nouvelles des petits et des démêlés de Gabriel avec ses parents à propos des repas ! Une visite prochaine est programmée aux écoles Querbes et Jonathan… Nous passons ainsi une heure et demie à bavarder.

En fin d’après-midi je poursuis mon travail sur les photos et consulte les forums de camping-caristes auxquels je suis inscrit, répondant longuement à une rubrique sur le gaz à bord, et surtout à une autre sur l’utilisation des batteries LiFePo4, sur lesquelles circulent encore bien des rumeurs. Coucher tard après une soupe et quelques bouchées de fromage. Il pleut toujours… et la météo n’annonce rien de mieux pour demain !


16 846    Samedi 19 janvier 2019 : de VIANA DO CASTELO à PRAIA DE CABEDELO (8 km)

Viana-do-Castelo : bivouac près du port
Viana do Castelo : bivouac près du port
Autre journée de pluie presque continuelle. Je renonce à bouger et décide de m’attaquer au branchement du Coulombmètre, remis depuis mon départ de Caen. Cela nécessitera de démonter par mal de chose pour passer le câble depuis la batterie jusqu’à l’espace entre les pare-soleils où j'ai placé le petit écran.

Lever tard - décidément ce temps gris ne me vaut rien côté énergie ! Puis je gagne l’aire de service de l’autre côté du Rio où je vide encore une fois la cassette qui commence déjà à sentir, et complète le plein d’eau. Je décide de rester alors à cet endroit, Praia do Cabedeio, sur un quai juste au-dessus de l’eau où la vue, même grise, est dégagée et le trafic nul.

Retardant le bricolage, je poursuis un peu mon travail sur les photos, interminable, scanne les plans de villes remis par les office de tourisme dont je veux me débarrasser tout en en conservant les traces et informations précieuses… J’arrive au déjeuner, puis attaque le travail de mise en place. Sans entrer dans les détails, le plus gros consistera dans la soudure des 5 brins du câble pour les raccorder aux mini-prises du Colombmètre. Puis, dans un autre genre, le décapage/nettoyage de l’espace du conduit de chauffage sous la table dont l’acide a bouffé, brûlé, noirci à peu tous les composants, à commencer par les pièces de plastique tenant les vis diagonales qui ont fondu ! Il faudra aussi remplacer le conduit annelé de 70 mm dont une section longue de 80 cm est désintégrée. Cela ne sera pas non plus une sinécure, cet espace sous la banquette étant à peu près plein de tout le fatras des câbles se raccordant à la batterie…

Bref un travail qui me tiendra en haleine jusque passé 17:30, dans le fouillis causé par le déplacement des cousins et de la table, et les outils étalés un peu partout. La nuit est tombée lorsque j’achève la connexion de l’appareil : ça marche ! L’écran s’allume et les différentes informations y apparaissent. Restera à le configurer pour obtenir une lecture précise de la charge/décharge de la batterie. Encore faudrait-il l’avoir préalablement remplie, ce qui ne pourra se faire qu’une fois connecté au secteur ou après un long trajet.

Il est temps de tout ranger puis de préparer mon souper. En soirée lecture du courrier, suite de mon travail sur l’étiquetage des photos (ce qui me permet de revoir toutes les informations recueillies parfois à la va-vite) et coucher tard, en pensant à la suite de mon itinéraire si le ciel se dégage.


16 854    Dimanche 20 janvier 2019 : de PRAIA DE CABEDELO à PONTECESURES (154 km)

Viana-do-Castelo-Praia-do-Cabedelo-bivouac
Viana do Castelo : bivouac devant la Praia do Cabedelo
Ciel dégagé au réveil à 8:20 ! Le soleil ne tarde pas à monter derrière la rangée d’immeubles devant lesquels j’ai passé la nuit, le séjour des camping-car étant interdit sur l’aire de services. Les quelques uns qui, comme moi, y ont passé la journée se sont repliés en arrière sur la grand parking où je les rejoins. Lever tranquille, puis écriture du journal d’hier et départ.

Je quitte donc Viana de Castelo en montant admirer le panorama sur la ville et l’estuaire de la Lima depuis le mont Santa Luzia qui domine le site de près de 400 m. Route en lacets sur un pavé tressautant… Je finis par arriver en haut de la côte, monte jusqu’à la pousada presque au sommet de la colline au milieu des eucalyptus et fais quelques photos de la ville, de l'estuaire et de la côte s'étendant au sud.

Vue Viana de
            Castelo et l'estuaire du Rio Santa Luzia
Vue sur le Rio Lima et le port depuis le mont Santa Luzia

Viana-do-Castelo-le-port-en-montant-sur-le-mont-Santa-Luzia
Viana do Castelo : l'estuaire et la côte au sud depuis le mont Santa Luzia

Viana-do-Castelo-basilique-Santa-Luzia
Viana do Castelo : la basilique du Sacré-Coeur sur le Mont Santa Luzia
Puis je redescends jusqu’à la basilique, genre pièce montée au style composite qui serait une réplique de Montmartre, elle est d'ailleurs également consacrée au Sacré-Coeur…

Je n’en garderai pas un souvenir inoubliable, quoique les deux grandes rosaces donnent un bel effets sous le soleil, à côté de la haute coupole garnie de fresques. Pour le reste, du romano-néo-byzantin plutôt disgracieux (dixit Michelin !).

Sanctuaire du Sacré-Cœur de Jésus

Cette église monumentale en l'honneur du Sacré Cœur de Jésus a été construite sur le site d'un ermitage dédié à Sainte Lucie. Le projet de renouveau de Ventura Terra de 1898, inspiré du Sacré Cœur de Paris, ne fut terminé qu'en 1943 sous la direction artistique de Miguel Nogueira Erniclio Lima et l'aumônerie du père António Carneiro. Oeuvre éclectique, elle utilise une grande variété de styles, mettant l'accent sur le néo-roman et le néo-byzantin. Les vitraux viennent de Lisbonne. La sculpture en bronze du Sacré-Cœur de Jésus réalisée par Queirós Ribeiro a été installée dans une niche au centre de la façade. Deux anges en marbre du retable sont de Léopold de Almeida.
Viana-do-Castelo-façade du
                  Sanctuaire-du-Sacre=Coeur
Viana do Castelo : façade du sanctuaire du Sacré-Coeur

Basiique du Sacré-Coeur de Jésus : la statue dans la
            niche de la façade
Basilique du Sacré-Coeur de Jésus :
la statue en bronze dans la niche de la façade, par Queiros de Ribeira (1898)


Grande rosace-du-Sacré-Coeur
Grande rosace de la basiique du Sacré-Coeur
autel-du-Sacre-Coeur
Autel et voûte en cul de four du Sacré-Coeur

Viana-do-Castelo : voute de la basilqiue
Viana do Castelo : fresque sur la voûte de la basilique du Sacré-Coeur : Christ en gloire

Repu jusqu’à satiété de monuments religieux portugais, j’achève rapidement mon incursion dans la bâtisse pour redescendre du mont Santa Luzia et prendre la direction du Nord et de l’Espagne, avec une dernière étape dans la petite ville frontière de Valença do Minho.

Panorama sur Viana do Casrtelo à l'embouchure du Lima
En descendant du Mont Santa Luzia, dernier coup d'oeil sur Viana do Castelo à l'embouchure du Lima

Pause-piquenique-a-Vila-Praia-de-Ancora
Pause piquenique à Vila Praia de Ancora

L'Atlantique devant ma pause piquenique à
            Vila-Praia-de-Ancora
L'Atlantique devant ma pause piquenique à Vila Praia de Ancora

Le G.V. souligne la personnalité militaire de cette ville frontière, puisqu’elle avait essentiellement un rôle de chien de garde face à l’ennemi espagnol (qui fortifia identiquement Tui, la ville homologue sur la rive droite du Minho !). D’où, du côté portugais, une citadelle double du XVIIe, dont les 2 forts communiquent entre eux par un pont levis, tout en étant indépendants. Valençca
                  do Minho: fortifications
Valença do Minho : fortifications au dessus du Minho

Plan de
            Valença do Monho et de Thui, de chaque côté du Minho
Plan de Valença et de Tui, de chaque côté du Minho

Ces forts présentent tous les attributs des forteresse polygonales à la Vauban, avec leurs douves, leurs bastions à double redans et échauguettes, et leurs ouvrages avancés.

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Le pont entre les 2 citadelles de Valença
Valenca-do-Minho : remparts et bastion
Valença do Minho : remparts et bastion
On y pénètre par des portes monumentales donnant accès à un tunnel passant sous la muraille pour se retrouver dans deux petites villes avec églises, fontaines, maisons et boutiques le long d'étroites rues pavées. Beaucoup de pacotilles destinées aux touristes, mais dès qu’on monte sur les talus des remparts, on retrouve la vocation militaire du lieu. Toute cette architecture particulière est remarquablement conservée, mais sans excès à la Viollet-le-Duc.
Valenca-do-Minho : capela-do-Bom-Jesus
Valença do Minho : capela do Bom Jesus
Valenca-do-Minho-Portas-do-Meio-vers-le-nord
Valença do Minho : Porta do Meio vers le nord
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Valença do Minho : puits au milieu des maisons de la citadelle

Valenca-do-Minho-Hotel-de-ville
Valença do Minho : l'Hôtel de ville

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Valença do Minho : façade de l'igreja de São Estevao
Nef de l'igreja-de-Sao-Estevao
Nef de l'igreja de São Estevao

Igreja de São Estevao

Cette église romane a été reconstruite en style néoclassique en 1792. De plan longitudinal à 3 nefs et 3 sections, séparées par de puissants piliers quadrangulaires et à triple tête, le centre se terminant en frontispice à fronton triangulaire et les côtés en corniche droite. Le portail est encadré par des pilastres et couronné par un fronton brisé.
À l’intérieur, elle présente des stalles dans le choeur et des retables en sculpture néoclassique polychrome. Mobilier remarquable : un trône épiscopal en gothique-mudéjar du XVe; des stalles surmontées de panneaux maniéristes du XVIe siècle, représentant des scènes de la vie de saint Étienne; une statue du XVIe siècle représentant Notre-Dame du Lait; une statue du XVIIIe siècle représentant saint Étienne en prière.

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Igreja de São Estevao : trône épiscopal de style mudejar (XVe)
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Igreja de São Estevao : scènes de la vie du Saint de style maniériste (XVIe)

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                  San Estevan
Valença do Minho : ange près du choeur de l'église São Estevao
Valenca-do-Minho. : ange près du choeur dans
                  l'église San Estevan
Valença do Minho : ange près du choeur dans l'église São Estevao

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Valença do Minho : en position de tir vers Tui
Quelques canons de bronze dont la gueule est engagée dans les créneaux accentuent son caractère militaire. Pour couronner le tout, cette balade offre un beau panorama sur le Minho coulant au fond de la vallée au pied de la forteresse, la ville de Tui en face et les monts bleutés de la Galice en arrière.

Depuis Valença-do-Minho, le pont Eiffel et Tui
Depuis Valença do Minho, le pont Eiffel et Tui

Après avoir fait le tour des deux remparts en près d’une heure et demie, je reprends l’Exsis laissé près de la première porte, descend jusqu’au grand pont tout neuf et passe aussitôt en Espagne.

J’y retrouve bien sûr une autovia rapide et bien dessinée qui file à travers les collines. La régions continue d’être très densément peuplée comme au sud, et je suis frappé par le nombre de PME  qui bordent les périphéries urbaines, réparties en zones industrielles relativement récentes et bien aménagées.

Je ne me rendrai pas compte de mon erreur de programmation qui me fait dépasser l’embranchement vers Vigo où je comptais faire étape ce soir.  Ce n'est que 50 km plus loin, à Redondela sur la N550, là où l’autovia se mue en autopista à péage, lorsque je discerne derrière moi le grand pont suspendu menant à la ville...

Je poursuivrai donc en n'apercevant que le fond de la Ria de Vigo, fort belle dans la chaude lumière de fin d’après-midi, puis passe Pontevedra.

Je prends alors conscience de mon changement de fuseau horaire et avance montre et cadrans d’une heure. Il est près de 18 heures et il fait encore bien jour ! Le coucher du soleil ne tardera pas cependant sous un ciel très mêlé où des coins de ciel bleu alternent avec des  nuages gris-noirs se muant de temps à autres en averses.

Ponteveda : un élégant pont contemporain
Ponteveda : un élégant pont contemporain

Je ne rendrai pas jusqu’à Santiago ce soir comme je l'avais escompté. Je préfére poser mon bivouac sur la rue tranquille du  village de
Pontesecures, à l’écart de la grande route, juste avant Padrón. Il n’y passera presque personne dans la soirée, j’ai donc le loisir de repérer sur le site de Michelin les curiosités proposées par le Guide vert de la Galice, en espérant que le beau temps sera au rendez-vous pour parcourir la route côtière des Rias Baias qui me ramènera à Santiago.

Je me couche à 23:30, après avoir corrigé la connexion des câbles sur la batterie (j’avais omis d’en placer 2 dans le capteur de Hall), ce qui est sans doute à l’origine des données bizarres apparaissant sur mon Coulombmètre. On verra demain !


Suite : 2022-12-Portugal-8

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