Un tour d'Écosse

Juillet - août 1996


Jean-Paul et Monique MOUREZ
à bord de l'Aigle




DE BALNAKEIL BAY à PITMEDDEN



Dimanche 28 juillet 1996 : de BALNAKEIL BAY à DUNSKANBY HEAD (190 km)
clo-mor-vue-vers-cape-wrath
Clo-Mor : vue vers Cape Wrath
Le bruit de la mer qui descend, monte puis redescend berce notre longue nuit jusqu'à notre lever tardif. Prêts vers 10:15, nous partons pour une longue balade sur Faraid Head, la pointe rocheuse qui prolonge et protège la longue dune de Balnakeil. L'air est frais, l'herbe verte semée de milliers de petites fleurs jaunes, blanches, violettes, etc. sur les pentes des dunes. Tout au bout, des falaises rocheuses tombent à pic dans l'océan. Leurs anfractuosités servent de logis à des dizaines d'oiseaux de mer.

Nous observons un bon moment l'envol des jeunes et leurs multiples essais pour atterrir dans le bon nid (au risque de se faire chasser à coups de bec en cas d'erreur). Nous revenons tranquillement vers l'Aigle en suivant la courbe de l'immense plage maintenant entièrement dégagée par la marée basse. En arrière de la chapelle en ruine se profilent les montagnes dont les cimes se détachent sur le ciel nuageux. Superbe spectacle que nous avons tout le loisir d'admirer car nous sommes allés très loin et le chemin du retour nous paraît assez long... Plage de Balnakeil en allant vers Faraid Head
Plage de Balnakeil en allant vers Faraid Head


Betty Hills au-dessus de Far Bay
Betty Hills au-dessus de Far Bay

Durness :
                Sango Bay
Durness : Sango Bay
Il est 13:30 lorsque nous repartons vers l'est pour parcourir la côte nord de l'Écosse. Bref arrêt au craft village installé dans l'ancienne base militaire - sans intérêt - puis au visitor centre de Durness pour acheter des cartes postales. Nous allons déjeuner un peu plus loin, au bord du chemin, avec une vue superbe plongeant sur une anse rocheuse garnie d'une ravissante petite plage de sable blanc.

Puis la route contourne longuement le Loch Eriboll, grandiose, auquel le temps gris enlève malheureusement une bonne part de son attrait. La traversée de la lande à l'intérieur ensuite est un peu monotone jusqu'à la descente sur le Kyle of Tongue. Je me souvenais bien de ce superbe plan d'eau franchi en son centre par une digue. Hélas aujourd'hui il manque la grande lumière pour aviver les couleurs et mettre du relief sur la haute masse du Ben Loyal en arrière fond. A partir de Tongue, la petite route single track devient moins accidentée, nous quittons insensiblement les Highlands pour une région agricole plus riche et plus plate.

Détour vers Strathy Point pour aller admirer la falaise au pied du phare, les grandes vagues se brisant sur les rochers acérés, découpés et percés de cavernes ou d'arches spectaculaires. Ici aussi beaucoup d'oiseaux nichent à flanc de falaise, observés à la longue vue et aux jumelles par des bird's watchers attentifs à leurs évolutions, leurs plongeons pour pêcher en mer, etc. Cette autre bonne balade à pied (la route de 2 km jusqu'au pied du phare est interdite aux véhicules) nous aura suffi pour aujourd'hui.

Téléphone à Juliette depuis un cabine en rase campagne : tout va bien pour elle qui profite au maximum de ses vacances. Nous reprenons la route de l'est, maintenant bien meilleure, à bonne vitesse pour ne plus nous arrêter avant Thurso. Rien à dire ni à voir de particulier dans cette petite ville ordinaire, et le paysage assez plat et cultivé (foin, céréales, pacages) a perdu toute originalité. Après le plein d'essence à l'unique station ouverte, nous poursuivons et contournons Dunnet Head aux belles falaises entrevues de loin pour gagner le hameau de John O'Groat, Ce point de départ du traversier pour les îles Orcades s'avère hideux et très commercial.

Un peu plus loin nous soupons au pied du phare de Duncansby Head, dans la chaude lumière du soleil couchant qui illumine le Pentland Firth, le rivage extrême nord de l'Écosse et le contour bleuté des côtes des îles Orcades. Puis nous allons nous endormir dans une prairie en contrebas, juste au dessus de la mer.
Duncansby
                  Head: les falaise
Duncansby Head : les falaise


Lundi 29 juillet 1996 : de DUNCANSBY HEAD à CAWDOR (248 km)
Duncansby
                Head
Duncansby Head : faille dans la falaise
Duncansby Head

La matinée commence par une longue balade au dessus des falaises profondément entaillées de Duncansby Head pour observer les innombrables oiseaux nichés dans leurs flancs. Le sentier qui longe la crête offre un joli coup d'œil sur les deux aiguilles jumelles qui font la célébrité du site.

Puis nous descendons rapidement jusqu'à Wick où nous visitons sans nous attarder la verrerie Caithness Glass : son atelier de souffleurs et de modeleurs de verre nous impressionne peu, après tous ceux que nous avons vus en Suède (Orrefors, Kosta Boda,...). Quant aux productions polychromes exposées en magasin, malgré une présentation soignée, leur esthétique ne nous convainc pas ! Quelques courses au supermarché en ville révèlent un manque de variété et de qualité stupéfiantes quand on pense aux Continents de Lyon ou de Caen.

Noss Head
Nous allons ensuite déjeuner près du phare de Noss Head.

L'actuel Wick
                  Castle
L'actuel Wick Castle

Monique préfère se reposer dans l'Aigle pendant que je vais faire seul une longue balade : les falaises sont peuplées d'oiseaux tout comme à Duncansby et j'admire de loin les ruines instables du Castle Sinclair.

Wick : ruines de Sinclair Castle
Wick : ruines de Sinclair Castle

Old Man of
            Wick
Old Man of Wick

Puis nous reprenons la route vers le sud. Je roule sans arrêt sur 170 km car les curiosités sont rares sur cette côte intensivement cultivée mais sans relief hormis quelques falaises qui ont perdu pour nous de leur attrait après les deux excursions de ce matin.


Nous arrêtons enfin au château de Dunrobin. Les salles sont fermées et de toute façon cette énorme fantaisie "Troubadour" (style Renaissance avec relents médiévaux) très XIXème ne nous tente guère.
Dunrobin Castle : chambre à coucher
Dunrobin Castle : chambre à coucher

Dunrobin
        Castle : salle à manger
Dunrobin Castle : salle à manger

Dunrobin Castle : les jardins
Dunrobin Castle : les jardins
En revanche les beaux jardins à la française en contrebas, bien qu'un peu raides, méritent le détour que nous y faisons.

Nous rembarquons pour passer rapidement le Dornoch Firth où nous apercevons plusieurs plates-formes de forage pétrolier en route vers la mer toute proche (avec mes jumelles j'en ai aperçu 3 ce matin, ancrées à une trentaine de kilomètres de la côte). Puis c'est le Cromarthy Firth et enfin le Beauly Firth qui donne accès à Inverness. Falaises de la côte est de l'Écosse
Falaises de la côte est de l'Écosse

nverness :
                la Ness et le château
Inverness : la Ness et le château

La capitale des Highlands s'étend largement dans sa vallée bien creusée entre des montagnes que nous avions quittées depuis hier matin après Tongue. Nous allons stationner en plein centre et partons nous balader dans les vieilles rues du centre ville. Beaucoup de touristes traînent dans les boutiques de souvenirs typiquement "scottish" qui leur sont destinés.

Monique m'achète dans l'une d'elle un beau chandail aux teintes fondues bleu et or qui me serait, dit-elle, beaucoup plus seyant que le vieux pull-over noir et bleu que je traîne depuis 4 ans. Petite grimpée jusqu'au château d'où la vue s'étend sur les rives et le cours de la Ness, la cathédrale, les vieilles maisons et les montagnes au loin. Inverness : High Street
Inverness : High Street

Nous retrouvons notre Aigle pour faire encore une trentaine de kilomètres à la nuit tombée et aller bivouaquer dans l'une des rues paisibles du village protégé de Cawdor dont nous voulons visiter le château demain matin.

Mardi 30 juillet 96 : de CAWDOR à CASTLE FRASER (177 km)


Il pleut ce matin à notre réveil. Dès 7:00 les voitures commencent à circuler sur la rue auprès de nous puis sur la route toute proche qui mène au château. Nous paressons quand même un peu pour finalement aller stationner dans le domaine. Ce beau château privé appartient aux Thanes (comtes) Campbell de Cawdor depuis 1372.



Tout est superbement entretenu, depuis les gazons et les grands arbres entourant la propriété, les jardins très soignés débordant de fleurs jusqu'aux bâtiments eux-mêmes. 
Cawdor
                : le château depuis le jardin
Cawdor : le château depuis le jardin

Collection de mousquets dans l'escalier de Cawdor
Collection de mousquets dans l'escalier de Cawdor
Une visite très complète de la grande demeure seigneuriale toujours habitée par les descendants des propriétaires d'origine nous fait parcourir les différents logements groupés autour de la tour d'habitation primitive aux murs très épais.

Les pièces s'y superposent, de la salle des gardes avec oubliettes à la grande chambre du thane, en passant par le vivoir familial du premier étage. Détail étonnant, dans la salle de garde on voit encore l'arbre légendaire qui aurait présidé à la fondation du château. Fable peut être, mais l'analyse au Carbone14 a permis de dater le tronc sec et rabougri des alentours de 1372, date également avancée par la légende... Cawdor vu du
              ciel
Cawdor vu du ciel

cawdor-chambre-woodcock
Cawdor : chambre Woodcock
Si cette pièce est encore à la pierre nue, les autres appartements sont décorés avec un grand raffinement; l'abondance de tapis, tissus, meubles et tableaux en excellent état suggère la présence quotidienne des propriétaires. Même la grande cuisine a été modernisée récemment (tous les appareils sont des Miele...) avec grande sobriété, mais sans que rien ne manque... Bref un château de grande classe parfaitement actualisé où défilent des milliers de visiteurs qui contribuent ainsi à son entretien.

La balade dans le parc et le jardin clos est un autre enchantement, surtout par les vues renouvelées qu'elle offre sur le vieux donjon campé derrière les parterres fleuris ou deviné à travers les grands arbres. Cawdor depuis son jardin fleuri
Cawdor Castle depuis son jardin fleuri


Nous décidons en sortant d'aller visiter Brodie, un autre château remontant à 1567, qui se trouve à une vingtaine de kilomètres de là. Il est surtout fameux pour sa collection de jonquilles mais hélas le printemps est passé depuis longtemps... Si le dernier Brodie, qui l'habite encore, a donné son château au N.T.S., ce n'est certes pas parce qu'il roulait sur l'or ! Quelle différence avec Cawdor ! Brodie Castle et ses jonquilles...
Brodie Castle et ses jonquilles...

Ici aussi les meubles sont de grande valeur et plusieurs tableaux sont des chefs d'œuvre, mais on a à peine commencé à réparer les outrages des siècles et la décoration est le plus souvent défraîchie sinon d'un goût assez vieillot. Bref l'ensemble donne un impression beaucoup plus rustique, peut être plus authentique mais certainement moins séduisante que son voisin. Brodie : la salle-à-manger
Brodie : la salle-à-manger

brodie-castle-salon-rouge
Brodie Castle : le Salon Rouge
Brodie
              Castle : la cuisine
Brodie Castle : la cuisine

Brodie-Castle : Philosophe et ses élèves par Van
              Vliet
Brodie Castle : "Philosophe et ses élèves" par Van Vliet
brodie-castle-opie-enfants-brodie
Brodie Castle : "William Brodie, later 22nd Laird, with His Brothers, sisters and a Dog", par John Opie (1761 -1807)

Nous reprenons la route vers le sud, d'abord à travers une campagne assez fertile mais sans relief, puis dans des landes nettement plus accidentées. A Grantown nous coupons la rivière Spey, fameuse pour ses eaux poissonneuses, puis nous franchissons l'Avon à Bridge on Avon, au fond d'un profond ravin. Nous grimpons ensuite jusqu'à la station de ski de Lecht Ski Area, sur les pentes désertes du Carn Ealasaid (782 m). Ses pistes courtes ne nous impressionnent guère...

Cheminant par monts et par vaux, nous finissons par atteindre les grands murs ruinés de Kildrummy. Le kiosque aux billets est fermé depuis belle lurette puisqu'il est passé 19:30, mais nous franchissons quand même les barrières pour faire le tour des soubassements et des pans de murs fort bien préservés de ce château du XIIIème. Il est très semblable aux forteresses d'Édouard 1er que nous avons vues au Pays de Galles : mêmes tours jumelles flanquant l'entrée (Harlech), même vaste cour centrale cantonnée de grosses tours rondes dans les angles, même grande salle accotée sur le fond de l'enceinte, etc. Autour de nous, la solitude est totale et, dans la campagne verdoyante alentour, seules quelques fermes éparses signalent la présence de l'homme... Nous renonçons ensuite à chercher Craigievar dans le dédale des petites routes de campagnes, d'autant plus que cette tour d'habitation du XVIIème ne se visite pas. Nous gagnons plutôt Castle Fraser, une autre propriété du N.T.S. où nous allons bivouaquer seuls sur le stationnement à la nuit tombante.
 

Mercredi 31 juillet 1996 : de CASTLE FRASER à TOLQUHON (61 km)

castle-fraser
La visite de Castle Fraser, un fort beau château bâti pendant trois époques successives, autour d'une haute tour d'habitation typique de l'habitat seigneurial médiéval, puis de son jardin clos aux opulentes bordures.

Castle
        Fraser : vue d'ensemble du château
Castle Fraser : vue d'ensemble du château

Jean-Paul sur la terrasse de Castle House
Jean-Paul sur la terrasse de Castle House

Castle
        Fraser : la Grande Salle
Castle Fraser : la Grande Salle

Castle
        Fraser : la bibliothèque
Castle Fraser : la bibliothèque

Jean-Paul devant les superbes bordures de Castle Fraser
Jean-Paul devant les superbes bordures de Castle Fraser

Dans
          le jardin de Castle Fraser
Dans le jardin de Castle Fraser

Nous prenons alors la direction du nord pour gagner Haddo House. Au bout d'une petite route traversant la campagne riche et agréablement vallonnée apparaît un joli château palladien (l'un des seuls d'Écosse) d'une incroyable opulence.

Haddo House : façade
Haddo House : la grande façade de 1731
C'est en fait le palais des Gordon, comtes d'Aberdeen, qui furent en leur temps extrêmement riches et puissants au plan politique.

Les nombreuses salles sont ornées de magnifiques plafonds peints, de tableaux de grande qualité (surtout des portraits), de meubles somptueux, etc. Haddo House : la bibliothèque
Haddo House : la bibliothèque

Haddo House
                : façade
Déjeuner chic à Haddo House
La visite guidée, malgré son rythme un peu rapide à notre goût, permet d'imaginer la vie luxueuse menée par la noblesse écossaise des trois derniers siècles lorsqu'elle s'était fait une place officielle en Angleterre.

Si le jardin formel se réduit à une terrasse plantée de quelques massifs de rosiers et flanquée d'une mixed border, le parc (72 ha !) s'étend au loin avec deux longues perspectives dans l'axe du château, un lac, des bois et des arbres magnifiques.

Il est passé 18:00 lorsque nous quittons Haddo. Quelques miles de petites routes  où nous nous égarons un peu et nous sommes devant le fameux jardin à la française de Pitmedden.

Mais son  guichet en est fermé et de hauts murs nous empêchent de voir quoi que ce soit. Nous hésitons cependant à dormir sur la route d'accès devant le pavillon d'entrée car l'espace nous semble un peu exigu. En faisant un petit tour dans les environs, nous repérons les ruines du château médiéval de Tolquhon. Bien qu'il soit fermé lui aussi, nous faisons le tour de ses remparts, apercevant par les meurtrières les pans de murs habituels à ce genre de demeure, puis nous installons sur son car park, au milieu des champs. Malgré l'arrivée tardive d'un camping-car italien craignant de bivouaquer seul (réflexion du chauffeur : "Comme ça vous naurez pas peur... !"), nous nous y endormons dans un calme absolu.



4. De PITMEDDEN à TATTON HALL



Jeudi 1er août 1996 : de TOLQUHON à CRATHES CASTLE (23 km)

Pittmedden : le parterre en terrasse intitulé
                «Tempus Fugit»
Pittmedden : le parterre en terrasse intitulé «Tempus Fugit»

La visite des jardins de Pitmedden ne nous déçoit pas, bien que leur disposition soit aux antipodes du jardin anglais typique : deux grandes terrasses carrées sont divisées en quadrants bordés de haies de buis parfaitement taillées. A l'intérieur de ces espaces rigoureusement délimités s'épanouissent des volutes, des fleurs stylisées et autres emblèmes quasi héraldiques colorés par des parterres d'annuelles.

Les perpectives changent à chaque pas mais où que l'on soit l'ensemble parfaitement ordonné dégage une grande sérénité. La contemplation de ces jardins laisse avec le même sentiment de paix, d'ordre et d'harmonie que les grandes architectures musicales de Bach. Pitmedden : mur, bordure et pavillon d'angle
Pitmedden : mur, bordure et pavillon d'angle


Pitmeden : tour du grand jardin baroque
Pitmeden : tour du grand jardin baroque
Pitmedden sous la neige
Pitmedden sous la neige

Route directe jusqu'à Aberdeen ensuite. Notre tour du centre ville commence par le Marischall College, tout en granite, sa grande façade raide (1905), sa tour et sa salle Mitchell où nous ne faisons que pénétrer : son décor néogothique ne nous impressionne guère, pas plus que celui de l'Hôtel de ville (XIXème), façon Violet-le-Duc, tout aussi inauthentique. Aberdeen : centre
                ville
Aberdeen : centre ville


En revanche la Place du Marché et sa Mercat Cross entourée de vieux immeubles a plus de caractère, d'autant que plusieurs camelots et marchands forains y mettent un peu d'animation.

Un petit bout de marche sur Union Street, très commerçante et très fréquentée, nous mène jusqu'à la Provost Ross's House, une vieille demeure du XVIème appartenant au N.T.S. qui loge le Musée Maritime. Nous y visionnons un vidéo portant sur les châteaux du Trust dans la région (nous en avons visité plus de la moitié...). Malheureusement la maison ne se visite pas à cause de travaux d'agrandissements du Musée. C'est bien dommage, car il ne reste plus beaucoup de vieux bâtiments dans le centre ville où ont poussé partout des buildings modernes plus ou moins heureux .

Aberdeen : le port
Aberdeen : le port

Le quartier du port ressemble beaucoup à celui de Montréal, mais en plus triste à cause de l'omniprésence du granite gris.

Une fois traversé le pittoresque cimetière St-Nicolas tassé autour de son église, nous marchons jusqu'à la James Dun's House, une autre maison de marchand assez nue convertie en salle d'exposition qui nous semble sans intérêt particulier.

Fin de la balade en beauté par la Provost Skene's House, une remarquable maison de riche marchand du XVIIème, fort bien restaurée et meublée. Provost Skene's House : façade
Provost Skene's House : façade

Provost Skene's House : salle à manger
Provost Skene's House : salle à manger

Provost Skene's House : chambre à coucher
Provost Skene's House : chambre à coucher

Provost Skene's House : salon XVIIIème
Provost Skene's House : salon XVIIIème

Provost Skene's House : scènes religieuses sur bois
          (XVIIème)
Provost Skene's House : scènes religieuses sur bois (XVIIème)

Quel dommage que cette demeure soit le seul témoignage restant de cette glorieuse époque de la ville, alors qu'Aberdeen possédait d'importants chantiers navals et était une place majeure de commerce avec les ports de la Baltique. Et puis, quelle idée d'avoir enserré ce vieux manoir pittoresque entre de grands et laids immeubles à bureaux et un centre d'achat bétonné et anachronique !

Vallée de
                la Dee à l'automne
Vallée de la Dee à l'automne vers Balmoral

De retour au camping-car en fin d'après midi, nous mangeons un peu puis prenons la route longeant la vallée de la Dee en direction de Drum Castle et de Crathes Castle & Gardens. Long plein d'eau à une station BP pendant que Monique trie la documentation accumulée depuis notre départ (cartes postales, prospectus, etc.). La vallée de la Dee (Deeside) est fort belle, riche et bordée de collines boisées ou verdoyantes. Une quinzaine de kilomètres et nous stationnons dans le parc de Crathes (ayant omis Drum par crainte d'indigestion de château...).

Souper, puis balade solitaire dans les merveilleux jardins sous un léger crachin et dans la lumières atténuée du crépuscule. Nous nous préparons au coucher et je commence à écrire cette page lorsque le gardien de la propriété cogne à notre porte en nous priant de décamper : "Ici ça n'est pas un camping !" (en français s'il vous plaît !). Nous passons la limite du domaine et nous enfilons, sous un ciel maintenant très obscur, dans le premier chemin rural venu. Il mène à un hameau en restauration qui semble inhabité pour l'instant. Voilà qui fera un excellent bivouac parfaitement silencieux au milieu des champs.


Vendredi 2 août 1996 : de CRATHES CASTLE à GLAMIS (170 km)

Nous dormons fort bien entre ces quelques maisons, à deux pas de la rivière, devant ce qui se révèle un moulin effectivement en cours de restauration. Personne ne semble s'être rendu compte de notre présence jusqu'au moment où nous quittons les lieux pour retourner sur le stationnement du château. Douche, petit déjeuner, nous sommes devant la porte des jardins à 9:45.

Crathes
              Castle : le jardin
Crathes Castle : le jardin
L'émerveillement d'hier soir se renouvelle : chacun des huit enclos juxtaposés et savamment enchaînés offre soit sa multitude de fleurs richement assemblée soit ses lignes pures plus formelles mais pleines de grandeur et admirables de sérénité.

Le peu de visiteurs - Dieu merci - nous laisse presque l'impression que tout cet espace nous appartient. Évidemment, sous ce ciel nuageux clair où le soleil ne fait qu'une brève apparition après un petite pluie fine, les couleurs de nos films et photos n'auront pas toute la vivacité désirable. Cependant les traits, les lignes, les "vista" (points de vue) apparaîtront sans doute très nettement.
Crathes Castle : Jean-Paul à la grille du jardin
                clos
Crathes Castle : Jean-Paul à la grille du jardin clos

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Crathes Castle : bassin dans le jardin clos
Crathes Castle : abreuvoir
Crathes Castle : l'abreuvoir

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Crathes Castle : jardin au bassin supérieur

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Jardins de Crathes Castle :  bordure d'herbacées

jardin-bleu
Jardins de Crathes Castle : le Jardin Bleu

Jardins de Crathes Castle : la Roseraie
Jardins de Crathes Castle :  la Roseraie

Jardins de Crathes Castle : un coin du Pool Garden
Jardins de Crathes Castle : un coin du Pool Garden
Jardins de Crathes Castle : dans la serre
Jardins de Crathes Castle : dans la serre

Crathes
Crathes Castle
Puis nous entrons dans le château lui-même. Le plan typique de ces "tours d'habitation" écossaises nous est maintenant connu : sombre salle des gardes au rez-de-chaussée, flanquée d'une cuisine dont le foyer occupe tout un pan de la pièce, escalier en colimaçon aux marches de pierres usées pour accéder à la grande salle au premier étage au dessus, puis chambre du seigneur et des enfants (ou des hôtes) et enfin bibliothèque (ou salle de justice) sous les combles.

Crathes n'échappe pas à cette tradition, et si les meubles - pour la plupart d'origine - sont fort beaux, la singularité de la maison réside surtout dans ses plafonds peints de personnages aux couleurs vives qui ont été restaurés ou restitués dans plusieurs chambres. Peut-être le fait que le décor soit davantage "haute époque" donne-t-il moins une impression de "pauvreté" ou d'austérité que dans d'autres maisons plus récentes du N.T.S. (comme Brodie entre autres). Crathes : plafond peint et décoré de rois
Crathes :  plafond peint et décoré de rois

Dunottar
                Castle sur son piton
Dunottar Castle sur son piton

Ravis et comblés par cette double et belle visite, nous rattrapons la mer pour aller contempler les ruines imposantes de la forteresse de Dunnottar sur son promontoire isolé, après avoir pique-niqué sur le quai du petit port de pêche de Stonehaven.

Le soleil continue de jouer à cache-cache derrière les nuages, mais nous profitons tout de même de quelques belles vues sur les hauts murs de pierre et sur les falaises brunes contre lesquelles viennent se briser les vagues, toutes environnées de cris d'oiseaux. Le coût élevé et l'accès difficile nous font renoncer à la visite intérieure des restes du château. Nous préférons filer vers le sud pour aller explorer le Glen Esk.

Jean-Paul
                devant les ruines de Dunottar
Jean-Paul devant les ruines de Dunottar


La tour
                d'Edzell au-dessus de son jardin
La tour d'Edzell au-dessus de son jardin

Auparavant nous passons tout près d'Edzell, aussi ne résistons-nous pas à la tentation d'aller voir ses ruines mais surtout son fameux jardin classique.

Bien que l'enclos soit plus petit, on y retrouve la même ambiance savante, sereine et paisible qu'à Pitmedden. Ici un seul grand carré garni de délicats entrelacs des buis taillés emplit l'espace délimité par des murs eux-mêmes garnis de sculptures et de fleurs dispersées dans des niches destinées autrefois à abriter des oiseaux chanteurs. Dessin du
              jardin d'Edzell
Dessin du jardin d'Edzell

Le
              pavillon d'été d'Edzell depuis le jardin
Le pavillon d'été d'Edzell depuis le jardin
Jardin presque intimiste, valorisé par un adorable petit pavillon d'été (salle à manger au rez-de-chaussée et chambre à l'étage), et surtout par la silhouette de la haute tour d'habitation à l'ombre de laquelle il a été composé. Les ruines sont assez bien conservées pour valoir la visite.

Le pavillon d'été d'Edzell depuis le jardin
Le pavillon d'été d'Edzell depuis l'extéreiur du jardin

Le
              jardin d'Edzell depuis la tour
Le jardin d'Edzell depuis la tour
Mais surtout, lorsqu'on gravit les trois étages de marches de pierre, chaque niveau du donjon offre une vue progressivement plus superbe sur le jardin dont le dessin apparaît pleinement une fois rendu en haut.

Le soleil descendant dore les moellons rouges des murs lorsque nous quittons Edzell  pour nous enfoncer dans la vallée doucement accidentée du Glen Esk. On n'y découvre aucun point de vue exceptionnel, mais un paysage bucolique et assez sauvage qui se déroule lentement, paisiblement, au rythme des nombreux détours de la petite route longeant le cours rocailleux de la rivière. Au bout du chemin, une tour d'habitation abandonnée, donc sans toit ni fenêtre, a gardé toute son élévation. Ici pas de fioritures, pas de bâtiments adjacents postérieurs, les murs nus s'élèvent d'un seul jet, percés de quelques rares ouvertures. L'intérieur où l'on ne peut pénétrer (la porte béante se trouve à 4 mètres du sol !) apparaît vide. Il ne nous reste plus qu'à faire demi-tour puisque le Glen Esk est un cul-de-sac.

Après souper et sur le chemin du retour, nous sommes frappés par la diversité des animaux sauvages que l'on aperçoit depuis la route : innombrables lapins sautillant dans les champs ou sur les bermes, parfois en troupe de 4 à 5, faisans dorés, coqs de bruyère, même un faon qui fuit sous nos roues à notre passage. Il commence à faire sombre sur la A 90 à double voie empruntée alors pour gagner rapidement le bourg de Glamis dont nous voulons visiter le grand château demain. Nous nous glissons sur le terrain de football du village et stationnons pour la nuit sur son gazon, à deux pas du parc du château.


Samedi 3 août 1996 : de GLAMIS à LOCH EARN (103 km)


Nous n'étions pas à deux pas, mais bien dans le parc de Glamis ! puisque le terrain de football en question se trouve à l'intérieur des murs de la propriété. Nous y avons fort bien dormi et gagnons vers 10:30 le stationnement officiel du château. Beaucoup de monde déjà et une organisation qui en dit long sur l'intérêt des Anglais pour tout ce qui touche la famille royale. Élisabeth la reine mère est en effet une Bowe-Lyon, la famille des Comtes de Sthratmore et Kinghorne qui bâtit Glamis au XIVème siècle. Elle naquit ici en 1900, fille du 14ème comte et y passa sa jeunesse avant d'épouser le roi George VI.

Le château est très grand, magnifiquement décoré et fort riche. La visite guidée montre avec une certaine ostentation une bonne partie des trésors entassés, aussi ne sent-on guère l'intimité de la vie de la famille mais bien plutôt l'orgueil de grands qui s'affichent, se dévoilent un peu tout en gardant leurs distances. Glamis : chambre d'Elizabeth the Mother
Glamis : chambre d'Elizabeth the Mother


Glamis Castle
Glamis Castle

Le noyau du bâtiment est assez réussi au plan architectural, cependant les nombreux ajouts successifs lui enlèvent de sa pureté et de son caractère. Bref une visite décevante et ce d'autant plus qu'assez chère. Même le jardin italien, le seul ouvert à la visite, nous laisse un sentiment de froideur malgré son dessin sophistiqué - trop peut être ? - et ses massifs de fleurs impeccables.

Nous mangeons, faisons le plein d'eau puis repartons. Pas pour longtemps puisqu'en traversant le village de Glamis nous tombons sur les petits cottages alignés et attenants du Angus Folk Museum. Exposition intéressante sur la vie rurale d'autrefois quoique les items soient un peu trop entassés et pas assez mis en situation. En revanche le charme des petites façades fleuries est irrésistible. Angus Folk Museum : les cottages du village
Angus Folk Museum : les cottages du village

Angus
        Folk Museum : l'alcove dans le cottage
Angus Folk Museum : l'alcove dans le cottage

Les paysages vallonnés sont agréables, la chaussée excellente, aussi la route se fait-elle bien jusqu'à Perth. La petite ville donne peu à voir, nous parcourons un peu ses rues bordées de maisons géorgiennes assez disparates, nous arrêtons pour faire quelques provisions avant de poursuivre à travers une zone progressivement plus accidentée et donc plus spectaculaire. Il commence à faire sombre lorsque nous atteignons l'extrémité du Loch Earn entouré de petites montagnes. Son beau plan d'eau nous rappelle les dimensions du lac d'Annecy, mais en plus sauvage. Nous en longeons les rives sur quelques kilomètres, admirant les élégantes propriétés fin de siècle bien bâties en pierre et entourées de jardins fleuris, avant de faire halte sur une aire de pique-nique, juste au bord de l'eau et un peu à l'écart de la route, pour y passer la nuit.
 

Dimanche 4 août 1996 : du LOCH EARN à CULROSS (125 km)

Dans
              les Trossachs : Loch Lubnaig
Dans les Trossachs : Loch Lubnaig
Nuit des plus paisibles que nous prolongeons un peu pour partir vers 10:00. Le ciel assez gris donne peu de relief aux rives du lac que nous continuons de longer et que nous apercevons de temps à autres entre les arbres. La suite de la balade dans les Trossachs ne répond pas complètement à nos attentes stimulées par les trois *** du Guide Vert : certes les paysages de collines verdoyantes couvertes de forêts de sapins rappellent un peu les Vosges, mais elles sont loin d'avoir l'ampleur de la Forêt Noire.

De plus la petite route très sinueuse demande une attention de tous les instants qui laisse peu le loisir de contempler le paysage, sans compter les arbres innombrables et l'encaissement de la route qui limitent la vue. Enfin les arrêts au bord de la route étroite sont rares et souvent situés assez loin des points de vue.

Nous nous rendons quand même jusqu'au Loch Katrine Pier. Un grand parking payant donne accès au quai d'embarquement sur le "Sir Walter Scott", un vapeur qui parcourt le grand réservoir ultra-protégé alimentant Glasgow en eau pure. L'horaire du bateau ne nous convient pas, et chez le loueur il ne reste plus de bicyclettes, Ç'aurait pourtant été le seul moyen de parcourir sans trop de fatigue les 14 milles de confortable chemin asphalté qui en font le périmètre presque complet. Nous marchons cependant le premier kilomètre, profitant d'un ciel pour l'instant assez dégagé. Le paysage protégé me semble assez pittoresque pour que j'en prenne plusieurs vues et je regrette que Monique ne se sente pas assez vaillante pour pousser plus avant. Nous revenons au parking, reprenons notre Aigle et allons pique-niquer un peu plus loin devant le point de vue précédant le visitor centre et le village très touristique d'Aberfoyle. Peu après les reliefs des Trossachs s'estompent derrière nous lorsque nous filons sur Stirling. Le
                Sir Walter Scott arrive au quai sur le Loch Katrine
Le Sir Walter Scott arrive au quai sur le Loch Katrine



D'assez loin se devine le château juché sur la falaise dominant la ville. Les touristes, très nombreux en ce beau dimanche après-midi, encombrent les ruelles qui montent vers la résidence royale des Stuart. Nous renonçons à stationner sur l'esplanade (2 £, soit ±  5 $ !), redescendons un peu et nous casons un peu plus bas, juste au pied de la ville médiévale.

 Nous en parcourons les ruelles pittoresques bordées de maisons historiques en fort bon état, découvrons le panorama étendu depuis l'esplanade et arrivons enfin devant l'entrée du château. Un peu saturés de visites monumentales, nous nous refusons à pénétrer à l'intérieur et revenons à notre Aigle en admirant quelques autres beaux édifices (Tollboot, Royal Infirmary...). Stirling Castle sur sa colline
Stirling Castle sur sa colline


Stirling : porte du château des Stuart
Stirling : porte du château des Stuart
Puis nous errons un peu dans le centre ville ancien et fort bien construit (style géorgien en pierre crème). Nous appelons alors Juliette à Montréal : elle se dit fort occupée avec ses amies en visite : Charlotte, Caro..., prépare la fête de Maude et semble de fort bonne humeur, Elle a même fait le projet de déménager à Londres l'an prochain... Nous nous dirigeons ensuite - difficilement faute de signalisation - vers la haute tour du Wallace Monument. Jolie et rude montée à travers le sous-bois pour en atteindre l'énorme base sur sa colline, mais nous n'irons pas plus haut car ses portes viennent de fermer : il est 18:00. Superbe, le panorama s'étend sur la ville à nos pieds jusqu'aux Trossachs à l'horizon.

Nous dégringolons le sentier abrupt sous les arbres pour reprendre la route en direction de Culross où nous comptons passer la nuit.

Le soir descend lorsque nous atteignons la petite ville ancienne sauvegardée par le N.T.S. au bord du Firth of Forth. Malgré les raffineries qui ronflent et brillent sur l'autre rive du vaste plan d'eau, nous apprécions beaucoup le pittoresque des rues pavées bordées de vieilles maisons basses et crépies de blanc datant du XVIIème. Impressions déjà ressentie à Santillana del Mar, un autre beau village ancien préservé sur la côte nord de l'Espagne. Après la balade à pied dans le crépuscule, souper puis coucher près de deux autres camping-cars sur un grand parking au bord de l'eau, à la sortie est du village.
 

Lundi 5 août 1996 : de CULROSS à EDINBURGH (46 km)




Fatigués sans raison précise et malgré un bon sommeil, nous traînons assez longtemps au lit... Mais au lever je me rends compte que le frigo ne fonctionne plus. La pose d'un câble de secours branché directement sur la batterie, puis la réparation de la connexion brisée dans la centrale me prennent presque 2 heures pendant lesquelles Monique fait la vaisselle, prend le soleil, s'enduit les jambes de crème à bronzer, s'épile, etc. Finalement il est midi passé lorsque nous quittons le grand stationnement désert pour aller visiter le village XVIIème.

En plus de déambuler dans les rues bordées de vieilles maisons dont la plupart ont été restaurées (crépi blanc ou pastel, fenêtres à petits carreaux, date de construction gravée dans le linteau de pierre au dessus de la porte = 1669) nous pénétrons dans le Palais. Culross : The
                Palace
Culross : The Palace


Culross :
              intérieur du Palace
Culross : intérieur du  Palace
La vénérable bâtisse a elle aussi été remise en état par le N.T.S. qui l'a regarnie avec des meubles et accessoires d'époque, si bien que l’on imagine assez bien comment vivait son bâtisseur, Sir George Bruce, entre 1598 et 1611. C’était un entrepreneur et un marchand qui édifia sa fortune sur l’exploitation de riches filons de charbon gisant sous l’estuaire de la Forth. Visite passionnante dans le dédale des pièces aux formes et dimensions variées, réparties sur plusieurs niveaux et dans trois bâtiments raccordés les uns aux autres. Meubles haute époque, murs et plafonds lambrissés de cèdre ou de pin recouverts de peintures, petites fenêtres garnies à moitié de vitraux, à moitié de volets de chêne... L’ambiance évoque assez bien ces temps révolus, surtout lorsque s'y ajoutent les jardins reconstitués à l'ancienne.

Poursuivant notre tour du village, nous entrons alors dans la Town House (Hôtel de ville) dont la salle du conseil et le bureau du Maire ont été restaurés depuis leur libération récente, puisqu’ils ont servi jusque en 1975. La Back Causeway monte ensuite vers les ruines de l’abbaye, bordée de petites maisons presque toutes ravalées. A noter The Study dont les trois étages se visitent : plafonds peints et beaux meubles anciens au 2ème, petit bureau nu mais avec superbe vue sur les toits et l’estuaire de la Forth au 3ème. Culross : The Study
Culross : The Study

The Study :
          salle du 2ème étage
The Study : salle du 2ème étage

Vue sur l'estuaire de la Forth depuis le 3ème étage de
          The Study
Vue sur l'estuaire de la Forth depuis le 3ème étage de The Study

Nous sommes juste au dessus de la Place du Marché pavée où de jolies façades anciennes entourent une croix de marché surmontée de la traditionnelle licorne (1588). Nous continuons de monter jusqu’aux ruines de l’abbaye, peu lisibles, surmontées par l’église datant de 1633. Elle est malheureusement fermée et nous n’arrivons pas à trouver le chemin menant à The Abbey House, le petit château très classique que se fit construire en 1608 Edward Bruce, le frère de Sir George.  Culross : maison traditionnelle sur la Place du
              Marché
Culross : maison traditionnelle sur la Place du Marché

Culross : la maison du Docteur (XIXème)
Culross : la maison du Docteur (XIXème)
Nous renonçons à rentrer par le footpath proposé qui coupe à travers la campagne et revenons sur nos pas, savourant une dernière fois l’ambiance XVIIème du village, de ses rues pavées et de ses charmantes petites maisons.

Déjeuner sur le stationnement avant de nous reposer un peu plus loin sur la plage de Torryburn. Traînassant dans l’air assez tiède, j’y lis la documentation sur Edinburgh pour en préparer la visite. Enfin, vers 19:00, nous repartons pour aller dormir au cœur de la grande ville. Nous franchissons le Firth of Forth par un grand pont suspendu parallèle au long pont de chemin de fer construit dès 1890, puis faisons un premier tour dans la New Town que nous voulons visiter demain.

dinburgh : la cité depuis Calton Hill au coucher du
                soleil
Edinburgh : la cité depuis Calton Hill au coucher du soleil

Nous finissons par aller souper au pied de Calton Hill, avant de grimper à son sommet admirer le crépuscule sur la ville, l’estuaire et la vieille ville tassée au pied du château illuminé. Foule dans les rues et éclats de musique nous rappellent que nous sommes tombés en plein festival. Nous finissons par aller stationner près de Queenferry Street, dans une rue latérale tranquille où nous espérons passer une bonne nuit.


  Edinburg : Arthus Seat depuis Calton Hill
Edinburgh : la colline d'Arthur's Seat depuis Calton Hill


Mardi 6 août 1996 : d’EDINBURGH à TRAQUAIR (56 km)

Ce n’est pas la circulation mais bien une bande de mouettes logées sur le toit d’un immeuble voisin qui nous éveillent de leurs piaillements criards dès 5:15... Difficile de se rendormir ensuite, si je n'avais mes bouchons auriculaires qui m'assurent un silence - et un sommeil - complet jusqu'à 8:00. Monique qui, trop insécure, a refusé d'utiliser pareil expédient, se lève beaucoup plus fatiguée.

Edinburgh : Charlotte Square
Edinburgh : Charlotte Square
Nous prenons notre temps, quittant seulement vers 9:30 notre Aigle toujours stationné à la même place devant d'anciennes maisons bourgeoises du début XIXème (pierre de taille, grandes fenêtres à guillotine, grilles devant les sous-sol, corniches classiques...). Elles ont maintenant été transformées en luxueux bureaux d'avocats, de conseillers financiers ou de dentistes. Nous traînons un peu dans le quartier en admirant les façades chic même si pas toujours bien ravalées, puis rallions Charlotte Square très animé et bruyant, pollué par la circulation de dizaines d'autobus urbains ou remplis de touristes.


Quelques minutes plus tard, nous pénétrons dans le numéro 7 où se trouve la Georgian House acquise et rénovée par le N.T.S. On peut maintenant visiter les deux premiers étages et le sous-sol de cette demeure aristocratique. Les meubles, peintures et accessoires très bien présentés donnent, comme toujours avec le Trust, un excellent aperçu de la vie domestique de la grande bourgeoisie ou de la petite noblesse entre 1790 et 1810. Bon vidéo racontant une journée de ses occupants. Quel contraste entre la vie des domestiques et celle des maîtres ! Edinburgh : Georgian House, 7 Chalrlotte Square
Edinburgh : Georgian House, 7 Charlotte Square


Edinburgh : Georgian House : la salle à manger
Edinburgh : Georgian House : la salle à manger

Edinburgh : Georgian House : la salle de bal
Edinburgh : Georgian House : la salle de bal

En sortant, nous parcourons George Street jusqu'à Andrew Square. S'il reste encore un nombre impressionnant de vieilles maisons, leur état (façades noirâtres, pierres ébréchées, huisseries écaillées, propreté douteuse des cours en sous-sol rarement fleuries...) et l'hétérogénéité de leurs lignes et de leur décor déçoivent un peu. La circulation très bruyante et polluante, la foule affairée, la présence de nouveaux immeubles modernes aux matériaux et aux lignes hétérogènes, parfois affreux et toujours anachroniques, ajoutent à notre désappointement. Beaucoup de banques, d'assurances, quelques boutiques de luxe dont les prix nous effarent (accessoires de cuisine coûtant le double d'articles identiques à Montréal). On retrouve le même mélange de styles sur Andrew Square où seul l'hôtel particulier Dundas House retient notre attention : belle symétrie et équilibre de ses façades et surtout magnifique vestibule avec ses chapiteaux, ses corniches et ses clefs de voûte rehaussés à la feuille d'or. Un coup d'œil ensuite au joli décor du Café Royal en rejoignant Princess Street encore plus animée.
Nous marchons un peu le long des boutiques (dont l'une, étonnante, fait la promotion des produits Walt Dysney), traversons le jardin aménagé dans l'ancien fossé du château en contournant les temples grecs de la National Gallery of Scotland et rattrapons High Street, au coeur de la vieille ville, pour visiter Gladstone Lands. Edinburgh : monument à Walter Scott
Edinburgh : monument à Walter Scott

Gladstone Lands : la cuisine
Gladstone Lands : la cuisine

Cette autre propriété du Trust fut autrefois la maison d'un marchand au XVIIème. Elle offre un beau complément à la Georgian House : pièces sombres et petites ouvertures, meubles riches et lourds (beaucoup d'importations hollandaises), atmosphère beaucoup moins raffinée quoique cossue.


La construction est étroite, très haute (6 étages) avec décor peint sur les plafonds et sur les murs. Fatigués du bruit et de l'agitation du centre ville, nous regagnons la ville neuve et longeons une autre section de Princess Street tout aussi bondée, mais que les vues sur le jardin et sur le château juché sur la falaise rendent presque agréables. Edinburgh : Monique sur Princess Street
Edinburgh : Monique sur Princess Street

Rosslyn Chapel : le Pilier de l'Apprenti
Rosslyn Chapel : le Pilier de l'Apprenti

De retour à l'Aigle, déjeuner tardif puis départ vers le sud. La ville nous semble s'étendre interminablement lorsque nous traversons ses faubourgs. Bien bâtis en pierre crème au XVIIIème et XIXème, ils ne manquent pas d'élégance. Nous finissons par trouver la chapelle de Rosslyn 5 minutes avant sa fermeture à 16:55. Étonnant décor foisonnant de sculptures très fines, admirable Pilier de l'Apprenti, j'ai à peine le temps de tourner la tête et la caméra en tous sens que déjà il faut partir...

Nous poursuivons vers le sud dans la campagne très riche, sous un ciel de plus en plus sombre, et allons dormir à Traquair, à quelque distance du château que nous visiterons peut-être demain. Nous nous installons sur le stationnement de la salle communale, un peu à l'écart du village et en pleine solitude.

Mercredi 7 août 1996 : de TRAQUAIR à CRAGSIDE (155 km)

La pluie qui crépite doucement sur le toit à notre réveil ne nous incite guère à nous lever. Nous finissons quand même par démarrer et aller faire un tour dans le parc du château. Comme dans bien d'autres propriétés privées, le prix d'entrée nous paraît  encore une fois trop élevé, aussi nous contentons-nous de parcourir la grande allée sous les arbres et de jeter un coup d'œil à la façade avant de nous diriger vers la sortie sans plus de cérémonie. Nous suivons ensuite la Tweed Valley, une large trouée verdoyante dont les paysages pleins de douceur se déroulent tout au long des méandres dessinés par la rivière.

Abbotsford n'est pas bien loin : c'est dans cette grande maison aux réminiscences gothiques que Sir Walter Scott passa ses 20 dernières années après l'avoir fait construire à partir de 1812. L'environnement rural a été bien préservé et les grandes pièces, abondamment  meublées, ont conservé leur mobilier et de nombreux souvenirs du fameux écrivain. Il y règne une ambiance un peu mélancolique en même temps qu'on sent toute la vénération dévolue par les Britanniques au chantre de l'Écosse et de ses héros médiévaux. Sir Walter Scott
"Portait of Sir Walter Scott and his dogs"
par Sir Henry Raeburn (1756 - 1823)


Abbotsford : le manoir de Sir Walter Scott
Abbotsford : le manoir de Sir Walter Scott

Abbotsford : l'entrée
Abbotsford : l'entrée

Abbotsford : salle à manger
Abbotsford : la salle à manger

Abbotsford : le cabinet de travail et le bureau de Sir
          Walter Scott
Abbotsford : le cabinet de travail et le bureau de Sir Walter Scott

Abbotsford : la maison depuis le jardin
Abbotsford : la maison depuis le jardin
Abbotsford : entrée du jardin clos
Abbotsford : entrée du jardin clos

Un peu plus loin, j'emprunte le petit sentier qui mène au Wallace Monument : une grande statue en pierre du patriote, perdue au milieu des champs, semble monter la garde sur une boucle de la Tweed et sur le charmant paysage qui l'entoure.

Près
              d'Abbotsford : Scott's View
Près d'Abbotsford : Scott's View
Au détour d'un virage de la petite route, nous tombons sur Scott's View, un autre beau panorama sur la rivière qu'affectionnait Walter Scott et qu'il prenait souvent comme but de promenade.

Par monts et par vaux nous arrivons ainsi à Dryburgh Abbey dont les ruines bien mises en valeur gisent dans une large boucle de la Tweed.

Sous les grands arbres qui isolent les quelques murs encore debout, l'ambiance est sereine. Nous tentons de retrouver au fil de notre promenade les différents bâtiments composant le plan traditionnel du monastère en commençant par la grande abbatiale aux trois quarts effondrée. Les chapelles du transept nord abritent les tombes de Walter Scott et de Earl Haig, maréchal commandant en chef du cops expéditionnaire britannique durant la Première Guerre Mondiale. Il ne reste plus rien du cloître, mais au dessous de l'aile abritant ce qui fut le dortoir, la salle capitulaire a gardé sa voûte et ses ouvertures intactes, donnant une bonne idée de l'ancienne gloire du monument. Dryburgh
              Abbey
Dryburgh Abbey

Jedurgh Abbey depuis la rivière
Jedurgh Abbey depuis la rivière
Plus loin encore nous arrêtons quelques minutes à Jedburgh pour admirer une autre abbatiale du XIIème qui, cette fois-ci, a conservé l'essentiel de sa structure. J'observe la puissante façade ouest depuis la porte de l'enceinte abbatiale, tandis qu'en arrière se profile le rythme régulier de la nef. Ses solides colonnes fasciculées s'élèvent vers le triforium dont les arcs en plein cintre sont subdivisés par deux lancettes plus petites. Architecture admirable malheureusement enserrée dans le centre du village.

Nous arrêtons ensuite quelques minutes sur la Place du Marché dont les façades fleuries entourent une vieille Mercat Cross. Après la quête des quelques cartes postales de rigueur, nous repartons vers le sud sous un ciel de plus en plus estompant les collines peu élevées qui nous entourent. Jedburgh : la Mercat Cross
Jedburgh : la Mercat Cross

C'est fini pour cette fois, l'Aigle quitte
                l'Écosse...
C'est fini pour cette fois, l'Aigle quitte l'Écosse...

Ce seront là nos derniers paysages écossais puisque nous achevons alors de parcourir les Borders pour franchir enfin la frontière par un col embrumé et sous la grisaille : collines aux contours gris bleu à perte de vue vers le nord, pentes vertes très humides et vent froid vers le sud. Le ciel s'assombrit de plus en plus et la pluie balaie la route devant nous.

Nous suivons la A 68 jusqu'à bifurquer vers l'est pour aller voir Cragside, une autre propriété du National Trust (section anglaise). Ce manoir victorien fut la première maison au monde à être éclairée par l'hydroélectricité dans les années 1880. Nous arrivons tard dans la nuit et sous la pluie. La brume monte de la vallée enfouie dans les arbres tandis que nous nous glissons à l'intérieur du parc désert pour nous installer dans le plus grand calme sur le stationnement du jardin clos.

Jeudi 8 août 1996 : de CRAGSIDE à la sortie 39 (M 6) (167 km)


Seuls sur notre stationnement, nous ne sommes rejoints par les premiers visiteurs du jardin que vers 10:00. De quoi se reposer amplement et être d'attaque pour la visite du domaine. Ici en effet ce n'est pas seulement le grand manoir victorien qu'a créé le magnat d'industrie Lord Armstrong, mais tout un ensemble comprenant également le parc aux centaines de rhodos et de résineux géants (pins d'Écosse, pins de la Colombie britannique, séquoias de la Côte ouest américaine,...), des lacs artificiels et surtout un étonnant système d'utilisation de l'énergie hydraulique et électrique. Celui-ci lui permit d'alimenter son château à l'eau courante mais aussi d'en faire la première maison éclairée à l'électricité au Royaume Uni et peut- être dans le monde.

Un visitor centre a été installé dans les écuries, spacieuses et luxueuses comme d'habitude; on y présente avec photos, gravures, maquettes et appareils à manipuler un portrait extensif du grand industriel, ses travaux et inventions autour de l'hydraulique (grues, presses et autres mécanismes de levage dont le Tower Bridge de Londres), de la fabrication des canons à chargement par la culasse, de la construction de navires de guerre et des applications de l'électricité. Ce dernier domaine resta jusqu'à la fin de ses jours un constant sujet d'intérêt et de recherche.

Dans la Gorge, Jean-Paul devant le pont d'acier
Dans la Gorge, Jean-Paul devant le pont d'acier;
au fond le château

C'est pourquoi il fut l'un des premiers à vouloir l'utiliser dans son luxueux manoir construit dans la vallée qu'il avait plantée et aménagée au milieu des moors (landes) désertiques. Pour cela il a creusé deux lacs artificiels, installé conduites forcées et dynamos (relayés plus tard par des moteurs à pétrole), posé des canalisations de bois contenant les câbles destinés à amener l'électricité de sa Power House jusqu'au logis. La découverte de cette installation hydroélectrique primitive, réalisée au tournant du siècle, est l'occasion d'une longue marche dans les sous-bois et le long de la Gorge, sous le pont d'acier hardiment lancé au dessus du ravin (une autre première là aussi), avant que nous nous lancions dans la visite de la trentaine de pièces de la maison ouvertes au public par le Trust.

Presque toutes ont été impeccablement restaurées, papier mural y compris, et donnent une bonne idée du confort mais aussi du goût un peu ampoulé, douillet et emberlificoté de la haute bourgeoisie victorienne à la fin du XIXème. Couleurs sombres et riches, innombrables bibelots travaillés, matériaux chauds et lourds, meubles aux bois veinés, marquetés et vernis, tapis bigarrés et tentures enveloppantes créent une ambiance qui ne manque pas de chic mais nous semble souvent étouffante. L'ensemble est cependant étonnant et s'impose par sa cohérence et, finalement, une certaine harmonie dans le "kitsch". Cragside : au bord de la piscine intérieure
Cragside : au bord de la piscine intérieure


C'est la fermeture à 17:00 qui nous oblige à quitter la grande demeure accrochée à sa colline, juste au dessus d'une vaste rocaille malheureusement pas encore revenue à sa gloire première : des années d'abandon ont laissé proliférer les espèces dominantes et l'eau ne court plus en cascades à travers les rochers. Retour au stationnement sous les grands arbres au dessus du vallon et départ vers le sud sans les habituelles cartes postales, la shop étant maintenant fermée.

Quelques provisions de bouche dans les deux épiceries du village confirment notre piètre opinion des vertus culinaires des Anglais : le pain "caoutchouc" est vraiment infâme, les biscottes inconnues, nous en sommes réduits à acheter un lourd gâteau aux fruits beaucoup trop sucré pour notre déjeuner de demain matin...

Nous roulons beaucoup et rattrapons vers 19:30 le mur d'Hadrien près de Chester. En passant, je jette un coup d'œil à la Branton Turret, perdue au milieu d'un champ de moutons dont le couchant avive le vert profond. Puis nous filons par l'excellente A 69 jusqu'à rattraper la M 6, l'autoroute du sud, au dessous de Carlisle. La nuit tombe tout à fait pendant que nous filons vers le sud, jusqu'à ce qu'enfin vers 22:30 nous empruntions la sortie 39 pour aller dormir entre deux gros camions sur une aire de repos le long de la A 6.
 

Vendredi 9 août 1996 : de la sortie 39 (M 6) à TATTON HALL (320 km)

La nuit est assez calme, mais dès 7:00 la circulation reprend, et sans bouchons auriculaires, le bruit devient vite insupportable. Nous sommes donc sur la route dès 8:30. Si la chaussée est excellente, le relief du Lake District dont nous approchons ralentit notre progression, au fil des virages et des côtes parfois impressionnantes qu'il faut affronter.

Kendal
Près de Kendal : paysage du Lake District
La petite ville de Kendal est assez quelconque malgré ses maisons de pierre grise uniformes qui me rappellent un peu le schiste de ma Suisse Normande. Au moins le centre d'achat assez bien approvisionné nous permet-il de remplir de denrées fraîches notre frigo un peu dégarni. 

Puis nous nous rendons au château de Sizergh dont la grande rocaille (la plus vaste de Grande Bretagne) me semble suffisamment intéressante pour justifier le détour parcouru depuis hier soir. Hélas la grille est fermée, les visites n'étant possibles que du dimanche au jeudi ! Fort déçus, et vexés de nous être encore une fois fait prendre aux horaires fantaisistes et variables du National Trust, nous décidons de faire un grand tour dans les montagnes de Cumbria en suivant l'itinéraire proposé par le Guide Arthaud.

A Windermere où nous déjeunons devant le view point, la foule est dense; elle s'éclaircit sur la route d'Ambleside, un autre joli village aux maisons d'ardoises envahi par les touristes. Les bords du Rydal Water, bien que charmants, sont eux aussi très courus. Un autre site
              tout semblable à celui de Windermere, le Derwent Water
Un autre site tout semblable à celui de Windermere, le Derwent Water

Grasmere :
              au-dessus du Water
Au-dessus du Grasmere Water (lac)
Nous commençons à être un peu moins serrés - impossible de parler de solitude à cette période-ci de l'année - à partir de Grasmere où nous empruntons de toutes petites routes vers Eskdale. Elles nous font grimper par des pentes très raides (parfois de 30% !) les cols de Wrynose puis de Hard Knott.

Les vues magnifiques se renouvellent constamment, les flancs des vallées dénudées sont parsemés de moutons, l'air est pur, pas d'autres traces de l'occupation humaine que les murets de pierres et les rares petites maisons d'ardoise. J'arrête aussi souvent que possible pour prendre des vues à la vidéo; les teintes sont splendides sous le ciel dégagé. Un long détour ensuite nous mène sur les moors désolés à l'ouest d'Ulpha, en vue de la mer qui brille au loin.

Crummock Water
Crummock Water

windermere-water
Windermere Water

Le soleil descend déjà lorsque nous rallions Newby Bridge où j'avais prévu d'aller voir le jardin et le parc victorien en cours de restauration, mais il est passé 19:00 et tout est fermé. Nous soupons quand même devant les grilles closes en vue de l'extrémité du Lac Windermere (champs de joncs, petits bateaux...) avant de rejoindre la M 6 par la rapide A 590. Hawkshead : une
              belle façade fleurie
Hawkshead : une belle façade fleurie

Deux heures de route très rapide ensuite nous mènent au sud de Manchester, à la sortie 19 de la M 6, tout près de Tatton Park. Nous cherchons un bon moment un point de chute autour du parc du château évidemment fermé pour la nuit. L'obscurité rend notre recherche difficile, mais nous finissons par nous poser sur un terre-plein dans le village de Rostheme, au bord de la petite route et dans un calme très relatif...



5. De TATTON HALL à OUISTREHAM


Samedi 10 août 1996 : de TATTON HALL à CALKE ABBEY (165 km)


La circulation, le train et les avions ne nous dérangent pas trop, mais ce sont les grosses gouttes de pluie s'égouttant du chêne sous lequel nous sommes installés et frappant le toit qui nous réveillent vers 7:20. Nous paressons un peu après que la pluie ait cessé pour décoller enfin vers 9:30.

Faute d'indications dans le village de Rostheme, nous nous retrouvons à errer un peu au hasard dans de sinueuses petites routes rurales qui virent, se croisent, se divisent en tout sens, sans plus de panneaux indicateurs que dans le village... Au moins ces détours nous donnent-ils l'occasion d'admirer les jolies petites fermes fleuries et les luxueuses résidences disséminées entre les haies et les boisés. Finalement, en désespoir de cause, nous retournons au village où nous faisons le plein - car j'ai fini par tomber à court d'essence - et nous dirigeons enfin vers le parc de Tatton.
Feuillet et plan de Tatton Park

Grandes grilles majestueuses à l'entrée, long parcours entre de grands arbres magnifiques rangés en allées cavalières, harde de daims empanachés sur fond de parc paysager par Repton au XVIIIème... rien ne manque à ce grand domaine si vaste et si lourd à gérer que, lorsque le dernier Baron Egerton donna sa propriété au National Trust en 1958, celui-ci en confia la gestion - et la charge financière... - au Cheschire County Council. Nous commençons par la visite des jardins, superbes car extrêmement variés. Tatton Park : la harde de daims
Tatton Park : la harde de daims


Tatton Park : la façade palladienne et le Jardin italien
Tatton Park : la façade palladienne et le Jardin italien


Après le Tatton Garden Society Garden où un groupe de dames s'entraîne à l'aquarelle sous la férule de son professeur, nous passons à la Fernery, une serre XIXème où l'on conserve une magnifique collection de fougères rampantes ou arborescentes qui ont fini par masquer presque tous les murs.
Tatton
                Park : The Fernery
Tatton Park : The Fernery


Tatton Park
            : Jean-Paul dans The Fernery
Tatton Park : Jean-Paul dans The Fernery

Tatton
              Park : dans l'Orangerie
Dans l'Orangerie
Juste à côté, l'Orangerie accueille maintenant quantité de plantes exotiques qui en colorent la belle architecture classique (1818). Dans l'Orangerie de Tatton Park
Dans l'Orangerie de Tatton Park

Nous gagnons alors le Jardin italien devant l'élégante façade palladienne, puis nous enfonçons dans le parc en passant près du Mercury Pool (Bassin de Mercure) qui a malheureusement perdu temporairement sa statue (en restauration).

Un peu plus loin, depuis des zones gazonnées très humides entourées de rhodos et de grands arbres, on aperçoit l'African Hut installée ici par Maurice Egerton, grand chasseur de safari au Kenya. Puis nous empruntons un bout de la Grande Allée (Broad Walk) pour gagner le monument de Lysicrates, inspiré par le petit temple circulaire identique de l'Athènes antique.

Tatton Park : le Jardin Japonais et son temple
              shintoiste
Tatton Park : le Jardin Japonais et son temple shintoiste
Encore quelques dizaines de mètres et nous atteignons le délicieux jardin japonais que le 3ème Baron Egerton Alan de Tatton fit construire en 1910 par des ouvriers japonais amenés de leur pays à cet effet... Heureuse époque...

Le coup d'œil est enchanteur, avec ses délicats arbustes et ses plantes originales importés du Japon (cinq sortes d'érables, des azalées, des conifères nains...). Ils  entourent un petit temple shintoïste, lui aussi authentique, auquel on accède par une jolie passerelle cintrée tandis qu'à côté un enclos luxuriant entoure un pavillon de thé traditionnel. C'est là probablement la plus belle partie des jardins.


Tatton
        Park : le Jardin Japonais et son temple shintoiste
Tatton Park : le Jardin Japonais et son temple shintoiste

Tatton Park : Jardin japonais
Tatton Park : la maison de thé dans le Jardin japonais
Tatton Park : Jardin japonais
Tatton Park : Jardin japonais

Un petit tour dans l'arboretum, limité en espace mais rempli de superbes spécimens, apporte une toute autre dimension par la hauteur et la belle santé de ses arbres. Le Golden Brook, un petit étang à canards entourant l'île occupée par le temple japonais, offre lui aussi quelques jolis points de vue. Nous marchons un peu sous de grands arbres abritant une autre belle collection de rhodos pour aboutir au Tower Garden, un adorable jardin clos. Nous nous y reposons un moment, jouissant de l'harmonie paisible des lieux : ce seul petit jardin nous comblerait...

Nous passons ensuite à l'étroite roseraie contiguë très construite (elle date de 1913) autour de son bassin de pierre qui servait aussi de piscine. Un autre espace délectable bien à mon goût. Passant quelques topiaires anciens et très développés, nous retrouvons les bordures en L débordantes de fleurs multicolores aperçues au départ et passons la sortie.

Tatton Park : Tower Garden
Tatton Park : Tower Garden


Ces jardins sont vraiment magnifiques et sont parmi les plus beaux, les plus variés que nous ayons jamais visités. Nous apprécions particulièrement la façon dont ses différentes sections sont bien distribuées dans les 25 ha que nous avons parcouru.

Tatton Park : l'entrée monumentale de Mansion
Tatton Park : l'entrée monumentale de Mansion

Après quelques minutes de repos, nous passons à la Mansion. De style classique, puisque construite à partir de 1780 jusqu'à 1813, la maison présente une suite de pièces magnifiques qui ont toutes conservé leur mobilier précieux des XVIII et XIXème siècles.

Les pièces d'apparat au rez-de-chaussée sont particulièrement impressionnantes (salon de musique, hall d'entrée, bibliothèque...) tandis qu'à l'étage les chambres offrent un cadre plus intime quoique tout aussi luxueux. La descente au sous-sol permet aussi de voir les pièces où se tenaient les domestiques, locaux vastes, fort bien équipés mais aussi beaucoup plus austères dans leur carrelage blanc. Il est presque 16:00 lorsque nous achevons la visite. Tatton Park : la bibliothèque
Tatton Park : la bibliothèque



Biddulph Grange Garden
Un casse-croûte léger et nous prenons rapidement la route pour tâcher de rejoindre Biddulph Grange Garden avant sa fermeture à 18:00. La distance (en partie par la M 6) se fait bien, mais il est 17:35 lorsque nous nous présentons à la billetterie. On nous laisse passer même si la boutique est fermée : pas de plan, de livret ni de cartes postales.

Le tour rapide mais complet du jardin au pas de course, dans la chaude lumière du soir, nous montre une grande mise en scène victorienne assez touffue et complexe, fouillis de toutes sortes d'emprunts à des modèles exotiques (inspiration médiévale, espagnole, française, etc.) sans rien de bien convainquant. Tout semble tassé et manque d'unité, les perspectives sont étriquées, les compositions dénuées d'élégance et de subtilité... Trop de pierres dans les "ruines", de couleurs vives dans le jardin "japonais", de murs et d'ordre rigide dans la section italienne. Le plan d'eau est dépourvu d'horizon, bref le charme ne joue pas et nous en avons assez après notre courte excursion. Nous ne resterons donc pas ici cette nuit pour reprendre la visite plus à fond demain. 1996-0811-02-biddulph-grange-pavillon
Biddulph Grange Garden

Souper sur le stationnement avant de faire un autre bout de route dans la nuit tombante pour gagner Ticknall où se trouve Calke Abbey, notre prochaine visite. Après la longue traversée de la zone industrielle très peuplée mais peu esthétique de Stoke on Trent, le village de Ticknall est charmant, ses petites maisons de brique très soignées et Monique tombe en amour avec l'une d'entre elle tant son jardin lui fait un écrin séduisant. Nous parcourons ses rues en tous sens pour enfin choisir le stationnement du Village Hall - où se déroule un banquet de l'Âge d'Or - et nous poser. Petit lavage, écriture et lecture avant de nous coucher assez tard vers 1:00. Demain nous serons à pied d'œuvre pour la visite de Calke Abbey.

Dimanche 11 août 1996 : de TICKNALL à NEWBURY (201 km)


Nuit fort tranquille après le départ des derniers convives à 22.00. Nous gagnons donc assez tôt le stationnement de Calke Abbey, au bout d'une fort longue allée qui nous fait encore une fois traverser de vastes prairies paysagers où quelques grands arbres isolés dessinent leur silhouette altière. Le domaine entourant la country house couvre encore 1 100 ha (il y en avait 8 000 au XVIIIème...!) pour un total de 11 000 ha avec les terres les plus éloignées...

Un peu comme à Dyrham Park, la grande maison palladienne classique modifiée au XVIIIème apparaît quand on tombe dessus, au creux d'un vallon aménagé à la manière de Capacity Brown. Architecture un peu solennelle et lourde, quoique bien équilibrée. Les façades en "sandstone" friable montrent de multiples traces de restauration récente. Monique tient à me couper les cheveux - fort bien d'ailleurs quoique avec ses ciseaux de couture... - avant que nous nous lancions à la découverte de la propriété. Calke Abbey
              : façade de la maison palladienne
Calke Abbey : façade de la maison palladienne

Calke Abbey : le Flower Garden
Calke Abbey : le Flower Garden victorien
Nous commençons par les jardins que les réaménagements du XVIIIème ont déplacé hors de vue de la maison, à l'écart sur une petite colline. Ils sont entourés d'un grand mur de briques en cours de restauration.

Lorsqu'on passe la première porte, une symphonie de couleurs vives violet et jaune, avec une tache rouge centrale, éclate à nos yeux : ce flower garden planté à la période victorienne, bien qu'un peu voyant, est très bien rythmé, ses parterres impeccablement sertis dans le gazon, et sa bordure périphérique joliment fournie.
Calke Abbey : bordure du Flower Garden
Calke Abbey : bordure du Flower Garden

Calke
      Abbey : le Flower Garden victorien
Calke Abbey : le Flower Garden victorien

Calke
        Abbey : le Flower Garden victorien
Calke Abbey : le Flower Garden victorien

Calke Abbey : le Flower Garden victorien
Calke Abbey : le Flower Garden victorien

Plus loin, le grand Kitchen garden, complètement ruiné depuis 50 ans, n'est plus qu'un pacage à moutons, mais l'Orangerie du XVIIIème qui le domine a été presque entièrement restaurée. Des deux serres attenantes, une seule demeure, et encore est-elle en très mauvais état. On passe donc rapidement au Physic garden qui a perdu sa fonction initiale de jardin d'herbes et médicinal pour produire les légumes et les fruits dont avait besoin la maison. Ses plates-bandes encadrées de buis taillé sont en pleine santé, et présentent toute une série de variétés anciennes de légumes courants : choux colorés, salades, artichauts, etc. Les différents types de serres chaudes, couches et autres abris et constructions sont en piteux état, mais on a entrepris la reconstruction à l'ancienne de l'une des serres. Dans vingt ans peut-être, ces jardins auront retrouvé leur exubérance et leur variété originales. Nous revenons vers la grande maison en traversant les pleasure grounds ou jardin d'agrément, plantés d'arbres et d'arbustes serrés qui créaient un rideau empêchant de voir les jardins enclos depuis les fenêtres aristocratiques.

Nous voici maintenant dans la vaste demeure dont la visite me laisse assez désemparé, tandis que Monique tombe sous son charme : la propriété n'est arrivée entre les mains du Trust que depuis 1986 et l'on a apparemment mis toutes les ressources disponibles dans la restauration nécessaire mais peu apparente du gros œuvre (toiture, fenêtres, électricité, etc.) et dans la remise en état de quelques pièces d'apparat.

Plusieurs autres, dont le grand salon, sont remplies d'une multitude de meubles que je trouve assez lourds, et surtout de nombreuses vitrines d'oiseaux et d'animaux empaillés qui constituaient le musée personnel de l'un des derniers propriétaires, un passionné d'histoire naturelle. Les lignes d'ensemble finissent par disparaître et ces grandes pièces trop encombrées en perdent leur fonction sociale. Calke
              Abbey : le Grand Salon
Calke Abbey : le Grand Salon

Calke
              Abbey : la Nursery
Calke Abbey : la Nursery
Quant aux autres, les chambres en particulier, elles sont dans un état de délabrement avancé (papier peint déchiré ou décollé, taché de suie ou de coulures d'eau), vides, peuplées d'un mobilier hétéroclite ou embarrassées d'effets en vrac. La maison n'avait pas de grenier, aussi les choses s'entassaient tant qu'on n'avait pas besoin de réutiliser la pièce... Spectacle assez désolant...

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Calke Abbey : lit d'apparat en soie brodée chinoise
Ce désordre a au moins permis de retrouver par hasard dans une grosse caisse de bois un meuble exceptionnel, un lit tendu de soie brodée chinoise, cadeau royal de mariage à l'une des héritières de la maison. Le décor est superbe, les teintes d'une étonnante fraîcheur, l'impression éblouissante.
Calke Abbey : détail de pa parure en soie brodée du
                lit d'apparat
Calke Abbey : détail de la parure en soie brodée du  lit d'apparat

Quant aux locaux destinés aux domestiques, ils sont vides, quasi en ruines (cuisines) ou à l'abandon (caves et celliers). Au total une visite pittoresque, mais qui demande beaucoup d'imagination pour recréer l'opulence ancienne, ou un goût romantique pour les ruines ou les natures mortes...

Après un solide déjeuner, nous reprenons la route vers le sud. Il pleut sur les routes et autoroutes rapides très fréquentées en cette fin de dimanche après-midi. Les paysages de campagne aux douces ondulations manquent de caractère. Petit tour dans le centre architectural d'Oxford sans nous arrêter autrement que pour faire le plein d'essence. Nous faisons étape à la tombée de la nuit dans une impasse d'un quartier bourgeois à Newbury. Calme presque absolu, visite d'une patrouille de policiers qui vient vérifier si nous ne sommes pas perdus et nous confirmer que "There's no problem...".


Lundi 12 août 1996 : de NEWBURY à PORTSMOUTH (113 km)


La matinée est aujourd'hui plus chaude lorsque nous nous levons vers 9:30 dans notre rue tranquille. Au bout d'à peine quelques kilomètres, nous arrivons à Mottisfont Abbey, une magnifique propriété du Trust sise au fond d'une vallée très humide donc très verte.

Après avoir franchi la rivière paresseuse envahie par les algues ondulant dans le courant transparent, nous commençons par un grande balade dans les jardins. Sous les grands arbres splendides court un ruisseau aux eaux claires et bruissantes sur un lit de gravier blanc qui coule d'une source profonde.

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Mottisfont Abbey : dans la roseraie, rose Graham-Thomas
Un peu plus loin, une grande allée mène au jardin clos contenant une roseraie fameuse pour sa collection de fleurs anciennes. Mais la saison est trop avancée et il reste bien peu de roses en fleurs, beaucoup sont fanées, il faudra revenir en juin...

Nous avons quand même le loisir d'admirer la belle architecture du jardin soulignée par des bordures multicolores en pleine floraison.  Jean-Paul dans la roseraie de Mottisfont Abbey
Jean-Paul dans la roseraie de Mottisfont Abbey

Mottisfont Abbey : vista à partir du bassin
Mottisfont Abbey : vista à partir du bassin
Mottifont Abbey : le banc sous le rosier grimpant
Mottifont Abbey : le banc sous le rosier grimpant

Mottisfont Abbey : roses Magna Carta
Mottisfont Abbey : roses Magna Carta
Avant d'entrer dans la maison, nous faisons quelques achats de livres et cassettes vidéo édités par le Trust (dont un petit cadeau pour Maman) puisque c'est la dernière propriété de la charity que nous visiterons lors de ce voyage.

Le tour de la maison commence par le superbe salon décoré en trompe l'œil et avec une maîtrise étonnante par Tex Whistler, un peintre décorateur dont nous avions déjà vu une autre réalisation du même genre dans le château de Plass Newydd sur l'île d'Anglesey, au Pays de Galles. Les teintes très pales donnent à la pièce une ampleur en même temps qu'une douceur inattendues. mottisfont-abbey-salle-whistler
Mottisfont Abbey : salle Whistler

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Mottisfont Abbey : cellarium
En ressortant, belle vue sur la façade de brique et de pierre bien équilibrée. Sous la terrasse en avant de l'aile gauche, une voûte sombre donne accès à l'ancien cellarium du prieuré qui servit de base à la construction de l'actuelle country house. C'est à peu près tout ce qui demeure de la construction du XIIème, mais cette architecture utilitaire montre une élégance peu habituelle pour ce qui n'était au fond qu'un entrepôt. Les vastes cuisines sous l'aile droite de la maison conservent elles aussi quelques rares vestiges gothiques (piliers, voûte d'arête), mais sont noyés dans des murs postérieurs massifs sans aucun cachet.

Nous partons ensuite pour une longue balade le long de la rivière Esk dont le cours canalisé constitue l'une des limites du parc. Elle est pleine de gros poissons (truites mouchetées et brochets de belle taille) qui chassent dans le courant et que l'on aperçoit parfaitement dans l'eau transparente et peu profonde. Mottisfont Abbey : la rivière
Mottisfont Abbey : la rivière

Mottifont Abbey : la hutte du pêcheur
Mottifont Abbey : la hutte du pêcheur
Nous enfonçant dans la campagne calme et pleine de charme, nous atteignons la Hutte du pêcheur : jolie vue sur les jeux de lumière à travers l'eau, les  herbes ondoyantes au fond de la rivière...

Notre chemin de retour passe par l'arrière de la maison, sur le green qui s'arrête devant la petite "Maison d'été" noyée dans les fleurs, à côté de l'allée de tilleuls d'où l'on aperçoit une vue agréable sur le domaine paysager : vastes champs sans clôtures où sont dispersés de beaux grands arbres isolés. Mottisfont Abbey : -facade nord
Mottisfont Abbey :  facade nord

Romsey
              Abbey
Romsey Abbey, côté sud-est
Vers 16:30 nous reprenons la route du sud pour nous arrêter une heure et demie plus tard à Romsey, une jolie petite ville ancienne, dont nous voulons admirer l'abbatiale romane fameuse pour ses trésors. Malheureusement l'extérieur est peu visible derrière les échafaudages des restaurateurs.

Romsey Abbey
              : la nef
Croisée du transept de Romsey Abbey

Nef de Romsey
              Abbey
Nef de Romsey Abbey
Romsey Abbey : retable de la Résurection
Romsey Abbey : retable de la Résurection

Ses alentours sont pleins d'un charme particulier aux quartiers ecclésiastiques anglais : petites maisons blotties au fond de jardins clos débordants de fleurs, calme serein des ruelles pavées, impression de retraite à côté de l'animation des rues commerçante toutes proches... Après quelques courses (dont une bouquet de tournesols artificiels destiné à la chambre de Juliette), nous gagnons Portsmouth par l'autoroute sous une pluie battante. Nous traversons la ville jusqu'à la station balnéaire de Southsea où nous soupons et bivouaquons devant la plage de galet, en compagnie de quelques autres camping-cars.

Mardi 13 août 1996 : de PORTSMOUTH à OUISTREHAM (14 km... et 6 heures de mer !)

Je dors si bien dans le stationnement devant la plage grâce à mes bouchons auriculaires que je ne me réveille pas avant 9:00. Le temps de lever le camp et nous allons traîner un peu dans le vieux Portsmouth, sur le belvédère du Point et sur le rempart adjacent. Il fait très beau, un frais vent du nord a nettoyé le ciel et nous assure une température agréable. A nos pieds se croisent les ferries trans-Manche et ceux de l'île de Wight dans un va-et-vient animé. Un tour chez le shiphander juste devant la batterie, puis nous allons chercher dans un grand magasin de quoi pique-niquer sur le bateau. Je fais un dernier plein d'essence - nettement moins chère qu'en France - (53,0 pences/litre = 4,42 Ff à 8,20 Ff/livre), avant que nous nous présentions à l'embarquement des Brittany Ferries.

L'attente en ligne nous semble longue dans la chaleur du soleil plombant sur la grande place bétonnée. Nous finissons par embarquer sans problème à 14:30 comme prévu pour 6 heures de traversée. Je passe un bon moment sur le pont arrière à lire le livre "Favorite Gardens" que nous voulons offrir à Maman, poursuivant ma lecture à l'intérieur pour les deux dernières heures lorsque la température fraîchit avec la descente du soleil. La nuit tombe lorsque nous arrivons enfin à Ouistreham. Monique est fière d'avoir pu s'exposer un peu au soleil et d'avoir acquis un peu du hâle tant désiré mais si improbable au nord de la Manche...  Notre ferry :
              Normandie

Aussitôt débarqués, nous passons au dessus de l'écluse pour aller dormir en paix devant le bassin des yachts.


Du mercredi 14 au mardi 20 août 1996 : de OUISTREHAM à SAINTE-FOY

Nous passons 2 jours en visites dans la famille de Normandie, puis traversons la France les 16 et 17 août, passons à Rumilly la soirée du 17 et la journée du 18 pour enfin rallier la famille à St Jorioz en soirée et y rester les 19 et 20 août. En fin d'après-midi, retour à Sainte-Foy.

Mercredi 21 août 1996 : de SAINTE-FOY à MONTRÉAL

Levés à 5:15 pour aller prendre l'avion à Satolas à destination de Mirabel, nous décollons à 8:30 pour sept heures et demi de vol sur Air Transat. Juliette et Mathieu nous attendent à l'aéroport et nous ramènent à Outremont où nous nous installons dans le sous-sol. Dès demain je reprends le travail : c'est la fin des vacances.

Outremont le 11 décembre 1996



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