FRANCE & MAROC

(21 210 km)

Novembre 2005 ˆ mai 2006

 

Monique et Jean-Paul MOUREZ
ˆ bord de lÕExsis

 

Mardi 8 novembre 2005 : de MONTRƒAL ˆ CAEN

DŽcollage hier soir ˆ 21:05, aprs une longue journŽe consacrŽe aux derniers prŽparatifs, ˆ la fin de la conversion en .mp3 de ma discothque (1 700 CD !) pour lÕemporter avec nous lors de notre long sŽjour en Europe, et ˆ la numŽrisation des dernire pages de lÕAlbum du Jack-Beach donnŽ par Jacques. Je renonce ˆ changer lÕhuile du Ford, faute de place chez Costco et suite aux conseils dÕEddy qui me suggre plut™t de faire tourner le moteur une fois par semaine et de changer lÕhuile en rentrant.

Inconfort habituel dÕAir Transat : siges Žtroits et faible espace pour les jambes, cuisine infecteÉ et films de qualitŽ trs variable (malgrŽ le superbe Ē Marche de lÕEmpereur Č, consacrŽ aux pingouins de lÕArctique (mais Žcran mal rŽglŽ, trop petit ou trop loinÉ). Je passe le temps en lisant le roman anodin mais bien ficelŽ Ē Le Code Da Vinci Č que je termine dans le train vers Caen. Il fait beau et doux lorsque nous atterrissons vers 9:30 ˆ Roissy. Une navette prise sur le trottoir devant lÕaŽrogare me mne directement jusquՈ lÕOpŽra. 300 m de marche ˆ pied (mais lourdement chargŽ valise = 22 kg, sac = 8 kg) me sŽparent de la Gare St-Lazare. Attente durant ¾ dÕheure pour prendre le premier train vers Caen ˆ 13:25. Bref, un voyage long mais facile et sans trop de peine.

Je parcours ˆ pied le petit kilomtre qui me sŽpare de la Place de la Reine Mathilde, profitant du temps doux et du soleil pour admirer le Bassin St-Pierre, ses bateaux et son environnement dominŽ par les beaux b‰timents XVIIIme de lÕAbbaye aux Dames. Ė mon arrivŽe chez Maman ˆ 15:00, celle-ci mÕaccueille chaleureusement et me sert bient™t un petit repas remontant. Nous passons la fin dÕaprs-midi ˆ converser et ˆ regarder les photos du mariage de Juliette pour faire le choix de quelques clichŽs ˆ retirer. RŽparation de quelques accessoires (lave-vaisselle bouchŽ, branchement du lecteur de CD-DVD sur lÕampli, etc.), appel ˆ Monique, puis ˆ Gilles qui viendra me chercher demain midi. Finalement je me couche assez t™t (22:30), tombant de sommeil aprs cette trs longue journŽe.

Du mercredi 9 au dimanche 13 novembre 2005 : CAEN

Il fait plus frais et gris lorsque je me rŽveille passŽ 7:00, ˆ lÕimage des jours suivants o je demeurerai chez Maman. Comme convenu, Gilles vient dŽjeuner ˆ Caen puis mÕemmne ˆ Hermanville o il me montre les travaux dans sa maison maintenant reprise et modifiŽe Š en bien Š par son associŽe. Je reprends en main lÕAigle stationnŽ depuis plus dÕun mois sous un arbre de la petite place en arrire de la salle des ftes, et rentre ˆ Caen pour commencer les travaux de remise en route, mais surtout rŽinstaller tous nos effets entassŽs dans la cave de Maman.

Il me faudra plus de 3 jours pour mettre un peu dÕordre dans tout ce capharnaŸm, jusquÕau samedi midi o je vais accueillir Monique ˆ la gare de Caen. Entre-temps jÕaurai consacrŽ quelques heures ˆ une virŽe chez les concessionnaires de fourgons Adria et Possl du c™tŽ de Verson, assez pour me rendre compte de leur exigu•tŽ, du peu dÕespace de rangement et de la qualitŽ lŽgre de leurs finitions. Il faudra plut™t aller visiter les amŽnageurs CampŽrve et Font-Vend™me, ou reconsidŽrer lÕExsisÉ

Ė la demande de Maman, je remets quelques appareils en ordre dans son appartement et lui assemble une petite bibliothque quÕelle a commandŽe en kit ˆ la Blanche Porte, tout en revoyant avec elle albums de photos de famille et notes gŽnŽalogiques quÕelle a fort bien mis en ordre.

Avec lÕarrivŽe de Monique samedi le 12 novembre, le ragrŽment de lÕAigle sÕaccŽlre. Dimanche 13 nous allons manger tous trois chez Gilles et Dominique ˆ ƒpron et, durant lÕaprs-midi, je donne un coup de main ˆ Gilles pour la finition de sa cabane de jardin.

Lundi 14 novembre 2005 : CAEN

Poursuite des rangements dans la cave et mise en ordre de lÕAigle, tandis que Monique se remet progressivement du dŽcalage horaire qui dŽcidŽment nous affecte de plus en plus ˆ chaque voyage.

Mardi 15 novembre 2005 : CAEN - BAYEUX

Voyage ˆ Bayeux o Maman va faire expertiser chez le commissaire-priseur 2 tableaux dont elle veut se dŽfaire. De retour ˆ Caen, passage rapide chez CC Horizons pour faire examiner par Monique le fourgon Possl : effectivement il ne saurait nous convenir. Le soir tombe lorsque nous gagnons ensuite le magasin Destinea de BŽnouville pour revoir lÕExsis qui nous avait laissŽs si ambivalents au printemps dernier. Il nÕen reste quÕun seul sur le terrain, un modle 2004 repris dÕun client aprs 4 000 km seulement. Nous pŽnŽtrons quelques minutes ˆ lÕintŽrieur pour admirer ˆ nouveau le vaste espace de la cellule mais, faute de batterie, nous ne pourrons en dŽtailler les Žquipements et amŽnagements.

En soirŽe je poursuis la numŽrisation des photos et la mise au propre du cahier du Jack Beach scannŽ ˆ la va-vite avant mon dŽpart de MontrŽal.

Mercredi 16 novembre 2005 : CAEN

JÕachve les rangements chez Maman et vais chez Gilles ˆ ƒpron laver lÕAigle fort encrassŽ par son sŽjour dans la grange ˆ patates o il a passŽ les 5 derniers mois.

Le soleil brille et il fait beau, mais le fort vent du Nord responsable de ce grand mŽnage a Žgalement beaucoup refroidi lÕatmosphre. Deuxime visite chez Destinea ˆ BŽnouville o nous passons deux heures ˆ mesurer et examiner lÕExsis sous tous les angles. Monique imagine alors plusieurs moyens de lÕamŽnager ˆ notre gožt en Žliminant les lacunes et dŽfauts que nous croyons devoir lui reprocher. ƒtude des options qui me semblent essentielles si nous nous rŽsolvons ˆ en faire lÕacquisition : rŽservoir de 100 l dÕeau supplŽmentaire, rŽservoir dÕau moins 50 kg de GPL ˆ poste fixe sous le ch‰ssis, placards de rangement dans la zone cuisinetteÉ En fin de compte, le rapport espace utile intŽrieur/encombrement extŽrieur appara”t imbattable, et si nous obtenons un prix intŽressant, son acquisition avant de descendre dans le Sud pourrait sÕavŽrer le meilleur choix, dÕautant quÕune Žtude attentive des catalogues des fourgonnistes laisse voir des vŽhicule certes bien ŽquipŽs et finis, mais toujours exigus et relativement cožteux. Les nŽgociations vont bon train et, en milieu dÕaprs-midi, nous concluons la transaction en obtenant une rŽduction de 9 000 Ū (46 000 Ū pour une valeur Žquipement compris de 55 000 Ū), ranon des 4 000 km dŽjˆ parcourus par le 1er acheteur sans quÕil ait eu le temps dÕimmatriculer le vŽhicule. Quelques regrets cependant : il sÕagit dÕune base Fiat 15 et non 18 quintaux, plus robuste, le moteur 2,8 JTD dŽveloppe 127 Ch et non 146 comme dans la toute dernire version Power, et plusieurs accessoires comme lÕantenne TV et le porte vŽlo ne nous seront gure utilesÉ Nous nous entendons avec le chef dÕatelier (lŽgrement surpris de notre h‰te) pour en prendre livraison demain soir vendredi ˆ 16:00.

Retour ˆ Caen un peu ambivalents : certes lÕaffaire semble bonne et a ŽtŽ rondement menŽe, mais reste le regret de nÕavoir pas exactement la version du vŽhicule que nous souhaitions, et nous gardons encore quelques doutes sur lÕagrŽment et la fonctionnalitŽ de lÕimplantation.

Vendredi matin 18 novembre 2005 : CAEN

Nous nous levons assez tard puis allons devant la plage de Colleville Žcrire la lettre en retard pour Philippe. Passage chez Gilles pour mettre ˆ jour notre courriel, puis ˆ la Poste pour effectuer le transfert du montant de notre achat sur notre compte CCP et obtenir le chque de banque demandŽ par le vendeur, avant dÕaller conclure la paperasse et faire quelques courses dans le magasin Destinea.

Enfin nous prenons livraison de notre nouveau camping-car pour lequel nous nÕavons pas encore trouvŽ de dŽnomination, et le technicien qui sÕest occupŽ de sa prŽparation mÕexplique longuement et patiemment le fonctionnement des diffŽrents appareils. La nuit tombe et avec elle le froid, aussi rentrons-nous lÕAigle dans le hangar juste ˆ c™tŽ de lÕExsis et, pendant 2 heures, entreprenons de transfŽrer tous les bagages, provisions et autres Žquipements de lÕAigle que nous laisserons ensuite en dŽp™t-vente ˆ notre vendeur. Les choses durent plus longtemps que prŽvu tant nous avions rŽussi ˆ accumuler de bagages dans notre petit fourgon. Nous restons seuls avec le chef dÕatelier qui fait semblant de classer des factures jusquՈ 18:30 lorsquÕenfin nous quittons le grand garage au volant de notre nouvelle maison ˆ roulettes pour gagner Caen et lÕappartement de Maman.


4 300 Samedi matin 19 novembre 2005 : de CAEN ˆ CROISSY

Retour ˆ BŽnouville pour prendre le coussin appuie-tte oubliŽ par Monique et finaliser nos ententes avec notre vendeur en ce qui concerne lÕAigle. Puis nous allons dŽjeuner une dernire fois chez Gilles et Dominique. Visite ensuite chez Jean et Marie-ThŽ ˆ Bretteville. Je discute longuement  avec mon oncle des nombreuses photos familiales dont il est le dŽpositaire, tandis que Monique montre ˆ Marie-ThŽ les photos du mariage de Juliette. Devant lÕampleur du matŽriel dŽcouvert, je renonce ˆ quelque numŽrisation que ce soit, remettant ˆ plus tard la t‰che considŽrable qui mÕattend ici. La nuit tombe lorsque enfin nous prenons la route de Paris.

Les kilomtres dŽfilent en douceur. MalgrŽ son poids, lÕExsis rŽpond bien aux moindres sollicitations, la tenue de route et la direction sont sžres, la suspension plus quÕacceptable, seul le niveau de bruit Š surtout au ralenti -  me semble perfectible. Tout va bien jusquՈ Mante o brusquement, aprs quelques kilomtres dÕautoroute, le moteur hoquette et sÕarrte sans vouloir redŽmarrer ! Je crois ˆ une panne de carburant puisque la jauge est proche du 0, mais la remorqueuse, appelŽe gr‰ce ˆ lÕassistance, nous amne ˆ la prochaine station-service faire le plein de gazole sans succs. Le dŽpanneur nous fait alors sortir de lÕautoroute et nous laisse sur le stationnement dÕun h™tel aux Mureaux. Avant de nous quitter, le chauffeur tourne la clef du contactÉ et le moteur repart ! Aprs ce regrettable contretemps peut-tre dž ˆ quelques traces dÕhumiditŽ dans le filtre ˆ gasoil (dont le voyant est demeurŽ allumŽ depuis notre dŽpart ce matin [1] ou plus probablement au dŽsamorage de la pompe ˆ gazole, il ne nous reste plus quՈ faire les 20 derniers kilomtres jusquՈ Croissy. Tante ThŽ nous accueille dans lÕentrŽe de son jardin o nous passons une nuit parfaitement calme.

4354    Dimanche 20 novembre 2005 : CROISSY- LE BOURGET - CROISSY

Au matin, aprs une excellente nuit dans lÕimmense lit (2,05 x 1,60 m !) trs confortable de lÕExsis, impossible de prendre la douche matinale, faute dÕeau chaude et de trouver la faon dÕextraire la pomme de douche de son logement dans le corps du robinetÉ Petit-dŽjeuner avec ma vieille marraine, charmante, puis nous gagnons Le Bourget pour dŽjeuner avec nos amis Tallard rencontrŽs il y a 2 ans en Alaska. Trs agrŽables retrouvailles avec ces grands bourlingueurs dont la maison est remplie des souvenirs glanŽs un peu partout dans le monde. Nous rentrons en soirŽe ˆ Croissy pour un souper frugal avec Tante ThŽ puis une longue sŽance de lecture des photos familiales fort bien rassemblŽes dans quelques albums prŽparŽs par Marie-Jo. Je numŽrise quelques-unes de celles qui sont pour moi les plus intŽressantes, profitant des prŽcieux commentaires de Tante ThŽ qui me permettent dÕidentifier dates, lieux et protagonistes. Coucher fort tard.

Lundi 21 novembre 2005 : de CROISSY ˆ NEMOURS

Au rŽveil je rŽsous le problme de la douche puis dŽcouvre la procŽdure de mise en marche du boiler, ce qui nous permet notre premire toilette normale dans lÕExsis. En matinŽe jÕachve de numŽriser plusieurs photos dans les albums Callu tandis que Monique va faire quelques courses dՎpicerie avec Tante ThŽ. Puis elle prŽpare un tajine aux pruneaux que nous allons dŽguster dans lÕExsis devant la Seine sur lÕėle des Impressionnistes, tout prs de lÕAubergeÉ Nous prenons ensuite la direction de Paris o Monique veut aller rencontrer sa tante ThŽrse chez elle. Cheminement un peu lent mais sans problme gr‰ce ˆ son excellent guidage. Ė nouveau visionnement des photos du mariage sur le Mac, puis longue discussion et appel ˆ notre avocat de MontrŽal ˆ propos de lÕaffaire du Maroc et des rŽactions dÕHenry ˆ la procuration donnŽe par Jacques. Pendant ce temps, je discute un peu avec Pierrot qui mÕoffre un whisky bien tassŽÉ

Enfin nous prenons congŽ passŽ 18:00, les inquiŽtudes de Monique un peu calmŽes. Longue sortie de Paris en fin dÕheure de pointe, nous gagnons la Porte dÕOrlŽans puis lÕAutoroute du Sud A6 jusquՈ Fontainebleau o nous rattrapons la N 6. Quelques km nocturnes ensuite jusquՈ poser notre bivouac sur la place du village de Grez/Loing, au pied de lՎglise, un peu avant Nemours. Souper, Žcriture du journal en souffrance et coucher dans un calme absolu. Les premires heures passŽes dans lÕExsis nous montrent un vŽhicule finalement bien conu et fort pratique, regorgeant de rangements qui avaient ŽchappŽ ˆ notre premier coup dÕĻil. De plus le vaste espace central est vraiment des plus agrŽables ˆ vivre. Donc excellent premier bilan provisoire !

4 735    Mardi 22 novembre 2005 : de GREZ/LOING ˆ SALES (523 km)

Nuit paisible sur la petite place au centre du village, ce sont quelques voitures dŽmarrant bruyamment (le dieselÉ) qui finissent par nous tirer du lit passŽ 9:00. Le chauffage trs rŽgulier - mais la turbine en vitesse lente me semble un peu bruyante - rend le lever facile et la douche agrŽable, maintenant que tout fonctionne sans problme. Nous reprenons notre route vers le sud. Un grand ciel bleu p‰le verse sur la campagne de lÕIle de France puis de la Bourgogne une belle lumire dorŽe. Le moteur propulse sans effort donc presque toujours en 5me notre petit camion sur la N6 qui souvent Žvite les agglomŽrations par de rapides rocades. Nous dŽcidons de rallier Lyon pour aller complŽter notre Žquipement dans lÕIkea situŽ sur la route dÕAnnecy. Il est passŽ 18:00 lorsque nous parvenons enfin dans la nuit dŽjˆ tombŽe sur le grand stationnement aprs avoir dž patienter ˆ plusieurs reprises dans les bouchons de lÕheure de pointe. Monique sÕextasie comme dÕhabitude sur le nombre et la qualitŽ des cuisines exposŽes, nous tra”nons un peu ˆ lÕaffžt des nouveautŽs et de tous les petits accessoires et amŽnagements qui pourraient faciliter la vie dans notre CC, comme des couverts et un ensemble de casseroles en inox qui remplaceront les anciens abandonnŽs dans lÕAigle.

En sortant du magasin ˆ sa fermeture ˆ 20:00 nous renonons ˆ demeurer ˆ Lyon pour quŽrir demain matin auprs de la BNP de Sainte-Foy une carte bleue que nous nÕutiliserons gure. Nous enfilons plut™t lÕautoroute en direction dÕAnnecy. LÕExsis sÕy montre trs ˆ lÕaise, roulant le plus souvent ˆ plus de 130 km/h avec parfois des pointes ˆ 145É Comportement trs sžr, mais aussi ronronnement un peu trop prŽsent ˆ mon gožt des 127 chevaux qui fera apprŽcier ensuite le silence de lՎtapeÉ Les sorties dŽfilent beaucoup plus vite quՈ lÕhabitude et, pour un pŽage de 15 Ū, nous nous rendons jusquՈ Aix-les-Bains sud o nous retrouvons la nationale jusquՈ Rumilly. Paul rejoint par tŽlŽphone sÕapprte ˆ se coucher, aussi Žvitons-nous le Vieux Couty pour aller souper et dormir au calme sur la place de la mairie de S‰les.

5 258 Mercredi 23 novembre 2005 : SALES et COUTY

Nuit paisible mais vraiment fra”che puisque, au matin, du givre couvre la pelouse devant la petite Žglise. Puis Marie-France et Paul nous accueillent chaleureusement dans leur grande maison de Couty quÕils continuent dÕamŽnager. Nous passons la journŽe tranquillement ˆ placoter avec nos h™tes et avec Franoise qui a pris pension chez sa marraine en attendant de trouver du travail dans la rŽgion.

Jeudi 24 novembre 2005 : COUTY

Rangement des soutes de lÕExsis o nous avions empilŽ ˆ la h‰te le matŽriel casŽ dans tous les recoins de lÕAigle. Monique aide Marie-France dans ses plans dÕamŽnagement de la grande maison, nous sortons la collection des albums de photographie familiale dont jÕentreprendrai la numŽrisation intŽgrale au cours des prochains jours.

Vendredi 25 novembre 2005 : COUTY

RŽveil sous la neige (5 ˆ 10 cm) aprs une nuit trs venteuse dont nous nÕavons quasiment pas eu connaissance, bien ˆ lÕabri et au chaud dans lÕExsis supŽrieurement isolŽ et chauffŽ. JÕessaie les cha”nes transfŽrŽes de lÕAigle dont nous risquons dÕavoir bient™t besoin, malheureusement elles sont trop petites dÕune pointure pour nos roues passŽes ˆ 15 pouces. Je dŽmonte ensuite le porte-vŽlos qui ira attendre dans le grenier de Toutou lÕacquisition Žventuelle dÕun 2 roues. Nous passons un bon moment ˆ trier le matŽriel de bricolage rŽcupŽrŽ dans les soutes de lÕAigle, la plus grande partie sÕavŽrant inutile - je lÕespreÉ - sur notre nouveau vŽhicule neuf. En aprs-midi je poursuis la numŽrisation des photos de la famille Jacquier.

Samedi 26 novembre 2005 : COUTY

En matinŽe, dŽmontage du m‰t et de lÕantenne TV dont nous nÕavons vraiment pas lÕutilitŽ. En aprs-midi, courses ˆ Annecy (ƒpagny) que nous atteignons aprs un long parcours ralenti par les embouteillages du samedi : tissu cramoisi pour complŽter le rideau de Marie-France, puis quelques babioles au Bricorama. Ė la Balme, je commande une paire de cha”nes ˆ bon prix chez Curioz o je fais Žgalement remettre en ordre le rideau avant (Remi) de lÕExsis dŽjˆ dŽcrochŽ. Dans la nuit, retour ˆ Rumilly par la petite route de Frangy, assez acrobatique mais quasi dŽserte. En soirŽe je poursuis la numŽrisation des albums.

Du dimanche 27 novembre au dimanche 4 dŽcembre 2005 : COUTY

AujourdÕhui nous ne bougeons gure. Je ne touche pas non plus aux albums photographiques mais achve de ranger nos effets superflus dans le grenier de Toutou, fais le plein dÕeau au prix de manoeuvres un peu dŽlicates sur la neige tassŽe et la glace qui couvrent le terrain. Puis je tente de trouver le moyen dÕalimenter les 2 prises 12 V du tableau de bord sans mettre le contact, mais sans succs, il faudra passer au garage Fiat !

En soirŽe nous recevons Genevive : prŽsentation des photos du mariage sur lÕordi puisquÕil est impossible de retrouver mon c‰ble S-video pour brancher sur la TVÉ TŽlŽphone ˆ Juliette et ˆ Mathieu auquel nous souhaitons un bon anniversaire. En soirŽe, copie de CDs de musique pour Franoise puis nous nous retirons dans lÕExsis pour achever notre courrier.

Presque toute la semaine ensuite se passe en numŽrisation des albums photos familiaux, installŽs sur la grande table de la salle ˆ manger, et en tractations avec Henri pour obtenir copie des dossiers de Bouazza.

Lundi 5 dŽcembre 2005 : COUTY et ANNECY

T™t levŽs, nous sommes ds 8:20 ˆ Annecy devant chez Henry qui nous remet deux petits classeurs cartonnŽs contenant la totalitŽ des dossiers Bouazza tant attendusÉ Passage chez Fiat pour faire vŽrifier le filtre ˆ gasoil dont le voyant sÕest dŽjˆ allumŽ de faon prolongŽe sur le tableau de bord : pas de quoi sÕinquiŽter selon le mŽcano qui me montre la manoeuvre de purge, il sÕagit probablement dÕun caprice du senseur. De toute faon, me dit-il, lorsque ce voyant sÕallume de faon justifiŽe, il est dŽjˆ trop tard car la pompe de la rampe commune est dŽjˆ fusillŽe, donc ˆ remplacerÉ Quant au branchement permanent des prises 12 V du tableau de bord, lÕopŽration est aisŽe sur le porte-fusibles, mais la planification de lÕatelier est complet pour les 3 prochains jours et je devrai me dŽbrouiller par moi-mme.

Vers midi, retour ˆ Rumilly o je tente de faire tirer mes copies de photos de lÕalbum de Couty destinŽes ˆ Paul : hŽlas la machine automatique de Photomaton refuse obstinŽment de livrer quelque clichŽ aprs que je lui ai fourni fichiers numŽrisŽs et 14 Euros, et lÕautre automate dans le magasin Super-U se montre des plus ŽsotŽriques dans la prŽsentation des consignes dÕutilisation. ExaspŽrŽ, je renonce ˆ tirer les photos et nous rentrons ˆ Couty pour entamer la numŽrisation des dizaines de dossiers de vente remis par Henry. T‰che fastidieuse poursuivie tout lÕaprs-midi et en soirŽe.

Mardi 6 dŽcembre : 2005 : COUTY

Poursuite de la numŽrisation des dossiers, du matin au soir.

Mercredi 7 dŽcembre 2005 : COUTY

FatiguŽ de ces deux journŽes intensives de travail clŽrical, je dŽcide de remŽdier au manque de prises 12 V et 220 V dans lÕExsis, dŽfauts qui limitent notre autonomie et nous empchent en particulier de poursuivre le travail de numŽrisation hors de la maison.

Aprs une longue phase dÕexploration de la bo”te de fusibles et du c‰blage derrire le tableau de bord (quÕil mÕa fallu en partie dŽmonterÉ) je finis par repŽrer les 2 fils menant ˆ la prise 12 V accessoires et ˆ lÕallume-cigares. Aprs les avoir coupŽs de leur bornier sur la bo”te ˆ fusibles, je les raccorde tant bien que mal (soudureÉ) sur de nouvelles cosses alimentŽes en permanence hors contact. Une fois tout remontŽ et fonctionnel - ce qui me prend la matinŽe dans un froid piquant source dÕengeluresÉ - je mÕattaque en aprs-midi ˆ la pose dÕune barrette de 3 prises 220 v prs de la table centrale, le courant provenant alternativement de lÕentrŽe 220 du camion (fort difficile ˆ atteindre en arrire du placard de lՎvier) ou de lÕonduleur 400 W quÕil a fallu rŽinstaller dans les rgles au fond du coffre sous la banquette gauche, en identifiant sur la centrale Žlectrique un circuit libre et protŽgŽ par un fusible adŽquat et en installant un interrupteur pour Žviter toute perte en fonctionnement ˆ vide. Aprs la pose dans la base de la banquette dÕune autre prise 12 V alimentŽe cette fois par la batterie cellule, nous voilˆ maintenant parŽs ˆ utiliser nos diffŽrents appareils (informatique mais aussi radios et lecteur DVD) de faon autonome et ŽquilibrŽe sur les 2 batteries.

En soirŽe je poursuis la numŽrisation de quelques autres pages des albums de photos.

Jeudi 8 dŽcembre : 2005 : de COUTY ˆ MENTHON-ST-BERNARD

Nous achevons de ranger nos effets dans le camion et de dŽposer dans le grenier de Toutou les objets qui ne pourraient que nous encombrer pour la suite de notre voyage. Puis nous prenons la direction dÕAnnecy et de la rive est du lac (Veyrier) pour aller poursuivre notre travail de numŽrisation loin de Marie-France et Paul dont nous avons le sentiment dÕavoir troublŽ la quiŽtude depuis une dizaine de jours. Aprs quelques courses chez Narbonne Accessoires (Žvent de W-C), passage chez Henry et Michle auxquels nous remettons une premire bo”te de dossiers dŽjˆ compulsŽs, puis nous continuons notre tour du lac en direction de Veyrier.

Stationnant au bord de lÕeau, ˆ deux pas du port de Menthon, nous passons lÕaprs-midi dans les dossiers, sous un ciel des plus gris se rŽsolvant de temps ˆ autre en averse. Il fait frisquet, heureusement le chauffage efficace de lÕExsis nous garantit un niveau de confort acceptable. Coucher ˆ deux pas le soir au fond dÕune impasse menant ˆ la maison louŽe par les Boissier pendant plusieurs annŽes, durant dÕheureuses vacances estivales dont Monique garde un souvenir vivace.

5 702 Vendredi 9 dŽcembre 2005 : de MENTHON-ST-BERNARD ˆ ST-LAURENT-DU-PONT

Au matin, petite balade sous un ciel changeant jusquՈ la maison fermŽe pour lÕhiver. Monique mÕy montre avec nostalgie les diffŽrents coins ayant abritŽ ses jeux dÕenfant : Ē boutique Č sur le petit perron arrire, Ē thŽ‰tre Č dans le garage, etc. De retour ˆ notre abri ˆ roulette, nous allons stationner sur la rampe de descente des bateaux dans le petit port et, devant le vaste paysage lacustre et montagnard, nous poursuivons et achevons vers 16:00 notre t‰che fastidieuse de numŽrisation. Soupir de soulagement, nous retournons en ville pour tirer les photos de lÕalbum de Couty destinŽ ˆ Paul (boite Photomaton - fonctionnelle celle-lˆ ! - dans le GŽant Casino de Seynod) puis nous rentrons ˆ Couty remettre ˆ Marie-France les dossiers, ˆ Paul son album et faire nos adieux ˆ Franoise et ˆ Toutou. Nous passons ensuite faire la bise ˆ Genevive et Jean-Claude, avant de prendre enfin le dŽpart vers le sud.

Il fait nuit, le compteur marque 5 702 km. Nous renonons ˆ passer par Lyon puisque Jehanne semble vouloir continuer dÕignorer lÕexistence de Monique et que, dÕautre part, la banque o nous devions rŽceptionner notre carte Visa sera fermŽe durant les 2 prochains jours (week-end). Nous prenons donc la direction de Valence en coupant par Voiron. Aprs 57 km qui nous font grimper jusquÕau Col de Couz (826 m) enneigŽ et passer le Tunnel des ƒchelles, nous redescendons jusquՈ St-Laurent-du-Pont o nous allons bivouaquer un peu ˆ lՎcart de la route, derrire une grande Žglise. Souper tardif (il est passŽ 22:30) puis mise ˆ jour du journal pour moi tandis que Monique se couche, ŽpuisŽe.

5759    Samedi 10 dŽcembre 2005 : de ST-LAURENT-DU-PONT ˆ REMOULINS (Pont du Gard) (245 km)

Il a fait froid cette nuit, mais nous nÕen avons pas souffert gr‰ce au chauffage efficace de lÕExsis. En revanche la consommation de propane va sžrement sÕen ressentir, ce qui rend dÕautant plus pertinente la recherche dÕune solution GPL (bouteille Borel ou rŽservoir sous le ch‰ssis). Au matin, ciel gris et forte humiditŽ mme si la pluie nous Žpargnera pour aujourdÕhui. DŽcollant assez tard, nous roulons longtemps sans faire cependant beaucoup de chemin, car la route de ChambŽry ˆ Valence tourne sans arrt en traversant moult village passŽ ˆ 50 voire ˆ 30 km/h. Paysage possiblement intŽressant mais le ciel bouchŽ, la lumire grise et les hauts perdus dans les nuages ou la brume lui enlvent ˆ peu prs tout intŽrt. De plus, ds quÕil faut sÕarrter ou sortir, le vent froid nous assaille et nous incite seulement ˆ retrouver au plus vite notre intŽrieur douillet. Enfin la circulation de ce samedi prŽcŽdant les Ftes est intense, si bien quÕil est presque 15:00 lorsque nous atteignons enfin le GŽant Casino de Valence.

Lˆ nous prenons 2 bonnes heures pour faire systŽmatiquement le tour des rayons et remplir la cambuse. Une fois encore, nous sommes surpris par la variŽtŽ et lÕabondance des produits proposŽs, particulirement dans le domaine alimentaire. Le choix de telle marque de haricots extra-fins ou de telle mousse dessert en est dÕautant plus difficile et long, et cÕest le chariot rempli mais lÕestomac dans les talons que nous regagnons notre petit camion gris mŽtallisŽ. Il est perdu au milieu de lÕimmense parking grouillant dÕune circulation tendue et nerveuse o les places Žtroites et rares sont ‰prement disputŽes. Le casse-tte continue lorsquÕil sÕagit maintenant de tout caser dans les placards, coffres et soutes de lÕExsis : il reste encore bien des compartiments ˆ amŽnager, un placard ˆ construire et des accessoires ˆ installer pour profiter au maximum de lÕespace pourtant gŽnŽreux. Nous rangeons tout ce que nous pouvons, et casons tant bien que mal dans la douche le reste, dŽjeunons sur le pouce et reprenons la route dans le soir qui descend.

Vent trs froid et ciel sombre qui se dŽgage progressivement sous lÕeffet de ce mistral qui Ē fait la toilette du ciel Č (comme lՎcrit Audouard dans la Pastorale des Santons). Plein de gasoil ˆ 0,98 Ū (!) le litre et, un peu plus loin dans un autre garage, plein dÕeau un peu plus difficile ˆ trouver, tous les robinets extŽrieurs Žtant fermŽs par crainte du gel. La nuit est tombŽe et la circulation, bien que plus rapide et facile maintenant sur la N 7, est nŽanmoins tout aussi fatigante que prŽcŽdemment.

Nous bifurquons vers N”mes ˆ Pont St Esprit. Les conditions de conduite me semblent dŽcidŽment trop Žprouvantes, aussi nous arrtons-nous bient™t en arrivant au Pont du Gard. JÕespŽrais bivouaquer comme autrefois en vue du cŽlbre ouvrage romain, mais des deux c™tŽs de la rivire dÕimmenses parkings payants Š et barricadŽs ˆ cette heure - empchent de sÕapprocher. Rebroussant chemin, nous traversons la rivire et allons stationner sur un terrain vague ˆ la sortie de Remoulins, sur la rive droite du Gard et ˆ lÕorŽe de la petite route dÕaccs au pont. Fin des rangements dՎpicerie un peu laborieuse, souper, je me mets aux plans du futur rŽservoir dÕeau fra”che supplŽmentaire tandis que Monique lit au lit. Coucher peu aprs 23:00, dans les bourrasques du vent glacŽ.

6004  Dimanche 11 dŽcembre 2005 : de REMOULINS ˆ FOIX (419 km)

La nuit trs venteuse nous laisse au matin un grand ciel dŽgagŽ et bleu, et enfin le soleil illumine le paysage hivernal de la Provence autour de nous. Lever un peu plus matinal (8:15 quant ˆ moi) pour dŽcoller ˆ 9:00, Monique prŽfŽrant demeurer allongŽe dans le lit haut pour un moment. La route file, assez rapide, ˆ travers les collines couvertes de garrigues, de vignes ou dÕoliviers. Les couleurs du Sud commencent ˆ tre au rendez-vous. Nous contournons N”mes puis poursuivons par la nationale jusquÕaux abords de Montpellier.

Au giratoire de Baillargue, coup de fil ˆ Sophie et Sam installŽs ˆ Toulouse que nous aimerions saluer en passant. Sophie est de garde dans sa pharmacie de Muret, mais prendra une pause chez elle de 12:00 ˆ 16:30. Si nous empruntons lÕautoroute, nous pourrons nous rendre lˆ-bas ˆ temps. Nous passons donc Montpellier sur la rocade de lÕA9 puis prenons un ticket ˆ la barrire de pŽage, et en route vers la sud, ˆ vive allure cette fois. Notre 2,8 l HDI monte rapidement en rŽgime, et tient un bon 130 km/h ˆ 3000 t/mn pour les quelques 200 km suivants, ralentissant seulement autour de 100/110 dans les c™tes et lorsque nous devons affronter un puissant vent du nord-ouest. Nous passons ainsi BŽziers puis Narbonne avant de bifurquer au nord-ouest en direction de Carcassonne.

Une dizaine de kilomtres aprs avoir quittŽ la MŽditerranŽe, le ciel sÕassombrit, un vent froid se lve et nous retrouvons le temps maussade qui nous accompagne depuis maintenant plusieurs semaines. Pause dŽjeuner vers 13:00 sur le belvŽdre autoroutier en vue des fameux remparts de la CitŽ mŽdiŽvale, puis nous reprenons notre progression rapide vers la mŽtropole du sud-ouest en longeant longtemps le tracŽ du Canal du Midi. Ė 14:15 nous quittons la A 9 pour un petit bout dÕA 66 (en direction de Foix) qui nous fait contourner par le sud le centre de la grande ville et gagner enfin, par une D 12 campagnarde ˆ souhait, la petite ville de Muret o Sophie et Samuel ont Žlu domicile. Gr‰ce au portable nous nous faisons guider jusquՈ la Rue du Vignemale o ils nous accueillent bient™t gentiment. Visite de notre nouvelle maisonnette ˆ roulette puis de leur grande maison dont ils ont quasiment achevŽ les amŽnagements entrepris au dŽbut de lՎtŽ dernier. Nous avons le temps dՎchanger un bon moment avec eux, de partager un thŽ puis de nous faire indiquer le chemin du IKEA local dans lequel Monique souhaiterait faire quelques achats. Sophie retourne ˆ sa garde, Samuel nous donne encore quelques informations concernant notre itinŽraire vers Andorre, puis nous lui faisons nos adieux pour gagner vers le nord le grand centre commercial o nous trouvons closes les portes du IKEAÉ

Nous hŽsitons un peu ˆ passer la nuit dans la froide Toulouse puis dŽcidons de nous avancer plut™t vers le sud. Plein partiel de gasoil ˆ lÕune des rares - mais chres (1,14 Ū) - pompes ouvertes en ce dimanche aprs-midi, pour compenser notre forte consommation de ce matin due ˆ la haute vitesse et au vent contraire. En route maintenant vers lÕEspagne en empruntant la vallŽe de la Lze, jolie selon Sam mais dont nous nÕapercevons pas grand-chose, lÕobscuritŽ Žtant dŽjˆ lˆ passŽ 17:00. Nous finissons par arriver dans la nuit bien Žtablie ˆ Foix o nous nous perdons dans les ruelles entourant le superbe ch‰teau mŽdiŽval illuminŽ. Il est si difficile de trouver un espace libre, tranquille et plat pour le bivouac que nous finissons par prendre la route vers Andorre, songeant ˆ nous arrter plut™t sur la place dÕun village en cours de route. Mais craignant ne plus trouver en France de Castorama o faire mes derniers achats en vue des bricolages prŽvu au Maroc, nous quittons la 4 voies ˆ la premire sortie pour stationner sur un terrain vague, au bord dÕun hameau qui nous para”t calme ˆ souhait. Stores vite tirŽs, souper et coucher confortable peu aprs dans la nuit sombre, fra”che et humide.

6 423    Lundi 12 dŽcembre 2005 : de FOIX ˆ TERMENS (prs LLEIDA) (288 km)

La circulation sur la route voisine ne nous dŽrange gure, si bien que nous nous levons fort tardÉ LorsquÕenfin nous nous mettons ˆ la recherche des magasins (Castorama en particulier) il est passŽ 11:00 ! Retour en arrire jusquՈ la Zone dÕactivitŽ Foix nord o il mÕavait semblŽ apercevoir un centre commercial hier soir dans la nuit, mais il nÕy a lˆ quÕun h™tel et un DŽcathlon (magasin de sport). De retour au centre ville ˆ la recherche dÕune quelconque quincaillerie, on me dirige vers la petite ville de Pamiers (ˆ nouveau ˆ une quinzaine de km au nord de Foix !). Nous y filons par la 4 voies rapide, mais ˆ lÕarrivŽe le grand Bricorama est fermŽ : il est midi 10, il ne rouvrira ses portes quՈ 14:00 ! DŽcidŽment nous ne nous ferons jamais ˆ ces horaires franais, tellement inattendus dans un grand centre commercialÉ Nous abandonnons notre recherche pour aujourdÕhui et reprenons notre route vers le sud.

Il fait encore trs gris et les pentes enneigŽes des montagnes dans lesquelles nous nous enfonons nous paraissent un peu tristes et sŽvres. Arrt ˆ Tarascon pour faire un dernier plein dÕEuros au guichet automatique de la Poste puis, un peu plus loin, prs dÕune cabine tŽlŽphonique dÕo Monique appelle Jacques en Floride pour le tenir au courant des derniers dŽveloppements. Nous voilˆ enfin prts ˆ quitter le territoire franais.

La route monte de plus en plus raide et la neige envahit les bas-c™tŽs de la route. Puis le vert des pentes dispara”t, remplacŽ par de longues coulŽes de neige qui bient™t envahissent tout le paysage. Nous attaquons alors les lacets menant au Col dÕEnvallira donnant accs ˆ Andorre. Arrt sur un petit stationnement dans un grand virage, avec vue superbe sur les cimes enneigŽes et les champs de ski autour de nous. Un vague rayon de soleil vient Žclaircir la scne sans ajouter grand chose ˆ sa grandeur. Notre petit camion grimpe sans effort et avec une reprise remarquable jusquՈ passer les 2 400 m du col, avant que la route redescende par de longues rampes les gorges et vallŽes abruptes menant au cĻur de la principautŽ. Partout autour de nous s'activent des chantiers, tant sur le chemin de mieux en mieux viabilisŽ, que dans les nombreux sites h™teliers et rŽsidentiels qui poussent comme des champignons. Nous finissons par atteindre le fond de la vallŽe, ˆ peu prs compltement urbanisŽ, o les rues nous semblent Žtroites et tortueuses, envahies par une intense circulation.

OmniprŽsents, les magasins se sont multipliŽs depuis notre passage en 1989 et semblent florissants, profitant de lÕabsence de TVA dans ce petit pays. Ranon de ce dŽveloppement fiŽvreux et galopant, le stationnement est devenu un vrai casse-tte, et avec notre volume, impossible de trouver une place prs des nombreux magasins affichant parfums (pour Monique) ou Žlectronique (pour moi), et encore moins dans les quelques stationnements souterrains. Nous finissons par nous rabattre sur 2 centres commerciaux situŽs tout au bout de la vallŽe, peu avant la sortie vers lÕEspagne. Si le premier, trop petit, nous offre peu de choix, le deuxime beaucoup plus grand est nettement plus attractif (un troisime plus loin nous semblera encore plus important). Nous y passons presque 2 heures ˆ faire le tour des rayons et ˆ Žvaluer nos besoins, au demeurant modestesÉ Je renonce ˆ acheter des haut-parleurs malgrŽ leur prix intŽressant, le nombre de modles proposŽs et lÕimpossibilitŽ de les Žcouter me laissant indŽcis.

Il fait nuit lorsque nous reprenons le camion et passons la frontire espagnole. Longue route rapide quoique dans un lŽger brouillard en direction de Lleida (en catalan, LŽrida en castillan). PassŽ 20:30 nous arrtons sur la place de lՎglise ancienne du village de Termens, une quinzaine de km avant Lleida.

6 711    Mardi 13 dŽcembre 2005 : de TERMENS ˆ TOLEDO (545 km)

Longue route aujourdÕhui, sous un ciel ˆ peine plus dŽgagŽ mais par une tempŽrature qui sÕadoucit au fur et ˆ mesure de notre descente vers le Sud. Lever tard sur notre petite place environnŽe par le brouillard sՎlevant du Rio Segre impossible mme ˆ deviner au pied de la colline sur laquelle sՎlve lՎglise. Nous gagnons avec prudence Lleida, une autre grande citŽ o il faut plonger dans la circulation intense pour t‰cher de trouver une place ˆ proximitŽ du centre de la vieille ville. Nous faisons 3 fois le tour de la colline sur laquelle est perchŽe la Vella Seu (ancienne cathŽdrale), principal point dÕintŽrt du lieu, avant de dŽnicher sur une placette latŽrale un petit espace qui se libre pour nous. Barrage et cadenassage des portes, ticket de lÕhorodateur, nous voilˆ prts ˆ affronter le petit vent frisquet et humide pour dŽambuler dans le dŽdale des ruelles montant jusquՈ la vaste esplanade o se trouve lÕancienne Žglise du XIIIme.

La vieille ville lÕenserrait autrefois, jusquՈ ce que le roi au dŽbut du XVIIIme fasse dŽmolir les maisons et transformer lÕespace ainsi dŽgagŽ, Žglise comprise, en une forteresse surveillant le site. LÕarmŽe ne quitta les lieux quÕau milieu du XXme et une soigneuse restauration a alors redonnŽ au vŽnŽrable b‰timent un peu de son lustre. Nous faisons le tour des murs rongŽs par le temps mais qui prŽsentent encore quelques belles sculptures (chapiteaux et corbeaux), avant de trouver, sur la faade sud dominant la ville embrumŽe, la belle porte Š o se lit lÕinfluence mauresque Š donnant accs ˆ la nef. Celle-ci, dŽsaffectŽe, est vide de mobilier, mais ses proportions et ses sculptures admirables suffisent ˆ justifier la balade. Le clo”tre attenant est encore plus beau, ses grandes ouvertures garnies de remplages gothiques sont du plus bel effet. De plus nous sommes totalement seuls ˆ admirer le petit jardin central au pied du campanile octogonal et la vue sur la ville traversŽe par lÕEbre ˆ nos pieds.

Retour frigorifiŽ ˆ notre vŽhicule qui repart de suite vers lÕouest par la N 11 (lÕautopista ici est payanteÉ) sur une route assez rapide et bonne, mais pleine de camions imposant leur train (90/100 km/h). Au moins notre consommation de carburant sera-t-elle plus raisonnable, et puis ce long moment passŽ dans la confortable chaleur de lÕExsis compense pour notre brve incursion dans lÕhiver espagnol !

Ė Zarragoza nous apercevons la Se de loin mais sans vouloir pŽnŽtrer dans le vieille ville Š notre expŽrience de ce matin suffira ! Nous filons plut™t vers le sud et Madrid sur le N 11 maintenant amŽnagŽe en superbe 4 voies. Paysage de collines semi dŽsertiques aux couleurs rouges et grises faisant souvent penser au Mexique ou au sud des USA. La route trs vallonnŽe est toujours aussi frŽquentŽe par une infinitŽ de gros camions, mais ceux-ci roulent assez rŽgulirement autour de 100 km/h et jÕarrive ˆ maintenir lÕaiguille du compte-tour autour de 2 500 tours, ce qui donne ˆ peu prs 110 km/h au compteur. DŽjeuner tard sur une aire de service plantŽe sur une terrasse au dessus des mesas, paysage impressionnant mais vu seulement ˆ travers nos fentre car il fait 3 degrŽsÉ Le robinet de la station-service sur lequel jÕessaie de faire le plein dÕeau est sec, je dois mÕarrter un peu plus loin sur une autre aire pour remettre ˆ flot notre rŽservoir dÕeau presque vide.

La route dŽfile, nous progressons confortablement, le soir descend viteÉ Nous finissons par arriver aux alentours de 19:00 ˆ proximitŽ de la grande agglomŽration madrilne. Apercevant un vaste supermarchŽ et une grande enseigne Brico-DŽp™t, nous sortons du flot autoroutier avec un peu de difficultŽs pour aller quŽrir les quelques fournitures nŽcessaires aux bricolages prŽvus dans notre maisonnette. Choix plus limitŽ quÕen France mais prix nettement plus attractifs, proches de ceux que nous trouvons au Canada. Monique me guide ensuite avec habiletŽ pour franchir la vaste conurbation par un encha”nement dÕautoroutes. Nous allons quitter la capitale lorsque cÕest lÕenseigne de Leroy-Merlin qui cette fois mÕaccroche lÕĻil. Nouveau dŽtour pour aller complŽter nos achats, y compris les tringles ˆ rideaux en alu auxquelles tient tant Monique. Nous en profitons pour examiner quelques tapis, sans nous mettre dÕaccord sur aucun, et quelques accessoires de salle de bain, rejetŽs avec une belle unanimitŽ.

Pique-nique sur le parking juste aprs la fermeture ˆ 22:00, et dernier bout de route en direction de Toledo, ˆ une soixantaine de kilomtres. Nous quittons lÕautoroute peu avant lÕentrŽe de la ville pour aller bivouaquer sur une autre placette au pied de lՎglise dÕun village maintenant faubourg de la ville. Coucher ˆ minuit et demi, aprs lՎcriture du journal et un brin de mŽnage dans notre studio roulant un peu nŽgligŽ ces deniers jours.

7 256    Mercredi 14 dŽcembre 2005 : de TOLEDO ˆ PUERTO BANUS (550 km)

Ciel clair au lever vers 10:00. Ė 11:00 nous stationnons devant lÕH™pital en bordure de la vieille ville de Toledo. Aprs la traversŽe du parc nous suivons lÕitinŽraire de visite proposŽ par le Guide Vert. Au-delˆ de la porte nous nous enfonons dans la vieille villeÉ (Pour lÕitinŽraire, se reporter au Guide Vert). Impression gŽnŽrale positive malgrŽ lÕindŽniable virage touristique pris par la vieille citŽ : restaurants, h™tels, boutiques, etc.  Les monuments et les faades sont en trs bon Žtat, lÕarchitecture fort bien mise en valeur, et les points dÕintŽrt nombreux, accessibles et de haut niveau. Avantage de cette visite hors saison : la faible prŽsence des touristes tandis que les autochtones vaquent ˆ leurs occupations habituelles. InconvŽnient : le froid et la lumire un peu grise qui enlvent beaucoup de son charme ˆ cette ville mŽridionale.

Repas dans un petit restaurant ˆ c™tŽ du MusŽe Casa El Greco fermŽÉÉ DŽus par la visite du musŽe vidŽ de presque tout son contenu, nous reprenons le chemin de ce matin en sens inverse et retrouvons notre camion au pied de lÕH™pital.

Nous rattrapons ensuite lÕautovia en direction de Cordoba, et en route pour le Sud et lÕAndalousie ! Campagne dÕabord assez plate dans la plaine o la terre rouge, rŽcemment labourŽe, attend la montŽe de cŽrŽales. Puis, avec lÕobscuritŽ qui descend, le paysage devient progressivement plus vallonnŽ. Nous filons ˆ 110 km/h plein sud sur lÕautovia rapide, pas trop chargŽe et gŽnŽralement en excellent Žtat. En bifurquant vers Granada et Malaga, nous abandonnons lÕidŽe de faire Žtape ˆ Cordoba.

Passe Granada devinŽe dans la nuit vers 19:00. Nous enfilons alors lÕautovia de la Sierra Nevada qui, ˆ travers la montagne, nous emmne jusquՈ Malaga et la MŽditerranŽe. Courtes averses lorsque nous atteignons la mer et nous engageons sur lÕAutoroute c™tire en direction dÕAlgeciras. Nous nous rendons ainsi jusquՈ Marbella et allons bivouaquer devant la plage de Puerto Banus, comme lÕan passŽ (trottoir pavŽ et rond-point balisŽ au bout de lÕimpasse) et comme il y a 15 ans, alors que nous revenions du Maroc avec notre Pilote et que les promoteurs nÕavaient pas encore Ē amŽnagŽ Č ce bout de nature encore sauvage. Souper dÕun dŽlicieux tajine vite prŽparŽ par Monique et coucher dans le roulement des vagues, fentre entrouverte tant la tempŽrature ici nous para”t douceÉ

7 810  Jeudi 15 dŽcembre 2005 : de PUERTO BANUS ˆ DAR BOUAZZA (556 km)

Nuit paisible avec, en dominante, le bruit de vagues. Grand soleil sur le vaste paysage de mer, de plage et de montagne qui a conservŽ une petite zone plus sauvage juste ˆ nos pieds.

Au moment de la toilette, nous constatons que lÕeau, prise hier dans une station-service a des relents dÕhydrocarbures qui la rendent ˆ peine propre ˆ la doucheÉ Aprs une petite balade pieds nus dans le sable, nous reprenons finalement la route assez tard, longeant la c™te dans un enchevtrement de voies rapides et de dŽveloppements domiciliaires qui ont presque compltement bŽtonnŽ une nature autrefois si belleÉ

Ė La Linea (entrŽe de lÕenclave britannique de Gibraltar) nous vŽrifions le prix des billets pour Ceuta ou Tanger : il semble que le moins cher et le plus rapide sera de passer par Tarifa, de lÕautre c™tŽ du Cap et en plein centre du dŽtroit. Encore une trentaine de kilomtres assez acrobatiques offrant de belles vues sur les montagnes et la mer, par une route plus Žtroite et trs sinueuse passant ˆ travers de grandes lignes dՎoliennes, et nous redescendons dans le petit port de Tarifa, trs sud, joliment ensoleillŽ et un peu endormi. Recherche dÕune station-service pour faire le plein de gasoil puisque nous ne pourrons le faire ˆ bon prix dans le port franc de Ceuta comme prŽvu. Nous allons enfin prendre nos billets de passage sur le quai : cožt bien infŽrieur ˆ celui auquel nous nous attendions, puisque lÕaller-retour nous cožtera 240 Ū sur un catamaran rapide faisant la traversŽe en 45 minutes. Nous devons patienter jusquՈ 15:30 avant de nous Žloigner de la c™te europŽenne et de gagner, sous un beau ciel bleu, le rivage africain dont les lignes se dessinent petit ˆ petit. Notre petit bateau doit attendre une bonne demi-heure avant de trouver une place dans le port de Tanger, plus exigu que je ne mÕy attendais. Enfin nous voici sur le sol marocain !

Aprs un dŽlai tout ˆ fait inutile, nous finissons par enregistrer lÕimportation temporaire de notre vŽhicule (fiche verte) et nous traversons la petite ville grouillante sur un grand boulevard encombrŽ jusquՈ rattraper lÕautoroute vers Rabat. Bien que dŽpourvus de dirhams nous nous y engageons en comptant bien rŽgler le pŽage avec des euros dont il nous reste quelques billets. Le ciel rougeoie ˆ lÕouest en un superbe coucher de soleil qui nous accompagne un bon moment en descendant vers Larrache. La route file en un beau tracŽ rŽgulier ˆ travers un paysage lŽgrement vallonnŽ qui sÕassombrit de plus en plus. La vitesse est limitŽe comme en Espagne ˆ 120 km/h, si bien que je cale lÕaccŽlŽrateur ˆ 110 km/h pour rouler rŽgulirement et Žconomiquement jusquՈ Bouazza. Petites difficultŽs ˆ payer les redevances en euro ˆ la 2me et 3me barrire, la prochaine fois il faudra absolument nous munir de dirhams !

Enfin nous atteignons la grande agglomŽration de Casa, la contournons par la rocade vers Marrakech et El Jadida pour la quitter ˆ la sortie Casablanca sud, suivant les conseils du prŽposŽ au pŽage. Trop t™t pour Žviter une bonne partie de lÕagglomŽration dans laquelle nous nous enfonons, sans repres, au milieu dÕune circulation encore assez dense et surtout dans une pollution qui ne tarde gure ˆ mÕirriter les yeux et la gorge. Nous dŽcidons de gagner le plus directement possible la mer du c™tŽ de A•n Diab pour suivre ensuite le rivage vers le sud. Il est passŽ 22:30 lorsquÕenfin nous touchons au but et nous arrtons devant lՎpicerie de Dar Bouazza o nous accueille Abdallah en train de faire la fermeture. Retrouvailles chaleureuses avec la tribu A”t Taleb, embrassades et premier souper pris ensemble. Nous allons dormir - fort tard - dans le champ clos en arrire de la maison, sŽcuritŽ oblige.

8 289 Vendredi 16 dŽcembre 2005 : DAR BOUAZZA (0 km)

Lever tard, changement de lÕeau, rinage de la citerne et du circuit dÕeau de lÕExsis, puis repas communautaire. En aprs-midi, Mokhtar nous entra”ne dans une grande balade vers les villages du Jack-Beach (Coin des Pcheurs) puis le long de la plage dans lÕancien centre balnŽaire et enfin autour de la Ē parcelle rŽservŽe Č. Celle-ci me para”t bien plus grande que les 10 Ha inscrits sur lÕextrait cadastral ŽtudiŽ les dernires semaines, mais peut-tre est-ce dž aux nombreuses maisons (une centaine) qui ont ŽtŽ b‰ties sur 3 rangs parallles ˆ la route et ˆ la plage. Architecture lourde, peu fonctionnelle qui rŽpte ˆ la campagne les contraintes du milieu urbain : exigu•tŽ des terrains, grandes pices froides (pavŽÉ), peu dÕouvertures sur la merÉ Nous visitons sous la conduite de notre guide 2 maisons ˆ louer : cher et peu emballant ! DŽcidŽment les Ē cabanes Č du Village nous charment beaucoup plus. Il y reste dÕailleurs quelques parcelles non b‰ties et mises en culture dont nous nous demandons ˆ qui elles appartiennentÉ Quant aux maisons sises sur les rochers juste au-dessus de lÕeau, bien que leur construction soit le plus souvent des plus prŽcaires, leur emplacement vaut de lÕor et je me contenterai dÕun de ces cabanons vieillots et grossiers, quitte ˆ le rŽnover de A ˆ Z dans un style trs simple mais contemporain.

De retour ˆ la maison des A•t Taleb au coucher du soleil, les dames servent le gožter (ah, le g‰teau ˆ lÕorange de Latifa !) puis nous regardons des photos sur lÕordi et dans la documentation apportŽe avec nous, palabrons longuement avec les enfants. Mokhtar mÕemmne relever mon courrier sur lÕordi dÕun ami qui lui a confiŽ la dŽcoration et lÕamŽnagement de sa nouvelle maison : trs grandes pices mieux distribuŽes mais toujours matŽriaux et couleurs assez froids, dŽcor moderne fonctionnel mais sans grande originalitŽ.

De retour ˆ la maison, poursuite des palabres et discussions, et enfin repas simple (plat de spaghettis mais dŽlicieusement parfumŽ par une sauce aux herbes dont Latifa a le secret). Fin de soirŽe familiale durant laquelle Monique parcourt avec nos h™tes le livre de photos de Gabriel Veyre ŽditŽ par Philippe, puis Žchange avec Abdellahk qui arrive aprs sa deuxime semaine de travail au George-Washington College. Coucher autour de minuit sous un ciel merveilleusement ŽtoilŽ et assez frais.

Samedi 17 dŽcembre 2005 : DAR BOUAZZA (0 km)

JournŽe tranquille consacrŽe ˆ quelques bricolages sur lÕExsis (pose avec lÕaide de Brahim puis de Rachid du nouvel embout de store - brisŽ ˆ Couty - compliquŽe par une dŽformation du plastique, recollage du cataphote ŽcrasŽ ˆ Foix contre un lampadaire, prŽparation de la pose du lanterneau motorisŽ au-dessus de la douche, graissage des loquets de coffre, retaille du portillon du boiler dans la souteÉ) tandis que Monique sÕattaque au classement des dossiers dans le salon de la maison. En soirŽe, aprs nettoyage des ttes de lÕimprimante et remplissage des cartouches dÕencre, jÕimprime les 54 pages du dossier Perretti/Frendo sur lequel elle veut travailler.

Dimanche 18 dŽcembre 2005 : DAR BOUAZZA - AZZEMOUR - DAR BOUAZZA (129 km)

Le temps superbe invite ˆ la balade, aussi prenons-nous prŽtexte de la recherche de la maison dÕEugne Girel pour embarquer Mokhtar et Mustapha dans une agrŽable virŽe jusquՈ la petite ville voisine dÕAzzemour. Nous dŽcollons vers 11:30, discutons un moment avec Sacha qui projette la conception dÕun mini CC sur Vito, et prenons la petite route c™tire. La campagne est agrŽable mais la chaussŽe en trs mauvais Žtat secoue la cabine de lÕExsis et fait na”tre tout un concert de couinements et de percussions dans la celluleÉ Pique-nique devant lÕestuaire de lÕOum Er Bia o la silhouette rouillŽe dÕun vieux caboteur ŽchouŽ sous un banc de sable apporte une note pittoresque. Ė c™tŽ, un petit marabout reoit la visite de toute une population colorŽe en qute de divination et de voyanceÉ

Puis nous gagnons le vieux pont de pierre et de bŽton au pied des remparts dÕAzzemour. Comparaison de la photo prise par Gabriel Veyre en 1935 avec le point de vue actuel (lui aussi immortalisŽ en un large panoramique). Puis, ˆ partir dÕautres photographies familiales prises depuis la terrasse du fameux oncle, recherche du site de sa maison. DÕexplorations en dŽductions, de discussions entre nous en questionnements de quelques promeneurs du dimanche parcourant ˆ nos c™tŽs la rive droite du petit fleuve, nous repŽrons sur la rive opposŽe le Ē Petit ch‰teau Girar Č qui semble bien pouvoir tre identifiŽ au Petit Palais Girel.

Nous franchissons donc le pont puis, aprs quelques t‰tonnements, arrivons devant la porte dÕune sympathique maison de campagne toute en rondeurs dont le propriŽtaire, un Franais, a ŽtŽ assassinŽ ˆ Casa il y a quelques dizaines dÕannŽe, nous confirme un petit groupe de jeunes fl‰nant devant le portail massif de la propriŽtŽ. Il sÕagit bien du vieil oncle au destin tragique. Nos guides aimables acceptent de nous guider jusquՈ la maison qui a encore fire allure, puis jusquՈ la petite terrasse en arrire, bordŽe dÕagaves comme autrefois et donnant sur un admirable panorama englobant la courbe du fleuve, les remparts de la vieille ville et, au loin, lÕestuaire de lÕOum Er Bia et lÕOcŽan. Je prends quelques photos, malheureusement interrompues par lՎpuisement des batteries de lÕappareil, et nous prenons le chemin du retour, en nous promettant de revenir photographier plus en dŽtail la propriŽtŽ et interviewer si possible quelques tŽmoins Š dont le vieux gardien maintenant ‰gŽ de 90 ans et aveugle, grand-pre des jeunes qui nous ont aimablement accueillis.

Retour satisfaits ˆ Bouazza par la mme mauvaise route o lÕobscuritŽ, la conduite dangereuse de plusieurs chauffeurs et les gens circulant sur la chaussŽe sans Žclairage achvent de me fatiguer. Aprs le joyeux repas familial, visionnement sur la TV des photos du Maroc dŽjˆ scannŽes. PassŽ 23:30 nous nous retirons harassŽs dans notre camion maintenant branchŽ sur le secteur en apprŽciant son intimitŽ et son confort (chauffage en particulier). Monique lit quelques pages du journal de Jehanne ˆ son arrivŽe en 1933, je rŽdige ces quelques lignes et nous nous endormons bient™t dans le plus grand calme.

8 416    Lundi 19 dŽcembre 2005 : DAR BOUAZZA

Longue nuit et rŽveil au soleil, jusquՈ lÕhabituel lever tardif. En fin de matinŽe nous quittons notre terrain de camping en compagnie de Meryam pour rejoindre Mokhtar dans la maison quÕil achve dÕamŽnager. StationnŽ au soleil dans la petite rue tranquille du nouveau lotissement, en arrire du souk, jÕentreprends un grand lavage extŽrieur de lÕExsis, tandis que Monique continue de mettre au clair les dossiers de vente des terrains, en sÕattaquant dÕabord ˆ ceux des villages du Jack Beach. DŽjeuner improvisŽ dans la grande et fra”che cuisine au sous-sol, puis suite des travaux sur la petite table du camping-car.

  Mardi 20 dŽcembre 2005 : DAR BOUAZZA (90 km)

JournŽe de courses ˆ Casa avec Mokhtar : souk de lՎlectronique o nous faisons Ē flasher Č notre tŽlŽphone portable et cherchons en vain une souris bluetooth, puis chez un copain de Mokhtar qui nous vend une paire de bons haut-parleurs pour lÕExsis.

Mercredi 21 dŽcembre 2005 : DAR BOUAZZA (10 km)

JÕagrandis (ˆ la lime !) les trous des haut-parleurs prŽ-percŽs dans les cloisons de lÕExsis. Puis je procde ˆ leur installation dans le CC garŽ devant la villa o travaille Mokhtar et o Monique sÕest installŽe pour continuer dՎtudier dossiers et plans.

  Jeudi 22 dŽcembre 2005 : DAR BOUAZZA  (80 km)

MatinŽe ˆ Casa, dÕabord ˆ la Conservation foncire pour retrouver les pices du dossier concernant la parcelle de 10 Ha en bord de mer, puis dans le quartier de Der Ghalef chez le vendeur de radio dÕauto pour reporter les 2 petits haut-parleurs avant et prendre un lecteur radio-CD ˆ monter dans le CC.

En rentrant nous essayons de passer par le grand et nouveau M. Bricolage pour y quŽrir quelques outils et matŽriaux, mais nous nous Žgarons et rentrons ˆ Dar Bouazza par lÕautoroute pour une tranquille soirŽe en famille.

8 600    Vendredi 23 dŽcembre 2005 : de DAR BOUAZZA ˆ FES par RABAT (345 km)

Nous dŽcollons vers 11:00 du champ en arrire de lՎpicerie pour gagner dÕabord Casablanca o nous nous perdons dans les grandes avenues dÕHay Hassani, avant de rejoindre lÕautoroute en direction de Rabat. La pollution due au diesel de mauvaise qualitŽ est intense, comme la circulation sur les 2 voies de lÕautoroute sur laquelle nous nous engageons avec prudence. La conduite des Marocains alentour exige une attention de tous les instants, car plusieurs bafouent les rgles les plus ŽlŽmentaires de prudence : doublage ˆ droite, faufilement dans le moindre espace entre les voitures, queues-de-poisson, etc.  Puis la circulation sՎclaircit en sՎloignant de la ville et cÕest surtout la pollution qui nous fait souffrir : picotement aux yeux, irritation de la gorge et des bronches, ŽternuementsÉ

Arrivant avec plus de 20 mn de retard au centre de Rabat, nous retrouvons ˆ la terrasse du cafŽ en face du Parlement le traducteur du livre de Gabriel Veyre Ē Dans lÕintimitŽ du Sultan Č. Discussions et Žchanges dÕinformations se poursuivent durant les 3 heures passŽes avec lui dÕabord autour dÕun cafŽ, puis chez lui devant un gros couscous que nous dŽgustons tranquillement en compagnie de trois amis ˆ lui Žgalement intŽressŽs par lÕhistoire du Maroc au dŽbut du sicle. Nous nous quittons trs satisfaits de notre rencontre en emportant une dizaine de copies du livre en arabe et en nous promettant de poursuivre cette relation par Internet.

Nous reprenons lÕexcellente autoroute en direction de Fs. Chemin rapide et confortable qui sÕenfonce bient™t dans la nuit. Tout irait bien sans lՎblouissement des phares des nombreuses voitures venant en sens inverse qui semblent ignorer la fonction des feux de croisement, et les larmoiements de mes yeux gonflŽs par la pollution routire qui me poursuit depuis notre dŽpart ce matin. ArrivŽe sans problme chez Houssine et Mariette. Souper de retrouvailles en compagnie de Saloua et de Zineb venues passer les Ftes chez leurs parents, et coucher sur la placette paisible devant la maison.

8 945    Samedi 24 dŽcembre 2005 : FES (0 km)

JournŽe tranquille ˆ la maison. Monique fait quelques courses avec les filles et leur mre tandis que je bricole diverses rŽparations avec Houssine un peu dŽsemparŽ par lÕentretien de sa grande maison : tentative de rŽparation et finalement changement de la serrure du portillon, rŽparation de la ligne tŽlŽphonique en court-circuit, restauration dÕune imprimante envoyŽe par Majda. En soirŽe, souper de No‘l avec une amie de Mariette prof dÕhistoire qui nous intŽresse beaucoup par ses rŽcits et anecdotes, Žchange de cadeaux et coucher au chaud dans notre  motel ambulant.

Dimanche 25 dŽcembre 2005 : FES

Balade en fin dÕaprs-midi malgrŽ le temps froid et pluvieux. Nous montons admirer la panorama sur la ville depuis la montagne, au delˆ du tombeau des MŽrinides. Au retour, visite dÕun fourgon Twin Adria dans le stationnement de lÕH™tel Dar Jamai. Nous ne regrettons pas notre choix de lÕExsisÉ

Lundi 26 dŽcembre 2005 : FES

Poursuite du temps froid et humide qui me fait garder la maison. Je travaille sur les dossiers de Bouazza pendant que Monique, Zineb et Mariette partent magasiner en aprs-midi. En dŽbut de soirŽe, dŽpart de Saloua pour Paris o elle va reprendre son boulot.

Mardi 27 dŽcembre 2005 : FES

En matinŽe jÕaccompagne Monique et Mariette pour juger des tissus repŽrŽs hier en vue de nos futurs rideaux mais trouve leurs rayures un peu raides dans notre CC dŽjˆ assez froid et austre. Plein de gasoil. En aprs-midi jÕaccompagne Houssine chez Citro‘n, puis chez Fiat et enfin Ford pour examiner les fourgons disponibles au Maroc. Puis nous allons chez sa conseillre en informatique rŽcupŽrer du matŽriel et partons ˆ la recherche dÕencre pour son imprimante. Cela nous vaut une petite excursion dans les rues commerantes autour de son quartier, populaires et sales, mais pittoresques. Nous prenons un dernier souper en famille avant notre dŽpart vers le Sud, puis soirŽe familiale durant lequel nos h™tes nous font dŽcouvrir le VCD du dernier spectacle de Gad El Meleh : excellent humoriste, fin et trs complet.

Mercredi 28 dŽcembre 2005 : FES

Aprs plein dÕeau, vidanges et tŽlŽphones ˆ Juliette et ˆ Maman, nous partons pour SalŽ en dŽbut dÕaprs-midi. Mais lors dÕun arrt au centre culturel espagnol (Institut Cervantes) ˆ la recherche de lÕancienne ambassade quÕhabita Veyre en 1901, Monique rencontre un journaliste qui conna”t le coin. Elle lui montre des photos anciennes quÕil croit reconna”tre, elle part les tirerÉ Ė 19:00 nous sommes toujours en ville ! Son interlocuteur nous donne un rendez-vous demain matin pour une balade en mŽdina o il nous guidera jusquՈ la vieille maison. Finalement nous retournons passer la soirŽe avec les Benchekroun et dormir sur la petite place devant leur maison. Long tŽlŽphone (Skype) avec Juliette puis avec De Bargis. Je consacre le reste de la soirŽe ˆ numŽriser la carte dŽtaillŽe de la mŽdina de Fs, extraite du guide : Fs de Bab en Bab.

9 010    Jeudi 29 dŽcembre 2005 : de FES ˆ FES (33 km)

Nous nÕirons pas bien loin aujourdÕhui puisque, aprs la matinŽe passŽe avec Mariette dans la maison que rŽchauffe un timide soleil, nous partons vers 11:30 rejoindre notre guide au seuil de la mŽdina. Avant de le rejoindre nous commenons par une incursion motorisŽe hasardeuse dans la vieille ville en t‰chant de gagner la pharmacie de Bab Fttouh o le prŽparateur de Houssine pourrait nous aider ˆ reconna”tre la maison occupŽe par Gabriel Veyre en 1902. Espoir dŽu, puisquÕil est absent pour la semaineÉ Aprs quelques errements nous finissons par rejoindre devant le MusŽe Dar Batha le journaliste et peintre rencontrŽ hier par Monique ˆ lÕInstitut Cervantes. DŽjeuner rapide avant de nous enfoncer dans les ruelles de la mŽdina quÕil conna”t comme sa poche.

Bien que lÕhypothse de lÕancienne Ambassade dÕEspagne ne se vŽrifie pas (et pour cause puisque cÕest ˆ Marrakech que Gabriel a occupŽ cet Ždifice, comme nous le verrons en soirŽe en relisant la biographie Žcrite par Jehanne !), cÕest pour nous lÕoccasion dÕune superbe balade dans le vieux Fs, ˆ la dŽcouverte de la multitude de palais (ryads) et de maisons bourgeoises cachŽes derrires les hauts murs dominant les Žtroites ruelles. Parfois on doit mme franchir de sombres tunnels avant de pŽnŽtrer dans une magnifique cour dŽcorŽe de zelliges, o un pŽristyle de grosses colonnes entoure une jolie vasque centrale. Mais tout ceci est malheureusement dans un triste Žtat, plusieurs familles sÕentassent dans les grandes pices disposŽes autour du patio, et du linge sche sur la corde tendue en travers de la cour prestigieuseÉ Les ruelles serpentent, souvent envahies par une foule grouillante dans les zones plus commerciales, mais parfois seulement parcourues par quelques enfants jouant et criant en rentrant de lՎcole. Nous marchons longuement, sans pour autant dŽcouvrir aucune maison semblable ˆ celle que montrent les albums copiŽs ˆ Couty.

FatiguŽs, nous prenons enfin congŽ de notre aimable guide ˆ 18:00, soupons car nous sommes affamŽs aprs cette longue marche puis travaillons un peu avant de retourner une dernire fois dormir sur la place devant la maison des Benchekroun.

Nous leur rendons guide et carte, jasons un moment avec eux avant de nous retirer dans notre home pour lire, Žcrire, achever la mise en ordre des dossiers de Bouazza et enfin nous coucher passŽ 1:30.

9 043    Vendredi 30 dŽcembre 2005 : de FES ˆ BOUZNIKA (242 km)

Nous nous levons tard, rŽcupŽrant les fatigues de notre longue marche dÕhier dans les rues de la mŽdina de Fs. Ė 11:30 aprs un brunch rapide nous sommes prts au dŽpart mais Houssine insiste pour que nous participions au repas familial. Zineb a mis la table sur la terrasse, et bien que le soleil reste encore timide, la tempŽrature est douce sur le pavage entourŽ dÕune vŽgŽtation luxuriante. Monique se laisse tenter par le tajine aux coings, je mÕabstiens pour ma part de gožter au plat pourtant appŽtissant, mon estomac refusant quoique ce soit aprs notre lunch abondant de ce matin. JÕachve de graver sur un DVD lÕoeuvre de Mendelssohn et de Chopin pour Zineb, nous faisons nos adieux Š pour de bon cette fois ! Š ˆ nos amis fassi et gagnons sans divaguer lÕautoroute vers Rabat.

Pendant prs de 2 heures tout va bien et nous progressons sans problme ˆ travers une campagne vallonnŽe o, dans la terre rouge soigneusement cultivŽe, alternent de larges champs de cŽrŽales vert tendre, des plantations de vignes ou de fruitiers, autour de vastes maisons de style franais (toits pentus, larges faades percŽes de grandes fentres, hameaux entourŽs dÕarbresÉ). Soudain un bruit bizarre provenant de la roue avant gauche mÕalerte : je me range sur le bas-c™tŽ pour constater que la rŽparation de la dernire crevaison nÕa pas tenu et que le pneu est en train de perdre tout son air. Il ne reste plus quՈ changer la roue. Maudissant lÕartisan prŽsentŽ par Houssine et son mauvais travail, je jette un coup dÕĻil au manuel, sort cric et outil, extirpe la roue de secours de son logement sous le camion prs du train arrire et entreprends lՎchange. Heureusement il fait beau, le trafic est limitŽ sur la route et les outils sont en ordre. Tout se passe bien et nous reprenons notre chemin une demi-heure plus tard, jusquՈ contourner Rabat par son grand boulevard pŽriphŽrique.

Apercevant soudain un grand Marjane (hypermarchŽ) ˆ la sortie de la ville, nous faisons une pause pour rŽapprovisionner la cambuse et remplacer quelques accessoires dŽglinguŽs. Le temps passe vite dans les allŽes achalandŽes, et la nuit est tombŽe lorsque nous poussons notre grand chariot plein de victuailles jusquՈ lÕExsis. Monique fait des prouesses pour placer toutes les bo”tes et autres vivres dans nos placards encore trop peu nombreux et non amŽnagŽs, puis nous reprenons la route de Casa. Je roule un peu jusquՈ Skirat, mais me rendant compte quÕil est trop tard pour la visite prŽvue au Mr Bricolage de Casa, je dŽcide de dormir dans un village sur la c™te. Nous prenons la premire sortie vers Skirat Plage, attentifs aux sites favorables au bivouac. Il nous faudra suivre la route c™tire jusquÕau village de Bouznika o, apercevant le chemin menant au golf, nous allons demander aux gardiens lÕautorisation de stationner prs de la barrire de la propriŽtŽ. Aimablement ils nous font entrer et nous installent sur un grand stationnement vide, prs dÕimmeubles de villŽgiature en cours de vente. Silence juste troublŽ par la rumeur des rouleaux de lÕOcŽan ˆ quelques dizaines de mtres, sous un ciel pur merveilleusement ŽtoilŽ.

9 285 Samedi 31 dŽcembre 2005 : de BOUZNIKA ˆ DAR BOUAZZA (127 km)

Aprs une nuit fort tranquille sur le grand stationnement vide, nous descendons jusquÕau bord de mer. Les rives des derniers mŽandres de lÕoued ont ŽtŽ empierrŽes dans ce qui devrait ˆ terme constituer un parc agrŽable Š et Žvite les habituels marŽcages - en arrire de la dune sur laquelle sՎgrne une longue rangŽe de chic villas rŽcentes dÕassez belle venue. Nous en repŽrons 3 dÕallure trs contemporaine qui correspondent assez exactement ˆ notre rve de maison mŽridionale : faade toute vitrŽe donnant sur la mer, prŽcŽdŽe dÕune terrasse carrelŽe de marbre entourant une petite piscine, vaste sŽjour meublŽ de grands sofas de cuir clairÉ escalier intŽrieur en acier inox, puits de lumire donnant sur la terrasse supŽrieure, etc. Superbe vue sur lÕarc de sable dorŽ ˆ peu prs vierge de dŽchetsÉ nous apprendrons plus tard de nos amis que nous sommes dans lÕune des stations les plus recherchŽes du Maroc o les prix sont Š hŽlas -  superlatifs. Nous tra”nons un peu autour des barques de pches tirŽes sur le sable auprs desquelles se nŽgocient ˆ la bonne franquette les prises du jour.

Puis nous dŽcidons de rentrer ˆ Casa par la vieille route c™tire, en assez bon Žtat et peu frŽquentŽe, qui traverse les vestiges de vastes domaines agricoles datant de la colonisation : longues parcelles cultivŽes o montent les cŽrŽales vert vif, jusquÕau bleu infini de lÕocŽan en toile de fond, grandes maisons de ma”tres abandonnŽes qui connurent des jours meilleurs, longues allŽes en terre rouge menant ˆ quelques dŽveloppements balnŽo-touristiques plus ou moins achevŽsÉ Nous passons Mansoura, arrivons ˆ Mohammedia. Aprs avoir traversŽ des quartiers plut™t balnŽaires o Monique croit reconna”tre des coins frŽquentŽs avec son amie Anne Proton, nous nous enfonons dans la grande banlieue industrielle de Casa.

Le taux de pollution grimpe brusquement, avec ses habituelles consŽquences : irritation des yeux, de la gorge et des bronches, Žternuements, blocage des sinus,É Nous ratons la bifurcation vers A•n Harrouda, devons continuer jusquÕaux Roches Noires o Monique repre quelques constructions industrielles semblables ˆ celles ŽdifiŽes par Gabriel Veyre au dŽbut du XXme sicle. Je dŽcide alors de virer plein sud pour rattraper lÕautoroute, certes trs encombrŽe et enfumŽe elle aussi, mais plus rapide pour nous emmener jusquÕau nouveau Mr Bricolage.

Cheminement sans encombre, une heure plus tard nous sommes sur le grand stationnement presque vide - car le magasin nouveau est encore peu connu et frŽquentŽ Š et nous lanons dans lÕexploration des allŽes, ˆ la recherche des diffŽrents produits susceptibles de nous aider ˆ amŽliorer lÕamŽnagement de notre home. On ne retrouve pas la variŽtŽ des marchandises disponibles en Europe, mais la qualitŽ plut™t correcte, mme si les prix se rapprochent beaucoup de ceux de la FranceÉ Plusieurs aller-retours sont nŽcessaires pour prendre les mesures et sÕassurer de la pertinence de tel ou tel achat, et le soir tombe lorsque nous reprenons enfin le chemin de Dar Bouazza. TraversŽe Žpique de Bouskoura, trs encombrŽe par des souks dŽbordants sur les trottoirs et une quantitŽ de carrioles attelŽes ˆ des mulets qui servent de Ē petits taxis Č Žconomiques aux gens de la rŽgion, le tout dans une obscuritŽ ˆ peu prs totale. Enfin nous atteignons la maison de Moha au bord de lÕOcŽan et recevons dans le grand salon lÕaccueil chaleureux de toute la famille rŽunie. Nous partageons avec tous le souper de la Saint-Sylvestre.

En fin de soirŽe, rŽveillon au champagne avec Ahmed, AbdelÕhak et Mokhtar dans le camping-car stationnŽ sur la plage au-dessus des gros rouleaux de lÕAtlantique. Coucher tardif et en sŽcuritŽ dans le champ en arrire de la maison.

9 412 Dimanche 1er janvier 2006 : DAR BOUAZZA (0 km)

JournŽe tranquille de repos et de rŽcupŽration. Je bricole et pose des tablettes dans les placards, remonte de quelques centimtres la tringle de la penderie, Žtudie avec Monique les futurs amŽnagements souhaitables dans lÕExsis pour maximiser les espaces de rangement et leur accessibilitŽ. Nous convenons de gŽnŽraliser lÕinstallation de tiroirs dans tous les espaces disponibles mais remettons ˆ plus tard leur fabrication, car ce travail de prŽcision requiert des outils et une habiletŽ que Toutou et son atelier nous offrent davantage que les ressources locales.

9 412 Lundi 2 janvier 2006 : BOUAZZA - CASA (50 km)

Lever tard encore une fois sous un beau ciel bleu qui sÕennuagera progressivement dans la journŽe. Bricolages en matinŽe : je rŽpare la fuite dŽtectŽe lors du plein du rŽservoir dÕeau propre dont la poignŽe de la vanne de vidange sÕest desserrŽe, puis commence lÕinstallation de la mise ˆ lÕair libre de la cassette des W-C.

Le manque dÕoutils adŽquat mÕoblige ˆ interrompre au moment du dŽjeuner en famille. Vers 14:00 nous partons enfin pour Casa dans lÕintention de consulter des dossiers au cadastre, mais la fermeture des bureaux de lÕadministration ˆ 15:30 nous amne ˆ reporter notre projet. Mokhtar nous accompagnera nŽanmoins dans la mŽtropole pour faire plusieurs courses (plomberie, cordelette, outils et visserie pour mes bricolages, barrettes de RAM et DVDs de Gad der Meleh au souk de Derb Ghalef (prononcer Derrbe Rralef). Retour pour le souper ˆ Dar Bouazza en soirŽe et balade nocturne avec les garons jusquՈ La Bobine o nous repŽrons 3 fourgons et camping-cars de surfeurs installŽs au bord de lÕeau pour la nuit.

9 462 Mardi 3 janvier 2006 : BOUAZZA - CASA (67 km)

Lever un peu plus t™t sous un beau soleil pour tre vers 10:30 devant le Cadastre de Casa. Mokhtar accompagne Monique tandis que je lÕattends dans le camion arrtŽ en zone interdite, vu lÕencombrementÉ JÕen profite pour mettre ˆ jour le journal. Aprs 2 heures dÕattente, Mokhtar et Monique reviennent pour annoncer quÕil faut maintenant aller consulter la Recette des imp™ts. Court dŽplacement pour apprendre que les documents recherchŽs ne se trouveraient pas ici mais au Cadastre dont nous sortonsÉ Retour ˆ la case dŽpart avant la fermeture ˆ 15:00. Nos deux enquteurs finissent par rencontrer un directeur de service avec lequel ils Žclaircissent la situation, sans pour autant obtenir copie de la quittance fiscale recherchŽe (et pour causeÉ). Nous allons dŽjeuner dans le beau Parc des Nations Unies, en plein centre ville, Žtonnant havre de verdure et de paix relative dans cette grande agglomŽration bruyante et polluŽe. Puis nous poursuivons nos courses en gagnant le souk de Derb Ghalef o Mokhtar va changer la barrette de RAM dŽfectueuse et chercher quelques vtements pour Sallah, le petit commis dÕAbdallah.

Sur le chemin du retour, nous continuons nos courses par un arrt au marchŽ trottoir dÕHay Hassani dont je parcours dans la nuit et dans la cohue les Žtals dŽbordant sur la rue, ˆ la recherche de DVDs ˆ bon prix. Spectacle colorŽ et authentiquement populaireÉ Finalement nous rentrons tardivement ˆ Dar Bouazza o nous passons la soirŽe en famille.

9 527 Mercredi 4 janvier 2006 : BOUAZZA

Trs belle journŽe passŽe au bord de la plage, au grand soleil devant les grosses vagues dŽferlantes sur lesquelles Mohktar se fait plaisir sur sa planche de surf pendant que jÕachve dÕinstaller lՎvacuateur dÕair de la cassette Thetford. Ė son retour 2 heures plus tard, nous dŽjeunons et fl‰nons un peu en profitant du temps et du paysage magnifiques. Puis nous nous attaquons au passage des fils de haut-parleurs dans la cellule et dans la cabine de lÕExsis. T‰che complexe et dŽlicate qui nous amne ˆ dŽmonter plusieurs parements, les ceintures de sŽcuritŽ, les marchepieds, etc. La nuit est tombŽe lorsque nous achevons le c™tŽ gauche, laissant ˆ demain la fin de lÕentreprise. Longue discussion avec Mohktar sur lÕidŽe dÕamŽnager le terrain de Moha en bordure de mer pour accueillir des camping-cars, idŽe reprise en soirŽe avec Mustapha et Ahmed, avant une premire approche de Moha. Coucher ˆ 23:00 dans le champ derrire la maison.

Jeudi 5 et Vendredi 6 janvier 2006 : DAR BOUAZZA

Je poursuis mes petits bricolages toute la journŽe du vendredi, et Youssef (copain de Mokhtar qui nous a vendu la radio) vient en soirŽe faire les branchements des c‰bles laborieusement passŽs.

Samedi 7 janvier 2006 : DAR BOUAZZA

Nous quittons assez t™t la maison pour aller passer la journŽe sur la plage des Tamaris, enfermŽs dans le camping-car pour rattraper le retard accumulŽ dans notre courrier. Le temps est trs venteux, il a dÕailleurs plu toute la nuit, et de grosses vagues dŽferlent bruyamment sur lÕOcŽan gris-vert couvert dՎcume. Le soir tombe lorsque nous revenons ˆ lՎpicerie dÕo Mokhtar nous guide jusquÕaux cybercafŽs du village pour expŽdier ˆ De Bargis, ˆ Henry, ˆ Gilles et ˆ Alain le fruit de nos cogitations.

Dimanche 8 janvier 2006 : DAR BOUAZZA

Le grand vent un peu frisquet a dŽgagŽ le ciel, nous rŽservant une autre magnifique journŽe qui commence tard, et se poursuit par un dŽjeuner pique-nique dans le jardin an compagnie dÕAbdelÕhak et dÕAhmed aujourdÕhui en congŽ. On en profite pour regarder les albums o les vieilles photos de la plage, de la Pointe et des Carrires intŽressent tout le monde. Lavage du linge accumulŽ, je passe les fils pour le futur systme dÕalarme et Mokhtar mÕaide ˆ replacer les parements de la cabine. En soirŽe Youssef vient achever le montage du combinŽ CD et du petit Žmetteur radio qui nous permettra de lire Žgalement des sources accessoires.

Lundi 9 janvier 2006: DAR BOUAZZA Š CASABLANCA

En compagnie de Mokhtar nous quittons assez t™t la maison de Moha pour aller ˆ Casa faire sortir un document ˆ la recette de lÕimp™t. Puis dŽjeuner sur la Grande Place au milieu des arbres, nouvelle dŽmarche de Monique pour rencontrer le fonctionnaire absent ce matin. Nous partons ensuite faire des courses en ville (diverses fournitures Žlectriques et de plomberie) sans grand succs, pour enfin terminer notre expŽdition au Marjane (Žpicerie et cadeaux pour les filles de la maison). Retour ˆ Bouazza ˆ la nuit tombŽe.

Mardi 10 janvier 2006 : DAR BOUAZZA

JournŽe tranquille et assez belle : ciel bleu en matinŽe avec passages nuageux en aprs-midi. Nous passons la matinŽe et lÕaprs-midi sur le stationnement de la Bobine, je travaille un peu sur les albums de Couty, Monique discute avec Mokhtar et ses amis surfeurs de lՎtat des lieux autrefois, montre des photos, raconte lÕhistoire du domaineÉ

Ė 17:00 Mokhtar et moi prenons la route de Hay Hassani o nous rŽcupŽrons Ahmed pour aller visiter le nouveau magasin de M.Bricolage. Excitation et Žtonnement des 2 garons devant lÕabondance et la diversitŽ des marchandises proposŽes. Ē Le Maroc change Č dit Ahmed qui a visitŽ avec moi le RŽno DŽp™t de MontrŽalÉ JÕy trouve quelques petites pices dՎlectricitŽ pour le camion, et y fait couper 2 autres tablettes de contre-plaquŽ.

Retour ˆ la nuit ˆ la maison pour un souper tardif en famille. Ahmed dŽballe la machine ˆ coudre quÕil a achetŽ pour Latifa, une petite industrielle toute en mŽtal fondu dont le poids garantit la durabilitŽÉ Coucher passŽ minuit dans le champ en arrire, aprs une autre longue sŽance de travail sur les photos de Couty.

9 724 Mercredi 11 janvier 2006 : de DAR BOUAZZA ˆ TANGER: jour de lÕA•t el Kebir (la Grande Fte, ou Fte du Mouton) (357 km)

Mme si la nuit a ŽtŽ fra”che, justifiant un coup de chauffage au coucher hier soir, le soleil est au rendez-vous lorsque nous Žmergeons ˆ 9:30. Moha est dŽjˆ en train dՎgorger 2 moutons, commŽmorant ainsi le sacrifice dÕAbraham, le Pre des Croyants, symbolique au cĻur de lÕA•t el Kebir (Ē La Grande Fte Č) dont lÕimportance semble Žgaler dans le calendrier musulman celle de notre No‘l. Monique va faire quelques plans vidŽo du dŽpeage des btes tandis que je reste dans le c.-c. ˆ faire un peu de rangement et de mŽnage. Puis je mÕattaque ˆ la suite de lÕextraction des photos des albums de Couty, jusquÕau repas pris dans la cour Š un 11 janvier ! - par toute la famille rassemblŽe pour lÕoccasion. Au : des brochettes de foie, auxquelles je ne fais que gožter, rebutŽ par le gožt prononcŽ de mouton. Monique et les autres convives semblent se dŽlecter et font bombance, sous le ciel bleu et dans le grand soleil, et malgrŽ un vent assez fort qui rafra”chit beaucoup lÕatmosphre. Ė la fin du repas je finis par en tre tellement frigorifiŽ que je bats retraite dans le camion pour achever au chaud la t‰che entreprise ce matin. Pendant ce temps Monique complte ses travaux de couture sur la nouvelle machine dont Ahmed a achevŽ le montage.

En fin dÕaprs-midi Ahmed et AbdelÕhak dŽcident de donner suite au projet de balade dans la rŽgion de Tanger. Nous prenons donc le gožter, je vide la cassette des W-C et fais le plein dÕeau, et nous voilˆ partis tous 4 en direction de Casa. La circulation y est incroyablement fluide, le congŽ de la Fte ayant vidŽ les rues de presque tout son trafic habituellement si intense. Nous sommes bient™t sur lÕautoroute et filons sans encombre dans la nuit vers le nord. Arrt dÕune petite heure pour dŽguster une fondue au fromage dont le gožt, un peu fort, semble surprendre nos h™tes. Puis au bout de ces 350 km parcourus rapidement, nous arrivons au cĻur de Tanger devant la plage. Ahmed et AbdelÕhak prennent une chambre au Ramada Inn tandis que nous dormirons dans le stationnement gardŽ de lÕh™tel. Coucher ˆ 0:55, sans pouvoir rejoindre par tŽlŽphone Juliette ˆ MontrŽal.

10 081 Jeudi 12 janvier 2006 : TANGER (37 km)

Nuit parfaitement tranquille, seulement troublŽe par le crŽpitement occasionnel de la pluie sur le toit. Aprs le petit-dŽjeuner tous les 4 dans lÕExsis, nous gagnons la place du Grand Socco, point de dŽpart de la balade dans la mŽdina proposŽe par le Guide Vert. Nous stationnons sans encombre sur la Rue dÕItalie et nous lanons dans le dŽdale des ruelles traversant la vieille ville. EntrŽe par la Porte de la Kasbah qui donne accs ˆ la ravissante Place du Tabor. Une ruelle longe le rempart jusquՈ lÕesplanade de Bab er Raha offrant une vue grandiose sur le dŽtroit et sur la c™te espagnole en face, un peu estompŽe dans la brume cependant. CÕest ensuite la Place de la Kasbah sur laquelle donne la faade du palais Dar el Makhzen. Franchissant Bab el-Assa nous redescendons ensuite par des ruelles de plus en plus commerantes (Rue hadj Mohammed Torres) - o Monique se risque ˆ quelques emplettes - jusquՈ la Grande MosquŽe et lÕesplanade de la Rue de la Marine dÕo lÕon a une vue rapprochŽe sur le bassin du port. Retour ˆ lÕExsis ensuite en traversant le Petit Socco.

Nous prenons alors la route du Cap Spartel pour aller pique-niquer sur lÕesplanade devant le phare. Vue Žtendue sur la rencontre quelque peu mouvementŽe entre la MŽditerranŽe et lÕAtlantique, avec au loin la ligne de la c™te andalouse en direction de Cadix. Il fait toujours beau, mme si un vent frais souffle assez fort pour inciter ˆ garder une petite laine. AbdelÕhak nous entra”ne ensuite jusquՈ la Grotte dÕHercule. Le site commercial est trop amŽnagŽ ˆ mon gožt, et de faon assez anarchique, mais les reliefs en creux dans la vaste salle de la grotte ouverte sur la mer valent le dŽplacement. Fl‰nerie ensuite au-dessus de la plage et de lÕimmense Žtendue dÕeau sur laquelle le soleil descend avant de dispara”tre en embrasant les nuages.

Nous reprenons la route de Tanger jusquՈ la piste menant aux antennes de Skouria. Le chemin est dŽfoncŽ mais lˆ-haut, au bout de quelques centaines de mtres de marche dans le maquis, vue superbe sur le dŽtroit traversŽ par plusieurs navires, dans le dŽbut du crŽpuscule. Nous repassons ensuite devant lÕentrŽe des palais royaux de la Montagne, puis allons prendre lÕapŽritif dans lÕExsis sur une esplanade en construction devant la plage et la mer, un peu avant le Casino. De retour au stationnement du Ramada, nous nous reposons un peu tandis quÕAbdelÕhak et Ahmed y prennent ˆ nouveau une chambre. Je reste seul ˆ relaxer et travailler sur les photos des albums de Couty tandis que Monique accompagne les 2 garons qui ont conviŽ un de leur cousin ˆ souper dans un restaurant. De retour autour de minuit, elle se couche fatiguŽe par notre journŽe de grand air; je poursuis encore un peu mon travail en nŽgligeant la rŽdaction du journal et gagne enfin le lit passŽ 1heure.

10118 Vendredi 13 janvier 2006 : de TANGER ˆ TETOUAN (124 km)

Il pleut ˆ nouveau durant la nuit, mais le ciel est presque compltement dŽgagŽ au matin. Nous sommes prts au dŽpart ˆ 9:30, AbdelÕhak nous rejoint ¾ dÕheure plus tard en nous avouant nÕavoir pu se libŽrer plus t™t des charmes de la doucheÉ Nous dŽcidons de profiter du beau temps pour suivre la magnifique c™te rifaine vers lÕest. Premier arrt au Cap Malabata qui offre une vue Žtendue sur la ville de Tanger, les montagnes qui lÕencadrent, lÕarrire-pays verdoyant et le dŽtroit. La c™te espagnole se devine avec un peu de difficultŽ ˆ cause de lÕhumiditŽ ambiante, et un nuage gris de pluie domine la rŽgions dÕAlgeciras.

Puis nous suivons le cours trs accidentŽ de la route en direction du nouveau port de Tanger MŽditerranŽe qui est en train de sortir de terre, au prix de travaux herculŽens nŽcessaires pour gagner lÕespace sur lÕeau et sur les collines tombant dans la mer. Beaux points de vue sur les flots bleus et les pentes verdoyantes semŽes de petites maisons blanchesÉ Nous contournons le Jbel Moussa, colonne dÕHercule c™tŽ africain, et tombons au dŽtour dÕun virage de la route en grands travaux dÕagrandissement, sur le beau site de Sebta (Ceuta) lovŽe autour du Monte Hecho. Nous Žviterons lÕentrŽe dans lÕenclave espagnole, craignant de perdre trop de temps en formalitŽs inutiles, et virons plut™t plein sud en direction de Tetouan. Plein dÕeau et de carburant dans la ville frontalire de FÕNideq. La route excellente longe la c™te ˆ travers une suite de rŽsidences et de petites stations balnŽaires plus ou moins luxueuses. Pique-nique devant le quai du joli port de pche de MÕdiq dont la tranquillitŽ due ˆ la fte surprend.

Nous sommes bient™t ˆ TŽtouan o, aprs quelques dŽtours, nous arrivons ˆ gagner une porte de la mŽdina en laissant lÕExsis stationnŽ dans une petite rue derrire la gare routire. Longue balade ensuite dans le dŽdale des ruelles, pleines de rŽminiscences architecturales andalouses et espagnoles, mais aussi souvent trs sales et dŽcrŽpitesÉ Nous nous rendons ainsi en suivant notre fantaisie jusquՈ la Porte du Cimetire (Bab MÕKabar), passant prs du souk des teinturiers puant et encombrŽ de peaux de moutons fra”chement dŽpecŽs suite ˆ lÕA•t Kebir.

Nous nous perdons ensuite en allant vers le nord-ouest et marchons longtemps dans des quartiers trs populaires, donc encore plus sales et pauvres, mais incroyablement vivants, surtout avec le dŽbut de la soirŽe. Nous finissons par atteindre Bab Tout et nous retrouvons dans la ville moderne, trs marquŽe par lÕoccupation espagnole encore rŽcente. La foule grouille dans les rues bordŽes de cafŽs, de p‰tisseries et autres boutiques dont beaucoup sont ouvertes dans la nuit. Nous empruntons lÕAvenue Mohammed V extraordinairement animŽe pour regagner enfin notre CC dans sa ruelle derrire la gare routire.  AbdelÕhak a ensuite quelques difficultŽs ˆ nous guider dans la ville trs animŽe jusquÕau grand parking o il nous a proposŽ de passer la nuit. Nous finissons par le trouver, ˆ deux pas de la porte qui nous a permis de sortir de la mŽdina une heure plus t™t. Nous nous y installons dans un coin tranquille, soupons tous les 4 avant que les 2 garons gagnent la chambre quÕil ont louŽe dans une pension ˆ quelque distance. Coucher peu avant minuit dans un calme parfait, sous une lŽgre pluie intermittente, en attendant vainement un appel de Juliette sur le cellulaire.

10 242    Samedi 14 janvier 2006 : de TETOUAN ˆ DAR BOUAZZA (429 km)

Pluie durant la nuit, mais aussi grand silence qui nous garantit un sommeil paisible. Ė 9:30 nous accueillons Ahmed et AbdelÕhak qui viennent partager notre petit-dŽjeuner. Nous quittons alors notre parking nocturne (cožt : 15 DH, soit 1,40 ŪÉ) pour prendre la route en direction de Larrache. Le ciel en partie dŽgagŽ donne toute leur valeur aux couleurs des collines autour de nous : vert vif des jeunes cŽrŽales, ocre rouge de la terre imbibŽe dÕeauÉ La route assez Žtroite serpente entre les pentes, en gŽnŽral assez large et en bon Žtat. Quelques pauses  photo devant des panoramas plus colorŽs ou plus vastes, et nous finissons par arriver au pied des ruines de Lixus, juste devant le fleuve Loukos qui Žtale ses mŽandres au pied des faades colorŽes de Larrache. Nous commenons par aller jusquՈ la plage, au bout de la petite route dŽfoncŽe longeant le cours de lÕoued, mais la pluie ne nous laisse gure profiter de son immense Žtendue sableuse, derrire un bois dÕeucalyptus.

Demi-tour jusquՈ la cl™ture rouillŽe supposŽe protŽger le site archŽologique dans lequel nous nous enfonons, Ahmed, AbdelÕhak et moi sous un ciel menaant, tandis que Monique prŽfre rester devant ses fourneaux ˆ prŽparer un tajine ˆ sa faon. Les ruines sont suffisamment lisibles pour Žvoquer lÕimportance de lՎtablissement remontant au XIIme sicle av. JC, et avec lÕaide du Guide vert, on reconna”t aisŽment les vastes cuves servant ˆ la conserverie de poisson, les restes des thermes et, un peu plus haut, de lÕamphithŽ‰tre et de la basilique. Sur la crte de la colline, lÕacropole domine la vallŽe du Loukos en un superbe panorama portant jusquՈ la mer. De nombreuses ruines parsment le sommet, autour de la cella vožtŽe du grand temple et de lÕenceinte de lÕoratoire. Errant ˆ travers les soubassements des murs et les fouilles encore en cours, nous redescendons la colline ˆ pic jusquÕau CC o Monique nous a prŽparŽ un solide casse-crožte. Puis, dans le soir qui descend, nous suivons un moment la route c™tire, nous Žgarant dans la nuit sur une horrible piste quÕil faut suivre longtemps en longeant lÕautoroute. Au milieu des ornires que les dernires pluies ont remplies dÕeau et de boue, c™toyant les autochtones qui ˆ pied, ˆ dos dՉne, ou en 4 x 4 de tous ‰ges t‰chent de se dŽplacer sur ce chemin mŽdiŽval, nous finissons par rallier un carrefour avec accs ˆ lÕautoroute. En quelques secondes nous changeons de sicle et de vitesse, et rentrons en tout confort et ˆ vitesse normale ˆ Casa puis ˆ Bouazza. Tardif souper en famille puis coucher dans le champ derrire la maison.

10 671    Du dimanche 15 au lundi 23 janvier 2006 : DAR BOUAZZA

Suite du train-train habituel avec ses aller-retours ˆ Casa pour des dŽmarches et des courses. Nous allons accueillir Mathieu le samedi 21 janvier ˆ 6:55 ˆ lÕaŽroport Mohammed V (coucher le soir prŽcŽdent sur le parking de lÕaŽroport avec Mokhtar ˆ bord).

Mardi 24 janvier 2006 : de DAR BOUAZZA ˆ EL JADIDA

Courses ˆ Casa avec Mathieu et Mokhtar: Derb Ghalef (DVDs, chargeur de piles, lunettes de Monique, vtements pour MathieuÉ) puis cyber prs de la sociŽtŽ de Mokhtar : Monique parle longuement sur Skype avec De Bargis qui semble peu motivŽ ˆ venir travailler avec elle sur les dossiers en souffrance. Nous finissons par dŽcoller en compagnie de Mathieu pour un grand tour dans le Sud.

Laissant Mokhtar ˆ Hay Hassani, nous prenons la route dÕEl Jadida vers 16:30. Long arrt au Marjane pour faire le plein dՎpicerie, puis quelques errements dans lÕobscuritŽ pour gagner ensuite Mr. Bricolage o je fais peu dÕachat : prix ŽlevŽ et choix limitŽ des matŽriaux. Un bout de route N 1 pŽnible dans la nuit (vŽlos sur la chaussŽe en fort mauvais Žtat, trafic important) avant de trouver un panneau indiquant lÕautoroute. Nous avanons alors au maximum (140 km/h) sur une voie presque dŽserte, mais lÕautoroute sÕinterrompt ˆ une vingtaine de km dÕEl Jadida. Fin dÕitinŽraire tranquille, jusquՈ la grande plage ˆ lÕentrŽe de la ville. Nous allons nous installer pour la nuit prs de lÕH™tel Ibis, en bord de mer, ˆ c™tŽ dÕune trentaine dÕautres CC au bivouac. Snack rapide, puis lecture du courrier chargŽ par Mathieu cet aprs-midi pendant que Monique sÕendort et que Mathieu regarde un film sur le lecteur DVD.

11 202 Mercredi 25 janvier 2006 : dÕEL JADIDA ˆ HAD-DRA (Essaouira) (265 km)

Il pleut toute la journŽe, avec quelques rares Žclaircies. Nous dŽmarrons ˆ peu prs les derniers de la trentaine de CC stationnŽs devant lÕh™tel en bord de mer, sous une pluie fine qui nous dissuade de faire le tour prŽvu sur lÕimmense plage de sable blond. Arrt quelques centaines de mtres plus loin, sur la place devant la citadelle de Mazagan, maintenant au centre de la ville dÕEl Jadida (Ē la nouvelle Č) pour une visite rapide sous un ciel gris et menaant pluie, histoire de faire conna”tre ˆ Mathieu lÕambiance Žtonnante de lÕantique citerne portugaise. Tour rapide sur les remparts, puis reprise de la route c™tire.

Quelques beaux paysages maritimes, trop souvent humides et embrumŽs. Le site enchanteur de Oualidia mŽrite un long arrt, mais il pleut sur la lagune, et un vent violent mlŽ dÕaverses nous amne ˆ nous rŽfugier ˆ lÕintŽrieur de notre Exsis secouŽ par les rafales. DŽjeuner confortable, avant un tour des rues bordŽes de villas coquettes mais pleines dÕimmenses flaques dÕeauÉ

En milieu dÕaprs-midi nous reprenons la route c™tire qui court sur la crte des falaises dominant lÕOcŽan. Elle nous offre quelques beaux paysages de rocs et dÕeau, et de vastes vues sur la plate-forme c™tire intensivement cultivŽe (mara”chers). Nous passons le Cap Bedouza sous les averses et atteignons enfin Safi, grosse ville portuaire dont les anciens remparts ont maintenant ŽtŽ bien remis en Žtat. Mathieu manifestant fort peu dÕintŽrt pour le quartier des potiers, nous passons sans arrter et, dans le soir qui tombe, enfilons la route vers Essaouira ˆ plus dÕune centaine de kilomtres. La chaussŽe est en gŽnŽral assez bonne et les kilomtres dŽfilent jusquՈ ce que, fatiguŽs et un peu stressŽs par la prŽsence toujours possible dÕobstacles sur la route (carrioles non ŽclairŽes, piŽtons, animaux, bicyclettes voire mobylettesÉ), nous dŽcidions de nous arrter dans un village propre et bien ŽclairŽ, ˆ une trentaine de km avant Essaouira. La pluie redouble pendant notre souper. SoirŽe tranquille sur notre placette, devant un b‰timent public signalŽ par un drapeau, ŽclairŽ et gardŽ. Monique fait un peu de couture tandis que Mathieu Žtudie son arabe dans son manuel. De mon c™tŽ je continue de mettre de lÕordre dans les photos scannŽes ˆ Couty. Extinction de feux ˆ minuit et demi, dans un silence maintenant ˆ peu prs absolu.

11 467 Jeudi 26 janvier 2006: de HAD-DRA ˆ TAMANAR (97 km)

Beaucoup de pluie durant la nuit, qui se poursuivra sous forme de violentes averses tout au long de la journŽe. Nous avons en fait passŽ la nuit devant le ca•dat de la rŽgion, mÕapprend un fonctionnaire aimable qui mÕaccueille ˆ ma sortie du camion (premier levŽ). Rien de tel pour avoir la paix, me recommande-t-il pour la suite de notre voyage. Le ciel bouchŽ nous empche dÕapercevoir le site dÕEssaouira lorsque nous atteignons le belvŽdre quelques kilomtres au-dessus, et lÕon patauge dans dÕimmenses flaques au moment de stationner dans le parking prs du port de pche au pied des remparts. Plein dÕeau ˆ la grande station Afriquia ˆ lÕentrŽe de la ville moderne, puis balade dÕabord du c™tŽ de la Porte de la Mer, devant les rŽcifs sur lesquels sՎcrasent en gerbes jaillissantes les Žnormes lames de lÕAtlantique rougies par lÕeau des oueds en crue. Photos des mouettes prs des barques bleues ŽchouŽes dans la darse puis marche dans la venelle Žtroite dominŽe par le rempart. Monique et Mathieu se laissent attirer par les innombrables boutiques dÕartisanat particulirement bien fournies dans cette ville hautement touristique.

Ayant dŽjˆ bien examinŽ la production locale lÕan passŽ, je me lasse vite de ce passe-temps et prŽfre gagner directement la skala[3] de la ville dÕo la vue sur la mer agitŽe est tout ˆ fait spectaculaire. JÕy passe un bon moment ˆ observer les vagues formidable venant exploser sur les rochers au pied du rempart, avec les ”les de Mogador en arrire-plan. Ciel orageux, eau teintŽe dÕocre, vaste Žtendue laiteuse dՎcume et mouvante sous mes pieds, juste ˆ lÕaplomb de la bouche des gros canons de bonze pointŽs vers le largeÉ La figure humide dÕembruns, je finis par abandonner le spectacle fascinant, explore un peu les boutiques du quartier pour retrouver enfin mes 2 chineurs en train de se faire offrir le thŽ par un marchand dans son ŽchoppeÉ Las de lÕagitation mercantile qui semble rŽgner ici un peu partout, je regagne lÕExsis dans le parking o sÕentassent plus dÕune trentaine de campings cars, casse la crožte et me remets ˆ mes travaux photos sur mon ordi en Žcoutant de la musique. Quelques averses violentes de temps ˆ autre, jusquÕau retour de Monique et Mathieu ravis de leurs trouvailles. Ils se restaurent ˆ leur tour, avant dÕaller complŽter leurs achatsÉ

Nous dŽcollons enfin passŽ 17:00, sous une Žclaircie et alors que la lumire commence dŽjˆ ˆ diminuer. Je roule pendant presque 2 heures sur une route assez belle au milieu de collines couvertes dÕarganiers et dÕoliviers, regrettant lÕobscuritŽ et le mauvais temps qui nous empchent de jouir du paysage pittoresque. En revanche la chaussŽe est assez grossirement asphaltŽe, et les virages serrŽs se suivent sans interruption. Le stress de la conduite dans le crŽpuscule puis dans la nuit me fait bient™t abandonner la partie, et nous nous arrtons au bout dÕune soixantaine de kilomtre dans la bourgade de Tamanar, sur le stationnement de la coopŽrative dÕhuile dÕargane, juste devant le poste de la Gendarmerie royale. Souper dÕun tajine ˆ lÕautruche improvisŽ par Monique, puis Mathieu planifie la suite du voyage tandis que je me remets aux photos. Coucher t™t ˆ 22:30 en prŽvoyant un dŽpart matinal demain.

11 564 Vendredi 27 janvier 2006 : de TAMANAR ˆ I-MIN-TANOUTE (272 km)

Pluie diluvienne pendant presque toute la nuit, qui nous vaut une sŽrieuse inondation dans la douche, faute dÕavoir correctement scellŽ le nouveau ventilateur avant le dŽpartÉ Notre lever t™t (7:15) nous permet dՐtre sur la route peu aprs 8:00. Celle-ci, trs vallonnŽe, continue de traverser une campagne dŽserte o les pentes de terre rouge sont parsemŽes dÕarganiers. Ė force de virages et de montŽes/descentes nous finissons par rattraper la c™te. DՎnormes vagues roulent et sŌŽcrasent sur la grve, leur crte sÕeffilochant en Žcume sous la force du vent de terre, tandis que les rafales secouent le camion. De plus le problme de carburation rŽparŽ il y a 5 jours ˆ Casa a rŽapparu, faisant hoqueter le moteur qui le plus souvent ne roule que sur 3 cylindres. En passant ˆ Taghazoute, presque plus aucun camping-car sur le vaste terrain maintenant isolŽ de la route par un fossŽ et o ont fleuri quelques panneaux : Campement interditÉ seuls quelques rustiques fourgons de surfeurs dispersŽs sur les falaises osent enfreindre lÕinterdiction.

Nous traversons Agadir sans nous arrter autrement que pour demander le chemin du garage Fiat. JÕy fais diagnostiquer et rŽparer le pb : dŽfectuositŽ et solution identiques : un mauvais contact dans la prise dÕalimentation Žlectrique du 2me injecteur Žlectronique. On mÕassure que cette fois le problme est dŽfinitivement rŽglŽ, et que je nÕaurai plus ˆ mÕen prŽoccuper. On verra ! Avant de repartir, je dois insister auprs du directeur du garage et sortir les documents pour faire accepter la prise en charge de la rŽparation sous garantie (facture de 250 DH pour diagnostic et bricolageÉ).

Nous retournons au centre dÕAgadir pour envoyer notre courrier Internet, acheter des mŽdicaments pour Mathieu qui souffre dÕun aphte douloureux dans la bouche, et chercher un dictionnaire arabe-franaisÉ DŽjeuner dans le parc prs de lÕinformation touristique o Mathieu obtient une carte pour trouver une librairie plut™t rare ici, les boutiques de vtements et de chaussures se succŽdant le long des trottoirs...

Puis, inquiets de lÕinondation de lÕarrire de lÕExsis qui devient prŽoccupante aprs la pluie battante que nous avons essuyŽe, nous dŽcidons de sceller le lanterneau avec du ruban dÕaluminium adhŽsif. Profitant dÕune accalmie, je stationne sous un Žnorme caoutchouc dans lequel grimpe Mathieu. Il dŽpose lÕaccessoire, essuie toutes les parties et assche le toit avant de le fixer consciencieusement en colmatant toutes les fentes par lesquelles sÕinfiltrait lÕeau. Une autre bonne chose de faite, en attendant une fixation et une ŽtanchŽification dŽfinitive avec du mastic/colle Sikaflex !

Comme la mŽtŽo consultŽe dans le cybercafŽ laisse prŽvoir un temps bouchŽ et pluvieux sur tout le pays durant les 3 prochains jours, nous renonons ˆ descendre plus au sud et dŽcidons de rejoindre plut™t Marrakech. Aprs un appel ˆ Ahmed et Mokhtar pour les inviter ˆ nous rejoindre lˆ-bas demain matin, nous finissons par dŽgoter la librairie o Mathieu trouve son dictionnaire, et prenons la direction de Marrakech. Route de montagne tortueuse, dont la chaussŽe le plus souvent en mauvais Žtat supporte un flux presque ininterrompus de vieux camions surchargŽs et poussifs. Notre progression en est trs ralentie, et le temps bouchŽ permet ˆ peine dÕadmirer le paysage pourtant pittoresque : pentes caillouteuses allant du rose au rouge bordeaux, semŽes de touffes dÕarganiers ou parfois dÕoliviers, entrecoupŽes dÕoueds o coule en abondance une Žpaisse eau jaun‰tre ou rosŽeÉ  La pluie intermittente gne la visibilitŽ et rend la chaussŽe glissante. Nous aurons donc ˆ peine parcouru 120 des 200 Km qui nous sŽparent de Marrakech lorsque tombe la nuit vers 19:00.

Nous arrtons dans le premier village important venu, en cherchant les b‰timents du Quartier administratif, pour aboutir devant le ca•dat et la station de pompier (Protection civile). Grand parking, circulation trs rŽduite, nous plaons le camion de niveau, fermons tous les stores et nous prŽparons ˆ une soirŽe tranquille en Žtudiant quelques pages dÕarabe et en regardant un film (Mathieu), prenant des notes dans les dossiers (Monique) ou avanant encore un peu la mise au propre des albums de photos numŽrisŽes. Aprs le souper, je poursuis en Žcrivant le journal dans la grande rumeur du vent qui souffle en tempte tandis que Mathieu et Monique sÕendorment. Coucher ˆ minuit et demi sous la pluie qui se poursuitÉ.

11 836 Samedi 28 janvier 2006 : deI-MIN-TANOUTE ˆ MARRAKECH (131 km)

Toute la nuit lÕeau du ciel nÕa cessŽ de tambouriner sur le toit et de sÕinfiltrer dans la douche par une petite fuite mal bouchŽe hierÉ Comme dÕhabitude je suis le premier levŽ (ˆ 8:30) et rŽussis ˆ mettre tout le monde sur la route pour 9:15. Nous sommes au bout de la section montagneuse de la nationale, et celle-ci file maintenant droite et plate ˆ travers la plaine. En revanche lÕimportant trafic de camions et lՎtat dŽplorable de la chaussŽe obligent ˆ garder le pied lŽger, si bien quÕil nous faut presque 2 heures pour atteindre enfin les faubourgs de la grande mŽtropole du Sud.

Nous sommes surpris par les dŽveloppements considŽrables quÕaffiche lÕautrefois petite ville un peu endormie : partout de grandes avenues, une foule de magasins modernes, de grands immeubles de belle apparence dont les faades dŽclinent toutes les nuances de lÕocre rose. Par cellulaire nous nous donnons rendez-vous devant lÕAcima de Gueliz o Ahmed et Mokhtar nous rejoignent bient™t. Quelques courses dans la cohue puis nous allons pique-niquer sur le stationnement de la Menara, maintenant un beau parc parfaitement amŽnagŽ autour du bassin sur lequel on donne des spectacles son et lumireÉ Petit tour digestif du bassin sous le crachin, avant dÕaller stationner tout prs de la Place Djema El Fna. Je prŽfre rester seul ˆ me reposer et ˆ travailler dans le camion tandis que Monique, Mathieu et leurs deux complices partent ˆ la dŽcouverte du centre ville.

Ils en reviennent 2 heures plus tard, enchantŽs dÕavoir pu parcourir la cŽlbre place maintenant beaucoup plus propre et organisŽe, tout comme le souk voisin. Gožter au chaud dans le camping-car, avant de se mettre ˆ la recherche dÕun stationnement tranquille pour la nuit, Aprs un premier essai dŽcevant (sale et cher ˆ 50 DH), nous nous retrouvons sur celui en avant de lÕH™tel Mamounia, dans un quartier beaucoup plus propre et agrŽable. Pour 30 DH nous y installons notre bivouac. Les jeunes nous quittent bient™t pour sortir dans des boites connues de nos amis marocains. Monique et moi examinons plut™t les photos dont jÕachve enfin la mise au propre, nous soupons, jÕenregistre quelques CD de .mp3 ˆ partir des DVD apportŽs de MontrŽal, et nous nous couchons dans le grand silence autour de minuit, sans quÕait repris la pluie qui sÕest interrompue en soirŽe.

11 967 Dimanche 29 janvier 2006 : de MARRAKECH ˆ SIDI-BOU-OTHMANE (34 km)

Grand soleil au rŽveil, notre moral en est tout remontŽÉ Nous profitons de ce que Mathieu soit restŽ coucher ˆ lÕh™tel avec ses compres Ahmed et Mokhtar pour faire la grasse matinŽe jusque vers 10:00. Je vide les eaux grises dans le caniveau central et fais le plein dÕeau fra”che sur le robinet destinŽ ˆ abreuver les chevaux des calches qui attendent le client devant la Mamounia voisine. Nous avons Žgalement le temps de faire le tour de la Koutoubia et de son joli jardin paysager mettant bien en valeur lÕadmirable minaret auquel une soigneuse restauration (UNESCO) a redonnŽ toute son allure.

Enfin nos trois lascars finissent par arriver, en assez bonne forme malgrŽ leur coucher tardif aux petites heuresÉ Nous dŽcidons dÕaller visiter ensemble le Palais de la Bahia. Et nous voilˆ partis pour une longue balade dans lÕair frais, en fl‰nant un peu au passage dans un souk riche en couleurs et en odeurs. LÕagitation habituelle des rues contraste avec la paix rŽgnant entre les murs de la vaste demeure patricienne. Les dŽcors de zelliges (sols, murs) et de cdre sculptŽ et peint (plafonds, portes) font oublier la nuditŽ des grandes pices qui ont perdu leur mobilier, leurs tentures et leurs tapis. Le plus beau de cette rŽsidence princire, ŽdifiŽe par Ba Ahmed, le grand vizir dÕAbdelaziz, et ocupŽe plus tard par Lyautey qui en fit sa RŽsidence ˆ Marrakech, reste cependant les deux admirables jardins clos aux massifs luxuriants, mme durant cette saison froide.

Le soleil dispara”t pendant notre promenade ˆ travers salles et cours, et un petit vent frais nous accueille ˆ la sortie du palais. JÕen suis bient™t transi et me h‰te de regagner lÕabri chauffŽ de notre Exsis. Monique nous sert une collation revigorante avant de nous entra”ner, Mokhtar et moi, jusquՈ la Maison du tourisme pour consulter les guides et t‰cher de retrouver la rŽsidence occupŽe par Gabriel Veyre lors de son sŽjour initial au Maroc, lorsquÕen 1901 il dŽbarqua ˆ Mazagan et rejoignit ici le jeune sultan. Las, le bureau est fermŽ en ce dimanche aprs-midi, il faudrait revenir demainÉ Nous hŽlons de nouveau un Petit taxi, Monique fait quelques courses et nous regagnons le camion.

Ahmed et Mathieu nous y rejoignent aprs un autre tour dans les souks, et nous faisons nos adieux ˆ nos deux amis qui reprennent la route de Casa sous la pluie recrudescente. De notre c™tŽ, nous discutons un moment de la suite ˆ donner ˆ notre pŽriple, laissant finalement le choix ˆ Mathieu. Celui-ci dŽcide de consacrer le reste de son sŽjour ˆ la mŽtropole et laisse les excursions dans le dŽsert (Gorge du Draa, Merzouga, Grand SudÉ) pour une autre fois. Nous prenons donc la route vers 18:00, avec le projet dÕaller dormir dans le premier village venu sur la grande route, ˆ lÕextŽrieur de Marrakech. Sous la pluie qui sÕest maintenant Žtablie pour de bon et dans lÕobscuritŽ, nous devons affronter une circulation chargŽe sur la nationale en grand besoin dՐtre doublŽe par lÕautoroute en construction. Beaucoup de camions sur cette grande artre du Maroc, dont un Mitsubishi probablement surchargŽ comme tant dÕautre, qui g”t sur le c™tŽ en travers de la moitiŽ de la routeÉ Deux kilomtres plus loin, repŽrant une grande place dŽgagŽe et ŽclairŽe prs de la Gendarmerie, nous y Žtablissons notre bivouac pour la nuit, soupons et passons la soirŽe ˆ regarder sur lÕordi le spectacle de lÕhumoriste marocain Gad El Meleh Ē DŽcalages Č. Coucher passŽ minuit.

12 001 Lundi 30 janvier 2006 : de SIDI-BOU-OTHMANE ˆ DAR BOUAZZA (240 km)

Le bruit de la grande route toute proche nÕaura pas trop dŽrangŽ notre sommeil, et cÕest plut™t le va-et-vient du souk campagnard autour de nous qui nous rŽveille passŽ 8:00. Nous tra”nons un peu, allons faire quelques vues pittoresques du marchŽ en plein air avant de reprendre notre longue route vers le nord. Si son tracŽ assez rectiligne est dans lÕensemble assez correct, lՎtat de la chaussŽe va de lÕacceptable au franchement dŽtestable, si bien quÕil nous faut plus de 2 heures pour atteindre enfin ˆ Settat lÕautoroute, excellente quant ˆ elle, qui nous amne en fin dÕaprs-midi dans les faubourgs de Casa.

Nous profitons de la proximitŽ pour passer au Marjane refaire le plein dՎpicerie (et de vin !) avant de contourner sans encombre la mŽtropole jusquՈ Hay Hassani o nous laissons Mathieu que rejoint bient™t Mokhtar pour une joyeuse soirŽe en ville. De notre c™tŽ nous reprenons le chemin de Dar Bouazza et allons souper sur la route de bord de mer, devant la plage dŽcouverte par la marŽe basse. Brve soirŽe ensuite chez Moha avant de retrouver notre site habituel dans le champ derrire la maison. Monique sort alors un autre album de photos familiales dont nous numŽrisons intŽgralement les 31 pages jusque passŽ 1:00. Coucher fatiguŽ par cette longue journŽe de route et de travail.

12 241 Mardi 31 janvier 2006 : DAR BOUAZZA

Enfin le grand ciel bleu et le soleil au rŽveil ! Il semble bien que la vague de mauvais temps soit passŽe et que nous ayons enfin retrouvŽ la clartŽ et la douce tempŽrature qui font le charme du Maroc en cette saison. JÕen profite pour laver le camion tout couvert de terre rouge par notre pŽriple humide, puis mÕattaque ˆ la fin de la pose du lanterneau motorisŽ de la douche. DŽlicat passage des fils dans lՎpaisseur du toit, prŽ c‰blage de la camŽra de recul, collage de lÕappareil avec le Sikaflex dont je garderai plusieurs jours les traces noir‰tres sur les doigtsÉ Mathieu et Ahmed rentrent de Casa en fin dÕaprs-midi; le fiston dŽmŽnage dans le studio que Mokhtar, toujours aussi actif et serviable, lui a trouvŽ dans une villa voisine.

Le soir tombe et le vent frais du large se lve lorsque je termine mon travail par lÕajustage et la fixation du cache intŽrieur. Souper en famille en lÕabsence des garons partis fter. Je complte le journal tandis que Monique achve le rangement de notre petit logement et planifie lÕorganisation des placards et autres rangements. JusquՈ 2:00 ensuite, long travail de mise en ordre des photos du Centre balnŽaire.

Mercredi 1er fŽvrier 2006 : DAR BOUAZZA - CASA - DAR BOUAZZA (53 km)

Lever tard, sous le soleil, avec une lŽgre migraine causŽe par le vent froid dÕhier soir. Rangement et bricoles jusquՈ 13:00, pour aller ensuite chercher Mathieu toujours endormi et non joignable dans la petite maison quÕil a louŽ prs du port.

DŽjeuner en famille, puis courses ˆ Casa : Monique et Mokhtar se lancent dans de longues dŽmarches auprs de Maroc TŽlŽcom pour obtenir une ligne tŽlŽphonique fixe et un branchement ADSL dans la maison de Moha. Puis nous passons ˆ Derb Ghalef chez Youssef pour commander une camŽra de recul et un petit Žcran LCD ˆ placer derrire le pare-soleil. Je souffre beaucoup de ma migraine qui sÕest accentuŽe, ˆ laquelle sÕajoute lÕinconfort causŽ par la pollution urbaine. Nous finissons par passer au cyber cafŽ prŽfŽrŽ de Mokhtar relever nos courriels, avant de laisser les 2 garons passer la soirŽe ˆ Casa o Ahmed les rejoindra un peu plus tard.

Retour ˆ Bouazza pour aller souper sur la terrasse de Rock Baie. En soirŽe jÕachve la mise en ordre de lÕalbum de photos en cours tandis que Monique amŽnage le petit bureau prtŽ par Moha. Coucher ˆ minuit et demi dans le champ derrire la maison.

12 294 Jeudi 2 fŽvrier 2006 : DAR BOUAZZA

En soirŽe crise de fivre (insolation ?) de Mathieu qui dort avec nous au chaud dans le camping-car.

Vendredi 3 fŽvrier 2006 : DAR BOUAZZA

R.ˆ.s.

Samedi 4 fŽvrier 2006 : DAR BOUAZZA

JournŽe en grande partie consacrŽe ˆ la rŽparation, la consolidation et lÕagrandissement du tiroir ˆ chaussures. Mathieu, ˆ nouveau en forme, rŽcupre et passe lÕaprs-midi avec sa copine rencontrŽe au Marjane de Casa. Monique parachve lÕinstallation de son bureau (tapis, parements muraux en paille isolante, meublesÉ).

Dimanche 5 fŽvrier 2006 : DAR BOUAZZA Š CASA - DAR BOUAZZA

Aprs lever un peu tardif et rŽcupŽration de Mathieu qui libre la petite maison louŽe pour lÕoccasion, mise en ordre de lÕintŽrieur du CC, gravure de ses photos et rangement de ses affaires dans son gros sac ˆ dos rouge. Puis nous gagnons lÕaŽroport de Mohammed V en compagnie dÕAhmed pour laisser notre fils vers 14:00.

Retour vers Casa o nous laissons son amie venue lui faire ses adieux en notre compagnie, lorsque nous recevons un appel de Abderrahim Hozal, le traducteur du livre de Veyre, qui, de passage ˆ Casa au retour du Caire, souhaite nous rencontrer. Nous passons le prendre assez loin dans lÕest de la grande ville et allons dŽjeuner - tard Š avec lui au pied du phare dÕIn Diab, dans le grandiose paysage dŽjˆ apprŽciŽ en compagnie de Mokhtar. Les grosses vagues viennent se briser en une marŽe laiteuse sur les strates de rochers noirs, une brume lŽgre causŽes par les embruns dŽrive sur toute la c™te au sud, laissant apercevoir parcimonieusement au loin la pointe de Dar Bouazza.

DŽsireuse de partager avec lui lÕinformation dŽcouverte et approfondie depuis le dŽbut de notre sŽjour, et dÕasseoir davantage une collaboration avec lui, Monique lÕinvite ˆ nous accompagner jusquՈ son bureau. Retour ˆ Dar Bouazza quÕil ne conna”t pas, petite balade sur la plage et autour du Jack-BeachÉ avant dՐtre reu pour le thŽ par Moha, ce qui Žcourte la rencontre prŽvue et rendra nŽcessaire une autre rencontre de travail moins impromptue, convenue en fin de semaine prochaine. En soirŽe jÕachve de classer les photos de lÕalbum Bled-casbah.

12 506 Du lundi 6 fŽvrier au 4 mars 2006 : DAR BOUAZZA

Le mois tout entier passe en rŽsidence ˆ Dar Bouazza, avec de frŽquentes visites ˆ Casablanca, Monique pour continuer ses dŽmarches auprs des avocats, notaires et autres administrations, moi pour parcourir les kiosques des vendeurs de films DVD ˆ Derb Ghalef et t‰cher de faire avancer quelques rŽparations (scanner qui refuse de fonctionner normalement aprs dŽmontage pour nettoyage, charbons puis rectification du rotor du moteur de la machine ˆ laver des A•t Taleb, etc.).

MalgrŽ lÕassistance et la grande disponibilitŽ de Mokhtar, nos dŽmarches sont interminables et peu efficaces, tant lÕinorganisation, le manque de sŽrieux et le Ē bricolage Č rgnent partout ds quÕon veut atteindre un objectif prŽcis ici. Cela commence par le branchement tŽlŽphonique (qui ne fonctionne pas pendant les 2 premiers jours), puis par celui de lÕADSL pour lequel il faudra faire plus de 20 tŽlŽphones pendant une dizaine de jours avant dÕarriver ˆ obtenir une connexion fiable. Impossible de trouver ˆ lÕadresse indiquŽe dans lÕannuaire le sige de lÕimportateur Canon au Maroc qui finalement sÕavre inexistant, lÕimportateur Epson de son c™tŽ nÕimporte pas le modle de remplacement qui me convenaitÉ etc. Impossible aussi, malgrŽ lÕaide dÕAhmed, de dŽgoter un chaudronnier qui fabrique en aluminium les 2 rŽservoirs que je voudrais installer dans lÕExsis pour augmenter son autonomie. JÕattends toujours que Youssef trouve la camŽra Žtanche ˆ fixer ˆ lÕarrire du toit. Nous arrivons quand mme ˆ trouver un joli tissu dŽcoratif pour confectionner les rideaux du pare-brise et de la cellule

Je finis par tre exaspŽrŽ par tant dÕinefficacitŽ, dÕautant plus que pour Monique aussi les affaires avancent trs lentement malgrŽ quelques succs encourageants, comme la dŽcouverte des dossiers originaux de Gabriel Veyre chez lÕavocat et chez le notaire familial de Casablanca. La dŽfection de son avocat montrŽalais met la mesure ˆ son comble, puisque sans lui il para”t bien difficile dÕexploiter la somme dÕinformations dŽjˆ accumulŽes.

Au total beaucoup dÕaller et venues dans la pollution, lÕagitation et la circulation infernale de Casa que je supporte de moins en moins et qui finissent par me crŽer des irritations oculaires et bronchiques chroniques. Ė cela sÕajoute un temps frais et particulirement pluvieux cette annŽe nous causant ˆ tous deux un Žpisode grippal qui nous dŽrange sŽrieusement pendant plus dÕune semaine. Heureusement notre maison mobile sÕavre toujours aussi confortable et nous permet de conserver un abri au sec et au chaud durant cette pŽriode un peu pŽnible.

Aprs ce mois de sur-place sans grande rŽalisation intŽressante, je commence ˆ trouver le temps trs long et attends avec de plus en plus dÕimpatience le moment o nous partirons faire la grande virŽe prŽvue et commencŽe vers le Sud avec Mathieu mais interrompue ˆ cause du mauvais temps. JÕaccompagnerai donc Monique pour une dernire semaine de dŽmarches ˆ Rabat o elle veut rencontrer le traducteur Abderrahim Hozal, lÕarchiviste de la petite-fille dÕAbdelaziz et si possible la princesse elle-mme pour partager souvenirs, photos et Žventuellement prŽparer son livre ou une exposition. Puis je reviendrai ˆ Casa, avec ou sans elle si elle dŽsire poursuivre ses dŽmarches ˆ Rabat, pour prendre en compagnie de Mokhtar la direction de Layoune.

Samedi 4 mars 2006 : DAR BOUAZZA

Beau soleil aujourdÕhui. Houssine et Mariette, de passage ˆ Rabat pour le week-end, nous rejoignent devant lՎpicerie de Moha. Nous partons accompagnŽs de Mokhtar dŽjeuner dans le restaurant de Ouled Mersegue : tajine de poisson et calmar fritÉ Ils nous quittent vers 15:00 pour aller rendre visite au frre dÕHoussine ˆ Casa. SoirŽe tranquille.

13 680 Dimanche 5 mars 2006 : de DAR BOUAZZA ˆ RABAT (110 km)

Nous plions bagages, vidons les rŽservoirs et faisons le plein dÕeau pour prendre la route de Rabat en dŽbut dÕaprs-midi. Temps superbe et circulation assez calme. Rejoint au tŽlŽphone, Abderrahim se met ˆ notre disposition durant les prochains joursÉ Nous rejoignons Houssine et Mariette sur la plage de Temara pour une petite balade au-dessus des rochers devant le restaurant Miramar.

Puis nous les suivons ˆ leur appartement de Rabat dont ils nous remettent les clŽs pour la semaine ˆ venir. Le superbe appartement de 220 m2 sur la chic Rue du 16 novembre [4] sert surtout ˆ loger famille et amis de passageÉ Nous nous quittons en nous promettant de garder le contact, pour une Žventuelle randonnŽe dans le Sud ˆ partir de Marrakech o ils doivent rejoindre leur fille Majda ˆ la fin de la semaine prochaine. Dans la lumire dorŽe de la fin dÕaprs-midi nous traversons ensuite la ville pour aller dormir au camping de SalŽ. Tour des remparts de la vieille ville ˆ la recherche du terrain autrefois en bord de plage, maintenant cachŽ derrire un mur de bŽtonÉ Nous y pŽnŽtrons ˆ la nuit tombante et nous y installons. Lavage dÕune brassŽe de linge et coucher t™t au calme.

13 810 Lundi 6 mars 2006 : RABAT

Grand soleil au lever pour un premier rendez-vous avec notre ami Abderrahim que nous rejoignons ˆ 10:30 sur lÕAvenue Mohammed V devant la Chambre des ReprŽsentants. Pendant que je reste dans le CC ˆ travailler sur mon site web, Monique et Abderrahim vont rencontrer lÕarchiviste Kaddili, qui est absent de son bureau. Abderrahim nous quitte en dŽbut dÕaprs-midi pour ˆ un rendez-vous impromptu et urgent ˆ Casa. Un peu dŽsemparŽs, nous restons au centre de la capitale, en essayant de faire imprimer plusieurs documents sans trouver de boutique de tirage numŽrique fonctionnel. Monique de son c™tŽ tente en vain de rejoindre sa mre qui lui a envoyŽ une lettre reue ˆ la poste restante de Casa et que Mokhtar lui lit au tŽlŽphoneÉ Heureusement il fait beau et la pollution urbaine est ici nettement moins dŽrangeante quՈ Casa.

La journŽe sՎcoule ainsi sans grand rŽsultat, et nous finissons par rallier en soirŽe le camping de SalŽ. Il y a lˆ affluence de camping-cars, suite au grand rassemblement touristique organisŽ ˆ Marrakech. Nous rŽussissons malgrŽ tout ˆ trouver une petite place et un branchement alŽatoire au fond du terrain. Le courant sÕallume et sՎteint ˆ plusieurs reprises, je travaille un peu sur la page web du voyage au Pays de Galles (1994) pour me coucher passŽ minuit.

Mardi 7 mars 2006 : RABAT

Une autre journŽe belle mais dŽcevante : M. Kaddili est absent pour la journŽe car parti ˆ Casa lorsque Monique et Abderrahim se prŽsentent ˆ son bureau ˆ 10:30. Du coup Abderrahim prŽsente ˆ Monique lÕadjoint du directeur des archives royales, rencontrŽ dans un cafŽ, et ils le ramnent jusquÕau CC pour une longue discussion. Le personnage se prŽsente comme archiviste, historien, chercheur et professeur universitaire, et semble se montrer intŽressŽ par les documents concernant le rgne dÕAbdelaziz. Monique lui demande donc de vŽrifier dans les Archives royales la prŽsence du double du contrat de vente de Dar Bouazza pour en faire un fac-simile. Discussion un peu longue et confuse au bout de laquelle Monique sÕengage ˆ lui remettre une copie pour sa recherche. Me voilˆ donc parti en qute dÕun cyber pour obtenir un tirage numŽrique des documents. HŽlas le premier trouvŽ avec quelque peine sÕavre incapable dÕouvrir mes fichiers .pdf, le second est hors de prix, et je suis incapable de dŽgoter le 3me tant les indications de localisation sont vaguesÉ

Aprs le dŽpart de nos 2 protagonistes, je procde ˆ lÕimpression des dits documents sur ma petite imprimante, mais dois bient™t arrter, faute de papier. Suite ˆ notre appel, lÕarchiviste repasse en dŽbut dÕaprs-midi pour nous servir un discours confus o il nous explique quÕil ne comprend pas notre dŽmarche, quÕil ne travaille pas comme aÉ, etc. (demande dŽguisŽe de subsides ?). LÕaprs-midi passe ensuite calmement en attendant le passage dÕAbderrahim allŽ faire un tour ˆ son bureau. Bien quÕayant annoncŽ son retour pour 16:00, il finit par arriver ˆ 18:15É Inutile de dire mon bouillonnement dÕimpatience devant tout ce temps g‰chŽ, que jÕemploie faute de mieux ˆ refaire les pages contacts des photos extraites des albums de Couty.

Toujours stationnŽs devant le cafŽ Balima, nous voyons le soir descendre sur la ville et sur la grande avenue qui devient trs animŽe : une foule dans lÕensemble assez chic et ˆ la mode dŽfile sur le large trottoir et sous les arcades, au pied des grands palmiers joliment illuminŽs. Ė son retour, notre ami poursuit la discussion autour de nos recherches historiques et nous prend un dernier rendez-vous avec M.Kaddili pour demain ˆ 15:00. Monique hŽsite, je la convaincs dÕen finir avec ces dŽmarches pour retourner tranquilles ˆ Casa, quitte ˆ ce quÕelle revienne la semaine prochaine avec un rendez-vous pour rencontrer la princesse. Puis Abderrahim nous quitte brusquement en rŽponse ˆ un appel tŽlŽphonique pour une rencontre dÕune demi-heureÉ et revient passŽ 20:30 ! Nous avons eu le temps de souper et moi de terminer mes travaux informatiques. Nouvelle discussion en fin de compte trs sympathique. Il nous quitte ˆ 22:30 et nous reprenons le chemin du camping de SalŽ, encore une fois embouteillŽ, o nous trouvons une petite place au bord dÕune allŽe. Coucher peu aprs, fatiguŽs par cette autre frustrante journŽe dÕinaction.

13 828 Mercredi 8 mars 2006 : de RABAT ˆ DAR BOUAZZA

Magnifique ciel bleu ˆ notre rŽveil un peu tardif. Du coup Monique en profite pour faire la grasse matinŽe. Nous quittons notre camping passŽ 14:00, aprs mŽnage, tous pleins faits et bain de soleil pour madame. Rendez-vous devant le cafŽ Balima, avenue Mohammed V o nous rejoint Abderrahim qui part bient™t avec Monique au rendez-vous chez Kaddili.

Je profite de ses 2 heures dÕabsence pour achever les planches contacts des photos des albums de Couty. Deux heures plus tard, Monique revient fort dŽue de son entrevue : elle sÕest dŽroulŽe tout en arabe, surtout sous forme de monologue de la part de lÕarchiviste, et sans grand rŽsultat puisque la totalitŽ du matŽriel conservŽ par la famille dÕAbdelaziz aurait ŽtŽ transfŽrŽ dans les archives royalesÉ Nous dŽcidons de reprendre le chemin de Bouazza, en laissant au passage clŽs et plan de Rabat chez la voisine des Benchekroun. Route sans problme, mais jÕarrive fatiguŽ par la route et surtout par la pollution.

Jeudi 9 mars 2006 : DAR BOUAZZA-CASA-DAR BOUAZZA

DŽpart en fin de matinŽe pour Casa avec Mokhtar : nous dŽposons notre linge sale ˆ la buanderie dÕHay Hassani, faisons quelques courses ˆ Derb Ghalef (CD de musique arabe et Žchange de DVD, rŽparation de lÕimprimante de Mokhtar), revenons par Anfa o nous prenons Ahmed et rentrons ˆ la maison. En soirŽe back-up des photos de Couty.

Vendredi 10 mars 2006 : de DAR BOUAZZA ˆ OUALIDIA

Nous retournons ˆ Casa pour aller chercher ˆ la PrŽfecture notre prolongation de visa. Aprs une longue attente, Monique et Mokhtar ramnent un formulaire quÕelle remplira et reportera lundi. Photos dÕidentitŽ et courses au Acima du Twin Center, puis visite chez la mŽdecin Amal CHABACH ˆ Hay Hassani pour ordonnance et certificat mŽdical. Ė deux pas, nous rŽcupŽrons notre linge parfaitement lavŽ et repassŽ au pressing, puis revenons ˆ Dar Bouazza pour un dernier rangement dans le bureau avant de prendre la route, Mokhtar et moi, en laissant Monique au milieu de tout son bazar ŽtalŽ dans le bureau, en compagnie de Latifa et Meryam. Cadeau de dŽpart de Moha qui tient ˆ nous munir de provisions de bouche avant de nous enfoncer dans la BerbŽrie et nous glisse en partant 3 bananes pour nous soutenir jusquՈ LayouneÉ

Nous empruntons sans encombre la route c™tire qui, bien que dŽfoncŽe et encombrŽe, progresse tranquillement dans une campagne verte et riche jusquՈ Oualidia. Ė 20:30, nous allons bivouaquer tout au bout de la route devant la plage en contemplant les dernires lueurs dÕun superbe coucher de soleil.

14 211 Samedi 11 mars 2006 : de OUALIDIA ˆ SIDI KAOUKI (258 km)

Autre journŽe de magnifique temps ensoleillŽ. LevŽs vers 8:00, nous dŽcollons ˆ 9:00 aprs une nuit des plus paisibles. La route juchŽe sur la falaise longe la plate-forme c™tire transformŽe en prospres cultures mara”chres. Belles vues sur le damier des petits champs soigneusement cultivŽs et ceints de claies de roseaux sur fond dÕAtlantique azur, ourlŽ du blanc dŽferlement des grandes lames ocŽanes. La route presque dŽserte nÕest pas large mais dans lÕensemble la chaussŽe en bon Žtat permet de bien avancer. Peu avant le Cap Beddouza, une petite halte en haut des falaises c™tires offre quelques belles vues sur le chaos des roches effondrŽes. Nous contournons le phare pour descendre sur la plage que Mokhtar reconna”t tout ˆ fait propice au surf. Poursuite de la belle route de crte jusquÕau moderne port de pche de Safi dont on a une belle vue en arrivant depuis le belvŽdre de Sidi Bouzid. Nous ne visiterons pas la vieille ville mais allons en contempler le dŽveloppement entre ses murailles ˆ nos pieds depuis le petit belvŽdre dominant le cimetire de Biada, bien signalŽ dans le Guide Vert. Contournant ensuite le Qasr el Bahr (Ch‰teau de Mer) dont les murs trs restaurŽs surplombent lÕocŽan, nous poursuivons notre descente vers le Sud. Passent rapidement les puanteurs de lÕusine de produits chimiques de lÕOffice ChŽrifien des Phosphates ˆ quelques kilomtres en bord de mer, puis ˆ nouveau ce sont les falaises, les grandes dŽferlantes et lÕimmensitŽ bleue de lÕocŽan.

Nous quittons la grande route un peu plus loin pour aller pique-niquer dans les nouveaux lotissements tracŽs dans les dunes ˆ Souira Kedima. Il y fait chaud, comme en plein ŽtŽ. Mokhtar improvise une dŽlicieuse salade ˆ base dÕanchois et de haricots verts en bo”te que le petit blanc sec mis au frais ce matin fait passer en douceur, et nous voilˆ repartis en pleine forme une heure plus tard. Bref arrt sur le site de la grande kasbah de Hamidouch : cette place forte de Moulay Isma•l a dŽjˆ dž tre grandiose, malheureusement la plupart des grands murs ont croulŽ, ne restent que quelques arcades et pans de ruines qui donnent seulement une idŽe de la gloire passŽe du monument. La chaleur sÕaccentue ensuite sur la route qui file en direction dÕEssaouira, mŽnageant de beaux panoramas sur la campagne vallonnŽe ˆ lÕEst et sur les vastes Žtendues ocŽanes ˆ lÕOuest. La chaussŽe prŽsente de grandes sections compltement ruinŽes quÕil faut franchir au pas, dans le gravier l‰che, en zigzagant entre les nids-de-poule. La dernire partie du trajet vers Essaouira fait traverser une surprenante fort de petits rŽsineux qui Žtonne Mokhtar et me fait penser ˆ certains paysages de lÕAlaskaÉ

Du haut de la colline, depuis le petit belvŽdre gardŽ par un dromadaire en mal de touristes, la ville blanche se dŽploie dans la brume levŽe par les embruns. On devine mme avec les jumelles les 2 tours encadrant le port et la Porte de la Marine. Plein dÕeau et de gasoil en entrant, puis longue promenade ˆ pied nous menant de la skala du port ˆ celle de la ville en empruntant la ruelle longeant le rempart. En passant, coup dÕĻil admiratif de mon compagnon aux belles rŽalisations des ŽbŽnistes travaillant la racine de thuya dans la salle dÕexposition de la CoopŽrative. Puis nous coupons ˆ travers la ville par la rue La‰louj qui nous fait rattraper lÕAvenue de lÕIstiqlal, bordŽe des magasins typiques du souk marocain. Mokhtar en profite pour glaner ˆ droite et ˆ gauche de quoi concocter un dŽlicieux tajine dont il mÕa longuement parlŽ hier soir, lui attribuant une bonne part du succs de son restaurantÉ Une suite de scnes de rue mÕinspirent quelques photos, je lÕespre pittoresque, mais jÕhŽsite ˆ utiliser sous le nez des gens ma petite camŽra au zoom trop limitŽÉ

Fort satisfaits de ce premier contact avec cette ville attachante que jÕai pu faire dŽcouvrir ˆ notre ami, nous regagnons lÕExsis chargŽs de victuailles et reprenons la route dÕAgadir dans la lumire rougeoyante de la fin dÕaprs-midi. Dans lÕobscuritŽ grandissante, au milieu des collines parsemŽes dÕarganiers nous cherchons un moment lÕentrŽe de la petite route menant sur la c™te ˆ Sidi Kaouki, mais finissons par attraper son issue au sudÉ Retour donc vers le nord le long de la mer, dans une noirceur de plus en plus profonde, jusquՈ aller stationner devant le marabout en bord de plage, sous la protection du poste de police local.

14 469 Dimanche 12 mars 2006 : de SIDI KAOUKI ˆ IMOUZZER (des Ida Outananes)

Nuit tranquille devant lÕimmense plage dont la rumeur nous parvient un peu ŽtouffŽe. Ė mon rŽveil ˆ 7:30, plus aucune trace de la migraine qui mÕaffectait encore hier soir au coucher. La lumire claire et grandiose sur lÕimmense paysage stimule un lever rapide pour dŽcoller vers 8:15. Nous reprenons la route c™tire parcourue hier soir dans lÕobscuritŽ, cette fois dans le sens nord-sud, en admirant comme lÕan passŽ les vastes champs dÕarganiers entre la route et la mer. Rve dÕun domaine vierge comme le Dar Bouazza du dŽbut du sicleÉ

Ait Daoud : souk berbre typique de village de montagne avec tous ses ‰nes attendant en dessous dans le lit caillouteux de lÕoued et la foule grouillant entre les murs du marchŽÉ Sur la petite route descendant vers Imsouane, photos de chvres noires dans les arganiers. Puis arrt aprs un village en bord de la route de corniche trs haut au-dessus de lÕOcŽan brumeux pour inaugurer notre nouvelle thŽire achetŽe hier ˆ Essaouira.

Imsouane : dans le port de pche trs propre initiŽ par des Japonais, balade parmi les barques bleues et sur la plage de surf qui enchante Mokhtar. Il se promet dÕy revenir avec sa plancheÉ Nous faisons aussi quelques courses ˆ la coopŽrative : Mokhtar y choisit un authentique plat ˆ tajine en terre non vernissŽe et fait provision dÕun excellent pain plat. En remontant la falaise, panoramique grandiose sur le site dÕImsouane et sur la c™te au sud.

Puis la petite route serpente dans une campagne de collines roses piquetŽes dÕarganiers. Large vue sur lÕestuaire de lÕoued lorsque nous arrtons pour manger ˆ la sortie de Tamri (bananes), sous lÕombre rare dÕun eucalyptus. Mokhtar y prŽpare un superbe tajine avec ma modeste contribution ˆ lՎpluchage des lŽgumes. Festin et dŽpart ˆ 15:30.

En passant le Cap Rhir, bref arrt pour admirer un autre fameux spot de surf, puis petit dŽtour pour visiter lÕAtlantica Park : ce luxueux camping accueille surtout des retraitŽs de tous les coins dÕEurope venu passer lÕhiver au chaud dans leurs gros et luxueux CC.

Nous suivons la route c™tire jusquՈ Taghazoute lorsque je dŽcide de monter passer la nuit devant la RŽsidence ˆ Imouzzer, comme il y a 16 ans maintenant. Nous rebroussons donc chemin pour prendre la piste dÕAzmestas, mais faute dÕindications claires, nous bifurquons avant sur une autre piste partant dÕAghroud (km 25 au nord dÕAgadir) vers lÕintŽrieur. Cheminement trs lent dans un magnifique paysage, sur une route trs rocailleuse qui grimpe vivement dans la montagne. Au bout dÕune heure et de plus de 15 km, rencontre dÕun 4 x4 qui nous annonce encore une trentaine de km de piste en plus mauvais Žtat devant nousÉ Nous renonons ˆ poursuivre et faisons demi-tour. Le soir tombe lorsque nous achevons la descente qui nous ramne vers Taghazoute. Vue magnifique sur la c™te rocheuse et lÕocŽan bleutŽ qui sÕestompe dans la lueur dorŽe du couchantÉ

La circulation du dimanche soir est dense et un peu folle sur la grande route de corniche filant vers Agadir. Derechef ˆ Taghazoute, nous voilˆ enfilant la petite route qui zigzague au fond de la vallŽe en suivant le cours capricieux de lÕoued. Dans la lueur blanche des phares, on devine le foisonnement des palmiers et autres arbustes stimulŽ par la proximitŽ de lÕeau. LÕascension ˆ travers la montagne sÕavre interminable, malgrŽ le comportement allgre de lÕExsis qui avale imperturbablement les virages serrŽs voire les Žpingles ˆ cheveux ponctuant la route. Je dŽsespre dÕarriver enfin sur la place ombragŽe dont lÕimage reste prŽsente ˆ ma mŽmoire, mais je persŽvre, ne trouvant aucun autre spot favorable au bivouac. Enfin, les yeux irritŽs par la poussire de la piste de cet aprs-midi et par la fatigue, jÕatteins le village montagnard et peux enfin tourner la clŽ et serrer le frein ˆ lÕendroit prŽvu.

Silence et air pur, ciel magnifiquement ŽtoilŽ, petites lumires de la vallŽe des Ida Outananes devinŽe en dessous de nous ˆ la lueur de la pleine luneÉ Mokhtar nous concocte un souper rapide avec une bo”te de chile con carne, je mets ˆ jour le journal et dodo. La dŽcouverte du panorama, de la cascade et de la vallŽe au retour sera pour demain.

14 733 Lundi 13 mars 2006 : dÕIMOUZZER ˆ AGLOU PLAGE (231 km)

Nuit super tranquille, ˆ lÕombre des grands arbres devant le sige du Ca•dat. Nous nous levons t™t pour une autre magnifique journŽe. La petite route descend en tournicotant dans la verte et large vallŽe o quelques hameaux sÕaccrochent ˆ la pente ˆ et lˆ, autour du fin minaret de leur petite mosquŽe. En arrire, les pentes rocheuses dŽnudŽes sՎlvent au-dessus des Žboulis gris et ocre-rouge. Croisant avec prŽcaution cavaliers montŽs sur des ‰nes et groupes de garons en route pour lՎcole, nous atteignons le fond du val couvert dÕoliviers ou dÕarbres fruitiers et gagnons le pied de la falaise sur laquelle se devine la longue tra”nŽe de la cascade. Mais lÕoued est ˆ sec, pas une goutte ne coule sur la paroi ocre ˆ-pic.

Nous remontons bient™t jusquÕau village et reprenons la direction dÕAgadir par le mme chemin empruntŽ hier soir dans lÕobscuritŽ. Cette fois une claire et grande lumire baigne le paysage, laissant deviner au delˆ de la suite de colline piquetŽes dÕarganiers et ondulant ˆ perte de vue lՎtendue bleutŽe de lÕocŽan. La route traverse dÕabord une espce de plateau ŽlevŽ puis descend progressivement dans la vallŽe, bordŽe de temps ˆ autre de vieilles maisons berbres traditionnelles, en pierres dont la couleur se confond avec celle des pentes et ˆ lÕombre de quelques palmiers. Elle plonge ensuite dans des gorges Žtroites aux parois rouges, entrecroisant son cours avec celui de lÕoued pavŽ de gros rochers. Un mince filet dÕeau claire permet la croissance de toute une vŽgŽtation qui sÕamenuise et dispara”t ds que le regard sՎlve sur les pentes : cŽrŽales vert vif piquetŽes de fleurs sauvages, plumeau des palmiers leur faisant un peu dÕombre et, dans le lit mme du torrent, une multitude de lauriers roses dont les tiges gris-vert ne portent malheureusement que des touffes de fleurs fanŽes. La vallŽe sՎlargit ensuite, moins pittoresque, et la route continue de descendre vivement jusquՈ nous ramener au niveau de la mer pour rattraper la grande route dÕAgadir.

Nous suivons alors la c™te malheureusement voilŽe c™tŽ mer par un Žpais brouillard qui dŽrive au dessus de lÕeau. Il nous empchera de contempler le nouveau port et la fameuse plage de sable dÕAgadir depuis la terrasse en avant de lÕancienne mŽdina juchŽe sur la colline, sur laquelle nous grimpons en empruntant la petite route coupŽe dՎpingles ˆ cheveux.

Ė lÕintŽrieur de lÕenceinte en partie reconstruite, nous foulons un champ de pierres nivelŽ, tout ce qui reste de la ville ancienne rasŽe par le tremblement de terre de 1960 qui fit 15 000 morts, la plupart restŽs ensevelis sous nos pieds. Belle vue sur le panorama depuis le chemin de ronde prs de la porte mais encore une fois limitŽe par le brouillard qui cache les montagnes au loin et les bateaux du port ˆ nos pieds, guidŽs par les signaux perants de la sirne de brume.

Nous descendons ensuite faire un tour sur le boulevard longeant la plage : restaurants et h™tels luxueux se succdent, entourŽs de jardins soigneusement entretenus. Tout cela est joli et propre, frŽquentŽ par de nombreux europŽens mais sans aucun pittoresqueÉ DŽcidŽment peu intŽressŽs par cette section touristique de la ville, nous traversons le centre avec ses quelques b‰timents modernes datant de la reconstruction (Grande Poste en particulierÉ) puis gagnons le Marjane au sud-ouest de la ville. JÕai Žvidemment un peu de difficultŽ ˆ me situer dans le tissu de grands axes non identifiŽs qui couvre cette grande ville mais nous finissons par atterrir sur le stationnement maintenant familier pour 2 heures de plein de victuailles, de gasoil et dÕeau. Nous voilˆ dŽsormais fin prts ˆ nous aventurer dans le grand Sud. Un sandwich rapide, et nous prenons la route de Tiznit dans lÕespoir de trouver un coin tranquille pour dŽjeuner loin de lÕagitation de la ville. Nous commenons par nous perdre du c™tŽ de lÕestuaire de lÕOued Souss, en arrire du palais royal, avant de traverser dÕinterminables faubourgs plus ou moins bien b‰tis jusquՈ rejoindre enfin la grande route filant dans la campagne.

Ė Inchaden, bifurcation en direction de la c™te et de la grande plage dŽsertique de Tifnite. Nous y attendent quelques camping-cars et caravanes de pcheurs ˆ la ligne europŽens, tandis quÕau bout de la pointe rocheuse se dresse un hameau de misŽrables maisons de pcheurs locaux. Site sauvage, un peu bout du monde, qui ferait un beau dŽcor pour un drame ˆ la KurosawaÉ Nous y prŽparons rapidement une salade en gožtant la qualitŽ toute spŽciale du paysage, puis rattrapons la grande route pour reprendre la direction Sud. Plaine cultivŽe assez riche qui prolonge celle du Souss avec, ˆ notre gauche, la silhouette de lÕAnti-atlas qui dŽcoupe ses crtes bleutŽes ˆ lÕhorizon. Nous traversons rapidement Tiznit sans entrer dans la vieille ville, mais faisons plut™t le tour du rempart dans la ville neuve (qui nous para”t inhabituellement propre) pour prendre la petite mais rapide route dÕAglou Plage, ˆ 17 km de lˆ.

La plage autrefois dŽserte se dŽveloppe rapidement, les camping-cars sont parquŽs dans un grand camping sans style ˆ lÕentrŽe du village, les lotissement en pleine essor occupent lÕespace visuelÉ et une pancarte Ē Camping-car interdits Č empche de stationner en paix devant la mer. Je commence par trouver une place ˆ lՎcart au bout du lotissement o nous prenons le thŽ, puis emprunte un chemin menant sur la dune au nord du village, au-dessus des cabanes de pcheurs creusŽes dans la falaise dominant la mer. Nous y trouvons un espace ˆ peu prs plat dans le sable un peu mou et nous y installons pour la nuit. Somptueux coucher de soleil qui projette un ciel magnifiquement colorŽ sur le vaste paysage marinÉ La nuit tombe, je mÕattaque ˆ la rŽdaction du journal aprs avoir gravŽ un disque de .mp3 de musique arabe tŽlŽchargŽe ˆ Bouazza, tandis que Mokhtar retourne au village pour trouver un cyber et chatter avec une amie qui vient de lui envoyer un SMSÉ En vain, lÕADSL ne sÕest pas encore rendu jusquՈ Aglou ! De retour, il se met aux fourneaux en nous mitonnant un dŽlicieux gratin de courgettes. Souper et coucher vers 23:00, dans la grande rumeur de lÕocŽan qui dŽferle ˆ deux pas.

14 964 Mardi 14 mars 2006 : dÕAGLOU PLAGE ˆ TAFRAOUTE (ANAMER IRSHAN) (191 km)

Un lŽger voile de brume flotte sur la plage et estompe la lumire sur la petite station balnŽaire au pied de la falaise. Mais il fait beau, et lÕair est tide lorsque nous Žmergeons de notre motel ˆ 8:00 pour dŽmarrer. Dernires photos du site, je mets la clef dans le contact et avance dՈ peine 50 cm lorsque les roues commencent ˆ patiner et ˆ sÕenfoncer dans le sable meubleÉ

Nous nous escrimons pendant plus dÕune heure ˆ nous dŽprendre de cette f‰cheuse situation, usant dÕabord des plaques Traction Aid, puis construisant une petite chaussŽe avec les pierres dÕun muret voisin aprs avoir soulevŽ lÕavant du camion avec le cric. Mais le poids de lÕExsis, la situation dŽfavorable (petite pente quÕil faut remonter) et le manque de matŽriaux pour construire un passage stable ruinent nos efforts. Force est de constater que lÕinclinaison de notre cabane ambulante semble mme empirerÉ Devant lÕampleur de la t‰che nŽcessaire ˆ nous sortir de lÕornire qui se creuse sous nos roues, je prŽfre faire appel ˆ un tracteur qui nous permettra de remonter la pente et de gagner un sol plus ferme. Mokhtar aborde un pcheur qui passe avec ses chiens et fait une premire demande dÕaide qui risque dՐtre cožteuse et longue ˆ venir. Il prŽfre ensuite aborder le chauffeur dÕun gros camion de pierre passant sur la route ˆ proximitŽ. Quelques minutes de discussions en berbre pour notre expert en diplomatie, et le brave homme, aidŽ de son Žquipe de trois manĻuvres, se met ˆ lÕouvrage. Empierrage de la piste, lit dÕherbes ramassŽes sur la dune, morceau de vieux tapis ˆ la dŽrive viennent recouvrir le sable qui se dŽrobe sous nos roues. Puis une vieille corde Š qui cassera tout de suite -  et surtout ma bonne sangle de remorquage accrochŽe ˆ lÕarrire du camion, aidŽe dÕune bonne poussŽe de nos compres, nous sortent du mauvais pas. Inutile de dire le soulagement des deux voyageurs ! Voilˆ un bon rappel des limites de la traction du FiatÉ qui nous avait dŽjˆ jouŽ de mŽchant tours en 89 sur notre Pilote 470. Remerciements chaleureux et petit cadeau ˆ nos bons Samaritains, nous voilˆ prts ˆ reprendre la route aprs ces 2 heures de travail extŽnuant sous un soleil de plus en plus chaud.

Nous parcourons rapidement les 17 km qui nous ramnent ˆ Tiznit une autre fois vite traversŽe pour emprunter la petite R 104 en direction de Tafraoute. Mokhtar dŽsire en effet aller y dŽcouvrir les demeures de ses grands-parents et le douar (village rural) dÕo originent ses parents. Aprs une dizaine de kilomtres dans la plaine, nous abordons les montagnes qui bordaient lÕhorizon ˆ Assaka pour un parcours ensuite trs pittoresque : la route tournicote sans arrt sur les pentes ocre p‰le semŽes dÕarganiers vert foncŽ, des champs trs verts ou de petites plantations de palmiers occupent les fonds, profitant de lÕhumiditŽ cachŽe dans le sol prs des lits dÕoued assŽchŽs, les collines de plus en plus hautes et dŽcoupŽes se profilent jusquՈ lÕhorizon. Un peu partout, les maisons berbres aux couleurs et matŽriaux traditionnels parsment les pentes, parfois regroupŽes en douars aux couleurs plus ou moins vives (dÕocre foncŽ ˆ rose tendre). Assez nombreuses aussi, de grosses propriŽtŽs prŽtentieuses aux portes et volets fermŽs, de style Ē Mille et une nuits Č, entourŽes dÕun jardin luxuriant clos de hauts murs dŽcorŽs, tŽmoignent de la richesse accumulŽe par des enfants du pays qui se sont expatriŽs pour faire fortune dans le commerce (Žpicerie surtout, para”t-il) ou les affaires, et qui gardent ici ce point dÕattache. La route Žtroite mais assez bonne sՎlve en Žlargissant la vue vraiment magnifique jusquՈ passer le col du Kerdous.

Nous stationnons sur le petit terre-plein, juste au pied du luxueux h™tel-restaurant, pour jouir de la vue grandiose pendant notre dŽjeuner rapidement prŽparŽ par le chef Mokhtar. Cette trs belle route de petite montagne sche se poursuit, entrecoupŽe de nombreux arrts photos. Ė une quarantaine de km, Tafraoute la rouge nous attend, entourŽe de pentes raides o sÕentassent de gros rochers ocres et ronds caractŽristiques. Ceux-ci commencent ˆ appara”tre ds Adai, tout comme les petits groupes de femmes dŽambulant le long de la route, ŽlŽgamment drapŽes dans leurs robes noires soulignŽes dÕune broderie. Les jeunes filles jouent de lÕambigu•tŽ du voile noir qui leur permet de voir sans que lÕon puisse au premier abord contempler leurs traits, mais elle savent lՎcarter selon les circonstances ou leur dŽsir dÕattirer lÕattention ou de crŽer un contact. Elles sont souvent jolies et minaudent sans vergogne, stimulant la verve de mon copilote fort prudent face ˆ la gent fŽminine avide de mariageÉ

Pause thŽ dans la palmeraie dÕAdai, dŽcidŽment lÕun des plus charmants coins de la rŽgion, avec sa verte prairie protŽgŽe par les palmiers dissŽminŽs, entourŽe de collines abruptes o sÕempilent les gros rochers rouges arrondis plus ou moins en Žquilibre. VariŽtŽ des formes, complŽmentaritŽ des couleursÉ et bien sžr nombreuses photos pour tenter de capter un peu la magie du dŽcor. En entrant dans le village, Mokhtar visite le cyber cafŽ pour Žvaluer le niveau de dŽveloppement informatique de la rŽgion, histoire de prospecter le marchŽÉ Las, cinq cafŽs sont dŽjˆ en fonction, et 4 autres en gestation ! Un bon point pour le dŽveloppement local mais faibles perspectives dÕaffaires pour notre technico-commercial ! Petit tour au souk ensuite pour quŽrir le cadeau destinŽ ˆ Latifa et Meryam : deux superbes robes noires et brodŽes typiques de la rŽgion.

Nous partons maintenant ˆ la recherche des maisons des anctres. Il nous est assez facile de trouver celle de la grand-mre maternelle puisquÕelle est habitŽe par un des oncles de Mokhtar qui vient souvent ˆ Bouazza. GuidŽs par un voisin serviable rencontrŽ sur la grand-route et que nous ramenons chez lui aux abords du gros bourg de Tarsouat, nous empruntons une piste Žtroite qui zigzague entre les murs des maisons et des jardins jusquՈ la grande demeure traditionnelle au pied de la falaise. Charmant accueil de la jeune tante et de ses timides fillettes, le pre Žtant ˆ Casa. On nous offre une copieuse collation traditionnelle (bghrir - crpes ˆ la confiture, beurre fondu, amlou Š amandes grillŽes et moulues dans lÕhuile dÕargane et le miel). Mokhtar fait la conversation avec sa tante et avec les 2 fillettes, tandis que je dois me contenter dÕobserver, vu mon ignorance de lÕarabe.

Lorsque nous repartons vers Tafraoute le soir tombe, baignant les pentes autour de nous dÕune lumire encore plus chaude et intense. Nous dŽcidons alors dÕignorer les campings locaux pour gagner le hameau natal de Moha (Anamer Irshan) et y stationner pour la nuit, puisquÕil se trouve dans le mme coin que la vallŽe des Amelns que je voudrais bien dŽcouvrir demain. En suivant les indications donnŽes par plusieurs aimables autochtones dans la ville et en bord de route, nous finissons par trouver la petite route goudronnŽe qui sÕenfonce dans la montagne puis la piste cahoteuse menant au douar nichŽ au flanc dÕune large vallŽe. Ė la lumire de la pleine lune et dans le grand silence, nous progressons lentement pour aller stationner sur le premier espace plat dŽcouvert. Accueilli par des voisins empressŽs, Mokhtar prend rendez-vous pour demain. Nous sommes fatiguŽs de cette longue journŽe riche en pŽripŽties, aussi soupons-nous et nous endormons-nous vite, remettant ˆ demain lՎcriture du journal Š pour moi, et la dŽcouverte du site patrimonial Š pour Mokhtar.

15 155 Mercredi 15 mars 2005 : dÕANAMER IRSHAN ˆ AģT HASSINE (entre Guelmine et Tan-Tan) (298 km)

Nuit trs trs silencieuse mais un peu fra”che. Le grand soleil ne tarde pas ˆ rŽchauffer la cellule pendant la matinŽe que je consacre ˆ lՎcriture tandis que Mokhtar part en reconnaissance, ŽquipŽ de son carnet et de ma camŽra. Ė 11:30, saturŽ dÕinformations et de rencontres avec toutes les chibania (vieilles femmes) et les jeunes filles ˆ marier du douar, Mokhtar revient et nous quittons Anamer en passant par lՎcole o les enfants font fte ˆ Mokhtar : hardiesse des garons, rŽserve des fillettesÉ LÕescalade du col en quittant la vallŽe offre quelques vues grandioses sur le village et la montagne. Nous reprenons la route vers Tiznit en passant par le Sud, arrtant seulement quelques minutes pour dŽjeuner ˆ lÕombre rare dÕune grosse maison. Aprs une troisime traversŽe de Tiznit, nous sommes de retour ˆ Aglou pour suivre la route c™tire. Vues sur la montagne couverte de fleurs et de buissons de cactus ˆ notre gauche, sur lÕOcŽan radieux ˆ notre droite. De passage ˆ Mirleft, je fais admirer ˆ mon compagnon la remarquable ouverture de lÕoued sur lÕocŽan puis nous allons jeter un Ļil aux belles villas installŽes sur la falaise qui jouissent dÕune vue panoramique sur les escarpements et lՎtendue marine.

En fin dÕaprs-midi nous arrivons ˆ Sidi Ifni dont je retrouve avec plaisir les vieux b‰timents hispanisants qui donnent ˆ cet ancien comptoir revenu assez rŽcemment au Maroc un charme surannŽ. De la terrasse belvŽdre o nous prenons le thŽ prŽparŽ dans le respect des traditions par mon guide, vue plongeante sur le camping au bord de la plageÉ MalgrŽ son agrŽment nous nÕy ferons point halte, mais empruntons plut™t la route de lÕintŽrieur vers Guelmine. La ville neuve, propre et sans grand caractre ni curiositŽ (en lÕabsence du souk aux chameaux, le samedi seulement) ne nous retient pas et, dans la soirŽe puis dans la nuit, nous poursuivons plein sud vers Tan-Tan. Nous finissons par bivouaquer derrire la mosquŽe du hameau dÕA”t Hassine, qui fait Žcran au bruit des gros camions se succŽdant sur la grande route.

15 453 Jeudi 16 mars 2006 : de AģT HASSINE ˆ la station-service dÕABETTEH (679 km)

Le ciel, lŽgrement nuageux ˆ notre rŽveil vers 7:30, se dŽgage rapidement et, ds 8:00, nous sommes sur la route, remettant le petit-dŽjeuner ˆ un emplacement plus horizontalÉ Le paysage relativement plat devient de plus en plus dŽsertique, quoique les pluies abondantes cette annŽe aient laissŽ un semblant de verdure un peu partout. Nous gagnons ainsi Tan-Tan o nous dŽjeunons ˆ 9:00 devant le portail monumental encadrŽ par 2 immenses chameaux en pl‰tre blanc qui semblent garder lÕentrŽe de la ville. LÕagglomŽration elle-mme nous semble fort quelconque, dÕautant plus que lÕarmŽe est partout et que les casernes se succdent au long des rues.

Vingt kilomtres encore et nous rattrapons le port dÕEl Outia. La lumire est magnifique mais le petit port de pche ˆ la sardine, trop neuf, ne nous semble pas mŽriter le dŽtour. Le plus grand intŽrt de la route qui file alors vers le sud, en assez bon Žtat, est la proximitŽ de lÕOcŽan que lÕon suit dÕassez prs. Il est donc facile de stationner quelques minutes sur la plate-forme de terre caillouteuse sŽparant la chaussŽe du bord de la falaise pour aller contempler les grands rouleaux de lÕAtlantique, Sur le rivage rocheux et dŽchiquetŽ quelques navires ŽchouŽs achvent de se dŽmantibuler. Tout au long de la route, des cabanes de pcheurs assez misŽrables soulignent lÕune des principales activitŽs de la rŽgion, ˆ c™tŽ de lՎlevage attestŽ par quelques rares troupeaux de chvres et de moutons. Nous roulons donc sans presque arrter sur 200 km, franchissant ˆ plusieurs reprises des oued en descendant dans un grand virage jusquÕau niveau de lÕeau pour remonter ensuite sur le plateau de lÕautre c™tŽ.

Ė Tarfaya, dŽjeuner sur la petite place amŽnagŽe devant El Kasabah, lÕancien fort du Cap Juby plut™t dŽlabrŽ, prs duquel St-ExupŽry, chef dÕescale, Žcrivit quelques-unes de ses plus belles pages (dont Le Petit Prince). Un petit BrŽguet en bronze, lui aussi assez dŽlaissŽ, commŽmore cette Žpoque hŽro•que des lignes LatŽcore puis de lÕAŽropostale. Le village semble endormi et en trs mauvais Žtat, comme sÕil avait subi un tremblement de terreÉ au milieu des sables qui semblent vouloir lÕensevelir sans quÕon fasse grand chose pour le dŽgager.

Encore une centaine de kilomtre hors de vue de la mer mais dans un paysage de plus en plus dŽsertique et sableux, et nous sommes ˆ La‰youne. Pas grand-chose ˆ dire de cette capitale de la Province saharienne, farcie elle aussi de casernes mais Žgalement de b‰timents administratifs rŽcents dont plusieurs assez ŽlŽgants. Un petit tour ˆ la recherche dÕun guichet de la Wafabank nous montre une ville rŽcente et assez moderne, peut-tre relativement agrŽable ˆ vivre malgrŽ son Žloignement mais sans points dÕintŽrt majeurs ni pittoresque. On y attend la visite du Roi pour la semaine prochaine, aussi une profusion de banderoles et de drapeau aux couleurs chŽrifiennes a-t-elle envahi les faades, unifiant en quelque sorte le dŽcor urbain sans le rendre pour autant plus attractif ˆ nos yeux.

Aprs le plein de gasoil 350 assez difficile ˆ trouver ici, nous quittons sans regret cette grosse agglomŽration pour plonger ˆ nouveau dans le dŽsert caillouteux semŽ de buissons Žpars et de quelques carrŽs de maigres cŽrŽales. Terrain plat, lumire dure sur le paysage essentiellement minŽral. Les chameaux se contentent de figurer sur les panneaux dÕavertissements. JÕen aperois quand mme 4 sur la galerie dÕun gros camion, en cours de transfert ou de livraison je ne sais o, et encore 2 autres sous forme de carcasses dans le bord du fossŽ, probablement ŽcrasŽs accidentellement lors dÕune nuit prŽcŽdenteÉ Pour le reste, cÕest le dŽsert, et lÕon se demande quelles ressources cachŽes ont motivŽ le gouvernement marocain ˆ tant investir dans la Ē colonisation Č de ces territoires sahariens : agriculture trs pauvre, tourisme inexistant (et rien qui puisse attirer ici), mines et pŽtrole non exploitŽs, si tant est quÕon ait dŽcouvert ici minerais ou gisements rentables...

La route, plut™t bonne, file vers Smara o jÕespre trouver une vieille citŽ traditionnelle un peu plus pittoresque que les 3 autres villes visitŽes aujourdÕhui. Las, au bout des 250 km de cette route monotone et sans relief, nous tombons sur une autre petite ville de garnison terne et triste, mal construite et sale, sur laquelle flotte une insinuante odeur dՎgoutÉ Les Sahraouis ne sont manifestement pas riches, leurs gožts et leurs moyens leur ont seulement permis dՎdifier une ville plut™t infŽrieure aux faubourgs populaires de CasaÉ

Nous en faisons lentement le tour, autant pour confirmer notre premire impression que pour mettre un terme ˆ cette incursion dans le grand Sud marocain dŽcidŽment bien dŽcevante. Si lÕon ajoute les 3 contr™les de police successifs aux portes de la ville, durant lesquels il faut sortir cartes dÕidentitŽ, passeport, immatriculation et expliquer raisons et buts du voyage (alors que manifestement nous ne sommes ni membres du Polisario ni candidats ˆ lÕimmigration clandestineÉ), on comprendra que la coupe est pleine ! Nous quittons donc sans regret Smara en renonant ˆ y trouver un espace pour la nuit et, dans lÕobscuritŽ qui descend, enfilons la route du retour vers Tan-Tan en comptant stationner comme la nuit dernire dans un village. Mais impossible de trouver le moindre hameau, la route file sur plus de 100 km dans un dŽsert total o pas une lumire ne brille, et on ne dŽcle pas plus de chemins carrossables ou dÕespace en bord de route qui permettraient de sÕarrter pour bivouaquer. Nous poussons ainsi jusquՈ une grande station-service un peu avant Abetteh. Le grand espace bŽtonnŽ et ŽclairŽ nous offrira enfin un havre pour la nuit. Souper et notes rapides sur lÕordi, nous parlons aussi quelques secondes avec Monique qui prend son temps ˆ Casa et nous recommande de faire de mme dans notre virŽe. Quelques projections rapides sur la carte pour les prochains jours, et nous nous couchons t™t pour rŽcupŽrer la fatigue de cette route longue, chaude et dŽcevante.

16 132 Vendredi 17 mars 2006 : dÕABETTEH ˆ OULED AISSA (prs TAROUDANT) (556 km)

Ciel un peu couvert et brumeux au rŽveil ˆ 7:30, mais avec le soleil qui rŽchauffe bient™t lÕatmosphre, lÕair retrouve sa transparence lorsque nous dŽcollons vers 8:15. La route monotone de plaine dŽsertique Š route de lÕintŽrieur - o ne poussent que les buissons Žpars de petits arbustes ronds (doum) se poursuit, sur une chaussŽe passable pour une soixantaine de kilomtres jusquՈ Abetteh. Il faut alors emprunter un bon bout de piste en terre rouge pour contourner le chantier dՎlargissement et de rŽfection de lÕancienne route. Aprs 70 km nous finissons par rattraper la grande N 1 entre El Ouatia et Tan-Tan. TraversŽe au pas de la ville, en gožtant la semi-torpeur dans laquelle semble sombrer la petite citŽ en ce vendredi matin (jour de la prire). Photo de rigueur en sortant sous la porte encadrŽe par les 2 fort beaux spŽcimens de camŽlidŽs m‰le et femelle.

Puis cÕest la longue remontŽe vers le nord-est en direction de Guelmine. Un Sahraoui au volant de sa vieille Land-Rover Defender sÕarrte en me voyant accroupi en train de photographier des fleurs bleues et commence ˆ discuter avec Mokhtar, en nous invitant ˆ prendre le thŽ (thiŽ) ou le petit-lait sous sa tente. Mokhtar dŽcline lÕaimable invitation qui risque de nous mener fort loin dans le dŽsert et/ou dans lÕaprs-midiÉ

Les terres redeviennent progressivement plus vertes, les pauvres fermes de terre ocre font leur rŽapparition, et quelques troupeaux de chvres noires et de moutons errent dans un maquis un peu plus dense. Puis cÕest Guelmine, autre ville du sud o nous cherchons en vain les chameaux au souk, avant dÕen faire le tour dÕabord le long de lÕoued dessŽchŽ puis dans les rues poussiŽreuses et un peu nŽgligŽes o Mokhtar finit par dŽgoter le pain quotidien. Pique-nique en plein soleil au bord de la route un peu avant Tagannt, puisquÕil est impossible de trouver nulle part lÕombre dÕun arbre.

Ė Bouizacarne nous renonons ˆ emprunter la route de Tata pour gagner Ouarzazate, car trop au sud, de qualitŽ inconnue et surtout nous empchant de parcourir le TizÕn Test que je veux revoir et absolument faire conna”tre ˆ Mokhtar. Nous voilˆ donc en route pour Tiznit, en passant les derniers contreforts de lÕAnti-Atlas par le col de Tizi Mighert. La route ensuite ˆ partir de Tiznit jusquՈ A•t Melloul est trs chargŽe, la conduite des autochtones souvent Ē cow-boy Č et les villages se succdent presque sans interruption dans la plaine du Souss fertile et peuplŽe. Mokhtar admire en connaisseur la belle mise en valeur de la campagne. Nous ratons la route express ˆ Ouled Teima et devons suivre moult camions et camionnettes surchargŽs de carottes, de tomates et dÕoranges qui sortent lentement des nombreux domaines prospŽrant tout au long de la vallŽe. Petite escale ˆ Taroudant pour se dŽlasser les jambes aprs cette longue course et donner ˆ mon compagnon une petite idŽe de la ville : les bicyclettes y rgnent en ma”tres, une vive animation commence ˆ envahir les rues en ce dŽbut de soirŽe, et nous apprŽcions la richesse apparente de la mŽdina remarquablement propre et soignŽe.

La nuit est tombŽe lorsque nous reprenons le CC pour aller dormir dans un village peu aprs Taroudant. Le premier ˆ une dizaine de kilomtre nous semble trop animŽ et bruyant, le second beaucoup plus petit une trentaine de km plus loin nous convient mieux. Stationnant ˆ lՎcart de la grande route devant des villas paisibles, nous soupons rapidement (sautŽ de courgettes ˆ la Mokhtar, dŽlicieuses, et p‰tes sauce carbonata en bo”te fort quelconques). Je complte ce journal en gardant difficilement les yeux ouverts, et mÕendors bien vite dans le grand silence.

16 688 Samedi 18 mars 2006 : de OULED AISSA ˆ OUARZAZATE (297 km)

Averses en soirŽe et ciel couvert au lever ˆ 7:30, aprs une nuit durant laquelle nous dormons comme des bžches. On devine ˆ peine les montagnes de lÕAtlas pourtant proches, de lÕautre c™tŽ de lÕOued prs duquel nous avons bivouaquŽ, juste devant le dispensaire local. Avec un brin de regret, nous devons donc renoncer ˆ lÕescalade du TiziÕn Test puisque les cimes demeurent cachŽes dans les nuages gris et la pluie menace. Nous suivrons plut™t la route N 10 dŽjˆ empruntŽe lÕan passŽ avec les Benchekroun pour gagner Ouarzazate en passant par Aoulouz, Taliouine, Tazanakht et A•t Benhaddou.

DŽpart sous un ciel variable que le soleil perce frŽquemment pour illuminer les pentes pierreuses couvertes dÕarganiers et de cŽrŽales vert vif. Celles-ci se rarŽfient en sՎloignant de la plaine du Souss, ˆ mesure que la route sՎlve rapidement, passant plusieurs cols (TiziÕn Tagatine ˆ 1 886 m, TiziÕn Ikhsane ˆ 1650 m, TiziÕn Bachkoun ˆ 1 700 m) en offrant ˆ chaque fois une large vue panoramique sur la plaine dŽsertique au sud et les cimes enneigŽes qui la limitent au nord. La chaussŽe est Žtroite, le pavage trs usŽ et parfois dŽfoncŽ, mais la circulation est heureusement assez rare, et les vastes paysages de steppe dŽnudŽe et trs montueuse sont superbes. En passant Taliouine je reconnais la grosse casbah et le petit h™tel devant lesquels nous avions fait Žtape lÕan passŽ, sous un ciel beaucoup plus Žteint quÕaujourdÕhui. Il se dŽgage progressivement sous lÕeffet dÕun vent violent et assez froid qui soulve des nuŽes de poussire rose comme dans les meilleurs westerns spaghetti (Il Žtait une fois dans lÕOuestÉ). Notre progression est assez lente et le camion trs secouŽ couine dÕun peu partout, les pneus droits mordent sur lÕaccotement ˆ chaque croisement, mais le spectacle derrire le pare-brise vaut toutes les TV du monde ! Je retrouve lˆ les vastes espaces, la lumire et la solitude que jÕapprŽcie dans les grands films Žpiques comme Lawrence dÕArabie Š dont je viens de revoir de grandes sections sur le DVD trouvŽ ˆ Derb Ghalef avec lÕaide de Mokhtar.

Ė Tazenakht nous arrtons pour une longue pause dŽjeuner aprs un plein dÕeau laborieux et un ravitaillement de gasoil 350 difficile ˆ trouver. De lÕautre c™tŽ de la rue dŽserte, les devantures des marchands de tapis berbre mÕattirent, mais comment choisir une autre de ces Ļuvres dÕart sans lÕassentiment de ma douce moitiŽÉ Tout au long de la route, Mokhtar reoit des messages, appels, etc. qui, miracle de la technologie des tŽlŽcommunications, le maintiennent en contact avec famille et amis, y compris une demoiselle qui lÕinvite ˆ la visiter dans son patelin dÕA•t Benhaddou. Nous ajoutons donc ce lŽger crochet ˆ notre itinŽraire en arrivant ˆ une vingtaine de km de Ouarzazate.

Bien nous en prend car le site, admirŽ depuis la falaise au-dessus de lÕoued en arrivant au village, est magnifique : vallŽe ˆ nos pieds remplie de petits champs trs verts soigneusement cultivŽs et parsemŽs de palmiers et dÕamandiers en fleurs, large lit caillouteux de lÕoued o coule une eau ocre et rare, remparts et tours de la citŽ de terre rouge escaladant la colline jusquÕaux ruines de la casbah et, en arrire, cha”ne bleue de lÕAtlas piquetŽe de taches de neige Žclatante. Tout cela sous un ciel bleu profond accusŽ par de gros nuages blancs. Devant ce merveilleux spectacle, nous prenons le thŽ que je prŽpare pour la premire fois sous la conduite du Ma”tre [5] , puis Mokhtar se consacre ˆ son rendez-vous galant pendant que je descends au ras de lÕeau pour admirer de plus prs le site. LorsquÕil me rejoint, nous dŽcidons de traverser lÕoued sur les sacs de sable formant guŽ, et nous nous lanons dans le dŽdale des ruelles et des escaliers branlants zigzaguant entre les murs de terre croulants qui couvrent la colline. Seuls quelques b‰timents ont ŽtŽ assez restaurŽs pour conserver ˆ la petite citŽ son allure extŽrieure, et il faudrait bien des travaux pour lui redonner son antique apparence. Mais la vue depuis le haut des murs puis depuis les ruines de la casbah tout en haut vaut vraiment la balade : ˆ nos pieds lÕenchevtrement des murs de pisŽ, lÕoued, lÕoasis verdoyante et, en toile de fond, le cours de la rivire et les hautes montagnes bleutŽes.

Fort satisfaits de cette agrŽable balade aprs notre longue route, nous regagnons le camion pour rejoindre dans la lumire rougeoyante du soir la ville moderne de Ouarzazate. Coup dÕĻil aux massives statues Žgyptiennes ornant la faade du studio de cinŽma (souvenir du tournage dÕAstŽrix et ClŽop‰tre), puis traversŽe de la ville pour Žchanger le kilim achetŽ lÕan passŽ, dŽteint et tra”nŽ dans le CC depuis Fs. Accueil aimable et service expŽditif du marchand installŽ dans lÕentrŽe de la superbe casbah de Taourirt É Nous faisons le plein dՎpicerie dans un petit supermarchŽ puis prenons dans la nuit la route du Sud menant ˆ la VallŽe du Draa.

Au premier hameau venu, nous quittons la chaussŽe pour nous installer sur lÕesplanade caillouteuse entourant la petite mosquŽe et bivouaquons ˆ 20:00. Souper dŽlicieux improvisŽ par le chef en grande forme (courgettes r‰pŽes sautŽes ˆ la pole dans lÕhuile dÕolive, et polŽe de tomates/oignons aux anchois). Nous Žtalons la carte sur la table pour organiser la suite de notre voyage, puis je sors lÕordi pour complŽter le journal. Ė 22:30, couvre-feu pour rŽcupŽrer la fatigue de cette bonne journŽe et attaquer de pied ferme demain la dŽcouverte de la fameuse vallŽe du Draa.

16 985 Dimanche 19 mars 2006 : de TIFERNINE (Ouarzazate) ˆ ANAGAM (Tamegroute) (315 km)

Ciel superbe encore ce matin au lever ˆ 7:15, aprs notre nuit dans le plus complet silence. Nous dŽmarrons ˆ 7:30 ds ma douche prise et la literie en ordre, remettant ˆ plus tard le petit-dŽjeuner. Le paysage est dÕemblŽe grandiose, la route empruntant de longues rampes et des virages serrŽs au flanc des grands plissements de rocs noir‰tres, au-dessus de profonds canyons. Pause dŽjeuner  ˆ 8:45 sur le belvŽdre du col de TiziÕn Tinififft (1 660 m), avant de descendre vers Agdz o nous allons faire un tour dans le souk colorŽ. Mokhtar engage la conversation et prend le thŽ avec un beau Sahraoui qui vend des souvenirs et des costumes locaux, tandis que je photographie quelques scnes colorŽes alentour. Nous rattrapons alors la vallŽe du Draa dont nous allons suivre le cours durant les 200 prochains kilomtres. Les villages se succdent, entourŽs de palmeraies et de petits champs vert vif, au pied de grands ksars en terre rouge parfois en assez bon Žtat, parfois presque compltement ruinŽs.

Repas 20 km avant Zagora, ˆ lÕombre rare dÕun arbre en plein dŽsert, sous la surveillance insistante de 4 ou 5 garons qui quŽmandent comme dÕhabitude dirham, bonbons et stylosÉ Mokhtar prend le temps de prŽparer un autre beau tajine que nous dŽgustons avec dŽlices, et nous ne reprenons la route que passŽ 14:45.

Paysages superbes de dŽsert et de montagne jusquՈ Zagora que nous traversons sans arrter en admirant le grand dŽveloppement des immeubles dÕhabitation : les rues sont en gŽnŽral assez propres, une certaine recherche architecturale t‰che de respecter le style local, ce qui nÕempche pas quelques horreurs prŽtentieuses. En sortant de la petite ville, un peu aprs avoir franchi le lit dessŽchŽ de lÕoued, je recherche le Camping de la Montagne, au pied du Jbel Zagora, qui nous avait accueillis il y a 18 ans. La piste poussiŽreuse est toujours lˆ le long de lÕoued bordŽ dÕh™tels et de campings prŽtentieux, et elle nous mne jusquÕau petit terrain toujours en fonction mais dŽlaissŽ par son propriŽtaire, ce dont se dŽsole lÕaimable gardien : de beaux arbres donnent une ombre bienvenue mais pas dÕeau ni dՎlectricitŽÉ Quelques photos, et nous poursuivons notre dŽcouverte des grands paysages de vallŽe de plus en plus sche mais encore verdis par les palmeraies.

Arrt dans le pauvre village de Tamegroute pour visiter zaouia et bibliothque. HŽlas lÕune est en restauration, et je ne peux, en tant que non musulman, y pŽnŽtrer, tandis que lÕautre est fermŽe le samedi et le dimancheÉ Mokhtar prend la camŽra et va photographier le dŽcor raffinŽ du sanctuaire qui contient les tombes du fondateur de la zaouia [6] et de quelques-uns de ses disciples. Il ressort choquŽ de la prŽsence dÕun groupe de femmes qui sÕest installŽ dans la salle pour y attendre on ne sait quel miracle, et dont il rŽprouve les croyances superstitieuses qui lui semblent bien loin dÕun authentique esprit religieux. De mon c™tŽ, jÕai fait le tour de la cour entourŽe dÕune galerie ˆ la faon dÕun clo”tre o campent un autre groupe de misŽreux partageant les mmes attentes de guŽrison.

DŽus, nous reprenons la route en direction de Mahmid. Le dŽsert devient de plus en plus prŽsent, nous nous Žloignons du cours assŽchŽ de la rivire et de ses palmeraies pour traverser une vaste Žtendue sche et sableuse o virevoltent des tourbillons de poussire qui sÕinsinuent un peu partout dans le camion. Chaleur aussi, qui mÕamne ˆ faire fonctionner la climÉ Escalade dÕun premier col ˆ Anagam, puis du TiziÕn Beni Slemane, Au pied dÕune tour en ruine accrochŽe ˆ un piton, un belvŽdre sommairement amŽnagŽ donne une vue grandiose sur la plaine loin en dessous. Quelques maigres oasis ensuite, et des dunes mal retenues contre le vent qui pousse des langues de sable roux sur la routeÉ CÕest enfin le village de Mahmid, pauvre, cortge de boutiques se succŽdant sur la rue centrale et propositions rŽpŽtŽes de balade en 4 x 4 dans le dŽsertÉ Nous faisons un petit bout de piste au-delˆ de la fin de lÕasphalte, pour quelques photos du dŽbut du dŽsert. Mokhtar engage une longue conversation avec 2 hommes offrant des services de balade et de bivouac, ˆ propos des enfants achalants qui quŽmandent un peu partout bonbon, stylo, etc. et font fuir les touristesÉ

Le soleil descend lorsque nous prenons le chemin du retour. Belles vues du dŽsert dans la lumire rougeoyante du soleil couchant. JÕhŽsite ˆ bivouaquer dans la ville de Zagora, aussi lorsque franchissant un pont jÕaperois un petit coin tranquille au bord de lÕoued, nous nous y installons pour la nuit. Le silence est presque absolu, le seul dŽrangement provenant des petites mouches qui, venues de lÕeau stagnante toute proche, passent ˆ travers les moustiquaires. Souper rapide et lŽger dÕune omelette aux tomates, Žcriture du journal et coucher ˆ 22:45, bien fatiguŽs.

17 300 Lundi 20 mars 2006 : de AģT OUTHMAN ˆ BOULMANE DADES (327 km)

AujourdÕhui encore brille un grand soleil qui fait craquer la carrosserie lorsque nous Žmergeons ˆ 7:15, juste ˆ temps pour admirer la chaude lumire du petit matin envahissant les rives de lÕoued, le dŽsert et les montagnes au loin. Superbe ! DŽpart ˆ 8:00 sur la route plate et rectiligne qui suit le fond de la large vallŽe. Nous retrouvons bient™t Tamegroute o jÕarrte quelques instants pour photographier la place devant la zaouia, vide de vŽhicules et de touristes, dans la belle lumire du matin.

Peu aprs la belle tour de la kasbah des Juifs ˆ Amazraou, nous sommes ˆ Zagora. Mokhtar va y nŽgocier lÕachat dÕun superbe costume de Sahraoui tout blanc avec broderies dorŽes. Je dois patienter prs dÕune demi-heure, mais lorsquÕil revient en grande tenue, cÕest avec le turban blanc et noir entourant la tte et cachant le visage ˆ lÕexception des yeux, et les babouches jaunes vif. Il est mŽconnaissable, et trs fier de son marchandage puisquÕil a rŽussi ˆ obtenir le tout pour 230 DH, soit moitiŽ moins que ce quÕon lui avait demandŽ prŽcŽdemment !

Pendant ses achats, jÕai parcouru le Guide Vert pour mÕapercevoir que lÕon peut monter sur le Jbel Zagora en vŽhicule par une mauvaise piste mais qui donne accs ˆ un panorama** sur la ville, lÕoued Draa, le dŽsert et les montagnes depuis les 974 m de son sommet.

Demi-tour donc pour retraverser le guŽ sur le Draa et reprendre la piste poussiŽreuse empruntŽe hier jusquÕau Camping de la Montagne. De lˆ, le chemin attaque la forte pente en contournant le piton, passe les ruines dÕune antique forteresse dont il ne reste que quelques pierres, jusquՈ aboutir au chantier dÕun h™tel/restaurant donnant au-dessus du lit presque dessŽchŽ de lÕoued. Le sol est assez grossier mais sans trop de trous et de bosses, et en allant lentement, ne pose pas vraiment dÕobstacle ˆ notre progression. Ma seule inquiŽtude concerne les pneus de route dont la gomme nÕest peut-tre pas assez Žpaisse, mais comme ils sont presque neufsÉ Nous faisons donc plus de la moitiŽ de la montŽe sans encombre, puis dŽcidons de gagner le sommet ˆ pied en stationnant devant le chantier de lÕh™tel opportunŽment situŽe sur un Žperon.

Je mets mon chapeau et mes chaussures de marche, tandis que Mokhtar choisit de monter en vrai berbre dans sa nouvelle tenueÉ Il fait chaud sur le chemin empierrŽ plus ou moins rŽgulirement qui offre une trs large vue sur le pain de sucre, les dunes et les oasis ˆ nos pieds, les maisons brunes dÕAmazraou et, au loin, la plaine sableuse et les montagnes bleutŽes de lÕAtlas. Mokhtar grimpe comme un cabri tandis que le chibani[7] souffle un peu en tentant de le suivre. Du sommet atteint 20 minutes plus tard, vue magnifique sur la totalitŽ du paysage ˆ 360”. Je laisse mon compagnon ˆ lÕorŽe dÕun sentier abrupt descendant vers le guŽ et gagne ˆ travers les rochers une butte ˆ lÕaplomb de lÕoued. La vue trs large me permet de prendre un panoramique de 6 poses sur la ville et la large vallŽe de lÕoued. Ė mon retour prs du relais tŽlŽphonique dont les antennes occupent le sommet au bout de la piste, Mokhtar a disparu ! Je lÕappelle, le cherche un peu, demande aux ouvriers de Maroc Telecom sÕils lÕont aperu, et dŽcide finalement de retourner au camion, un peu inquiet de cette brusque disparition. La descente se fait sans aucune difficultŽ en prenant quelques autres vues du magnifique paysage, mais en atteignant lÕExsis, point de MokhtarÉ Il me faudra une bonne demi-heure dÕattente, hŽsitant sur la conduite ˆ tenir, avant de voir mon Sahraoui tout de blanc vtu mais un peu las et assoiffŽ remonter de la piste au bord de lÕoued quÕil a parcouru tout du long aprs avoir dŽvalŽ un sentier marathonien impossible ˆ remonter, pour enfin couper ˆ travers les rochers et le sable bržlant et rattraper notre stationnement. Me voilˆ rassurŽ, mais confirmŽ dans lÕimportance dÕemporter les walkies-talkies dans toutes nos balades, ce qui aurait beaucoup simplifiŽ les choses.

Nous sommes alors prts ˆ quitter Zagora dont nous avons, je crois, vu le plus beau. Il fait trs chaud et le vent assez fort soulve la poussire et le sable fin, irritant les yeux et la gorge. Il faut donc rouler fentres fermŽes avec la clim. Mokhtar fatiguŽ par son effort somnole ˆ c™tŽ de moi. Aprs ce grand bol dÕair, nous avons faim et recherchons un emplacement ˆ lÕombre pour le dŽjeuner. Les arbres atteignables sont rares, et lorsque nous en trouvons enfin un ˆ lÕentrŽe de Ouled Slimane, il se trouve ˆ deux pas de lՎcoleÉ Nous sommes immŽdiatement la cible de la curiositŽ dÕune nuŽe dÕenfants qui se disperseront lorsque nous fermons les rideaux et surtout lorsque sonne la cloche de reprise des cours. LŽgre salade de haricots verts et filets de maquereaux au muscadet, arrosŽs de SŽmillant blanc bien frais. Nous voilˆ remontŽs et prts ˆ poursuivre notre retour vers Ouarzazate.

La route, maintenant dÕune largeur convenable et bien revtue, repasse par les mmes villages dÕoasis autour de leurs casbahs tout au long de la vallŽe du Draa (nombreux arrt photos) jusquՈ Agdz. Ė partir de lˆ, le paysage devient plus dŽsertique et minŽral, offrant surtout de remarquables reliefs plissŽs que la lumire de milieu dÕaprs-midi met particulirement en valeur, avant de remonter longuement jusquՈ Ouarzazate. En traversant la ville nous visitons plusieurs stations-service pour faire le plein de Gasoil 350 et dÕeau. Une fois cette corvŽe accomplie, thŽ revigorant sous les tamaris le long de la grande rue menant ˆ la sortie de la ville..

Puis la N 10 file vers Errachidia dans une vallŽe trs large, entre le Jbel Sahro au sud et le Haut Atlas au nord. La lumire de fin dÕaprs-midi dore les lointains estompŽs par le vent de sable de plus en plus fort. CÕest la - bien nommŽe - VallŽe des Mille Kasbah dont nous apercevons de chaque c™tŽ de la route les silhouettes en plus ou moins bon Žtat. Ė Skoura, dŽtour un peu difficile pour contempler de prs probablement la plus remarquable de toutes, celle dÕAmerhidil dont la silhouette caractŽristique figure sur les billets de 100 Dhms. Elle est en grande restauration. Saisi dÕadmiration devant ce chef dÕĻuvre dÕart berbre, jÕen fais le tour ˆ pied, en prenant une sŽrie de photos des tours et des dŽtails de lÕornementation gŽomŽtrique bien mise en valeur par la lumire chaude et rasante du soir. Puis nous filons sans arrt dans la vallŽe, sinon pour excs de vitesse dans un patelin passŽ ˆ 80 km/h plut™t que 60. Mokhtar nous tire de ce mauvais pas avec son habituelle Ē diplomatie Č qui rŽduit la grosse amende de 400 DH ˆ un petit cadeau.

Le soir descend, les agglomŽrations se succdent le long de la route qui finit par nous amener ˆ notre objectif, Boumlane Dads o nous arrivons dans la nuit (19:30). Mokhtar sÕenquiert auprs de deux militaires de lՎtat de la route projetŽe vers Imilchil via la vallŽe du Dads. Bien nous en prend, car celle-ci, nous apprend-on, se transforme en une trs mauvaise piste au bout de la section goudronnŽe. En revanche la route empruntant la vallŽe du Todra ˆ partir de Tinerhir serait bien meilleure et nous permettrait de franchir sans problme le Haut-Atlas. La suite ˆ demain. Nous trouvons donc un bel espace plat et ŽclairŽ ˆ la sortie de Boumlane pour Žtablir notre bivouac. MŽmorable tajine concoctŽ par le chef qui sՎtonne lui-mme de sa rŽussite avec la cocotte-minute pourtant bien peu traditionnelle : Ē Je nÕai pas perdu la main ! Č. Aprs une Žcriture rapide du journal, coucher ˆ 22:30 dans le grand vent froid de lÕAtlas.

17 627 Mardi 21 mars 2006 : de BOUMLANE DADéS ˆ KASBA TADLA (309 km)

Sous un beau soleil, lever ˆ 7:15 sur notre place encore dŽserte. Aprs un coup dÕĻil au site superbe de lÕentrŽe de la vallŽe du Dads, dŽpart sans tarder pour petit-dŽjeuner 55 km plus loin devant le magnifique panorama de lÕOasis de Tinerhir, aprs le parcours rapide de la large vallŽe au pied du Jbel Sarhro. Mokhtar se livre ˆ une autre Žp”tre aux enfants attendant lÕouverture de lՎcole, venus en grappe quŽmander comme dÕhabitude bonbon, stylo, dirham, etc. Puis nous nous engageons sur la route remontant la vallŽe et pŽnŽtrons dans les gorges. La magie du site le saisit, tout comme moi bien que jÕen sois ˆ ma troisime visite. Nous prenons quelques minutes pour gožter la grandeur de ces parois verticales aux chaudes couleurs ocre qui ne semblent plus finir de monter vers le ciel. Mais le vent froid de lÕAtlas nous fait bient™t apprŽcier la chaleur de notre CC. Nous dŽpassons donc la sortie de la gorge comme telle et poursuivons sur lÕexcellente route qui continue ˆ suivre le cours de lÕoued bient™t totalement assŽchŽ. Nous croisons quelques 4 x 4 qui redescendent, et doublons un couple en scooter qui, lors dÕun arrt photo, mÕexplique ce qui les a amenŽs ˆ ajouter cet accessoire ˆ leur camping-car Š laissŽ en arrire au camping. Je recueille toutes ces informations avec beaucoup dÕintŽrt, avant de poursuivre la longue remontŽe de lÕoued vers des paysages de plus en plus sauvages.

Ė partir du hameau montagnard de Tamttatouchte, le goudron dispara”t et une mauvaise piste poussiŽreuse mais assez bien empierrŽe prend le relais. Elle sՎlve lentement dans des paysages de plus en plus dŽsertiques vers les pentes rocheuses dŽnudŽes o brillent quelques taches de neige. Nous sommes en vŽritŽ trs hauts en altitude, et le chemin suit des virages serrŽs encha”nŽs ˆ des longues rampes jusquՈ passer le Tizi-Tirherhouzine, ˆ plus de 2 700 m. Paysages grandioses que nous avons tout le loisir dÕadmirer, vu la lenteur de notre progression entre les ornires et les roches parsemant la piste. Pique-nique sur le stationnement du col, en arrire du misŽrable cafŽ dont le tenancier vient nous saluer ˆ notre arrivŽe en nous proposant un Coca. Puis sÕamorce une trs longue descente vers le plateau bien arrosŽ par des oueds dont il faut franchir ˆ plusieurs reprises le cours de plus en plus abondant, en empruntant des guŽs un peu hasardeux. La surface de la piste devient aussi plus mauvaise, les ornires manquent du gravier rude qui les comblait prŽcŽdemment, des flaques de boue gnent le passage ou exigent dÕaccŽlŽrer avant de sÕengager en craignant de rester pris. Les rares villages sont dÕune grande pauvretŽ, et nous sommes accueillis par des nuŽes dÕenfants surpris de voir le camion, avec ˆ bord Mokhtar coiffŽ en Sahraoui, ce qui ne les empche pas de quŽmander avec une insistance fatigante.

Aprs ces 50 km de piste Žprouvante mais magnifique qui nous aura semblŽ fort longue, nous finissons par arriver ˆ Imilchil o nous retrouvons enfin la route goudronnŽe. Village montagnard ˆ peine moins pauvre et dont les installations du fameux moussem[8] se trouvent ˆ une vingtaine de km de pisteÉ Pas question de nous y rendre aprs lÕexpŽrience dont nous venons de sortir ! Le soleil se voile de plus en plus, le vent froid nous fait prŽfŽrer lÕintŽrieur du camion aux sorties ˆ lÕextŽrieur. Nous commenons ˆ aborder la descente vers El Ksiba et Kasba Tadla lorsque la neige se met de la partie. Aprs avoir contournŽ le beau lac Tislit aux eaux bleu vert, nous commenons ˆ enfiler les virages de la petite route Žtroite dont la chaussŽe dŽfoncŽe est parsemŽe de quelques pierres tombŽes de la montagne.

Soudain, au dŽtour dÕun virage en corniche, une pierre surgit en plein milieu du chemin : trop tard pour arrter, pas de place ˆ gauche (le prŽcipice) ni ˆ droite (la paroi) pour lՎviter. Je pense pouvoir passer au-dessus en centrant bien la trajectoire du camion mais un grand bruit et une brusque secousse prouvent le contraire : nous avons durement touchŽ au niveau du moteur. JÕarrte aussit™t pour voir un mince filet dÕhuile sՎcouler du carterÉ Comme nous sommes encore trs isolŽs et en pleine montagne, sans accs au rŽseau sans fil de Maroc TŽlŽcom, rien dÕautre ˆ faire que de descendre en ville au plus vite dans la pluie maintenant bien Žtablie.

Surveillant dÕun Ļil les voyants du tableau de bord, de lÕautre les virages et les aspŽritŽs de la route, t‰chant de soulager autant que possible le moteur plus bruyant et la bo”te de vitesse inhabituellement dure, nous plongeons dans la longue descente (plus de 120 km) sous la pluie et dans lÕobscuritŽ grandissante. La route ne cesse de tournicoter, les grands Žboulis de terre mlŽe de cailloux sÕenchevtrent comme en un vaste chaos dŽboulant vers la plaine, les courants ocres de torrents impromptus dŽbordent sur la berme ou coupent violemment la route en un flot boueux qui cache la chaussŽe et ses dŽfauts sur plusieurs mtresÉ

Les minutes nous semblent trs longues, jusquՈ ce quՈ enfin atteindre le village dÕEl Ksiba dont les allŽes aux allures de station climatique se devinent dans la nuit. Mokhtar rejoint un ami de Casa pour obtenir le nom et lÕadresse dÕun bon mŽcanicien qui fera un diagnostic et une premire rŽparation. Comme le camion ne donne pas dÕautres signes de faiblesse, nous dŽcidons de nous rendre jusquՈ la petite ville de Kasba Tadla o Mokhtar a dÕautres amis dÕenfance.

Enfin nous stationnons devant le hammam de Mohammed. Celui-ci nous enverra son mŽcano demain. Mokhtar va prendre le thŽ chez ses amis, je reste seul ˆ souper dans le camion, enfin tranquillisŽ, et attaque le journal. Coucher ˆ 23:45 sur lÕavenue paisible.

17 936 Mercredi 22 mars 2006& : de KASBA TADLA ˆ DAR BOUAZZA (240 km)

Nous dormons bien aprs le stress de la soirŽe dÕhier soir, jusquՈ ce que ds 9:00 arrive le jeune mŽcano requis par Mohammed. Un carton ŽtalŽ sur la chaussŽe servira dÕatelier, un tournevis et une clŽ de caisse ˆ outils. Le problme est vite reconnu : cÕest le carter de la boite de vitesse qui a reu lÕimpact et sÕest percŽ, heureusement assez haut pour quÕil reste un bon fond dÕhuile pour alimenter la pompe. Notre mallem (ma”tre artisan) envoie bient™t son aide quŽrir un bidon dÕhuile vide, un morceau de papier de verre et un paquet de soudure ˆ lՎpoxy. Vidange du peu dÕhuile de transmission demeurŽe dans le carter qui sÕest vidŽ ˆ lÕarrt du moteur hier soir, ponage des bords du trou puis pose de plusieurs couches de colle mastic pour colmater la fuite. Autour des deux travailleurs qui prennent leur temps sÕest formŽ un cercle dÕobservateurs incluant Mohammed, nous deux, des amis de passage, des voisins, tout cela dans la bonne humeur sous les palmiers et dans la verdure de lÕavenue tranquille.

Une heure et demie plus tard, les essais routiers et les examens rŽpŽtŽs ne permettent pas dÕidentifier la source du bruit et des difficultŽs ˆ passer la premire. Au moins notre vŽhicule roule-t-il avec assez de sŽcuritŽ pour nous ramener ˆ Casa, sans danger et sans risque dÕendommager davantage moteur et transmission.Mohammed et Mokhtar nŽgocient les honoraires ˆ verser au mŽcano (qui ressemblent plus ˆ un cadeau pour le temps passŽ en notre compagnie quՈ la rŽmunŽration du service professionnel renduÉ).

Il est maintenant presque midi, nous refusons alors les invitations ˆ dŽjeuner et proposons plut™t ˆ nos h™tes dÕaller prendre le thŽ dans notre maison mobile ˆ un endroit de leur choix. Ravis de lÕoccasion dÕessayer le camping-car qui semble les fasciner, ils nous entra”nent jusquÕau site champtre du barrage de Kasba Zidania. Mohktar montre une autre fois sa ma”trise dans la prŽparation du Ē champagne marocain Č, nous prenons quelques photos souvenirs, ramenons nos amis en ville et prenons le chemin de Casa par la grande route qui passe par Boujad, Oued Zem, Khouribga.

La terre rouge de la plaine fertile et bien arrosŽe dispara”t sous la verdure des cŽrŽales. Des fermes aux allures souvent franaises sont dispersŽes dans la campagne o des rangŽes dÕeucalyptus apportent un peu de relief. En revanche une taille sŽvre a enlevŽ toute ŽlŽgance ˆ ceux qui balisent le bord de cette grande route rectiligne au revtement presque parfait. De gros villages ponctuent notre progression tranquille vers la mŽtropole, ralentie par la circulation intense et par de nombreux contr™les radar. La marŽchaussŽe mÕarrte ˆ deux reprises, mais mon attitude affirmŽe et la vitesse raisonnable ˆ laquelle je mÕastreins mՎvite lÕhabituelle distribution de bakchich ˆ laquelle jÕai dŽjˆ dž sacrifier ˆ deux reprises depuis notre arrivŽeÉ Enfin nous rattrapons lÕautoroute peu aprs Settat et pouvons filer sans crainte ˆ 120 km/h jusquՈ Casa, ce qui me donne lÕoccasion dՎprouver clairement les vibrations et le bruit anormalement ŽlevŽ dŽlivrŽ par la mŽcanique. Contournant la grosse agglomŽration, nous rejoignons la route de Dar Bouazza ˆ Hay Hassani, puis passons une bonne heure dans la station Total ˆ faire le plein de gasoil et surtout ˆ dŽcrasser le camion dont la peinture gris mŽtallisŽ semble estompŽe par la poussire dorŽe du grand sud et les taches de boue rouge de lÕAtlas.  Il est presque 19:00 lorsque nous stationnons enfin devant la maison basse de Moha prs de lՎpicerie. Accueil chaleureux du ma”tre de maison et des enfants prŽsents.

La soirŽe sera consacrŽe au visionnement sur la TV familiale de quelques-unes des plus de 1 000 photos de notre virŽe, Mokhtar prŽsentant en grand costume sahraoui le diaporama de sa visite dans les douars parentaux avec sa verve et son bagout habituels. Coucher fort tard dans le champ en arrire de la maison, en compagnie des 2 vaches de Mokhtar et des moutons dÕAhmed.

18 176 Jeudi 23 mars 2006 DAR BOUAZZA- CASA- DAR BOUAZZA (96 km)

Lever un peu plus tard que de coutume, petit nettoyage et remise en ordre de lÕintŽrieur de lÕExsis avant de reprendre le chemin de Casa en compagnie de Mokhtar et dÕAhmed. Celui-ci accompagne Monique ˆ sa rencontre avec lÕavocat Ben Jelloun (affaire Tak Tak). Puis une longue recherche du sige social de Fiat Maroc, dans le quartier de Roches Noires, nous en apprend finalement la disparition. Monique profite alors de la proximitŽ du Bureau du cadastre de la rŽgion pour tenter dÕobtenir un autre document dans le dossier du terrain de la plage ayant appartenu ˆ Gabriel Veyre. Mais le bureau en question a dŽmŽnagŽ depuis notre dernire visite, et il nous faudra prs dÕune heure dÕaller et venues avant de le dŽcouvrir au bord dÕune petite rue rŽsidentielleÉ Il fait chaud, les dŽmarches sont longues auprs dÕune administration peu efficace. Nous commenons ˆ tre affamŽs, aussi jÕouvre quelques unes de nos dernires bo”tes pour improviser un dŽjeuner rapide.

Le grand soleil qui tape sur la carrosserie mÕamne ˆ brancher lÕair climatisŽ lorsque nous revenons enfin vers le centre pour passer au garage Fiat (Italcar). LÕattente est un peu longue mais un technicien aimable, et semble-t-il compŽtent, accepte de tester notre vŽhicule pour diagnostiquer trs vite la dŽfectuositŽ dÕun support de bo”te de vitesse. Rendez-vous demain matin t™t pour procŽder ˆ la rŽparation.

Ahmed nous quitte alors pour vaquer ˆ ses affaires et Mokhtar accompagne Monique chez son couturier pour commander les tenues quÕelle a entrepris de se faire confectionner avec les beaux tissus quÕelle a achetŽs avec Meryam et Latifa durant les derniers jours. Stationnement exigu en plein souk Mer Sultan, ˆ deux pas dÕune place trs populaire qui mÕoffre son spectacle pittoresque Š ˆ la limite du misŽrabilisme Š et ses odeurs fŽtides durant ma longue attente dans le CC. Retour ensuite ˆ Bouazza pour une longue sŽance dՎcriture seul dans le camion, mŽnage et lecture du courrier des derniers jours, appel ˆ Maman en NormandieÉ Souper et coucher tard ˆ 12:15.

18 272 Vendredi 24 mars 2006 : BOUAZZA Š CASA (50 km)

LevŽ ˆ 6:45 et accompagnŽ de Mokhtar, je gagne ˆ nouveau Casa et lÕatelier du garage Italcar. On nous reoit assez vite, et un chef dÕatelier fait rapidement lÕessai qui confirme lÕhypothse dÕhier. Le mŽcanicien affectŽ ˆ notre vŽhicule installe lÕExsis sur des chandelles ˆ mme le trottoir devant lÕatelier, faute de place ˆ lÕintŽrieur, et commence le dŽmontage ˆ 9:30, sous notre Žtroite surveillance. Il dŽcroche le support gauche de la bo”te qui montre dŽjˆ des traces importantes dÕusure lˆ o il frotte sur le berceau avant qui a reu le coup, lors du passage dÕoued ou lors de lÕimpact sur la pierre. Comme le berceau nÕest pas disponible avant 3 semaines, quÕil cožte fort cher et comme la dŽformation est mineure, notre mallem propose de dŽformer le support symŽtriquement ˆ la nouvelle gŽomŽtrie du berceau. Prise de gabarit, quelques minutes de travail sur la presse hydraulique dans lÕatelier, et la pice est bient™t remontŽe. Voilˆ un premier problme - le plus prŽoccupant - rŽglŽ. Les difficultŽs de passage de la premire sÕavrent dues au bris de la fixation du c‰ble du levier de vitesse, mais lˆ encore la pice de nylon nÕest pas disponible, il faudra remplacer tout le c‰ble en France. En attendant notre homme de ressource envoie Mokhtar acheter quelques brides ˆ c‰ble dans une quincaillerie voisine, puis bricole une consolidation de la fixation qui annule en grande partie les effets de la dŽfectuositŽ. Rien ˆ faire pour la jauge de tempŽrature dÕeau puisque le capteur, dŽfectueux lui aussi, est Žgalement indisponible au MarocÉ Reste lÕajustement de la tension du frein ˆ main, petit travail rapidement effectuŽ qui nous permettra de laisser lÕExsis stationnŽ sur une pente sans le voir partir ˆ la dŽrive, comme dans le col avant-hier !

Avec les essais routiers qui viennent conclure toutes ces habiles rŽparations, il est presque midi. Nous rentrons immŽdiatement ˆ Dar Bouazza, satisfaits dÕavoir remŽdiŽ aux petits dŽboires de notre escapade efficacement et surtout ˆ un cožt minime, puisque la facture du garage sՎlve ˆ 173 DH (15 Ū) plus 70 DH de pourboire ˆ notre vaillant et astucieux mŽcanicien. Si lÕon ajoute les 200 DH de la rŽparation du carter de la bo”te ˆ Kasba Tadla, notre mŽsaventure nous aura cožtŽ un gros 450 DH, soit prs de 40 Ū. Je nÕose penser ˆ ce quÕil aurait fallu dŽbourser en France ou au Canada pour remplacer le carter de la bo”te de vitesse et le berceau du moteur !

Aprs-midi tranquille o nous poursuivons le transfert des effets de Monique depuis la chambre/bureau de Mokhtar jusquÕau camping-car quÕil faut laver et Žpousseter avant de trouver une place Žtroite pour chaque chose. Cette longue t‰che nous mne jusquÕen fin dÕaprs-midi, avant le souper et la soirŽe en famille. Coucher dans le champ derrire la maison.

18 332 Samedi 25 mars 2006 : BOUAZZA- CASA- BOUAZZA (50 km)

MatinŽe tranquille au grand soleil, plein dÕeau et fin du remplissage du CC en prŽvision de notre prochain retour vers la France.

En dŽbut dÕaprs-midi, dŽpart avec Latifa et Meryam vers Casa en passant dÕabord reprendre le linge laissŽ ˆ nettoyer chez Yasmina (Hay Hassani) puis ˆ Derb Ghalef o Mokhtar achte les accessoires nŽcessaires ˆ la rŽparation dÕun ordi. Nous gagnons enfin le souk o Monique doit aller chercher la tenue commandŽe chez son tailleur et faire quelques courses de tissus dont les dessins et les prix sont, para”t-il, exceptionnels. Je reste ˆ les attendre en compagnie de Mokhtar, gardant le camion dans ce quartier dont la rŽputation est assez mauvaise. Le temps passe, sans que nous voyions revenir ces damesÉ Aprs quelques rangements et bidouillages sur lÕordi, je fouille dans ma rŽserve de DVD achetŽs ˆ Derb Ghalef et commence le visionnement dÕĒ Oscar Č, une comŽdie avec L. De Funs. Le temps passe vite, mais Mokhtar sÕimpatiente un peu en pensant ˆ tout le travail qui lÕattend ˆ la maison. Nos femmes finissent par revenir aprs 2 heures et demi de chinage, les bras chargŽs de petits ballots de linge et de coupons. Rapide collation (il est presque 19:00) de quelques crpes Žpaisses et grasses achetŽes dÕune Ē crpire ambulante Č (Mokhtar, qui conna”t la musique, refuse mme dÕy toucher !). Puis nous prenons le chemin de Dar Bouazza.

En arrivant, Monique dŽballe ses paquets et en sort un superbe jabador, vtement de cŽrŽmonie 3 pices que je dois aussit™t essayer puis aller prŽsenter aux membres de la famille. La tenue, claire, ample et finement dŽcorŽe de broderie, est confortable, et elle me vaut un beau succs auprs des membres de la famille, et de Moha en particulier qui entreprend de mÕenseigner le Illallah AllahÉ pour mÕemmener comme un bon musulman ˆ la mosquŽe ! Coucher un peu plus tard sur la petite terrasse devant la Bobine, aprs avoir gravŽ pour Mokhtar sur un DVD les photos et le journal de notre balade, ainsi que toute la musique arabe convertie en .mp3 quÕil a contribuŽ ˆ nous faire dŽcouvrir.

11 372 Dimanche 26 mars 2006 : BOUAZZA Š CASA Š BOUAZZA (58 km)

Excellente nuit, bercŽs par le dŽferlement des vagues sur les rochers ˆ nos pieds, jusquÕau rŽveil sous le grand soleil qui chauffe la cellule. Deux fourgons bricolŽs de surfers europŽens ont passŽ la nuit prs de nous. CÕest aujourdÕhui une superbe journŽe dՎtŽ o la tempŽrature monte au-delˆ de 25”. Nous prenons notre temps pour Žmerger et gožter le petit-dŽjeuner, jusquՈ la visite de Mokhtar qui regrette le peu de vagues sur lÕOcŽan bleutŽ. Il part bient™t pour Casa o il doit rŽgler des affaires. Nous passons la matinŽe devant le bureau, accueillant dÕabord M. Larrache venu avec son fourgon Ducato amŽnagŽ par ses soins. Il donne ˆ Monique les dernires informations quÕelle attendait sur ses affaires bancaires, puis ils vont en compagnie dÕAbdelÕhak visiter lÕH™tel des Arts dont le propriŽtaire, M. Lazrac, a invitŽ Monique. Pendant ce temps je mÕattaque au nettoyage du tapis avant de lÕExsis dans lequel sÕest incrustŽ la boue, la terre, le sable et autres souvenirs de nos 3 mois de visite au Maroc. En milieu dÕaprs-midi, dŽpart pour le souk aux tissus de Casa, ˆ nouveau en compagnie de Latifa et Meryam, sans compter les 2 garons AbdelÕhak et Ahmed que nous laissons au pied des Twin Towers.

JÕai le temps de finir lՎcriture du journal des derniers jours, puis dÕachever le visionnement de la comŽdie Oscar et dÕentamer celui de 1001 pattes (BugÕs Life) avant de les voir revenir, fires de leurs achats vers 19:30. Brve collation et retour ˆ Bouazza dans la nuit. Nous allons une autre fois dormir sur le terre-plein de la Bobine, en bord de mer.

18 436 Lundi 27 mars 2006 : BOUAZZA - CASA - BOUAZZA (54 km)

Fin des rangements dans le bureau, puis dŽpart ˆ Casa pour aller retirer notre permis de dŽpart (en fait la prolongation de notre permis de sŽjourÉ) ˆ la PrŽfecture. Mokhtar nous prŽpare avec la cocotte-minute un dŽlicieux tajine dans le parc devant la cathŽdrale, puis Monique passe ˆ la Wafabank pour obtenir des Žclaircissements sur la tenue de son compte. Passage ˆ la bo”te postale que nous trouvons fermŽe, tout comme le bureau de Ma”tre Tak-Tak. Plein de carburant en prŽvision de notre longue route demain, puis retour ˆ Dar Bouazza. Sur lÕExsis stationnŽ prs du mur du bureau qui sert dՎchafaudage, Mokhtar et moi accrochons tant bien que mal ˆ lÕaide dÕattaches c‰bles notre store endommagŽ sur le c™tŽ du CC, puis le tapis extŽrieur sur le haut du porte-vŽlos ˆ lÕarrire. JՎchange ensuite la dernire bouteille de butane bleue marocaine contre la verte franaise remplie ˆ lÕusine il y a un mois. Voilˆ qui met fin ˆ nos prŽparatifs de dŽpart.

Aprs avoir relevŽ notre courriel dans le bureau - ce qui me permet de rŽcupŽrer les photos Veyre envoyŽes par Philippe - et dŽgustŽ le tajine aux pruneaux prŽparŽ par Latifa, nous passons une dernire soirŽe un peu Žmue avec la famille au grand complet. Bivouac sur le stationnement en avant de la maison.

18 490 Mardi 28 mars 2006 : BOUAZZA Š CASA Š BOUAZZA Š TANGER (421 km)

RŽveil ˆ 8:15 sous un ciel un peu brumeux qui sՎclaircit par la suite. Je fais le tour dans le champ en arrire pour complŽter le plein dÕeau et achve le rangement de la soute pour notre grand dŽpart. Dernier tour du bureau pour vŽrifier que nous nÕavons rien oubliŽ, et dŽpart vers Casa en compagnie dÕAhmed et de Mohktar. Pendant quÕAhmed va chercher la trilogie de Rida Lamrini - un cadeau ˆ Monique pour la longue route - dans une librairie amie, nous accompagnons Monique ˆ la Wafabank pour prŽparer ses virements. Puis nous nous rendons chez Ma”tre Tak-Tak qui lÕa invitŽe ˆ la rejoindre via son portable et avec laquelle elle a une longue entrevue.

Appel de Meryam qui a retrouvŽ les lunettes et les petits cadeaux offerts ˆ Monique par les filles en faisant le mŽnage de la chambre/bureauÉ Il ne nous reste plus quՈ reprendre le chemin de Bouazza pour rŽcupŽrer ces effets et Žcrire la petite lettre dÕengagement avec Abderrahim pour la livraison des photos ˆ Rabat.

Enfin cÕest le bon dŽpart, passŽ 15:15. Nous laissons Mokhtar ˆ Casa en passant Hay Hassani, puis enfilons lÕautoroute vers Rabat. Sur la voie rapide, toujours autant de pollution qui mÕirrite les yeux et les bronches, jusquՈ sՎloigner un peu de la mŽtropole. ArrivŽe ˆ Rabat vers 16:45 et stationnement devant la Chambre des ReprŽsentants. Monique rejoint notre Žditeur ˆ la terrasse de son cafŽ prŽfŽrŽ o il achve de dŽjeuner, puis ils se retrouvent dans le CC pour une ultime discussion.

Nous reprenons enfin lÕautoroute en direction de Tanger vers 18:00. Le soir tombe, heureusement le trafic est clairsemŽ sur le chemin qui nous Žloigne de ce Maroc qui commence ˆ me peser. Je ne sais quand jÕaurais le gožt de revenir y sŽjournerÉ ArrivŽe ˆ Tanger passŽ 21:30. Plus de ferry ˆ cette heure, aussi allons-nous dormir sur un petit stationnement un peu ˆ lՎcart prs du quai, une fois franchie la cl™ture du port o nous embarquerons demain matin.

18 911 Mercredi 29 mars 2006 : de TANGER ˆ HUƒTOR SANTILLAN (GRANADA) (306 km)

Bonne nuit malgrŽ le bruit ds 5:30É Nous parvenons quand mme ˆ nous reposer jusque vers 8:30 pour Žmerger alors et prendre le petit-dŽjeuner dans le grand soleil de la MŽditerranŽe. Retournant sur le grand boulevard qui longe la mer, Monique fait encore quelques tŽlŽphones ˆ partir dÕune cabine en Žpuisant sa carte Kalimat (elle rejoint en particulier Gilles ˆ qui elle annonce notre embarquement), puis nous rentrons dans le port et passons les formalitŽs de douane et de police, Žtonnamment efficaces et rapides pour une fois : moins de 15 mn ! Ė 10:00, dŽpart du ferry, un catamaran trs rapide qui nous dŽbarque au petit port de Tarifa 1 heure 45 plus tard : 45 minute de traversŽe et une heure de dŽcalage horaire.

En voyant sՎloigner les superbes c™tes du Maroc, je fais un premier bilan : sŽjour beaucoup trop long quant ˆ moi pour bien peu de dŽcouvertes et de mouvement, pays avec lequel encore une fois je me sens trs ambivalent : certes nous avons rencontrŽ plusieurs personnes charmantes, attachantes et trs accueillantes, lÕenvironnement est magnifique et pittoresque, mais il est aussi trs polluŽ et sale, la sociŽtŽ est mal organisŽe, pourrie par la gangrne de la corruption et du magouillage ˆ tous les Žtages, engluŽe dans une tradition qui lÕimmobilise et pŽrennise les inŽgalitŽs et les injustices, sans rŽelle libertŽ de pensŽe ni dÕexpressionÉ Monique tente de me faire voir les bons c™tŽs et souligne comment nous nÕavons pas su mettre tous les atouts de notre c™tŽ : logement confortable et indŽpendant, contacts variŽs avec des gens cultivŽs et actifs, dŽveloppement de projetsÉ et comment nous nous sommes un peu laissŽs bercer et Žtouffer par la gentillesse et la sollicitude de nos h™tes ˆ Dar Bouazza. MalgrŽ ses arguments qui ne manquent pas de justesse, je reste trs rŽticent ˆ rŽpŽter lÕexpŽrience lÕan prochain.

Nous sommes bient™t ˆ lÕentrŽe du petit port de Tarifa o le dŽbarquement et lÕentrŽe dans lÕUnion europŽenne sÕeffectuent rapidement et sans aucune complication. La route grimpe aussit™t ˆ travers un champs dՎoliennes, en corniche au-dessus du dŽtroit et de la rade dÕAlgeciras limitŽe en arrire par lՎnorme rocher de Gibraltar[9], avec sur la rive africaine son homologue le mont Jbel Mousa. Pique-nique sur un belvŽdre, aprs que je me sois ŽtalŽ sur la chaussŽe en allant prendre une photo du site : un pantalon fusillŽ, et 2 belles Žcorchures au pied et sous le genouÉ Faut croire que jÕai perdu lÕhabitude des chemins asphaltŽs et rŽguliers !

Nous rattrapons lÕautoroute quelques km plus loin ˆ lÕentrŽe de la Linea et ne la quitterons plus de la journŽe. Elle file trs proche du rivage sur laquelle elle offre souvent de belles perspectives, ˆ moins de traverser les Žnormes agglomŽration touristiques qui pavent maintenant toute la Costa del Sol : Puerto Banus, Marbella, FuengirollaÉ Bref arrt pour faire le plein de gasoil, puis nous tournons un moment autour de la plage de Torreblanca del Sol pour faire Žgalement le plein dÕEuros. Nous ne rattraperons lÕautopista que bien plus loin, aprs un tour dans les hauteurs du village perchŽ de Benalmadena, jumeau de Mijas o nous dŽcouvrons un Žtonnant temple indou jouissant dÕune vue Žtendue sur la c™te.

Les kilomtres dŽfilent ensuite, avec un net ralentissement en passant en pŽriphŽrie de Malaga ˆ lÕheure de pointe. Le soleil descend, nous nous engageons dans la vallŽe du Rio Guadalmedina que lÕautoroute remonte en larges virages assez serrŽs et pentus. LÕExsis les avale assez bien mais profiterait dÕun petit surcro”t de chevauxÉ La nuit tombe au moment de contourner Granada dont les lumires brillent au pied de la Sierra Nevada blanchie par la neige. Nous dŽcidons alors de chercher asile dans un village peu aprs la ville et, ˆ la premire sortie, allons nous installer dans la quiŽtude campagnarde du village de Huetor Santillan. Aussit™t stationnŽ ˆ la pŽriphŽrie paisible ˆ 20:15, souper rapide puis coucher pour Monique qui sÕendort bient™t sur son livre tandis que je rŽdige le journal et achve vers 23:15 le visionnement du film sur DVD commencŽ avant-hier ˆ Casa.

19 217 Jeudi 30 mars 2006 de GRANADA ˆ BARCELONA (786 km)

Ciel lumineux (lÕAndalousieÉ) ˆ notre rŽveil vers 8:30. Deux maons discutent ˆ c™tŽ de nous en attendant leur chargement de briques pour se mettre ˆ lÕouvrage sur la vieille maison devant laquelle nous avons passŽ la nuit. En dessous de nous, un lacis de ruelles sinueuses - dont nous aurons quelque mal ˆ nous dŽptrer - enserre le cĻur du village, en toile de fond la cha”ne enneigŽe de la Sierra Nevada.

DŽcollage vers 10:00 pour une journŽe de circulation ininterrompue. Le revtement de lÕautoroute est presque toujours impeccable et son tracŽ sans dŽfaut, ondulant ˆ travers de larges vallŽes aux pentes rocheuses couvertes dÕoliviers. Petites maisons blanches aux toits de tuiles romaines claires, touffes de palmiersÉ Parfois la route sՎlve pour passer des cols assez ŽlevŽs comme le Puerto de la Mora (1 390 m). Nous traversons ainsi 2 Parques natural (Sierra de Huetor et Sierra de Baza), au relief accusŽ jusquՈ Guadix puis Baza, petites villes contournŽes par la voie rapide et dont nous apercevons de loin les hauts clochers ocres au coeur de la vieille ville. Ė Puerto Lumbreras, nous rattrapons lÕautoroute dÕAlmŽria. Il commence ˆ faire assez chaud pour brancher la clim, histoire de garder les fentres fermŽes. Plein de carburant ˆ Murcia o je fais Žgalement quelques courses dans un hipermercato (vin et surtout mousses dessert, charcuterie et salades), renouant avec des denrŽes dont nous avons perdu lÕhabitude depuis 3 mois. La route se poursuit vers Alicante dans une trs large vallŽe remplie dÕorangers et de fruitiers.

Ė partir de lˆ, nous longeons la mer devinŽe en arrire des grands immeubles qui semblent border toute la c™te en un mur bŽtonnŽ sans presque aucune discontinuitŽ. Les stations balnŽaires se succdent, avec parfois dÕextraordinaires rŽalisations architecturales comme ˆ Benidorm, avec ses tours hautes et Žtroites plantŽes aux abords dÕun gratte-ciel en forme de pointe de flche trs futuriste. Les barrires de pŽages prŽcdent ou suivent les limites des grandes villes ˆ coup dÕune dizaine dÕeuros ˆ chaque fois, comme autour de Valencia. Une petite surprise : ici notre vŽhicule est assimilŽ ˆ une automobile, donc classe 1, ce qui rend le tarif moins douloureuxÉ Plate et droite, notre longue route file le long de la mer en direction de Tarragona sur 210 km.

Suivant lÕexemple des vŽhicules autour de nous, et compte tenu du long chemin qui nous reste ˆ faire pour rejoindre Gilles et Dominique ce soir ˆ Barcelona, je prends un train plus soutenu et, un peu ŽtonnŽ, je vois lÕaiguille du compteur grimper dÕabord jusquՈ 140 puis, aprs un moment comme pour sՎchauffer, jusquՈ 150. Si le niveau de bruit devient un peu fatigant, le confort de conduite reste entier, la stabilitŽ et la prŽcision de la direction constantes. Certes la consommation accuse le coup, et je finis par tomber en panne sche, lÕExsis venant Žchouer aprs 200 m de roue libre, moteur arrtŽ, ˆ 50 cm de la pompe dÕune station providentielle. Bilan : 13,85 l/100 km, ce qui me semble raisonnable compte tenu de la vitesse, du poids et du volume du vŽhicule.

Nous sommes aux portes de Tarragona; la nuit tombe alors pour les derniers 100 km dÕautoroute puis de route assez encombrŽe jusquՈ Barcelona. LÕentrŽe dans la ville immense est un coup de poker car, dans le flux rapide de la circulation et dans lÕobscuritŽ, il est bien difficile de se repŽrer. Bref arrt pour constater que nous sommes sur la Gran Via des Cortes Catalanes, les Champs-ƒlysŽes de Barcelona, dont lÕallŽe centrale se double de deux voies parallles sŽparŽes par de larges trottoirs plantŽs dÕarbres et bordŽs de grands immeubles chics XIXme. Monique en profite pour trouver une cabine et rejoindre Gilles sur son portable puisque le n™tre, ŽquipŽ de sa puce marocaine MŽditel, exige une recharge et refuse de rŽpondre ˆ ses appels. Nous localisons le restaurant o Dominique et lui nous attendent, cherchons un moment pour trouver un stationnement dans le coin de la Plaza de Espana et enfin les rejoignons dans la petite rue transversale o g”te La Luna.

Joyeuses retrouvailles de nos voyageurs un peu fatiguŽs par leurs longues promenades piŽtonnes dans la capitale catalane. Nous partageons avec eux un repas dŽlicieux et quelque peu exotique pour nous qui sortons de plus de 3 mois de cuisine familiale marocaine. Puis nous les reconduisons ˆ leur h™tel et partons du c™tŽ du port de plaisance pour t‰cher de trouver un bivouac pas trop loin du barri gotic (quartier mŽdiŽval) o nous devons nous retrouver demain. Nous finissons par nous installer dans la Barconeleta, sur la petite allŽe menant ˆ lÕentrŽe du port de plaisance, devant le Museu dÕHistoria de Catalyuna. Coucher ˆ minuit et demi aussit™t stationnŽs, en remettant ˆ demain la tenue du journal.

20 003 Vendredi 31 mars 2006 : de BARCELONA ˆ ROSES (310 km)

Le niveau du bruit urbain ne nous dŽrange pas trop, mais le rŽveil est un peu trop prŽcoce ˆ notre gožt (6:30É). EntourŽs des camions des livreurs du restaurant du musŽe et des employŽs de la voirie occupŽs ˆ nettoyer et passer au jet dÕeau le pavŽ et les trottoirs Š Barcelona est une ville trs propre ! Š nous nous habillons en h‰te et quittons notre placette pour trouver ˆ la grande lumire un stationnement plus calme et plus officiel, pas bien loin, en arrire de la Place Pau Vila. Trop rŽveillŽs pour nous rendormir, nous tra”nons un peu dans le grand soleil printanier, nous douchons, petit-dŽjeunons et, vers 10:00, prenons le chemin du Museu dÕhistoria de la Ciutat o Gilles, rejoint par tŽlŽphone, nous donne rendez-vous.

Courte marche dans les ruelles du quartier gothique, Žtroites et sinueuses, dont les rez-de-chaussŽe abritent maintenant toute une panoplie de boutiques Ē branchŽes Č (fripes mais aussi bijoux dÕargent et autres artisanats dÕart) tŽmoignant du dynamisme et de la crŽativitŽ de la mŽtropole catalane. Le musŽe o nous retrouvons nos deux Franais est surtout remarquable par son sous-sol. Il recle prs de 4 000 m2 de fouilles archŽologiques fort bien prŽsentŽes et documentŽes dÕune partie du quartier romain ˆ lÕintŽrieur de son mur dÕenceinte en grosses pierres taillŽes. Ė lՎtage, dans le Salo del Tinell (une grande salle romane du XIVme o les Rois Catholiques auraient reu Christophe Colomb ˆ son premier retour dÕAmŽrique), je parcours avec intŽrt une belle exposition retraant le dŽveloppement ancien de la pŽninsule ibŽrique : cultures ibre, romaine puis wisigothique. Les pices prŽsentŽes sont remarquables mais les notices bilingues castillan/catalan restent pour moi hermŽtiques, comme je t‰che de lÕexpliquer ˆ une gentille h™tesse qui essaie de mÕadministrer un questionnaire dՎvaluationÉ en espagnol puisquÕelle-mme ne pratique ni le franais ni lÕanglaisÉ Babel europŽen !

Il est passŽ 12:30 lorsque nous nous retrouvons sur le parvis de la Plaa del Rei. Gilles et Dominique nous quittent pour leur visite du Museu de la Musica Catalane, tandis que nous regagnons tranquillement notre Exsis en musardant dans les boutiques de linge et de bijouxÉ Un rapide casse-crožte en rŽintŽgrant nos murs, et nous prenons la route du nord.

Comme jÕavais beaucoup apprŽciŽ lÕan passŽ le parcours de la route en corniche au-dessus de la Costa Brava, je dŽcide de rentrer en France en empruntant cet itinŽraire spectaculaire. Nous suivons donc le tracŽ de la N11 pour sortir de la grande conurbation de Barcelona. Elle nous fait passer devant notre petit camping dÕEl Masnou, puis devant toute une suite de plages desservant la grande communautŽ urbaine avec sa ribambelle dÕh™tels, de restaurants et de lotissements touristiques qui me font penser au Bouazza /Casablanca, mais avec autrement plus de moyensÉ Ė partir de Blanes la densitŽ des installation et la circulation diminuent un peu, aussi en profitons-nous pour aller nous allonger au soleil sur le sable, en une sorte de sieste qui vient ˆ point complŽter notre nuit trop courte. Une heure plus tard, vers 17:30, lorsque le fond de lÕair fra”chit avec la descente du soleil, nous repartons un peu plus en forme pour aborder les multiples virages trs serrŽs de la route de corniche au-dessus de Tossa del Mar puis de Sant Feliu de Guixols. Quelques forts beaux belvŽdres dŽvoilent la suite de caps couverts de forts interrompus brusquement par des falaises rocheuses qui tombent dans la mer bleue. IntensitŽ des couleurs, alternance de zones b‰ties (h™tels, villas, quelques villages) et de rŽgions - encore - dŽsertiquesÉ

La lumire est dŽjˆ basse lorsque nous quittons Sant Feliu en prenant la grande route de lÕintŽrieur vers Girona puis Figueres pour rattraper plus rapidement Roses o nous voulons passer la nuit. Beaucoup de camions et de trafic sur ces routes que des travaux dÕamŽlioration rendent un peu lentes et difficiles. Enfin nous voilˆ devant notre Žtape ˆ lÕentrŽe de laquelle un supermarchŽ Champion nous invite ˆ quelques courses de denrŽes manquantes. Il est passŽ 22:00 lorsque nous trouvons un espace libre sur le grand quai du port de pche de Roses o 2 autres gros camping-cars nous ont prŽcŽdŽs. Souper rapide, lecture et journal, nous nous couchons passŽ minuit.

20 313 Samedi 1er avril 2006 : de ROSES ˆ VALROS (224 km)

FatiguŽs de nos pŽrŽgrinations des derniers jours, nous dormons longtemps et tra”nons au lit pour Žmerger enfin passŽ 10:00. Le ciel est voilŽ sur le grand bassin rempli de yachts et de barques de pche. La petite route qui coupe ˆ travers la montagne en direction de Cadaques est certes panoramique et nous lÕavions apprŽciŽe lÕan passŽ en descendant vers le Maroc, mais la visibilitŽ est aujourdÕhui trop limitŽe. Nous renonons donc ˆ descendre jusquÕau petit port que Salvador Dali rendit cŽlbre, et gagnons directement El Port de la Selva puis Llana. Nous suivons lˆ une autre belle section de la Costa Brava, relativement sauvage et austre, dont les hauts rochers de schiste gris et noir tombent ˆ pic dans la mer. Le ciel se dŽgage un peu, les couleurs sÕavivent et les lointains deviennent plus perceptibles. La petite route serpente ŽnormŽment, obligeant ˆ une attention constante, rŽduisant beaucoup la vitesse et faisant apprŽcier le confort de la direction assistŽe, tout comme la souplesse du moteur qui absorbe montŽe et descentes sans effort ni sur-rŽgime. Nous passons ainsi Portbou o je fais un dernier plein de gasoil au tarif espagnol, avant de descendre vers Cerbre et la France.

Ė Banyuls nous rechargeons la puce du tŽlŽphone Orange, tirons une liasse dÕeuros au guichet de la Poste et tentons de rejoindre nos amis quŽbŽcois Chantal et Michel qui viennent dÕarriver en France. Leur portable reste muetÉ Idem pour Paul ˆ Couty. Il ne nous reste quՈ reprendre la route vers Argels, contourner Perpignan par une rapide 4 voies qui longe un bon moment lՃtang de Leucate puis celui de Sigean. Circulation assez dense sur la nationale o, ˆ ma grande surprise, les Franais respecte presque tous religieusement la limite des 90 km/h.

Ė Narbonne, long arrt au magasin de Narbonne Accessoires. Nous y trouvons enfin le pied de table contournŽ et articulŽ qui libŽrera lÕespace central de lÕExsis. Tour du magasin ˆ la recherche dÕautres matŽriels utiles (petite applique extŽrieure entre autres, ˆ bricoler), plein dÕeau ˆ lÕatelier dŽsert en ce samedi, et nous repartons. Pas pour longtemps car, repŽrant ˆ deux pas un GŽant Casino, nous en profitons pour aller remplir la cambuse bien appauvrie par nos derniers jours de transhumance.

Sur la route peu aprs 19:00, nous roulons encore une heure jusquՈ passer BŽziers, et allons installer notre bivouac sur le grand stationnement vide de la CoopŽrative vinicole de Valros, une douzaine de km plus loin. Souper et essai du pied de table nous mnent ˆ 22:00. Monique lit un peu et je corrige le journal en Žcoutant Glenn Gould, sublime dans Bach, jusquÕau coucher ˆ minuit.

20 537 Dimanche 2 avril 2006 : de VALROS ˆ AUBAGNE (301 km)

Bien tranquilles sur notre grand stationnement vide devant la coopŽrative (fermŽe ce dimanche matin), nous tra”nons et dŽmarrons tard passŽ 10:30. Nous choisissons dÕemprunter les nationales plut™t que lÕautoroute pour progresser vers lÕEst jusquՈ lÕatelier dÕAubagne o je veux faire affiner le rŽglage de la carte Žlectronique du moteur de lÕExsis. Il fait trs beau, la chaleur est douce et les bourgeons ˆ peine Žclos transforment les arbres le long de la route en lŽgres ombrelles aux teintes vert p‰le. Plusieurs sections de double voie nous facilitent la vie sans pour autant me faire dŽpasser le 110 km/h, je prŽfre rouler aux 90 km/h rŽglementaires, histoire de maintenir la consommation de carburant et le bruit ˆ un niveau acceptable. Nous gagnons Arles par la petite N 572 qui longe les plates Žtendues de la Camargue, puis ensuite Salon de Provence par la N 113 rectiligne. Au nord la cha”ne de Alpilles limite lÕhorizon, remplacŽe par la masse plus haute de la Montagne Ste Victoire en dŽpassant Aix en Provence. Nous bifurquons alors vers le sud par la petite N 95 qui se faufile dans le maquis, assez accidentŽe et tortueuse pour exiger une attention soutenue, dÕautant que la circulation est dense en ce radieux dimanche aprs-midi.

Nous finissons par atteindre la petite ville dÕAubagne, soignŽe et propre. Les places et passages sont pavŽs de neuf, les voies de circulations, Žtroites et sinueuses, sont balisŽes de poteau dÕinox ou dÕacier pour faire respecter un stationnement strictement rŽglementŽ. Nous nous lanons alors ˆ la recherche de lÕatelier de tuning repŽrŽ gr‰ce au forum camping-car. En consultant mon Mac, je constate alors que je nÕai conservŽ que lÕadresse Internet [10] mais ni lÕadresse physique ni le tŽlŽphone de Racing Development Žgalement absent de lÕannuaire consultŽ dans un cafŽ. Il faut donc commencer par trouver un cybercafŽ pour aller sur le site du transformateur, ce qui se passe assez bien. HŽlas le Chemin du Mistral semble peu connu et lÕon mÕenvoie dÕabord dans la Zone Industrielle des Paluds o nous tournons un bon moment avant de trouver une Avenue du Mistral sans atelier au numŽro indiquŽ. Nous revenons en ville et je vais consulter les pompiers (supposŽs conna”tre tous les coins de la rŽgion) pour me faire indiquer une impasse mme pas marquŽe sur leur carte dŽtaillŽe fixŽe sur le mur du PCÉ Nouvelle sŽance dÕexploration le long de la RN 8 elle aussi difficile ˆ trouver sans plan de la villeÉ Au bout dÕune heure dÕaller et venues, nous abandonnons la recherche car ˆ 20:30 la nuit tombe : nous appellerons demain. Bivouac au fond dÕune impasse dans un petit quartier rŽsidentiel au-dessus de lÕautoroute.

20 838 Lundi 3 avril 2006 : dÕAUBAGNE ˆ BOLLéNE (211 km)

Il fait beau au rŽveil et nous reprenons nos recherches de lÕatelier de Serge LABRUNO, le propriŽtaire de Racing Development. LorsquÕenfin nous le dŽcouvrons au fond dÕun chemin de terre derrire le collge prs de la piscine Tournesol, cÕest pour apprendre que lÕagenda est complet pour la journŽe, et quÕon ne pourra procŽder ˆ lÕoptimisation envisagŽe que demain. Monique intervient alors, je surenchŽris son offensive de charme, et nous obtenons que le travail soit fait sur le champ.

Le prŽparateur branche alors son ordi portable sur la prise interface du moteur, fait une copie du programme de gestion Žlectronique et regagne son bureau pour procŽder au retraitement des paramtres. Comme il est passŽ midi, nous dŽjeunons sur lÕaire de travail devant la maison. Puis ˆ 13:45 notre ingŽnieur revient avec son portable et rŽinjecte le programme modifiŽ. Au total la transformation aura durŽ moins de deux heures, sans aucune manipulation mŽcanique ni mme ouvrir le capot du moteur ! Certes la facture sՎlve ˆ 550 Ū TTC, mais elle est beaucoup moins ŽlevŽe que lÕachat de la version POWER du mme moteur (1 800 Ū) et le rŽsultat semble supŽrieur, puisque Racing Developmentavance une augmentation de puissance de lÕordre de 40 Ch. En lÕabsence de mesure objective, il est Žvidemment impossible de vŽrifier ce chiffre, en revanche ds les premiers kilomtres, lÕaugmentation du couple ˆ bas rŽgime est Žvidente, donc les reprises, et la consommation devrait en consŽquence en tre diminuŽes, si lÕon garde les mmes habitudes de conduite (puisquÕil est moins nŽcessaire de rŽtrograder en montŽe ou pour doubler, ou suite ˆ un grand ralentissement comme lors du passage des ronds-points). Nous surveillerons les donnŽes lors des prochains pleins.

Nous repartons avec notre engin vitaminisŽ et suivons la N 7 vers le nord. La chaussŽe est, bien entendu, excellente mais pas toujours aussi rapide quÕon le souhaiterait, que ce soit ˆ cause de son Žtroitesse et de la raretŽ des crŽneaux de dŽpassement, ou suite aux innombrables traversŽes de villages qui forcent ˆ ralentir aux 50 km/h rŽglementaires. De plus, si le ciel demeure relativement dŽgagŽ, la tempŽrature baisse rŽgulirement lors de notre progression vers le nord. Nous passons Aix en Provence, Salon, OrangeÉ

Retrouvailles de Chantal et Michel sur le stationnement du Leclerc de Bollne o, aprs quelques courses dans lÕhypermarchŽ et la quincaillerie voisine, nous faisons le plein dÕeau sur la borne gracieusement mise ˆ disposition de la clientle camping cariste par le grand magasin. Puis nous suivons lÕintŽgral Pilote de nos amis dans un dŽdale de chemins Žtroits jusquՈ la petite maison de Jean-Luc et Franoise qui nous ont invitŽs ˆ partager leur souper Ē ˆ la bonne franquette Č. Bien entendu les discussions roulent sur nos intŽrts communs : les camping-car et les voyages, dÕautant plus quÕils ont Žgalement invitŽ Marie, une autre voyageuse dont le camion est stationnŽ dans la cour ˆ c™tŽ de celui de nos h™tes. Notre petit Exsis fait encore une fois sensation et un peu envie, et lÕon admire son confort et lÕingŽniositŽ de son implantation en regard de ses dimensions rŽduites. Mais cÕest surtout le Maroc que nous avons pu dŽcouvrir de lÕintŽrieur durant ces trois derniers mois qui polarise les discussions. Nous mesurons alors toute lÕincomprŽhension et les prŽjugŽs qui affectent ce malheureux pays, pourtant si beau et attachant, mais dont les particularitŽs historiques et culturelles (pauvretŽ, islam et poids de la tradition entre autres) hŽrissent nos mentalitŽs occidentales. Nos nombreuses et vives discussions avec les fils A•t Taleb, nos observations et lectures [11] des derniers mois Žtayent nos arguments et tentent dÕapporter une perspective plus large aux dŽbats. Coucher sur le terrain en avant de la maison aprs moult discussions et libations.

21 049 Mardi 4 avril 2006 : de BOLLéNE ˆ AUBIGNAS (07) (45 km)

Aprs lever et vaisselle dans la petite maison de nos h™tes sous la pinde, nous reprenons la route en compagnie de Michel et Chantal pour retourner au Leclerc de Bollne. Nous y passons une bonne partie de la journŽe tranquille ˆ faire quelques courses dans la grande surface (achat et dŽcoupe du tapis bleu) et ˆ nous reposer sous un ciel de plus en plus couvert tandis que nos amis vont rendre visite ˆ leur mre ˆ Pierrelatte.

Vers 16:00 nous reprenons la route vers le nord, allons franchir le Rh™ne au Teil et suivons la pittoresque N 102 jusquՈ la petite D 263 qui grimpe au flanc du Plateau du Coiron jusquÕau charmant village dÕAubignas nichŽ ˆ flanc de colline. Il est presque 18:00 lorsque nous arrivons sur lÕaire de service indiquŽe par Michel dont nous retrouvons le Pilote arrivŽ quelques minutes avant nous. Bricolage et Žchanges avec Michel pendant que les femmes discutent amŽnagement et finissent les rideaux entrepris par Chantal. Puis Monique nous prŽpare dans lÕExsis un dŽlicieux tajine que nous dŽgustons tous 4 autour de la grande table du Pilote. La soirŽe sÕachve assez tard en joyeuse compagnie, et nous nous endormons dans le plus grand calme sous un ciel malheureusement trs frais et sans Žtoiles.

21 094 Mercredi 5 avril 2006 : dÕAUBIGNAS ˆ COUTY (257 km )

Nuit hyper tranquille devant le magnifique paysage avec vue sur les toits roses du village. Nous sommes les 2 seuls CC sur cette grande aire parfaitement amŽnagŽe dont nous notons soigneusement les coordonnŽes. Bravo ˆ Michel MŽjean qui sÕest occupŽ de sa rŽalisation auprs de la municipalitŽ. Dommage que le ciel soit si gris et la lumire si parcimonieuse sur les pentes de maquis et sur les vieux mursÉ Nous finissons par quitter nos amis vers 10:30, en nous promettant de garder le contact et en projetant un futur voyage ensemble au Moyen-Orient (mais pour cela, il faudra rŽsoudre le problme du carnet de passage en douane en IranÉ).

Nous rattrapons la vallŽe du Rh™ne et la N 7 que nous suivons jusquՈ Valence, sous un ciel sombre et terreux. Lˆ nous bifurquons vers le nord-est (direction ChambŽry) en empruntant cette fois lÕautoroute, dÕabord sur une section gratuite puis sur la A 49 payante, compte tenu de la pluie et des bourrasques qui se sont maintenant abattues en travers de notre route. Notre destination est encore loin, aussi je profite de la voie libre et de la vitesse autorisŽe ŽlevŽe pour nous avancer le plus possible. Je peux cette fois tester lÕefficacitŽ de la modification du moteur ˆ haute vitesse : accŽlŽration beaucoup plus franche, y compris ˆ bas rŽgime (1500 t/mn), absence de limite ˆ la montŽe en rŽgime puisque le compte-tours grimpe allŽgrement et sans ren‰cler jusque vers les 4500 t/mn (alors quÕauparavant le moteur semblait Ē manquer dÕair Č au-dessus de 3000 t/mn). Nous progressons vite jusquՈ lՎchangeur avec la A 48 ˆ Voiron o je reconnais mal les indications et prends ChambŽry par le nord (La Tour du Pin) plut™t que par le sud (Grenoble). Le mal nÕest pas grand puisque le nombre total de km nÕen est gure majorŽ, et le cožt du pŽage ˆ la sortie dÕAnnecy de toute faon identiqueÉ En revanche je nÕapprŽcie pas la consommation excŽdentaire de gasoil qui se vend ici 1,17 Ū ˆ la pompe !

Coup de fil ˆ Toutou qui, en lÕabsence de Paul et Marie-France en repos ˆ Lyon, nous accueille seul devant la grande maison familiale. Monique lÕinvite ˆ partager notre souper dans lÕExsis (fondue savoyarde comme il se doit et salade de m‰che), et nous nous endormons assez t™t devant sa porte.

21 351 Jeudi 6 avril 2006 : COUTY-ANNECY-RUMILLY (80 km)

Nuit tranquille sur le gravier devant la grange de Toutou. En matinŽe aller-retour au magasin Narbonne Accessoires de Le Treige pour reporter le pied de table articulŽ qui ne nous convient pas. Discussion orageuse lorsque le gŽrant des pices refuse de nous reprendre lÕaccessoire, comme convenu avec le vendeur de Narbonne, et comme indiquŽ dans le prŽambule du catalogue. Il semble quÕil y ait deux classes de magasins dans cette cha”ne, et celui dÕAnnecy, seulement franchisŽ, ne dispose pas des mmes droit ni devoirs que les autresÉ Je perds bient™t patience devant son obstination, et il faut toute la diplomatie de Monique pour arriver finalement ˆ un arrangement par tŽlŽphone avec le proprio du magasin de NarbonneÉ Nous en profitons pour prendre un socle en alu ˆ fixer dans le plancher qui nous permettra de dŽcaler lÕimplantation de la table lorsque non utilisŽe et dŽgagera le passage vers lÕarrire vraiment malcommode.

De retour ˆ Rumilly en aprs-midi, je fais un tour chez Chavanel Point P pour prendre des boulons de fixation. JÕy cherche aussi un tuyau souple de 40 mm de diamtre destinŽ ˆ modifier lՎvacuation des eaux usŽes, mais en vain. Nous allons prendre le courrier au cyber de la rue Malpenat dans le cĻur du vieux Rumilly. Profitant du soleil dans la cour de Couty, je bricole lÕinstallation de notre nouveau socle quÕil faut boulonner ˆ travers le double plancherÉ Le vent froid devient pŽnible au moment o le soleil descend. Nous enlevons de la soute et des coffres les effets emportŽs au Maroc et maintenant inutiles, puis descendons aux Huttins rencontrer Genevive et Jean-Claude.

Souper avec Genevive dans le CC devant lՎglise de S‰les, avec vue sur la vallŽe illuminŽe. Aprs avoir reconduit la cousine chez elle, nous atterrissons passŽ minuit sur le stationnement du GŽant Casino de Seynod pour faire demain matin le plein de gasoil, avant de redescendre vers le lac et lÕappartement dÕHenry avec qui Monique a rendez-vous.

21 431 Vendredi 7 avril 2006 : ANNECY-COUTY- CHAMBƒRY (69 km)

Plein de gasoil avant dÕaller stationner devant les Nouvelles Galeries au centre dÕAnnecy. Laissant Monique ˆ son rendez-vous avec son oncle, je mÕattaque ˆ la rŽdaction du courrier des derniers jours. Ė 11:00 nous quittons le centre ville pour aller dŽjeuner ˆ Sevrier au bord dÕune petite route au-dessus du lac. Monique fait la sieste pendant que jÕachve la mise ˆ jour du journal. Il fait trs beau, mme si le fond de lÕair reste frais. Puis nous rentrons ˆ Couty chercher les cadeaux destinŽs ˆ Franoise et Florence, et prenons la route de ChambŽry.

Il fait bon fl‰ner dans la grande ville joliment et soigneusement restaurŽe. Lche-vitrine en plein centre, prs de la Grande Poste sur le stationnement de laquelle nous nous sommes installŽs, au bord du parc. Monique succombe au charme dÕun magasin de chaussure quÕelle dŽcouvre en avant de lÕappartement de FranoiseÉ

Celle-ci nous reoit aprs son rendez-vous avec son dernier client, nous fait visiter son nouveau logis/bureau, puis nous entra”ne ˆ travers les petites rues sinueuses de la vieille ville jusquՈ La Grange, le restaurant de sa sĻur et de Sylvain. AgrŽables retrouvailles dans la chaude ambiance savoyarde, puis dŽlicieux souper jusquՈ prs de minuit. Coucher devant la Poste, dans le plus grand calme.

21 500 Samedi 8 avril 2006: de CHAMBƒRY ˆ COUTY (57 km)

RŽveil vers 7:30 aux premiers bruits de la ville qui sÕanime, et lever une heure plus tard avec, devant la fentre, les pelouses, les grands arbres et les massifs de fleurs du parc. Monique retourne Žchanger une de ses chaussures qui ne lui va pas, tandis que je fais le mŽnage et mets le journal ˆ jour. Nous finissons par dŽcoller vers 11:30 et prenons tranquillement le chemin de Rumilly.

Je vŽrifie au passage auprs de deux magasins E. Leclerc la possibilitŽ dÕadopter les nouvelles bouteilles Clairgaz dÕun beau rose fuchsia, beaucoup moins chres (17,85 Ū) que nos bonbonnes vertes de propane Primagaz (24,95 Ū) les 13 kg. Mais il sÕavre que, pour lÕinstant, seul le butane est disponibleÉ Je continuerai donc avec le propane qui me garantira un fonctionnement sans problme durant lÕautomne et lÕhiver prochains.

Nous arrivons en milieu dÕaprs-midi ˆ Rumilly o je vais faire lÕemplette de 2 m de tuyau souple annelŽ en 40 mm pour dŽplacer vers la droite du camion la sortie dÕeaux usŽes. De retour dans la cour de Couty, je procde ˆ son installation. Elle me permettra de vider le rŽservoir dÕeaux grises de faon beaucoup plus pratique et discrte directement dans le caniveau en ville ou sur le bas-c™tŽ de la route ˆ la campagne. Puis je profite de la chaleur du soleil pour entreprendre de dŽcrasser la carrosserie de lÕExsis de toutes les taches de goudron et dÕinsectes, et poursuis par lÕeffacement des rayures superficielles accumulŽes depuis les derniers mois.

JÕachve presque mon ouvrage lorsquÕen fin dÕaprs-midi arrivent Marie-France et Paul. Celle-ci appara”t encore trs affectŽe par lÕACV et les autres problmes de santŽ qui lÕont frappŽe il y a quelques semaines et nous ne la verrons que quelques minutes, jusquÕau repas que Monique prŽpare pour nous quatre et que nous prenons dans la cuisine avec nos h™tes. Nous nous retirons bient™t dans notre CC o nous passons la soirŽe tranquille, Monique ˆ lire et moi ˆ achever la page web de notre voyage au Pays de Galles en 1994.

21 557 Dimanche 9 avril 2006 : COUTY (0 km)

Il pleut presque toute la journŽe puis durant la nuit. Fin de la pose du tuyau dՎvacuation des eaux grises et du nettoyage de la carrosserie, rangement de nos effets dans le CC et dans le grenier, inventaire des archives entreposŽes dans la chambre dÕamis de Toutou, visite de Franoise et de Genevive (on Žcoute de la musique arabe !). Le soir compilation des donnŽes gŽnŽalogiques rassemblŽes par Maman, scannŽes en novembre et non encore mises au propre.

21 557 Lundi 10 avril 2006: de COUTY ˆ LYON (158 km)

Une pluie froide et un ciel trs chargŽ nous attendent au rŽveil. Derniers rangements et plein dÕeau, nous faisons nos adieux ˆ Toutou et ˆ Marie-France avant de prendre la route vers Lyon en Žvitant lÕautoroute. La pluie progressivement se mue en neige fondante qui sՎcrase sur le pare-brise. Nous grimpons rapidement et sans effort au-dessus du lac du Bourget pour passer le Tunnel du Chat, avant de redescendre vers Yenne et la vallŽe du Rh™ne. Beaux paysages de montagne noyŽs dans la brume et dans la tourmente de neige en allant vers St-Genis/Guiers. Puis cÕest la route connue que nous rattrapons dÕhabitude en sortant de lÕautoroute aprs le passage des deux tunnels de lՃpine et dÕAiguebelette : Aoste, La B‰tie-Montgascon, la Tour du Pin. Les derniers kilomtres vers Lyon sont ralentis par les innombrables ronds-points dont on a farci la route (histoire de favoriser lÕutilisation de la cožteuse autoroute ˆ pŽage ?).

En arrivant dans la capitale rŽgionale nous prenons la direction Ē Lyon Š centre Č qui nous entra”ne dans un grand tour sur le pŽriphŽrique nord jusquՈ longer le cours rapide dÕun Rh™ne gonflŽ par les pluies. Nous finissons par trouver difficilement une place sur le quai prs de la Place de la Bourse o nous dŽjeunons, avant de nous rendre ˆ 14:00 ˆ notre rendez-vous chez le notaire. Longue entrevue de prs de 2 heures dont Monique sort finalement assez satisfaite. En quittant, elle tente de rŽcupŽrer son dossier chez son avocate, absente, puis nous allons faire quelques courses au Carrefour de Bonnant avant de rendre visite aux Lavigne ˆ Ste-Foy.

Chaleureux accueil de nos deux sages qui accusent le passage des ans mais ont gardŽ leur sourire et leur Žcoute patiente ˆ nos malheurs familiaux. Nous passons 2 autres bonnes heures en leur compagnie ˆ Žchanger des nouvelles et recevoir leur sympathique attention, jusquՈ ce que nous les quittions ˆ 21:00 pour aller bivouaquer sur lÕImpasse du Vallon, devant les petits jardins communautaires de Ste-Foy.

21 715 Mardi 11 avril 2006 : STE-FOY-ST-GENIS-LAVAL (19 km)

Nuit tranquille devant les petits jardins, et malgrŽ le froid qui fait dŽmarrer plusieurs fois le chauffage durant la nuit. Nous trouvons ˆ vider la cassette des WC dans la toilette publique du Point du Jour. Laborieux retrait et virement dÕargent ˆ La Poste toute proche. Monique rejoint lÕavocat de Jehanne, Ma”tre De Villers et obtient un RV tŽlŽphonique. Elle rejoint aussi Ma”tre Perrot pour lui proposer une rencontre entre elle-mme et la tutrice de sa mre (Anne). Tentative infructueuse de rejoindre le directeur de lÕA.T.R. ainsi que M. Roignant ˆ la Banque de Neuflize. En fin dÕaprs midi Monique passe chez les Lavigne pour faire des copies des diffŽrents courriers reliŽs ˆ son affaire familiale. En attendant quÕelle fasse ses dŽmarches, je fais le montage des 2 spots dans le plafond de la cabine de pilotage : travail propre qui nous donne enfin un Žclairage efficace ˆ lÕavant.

Bivouac devant le cimetire de St-Genis-Laval, sur un vaste espace vide ˆ lՎcart de la route au-dessus de la ville, sans presque aucun passage.

21 734 Mercredi 12 avril : ST-GENIS-LAVAL - LYON - ST-GENIS-LAVAL (59 km)

Aprs le plein dÕeau ˆ mme le robinet du cimetire, descente ˆ Lyon o nous allons stationner sur le quai prs du bureau de Me. POYARD. Mais le dossier recherchŽ est aux archives, impossible de le rŽcupŽrer immŽdiatement, et il nous en cožterait 30 ŪÉ Nous laissons tomber et allons plut™t, en une longue balade sous la pluie, consulter le Bureau des Tutelles au tribunal dÕInstance, en faisant au passage recharger notre tŽlŽphone portable et en crŽant un compte de recharge ˆ distance Ē Illico Č sur lÕInternet. DŽjeuner dans un petit restaurant en face du Garet. RemontŽe ensuite ˆ Ste-Foy pour rencontrer les Lavigne et leur fille Blandine, une amie de longue date de Monique. En soirŽe nous redescendons jusquÕau IKEA prs de St-Priest o Monique va chiner tandis que je trouve quelques pices de plomberie au Leroy-Merlin voisin. Chez Boulanger, les disques durs externes de sauvegarde offrent de belles capacitŽs ˆ bon cožt mais la grosseur de leur bo”tier mÕappara”t excessive pour usage dans le CC.

Ė la fermeture des magasins ˆ 20:00 nous remontons jusquՈ St-Genis-Laval o nous bivouaquons cette fois un peu plus haut, sous le fort, devant un beau paysage de vallŽes et collines dorŽ par les dernires lueurs du couchant. Calme presque absolu sur le stationnement dŽsert, nous serons ˆ pied dÕĻuvre pour la dernire entrevue prŽvue demain aprs-midi.

21 793 Jeudi 13 avril 2006 : de ST-GENIS-LAVAL ˆ ANNECY (152 km)

En matinŽe, lever tard et numŽrisation de plusieurs documents de Couty, puis ˆ 14:00 Monique va rencontrer lÕavocate indiquŽe prŽcŽdemmentÉ Vers 16:00 dŽpart vers Annecy. Bivouac passŽ 20:00 sur le stationnement du GŽant Casino de Seynod. Je numŽrise quelques autres lettres et commence la rŽfection des pages web Italie de notre voyage sabbatique de 1997. Coucher ˆ 2:30.

21 945 Vendredi 14 avril 2006 : dÕANNECY ˆ BESAN‚ON (238 km)

Sous un ciel radieux, lever tard pour rŽcupŽrer ma longue soirŽe de travail, avant de descendre au garage Fiat du Pont Neuf prendre rendez-vous pour la rŽvision des 20 000 km. Pas de place avant vendredi prochain, et encore les autres travaux sous garantie ne pourront tre pris en charge que plus tardÉ Je renonce donc pour lÕinstant ˆ ces interventions, les remettant ˆ notre arrivŽe ˆ Caen.

Retour ˆ Couty o jÕachve mon bricolage de tuyauterie dÕeaux grises et fais le plein de la citerne sur le puits. Pendant ce temps Monique prend avec Henry rendez-vous pour la rŽunion familiale de la semaine prochaine, puis elle remet ˆ Marie-France les albums de photos empruntŽs et emmenŽs pour numŽrisation au Maroc. ArrivŽe de Guy et Annie Laurens qui viennent prendre le cafŽ avec Michle et Henry; nous sommes invitŽs ˆ les accompagnerÉ AgrŽables bavardages autour de la grande table installŽe sur le gazon au pied de la petite maison, qui portent bien sžr principalement sur le Maroc quÕils connaissent bien. Comme rien ne nous retient dans lÕimmŽdiat ˆ Rumilly, et comme nous voyons le temps sՎcouler trop rapidement avant notre envol pour le Canada le 8 mai, nous dŽcidons de tenter une visite aux Barbe. Par chance ils sont ˆ Luxeuil et AimŽe se dit ravie de nous y accueillir en compagnie de Jacques et de Gilles qui seront lˆ pour les festivitŽs de P‰ques.

JÕachve les rangements et prŽparatifs de lÕExsis, nous descendons au cybercafŽ de Rumilly prendre notre courrier et rŽpondre aux messages les plus urgents et, vers 17:30, nous voilˆ en route pour les Vosges. Beaucoup de circulation un peu partout, et surtout pour quitter Annecy en direction de Genve, puisque nous nous sommes laissŽ convaincre de passer par la Suisse pour traverser le Jura. La route ensuite est excellente, mais elle parcourt des rŽgions trs urbanisŽes (Genve et la rive nord du lac LŽman jusquՈ Lausanne) et nous progressons lentement.

Souper devant le petit port de Versoix, dans le crŽpuscule qui dore puis rosit les cimes enneigŽes de lÕautre c™tŽ de lÕeau. Nous poursuivons notre chemin dans la nuit, lˆ encore assez lentement vu le terrain accidentŽ qui nous sŽpare de la France. Cossonay, Vallorbe en Pays Vaudois, Jougne en Jura franaisÉ Je me fais flasher (radar automatique) en descendant ˆ 100 km/h vers la Cluse de Joux, nous traversons Pontarlier endormi pour aller dormir derrire lՎglise du village de Nods, 30 km avant Besanon.

22 183 Samedi 15 avril 2006 : de BESAN‚ON ˆ LUXEUIL (124 km)

Il pleut un peu durant la nuit, et la tempŽrature descend assez pour rendre agrŽable un petit coup de chauffage au lever vers 9:00. Une longue rocade nous fait Žviter le centre de Besanon mais aussi le site spectaculaire de la ville lovŽe dans une boucle presque parfaite du Doubs. La chaussŽe excellente file dans un environnement plus bas et de moins en moins vallonnŽ, jusquՈ Vesoul passŽ rapidement. DŽjeuner dÕun croissant achetŽ en passant dans une boulangerie providentielle, avant une dernire Žtape jusquՈ Luxeuil o nous arrivons peu avant midi.

AimŽe et Gilles nous accueillent affectueusement avant le retour dՃdouard, parti faire une dŽmarche ˆ la mairie. Aprs un dŽlicieux repas pris en compagnie dÕun couple ami de Gilles avec lequel nous Žchangeons longuement ˆ propos de lՎducation de leurs deux enfants, nous nous retrouvons avec les trois Barbe dans le camping-car ˆ discuter principalement de notre voyage au Maroc tout en dŽgustant un thŽ marocain. Appel tŽlŽphonique de Maman, aprs celui dÕAnne-CŽcile ce midi qui annonait le retour dŽfinitif de la famille Bonnet en France ˆ lՎtŽ. Nous rentrons enfin prendre le souper ˆ la maison, et Monique raconte ensuite ˆ ƒdouard de grands pans de sa saga familiale tandis que Gilles et AimŽe se rendent ˆ lÕoffice du Samedi Saint. Pour finir nous nous endormons dans le plus grand calme devant lÕaccueillante maison de Froideconche.

22 307 Dimanche 16 avril 2006 : LUXEUIL

Lever tard sous un soleil timide qui ne parvient pas ˆ vraiment rŽchauffer lÕatmosphre. JÕentame la numŽrisation des photos familiales et archives Barbe en mme temps que celle dÕune sŽrie de photos couleurs que Gilles veut utiliser pour la fte des 50 ans de mariage dՃdouard et AimŽe en aožt prochain. Repas plantureux et bien arrosŽs, beaucoup de discussions avec ƒdouard toujours aussi passionnŽ et haut en couleursÉ Coucher tard aprs de longs travaux sur lÕordi.

Lundi 17 avril 2006 : LUXEUIL

Lever tard encore une foisÉ Ė midi Jacques, Sylvette et Antoine nous rejoignent pour le dŽjeuner de fte. Tour du jardin, Edouard nous donne ˆ voir et ˆ essayer son nouveau tracteur (un Vieux Renault quÕil a soigneusement remis en Žtat).

Mardi 18 avril 2006 : LUXEUIL

Suite ˆ mes travaux de numŽrisation, je demande ˆ ƒdouard de mÕidentifier toute une sŽrie de ttes sur les groupes de mariage du dŽbut du XXme. Il arrive ˆ reconna”tre plusieurs membres de la famille c™tŽ Ringuenet et Barbe. Nous finissons Gilles et moi fort tard sa sŽrie de photos, jÕachve de les graver passŽ 2:30 du matin.

Mercredi 19 avril 2006 : LUXEUIL (12 km)

Gilles nous quitte pour regagner sa communautŽ ˆ Paris avant notre lever: il dormira dans le train ! Repas de midi en compagnie dÕun couple dÕamis des Barbe venus de Paris (lui ingŽnieur de la SNECMA, elle russe). En aprs-midi nous allons prendre notre courriel dans une des seules boutiques dÕinformatique de Luxeuil. Le patron, trs aimable, nous a proposŽ ce service gracieusement, car ici il nÕy a pas de cyber-cafŽ en villeÉ la large diffusion de lÕADSL ayant conquis le peu de clients intŽressŽs. Monique en profite pour rechercher sur le net un billet pour Casa, puis nous allons changer la deuxime bouteille de propane, celle que jÕavais fait remplir de butane ˆ lÕusine prs de Bouazza avant notre dŽpart. Probablement nՎtait-elle pas vraiment pleine, car 13 kg de gaz en 3 semaines en ne chauffant pratiquement pas, cÕest beaucoup !

De retour ˆ la maison je dŽmonte la t™le dÕalu surŽlevŽe dans le coffre ˆ gaz, histoire de faciliter lÕintroduction des bouteilles et de rŽcupŽrer un peu dÕespace, en mÕinterrogeant sur la raison de ce bricolage aprs-coup. Je comprend lorsque, mon dŽmontage effectuŽ et tout remis en place, il est impossible de verrouiller le coffre, la serrure de droite tombant exactement sur le renflement de la bouteille la plus en arrire ! Il me faudra reprendre cela demain avant de nous remettre en route. CÕest ce soir en effet notre dernier souper en famille puisque nous partirons demain matin pour Lyon o, vendredi matin, Monique a rendez-vous avec son notaire. SoirŽe chaleureuse dans le salon o, de surcro”t, le nouveau pole diffuse avec une extraordinaire efficacitŽ les calories de quelques petites bžchesÉ

22 319 Jeudi 20 avril 2006 : de LUXEUIL ˆ LYON (326 km)

Un trs beau temps nous attend au rŽveil, il semble que le passage des cloches pascales aient enfin apportŽ le printemps ! Nous rŽcupŽrons les quelques effets personnels laissŽs dans la maison, je fais le plein dÕeau, dŽbranche et enroule le c‰ble ŽlectriqueÉ et surŽlve la bouteille de propane arrire avec une partie de la t™le prŽalablement dŽcoupŽe avec la disqueuse prtŽe par ƒdouard. Il faudra reprendre la disposition des cales de faon ˆ rŽcupŽrer lÕespace dÕun petit tiroir, mais au moins maintenant lÕenrouleur du c‰ble Žlectrique et celui du tuyau dÕeau entrent-ils dans ce compartiment !

Il est passŽ 11:00 lorsque nous prenons enfin la route, en quittant avec Žmotion et gratitude le vieux couple dont lÕaccueil est ˆ chaque fois aussi gŽnŽreux et affectueux. Si la route vers Bourg-en-Bresse est bonne, coupŽe de plusieurs sections ˆ 4 voies, elle est cependant longue (prs de 300 km) et assez chargŽe. De plus les traversŽes de village trs frŽquentes obligent ˆ de continuels ralentissement, et les radars automatiques ont surgi un peu partout lˆ o autrefois on aurait pu avoir le pied pesant sur lÕaccŽlŽrateurÉ Le soleil apprŽciŽ ce matin finit par devenir chaud, la lumire vive est fatigante, et nous sommes sans Žnergie lorsquÕenfin nous passons Villefranche pour arriver ˆ Lyon.

Nous allons dÕabord au Point du Jour reconna”tre lÕadresse du notaire pour demain matin. Bien nous en prend car le 19 notŽ dans lÕagenda sÕavre en rŽalitŽ devoir tre le 49 sur lÕAvenue du Point du JourÉ Nous en profitons pour repŽrer Žgalement un stationnement car, ici aussi, la circulation est trs dense et les places rares. Pas question de demeurer dans ce coin pour la nuit. Il est maintenant 17:30, donc encore trop t™t pour aller nous installer Impasse du Vallon. Nous allons chercher fra”cheur et tranquillitŽ ˆ lÕextŽrieur de lÕagglomŽration, et les dŽcouvrons pas bien loin devant le cimetire de Charbonnires-les-Bains, au milieu dÕune oasis de verdure et au-dessus du cours charmant de la petite rivire. Nous y passons 3 heures paisibles ˆ nous reposer, souper et Žcrire une mise ˆ jour au dossier que Monique ira prŽsenter demain ˆ son notaire. Puis je me tonds la barbe et me rase soigneusement, histoire de me rajeunir le look et dÕaffronter plus fra”chement les chaleurs estivales.

Lorsque la nuit tombe nous gagnons notre bivouac prŽfŽrŽ. Monique qui tombe de sommeil grimpe bient™t au lit tandis que jÕimprime le texte Žcrit tout ˆ lÕheure et complte le journal des 3 derniers jours. Extinction des feux ˆ 22:45.

22 645 Vendredi 21 avril 2006 : de STE-FOY ˆ COUTY (155 km)

Aprs une autre nuit tranquille au bout de notre impasse, nous gagnons le Point du Jour et le rendez-vous de Monique chez son notaire. Pendant son entrevue je fais le mŽnage de notre petit intŽrieur, lave le pare-brise tout crottŽ de rŽsidus dÕinsectes et me remets ˆ la prŽparation de lÕune de mes pages web jusquՈ ce quÕelle revienne fort satisfaite de sa consultation.

Nous prenons aussit™t la route en direction dÕAnnecy, nÕempruntant lÕautoroute que pour franchir les 2 tunnels dÕAiguebelette et de lՃpine. Circulation assez dense que le temps superbe fait accepter sans ren‰cler. Nous nous installons sur le terre-plein devant la grande maison familiale et commenons ˆ mettre de lÕordre dans nos affaires, puis nous couchons t™t, ŽpuisŽs par ces derniers jours de vadrouille.

22 790 Samedi 22 avril 2006 : COUTY (2 km)

Lever tard sous un grand soleil qui rŽchauffera lÕatmosphre toute la journŽe pour en faire presque une canicule en milieu dÕaprs-midi. Monique t‰che dÕaccŽder aux archives entreposŽes chez Toutou mais rencontre une vive rŽticence de la part de ce dernier, prŽtextant que Philippe sÕen est occupŽ et quÕelle nÕa plus de raison de sÕen inquiŽterÉ Furieuse, elle va faire part de sa dŽconvenue ˆ ses tantes et tente de rejoindre Philippe ˆ Paris pour faire une mise au point sur le devenir des archives familiales. Ė force de diplomatie, tout finit par sÕarranger et nous pourrons emprunter les plaques stŽrŽos qui restent ˆ Couty pour les nettoyer, les cataloguer et les numŽriser. Pendant ces longues tractations, je poursuis la numŽrisation puis la mise au propre des photos des 2 derniers albums empruntŽs dans la grande armoire de Couty. DŽjeuner en plein air sur la terrasse en compagnie de Marie-France, Paul et la famille dÕAlain venue pour le week-end.

Puis nous mettons la dernire main ˆ notre stockage dans le grenier de Toutou avant dÕaller faire le plein de gasoil et quelques autres courses ˆ lÕIntermarchŽ de Rumilly. Retour ˆ Couty pour caser tous nos effets dans le camion en vue de la route demain vers la Normandie, puis souper lŽger en compagnie de ThŽrse avec laquelle nous regardons ensuite une patrie des photos prises au Maroc. Ė 23:00, Monique grimpe au lit tandis que je mets ˆ jour le journal et continue la mise au propre des photos.

22 792 Dimanche 23 avril 2006 : de COUTY ˆ BRIARE (424 km)

Une autre trs belle journŽe que nous abordons assez t™t pour une fois, dans lÕide de finir nos prŽparatifs et de partir pour la Normandie. JÕachve de numŽriser lÕalbum entrepris hier, et poursuis en aprs-midi avec celui des annŽes 47 ˆ 51, sans avoir le temps de mÕattaquer au suivant couvrant les annŽes 52 et 53É Nous sommes tous deux fort handicapŽs par un gros rhume et un dŽbut de grippe qui nous cause Žternuements, toux et maux de tte. Aussi notre rythme et notre Žnergie en sont-ils un peu ralentis. Je tente aussi de faire une copie du film japonais sur Veyre (Rve de cinŽma) sans arriver ˆ connecter le VHS des BŽnier sur ma camŽra (les prises PŽritelÉ).

Pendant ce temps Monique aidŽe de ThŽrse enlve de la visionneuse stŽrŽoscopique les quelques 160 plaques qui y avaient ŽtŽ placŽes au hasard et les insre dans les coffrets de bois ad hoc conservŽs dans le grenier de Toutou (qui laisse faire en ronchonnant, aprs le coup de fil de Philippe hierÉ). Tout ce matŽriel ainsi que les autres documents photographiques de Gabriel Veyre conservŽs remplissent une autre petite valise ainsi quÕun carton et viennent trouver une petite place dans le camion puisque nous les emmnerons ˆ Caen pour les numŽriser.

En milieu dÕaprs-midi jÕachve enfin mon travail, nous arrivons ˆ tout caser tant bien que mal dans lÕExsis dŽcidŽment plein de ressources (les 2 auvents[12]longs de plus de 3 m dŽpassant sur le plancher ˆ travers la soute dont le portillons intŽrieur reste ouvertÉ). Nous faisons nos adieux ˆ toute la famille et nous mettons en chemin vers 17:00.

Route acrobatique jusquՈ Frangy, puis alternance de nationales excellentes, de 4 voies occasionnelles et dÕautoroutes jusquՈ la tombŽe de la nuit peu aprs Nevers. JÕaurais bien voulu me rendre jusquՈ OrlŽans, mais la fatigue liŽe au rhume est trop grande, Monique sommeille ˆ mon c™tŽ et rŽclame son litÉ Nous ferons donc Žtape ˆ Briare, au bord du port de plaisance o 4 autres CC se sont alignŽs sur le quai. La vue devrait tre agrŽable demain matin si le temps sՎclaircit. Coucher ˆ 22:45 aprs griffonnage de ces quelques lignes.

23 216 Lundi 24 avril 2006 : de BRIARE ˆ BƒNOUVILLE (365 km)

MalgrŽ notre fatigue et lՎpuisement que nous cause notre grippe, nous dormons assez bien, chacun ˆ notre ŽtageÉ Mais le lever passŽ 9:30 est bien difficile, nos courbatures et maux de tte mŽriteraient un supplŽment de farnienteÉ Nous reprenons enfin la route aprs nous tre un peu dŽrouillŽs sous la douche trs chaude, pour un long cheminement sur des petites routes pleines de camion jusquՈ OrlŽans. Ensuite nous empruntons la petite D955 qui file rectiligne ˆ travers la plaine de Beauce. La circulation y est clairsemŽe, aussi puis-je y maintenir une vitesse assez ŽlevŽe (110 km/h) qui permet de nous avancer. Puis ce sont les hauts et les bas du boccage du Perche, certes jolis mais dont les virages et les c™tes incessantes limitent la visibilitŽ et nous obligent ˆ suivre entre 80 et 90 km/h les vŽhicules qui nous prŽcdent. Quelques bouts de 4 voies aprs Alenon, avant dÕaborder la plaine dÕArgentan et de Caen. Surprise, il flotte sur tout le paysage un voile dÕhumiditŽ comme si le ciel trs chaud faisait suer au sol printanier encore imbibŽ dÕeau son surplus superficiel. Pourtant il fait encore trs frais, rien pour nous remettre de nos maux.

Je suis trs fatiguŽ lorsquÕenfin nous arrtons devant la succursale FIAT ˆ lÕentrŽe de la ville pour rapporter les petits problmes vŽcus avec notre vŽhicule et prendre rendez-vous pour voir ˆ leur correction vendredi prochain. Nous filons vers Ouistreham pour remettre ˆ notre vendeur Guillaume Lefranois les deux stores qui nous encombrent. Puis nous discutons un peu de lÕexpŽrience vŽcue avec notre rŽcente acquisition, et prenons rendez-vous pour rencontrer demain le chef dÕatelier qui devrait remŽdier aux petits dŽfauts et manques rapportŽs c™tŽ cellule.

HŽsitant ˆ gagner ensuite un incertain bivouac sur la c™te, nous prŽfŽrons rester sur place et installer notre campement sur lÕaire de service de Destinea, ˆ c™tŽ de deux autres voyageurs venus faire rŽparer ou faire le plein dÕeau. Aprs le souper bienvenu (jՎtais incapable dÕavaler quoi que ce soit de la journŽe) je mets le journal ˆ jour tandis que Monique commence le tri des photos Autochrome et autres plaques de verre quÕelle a empruntŽ ˆ Couty pour les classer et les scanner. Coucher t™t avant 22:00.

23 581 Mardi 25 avril 2006 : de BƒNOUVILLE ˆ EPRON

Aprs une trs mauvaise nuit due ˆ la grippe et ˆ mes difficultŽs digestives, nous t‰chons de faire durer le repos malgrŽ le bruit environnant qui finit par nous tirer du lit vers 9:30. Plein dÕeau et vidange de la cassette, avant de retourner dans le magasin et rencontrer le chef dÕatelier pour lui prŽsenter nos dolŽances. La liste sÕallonge sans susciter de questions, si ce nÕest pour le store dont mon interlocuteur ne comprend pas lÕouverture intempestive, jusquՈ ce que je lui montre le modle sur le catalogue. Il convient alors que ce modle nÕest pas de la meilleure qualitŽ, et t‰chera dÕen trouver un plus rŽsistant et plus sŽcuritaire pour remplacer celui qui nous a fait dŽfaut.

Il est midi lorsque nous quittons les lieux et rejoignons Gilles ˆ son restaurant La Normandie. Monique apprŽcie le dŽlicieux repas tandis que je mÕabstiens, lÕestomac bloquŽÉ Nous passons ensuite ˆ la BNP de Ouistreham pour y faire transfŽrer notre compte lyonnais. DŽmarche un peu longue pour laquelle on nous demande dÕabord de prendre rendez-vous, puis qui se passe trs vite lorsque le conseiller nous reoit dans son bureau et fait devant nous lÕinscription finalement trs simple par Internet. Nous gagnons ensuite Caen et lÕappartement de Maman que nous attendons un bon moment dans la cour arrire en faisant le tri de nos effets et en sortant ce qui ira attendre dans la cave notre prochain retour. Maman nous accueille chaleureusement puis nous offre le thŽ. Nous la quittons passŽ 19:00 pour rejoindre Gilles et Dominique ˆ ƒpron. AgrŽables retrouvailles, puis Žchanges sur les actualitŽs familialesÉ Nous nous branchons ensuite sur le net, prenons notre courriel et Žchangeons un bon moment sur MSN avec Juliette et Mathieu, communiquons par Skype avec Houssine et Mariette, puis longuement avec Mokhtar. Nous allons ensuite dormir ˆ proximitŽ prs de la maison.

Du mercredi 26 avril au mardi 2 mai 2006 : de ƒPRON ˆ ƒPRON

Dominique Žtant absente les 3 prochains jours pour une formation ˆ Paris, Monique Žtale toutes les archives ramenŽes de Couty sur la grande table aimablement mise ˆ notre disposition par Gilles. DŽbut du tri des diffŽrents documents.

Jeudi dŽjeuner chez Maman sans pouvoir prendre rendez-vous avec Thomas tout juste rentrŽ de Chine. En matinŽe, course au centre dÕachat de Mondeville (Boulanger, Darty, Carrefour, etc. ). En soirŽe, souper avec Gilles.

Vendredi rangement et classement du matŽriel dans le camion et dans la cave de Maman ˆ Caen. En soirŽe souper avec Maman au bord de la mer.

Samedi 29 avril 2006 : dՃPRON ˆ PONT-DÕOUILLY

DŽpart avec Gilles et Dominique pour un tour en Suisse Normande : le temps trs gris et frais heureusement se retient tout juste de passer ˆ la pluieÉ Nous commenons par Thury-Harcourt o nous faisons quelques courses et empruntons la boucle du Hom avant dÕaller manger sur la petite place prs de la Mairie de ClŽcy. Ensuite tour du petit MusŽe Hardy o je retrouve plusieurs paysages familiers brossŽs avec une patte toute aussi familire. Puis nous gagnons la petite Žglise du Vey dÕo part la balade vers le Pain de sucre. Grand bol dÕair pour gravir les 205 m de la falaise dominant une large courbe de lÕOrne, rŽcompensŽ par une vue large et pittoresque sur le site de ClŽcy. Dommage que la lumire ne soit pas au rendez-vousÉ

Nous gagnons ensuite Pont dÕOuilly. Ė St-Christophe Gilles va consulter le menu de lÕauberge, avant de gagner notre terre natale Pon-dÕOuilly. Tour du village en voiture, puis montŽe ˆ St-Marc-dÕOuilly et ˆ la chapelle St-Roch. De retour dans la vallŽe, nous laissons Gilles et Dominique au Relais du Commerce, et faisons une reconnaissance ˆ la recherche dÕun bivouac acceptable que nous pensons trouver prs de la base de plein air, ˆ deux pas de la petite gare recyclŽe en Centre de plein air du comitŽ dÕentreprise de la SNCF. Retour ˆ lÕh™tel pour un repas plantureux et dŽlectable offert par Gilles. Nous retournons dormir route de Flers mais nous heurtons ˆ la barrire fermŽe de la baseÉ Nous dormons sur un stationnement tout prs, en bord de la route heureusement peu passante.

Dimanche 30 avril : de PONT-DÕOUILLY ˆ ƒPRON

Lever un peu tardif. Nous commenons par gagner le Rocher du Lion dont nous escaladons la pente raide et pleine de ronce pour admirer le point de vue sur la rivire ˆ lÕorŽe du village. Puis nous poursuivons notre exploration ˆ pied du village en commenant par lÕancienne baignade avant de parcourir les rues qui ont pour nous beaucoup changŽ. Nombre de commerces ont disparu ou se sont dŽplacŽs, et la vocation touristique du village pressentie par Papa sÕest affirmŽe, donnant lieu ˆ un dynamisme sympathique mais parfois un peu brouillon. Il manque au nouveau Pont-dÕOuilly une certaine unitŽ, non seulement architecturale (le schiste original et le granit rose de la reconstruction sont trop souvent dŽbordŽs par les jettis de ciment gris sur ourdiÉ) mais aussi stylistique. On passe le pont, on fait le tour de lÕancienne maison Gendreau en jetant un Ļil au jardin maintenant trs arborŽ et fleuri, puis au rivage de lÕOrne. Visite de lՎglise, traversŽe du jardin public derrire lÕancienne usineÉ Nous nous retrouvons sur la route de Flers o je jette un Ļil au jardin autrefois dŽveloppŽ avec talent par Madame Cornu, la femme du mŽdecin qui nous a vu na”tre. Toutes ses rŽalisations pleines de fantaisie ont disparu ou presqueÉ Emplette dÕun pain chez la boulangre qui a succŽdŽ ˆ Marie, lÕancienne bonne de Maman.

Nous voilˆ prts ˆ aller un peu plus loin, vers la Roche dÕOtre, un autre site emblŽmatique de notre enfance. DŽjeuner sur le grand parking qui vient dՐtre amŽnagŽ devant le nouveau musŽe des Ē Montagnes de Normandie Č ! Si ces amŽnagements tape-ˆ-lÕĻil visant surtout la promotion touristique du coin ont enlevŽ un peu du charme rural dont nous avions gardŽ le souvenir, en revanche la vue sur le val profond et la descente abrupte jusquÕau bord de la Rouvre ont gardŽ leur caractre sauvage. RemontŽe en douceur jusquՈ lÕExsis o Monique a prŽfŽrŽ nous attendre en faisant la vaisselle puis un sommeÉ

Nous gagnons ensuite la courbe de St-Christophe, malheureusement bien triste sous ses couleurs quasi-automnales et les quelques gouttes dÕeau qui perlentÉ On est loin des pentes couvertes de lÕor des genets en fleur photographiŽs par Papa ! Retour vers ClŽcy en traversant le B™ o, au passage, nous recherchons dans le cimetire des pierres tombales portant le nom de Chauvel, patronyme de Manleine ma grand-mre paternelle. Ė ClŽcy, belle vue sur le viaduc et les Rochers des Parcs depuis le fameux panorama de la Croix de la Faverie o nous sommes surpris par la pluie qui semble maintenant devoir sՎtablir.

Il est temps de reprendre la route vers Caen o nous arrivons en dŽbut de soirŽe. Souper avec Gilles et Dominique, puis bivouac sur le petit stationnement des tennis, comme les derniers jours.

Lundi 1er mai (fte du Travail) : ƒPRON

Jour de congŽ o tout est fermŽ, mme le site romain de Vieux-la-Romaine que nous tentons de visiter en aprs-midiÉ Gilles recopie des pans entiers de ma discothque .mp3 sur son disque dur ˆ partir de mes DVD, je continue de mettre au propre les derniers albums scannŽs ˆ Couty. Mise ˆ jour de notre courriel.

Monique rŽserve son avion pour Casa puis pour MontrŽal. En soirŽe nous laissons Gilles et Dominique seuls et allons souper chez Maman ˆ Caen. Retour pour le bivouac ˆ ƒpron.

Mardi 2 mai 2006 : dՃPRON ˆ LANGRUNES (328 km)

Dans la maison vide puisque nos h™tes sont retournŽs au travail je continue mes mises ˆ jour sur lÕInternet, rŽserve ˆ mon tour mon avion de retour ˆ MontrŽal pour le 23 mai, puis copie quelques disques de jazz repŽrŽs dans la discothque de Gilles. En soirŽe nous allons faire quelques courses au Carrefour voisin, puis prenons la route pour aller souper prs de la mer ˆ Langrunes. Bivouac sur la petite place devant le monument commŽmorant le dŽbarquement.

23 909 Du mercredi 3 au vendredi 5 mai 2006 : de LANGRUNES ˆ ƒPRON

Courses et rangements durant les derniers jours de la semaine. Je retourne vendredi matin au garage pour faire rŽparer le c‰ble de la bo”te de vitesse mais nÕobtiens rien pour le rŽservoir qui ne se remplit pas compltement (le chef dÕatelier se renseignera lors dÕun prochain stage de perfectionnementÉ). Il se refuse par ailleurs ˆ installer un rŽgulateur de vitesse (pb. de responsabilitŽ suite ˆ un accident rŽcent !) et me confirme que lÕassiette du camping-car est conforme aux spŽcifications, mme sÕil penche vers lÕavant ! MalgrŽ une lubrification aux silicones, la suspension arrire continue de grincer ˆ chaque dos dՉne, mais la gŽomŽtrie des roues avant a ŽtŽ contr™lŽe et corrigŽe (semble-t-il). Quant ˆ lÕindicateur de tempŽrature non fonctionnel, il semble que ce soit le galvanomtre du tableau de bord qui ait sautŽ puisque la sonde enfin arrivŽe et changŽe est bonne; il faut donc remplacer lÕensemble du tableau, ce qui requiert autorisation de Fiat et commandeÉ Bref un service aimable qui ne vient pas ˆ bout de tous les petits problmes relevŽs lors de ces premiers 20 000 km.

En soirŽe je construis 2 CD contenant toutes les photos Jacquier en notre possession concernant le Maroc que Monique emmnera avec elle ˆ Dar Bouazza. Fin du classement de tous les documents glanŽs ˆ Couty et recueillis au Maroc. Mise en ordre et inventaire de nos affaires dans les placards et coffres du camion et rangement dans lÕarmoire prtŽe par Maman.

Samedi 6 mai : de CAEN ˆ BERNIéRES

Aprs la fin de la confection des bagages jÕaccompagne Monique ˆ la gare pour Paris dÕo elle doit prendre en soirŽe lÕavion ˆ destination de Casa. En aprs-midi je fais quelques courses avec Maman (dont des fleurs pour lÕanniversaire de Dominique) puis nous allons faire une petit visite au cimetire dÕArdennes sur la tombe de Papa. Nous soupons ensemble et regardons quelques photos familiales. Bivouac ˆ Bernires devant le monument commŽmorant le dŽbarquement des Canadiens.

Dimanche 7 mai : BERNIéRES - CAEN - ST-LAURENT/MER

Faisant quelques pas sur la dune au-dessus de la plage, je vais admirer et photographier les plaques et autres souvenirs, un peu Žmu par lՎvocation du sacrifice de tant de jeunes vies canadiennes en cette lointaine EuropeÉ Je rejoins Maman pour dŽjeuner puis nous allons prendre le cafŽ avec Gilles et Dominique ˆ laquelle jÕoffre un gros pied de rhododendrons blancs et Maman une orchidŽeÉ

De retour ˆ la maison nous regardons sur le Mac les photos familiales glanŽes ici et lˆ, identifiant le maximum de personnes et dՎvŽnements. Maman me prŽsente alors une pochette pleine de souvenirs familiaux (documents concernant la libŽration et la reconstruction de JouŽ-du-Bois, recherches gŽnŽalogiques de Papa et Jean autour de Pont dÕOuilly pour retracer la branche Chauvel, articles Žcrits par le Dr Cornu concernant lÕhistoire locale de Pont dÕOuillyÉ). Je les lui emprunte pour numŽriser tout ce qui mÕintŽresse, puis la quitte fort tard aprs souper pour profiter de 3 jours de solitude. Sous la pluie battante je prends la N 13 en direction du Cotentin et, dans la nuit, gagne le site du cimetire amŽricain de St-Laurent. Bivouac dans lÕun des grands parkings herbus non occupŽs.

Lundi 8 mai : de ST-LAURENT/MER ˆ BRUCHEVILLE (Utah Beach)

Grand soleil au matin pour la visite du site : magnifique jardin, vue spectaculaire sur la plage o se firent massacrer les Ē boys Č avant de finir par grimper le talus et prendre pied sur le plateauÉ Je profite pleinement de lՎmouvante visite : beautŽ de la nature printanire qui commence enfin ˆ sՎpanouir, vue spectaculaire sur Omaha Beach, majestŽ et perfection de lÕamŽnagement paysager (les arbres, le gazon, lÕalignement parfait des 10 000 petites croix de marbre blanc nacrŽ de Carrare)É Mais aussi rŽflexions amres et dŽsabusŽes sur lÕabsurditŽ de la guerre et le destin dramatique de tous ces jeunes hommes disparus dans leur prime jeunesse, ˆ la poursuite de quel idŽal, abusŽs par quelle propagande, pour rŽpondre ultimement aux intŽrts de quiÉ ?

Je poursuis la route c™tire et mon plerinage sur les plages du DŽbarquement en gagnant Vierville et le monument aux National Guards. Puis cÕest la Pointe du Hoc o le beau temps qui se poursuit (eh oui, cela arrive en Normandie !) mÕautorise une longue promenade sur le site autrefois dŽvastŽ mais maintenant beaucoup plus assagi puisque le terrain a ŽtŽ donnŽ au Gouvernement amŽricain. Il en a fait un parc (vaste stationnement et b‰timent dÕaccueil, gazon tondu, cl™tures un peu partout qui empchent dÕerrer au milieu des ruines des blockhaus dŽfoncŽs et disloquŽs par lÕintense pilonnage aŽriens et de pices de marine). Impossible de gagner la flche de granit posŽe sur la Pointe elle-mme, commŽmorant lÕexploit des Rangers qui rŽussirent ˆ lÕescalader sous le feu intense de lÕennemi retranchŽ. Une longue marche sur le sentier littoral me permet quand mme dÕapercevoir le fameux promontoire, mais de bien loinÉ

Je dŽcide alors de poursuivre mon plerinage en direction du Cotentin. Je rattrape la N 13 vers Isigny, passe Carentan et mÕenfile sur la petite route en direction du rivage vers Utah Beach. Bivouac en cours de route dans le hameau de Brucheville, sur un grand espace de gravier au pied de la petite Žglise dont le clocher vient dՐtre fort bien restaurŽ. Calme assurŽ !

Mardi 9 mai 2005 : de BRUCHEVILLE au Manoir de TOURP (OMONVILLE)

Lever tard car jÕai scannŽ jusque vers 3:00 les documents prtŽs par Maman. Le temps trs gris et le vent frais nÕincitent gure ˆ se bougerÉ Heureusement le chauffage et la douche chaude aident au dŽrouillage matinal ! De charmantes petites routes rurales Žtroites tournicotant entre herbages et haies me mnent bient™t au site dÕUtah Beach : musŽe de rigueur Š que jՎvite, connaissant dŽjˆ trop bien les artefacts ici comme ailleurs exposŽs, et la liste des faits pour moi redondants Š mais bien plus sŽduit par lÕambiance Žtrangement calme et silencieuse de lÕimmense plage. Vent frais, vaste baie avec en face les falaises et la Pointe du HocÉ Avant de repartir, balade sur la dune toute lardŽe de blockhaus de bŽton gris ˆ demi enfouis dans le sableÉ RŽparation de la tringlerie de la trappe du WC encore une fois dŽglinguŽe : cette fois je bloque la biellette avec un domino Žlectrique que je visse et colle par dessus le marchŽ ! Prochaine Žtape ˆ quelques kilomtres : la plage et le monument Žvoquant le dŽbarquement de Leclerc et de sa 2me DB. Un beau Sherman aux couleurs franaises accompagne quelques autres vŽhicules en nettement moins bon Žtat. Ils en ont fait du chemin, du Tchad ˆ Strasbourg puis BerchestgadenÉ

Je longe le rivage en montant la c™te est du Cotentin, pour arrter enfin et dŽjeuner ˆ St-Vast-la-Hougue. Espace bien dŽgagŽ mais peu spectaculaire, en dehors des forts franais du XVIIme construits par Vauban suite au dŽsastre de Tourville. LÕaccueil des CC Žtant fort encadrŽe dans le coin (2 Ū pour faire le plein dÕeau au camping local !) je prŽfre me diriger directement vers la Hague dont Maman mÕa dit beaucoup de bien. DŽtour vers le belvŽdre de La Pernelle qui offre effectivement une vue Žtendue sur la c™te, au pied de sa petite Žglise dŽtruite en 1944 mais bien retapŽe, juste ˆ c™tŽ du poste dÕobservation de la batterie allemande. Mais le vent froid nÕincite gure ˆ sÕattarder, et le ciel est dŽcidŽment trop variable !

JÕemprunte donc la jolie route bucolique du Val de Saire, rattrape la grande route ˆ St-Pierre-ƒglise et traverse la grosse ville de Cherbourg sans arrter. Puis je longe la c™te dÕabord peu spectaculaire qui commence enfin ˆ sՎlever peu aprs le pittoresque manoir de Dur ƒcu, dont les multiples tours et b‰timents ont ŽtŽ joliment restaurŽs, mais qui ne semble pas ouvert ˆ la visite. Vers Landemer, arrt pour admirer les points de vue sur la c™te depuis le belvŽdre construit sur un autre blockhaus, joliment placŽ ma foi !

Tout ˆ coup affectŽ par une crise allergique, je t‰che de dŽcouvrir un coin tranquille pour me reposer, dÕautant que le temps se g‰te : froid, vent, quelques gouttesÉ Je crois le trouver en me dirigeant vers le hameau de Gruchy o naquit le peintre J.-F. Millet. Petites routes Žtroites assez haut au-dessus de la mer. Je passe prs de 3 heures stationnŽ au bord dÕun chemin menant ˆ un hameau, dÕabord sans rien faire en t‰chant de rŽcupŽrer, puis en continuant de classer et scanner les notes gŽnŽalogiques de Papa. Dans le grand silence passent quelques voitures puis un troupeau de vaches escortŽ par le fermier en quadÉ

Lorsque le soir tombe je reprends la route et vais mÕarrter sur le stationnement du manoir du Tourp, superbement amŽnagŽ par la Fondation du Littoral dans un champ derrire la haie bordant la route. Fin de la numŽrisation des notes de Papa et de son frre Jean.

Mercredi 10 mai 2005 : du Manoir de TOURP (OMONVILLE) ˆ ƒPRON

Temps encore une fois trs gris, et lambeaux de brouillard flottant sur les prairies autour de moiÉ Aprs ma nuit idŽalement calme je tente une visite du manoir, une belle b‰tisse de granit joliment restaurŽe, mais hormis la mŽdiathque, tout est fermŽ jusquՈ 14 heuresÉ Je dois donc renoncer ˆ lÕintŽressante exposition sur la nature sauvage du Cotentin ainsi quՈ une autre consacrŽe ˆ des peintres locaux.

La suite de lÕitinŽraire proposŽ par le Guide Vert dans la rŽgion de La Hague me suggre un arrt ˆ Omonville-la-Rogue pour faire un tour du village de granit trs joliment restaurŽ, puis je descends jusquՈ la mer sur le port du H‰ble qui me para”t offrir tout ce dont peut rver un camping-cariste (eau, WC publiques, vaste espace de stationnement). La route c™tire passe au-dessus du pittoresque mais minuscule Port Racine. LÕenvironnement serait fort beau si la brume ne limitait pas tant la visibilitŽ.

En arrivant ˆ St-Germain-des-Vaux, jÕenfile la petite D 402 en direction du rivage vers le nord (Roche GŽlŽtan). Celui-ci appara”t au bout de quelques centaines de mtres dÕune route trs Žtroite. Mais depuis le petit stationnement sur la dune, on nÕy voit pas grand-chose tant sont Žpais les nuages de brume qui dŽrivent sur la Manche. DŽcouragŽ par ma petite marche dans cet environnement certes sauvage mais un peu ŽtriquŽ, je reviens prs de lÕExsis et jÕentreprends de rŽparer tant que faire se peut les dŽg‰ts faits avant-hier au pare-chocs arrire. Pendant mon long travail le temps se rŽchauffe, le soleil appara”t et la brume se lve pour dŽcouvrir un fort beau paysage. Je pique-nique puis repars en balade, cette fois-ci en profitant de la vue sur les rochers dŽcouverts par la marŽe basse, sur les phares et le sŽmaphore juchŽs sur des ”lots ˆ quelques encablures du rivage.

Je gagne ensuite Goury pour un tour au grand soleil dans le site admirable. Puis cÕest le point de vue spectaculaire sur la Baie dÕEcalgrain, avant de gagner le Nez de Voidries pour admirer le Nez de Jobourg. Balade sur le sentier qui coupe le cap, lui-mme dÕaccs interdit car rŽserve ornithologique. Vues magnifiques du rivage rocheux et escarpŽ tombant dans la mer agitŽe, dont les premiers plans dÕajoncs en fleur jaune or font ressortir les couleurs. Je fais une longue marche sur le sentier contournant le cap, avant de retrouver lÕExsis en coupant ˆ travers champs.

Retour ensuite vers Cherbourg o je retrouve brusquement la brume de ce matin. Elle me suivra tout au long de la rapide N13 ˆ 4 voies en revenant vers Caen. Arrt pour visiter au passage le cimetire allemand de La Cambe dont je serai le dernier visiteur ce soir. Ambiance particulirement Žmouvante et beaucoup plus romantique quՈ St-Laurent avant-hier : il nÕy a pas de gloire pour les vaincus, seulement une sombre mŽlancolie renforcŽe par le noir des croix dispersŽes sur le gazon trs vert, sous les quelques grands arbres Žpars, dans la lumire grise et Žteinte filtrŽe par la brume. Je suis frappŽ par le jeune ‰ge de la majoritŽ des 21 000 soldats ici enterrŽs : la plupart des dŽfenseurs de la Normandie avaient entre 18 et 22 ans ! Citation de A. Schweitzer gravŽe sur une stle du jardin de la Paix qui prŽcde le cimetire : Ē Les tombes de guerre sont les grands prŽdicateurs de la paix Č. Voilˆ qui rejoint tout ˆ fait mon Žtat dÕesprit.

JÕarrive passŽ 20:00 sur mon bivouac prŽfŽrŽ dՃpron. Souper, puis Žcriture du journal des derniers jours avant le coucher dans le grand silence ˆ 1:30.

24 510 Jeudi 11 mai 2006 : dՃPRON ˆ MOUTIERS-EN-RETZ (358 km)

Lever vers 9:00 sous un ciel gris, en fait bouchŽ par la brume matinale dont la levŽe se fait attendre. Je sors de la douche quand Gilles frappe ˆ ma porte en partant au travail : Monique qui a des difficultŽs ˆ rembourser nos locataires franais dŽsire que je la rappelle, et Dominique Barbe suggre que je profite de mon voyage chez lui pour emmener Maman chez ƒdouard aux Moutiers. Gilles mÕannonce enfin quÕil sÕenvole demain matin vers Toulouse pour visiter Sophie dont le fils Ga‘l est nŽ avant-hierÉ Je dŽcolle en h‰te, fais le plein dÕeau sur son boyau dÕarrosage et consulte mon courriel sur son ordi avant dÕaller faire le plein de gasoil au Carrefour et de gagner lÕappartement de Maman. Je lui confirme mon intention de lÕemmener en VendŽe aprs lÕavoir conduite ˆ son rendez-vous dÕophtalmo ˆ Vire, jÕappelle ˆ Casa Monique qui me communique les informations nŽcessaires au virement et mÕexprime sa frustration devant les lenteurs marocainesÉ

Nous dŽjeunons t™t, Maman et moi, et ˆ midi prenons lÕautoroute puis la route ˆ travers le Bessin jusquՈ Vire. Ė 14:20 je la laisse ˆ la clinique et tra”ne un peu dans les magasins autour de la place de lÕHorloge (appareils photos, Žcrans LCDÉ). Il est presque 16:00 lorsque nous repartons vers le Sud-Ouest sur la A 84 rattrapŽe ˆ Villedieu. La route excellente file ensuite jusquՈ Rennes puis Nantes. De lˆ, bifurcation vers Bourgneuf-en-Retz (direction Noirmoutier) pour arriver enfin ˆ la gare de Moutiers vers 20:00. Surprise dՃdouard et AimŽe qui nÕont pas pris le message de Maman annonant son arrivŽeÉ Joyeux souper improvisŽ, longue discussions autour de la longue table dans la grande salle en Žvoquant les souvenirs de lÕenfance des deux BarbeÉ Coucher dans le CC devant la maison ˆ 23:30, par une tempŽrature beaucoup plus douce quÕen Normandie.

24 868 Vendredi 12 mai 2006 : MOUTIERS-EN-RETZ

En matinŽe courses au Leclerc de Pornic avec Maman et ƒdouard. DŽjeuner tous 4 ensembles dans la grande salle. Il fait beau, la tempŽrature est douceÉ En aprs-midi je travaille un peu aux photos sur mon Mac puis bricole le compartiment du lecteur de DVD/Žcran vidŽo sur la console au centre du tableau de bord. Souper tard et longs bavardages en soirŽe ŽmaillŽs dÕanecdotes et de souvenirs dÕenfance dÕEdouard et de Maman. Coucher ˆ 12:30, aprs un peu de travail sur les photos de Couty et Žcriture.

24 970 Samedi 13 mai 2006 : de MOUTIERS ˆ LA JONCHERAIS (102 km)

DŽpart en milieu de matinŽe pour Pornic o je vais Žchanger ma bouteille de Primagaz pour du butane Leclerc beaucoup moins cher (19,50 Ū au lieu de 25 Ū les 13 kg). Les formalitŽs de dŽconsignation sont un peu compliquŽes et longues, mais je finis par repartir en compagnie dÕAimŽe qui me guidera pour arriver jusquՈ la Joncherais, tandis que Maman accompagne ƒdouard dans sa voiture.

ArrivŽe sans encombre passŽ 12:00, juste pour se mettre ˆ tableÉ DŽlicieux repas prŽparŽ par Dominique dŽcidŽment expert en cuisineÉ et excellent sommelier. En aprs-midi, aprs le dŽpart des habitants de la gare, Dominique mÕentra”ne faire une virŽe dans la rŽgion entourant sa maison, ˆ la dŽcouverte des ch‰teaux, manoirs et autres curiositŽs nichŽs dans les vallons ou le long des petites routes sinuant entre les haies et les herbages de son boccage. Occasion de repŽrer des terrains libres ou des maisons ˆ vendre en les situant dans leur environnement fort bucolique et plein de charme. Retour ˆ 19:00 pour le souper et une agrŽable veillŽe en famille.

Dimanche 14 mai : LA JONCHERAIS (0 km)

Aprs rŽparation du tracteur et tonte du verger, Dominique mÕentra”ne dans une grande balade du c™tŽ de la vallŽe de la Vilaine, jusquՈ la mer. En soirŽe on regarde quelques photosÉ Coucher tard.

24 970 Lundi 15 mai 2006 : de LA JONCHERAIS aux MOUTIERS (109 km)

JÕachve de numŽriser les photos familiales et grave un CD pour Dominique, tout en discutant avec Franoise tandis que Dominique est parti en consultations. DŽpart en fin de matinŽe vers les Moutiers par les routes rapides. TempŽrature tide mais ciel grisÉ Je mՎgare en traversant St-Nazaire et vais pique-niquer devant le grand pont sur la Loire. Je vais jusquՈ la poste de Bourgneuf pour tenter dÕeffectuer le virement de la caution au locataire du studio, mais Žchoue car le numŽro de sa banque est incomplet. Retour vers Moutiers par la c™te. Je mÕinstalle sur un stationnement dŽsert au bord de lÕeau devant les quais de pche pour travailler sur les photos de la famille Mourez. Coucher tard vers 2:00.

25 079 Mardi 16 mai 2006: des MOUTIERS ˆ ƒPRON (353 km)

ƒdouard et AimŽe tiennent absolument ˆ partager le dŽjeuner avec nous, si bien que nous quittons les accueillants Moutiers seulement vers 14:00É Route directe par Bourgneuf, Nantes, Rennes et lÕA84 qui nous met ˆ Caen sans encombre ˆ 16:30. LÕExsis se comporte sans aucun dŽfaut sur la voie rapide et sur lÕautoroute, nՎtait-ce un niveau de bruit qui me semble excessif et une fatigue de la jambe droite crampŽe sur lÕaccŽlŽrateur pour ne pas dŽpasser la vitesse autorisŽe. Il faut vraiment que je mÕenquire de la possibilitŽ dÕinstaller un contr™leur de vitesse.

Je rŽussis ˆ me brancher sur le serveur de Gilles ˆ partir de la ligne tŽlŽphonique de Maman pour prendre mon courrier sur ma bo”te et faire le mŽnage rŽclamŽ par mon admin, mais la liaison avec Monique par Skype se rŽvle inaudible, faute de vitesse suffisante (54 k). Souper avec Maman, avant de lÕemmener ˆ ƒpron voir les premires photos de son premier arrire-petit-fils Ma‘l ramenŽes par Gilles de son court sŽjour ˆ Toulouse. Je la raccompagne, puis reviens chez Gilles pour une longue conversation avec Monique (Skype) qui me met au courant de ses dernires dŽmarches ˆ Casa. ƒchange ensuite avec Mokhtar, en pleine forme, qui dŽveloppe sa petite entreprise et prŽpare son inscription au collge technique en informatique. Je vais enfin dormir sur le stationnement habituel, ˆ c™tŽ du tennis.

25 432 Mercredi 17 mai 2006 : ƒPRON Š HERMANVILLE Š CAEN

LevŽ vers 9:00 je gagne la poste dÕHermanville pour procŽder au virement dž ˆ David B., fais le plein dÕeau sur la borne derrire la salle des ftes puis rejoins Gilles ˆ la pharmacie. En attendant quÕil soit disponible, je continue mon mŽnage sur mon compte courriel yahoo, puis lÕaccompagne enfin vers midi ˆ son restaurant Normandie avec Agns et son fils Mathieu. Au retour il mÕemmne visiter des agriculteurs des environs afin de trouver pour lÕExsis un garage que nous finissons par dŽcouvrir en bordure sud dÕHermanville.

De retour ˆ la pharmacie, il me fournit en mŽdicaments demandŽs par Monique, et je prends la route de Caen pour rejoindre Maman. Je lÕaide ˆ faire un peu de rangement puis nous allons faire une petite visite ˆ Tante Suzette qui nous reoit dans son nouvel appartement juste ˆ c™tŽ des Quatrans. Vastes pices bien ŽclairŽes, vue *** sur les remparts du ch‰teau en cours de restauration, silence relatif vu la hauteur (4me Žtage)É Les meubles anciens encombrent un peu et sÕinsrent mal dans ce cadre des annŽes soixante au plafond bas, mais le tout forme un cadre agrŽable, et surtout on est si prs de tout !

Retour ˆ la maison avec Maman qui mÕoffre le souper et mÕaccompagne ensuite durant la soirŽe dans la longue mise ˆ jour des documents de la gŽnŽalogie Barbe. Je la quitte ˆ 23:30 pour aller dormir sur le stationnement de la Caisse Primaire dÕAssurance Maladie de Caen, prs du Carrefour C™te de Nacre o je me glisse discrtement au fond du petit parking des visiteurs.

Jeudi 18 mai 2006 : de CAEN ˆ FRANCEVILLE

Bien abritŽ par lՎpais talus, je dors fort bien et suis prt vers 8:30 ˆ entamer ma course aux informations pour l'obtention d'une carte Vitale ˆ titre de retraitŽ. Heureusement il nÕy a pas grand monde ˆ cette heure et je rencontre rapidement un prŽposŽ puis une spŽcialiste (Mme ThŽrse BERTOUT, tŽl. 02 31 45 71 27, fax : 02 31 15 18 79) qui me fournissent rapidement et de faon claire les formalitŽs ˆ accomplir. Elle me conseille de consulter les sites des organismes concernŽs (SŽcu bien sžr : www.ameli.fr) mais aussi CLEISS (Centre de liaison europŽenneÉ), tŽl. : 01 45 26 33 41. En bref il faut fournir tous nos papiers dÕidentitŽ (passeport, livret de famille Š pour lÕacte de mariage, carte de la RAMQ, rŽfŽrence de notre inscription et adresse du RREGOP Š ˆ titre dÕorganisme dŽbiteur de la pension, RIB, notre adresse de rŽsidence en France, et elle sÕoccupera elle-mme de faire remplir le formulaire nŽcessaire par la RAMQ. Avec tout cela, nous devrions obtenir notre carte Vitale sans quÕil nous en cožte rien, en vertu dÕune convention France-QuŽbec. Nous serions alors remboursŽs ˆ 70 % des visites mŽdicales, ˆ 65 ou 35 % des mŽdicaments, le reste Žtant assumŽ par une mutuelle ˆ choisir (et cotiser bien sžr !).

Je reprends la route assez satisfait de cette visite dont jÕapprŽhendais la longueur et la complexitŽ et vais faire un tour du c™tŽ du Village dՃpron pour voir un peu le type de petite moto ou scooter qui rŽpondrait ˆ nos besoins lorsque nous voyageons avec le CC. Il semble que la Yamaha YBR 125 corresponde au mieux ˆ ce que je recherche : compacitŽ 198 cm, poids 106 kg, puissance 10 CV, endurance et robustesse, tout en restant raisonnable en prix (2 285 Ū TTC, + 56 Ū dÕimmatriculation). Reste ˆ voir comment la charger sur lÕarrire de lÕExsisÉ et le prix de lÕassurance.

Je coupe alors ˆ travers la campagne pour aller saluer Gilles dans sa pharmacie dÕHermanville et appeler le garage Fiat qui nÕa toujours pas reu lÕautorisation de changer le tableau de bordÉ DŽsirant trouver un coin tranquille pour continuer mon travail sur lÕordi, je prends alors la direction de la baie de Sallenelle, sans pouvoir trouver dÕaccs en bord de plage. Je me rends jusquՈ Franceville, peu accueillant aux camping-cars, et stationne en tte dÕune rue transversale en vue de la mer pour travailler aux dossiers des albums de Couty. Trs brve balade sur la dune, vu le temps trs gris qui vire ˆ la pluie et ˆ la bourrasque. Je reste ˆ dormir au mme endroit sans aucun dŽrangement, et sous la pluie qui se poursuit toute la nuit et en matinŽe.

25 511 Vendredi 19 mai 2006 : de FRANCEVILLE ˆ BƒNOUVILLE (79 km)

Pluie toute la nuit, et ciel fort gris au matin, fort vent du sud. Je mets ˆ jour le journal et vais faire un tour sur la plage.

Samedi 20 mai 2006 : CAEN

Dernire journŽe en Normandie, rangements et adieux ˆ la famille.

Dimanche 21 mai 2006 : de CAEN ˆ VINCENNES

Train de Caen ˆ Vincennes chez Annie o je retrouve  Monique de retour de Casa.

Lundi 22 mai : VINCENNES

Le temps trs venteux et les averses nÕincitent gure ˆ sÕaventurer dehors, aussi profitons-nous de la prŽsence dÕAnnie qui garde son petit fils Max pour rester ˆ tra”ner et bavarder avec elle. En fin dÕaprs-midi visite de leur nouvelle appartement ˆ 10 minutes de la maison, et dŽcouverte de leurs projets dÕamŽnagement.

Mardi 23 mai 2006 : de VINCENNES ˆ MONTRƒAL

A 9:00 nous quittons lÕaccueillante maison dÕYves et Annie et embarquons dans le RER qui nous mne derrire lÕOpŽra dÕo part le Roissybus. Trajet assez rapide et direct en fin de compte, qui nous emmne sans fatigue - nos bagages sont encore une fois ˆ la limite supŽrieure du poids autorisŽ, soit 23 kg chacun Š jusquÕau Terminal 3 de lÕimmense aŽroport Charles de Gaulle. Embarquement ˆ 11:30, dŽcollage ˆ 12:10, avec 15 minutes de retard. Arrivant parmi les derniers, nous avons la chance dՐtre surclassŽ et placŽ dans la petite section Club tout ˆ lÕavant de la carlingue. Larges fauteuils, champagne ds lÕaccueil puis dŽjeuner nettement plus copieux et de qualitŽ que ce ˆ quoi nous sommes habituŽs sur cette ligne ŽconomiqueÉ

Temps gris et frais (13 petits degrŽs) lorsquÕenfin nous atterrissons sans enthousiasme ˆ Dorval Trudeau. Le taxi nous amne bient™t ˆ la maison o nous attend une montagne de courrier et un frigo un peu garni gr‰ce ˆ la sollicitude de Juliette. SoirŽe tranquille de repos - Monique ne tarde pas ˆ se coucher - et de remise en route des diffŽrents ŽlŽments de la maison.


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[1] mais auquel je nÕavais pas attachŽ davantage dÕimportance, le chef dÕatelier de Destinea ayant rŽpondu ˆ ma question inquite quÕil sÕagissait de lÕindicateur de niveau du lave-glace !

[2] reproduite dans le livre de Ph. Jacquier et Marion Pranal : Ē Le Maroc de Gabriel Veyre Č

[3] plateforme dÕartillerie

[4] 24, rue du 16 novembre Immi Zohour, 1er Žtage droite, app. 4

[5] verser 4 cuillers ˆ thŽ combles de thŽ vert (Sultan Bellar) dans la thŽire, le rincer avec un verre dÕeau bouillante et la vider aprs 30 secondes en laissant reposer le thŽ. Dans un verre, rincer de la mme faon 4 brins de chiba (absinthe) puis les placer dans la thŽire. Ajouter 8 ˆ 10 sucres en morceau, verser lÕeau bouillante, puis chauffer doucement la thŽire jusquՈ ce quÕapparaisse une lŽgre Žcume au dessus du thŽ. ƒteindre le feu et laisser infuser 5 minutes. Servir en transvasant 2 fois la thŽire dans un verre pour mŽlanger le sucre (recette approuvŽe par Mokhtar !).

[6] "Ce sont des Žtablissements vouŽs essentiellement ˆ l'enseignement du Coran. Ceux qui y adhrent se doivent d'tre exemplaires dans leur comportement. Ici, on apprend avant tout ˆ tre bon, droit et vertueux". Symboles identitaires forts, toutes les zaou•as ont ceci de commun que ce sont des Žtablissements religieux ŽrigŽs autour d'une relique. Voir : http://www.tamurth.net/article.php3?id_article=276

[7] vieil homme

[8] plerinage annuel

[9] Jbel Tarik, du nom du conquŽrant arabe de lÕAndalousie.

[10] http://www.racing-development.com/

[11] en particulier les romans et essais de Rida LAMRINI (la trilogie : Les Puissants de Casablanca, Y a-t-il un avenir au Maroc, Le Maroc de nos enfants) et les mŽmoires de tŽmoins de lÕAncien Maroc : lÕarrire grand-pre Gabriel VEYRE bien sžr, mais aussi Leonhard KAROW BABIN, etc.).

 [12]celui de lÕAigle dŽmontŽ il y a 15 ans et le nouveau de lÕExsis brisŽ ˆ Dar Bouazza