Juillet - août 2006

Balade sur la Côte Nord et en Minganie


Monique et Jean-Paul MOUREZ
à bord du Guépard



261 929    Vendredi le 28 juillet 2006 : de MONTRÉAL à LECLERCVILLE (238 km)

Varennes : vue sur le fleuve et Montréal depuis
                l'église
Varennes : vue sur le fleuve et Montréal depuis l'église
Départ de Montréal vers 15:00. Il fait aujourd’hui encore très humide, mais la température est plus supportable que les derniers jours, en l’absence du soleil masqué par la couverture nuageuse. Le camion est vite rempli, puisque cela fait des jours que j’attends ce départ… Nous gagnons la Route 132 en passant le Pont Jacques-Cartier, puis nous enfilons tranquillement sur la vieille route qui rétrécit en longeant le fleuve vers le nord-est. Bref arrêt à Varennes devant l’église et près du sanctuaire consacré à Marguerite de la Jemmerais, épouse du Sieur d’Youville et fondatrice des Soeurs Grises, pour contempler depuis le pied de la statue de la sainte le panorama sur le fleuve, le skyline de Montréal en toile de fond.

La chaleur humide nous oblige à rouler fenêtres fermées avec la clim. On traverse la suite connue de petits villages anciens (Verchères, Saint Antoine, Contrecoeur…) datant des débuts de la colonisation française. Quelques vieilles maisons de pierre agrémentent le trajet, malheureusement perdues au milieu d’une architecture domestique d’une banalité affligeante… De rares maisons au design un peu plus audacieux profitent de leur agréable situation au bord du fleuve déjà très large. L'Église de
                Varennes
Guépard devant l'église de Varennes

Plein d’essence à Sorel, petite ville industrielle disgracieuse et quelconque. Trompé par un flou de la carte, je m’engage sur le chemin longeant le Chenal du Moine; paysage agréable le long du marais, mais qui s’achève en impasse. Il faut revenir jusqu’à Sorel pour prendre la route de Nicolet. Traversée de 2 grandes rivières larges comme des fleuves français : la Yamaska et la St-François.

Exterieur de la cathédrale de Nicolet
Extérieur de la cathédrale de Nicolet

Il est passé 18:00 lorsque nous arrêtons faire le tour de la cathédrale moderne normalement fermée. Par chance un homme est là qui décape la cire du plancher et qui accepte de nous laisser entrer. Si l’extérieur en béton armé nous paraît un peu tarabiscoté, les grandes courbes intérieures des voûtes ont beaucoup plus d’allure, et la grande verrière multicolore enchante l’œil, même en l’absence du soleil jouant à travers les centaines de verres colorés.
Grande verrière de la cathédrale de Nicolet
Grande verrière de la cathédrale de Nicolet
Cathédrale de Nicolet : St-Jean-Baptiste
Cathédrale de Nicolet : St-Jean-Baptiste

Nicolet : vitrail du chœur de la cathédrale
Nicolet : vitrail du chœur de la cathédrale

À Port St-François, une petite route nous fait rattraper puis suivre le cours de l’eau. Joli paysage fluvial, jusqu’au village de St-Angèle de Laval en face de Trois-Rivières, au-delà du grand pont Laviolette, l’un  des plus grands ponts cantilever au monde. Sur la rive nord se devine le dôme de l’oratoire de Cap de la Madeleine. St-Angele-de-Laval : toit du sanctuaire de
                Cap-de-la-Madeleine
St-Angèle-de-Laval : toit du sanctuaire de Cap-de-la-Madeleine

Puis ce sont les usines modernes de Bécancour, la centrale nucléaire de Gentilly... Juste à la sortie du village, le Moulin (à eau) Michel ne nous semble pas mériter un arrêt.

Crépuscule sur la fleuve aux Becquets
Crépuscule sur la fleuve aux Becquets
Le soir descend et la lumière prend des teintes dorées. Agréable vue sur le fleuve St-Laurent aux Becquets, derrière l’église formant belvédère. Souper au pied de l’église de Deschaillons, dans le vacarme de la musique pop d’une bande de jeunes passant la soirée dans un petit parc à proximité.

Nous cherchons activement un bivouac que nous finissons par trouver derrière l’église de Leclercville. Monique se couche bientôt tandis que je fais un peu de ménage sur l’ordi et écris ces lignes. Couvre-feu à 23:30.

Les Becquets : tentative de bivouac près de l'église
Les Becquets : tentative de bivouac près de l'église


262 167    Samedi 29 juillet 2006 : de LECLERCVILLE à CACOUNA (319 km)

Bien que l’air soit demeuré humide durant toute la nuit, la température s’est avérée nettement plus fraîche qu’à Montréal et nous avons bien – et longtemps - dormi puisque nous nous éveillons passé 8:30… L’écran formé par l’église - néogothique d’assez mauvais goût - rendant imperceptible la rumeur de la route, et la proximité du cimetière de l’autre côté nous ont garanti une paix souveraine.

Décollage vers 9:30, après un coup d’œil au large panorama ensoleillé sur le fleuve à travers une trouée dans les arbres bordant le rivage escarpé.
Vue sur le fleuve depuis l'église de Leclercville
Vue sur le fleuve depuis l'église de Leclercville

Malgré le week-end, la circulation reste clairsemée sur la Route 132 et nous maintenons à peu près tout le temps les 90 km/h autorisés. Paysage rural très verdoyant, avec de temps à autre des aperçus sur la vaste étendue du fleuve. Joli décor ancien du village de Lotbinière présentant plusieurs belles maisons anciennes, passage devant l’entrée du domaine Joly-de-Lotbinière visité l’an passé… Monique préfère éviter la traversée de Saint-Antoine-du-Tilly pourtant typique. Nous nous rapprochons de Québec dont nous commençons à voir poindre le haut des tours à bureaux sur la rive nord du Saint-Laurent.

L'église de Saint-Nicolas
L'église de Saint-Nicolas

Long arrêt à Saint-Nicolas pour visiter la nouvelle église à la nef arrondie surmontée d’un clocher en forme de voile. Ses volumes extérieurs nous semblent assez réussis, malheureusement ses portes sont closes et nous ne pouvons que deviner l’agencement intérieur à travers les baies vitrées qui en font le tour, à hauteur de la galerie qui l’enserre et offre un beau panorama sur le fleuve.

Nous demandons l’aide d’une jeune hôtesse du presbytère fleuri tout à côté, elle nous invite à parcourir une exposition consacrée à une collection de croquis de peintres québécois contemporains… Si les artefacts présentent un  intérêt très variable, en revanche l’architecture traditionnelle du luxueux presbytère retient davantage notre attention, au fur et à mesure que nous en parcourons les grandes pièces simplement mais agréablement décorées.

Presbytère de St-Nicolas
Ancien presbytère de St-Nicolas

Il est presque midi et le soleil plombe lorsque nous repartons vers Québec maintenant tout proche. Je tiens à suivre le fleuve au plus près en empruntant la vieille Route 132, particulièrement pour traverser le vieux Levis, mais un embrouillamini d’échangeurs au moment de passer le Pont de Québec m’égare un peu. Nous nous retrouvons sur le stationnement d’un Maxi pour quelques courses d’épicerie fraîche, avant de reprendre la Route 132 vers l’est. Malheureusement celle-ci évite le centre de la vieille ville, et ce n’est que près de la sortie de la ville que je m’avise de revenir en arrière. Il faut alors se faufiler dans un lacis de petites rues bordées de maisons anciennes pour tâcher de dégoter la Terrasse de Levis d’où l’on peut, selon le Guide Vert, contempler une vue intéressante sur la Basse ville de Québec de l’autre côté de l’eau.

Après quelques tâtonnements qui nous valent de découvrir plusieurs forts belles maisons modernes dotées de jardins luxuriants et d’une vue impressionnante sur le Cap Diamant en face, nous stationnons juste devant la fameuse terrasse, en fait un petit parc bien aménagé pour la promenade et le pique-nique.

Comme il est presque 13:30, Monique prépare rapidement le déjeuner (poulet rôti Maxi garni de haricots verts sautés aux échalotes…) et nous transportons nos assiettes remplies sur une des tables qui nous attend, à l’ombre des grands arbres. Regards amusés de nos voisins venus prendre le soleil en discutant avec des amis…
Le Cap-Diamant depuis le jardin de Lévis
Le Cap-Diamant depuis le jardin de Lévis

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Vue sur Québec depuis la terrasse de Lévis où nous piqueniquons
Le point de vue sur la ville est superbe, comme sur la courbe du grand fleuve contournant le Cap Diamant dominé par la silhouette du Château Frontenac… Passe un gros cargo entouré d’une flopée de petits voiliers qui profitent du soleil et du vent. Nous dégustons le café en admirant le paysage, avant de reprendre notre route vers le nord-est.

On aperçoit au loin la chute Montmorency qui écume sur la rive nord, avant de longer la rive sud de l’Ile d’Orléans. Passe bientôt le joli Moulin de Beaumont visité à deux reprise lors de précédentes balades. Puis la Route 132 continue de batifoler à travers champs sans presque jamais perdre de vue le fleuve majestueux qui s’élargit de plus de plus. l’Accordéon… ! Sans insister nous repartons.

Prochain arrêt : Montmagny où nous tournons un peu avant de découvrir le manoir Couillard-Dupuis censé présenter une intéressante exposition sur les oies blanches et le centre de quarantaine de Grosse Île que nous visiterons une prochaine fois. Hélas ses portes sont fermées, et le petit bâtiment, qui a perdu le plus gros de son caractère à force de restaurations, est maintenant devenu un Musée de l'Accordéon. Montmagny : le manoir Couillard-Dupuis
Montmagny : le manoir Couillard-Dupuis

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Rivière-Ouelle : l'église au delà de la rivière
Route sans encombre jusqu’à ce que Monique aperçoive un gros marché aux puces aux alentours d’une grange en bord de route. Demi-tour pour aller attendre à l’ombre de grands arbres providentiels que madame ait fait son petit tour… Puis c’est L’Islet (Musée maritime fermé…), Saint-Jean-Port-Joli et ses boutiques de sculpteurs sur bois, St-Roch-des-Aulnaies dont nous avons déjà visité manoir et moulin, La Pocatière sans originalité, Rivière-Ouelle pittoresque mais empoussiéré par un grand chantier de voirie autour de son clocher qui se reflète dans l’eau tranquille de sa rivière… 

À Saint-Denis, la maison Chapais (ce Québécois qui fut l’un des co-signataires de la Confédération en 1867) est, elle aussi, fermée vu l’heure tardive. Un peu après, le village de Kamouraska nous semble toujours aussi charmant, dans la lumière chaude de fin d’après-midi.

Long arrêt à la halte routière de Notre Dame du Portage où nous sommes abordés par le chauffeur d’un Westphalia qui m’a reconnu grâce à mon site web consulté l’an passé… Longue discussion sur la conception d’un CC, sur nos voyages (nous leur vantons l’Alaska, ils nous racontent leur virée sur la Côte Nord jusqu’à Natashquan…).
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N.D.-du-Portage : le fleuve en amont

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N.D.-du-Portage : le fleuve en aval
Le soleil est descendu sur le fleuve, colorant le paysage d’exquises couleurs. Nous soupons un peu plus loin au bord de l’eau en contemplant le coucher du soleil derrière les montagnes bleutées de la rive nord, et faisons encore quelques kilomètres pour traverser Rivière-du-Loup.

Nous gagnons ainsi Cacouna et allons bivouaquer au crépuscule devant un petit parc au bord de l’eau, au lieu-dit Fontaine Claire. Coucher passé 23:00.


262 486 Dimanche 30 juillet 2006 : de CACOUNA à GODBOUT (319 km)

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Bivouac devant l'ancien quai de Cacouna, Fontaine Claire

Longue nuit hyper-tranquille devant notre petite anse, l’ancien port de Cacouna maintenant désaffecté, pour un lever tardif vers 9:30 avec petit déjeuner dehors sur la table de pique-nique surplombant l’estuaire. Plein d’eau sur les toilettes du parc, avant de décoller enfin vers 10:30. Le ciel est clair, l’air frais et vif, nous tenons enfin un vrai temps de vacances.

Nous continuons notre itinéraire vers l’est, passant par L’Isle Verte, puis par le village endormi de Trois-Pistoles, Le relief s’accuse en passant St-Fabien et avant Le Bic, s’assagit à nouveau en traversant Rimouski. La route longe ensuite de très près le rivage de galets gris, devant l’estuaire immense de l’autre côté duquel on devine à peine une étroite ligne de falaises bleutées. Paysage assez monotone jusqu’à Matane, surtout remarquable par la sensation d’espace qu’il laisse au voyageur. Nous filons d’une allure égale sur l’asphalte presque rectiligne et sans relief, la circulation restant assez clairsemée.

Nous sommes à Matane vers 12:30. Traversée de la petite ville toute en longueur pour faire le plein dans une station Couche Tard où je peux profiter d’un escompte de 5% grâce à ma carte CAA, puis retour au quai du traversier pour une longue attente dans la ligne des véhicules sans réservation. Heureusement nous sommes 2ème sur la file, et lorsque enfin les véhicules ayant dûment réservé ont fini d’embarquer vers 16:45, nous avons la chance de trouver une petite place en bout de pont… Notre longue attente durant laquelle nous avons tué le temps en déjeunant d’abord puis en effectuant de menus travaux sur l’ordi ou en lisant (pour Monique) aura porté fruit. Monique-sur-le-traversier-Matane-Baie-Comeau
Monique sur le traversier Matane-Baie-Comeau

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Sur le traversier de Matane vers Baie-Comeau
La mer étant calme, la traversée de deux heures et demie se passe bien, quoique Monique éprouve à mi-chemin quelques embarras gastriques… Aucun problème de cet ordre quant à moi, mais la fraîcheur du vent sur le pont panoramique m’empêche d’y demeurer autant que je l’aurais voulu, à observer le rivage sud s’éloigner derrière nous, à guetter les grands mammifères marin qui hantent ces eaux froides, puis à regarder les reliefs de la  rive nord tranquillement se rapprocher. Que n’ai-je emporté blouson et chapeau !

Baie-Comeau-soir-sur-le-fleuve
Baie-Comeau : soir sur le fleuve

Lorsque nous finissons par aborder à Baie-Comeau passé 19:30, le soleil est déjà bien descendu. Traversée rapide de la petite ville sans grand intérêt, nous enfilons immédiatement la Route 138 qui serpente en montant et descendant sans cesse à travers la taïga rocheuse, le plus souvent en vue de la mer. Paysage sauvage, nombreux petits lacs nichés dans les creux du rocher, paysage typique du Bouclier canadien qui ne cessera que très loin à l’ouest, à une centaine de kilomètres de Winnipeg, au delà du nord Ontario, et parcouru en 2000 et 2004… Paysage qui se renouvelle à chaque virage mais qui en même temps semble un peu monotone car toutes ses caractéristiques (végétation, morphologie, pentes, géologie, couleurs...) restent identiques, kilomètre après kilomètre.

Le soleil est couché lorsque nous passons le long pont franchissant la rivière Godbout, à l’orée du village homonyme. Quittant la grande route qui continue à quelque distance du rivage, nous gagnons le quai de débarquement du traversier (le prochain arrivera demain matin vers 8:00), poussons jusqu’au bout de la rue tranquille en front de mer jusqu’à aboutir à une vaste esplanade dominant l’estuaire de la rivière.

Dans la solitude et le plus grand calme, nous nous installons pour passer la nuit. Il fait frais, de gros nuages sombres annoncent de petites averses, nous sommes loin du climat étouffant de Montréal !
Godbout-clair-de-lune-sur-fleuve
Godbout : clair de lune sur le fleuve au crépucule

Bivouac à Godbout
Bivouac à Godbout


262 745    Lundi 31 juillet 2006 : de GODBOUT à SEPT-ÎLES (259 km)
Bivouac
                devant la rivière à Godbout
Bivouac devant la rivière à Godbout

Notre tranquillité m’a amené à travailler assez tard hier soir, aussi la matinée est-elle bien avancée lorsque nous émergeons encore une fois dans un silence quasi absolu. Toilette, petit-déjeuner, il est presque midi lorsque nous reprenons la route.


Celle-ci continue son parcours sinueux et montueux. Le paysage est sauvage, un tantinet austère, les seules vues vraiment différentes étant les échappées sur la côte qui s’imposent par leur horizon sans limites, leurs couleurs franches, et la grande lumière inondant l’ensemble. Le-rivage-vers-la-Pointe-des-Monts
Le rivage vers la Pointe-des-Monts

Petit détour de 11 km pour visiter le phare de Pointe-des-Monts. C’est le deuxième plus ancien du Canada (1830). Après avoir été désaffecté pendant une cinquantaine d’années, il a été classé monument historique, bien restauré et aménagé en un agréable petit musée.
Phare-de-Pointe-des-Monts
Arrivée au phare de Pointe-des-Monts

Le fleuve en amont depuis la terrasse du phare de
            Pointe-des-Monts
Rivage du Golfe vers l'amont depuis la terrasse du phare de Pointe-des-Monts

Le site (un îlot rocheux asséché à marée basse) est charmant, la vidéo amorçant la visite fort bien montée, et l’escalade des 6 étages du phare lui-même, qui servit pendant plus d’un siècle d’habitation au gardien et à sa famille, fort instructive et parfois émouvante. Des objets usuels, des données et anecdotes biographiques, des cartes et des dessins, et surtout une quantité de photos familiarisent avec les dures conditions de vie de l’époque et les dangers de la navigation dans l’estuaire du Saint-Laurent (où l’on a enregistré à ce jour plus de 25 000 naufrages…).

Admirable aussi la façon dont les générations de gardiens ont rempli une mission pas toujours facile mais essentielle à une époque où n’existait ni moteur ni radio, ni radar, ni GPS ni route ni aucune de toutes les facilités technologiques qui ont rendu la vie tellement plus sécuritaire et facile.
Phare-pointe-des-monts-en-quittant

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Phare-pointe-des-monts-depuis-ilot

Phare-pointe-des-monts-en-quittant
En quittant le phare de Pointe-des-Monts


Petit tour ensuite aux alentours, photos… mais le vent frais - et l’oubli de vêtements chauds - nous empêchent de faire la balade à pied proposée le long du rivage. Pique-nique à l’abri dans le Guépard, nous rattrapons la Route 138 pour atteindre le village de Baie Trinité.

Peu à signaler sinon le Centre national des naufrages du Saint-Laurent. Dans cet original petit musée, pas d’artefacts - pas encore du moins car la salle d’exposition n’est pas encore construite -  mais une présentation multimédia sur toute une série de naufrages dramatiques ayant eu lieu dans les environs, de 1600 à nos jours. Monique préfère rester dans le Guépard tandis que j’entre dans la salle obscure. Mise en scène sophistiquée avec plusieurs écrans disposés dans un décor d’épave de navire, son multicanaux, diffuseur de brume… on a mis le paquet pour impressionner le spectateur. Quarante-cinq minutes plus tard, je ressors un peu étourdi de cet avalanche d’effets dramatiques, mais aussi un peu déçu du faible contenu didactique de la visite.

Cinquante-cinq kilomètres de route côtière encore, dans l’ensemble assez spectaculaire sous la grande lumière et un ciel bleu dont quelques petits nuages accusent la profondeur. Impression d’immensité quasi déserte.

On passe le hameau de Pointe-aux-Anglais - un autre souvenir de naufrage, celui de l'Amiral Walker venu prendre Québec en 1711 - pour arriver devant le joli site de Rivière-Pentecôte, en fait un énième village qui doit son nom à Jacques Cartier lui-même. La petite église maintes fois restaurée ne présente aucun intérêt architectural, non plus que la chapelle centenaire voisine, mais la vue sur l’embouchure de la rivière séparée de la mer par un long banc sableux vaut la petite demi-heure de visite.
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Rivière-Pentecôte depuis la Route 138

Le banc de sable depuis l'église de
              Rivière-Pentecôte
Le banc de sable séparant la rivière du Golfe depuis l'église de Rivière-Pentecôte

La lumière descend déjà lorsque nous reprenons la route. Une quarantaine de km et l’on passe Port-Cartier, se signalant surtout par plusieurs grandes usines et alumineries. Une demi-heure plus tard on arrive en vue de la baie de Sept-Îles, bien nommée puisque effectivement fermée par 7 îlots de formes et grandeurs très variables. Nous gagnons le centre et ses hypermarchés (WalMart, IGA) pour quelques courses d’épicerie. Monique y trouve un polar qui nous tiendra un peu plus chaud, et moi un chargeur de piles à brancher directement sur le 12 V pour la caméra.

À la nuit tombée, nous longeons la baie en empruntant quelques rues résidentielles jusqu’à stationner près de la station de pompage, sur une petite esplanade devant la baie, avec les lumières de Pointe Noire se reflétant dans l’eau devant nous. Souper, puis lecture et écriture jusqu’à 23:10.


262 957    Mardi 1er août 2006 : de SEPT-ÎLES à BAIE-JOHAN-BEETZ (311 km)

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Sept-Îles : bivouac près de la station de pompage, rue Arnaud

Temps frais mais ciel encore clair au matin. Nous décollons vers 9:30, faisons un petit tour en ville (bôf...) et nous retrouvons sur le Vieux Quai où une cabine téléphonique nous permet de prendre des nouvelles de Juliette et Mathieu. Ils ont renoncé à partir en voyage  et profiteront de leurs longues vacances pour achever les rénovations de leur maison avant leur déménagement de la rue Drolet à Lachine…

Une balade sur les aménagements du Quai ne nous emballe guère, l’animation est quasi nulle en ce mardi matin, la boutique de vieux bouquins n’offre rien d’intéressant pour nous, et c’est le panorama sur la baie et les îles qui sauve la mise. Comme le Musée régional de la Côte Nord ne nous inspire pas non plus, il ne reste qu’à reprendre la route.
Sept-Îles : le Vieux Quai
Sept-Îles : le Vieux Quai

Sept-iles-plage-levesque
Sept-Îles : la plage Levesque
Heureusement la chaussée demeure bonne et nous progressons très régulièrement en longeant la côte que l’on aperçoit de temps à autre. Jolie vue sur le fleuve et les îles à la sortie de la ville, dans un lotissement en bordure de plage (Plage Levesque).

Puis nous franchissons la rivière Moisie, large et rapide, et filons à travers la toundra couverte de petites épinettes noires. Plusieurs sections en corniche donnent de belles perspectives sur la côte rocheuse et ses plages de galets.

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La route côtière

On aperçoit au passage les eaux vives de la Sault-Plat dévalant dans une cannelure glacière, rareté géologique, semble-t-il. sault-plat
Sault Plat

Chute-Manitou
Chute Manitou
À environ 85 km de Sept-Îles, arrêt pour aller admirer la chute de la Rivière Manitou : un court sentier dévale à travers bois jusqu’à rejoindre le roc dénudé. L’eau de la rivière bouillonne en descendant les 35 m de dénivellation avec une force telle qu’Hydro-Québec a déjà fait les plans d’une usine destinée à récupérer toute cette énergie brute.

Riviere-St-Jean : panoramaique
Rivière-St-Jean : panoramique sur la baie et les iles

On passe ensuite les premiers villages de Minganie, sous un ciel qui s’est brusquement ennuagé et assombri : Sheldrake, Rivière-au-Tonnerre, Magpie, Rivière-St-Jean où le panorama vanté sur l’esplanade du bureau touristique perd son impact, faute de lumière. riviere-st-jean
Plage de Rivière-St-Jean

Panorama sur la Rivière St-Jean
Panorama sur la Rivière St-Jean

Nous y déjeunons rapidement, avant de poursuivre vers Longue-Pointe-de-Mingan où nous hésitons à visiter le Centre de recherche sur les mammifères marins (long et coûteux), et ne repérons pas le Centre d’accueil de Parc Canada, en fait dans la même bâtisse… Puis c’est Mingan, où une communauté innue donne la couleur habituelle de village nomade incomplètement fixés (maisons disposées sans ordre ni alignement, rues au tracé flou et sinueux, environnement laissé en partie à l’abandon…).

Enfin nous atteignons la petite ville de Havre-Saint-Pierre. Il fait très sombre, le vent est froid, la pluie bientôt se met de la partie. C’est là que nous devrions prendre le bateau d’excursion vers les îles de l’Archipel de Mingan, un parc naturel renommé, mais vu le temps, nous hésitons longuement sur le parti à prendre. Pour finir nous avalons un bol de soupe et un sandwich au jambon, je vais prendre les prospectus et autres informations sur les différentes balades disponibles, nous faisons notre choix… et décidons de poursuivre la route vers Natashquan, en escomptant une amélioration du temps demain ou après-demain, à notre retour obligé par la même route.

Plein d’essence, puis à nouveau route tranquille et quasi déserte à travers la toundra qui vire en taïga (disparition progressive des arbres, abondance de mousses et lichens autour de nombreuses mares stagnantes). Il fait très sombre et, de temps à autre, une averse éclabousse le pare-brise.

Baie-Johan-Beetz-bivouac
Bivouac Baie Johan-Beetz devant la maison
75 km plus loin, nous atteignons le joli village soigné de Baie-Johan-Beetz, dont les petites maisons blanches entourent la belle résidence de l’artiste, négociant et biologiste belge venu s’installer là à la fin du XIXème. Nous stationnons au bord du quai longeant la route où il ne passe quasiment personne et nous y installons pour la nuit. Coucher tôt dans le grand calme et sous les petites ondées qui se succèdent.

Bivouac
              Baie-johan-beetz
Bivouac Baie Johan-Beetz


263 268    Mercredi 2 août 2006 : de BAIE JOHAN-BEETZ à HAVRE-SAINT-PIERRE (302 km)
Nuit des plus calmes mais ciel encore gris au réveil. À 9:00 nous sommes à la porte du « Château » qui vient d’ouvrir. Nous y visiterons la demeure de cet aristocrate belge, Johan Beetz, qui vint s’installer ici en 1862 et y initia un florissant élevage de bêtes à fourrures. Il vécut ici 25 ans, y éleva une grande famille, rendit de grands services à la communauté avant de rentrer dans son pays natal. Baie Johan Beetz : exterieur du Chateau
Baie Johan Beetz : extérieur du «Château»

Quoique somme toute assez rustique, la maison a grande allure dans le contexte sauvage de cette côte isolée et austère. La guide qui nous accueille chaleureusement présente avec connaissance le mobilier, le contexte social et économique de la région, ses souvenirs personnels (puisqu’elle a bien connu plusieurs des occupants successifs de la maison).

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Château Johan Beetz : porte peinte de l'étage donnant dans les chambres
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Chambre à l'étage du Château Johan Beetz

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Baie Johan-Beetz : le «Château» en quittant

Au total une visite agréable. Quelques photos extérieures de la grande maison impeccablement entretenue, bien campée sur ses rochers roses, et nous repartons vers l’est.

La route chemine dans une plaine vaguement ondulée, parsemée de flaques d’eau et de rochers affleurants. Les arbres sont rares et rabougris, un peu partout des plaques de lichens montrent que de plus en plus la toundra évolue vers la taïga. De temps à autre on franchit de larges rivières dont le nom s’accompagne de la mention « rivière à saumons ».

Une quarantaine de km nous amène à Aguanish que nous traversons rapidement sans faire l’excursion vers le canyon de la Rivière Aguanish, surnommé le « Trait de scie » : trop longue (3 km) et surtout trop chère (30 $/personne).

Encore une petite demi-heure et nous sommes à Natashquan. Sous un ciel gris peu invitant nous poursuivons 5 km plus loin jusqu’à Pointe-Parent (rien de particulier à voir, sinon l’ample estuaire sableux de la Natashquan). Puis je tiens - malgré les réticences de Monique - à aller « jusqu’au bout de la route ». C’est une excellent chaussée de gravier non encore revêtue qui continue vers l’est et cesse abruptement au moment de franchir la large rivière, faute d’un grand pont encore en projet. Là s’arrête pour l’instant la Route 138 Est, l’autre extrémité Ouest se situant à Gatineau, à deux pas d’Ottawa et à près de 1 500 km…
Fin de la Route 138 sur la riviere Natashquan
Fin de la Route 138 sur la rivière Natashquan

Guépard au
              bout de la route 138
Guépard au bout de la Route 138

Natashquan-la-vieille-ecole
Natashquan : la vieille école - un peu beaucoup restaurée...
Nous retournons alors tranquillement au centre de Natashquan où je vais visiter la Vieille École. La maisonnette de bois, désaffectée depuis longtemps, a été convertie en un joli petit musée évoquant les personnages des chansons de Gilles Vigneault, le grand homme de l’endroit. Comme son inspiration est ancrée dans la réalité des choses et des gens de son village, plusieurs visiteurs, indigènes, reconnaissent les portraits et objets ayant appartenu à des amis ou à de la parentée. L’évocation est délicate, réaliste sans être crue, les photos et récits rappellent une époque encore proche mais déjà révolue.


Nous ne voulons pas quitter le fameux village sans aller contempler les Galets, un ensemble de cabanes de pêcheurs installées sur une presqu’île dans la baie. Site dénudé, qui n’est pas sans rappeler lui aussi une époque révolue où la pêche était l’activité essentielle à la survie de la petite communauté. La promenade le long de la plage bordant la baie serait agréable si le vent ne soufflait aussi frais. Nous retrouvons avec plaisir l’abri du Guépard et entamons notre route du retour vers l’ouest.
Natashquan : les Galets
Natashquan : les Galets

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Taïga sous le soleil
Nous retrouvons la taïga longuement parcourue hier et ce matin, mais éclairée maintenant par un soleil tardif qui joue à travers les nuages et offre des vues renouvelées sur le paysage.

Estuaire-de-riviere
Estuaire de rivière

Vagues-sur-la-cote
Vagues sur la côte

Panorama sur la côte rocheuse
Panorama sur la côte rocheuse

Route connue et sans accroc (la chaussée est bonne et la circulation très réduite) qui nous ramène après deux heures à Havre-St-Pierre.

Si le ciel est plus dégagé, le vent est toujours aussi froid, de toute façon le dernier départ du bateau pour les îles Mingan à 17:00 est passé. Il ne nous reste donc qu’à flâner un moment en regardant le vaste paysage du côté du petit port de plaisance avant d’aller déguster un souper de fruits de mer Chez Julie. Renommée un peu exagérée - compte tenu du prix - pour cette solide cuisine familiale qui nous laisse repus et reposés en début de soirée.

Il nous reste le temps d’un dernier tour près de la marina où je trouve à faire le plein d’eau derrière la petite cabine du gardien, avant de chercher un stationnement pour la nuit. Nous pensons le trouver en plein centre près du quai des matériaux en vrac, mais le bruit du chargement de camions ou de wagons ne tarde pas à nous déranger. C’est donc dans le secteur est du village, le long d’une route peu passante, que nous allons nous installer. Le Guépard sur le boulevard le long de la mer à
                    Havre St-Pierre
Le Guépard sur le boulevard le long de la mer à Havre St-Pierre


263 570    Jeudi 3 août 2006 : de HAVRE-SAINT-PIERRE à SEPT-ÎLES (264 km)

havre-st-pierre-monique-sur-la-plage
Havre-St-Pierre : Monique sur la plage
Nous dormons assez bien et traînons un peu au lit sous un ciel trop gris à notre goût, si bien que nous sommes devant la plage près du petit port seulement vers 11:00. Promenade sur le sable, histoire de tâter la température… Elle est décidément trop fraîche à notre goût, et sans vêtements adéquats (nous les avons laissés à Montréal…) et faute de soleil, nous risquons d’attraper la crève sur les îles venteuses où le bateau devrait nous laisser pour 2 heures d’excursion pédestre.

À regret, nous renonçons donc à la balade sur Niapiskau et sur l’Île du Fantôme. La découverte des monolithes et de la flore très particulière de ces îles sera pour une - éventuelle - autre fois.

Baie-Johan-Beetz-le-chateau-sous-le-soleil
En repassant Baie Johan-Beetz, le château sous le soleil

Exterieur de l'église montagnaise de Mingan
Extérieur de l'église montagnaise de Mingan

Il ne reste plus qu’à prendre la route, en profitant cette fois de toutes les ressources qu’elle offre pour faire plus ample connaissance avec la région. Premier arrêt pour découvrir l’église montagnaise de Mingan, dont le chaud décor de pin verni abrite toute une collection d’objets et de mobilier réalisés par les paroissiens autochtones. Les œuvres sont parfois surprenantes, très colorées, un brin naïves et toujours intéressantes, donnant une personnalité et une vie rarement autant présentes dans une église. Choeur de l'église montagnaise de Mingan
Chœur de l'église montagnaise de Mingan

Saint Jospeh dans l'église montagnaise de
                    Mingan
Saint Joseph dans l'église montagnaise de Mingan
Tabernacle
Tabernacle de l'autel latéral du Sacré-Coeur

Vitrail dans l'église de Mingan
Vitrail dans l'église de Mingan
Vitrail dans l'église de Mingan
Vitrail dans l'église de Mingan

Tout près du pont sur la grande rivière Mingan, nous repérons le chemin annoncé menant à une chute spectaculaire, selon le guide Côte-Nord Duplessis. Cinq km de bonne piste serpentant à travers la toundra, et nous débouchons sur un amoncellement de rochers usés par le courant, pour l’heure en grande partie à sec, sur lesquels nous nous hasardons pour aller admirer le fort courant dévalant d’une quinzaine de mètres.

Je guette un moment mais en vain quelque saumon en montaison; on nous apprendra plus tard qu’ils sont maintenant beaucoup moins nombreux qu’autrefois, et qu’au surplus le plus gros de la saison est déjà passé…
Chute de
                    la Rivière Mingan
Chute de la Rivière Mingan

Pointe-Mingan-centre-interpretation-mammiferes-marins
Pointe-Mingan : Centre d'interprétation des mammifères marins
Retour à la grande route jusqu’à La Pointe Mingan pour visiter cette fois le Centre d’interprétation de Parc Canada et le Centre de recherche sur les mammifères marins du Saint-Laurent. Si le premier est pauvre en documentation et a perdu son exposition permanente désuète, ce dont se désole l’aimable guide de l’accueil, reste quand même un excellent film présentant les îles du Parc national sous leurs différents aspects : géologie, faune, flore, etc. Installés seuls dans la salle de projection, nous voilà partis pour 50 minutes de visite virtuelle qui nous console un peu de notre abandon de ce matin.

Le film s’achève à peine que commence juste à côté la visite conférence sur les baleines et autres cétacés du Saint-Laurent. Accueillis par une biologiste, nous avons droit à toute une présentation fort bien documentée (maquettes grandeur nature, photos, graphiques, cartes, etc.) sur la mission du centre de recherche, ses méthodes et surtout sur son objet d’étude : les baleines et, principalement, le grand rorqual bleu. Un excellent film mettant en vedette le fondateur du Centre achève une visite passionnante qui laisse avec beaucoup plus de questions que de réponses… Pointe-Mingan-centre-d'interpretation-mammiferes-marins

Nef de l'église de Rivière-au-Tonnerre
Nef de l'église de Rivière-au-Tonnerre
Quelques kilomètres encore sous un ciel qui commence à bleuir et nous sommes devant la grande église de Rivière-au-Tonnerre. Ici pas de décor autochtone chaleureux mais une belle structure plus classique tout en bois peint en blanc et bleu pâle qui donne un air frais et presque enfantin au décor. Beaucoup de fleurs fraîches coupées, un environnement clair très nettement dessiné un peu inattendu dans ces régions éloignées plutôt sauvages et rustiques.

Chutes de la Rivière au Tonnerre
Chutes de la Rivière au Tonnerre

Ce village se vante aussi de posséder une superbe chute à proximité. Nous zigonons donc sur 8 km d’une piste très carrossable pour atteindre le Grand Sault de la Rivière-au-Tonnerre.

Au bout d’une petite descente bien aménagée à travers bois, nous atteignons un magnifique ensemble de chutes, hautes de 33 mètres, qui dévalent avec fracas le rocher abrupt. Photos, balade sur les rochers polis amassés au pied de la cascade par l’érosion millénaire, nous reprenons la route les yeux et les oreilles pleins de ce spectacle grandiose.
Chutes de la Rivière au Tonnerre
Chutes de la Rivière au Tonnerre

Retour à la Route 138 pour filer maintenant vers notre étape de ce soir, Sept-Îles. Il resterait une dernière chute le long de notre trajet, celle de la Manitou, mais j’ai déjà sacrifié à sa visite à l’aller.

Sept-iles : bivouac près de la station de
                    pompage Avenue Arnaud
Sept-Îles : bivouac près de la station de pompage Avenue Arnaud
Sous un ciel maintenant presque entièrement dégagé mais où le soleil descend, nous continuons notre confortable progression régulière et, vers 8:30, retrouvons le stationnement du Wal Mart pour quérir un sac de glace. Souper rapide et vaisselle des derniers jours avant de partir à la recherche de notre bivouac paisible d’il y a 3 jours, devant la baie de Sept-Îles.

Nous retrouvons sans trop de peine le petit parc entourant la station de pompage au 801 avenue Arnaud et nous y installons en paix devant les lumières dansantes de Pointe Noire sur l’autre rive de l'autre côté de la baie.


263 834    Vendredi 4 août 2006 : de SEPT-ÎLES à LONGUE-RIVE (ST-PAUL-DU-NORD) (382 km)

Temps toujours aussi triste et gris au réveil vers 9:00, qui ne semble guère parti pour s’améliorer… Nous traînons un peu au lit sur notre bivouac toujours tranquille, avant d'acheter de la glace puis de l’essence et de reprendre la route du sud-est.

Sept-iles-entree-du-ravin-du-Jardin-Boisjoli
Sept-Îles : entrée du ravin du Jardin Bois-joli
Nous n’irons guère loin, puisque je repère bientôt les jardins communautaires de Ferland, une banlieue de Sept-Îles qui a la particularité d’être la plus grande agglomération de maisons mobiles au Québec. Grâce à ses habitants, on a créé le long d’un ruisseau une suite de jardins linéaires qui prend progressivement de la maturité : quelques massifs de fleurs assez rustiques pour résister au climat plutôt rude, une rocaille de vivaces, des allées empierrées sinuant sous un couvert d’épinettes noires…

Bref une petite balade agréable dans un aménagement intelligent d’un ravin humide séparant 2 rangées de maisons mobiles, espace inutilisé qui aurait pu demeurer terrain vague boueux et pollué de toutes sortes de déchets et rebuts sans cette heureuse initiative communautaire appuyée par Hydro-Québec (le principal employeur des habitants, semble-t-il). Sept-Îles, jardin du ruisseau Boisjoli :
                    astilbes
Sept-Îles : astilbes dans la jardin du ruisseau Bois-joli

Sept-Îes : jardin du ruisseau Boisjoli
Sept-iles-jardin-Boisjoli
Sept-Îles : jardin du ruisseau Bois-joli

Nous ne repérons pas d’autres points d’intérêt le long de l’interminable route qui nous rapproche de Montréal, aussi roulerons-nous presque toute la journée en faisant seulement quelques arrêts photos lorsque nous franchissons de larges rivières ou lorsque le paysage se révèle sur l’estuaire à l’occasion d’une brèche dans la forêt ou d’une section en corniche. Nous passons ainsi Port-Cartier où nous pique-niquons sur une aire agréablement aménagée au-dessus d’une chute de la Rivière aux Rochers, puis Rivière-Pentecôte où j’ai déjà visité à l’aller le Centre des naufrages.

chute-de-Riviere-aux-Rochers
Chutes de la Rivière-aux-Rochers

À Pointe-aux-Anglais je m’arrête devant le petit cimetière en bordure de plage puis pénètre dans la petite église à la recherche d’un monument ou au moins d’un plaque à la mémoire des marins et miliciens anglo-américains morts tout près, sur les récifs de l’Île aux Œufs, lors du naufrage des navire de la flotte de Walker échoués en 1711, mais n’en trouve aucune trace… Pointe-aux-Anglais-cimetiere
Cimetière de Pointe-aux-Anglais

La pluie commence alors, qui ira en grossissant jusqu’à prendre l’allure d’un véritable orage en inondant la route mal drainée et en forçant à une conduite prudente et ralentie. Passent Baie Trinité, Franquelin où je fais quelques photos du paysage à la faveur d’une éclaircie.

Franquelin-estuaire-de-la-riviere
Estuaire de la rivière à Franquelin

Franquelin-la-plage-et-ses-rochers
Franquelin : la plage et ses rochers

Franquelin-la-plage-depuis-le-pont sur la rivière
Franquelin : la plage depuis le pont sur la rivière

Franquelin-fleurs-et-rochers
Franquelin : fleurs et rochers

Belle route panoramique en corniche ensuite jusqu’à Baie-Comeau, mais qui ne nous laisse guère d’impression esthétique, comme si le manque de repère et la vastitude du paysage lui enlevaient son pittoresque… Nous tentons de découvrir à Baie-Comeau quelque intérêt mais l’architecture comme les fresques de l’Église Ste-Amélie nous en semblent à peu près totalement dénuées, tandis que le tour des rues « patrimoniales » nous laisse voir des maisons propres sans présenter beaucoup de caractéristiques anciennes (la ville « de compagnie» a été fondée en 1936… ).

Baie-Comeau : façade de l'église Ste-Amélie
Baie-Comeau : façade de l'église Ste-Amélie
Baie-Comeau : nef de l'église Ste-Amélie
Baie-Comeau : nef de l'église Ste-Amélie

Baie-Comeau : choeur de l'église Ste-Amélie
Baie-Comeau : chœur de l'église Ste-Amélie
Baie-Comeau : Moîse dans l'église Ste-Amélie
Baie-Comeau : «Moïse» dans l'église Ste-Amélie

Baie-Comeau : le port en quittant
Baie-Comeau : le port en quittant
Nous quittons donc sans regret la petite ville industrielle pour continuer à longer la côte vers le sud.

La pluie reprend bientôt avec une intensité redoublée, si bien que nous n’apercevons pas grand chose de Chute-aux-Outardes, Betsiamites, Colombier et même Forestville bien nommée (nombreuses entreprises liées à l’exploitation de la forêt et au transport des billots…). Paysage limité de toute façon à un rideau d’arbres presque continu.

La
              côte retrouvée après Forestville
La côte retrouvée en soirée après Forestville

La route redescend ensuite en bord de mer en traversant plusieurs jolis villages. Il est passé 19:00 et l’assombrissement du soir suit celui de l’orage. Nous cherchons un point de chute trouvé peu après sur la vaste esplanade précédant l’église ancienne de Longue Rive (autrefois St-Paul-du-Nord). Nous nous y installons un peu à l’écart de la route en compagnie d’un autre fourgon aménagé (www.new-west.com).


264 216    Samedi 5 août 2006 : de LONGUERIVE à LA BAIE (244 km)

Longuerive : bivouac à côté de l'église
Longuerive : bivouac à côté de l'église
Nous décollons tard (passé 11:00) mais sous un ciel bien dégagé qui offre une vue agréable sur l’anse depuis la pointe rocheuse derrière l’église.

En entrant à l’intérieur de celle-ci, je suis frappé par la pérennité du style architectural de l’antique basilique romaine qui a réussi à se transmettre jusqu’ici, 2 000 ans plus tard et en des lieux combien lointains et reculés ! Grande nef centrale, bas-côtés délimités par deux rangées de colonnes aux chapiteaux corinthiens, voûtes et fenêtres en arceaux…

Tout y est ! De chaudes couleurs pastels apportent une ambiance agréable. L’immeuble est impeccablement entretenu, l’église classée recevant des subsides du Ministère des Affaires culturelles, comme l’indique discrètement une petite affiche.
Nef de l'église de Longuerive
Nef de l'église de Longuerive

Longuerive-le-rivage-derriere-l'eglise
Longuerive : le rivage derrière l'église

Longuerive-rivage-rocheux-derriere-l'eglise
Longuerive : le rivage rocheux tel qu'il fut raboté par la glaciation


Un peu plus loin c’est la chute de la Rivière du Sault-au-Mouton qui me retient quelques minutes. Le temps de descendre jusqu’à la passerelle qui enjambe le cours inférieur de la rivière, juste en dessous de la chute, pour en donner un aperçu pleine largeur. La grève encadrée par de grandes plaques rocheuses rouges ne manque pas d’allure elle aussi. Chute-de-la-riviere-Sault-au-Mouton
Chute de la rivière Sault-au-Mouton

Poursuite de notre route plein sud qui longe le rivage en offrant des vues fréquentes sur l’étendue du fleuve. Maintenant on aperçoit bien la côte méridionale de l’autre côté du plan d’eau, à hauteur du Bic puis de Trois Pistoles. Le petit port de pêche des Escoumins s’est reconverti au tourisme, avec auberges, restaurants, motels et balades en mer pour observer les baleines. Nous nous contentons de quitter la 138 au niveau de la Rue des Pilotes pour gagner la Station de Pilotage de Transport Canada qui domine les eaux bleues de l’estuaire. De cet excellent poste d’observation, je tâche de repérer le dos gris ou le geyser d’un rorqual, mais je remarque plutôt les dos blancs d’une bande de bélougas qui folâtrent à quelques centaines de mètres devant nous. Contents d’avoir finalement vu « nos » baleines, nous renonçons à visiter le Centre d’interprétation du Cap-de-Bon-Désir (Parc Canada) qui ne nous apporterait guère plus après la visite d’avant-hier à Pointe-Mingan.

Le-Saguenay-depuis-la-route-vers-Anse-de-Roche
Le Saguenay depuis la route vers Anse-de-Roche
À partir de Grandes Bergeronnes, nous nous éloignons de l’eau et retrouvons un paysage très vallonné et boisé. Celui-ci se poursuit le long de la rive gauche du Saguenay que nous décidons d’explorer à partir de l’intersection avec la Route 172.

Peu après Sacré-Cœur, une petite route assez abrupte nous conduit au charmant village de Anse-de-Roche qui jouit d’une superbe situation (au fond d’une anse rocheuse…) sur la rive nord du fjord.

Peu après Sacré-Cœur, une petite route assez abrupte nous conduit au charmant village d'Anse-de-Roche qui jouit d’une superbe situation (au fond d’une anse rocheuse…) sur la rive nord du fjord. Nous déjeunons sur le petit stationnement de la marina, puis je m’installe sur le bout du quai pour une courte sieste au soleil, devant le magnifique paysage : à ma gauche l’étendue marine disparaissant derrière un promontoire, devant moi le fjord s’enfonçant dans les terres en rétrécissant à travers une suite de caps. Quelques voiliers mettent un peu de vie dans cet environnement totalement désert et sauvage. C’est Monique qui vient interrompre ma contemplation une demi-heure plus tard pour m’inviter à poursuivre notre excursion. Saguenay-Anse-de-Roche
Saguenay : Anse-de-Roche

Saguenay-Anse-de-Roche
Anse-de-Roche et son port de plaisance

Malheureusement la route passe assez loin à l’intérieur des terres, sans offrir aucune ouverture sur le fjord, et ce n’est que 50 km plus loin, au niveau de Sainte-Rose du Nord, que nous découvrons un autre joli quai au bord du fjord. Le temps s’est hélas couvert, une ondée nous frappe, et il faut composer avec les nuages pour photographier notre petite balade jusqu’au belvédère à la pointe toute proche. Saguenay-Ste-Rose-du-Nord
Saguenay : arrêt sur le quai de Ste-Rose-du-Nord

Ste-Rose-du-Nord : le belvedere sur le Saguenay
Ste-Rose-du-Nord : le belvédère sur le Saguenay

Le-Saguenay-en-amont-de-Ste-Rose-du-Nord
Depuis le belvédère de Ste-Rose-du-Nord, vue sur le Saguenay en amont

Le-Saguenay-aval-depuis-Ste-rose-du-nord
Depuis le belvédère de Ste-Rose-du-Nord, le Saguenay en aval

Nous quittons ensuite la zone du parc; une autre tentative pour descendre jusqu’à l’eau à la Pointe-aux-Pins se solde par un échec (le chemin déjà très pentu devient non carrossable…) et nous arrivons devant la grande étendue plus marécageuse des battures de Saint Fulgence qui marquent la fin du fjord. Souper sur la grande halte routière bien aménagée où nous passons un moment à observer le coucher du soleil sur l’eau… Les bâtures de St-Fulgence
Les bâtures de St-Fulgence

La-baie-bivouac-devant-le-quai-sur-le-Saguenay
La Baie : bivouac sur le quai devant le Saguenay
Puis nous entrons dans la partie est de Chicoutimi, devenue arrondissement de la nouvelle grande ville de Saguenay. Épicerie au IGA, plein d’essence. Comme rien ne nous semble vraiment passionnant ici, nous repartons immédiatement dans la nuit établie pour chercher un bivouac sur la rive sud du Saguenay.

Nous n’irons pas bien loin puisque, en traversant La Baie, nous apercevons un grand stationnement aménagé en parc au pied de l’hôpital des Ha-Ha, devant la zone portuaire. Nous repérons un coin peu fréquenté (de toute façon c’est un cul-de-sac) et nous y installons rapidement pour dormir. À 22:15 Monique est couchée, tandis que j’écris le journal.



264 460    Dimanche 6 août 2006 : de LA BAIE à ST-JOSEPH-DE-LA-RIVE (247 km)

Des groupes de jeunes fêtant le samedi soir mènent bon train jusque passé minuit, lorsque le silence s’établit pour de bon. Nous dormons bien jusqu’à ce que vers 8:30 la chaleur du soleil nous tire du lit. Il fait très beau sur notre quai d’où partent des petits bateaux de croisière qui descendent le Saguenay. Nous sommes donc relativement tôt sur la route 170 qui quitte les bords de l’eau et s’engage dans une région très vallonnée, boisée et sauvage, sans que l’on puisse deviner la proximité du fjord à notre gauche. Il faut profiter des routes d’accès du Parc du Saguenay (Québec) pour rejoindre la rive abrupte et contempler le paysage grandiose.

Une première incursion à partir de Rivière-Éternité nous fait dévaler la rivière torrent du même nom jusqu’au fond de la Baie Éternité. Le petit plan d’eau qui donne sur le vaste Saguenay est encadré par deux hauts caps, les Caps Éternité et Trinité, ce dernier portant côté fjord un haute statue de la Vierge que les navigateurs aperçoivent de très loin.

C’est ce superbe belvédère qu’on nous propose d’atteindre par un sentier très raide faisant près de 6 km A/R. La distance est faible mais le dénivelé de 300 mètres plus conséquent, d’autant qu’il faut le franchir 3 1/2 fois, d’abord pour grimper sur le sommet du cap puis en redescendre jusqu’à la statue installée au tiers inférieur (du cap), et ensuite tout parcourir à l’envers pour rentrer au stationnement. Monique refuse de s’embarquer dans une telle aventure, je pars donc seul  caméra et jumelles en bandoulière, walkie-talkie en poche.
Baie-Eternite-depart-de-la-balade
Baie-Éternité : départ de la balade

Baie
                    Éternité et Cap Trinité
Baie et Cap Éternité
La montée est heureusement facilitée par des volées d’escaliers de bois qui attaquent la pente abrupte très rapidement. Mais le nombre de marches qui se succèdent sans presque aucune interruption ne tarde pas à devenir pénible, fatigant, épuisant. J’arrive passablement essoufflé et suant à la halte Bellevue, à 280 m au dessus du niveau de l’eau. Heureusement elle porte bien son nom, et le coup d’œil sur la Baie verdoyante entourée de montagnes récompense de l’effort fourni.

Baie-Eternite-la-montagne-depuis-le-belvedere-Bellevue
Baie-Eternité : la montagne depuis le belvédère Bellevue

Ensuite un long passage presque horizontal traverse le presque sommet de la falaise, avant une bonne descente jusqu’au refuge et surtout au flanc du versant nord, vers la fameuse statue. J’hésite à m’engager sur le sentier pentu, craignant la remontée mais un couple de visiteurs à peine plus jeune me convainc de l’intérêt de la balade. Je me lance donc, le sentier me paraît relativement aisé (il descend presque tout le temps…) et offre l’avantage de présenter plusieurs percées sur le fjord, magnifique. La Baie-Éternité débouche-sur le Saguenay
La Baie Éternité débouche sur le Saguenay

Le-Saguenay en amont depuis le sentier descendant
                vers la statue
Le Saguenay en amont depuis le sentier descendant vers la statue du Cap Trinité

Notre-Dame du Saguenay

Notre-Dame du Saguenay est l’œuvre du renommé sculpteur québécois Louis Jobin. Il a sculpté la statue à la demande de monsieur Napoléon Robitaille, commis voyageur de Québec, qui remplissait ainsi une promesse faite à la Vierge. Sauvé des eaux glaciales du Saguenay et rétabli par miracle de la maladie qui s'ensuivit, il lance une souscription publique et fait installer la statue sur le premier palier du cap Trinité. Le monument a une hauteur de plus de huit (8) mètres et son poids atteint trois mille cent soixante-quinze (3175) kilogrammes.

Trop lourde pour la technologie de l'époque, la statue a dû être sectionnée en quatorze (14) morceaux pour être hissée jusqu'au premier palier du cap. Après huit (8) jours d'un dur labeur, au cours desquels les quatorze (14) sections furent montées en vingt-deux (22) étapes, la statue était assemblée sur son socle. Monseigneur Dominique Racine, évêque de Chicoutimi, procéda à sa bénédiction le 15 septembre 1881.

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Cap-Éternité : la Vierge du Saguenay tournée vers le fjord

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Cap-Trinité : Notre-Dame du Saguenay de dos
Une petite remontée après avoir franchi un ravin, et me voilà au pied de la fameuse Vierge du Saguenay. Huit mètres de haut et 2,5 tonnes, ce fut toute une aventure que de la hisser jusque là, découpée en 14 morceaux… Qu’on aime ou non son style assez naïf, on ne peut qu’être béat devant le spectacle auquel elle préside : à 240° le grand Saguenay étale ses eaux bleu profond piquetées de vagues courtes frangées d’écume, les rives montagneuses et désertes sont couvertes d’arbres à l’infini, et le vaste canal se poursuit à l’est comme à l’ouest en rétrécissant sans qu’on puisse en deviner la fin.

Contemplation en changeant plusieurs fois de point de vue, photos, je crois avoir assez soufflé pour rentrer sans difficulté. Cap-Trinite-panorama-sur-le-Saguenay-en-aval-depuis-la-statue
Cap-Trinité : panorama sur le Saguenay en aval depuis le pied de la statue

Sentier-du-Cap-Trinite
Sur le sentier du Cap-Trinité
Mais c’est compter sans le manque d’entraînement et la rouille qui s’est accumulée dans les jambes du randonneur sédentaire depuis trop d’années ! Une légère sciatique commence à descendre dans la jambe droite, puis se glisse sournoisement dans la gauche, mes chaussures pourtant excellentes se font lourdes et blessantes… bref la fatigue - et les ans - se font durement sentir.

Je remonte péniblement jusqu’au refuge où une bonne pause de 10 mn me fait récupérer un peu, et ensuite je ne fais que suivre la pente qui heureusement est presque toujours descendante. Je bénis ensuite les volées d’escaliers où il m’est beaucoup plus facile de contrôler mes jambes que sur les sections parsemées de rochers irréguliers ou de gravier fuyant.

Et c’est en traînant la patte et en serrant les dents que je rallie le Guépard dans le stationnement près du Centre d’Accueil. Monique que je n’ai pu rejoindre avec mon walkie-talkie dont les batteries sont déchargées, achève son repas, fraîche et dispose. Je délace mes bottes de marche, boit une demie bouteille d’eau et avale la salade préparée à mon intention en appréciant le confort des banquettes du Guépard…

Anse-St-Jean et le Saguenay vers l'aval
Anse-St-Jean et le Saguenay vers l'aval


Après cette équipée un peu téméraire vu ma forme physique, je n’ai plus guère envie de me lancer dans bien d'autres explorations du fjord. De toute façon les points d’accès sont rares. Nous irons seulement au bout d’une piste poussiéreuse et pleine de tôle ondulée jusqu’à l’Anse de Tabatière, au-delà de l’Anse Saint-Jean. Là, au pied du grand pylône de l’Hydro-Québec qui soutient en une seule portée de 2 200 m la ligne de 735 000 volts reliant le barrage de Manic 5 à la ville de Québec (2 000 mégawatts !), on a ménagé un petit belvédère offrant une autre vue magnifique sur le fjord. Au loin à l’ouest on devine la découpe en escalier du Cap-Trinité sur lequel j’étais tout à l’heure, et tout autour, ce ne sont que vastes étendues désertes d’eau, de roc et de forêt.
Anse-de-Tabatiere-le-Saguenay-vers-amont et
                      le cap-trinite
Anse de Tabatière : le Saguenay vers l'amont et le Cap-Trinité

Anse-de-Tabatiere-le-grand-Saguenay-vers-l'aval
Anse de Tabatière : le grand Saguenay vers l'aval

Port-au-Persil
Port-au-Persil
Comme ce sont là les deux seuls accès pratiques au fjord sur sa rive sud, nous reprenons la route sans nous arrêter, direction sud-ouest. Elle continue de monter et descendre en sinuant à travers des falaises rocheuses couvertes d’épinette, traversant de rares hameaux (Sagard, Lac Deschênes) jusqu’à rattraper enfin le fleuve à hauteur de Saint-Siméon. Nous longeons un moment la belle côte de Charlevoix, elle aussi très montueuse, arrêtons dans l’anse charmante de Port-au-Persil pour quelques photos sur le banc de rochers près de la petite église marine.

Port-au-Persil-la-chapelle
Port-au-Persil : la chapelle sur les rochers

La grève dans l'anse rocheuse de Port-au-Persil
La grève dans l'anse rocheuse de Port-au-Persil

Passent La Malbaie puis Saint Irénée dans le soleil du soir, pour enfin aller bivouaquer près de la petite église de St-Joseph-de-la-Rive dont nous apprécions l’environnement calme et sans prétention. Souper devant le traversier menant à l’Île aux Coudres, balade au bord des bâtures au crépuscule, puis extinction des feux à 22:00. Descente
                      sur Saint-Irenée
Descente sur Saint-Irénée

St-Joseph-de-la-Rive : crépuscule sur le chenal de
              l'Ile-aux-Coudres
St-Joseph-de-la-Rive : crépuscule sur le chenal de l'Île-aux-Coudres

St-Joseph-de-la-Rive-devant-iles-aux-coudres
St-Joseph-de-la-Rive : devant l'Île-aux-Coudres

St-Joseph-de-la-Rive-crepuscule-sur-le-fleuve
St-Joseph-de-la-Rive : crépuscule sur le fleuve


264 707    Lundi 7 août 2006 : de ST-JOSEPH-DE-LA-RIVE à MONTRÉAL (399 km)

St-Joseph-de-la-Rive-bivoua
Bivouac devant l'église de St-Joseph-de-la-Rive
Nuit des plus tranquilles sur le stationnement de la petite église : il a fait frais, sans presque aucun passage, et au matin les activités commencent lentement dans ce village uniquement résidentiel. Petit tour dans les rues aux maisons soignées, entourées de jardins fleuris.

St-Joseph-de-la-Rive-maison-traditionnelle-sur-la-rue
St-Joseph-de-la-Rive : une maison traditionnelle soignée sur la rue

Les-Eboulements-roulotte-patate-de-mado
Les Éboulements : la roulotte à patates de Mado
Nous reprenons la route vers Montréal sans presque aucun arrêt sinon pour le déjeuner, en photographiant au passage l’originale « roulotte à patates de Mado » montée sur un vieux fourgon peinturluré, que j’avais pris dans un premier temps pour un « motorisé home made », comme on en voit parfois en Europe…

Il recommence à faire chaud, et nous cherchons longtemps un espace abrité du soleil par un arbre pour stationner à l’ombre. Impossible de trouver quoi que ce soit, et c’est finalement à l’ombre étroite du clocher de l’église de Mascouche que nous déjeunons rapidement, en repartant avant que le soleil nous ait rattrapé en tournant. La température monte progressivement et il fait près de 10 °C de plus qu’à Hauterive lorsque nous arrivons dans la banlieue de Montréal en fin d’après-midi.

Fin de la balade. Au compteur : 265 108 km.



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