Août 2013

Charlevoix et les baleines

Monique, Jean-Paul et Hermione
à bord du Guépard



295 000    Dimanche 11 août 2013 : de MONTRÉAL à POINTE DU LAC (Trois-Rivières) 142 km

Il fait beau et pas trop chaud, ce qui favorise mes travaux de réparation et mes préparatifs avant notre départ prévu en fin de journée. Aux premiers essais en effet il est apparu que le tuyau d’évacuation des eaux grises était endommagé au ras de son entrée dans le réservoir, occasionnant une fuite importante à chaque déversement de l’évier. Heureusement le tuyau annelé est assez long pour supporter un léger raccourcissement éliminant la partie défectueuse, mais en contrepartie l’accessibilité en étant très limitée par le longeron passant juste en dessous, il me faudra deux heures de travail ardu, à me débattre dans le résidu d’huile noirâtre de protection de la carrosserie et le démontage d’une partie de la soute pour arriver à mes fins.  Avec cela il est passé 13:00 lorsque je m’attaque au nettoyage et à la remise en ordre d’une bonne partie de l’équipement inutilisé depuis près de 2 ans.

Pendant ce temps Monique prépare un maximum de plats cuisinés qu’il suffira de réchauffer au moment des repas ; fermeture de la maison, débranchement des appareils inutilisés durant notre absence et susceptibles de dégâts en cas d’orage, transfert de nos effets et des denrées dans le camion où j’ai également fait les pleins… enfin vers 18:00 nous sommes prêts à partir. Juliette de son côté a préparé le petit bagage d’Hermione qui prend place dans un coffre, tandis que son manteau de pluie et ses bottes s’ajoutent à notre penderie.

Départ vers 18:30 en direction de Trois-Rivières que nous devrions atteindre ce soir. Autoroute sans histoire et pas trop chargée (dans notre sens en tout cas, car en face le retour de week-end vers Montréal semble beaucoup plus lourd). Souhaitant bivouaquer au calme au bord du lac Saint-Pierre, nous quittons l’autoroute 40 à la sortie 187 pour Pointe du Lac, roulons un peu à travers la petite agglomération qui s’étend la long du rivage en cherchant dans la nuit le spot idéal. Finalement nous renonçons au rivage trop fréquenté ou interdit au stationnement nocturne et allons nous arrêter au bord d’une rue résidentielle transversale. Fermeture immédiate des rideaux, souper rapide et courte toilette pour nous coucher tous 3 avant 22:00 : la journée a été fatigante pour tous et Monique souffre encore d’une douleur inexpliquée dans l’abdomen qui l’inquiète et l’épuise. Il fait chaud dans la cellule où nous nous endormons toutes fenêtres ouvertes ; je fermerai le lanterneau de toit à l’aube après une bonne nuit réparatrice.


295 142    Lundi 12 août 2013 : de POINTE-DU-LAC à SAINT-JOSEPH-DE-LA-RIVE (277 km)

Levés tôt (6:15 !) par la demoiselle qui a vite et bien récupéré, ce qui n’est pas tout à fait notre cas… surtout Monique suite à sa douleur qui l’empêche d’adopter au lit une position confortable.  Nous démarrons tranquillement ; Monique joue un moment avec Hermione sur la petite plage du parc où nous sommes retournés stationner tandis que j’achève ménage et vaisselle, et nous sommes prêts au départ vers 9:00. Le ciel est clair et le soleil brille sans trop de chaleur, un temps idéal pour se déplacer. Le camion est très confortable à la vitesse réglementaire de 100 km/h (silence et suspension) mais l’ensemble moteur/transmission automatique manque nettement de répondant à la moindre côte… 

Nous sommes ainsi à l’entrée de Québec vers 11:30. Hermione manifestant sa lassitude de la longue route dès après la première demi-heure de circulation, nous décidons de nous arrêter dans la capitale nationale pour visiter l’aquarium qui nous semble susceptible de l’intéresser.

Halte dans un centre commercial périphérique pour faire quelques emplettes et déjeuner, puis court trajet ensuite pour gagner l’attraction près du grand pont franchissant le Saint-Laurent. Monique, fatiguée de sa nuit trop courte et pas vraiment réparatrice, restera dans le camion à faire la sieste, tandis que j’accompagne la puce dans le grand tour des bassins qui effectivement capteront son attention pendant un bon moment. La majorité des aquariums sont consacrés aux espèces locales, qu’elles vivent en eau douce ou en eau salée, avec en prime quelques vivariums présentant serpents ou autres bestioles exotiques (tortues, araignée mygale, salamandres, etc.) qui l’impressionnent passablement. Grand détour par les jardins ensuite pour découvrir le bassin des phoques – dont la présentation spectaculaire est malheureusement terminée – puis celui des morses – présentation beaucoup plus tardive en après-midi… - et pour aller enfin jeter un œil à l’ours « scolaire » (polaire) qu’Hermione a bien hâte de contempler car, me dit-elle, « elle n’en a jamais vu…». L’effet est un peu décevant dans la mesure où l’on ne découvre qu’un seul spécimen dans la grande fosse, que sa taille est moyenne, et qu’une pluie assez serrée vient bientôt faire diversion.

Retour en hâte et trempés au camping-car où Monique a piqué un bon roupillon. Nous reprenons alors la route en direction du moulin des Éboulement, au delà de Baie Saint Paul. Peu après, appel de Juliette que Jacques J. a rejoint par téléphone. Monique veut le rappeler, nous ferons donc un arrêt au McDonald de Sainte Anne-de-Beaupré  pour une connexion via Skype. Belle occasion pour notre gourmande de déguster une crème glacée… Courte pause ensuite dans la basilique dont la vaste nef, l’orgue – qui joue pendant quelques instants - et surtout les innombrables lampions votifs ont le don de l’impressionner.

Nous abordons ensuite les hauts et les bas de la superbe Côte Charlevois dont les longues et raides montées soulignent cruellement les faibles performances de notre véhicule (qui doit rétrograder parfois en 2ème pour atteindre le sommet d’une côte). Enfin nous bifurquons vers les Éboulements dont nous apercevons brièvement le moulin – fermé  car il est passé 18:00) puis la longue descente abrupte nous ramène au bord de l’eau près de l’embarcadère pour l’Ile aux Coudres. Je nous dirige directement sur le petit stationnement près de l’église, déjà utilisé il y a quelques années.

Nous nous y glissons discrètement, je fais encore une dernière promenade le long du rivage avec Hermione qui voudrait « aller sur le plage ». Petite bande de sable médiocre, inaccessible et envahie par les maringoins qui entreprennent bientôt de nous dévorer… Vite de retour à l’intérieur du Guépard, j’installe toutes les moustiquaires dans les fenêtres grandes ouvertes et nous soupons à l’abri. Hermione joue encore un peu en nous régalant de quelques histoires abracadabrantes dont elle a le secret tandis que je fais la vaisselle et que Monique, épuisée, s’écrase à peine la banquette préparée pour la nuit. Toutes deux sont couchées à 21:00, tandis que je me case à l’avant pour écrire ces pages du journal et me coucher enfin 50 minutes plus tard dans un calme absolu.


295 419    Mardi 13 août 2013 : des ÉBOULEMENTS à GRANDES BERGERONNES (126 km)

Ciel maussade au réveil ; de plus la température s’est refroidie, ce qui nous surprend un peu vu les prévisions météo consultées avant notre départ de Montréal…  Lever à peine plus tardif (7:15) qu’hier suite au réveil par notre fille qui veut démarrer tôt voir le moulin promis… Quittant vers 9:00 notre bivouac encore une fois tranquille nous sommes bientôt sur les lieux. Le moulin a été racheté dans les années 60 par une fondation qui l’a restauré et le maintient en fonctionnement ; il est donc en parfait état de marche, et l’on y a produit l’an passé 350 tonnes de farine sur sa meule de pierre traditionnelle. En revanche le meunier ne moud pas tous les jours, et nous sommes tombé sur un jour de repos… Le jeune guide nous fera malgré tout faire un tour détaillé, décrivant de façon un peu frustre mais avec le jargon consacré les différentes parties du bâtiment, ses équipements et leur fonctionnement (barrage, canal d’amenée et ses vannes, grande roue en bois, engrenages, meules dormante et mobile, tamis et types de moutures…), le tout sur les 3 étages où sont disposés les appareils. Hermione suit assez bien et semble intriguée par tout le processus, surtout lorsque le résultat se traduit pour elle en sac de farine à gâteau, et elle m’accompagne sous la pluie pour aller contempler la grande roue de l’extérieur au dessus de la gorge encaissée que domine le moulin.

Longue route accidentée ensuite sous la pluie intermittente en direction nord, le long de la côte dont on aperçoit de temps à autre de vastes panoramas. Long arrêt à La Malbaie pour faire le plein d’essence et quelques courses dans le gros IGEA local, et déjeuner en bord de mer et surtout près d’un petit parc avec modules de jeux pour enfants.

Un autre bout de route très vallonnée, le plus souvent en pleine forêt et loin de l’eau, mais sous la pluie, nous mène jusqu’à l’estuaire du Saguenay. Pause à Baie Sainte Catherine pour aller observer les baleines avec Hermione depuis l’observatoire de parcs Canada ; elle a bien du mal à utiliser les jumelle, mais aperçoit quand même avec satisfaction un petit groupe de bélougas blancs quittant le fjord et se dirigeant tranquillement vers le centre du fleuve en émergeant fréquemment pour respirer. Regret de ne pas apercevoir de «vraie grosse baleine », difficile de lui faire comprendre qu’elle ne nous attendent pas pour faire le spectacle, et que nous avons de la chance en voyant ces bélougas après seulement quelques minutes d’attente ! Descente ensuite jusqu’au traversier – autre expérience qui semble lui plaire – même si là encore une observation attentive l’amène une autre fois à se plaindre de l’absence de cétacés…

À Tadoussac envahi par des hordes de touristes et vacanciers, nous nous dirigeons immédiatement vers le Centre d’interprétation des mammifères marins, espérant qu’elle trouvera là de quoi satisfaire sa curiosité. Une bonne animation ciblant bien les enfants et un bon documentaire original réussissent à l’accrocher, mais les nombreux tableaux remplis d’écriture et les données un peu mêlées de la salle d’exposition ne nous aident guère à maintenir son intérêt.

Un ciel toujours chargé, quelques gouttes de pluie et la température fraîche nous incitent à aller un peu plus loin jusqu’au village de Grandes-Bergeronnes dont le rivage serait fréquemment fréquenté par les grands rorqual, nous a-t-on dit. Petit tour du hameau où nous avons peine à découvrir l’unique épicerie pour quérir un litre de lait oublié ce matin, puis recherche d’un bivouac ; plutôt que la petite place de l’église en plein centre, nous préférons gagner un peu à l’écart le grand stationnement vide de l’école secondaire. Après un petit tour dans un autre parc de jeux aperçu à proximité par Hermione nous nous y installons pour la nuit. Souper, vaisselle, petit bout de film vite interrompu par notre fillette qui tombe de fatigue… Extinction des feux à 20:00 ; je poursuis un peu mon travail sur l’ordi pour rédiger ces quelques notes, et me couche aussi peu après 21:00, assez fatigué par cette longue journée un peu décevante vu le temps.


295 545    Mercredi 14 août 2013 : de GRANDES BERGERONNES à MONTREAL (647 km)

Pluie incessante durant la nuit, qui se poursuit à notre réveil et dans la journée. Nous gagnons le Centre d’interprétation et d’observation du Cap Bon Désir sous une pluie bien établie qui nous oblige à adopter bottes, imperméable et parapluie… Arrivés sur le gros rocher arrondi et usé dominant la mer profonde où sont supposées batifoler les baleines, la pluie et la visibilité réduite nous empêchent d’apercevoir quoi que ce soit. Nous sommes bientôt tellement transis qu’il ne nous reste qu’à nous réfugier dans le petit bâtiment d’accueil où une naturaliste présente faune et flore de l’embouchure du Saguenay et du Saint-Laurent. À défaut de baleine, Hermione aura eu droit à découvrir quelques spécimens de ce qui vit, grouille et se développe dans l’étendue marine devant nous, sous la surface et dans les aires battues par la marée.

Après près de deux heures passées à observer, manipuler crabes et crevettes, algues et autres éléments du biotope, puis une dernière petite balade sur les gros rochers nus plongeant dans les profondeurs, nous retraversons le petit bois bien au sec dans nos bottes et sous notre parapluie, réintégrons chaleur et confort de notre camion et reprenons la route de Montréal. Nouveau franchissement du Saguenay, avec des vues superbes sur le rivage et la campagne sauvage du Nord Québec. Nous roulerons toute la fin de la matinée, arrêtant seulement le temps de déjeuner et, pour Hermione, de se délasser sur les modules d’une aire de jeu. Arrivée à Montréal en fin d’après-midi, en fin de compte déçus de n’avoir pas pu davantage profiter de l’extraordinaire bain de nature offert par la Côte Nord… (296 192 km au compteur)


Accueil de Mon Aigle