EST de la COTE D'AZUR :
l'arrière-pays niçois et
la côte de MENTON à CANNES


- NOËL 1992 -

Monique, Juliette  et Jean-Paul MOUREZ
à bord de l'Aigle

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1. De MONTRÉAL à PEILLON


Carte de la Côte
        d'Azur
Notre itinéraire sur la Côte d'Azur (partie Est)



Jeudi 17 décembre 1992 : de LONDRES à SAINTE-FOY-LES-LYON (km 40 100)

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                British Airways
Menu de British Airways
Lyon s'annonce enfin vers 17:30, après 18 heures de voyage depuis Montréal incluant les six heures d'escale à Heathrow, l'aéroport géant de Londres. Environnés par le va-et-vient des passagers en transit et le brouhaha des annonces de départ, nous avons tenté d'y dormir sur la moquette d'un hall...

Étiquette de Heathrow

Jean nous accueille à Satolas pour nous emmener à Sainte-Foy où Jehanne nous a mitonné un petit repas. Bourrés et un peu écoeurés par tous les dîner, souper et collation dont la British Airways nous a gavés depuis notre départ de Mirabel, nous faisons peu honneur à la table dressée dans la grande salle à manger. Nous profitons plutôt de l'occasion pour renouer avec les parents; ils nous mettent au courant des dernières nouvelles familiales et nationales. Puis nous nous écrasons dans notre lit, sans même jeter un coup d'oeil à notre petit camion qui nous attend dans l'allée du jardin.


Vendredi 18 décembre 1992 : SAINTE-FOY-LES-LYON

Un bon sommeil jusque vers 10:30 nous permet de récupérer un peu même si, pour ma part, j'aurais apprécié prolonger ce repos réparateur. Petit déjeuner puis transfert du contenu de nos valises (de moins en moins considérable avec le fil des ans...) dans les armoires et placards du camping-car. Cette tâche un peu fastidieuse nous occupe jusqu'au déjeuner où nous retrouvons Jean en grande forme.

Nous descendons alors chez Pithioud à Saint-Priest pour faire installer un coupleur/séparateur entre nos deux batteries. Vu la différence importante de capacité (45 et 100 A), le vendeur ne peut nous garantir la fiabilité du montage, mais nous préférons courir le risque plutôt que d'investir quelques 300 $ dans une batterie mieux adaptée... Le travail s'achève à mon entière satisfaction et à un coût raisonnable vers 17:30 : il semble qu'enfin nous ayons trouvé dans cet atelier un service fiable, courtois et efficace.

Nous rentrons derechef à Sainte-Foy où Jehanne a invité les B. à partager le souper. Profitant de ce qu'ils ne sont pas encore arrivés, nous allons remplir la cambuse au nouveau supermarché du coin. Notre expérience de camping-caristes avertis nous mène droit aux soupes déshydratées Knorr ou Maggi et aux plats cuisinés tout prêts : couscous, paella, saucisses de Toulouse aux lentilles et cassoulet s'entassent dans notre panier...

Nous retrouvons Anne, Christian et leurs deux garçons au salon. Justin (3 mois) polarise toute l'attention de ces dames et demoiselle qui "catinent" à qui mieux mieux. Je sors la vidéo et capte quelques jolis plans des sourires fugitifs du bébé. Puis nous passons à table; la conversation court bon train sur la future maison de la petite famille : plans et transformations souhaitées ou prévues sont examinés, critiqués et appréciés par Monique toujours intéressée à ce genre de projet. La conversation glisse ensuite sur les arts lorsque j'exprime mes réticences à visiter à Saint-Paul-de-Vence la Fondation Maegh. Christian, lui-même artiste peintre, se lance alors dans une défense et illustration convaincues de l'avant-garde picturale qui provoque une discussion animée.

Après le départ de nos convives vers 10:30, je descends au garage achever le remontage de ma vieille pompe à eau pour laquelle j'ai obtenu des pièces de rechange en Californie. Il est minuit passé lorsque je gagne mon lit où j'ai un peu de mal à trouver un sommeil dérangé par le décalage horaire.


Samedi 19 décembre 1992 : de SAINTE-FOY à VIZILLE (près GRENOBLE) (174 km)

Les yeux encore pleins de sommeil, j'émerge vers 9:30. Nous réussissons à achever nos préparatifs vers 11:30; Jean et Jehanne nous gâtent de provisions pour un superbe réveillon à déguster lors de notre périple (confit de canard, vin *** et Champagne...).

Nous prenons alors la route de Fareins où René-Pierre et Jocelyne nous accueillent dans leur belle maison maintenant bien avancée, dont les larges vitrages offrent une vue superbe sur la campagne villefranchoise. Retrouvailles joyeuses et émues autour d'un très agréable repas se prolongeant en bavardages sur nos préoccupations, projets et réalisations réciproques... On parle bien entendu ruches (la récolte cette année a été exceptionnelle et compense pour les deux années précédentes, catastrophiques...), et éducation (René-Pierre s'est engagé dans le comité d'école de ses filles et Jocelyne a commencé un perfectionnement sur l'approche de La Garanderie...). Marion, Perrine et Julie sont adorables, chacune avec son style et son caractère bien particulier, et le temps file sans que nous le voyions passer.

Enfin, vers 17:30, nous reprenons la route. La nuit est presque tombée lorsque nous prenons la direction de Grenoble, d'abord par l'autoroute évitant le centre de Lyon jusqu'à Saint-Priest, puis par la N 6 jusqu'à Bourgoin. Là nous bifurquons vers le sud pour arriver enfin à Grenoble vers 20:30. Traversant rapidement la grande agglomération dont les lumières scintillent à travers brume et fumée, nous gagnons la petite ville de Vizille. Nous trouvons asile sur une rue tranquille entre deux maisons en construction, un peu au dessus de la vallée.


Dimanche 20 décembre 1992 : de VIZILLE à CASTELLANE (230 km)

Malgré un réveil relativement raisonnable vers 8:00, nous nous rendormons ensuite dans notre stationnement urbain, rue Plein Sud, où rien ne vient troubler notre somnolence jusque vers 11:00... Conséquence du décalage horaire peut-être, je me sens incapable d'ouvrir les yeux avant cette heure pourtant tardive. Finalement j'émerge; douche, habillage puis petit tour du bloc.

Nous nous sommes posés dans un joli quartier résidentiel tout neuf aux maisons ocre-rose. Le centre de la petite ville de Vizille remplit la vallée en dessous de nous, encadrée par les hautes cimes enneigées du Vercors qui barrent l'horizon. Tout est calme, un nouveau propriétaire en bleu de travail pioche le sol de sa cour qu'il a entrepris d'empierrer... L'indigène me souhaite gentiment la bienvenue, la température monte doucement, la vie est belle... Toilette de ces dames, déjeuner et vaisselle, nous finissons par décoller vers midi.

Démarrage sans trop de difficulté (je commence à connaître mon capricieux moteur 2,0 l Volkswagen...), mais celui-ci sera mis à rude épreuve tout au long de cette journée où nous traversons de part en part les Alpes du sud. Le plus souvent notre itinéraire emprunte des vallées plus ou moins spacieuses où la route sinueuse accompagne fidèlement le cours capricieux d'un torrent ou en longe les larges cailloutis zébrés d'eau verte et écumante. Là, pas de problème hormis la manœuvre continuelle du volant - non assisté - de mon petit camion. Mais lorsqu'il faut grimper ou dévaler les quelques cols qui ponctuent notre route, l'épreuve devient beaucoup plus sportive.

L'AIgle au pied du rocher de Sisteron
L'Aigle au pied du rocher de Sisteron

Les points de vue superbes ou grandioses se succèdent : végétation plutôt rabougrie et jaunâtre au premier plan, décor de ravins vertigineux et noirâtres en arrière, eux-mêmes dominés par des pentes abruptes et des reliefs acérés saupoudrés de neige. Panoramas magnifiques et changeants, au fur et à mesure de notre progression vers le sud. A Gap, plein d'eau et d'essence, avant de poursuivre jusqu'à Sisteron coincée entre son gros rocher raviné et le cours rapide de la Durance.

La nuit tombe progressivement lorsque nous gravissons le col de Lèques avant de redescendre sur Castellane qui sera notre ville étape pour ce soir. Bref détour à travers la petite ville pour trouver le camping, évidemment fermé. En fin de compte, nous prenons place tout au fond du grand parking à la sortie de la ville bien qu'il soit normalement interdit aux camping-cars comme en font foi les panneaux explicites. Nous nous y retrouvons en compagnie de trois autres fourgons allemands et néerlandais. Une nuit qui s'annonce paisible...


Lundi 21 décembre 1992 : de CASTELLANE à GOURDON (90 km)

Effectivement la nuit s'avère des plus tranquilles. Notre repos eut été parfait si, vers 23:00, après à peine 3 heures de bon sommeil, nous ne commencions tous trois à nous retourner sur nos couchettes, et ce jusque vers 4:00... Notre organisme n'a pas encore compensé le décalage horaire et continue de vivre à notre rythme montréalais !
Nous finissons par émerger de nos duvets vers 10:00. Un froid très vif a couvert de givre le gazon autour de nous et il faut un bon coup de chauffage pour tempérer l'habitacle et rendre le lever supportable. Dans la grande lumière du jour maintenant bien établi, le site est charmant:  un vieux pont en dos d'âne franchit le cours rapide du Verdon au pied de l'énorme rocher supportant la chapelle de N.D. du Roc qui nous surplombe, les vieilles maisons du village bordent la place ombragée par des platanes aujourd'hui défeuillés... Après un plein d'eau propre à la fontaine en chantier, nous reprenons la route de montagne s'abaissant vers Grasse. Castellane : le creux du vallon et le rocher en
                quittant vers le Sud
Castellane : le creux du vallon et le rocher en quittant vers le Sud

Plusieurs cols (de Laens, 1054 m, de Valferrière 1169 m, Pas de la Faille 981 m, col du Pilon 782 m) jalonnent la route Napoléon dont les innombrables virages mettent à rude épreuve les biceps du chauffeur et le train avant de notre Aigle; ce dernier exhale parfois quelques grincements peu rassurants mais nous permet cependant d'atteindre Grasse sans ennuis. Les paysages sont grandioses, les croupes des Basses Alpes se détachant les unes sur les autres vers le sud jusqu'à une Méditerranée hypothétique et noyée dans la brume bleutée. Ce chemin sinueux qui ne cesse de tournicoter en descendant finit pourtant par nous lasser.

Grasse sur son
                rocher
Grasse sur son rocher
En arrivant à Grasse, nous gravissons péniblement le mauvais sentier qui escalade le Parc de la Corniche; du belvédère formé par le dernier ressaut des Préalpes, beau point de vue sur les maisons aux toits de tuiles romaines rosées dispersées dans la vallée, parmi les jardins piquetés de cyprès, jusqu'à l'horizon où se devine l'étendue bleue de la mer. Puis nous gagnons le centre de la petite ville à flanc de montagne; ses rues s'entremêlent en tous sens entre les hautes façades jaunes ou ocres des vieux immeubles.

Stationnant dans le parc réservé aux visiteurs, nous consacrons deux heures à la visite de l'atelier Molinard, l'un des prestigieux fabricants de parfum de la ville.


Une hôtesse commence par nous initier aux mystères de la distillation des essences, au milieu des hauts alambics de cuivre et des grands bassins datant d'un autre âge. On jette un coup d'oeil au laboratoire du "nez", l'artiste créateur de ces merveilleux parfums, qui travaille entouré de centaines de rare fioles odoriférantes, isolé des effluves environnantes par des cloisons vitrées.

 Pétales de roses et alambics
Pétales de roses et alambics
Anciens alambics en cuivre
Anciens alambics  en cuivre

Après avoir traversé la salle où mûrissent les extraits, eaux de toilette et autres précieux liquides, notre guide nous laisse dans la salle de vente. Les produits du parfumeur sont exposés sur une belle collection de meubles provençaux anciens. Nous nous laissons tenter par quelques articles puis nous nous rapprochons du cœur de la ville. Salle de vente de Molinard
Salle de vente de Molinard

Un tour dans les petites rues de la vieille ville nous mène d'abord à l'antique cathédrale du XIème aux voûtes sévères et abîmées, avant de nous conduire ensuite par un dédale de ruelles pentues à la jolie place des Aires. Des pigeons s'ébattent dans les trois vasques élégantes et superposées de sa fontaine.

Il est déjà presque 16:00 lorsque nous passons à la Poste pour faire provision de timbres destinés à affranchir l'abondant courrier de Juliette... La nuit tombe rapidement ensuite et nous surprend à Gourdon, sur la route de la vallée du Loup dont nous avons l'intention d'explorer les gorges. Nous campons sur le grand parking vide au pied du château, dans la pénombre vite complète, entourés d'un brouillard ténu qui a envahi les pentes autour de nous. J'entreprends la rédaction de ce journal pendant que Monique prépare le souper.


Mardi 22 décembre 1992 : de GOURDON à SAINT-PAUL-de-VENCE (42 km)

Il fait grand soleil lorsque nous nous levons. Couchés tôt encore une fois, nous nous sommes réveillés vers 23:00 avant de poursuivre une nuit agitée peuplée de rêves... L'air est cependant moins froid que la nuit précédente et le soleil a vite fait de réchauffer la cabine à notre lever vers 9:00.

Église de
                Gourdon
Église de Gourdon
A 10:15 nous allons faire le tour du village juste au dessus de nous. Le château est malheureusement fermé le mardi (!) et nous ne verrons pas le charmant Musée de la Peinture Naïve signalé dans le Guide Vert. En revanche la brume d'hier soir s'est entièrement dissipée. Depuis la petite terrasse belvédère à l'arrière de l'église, la vue immense et magnifique s'étend sur la plaine tout en bas jusqu'à la mer miroitante à l'horizon et à contre-jour; à notre gauche s'élève la montagne aux rochers gris bleutés profondément entaillés par les gorges du Loup.

Les rues étroites et enchevêtrées du hameau s'avèrent très pittoresques malgré les quelques inévitables boutiques de produits destinés aux touristes. A côté du lavoir, les quatre masques flanquant la fontaine crachent l'eau fraîche dans sa vasque cruciforme, don d'un ancien habitant. Son murmure anime la minuscule placette précédant l'entrée du château aux beaux murs de pierre blanche... Le boucher arrive en klaxonnant dans son camion/boutique, les gens échangent nouvelles et plaisanteries dans la rue principale longue d'une cinquantaine de mètres. Il règne sur tout ce tableau une ambiance naturelle et bon enfant qui s'allie parfaitement avec le magnifique cadre qui nous entoure.


Nous allons ensuite parcourir les grandioses Gorges du Loup.
Virage à l'entrée des Gorges du loup
Virage à l'entrée des Gorges du Loup

Abîme vertigineux du Surplomb, route de plus en plus ombreuse au fil de notre descente jusqu'au pont de Bramafan où nous commençons à suivre le fond de la gorge, à quelques mètres au dessus du torrent mugissant.

JP et Monique devant le Surplomb
Jean-Paul et Monique devant le Surplomb
Pont de Bramafan
Pont de Bramafan

Un bref arrêt au Saut du Loup nous laisse un peu frustrés puisque l'établissement commercial qui s'est approprié le site est fermé. Cela nous empêche de contempler de près une cascade spectaculaire formée par la rivière précipitant ses eaux vertes dans une énorme marmite de géants éventrée. Un coup d'oeil de loin, depuis la route, nous donne seulement une idée du pittoresque des lieux. Nous poursuivons la descente des gorges, surmontés par l'à-pic impressionnant.

Casade de Courmes
Cascade de Courmes
Soudain, au détour d'un virage et après l'obscurité d'un court tunnel, les embruns de la haute et fine cascade de Courmes estompent délicatement le pare-brise. Nous arrêtons quelques minutes pour admirer son ruisseau qui se précipite loin au dessus de nous et se disperse en un voile dansant. Son jet se brise sur un gros rocher qu'il enserre dans ses filets d'eau blanche avant de se noyer dans une grande vasque à deux pas de la route... Encore quelques centaines de mètres et l'on voit apparaître la plaine au bout de l'échancrure escarpée de la gorge.

La route suit alors une pente très habitée qui nous mène bientôt à Tourrettes-sur-Loup, un autre village ancien perché en nid d'aigle au dessus de la plaine. Tourette-sur-Loup
Tourrettes-sur-Loup

Grande Rue
                de Tourette-sur-Loup
Grande Rue de Tourette-sur-Loup
La Grande Rue, étroite et circulaire, entrecoupée de passages sous voûte et bordée de hautes façades médiévales, nous fait trébucher sur ses pavés plus ou moins égaux.

On se sent cependant moins à l'aise ici qu'à Gourdon, tant les boutiques de souvenirs et les galeries d'"artistes" ont proliféré et souvent dénaturé la saveur "terroir" du village. JP et Juleitte
                devant les boutiques de Tourette/Loup
Jean-Paul et Juliette devant les boutiques de Tourette/Loup
Dans les rues de
                Tourette
Dans les rues de Tourette
Certes tout est propre et assez bien restauré, l'architecture de bois et de pierre brute a conservé son cachet rustique mais l'esprit n'est plus là... Qu'est-ce que cela doit être l'été, avec l'afflux des touristes, les terrasses des restaurants et des bistrots envahissant les moindres cours et placettes !

Juliette dans une ruelle
Juliette dans une ruelle de Tourette/Loup
Causette
                devant l'église de Tourette/Loup
Causette devant l'église de Tourette/Loup

Rue de
                Tourette en été
Rue de Tourette en été
Ruelle de
                Tourette un soir d'été
Ruelle de Tourette un soir d'été
Vitraux de la Chapelle du Rosaire
Vence : chapelle du Rosaire par Matisse
La même route sinueuse se poursuit jusqu'à la petite ville de Vence. D'abord nous allons jeter un coup d’œil à la chapelle du Rosaire décorée par Matisse : déception à peine tempérée par les vitraux fleuris bleus et jaunes diffusant une chaude lumière sur la blancheur des murs.

Les dessins grossiers, au trait noir épais sur céramique blanche, suggèrent vaguement les stations (numérotées !) d'un Chemin de croix et le contour d'un grand Saint Dominique. Quant à la silhouette de la Vierge à l'Enfant au milieu des petits nuages, elle nous laisse tout à fait indifférents, pour ne pas dire désappointés, tant le tracé primitif nous en paraît infantile... Dessins dur les murs de la Chapelle du rosaire
Vence : chapelle du Rosaire par Matisse

Saint Dominique et autel de la Chapelle du Rosaire
Vence : choeur de la chapelle du Rosaire par Matisse

Bénitier de la Chapelle du Rosaire
Vence : bénitier de la chapelle du Rosaire par Matisse
Rue
                commerçante de Vence
Rue commerçante de Vence
Nous allons ensuite faire le tour de la vieille ville dont les ruelles tortueuses bordées de brillantes boutiques regorgent de victuailles appétissantes : charcuteries, fruits et légumes, pâtisseries, etc. nous mettent l'eau à la bouche.

Vieux lavoir de
          Vence
Vieux lavoir de Vence

L'architecture médiévale ici aussi donne un cachet tout particulier aux vieux murs... La nuit tombe bientôt, et c'est dans l'obscurité illuminée par des lampadaires en forme de lanternes que s'achève notre visite. Arcade avec marchand de primeuirs
Marchand de primeurs sous les arcades

Ruelle de St-Paul-de-Vence
Ruelle de St-Paul-de-Vence
Nous prenons alors la route de Saint-Paul; hélas (ou heureusement ?) il est impossible d'y pénétrer en voiture, et les stationnements hors les murs sont trop pentus pour penser y passer la nuit.

Nous descendons alors dans la plaine en dessous du village perché pour, nous enfilant sur un petit chemin de campagne, aller dormir devant les grilles d'une luxueuse propriété.


Mercredi 23 décembre 1992 : de SAINT-PAUL à SAINT-JEAN CAP-FERRAT (36 km)
 
Il pleut durant la nuit mais celle-ci s'avère des plus tranquilles devant la vaste maison en chantier. Nous décollons à 10:30 pour aller stationner dans une petite rue au pied des murailles de Saint-Paul.

Nous pénétrons dans la vieille ville en franchissant le bastion; un long passage voûté et pentu donne accès aux ruelles parfaitement restaurées. Pas de doute, ici nous sommes bien dans le plus luxueux des villages perchés de la Côte d'Azur, où toutes les ruelles ont été soigneusement repavées, les façades étroites méticuleusement ravalées. St-Paul-de-Vence : fontaine du Chat
St-Paul-de-Vence : fontaine du Chat

St-Paul-de-Vence : rue Grande
St-Paul-de-Vence : rue Grande
Galeries d'art et boutiques d'artisanat se succèdent au détour des passages et des venelles. Nous nous enfonçons dans leur lacis jusqu'à gagner le sommet de la colline couronné par l'église et la tour médiévale; elles semblent d'autant plus verticales et élancées que la place sur laquelle elles ont leurs assises est minuscule.
Puis nous gagnons la porte sud d'où la vue s'étend sur la plaine, la Méditerranée, les Alpes et l'Esterel. Notre tour de ville s'achève par le parcours du rempart est offrant une vue plongeante sur le vallon, ses cultures d'orangers et ses innombrables petites maisons aux toits de tuile rose dispersées dans la verdure hérissée de cyprès. St-Paul fontaine le soir
St-Paul fontaine le soir

Un peu lassée de ce parcours accidenté, Monique nous fait alors modifier notre itinéraire pour rejoindre immédiatement la mer et visiter la villa de Béatrice Ephrussi de Rotschild au Cap-Ferrat. Nous descendons d'abord vers Cagnes pour aller pique-niquer et faire le plein d'eau sur son petit port de pêche. Quelques minutes plus tard à Nice, nous enfilons la Promenade des Anglais non-stop. L'avenue est magnifique, avec ses célèbres palmiers et l'eau bleue ourlée d'écume qui vient lécher l'immense plage à notre droite, tandis que les fameux grands hôtels (comme le Negresco) empilent leurs pâtisseries fin de siècle sur notre gauche.

Puis nous contournons le château et le vieux port, fort pittoresque avec ses centaines de voiliers entassés bord-à-bord et son gros ferry tout blanc de la "Ferryterranée" en partance pour la Corse. Grimpant à flanc de montagne, la route côtière passe devant de luxueuses villas accrochées à la falaise, jouissant d'une vue magnifique sur la Baie des Anges en superbe amphithéâtre.

De l'autre côté du cap de Nice, c'est la rade de Villefranche qui prend la vedette, parfaitement abritée et offrant déjà de beaux coups d'oeil sur la presqu'île du Cap Ferrat.

Baie de
                Villefranche
Baie de Villefranche

Péninsule de St-Jean-Cap-Ferrat
Péninsule de St-Jean-Cap-Ferrat

La petite départementale (D 25) se faufile entre les grandes villas bourgeoises entourées de leur jardin/parc clos jusqu'à la plus belle de toutes, la villa-musée Île-de-France construite au début du siècle par la richissime Béatrice Ephrussi de Rotschild. Béatrice Ephrussi De Rothshild

Visite fort agréable du petit palais à l'italienne meublé de collections choisies (meubles et peintures Louis XV et Louis XVI, statues et panneaux du Moyen Âge...). Panneau Louis XV
Panneau Louis XV

Collection de porcelaines de Sèvres
Collection de porcelaines de Sèvres

Façade arrière sur jardin
Façade arrière sur jardin
La maison a été luxueusement aménagée et surtout jouit d'un magnifique panorama tant sur la rade de Villefranche à l'ouest que sur celle de Beaulieu (golfe de St-Hospice) à l'est. Des deux côtés, on découvre la même Méditerranée bleu émeraude, les mêmes montagnes grises ou orangées piquées d'arbustes et de maquis vert sombre tombant dans la mer.

En effet la villa et ses superbes jardins occupent la crête de l'isthme étroit reliant la presqu'île à la terre. La baronne, paraît-il, aimait s'y croire sur le pont d'un transatlantique et avait affublé ses trente jardiniers de bérets à pompon rouge... Bassin du Jardin et façade arrière de la Villa
                Rothshild
Bassin du Jardin et façade arrière de la Villa Rothshild

Quel endroit magnifiquement choisi, surtout lorsque l'on imagine la côte quasi déserte comme elle devait l'être encore il y a 80 ans ! La nuit tombe doucement sur les différents jardins étagés les uns au dessus les autres. Les grandes baies éclairées du salon se reflètent dans la pièce d'eau centrale, le bruissement de la petite cascade masque les rumeurs du crépuscule; déambulant seul dans leurs allées sinueuses, je me laisse aller à rêver à cette Belle Époque qui permit de telles Folies...

Billet
          de la visite de la Villa Rothshild
Villa Ephrussi de Rothshild

Plutôt que de rechercher au hasard un bivouac aléatoire sur la presqu'île dont nous ignorons à peu près tout, nous sortons de la propriété pour aller stationner juste devant sa grille, sur le parking destiné aux autobus. Nous y passerons une nuit extraordinairement calme avec, au matin, une vue superbe dans la lumière dorée sur la Baie des Fourmis (ou Golfe de St-Hospice).


Jeudi 24 décembre 1992 : de SAINT-JEAN CAP-FERRAT à SAINT-PAUL-DE-VENCE (42 km)

Jean-Paul au pied du phare du Cap-Ferrat
Jean-Paul au pied du phare du Cap-Ferrat
Grand soleil donc au réveil; après les routines inévitables, nous empruntons la route circulaire qui nous mène jusqu'au phare du Cap. D'immenses et riches propriétés, closes de hauts murs et ombragées de majestueux pins parasol, bordent la route. Parfois quelque échappée entre deux clôtures ou au delà d'une grille ouverte par des jardiniers s'affairant à l'entretien de forts jolis jardins laisse apercevoir l'azur de la mer et l'aplomb des falaises en arrière sur la côte. Nous arrivons ainsi au phare, une flèche de granit élégante dans sa rigueur fonctionnelle; un agréable jardin méditerranéen déjà (ou encore) tout fleuri entoure la maison du gardien.

Un escalier pentu descend jusqu'aux rochers déchiquetés du cap lui-même. Le vent, assez vif, précipite la houle sur la côte où elle se brise en écumant. L'air vivifiant nous fouette, la lumière éclatante se réverbère sur la blancheur des rochers... Tout serait merveilleux si les horribles clôtures grillagées des propriétés ancrées sur le haut du talus côtier ne nous laissaient qu'un étroit passage en bord de mer qu'elles enlaidissent et auquel elles donnent un air quasi industriel.

Nous renonçons bientôt à cette promenade sans charme pour remonter au pied du phare où nous restons un moment à nous imprégner de l'ambiance, noyés dans le maquis face à la mer et à la baie de Nice. On en aperçoit au loin les rivages dominés par le baou de St-Jeannet en arrière-fond : couleurs vibrantes de la mer et du ciel, teintes plus douces des constructions humaines et du roc avec lequel elles se fondent. .Baie de Nice depuis le phare du Cap-Ferrat
Baie de Nice depuis le phare du Cap-Ferrat

Embarquant dans l'Aigle, nous regagnons le petit port de Saint-Jean; j'y poste le flacon de parfum acheté à Grasse chez Molinard à l'intention de Maman, pendant que Monique et Juliette font quelques provisions chez le maraîcher et à la boulangerie. Puis nous allons pique-niquer à la Pointe St-Hospice, juste sous la chapelle. L'intérêt architectural en est quasi nul mais le site vraiment de toute beauté : on se croirait à bord d'un navire de croisière longeant la côte... Ajoutez à cette vue les beaux ombrages des pins parasol et les parterres fleuris entourant le petit oratoire: c'est le rêve...

Monique et Juliette promenade de la Pointe du
                Colombier
Monique et Juliette promenade de la Pointe du Colombier
Rejoignant ensuite la plage de Paloma, nous empruntons le sentier touristique circulaire longeant la côte. Nous gagnons d'abord la pointe du Colombier à travers un agréable boisé de pins épars puis suivons les rochers jusqu'à la pointe de St-Hospice à l'est. Le vent a forci depuis ce matin, la houle puissante s'écrase ou éclate avec fracas en volées d'embruns sur les gros rochers. Le spectacle est grandiose, surtout lorsque les vagues déferlent d'abord en tourbillons laiteux sur des hauts fonds à demi cachés... La petite balade nous entraîne une heure durant sur l'étroit sentier coincé entre l'eau agitée et les murs de pierre des propriétés qui occupent l'intérieur de la presqu'île, avant de nous ramener à la plage de Paloma. Fini notre tour du Cap Ferrat; nous poursuivons notre itinéraire vers la Riviera, Monaco et Menton.

Mais nous ne voulons pas quitter ce coin délicieux si bien nommé (Beaulieu...) sans visiter la villa Kérylos, réplique d'un palais grec de Délos du Vème siècle av. J.C. qu'un savant et fort riche archéologue du début du siècle, Théodore Reinach, a fait construire sur une petite pointe juste en avant du village. Villa Kerylos sur sa pointe
Villa Kerylos sur sa pointe

Prospectus de la Villa Kerylos La reconstitution est superbe, les meubles et le décor impressionnants par leur qualité, la volonté de fidélité à l'antique - tel qu'on le connaissait alors - et la beauté raffinée qui émanent de l'ensemble. Si l'on ajoute l'environnement naturel enchanteur présent à toutes les fenêtres, il n'est pas difficile de se croire au bord de la même Méditerranée mais à des lieues d'ici, au milieu des prestigieuses Cyclades. On peut toujours rêver...

Peristyle de la Villa Kerylos
Péristyle central de la Villa Kerylos
Mosaique "Bienvenue"
Mosaïque "Bienvenue"

Salon de la Villa Kerylos
Salon de la Villa Kerylos

Villa Kerylos ouverture du salon sur le péristyle
Villa Kerylos : ouverture du salon sur le péristyle

Chambre de la Villa Kerylos
Chambre de la Villa Kerylos

Salle à manger de la Villa Kerylos
Salle à manger de la Villa Kerylos

Douche de la Villa Kerylos
Douche de la Villa Kerylos
Thermes de la Villa Kerylos
Thermes de la Villa Kerylos

Bain de la Villa Kerylos
Bain de la Villa Kerylos
Villa Kerylos : billet

Nous attaquons ensuite notre grande virée vers l'intérieur et l'arrière pays niçois (puisque demain sera jour férié entraînant la fermeture des musées et autres attractions). Pour ce, nous décidons d'emprunter d'abord la Grande Corniche. Avec quelques difficultés pour trouver une petite route montante et transversale acceptable, de lacets étroits en virages serrés, nous finissons par escalader à travers un dédale de rues très urbanisées les 149 mètres du col de Villefranche. En poursuivant notre chemin malaisé, nous aboutissons au magnifique belvédère du Plateau St-Michel **. Là, depuis les 371 mètres dominant le golfe, la presqu'île du Cap Ferrat se déploie dans sa totalité, encadrée par ses deux baies. La côte au delà et des deux côtés s'étend à distance, progressivement plongée dans le bleuté du crépuscule... Spectacle absolument féerique !

Sapin de Noel de Juliette Nous allons poursuivre vers La Turbie quand Monique songe soudain que nous sommes le soir de Noël; il n'est pas question de manquer la messe de Minuit traditionnelle, surtout en Provence. Elle se souvient alors, avec la complicité de Juliette, avoir vu annoncés sur les murs de l'église de St-Paul de Vence une crèche vivante provençale et un office agrémenté de chants folkloriques locaux... Il n'en faut pas plus pour nous faire changer de cap. Redescendant la Grande Corniche via le Col des Quatre Chemins puis contournant le Mont Gros, nous retournons à Nice qui s'étale toute illuminée dans sa cuvette.

Nous allons poursuivre vers La Turbie quand Monique songe soudain que nous sommes le soir de Noël; il n'est pas question de manquer la messe de Minuit traditionnelle, surtout en Provence. Elle se souvient alors, avec la complicité de Juliette, avoir vu annoncés sur les murs de l'église de St-Paul de Vence une crèche vivante provençale et un office agrémenté de chants folkloriques locaux... Il n'en faut pas plus pour nous faire changer de cap. Redescendant la Grande Corniche via le Col des Quatre Chemins puis contournant le Mont Gros, nous retournons à Nice qui s'étale toute illuminée dans sa cuvette. Nous traversons le centre ville encombré avant de remonter une heure plus tard à St-Paul dont la tour caractéristique luit sur sa colline.

Telle sera la vue qui s'encadrera dans notre fenêtre durant notre souper. Il est en effet 20:00; Monique s'active "aux fourneaux", pelant les pommes à cru qui rissolent dans la graisse du confit de canard (offert par Jean) dont je viens d'ouvrir la boite. Ce sera le plat de résistance de notre réveillon, arrosé d'une des bonnes bouteilles également dues à sa générosité, qui s'achèvera par une dégustation de délicieuses papillotes Bénier. Réveillon à St-Paul de Vence
Réveillon à St-Paul de Vence


Juliette et Jean-Paul devant le confit...
Juliette et Jean-Paul devant le confit...

Puis nous nous habillons chaudement et gagnons les ruelles du village; elles sont étrangement désertes quoiqu'abondamment éclairées. Il semble que nous ayons au moins une heure d'avance sur le début prévu des festivités. Nous employons ce délai à déambuler sur le pavé ou sur les remparts du bastion de la porte nord. Finalement nous grimpons jusqu'à l'église toute illuminée; bien d'autres fidèles nous y ont précédés. La nef continue de se remplir jusqu'à être quasiment comble lorsqu'arrivent les Provençaux et Provençales en costume représentant les différents personnages traditionnels. Durant la cérémonie, tous ces santons s'animeront autour de Joseph et Marie entourés d'angelots souriants, célébrant la louange du Nouveau-né à travers les chants traditionnels. A la sortie, un grand feu de joie rassemble les participants sur le parvis, au son du fifre et du tambourin tandis que circulent de grandes corbeilles pleines de brioches, de pain au citron et de fruits secs.

Nous regagnons notre Aigle enchantés de cette joyeuse soirée et, vers minuit, allons dormir un peu à l'extérieur des murs sur le parking de l'école.


Vendredi 25 décembre 1992 : de ST-PAUL-DE-VENCE à UTELLE (79 km)

Il est assez tard et le ciel est maussade lorsque nous sautons du lit. Nous prenons d'abord la direction de Vence, déjà parcourue il y a trois jours et que nous traversons donc sans nous arrêter; puis nous virons autour du Baou de St-Jeannet dressant sa falaise abrupte 400 mètres au dessus de la silhouette maintenant familière du village perché. Arrêtant sur le stationnement pour appeler Maman puis les Boissier, nous demeurons un moment à discuter avec un jeune couple voyageant dans un LT à toit ELSi semblable au nôtre; ils visitent notre home puis présentent leur aménagement maison... Nous en oublierons le projet d'escalader le baou au dessus de notre tête.

Le Broc accroché à
                la colline
Le Broc accroché à flanc de colline
Nous poursuivons ensuite la Route des Crêtes; les vallées se creusent, en particulier lorsque nous commençons à remonter le haut cours du Var, et les petits villages perchés se succèdent : Gattières, Carros Village, Le Broc... Perspective magnifique accentuée par les profondes dénivellations et la vue plongeante sur le confluent du Var et de l'Esteron. Traversée délicate du centre du village du Broc aux rues excessivement étroites (il faut même replier les rétroviseurs pour ne pas les écornifler aux façades des maisons...). Mais le soir descend déjà; nous dévalons les lacets jusqu'au pont Charles-Albert coupant le Var. Il nous faut renoncer à la balade jusqu'à Gilette et Bonson qu'on aperçoit au loin sur la falaise, véritables villages balcons comme nous en vîmes en Grèce et en Crète.

Quelques kilomètres de large route de vallée remontent le Var, puis nous nous enfonçons dans les gorges de la Vésubie. Le paysage est grandiose, rappelant à Monique le défilé de la Moraca au Montenegro: route de corniche extrêmement sinueuse dominée par de hautes falaises abruptes et surplombant le cours tumultueux du torrent plusieurs dizaines de mètres au dessous de nous. Il fait de plus en plus sombre et, dans le crépuscule, escaladant lentement moult lacets offrant une vue progressivement plus large sur les montagnes enneigées du Mercantour, nous gagnons le village d'Utelle, à 800 m d'altitude. Nous allons y dormir sur le petit stationnement, juste devant le passage voûté sous une maison faisant office de porte du village.


Samedi 26 décembre 1992 : d'UTELLE à PEILLON (94 km)

Utelle
                : le viillage perché
Utelle : le villlage perché
Un soleil éclatant brille à notre réveil vers 7:30, dans le silence absolu des montagnes. Vite douché, je fais un tour rapide dans le village désert, croquant à la vidéo quelques coups d'oeil typiques : la petite église et son original portique gothique, la place centrale et sa fontaine, quelques rues étroites bordées de maisons de pierre aux linteaux armoriées... L'endroit semble vide et dépeuplé, seuls quelques accents de la 40ème de Mozart filtrent à travers une fenêtre, au dessus de la porte voûtée donnant accès au coeur du village. Dans le camion, Monique et Juliette ont achevé leur toilette. Le petit déjeuner est vite prêt; nous le prenons devant l'immense panorama de hautes montagnes aux cimes enneigées étalé devant nous.

Puis nous nous engageons sur la petite route étroite et accidentée dont les lacets serrés grimpent jusqu'à la Madone d'Utelle, à 1 174 m. La petite route à flanc de montagne
La petite route à flanc de montagne

Belvédère au dessus d'Utelle
Belvédère au-dessus d'Utelle

Sur la crête près de la Madone d'Utelle
Sur la crête près de la Madone d'Utelle
Vue magnifique sur les chaînes rocheuses saupoudrées de neige au nord, sur les pentes étagées à contre-jour baignant dans un léger brouillard au sud; je passe un bon moment à marcher sur la crête, à contempler et à filmer l'immense paysage tandis que Monique et Juliette, un peu indifférentes à ce spectacle superbe qu'elles trouvent trop répétitif, manifestent leur lassitude  de la montagne et leur impatience de retrouver le bord de la mer...

L'AIgle devant les cimes du Mercantour
L'Aigle sur le terre-plein de la Madone d'Utelle, devant les cimes du Mercantour

Sur la crête d'Utelle
Sur la crête d'Utelle
Madone d'Utelle panorama embrumé vers le Sud
Depuis la Madone d'Utelle panorama embrumé vers le Sud

Monique prend le volant pour redescendre les innombrables lacets se succédant jusqu'à Saint-Jean-la-Rivière traversé hier soir dans la pénombre. Cela me donne l'opportunité de filmer à loisir les sommets enneigés alentour, la vue plongeante sur le joli village d'Utelle groupé autour de son église et les perspectives vertigineuses sur les gorges de la Vésubie tout en bas. Vue plongeante sur
                Utelle
Vue plongeante sur Utelle

Pique-nique devant la chapelle St-Honorat
Piquenique devant la chapelle St-Honorat
Nous poursuivons ensuite notre remontée de la vallée de la Vésubie jusqu'à La Bollène-Vésubie, un autre joli village perché où nous achetons du pain avant d'aller pique-niquer juste au dessus. Nous faisons halte devant la chapelle Saint-Honorat, dans un grand virage d'où la vue domine superbement le bourg. Il fait presque chaud, le paysage est splendide, nous goûtons pleinement l'atmosphère des vacances...


Piquenique devant la Chapelle de St-Honorat
Piquenique devant la Chapelle de St-Honorat

Juliette admire le panorama sur La Bollène-Vésubie
Juliette admire le panorama sur La Bollène-Vésubie

Mais à peine repartis pour escalader les lacets du col de Turini, une odeur épouvantable s'insinue progressivement dans la cabine : deuxième épisode (après celui de la Bavière) du débordement du réservoir - trop plein - de la toilette ! Heureusement nous connaissons maintenant la manoeuvre : on place le camion sur une pente raide, on ouvre tout grand les portes arrière et l'on injecte avec la douchette de la douche de l'eau en abondance dans le "sous-sol". Le plus gros du dégât répandu est ainsi entraîné, et les effluves associées disparaissent avec !

En haut du col, de panorama point, trop d'arbres et de talus en tous sens. Panorama depuis le Col de Turini vers le Sud
Panorama depuis le Col de Turini vers le Sud


Col
          de Turini vers le Nord
Col de Turini vers le Nord

Juliette sur la terrasse de Peira cava
Juliette sur la terrasse de Peira Cava
En revanche la vue s'élargit amplement depuis le petit belvédère aménagé sur une terrasse dans le village de Peira Cava.

Elle se déploie plus encore depuis le belvédère de Pierre Plate : au nord la chaîne enneigée du Mercantour, au sud les collines et autres montagnettes se perdant dans la brume jusqu'à la côte.

Table d'orientation sur la Pierre Plate
Belvédère de Pierre Plate

Peira-Cava : Jean-Paul filme le Mercantour
  Peira-Cava : Jean-Paul  filme le Mercantour
Jean-Paul filme sur la Pierre Plate
Jean-Paul filme sur la Pierre Plate

JP sur le belvédère
Jean-Paul sur le belvédère

Nous dévalons ensuite les 17 lacets consécutifs annoncés menant à Lucéram. Les lacets en descendant vers Luceram
Les lacets en descendant vers Luceram

JP et Juliette devant le presbytère de Luceram
Jean-Paul et Juliette devant le presbytère de Luceram
Le village apparaît charmant, accroché au pentes de son vallon; après quelques difficultés à garer notre pourtant petit Aigle sur le minuscule stationnement à l'entrée du village, au pied des ruines du mur d'enceinte, nous dégringolons par les ruelles sous voûte et les escaliers jusqu'à l'église. Monique aurait bien voulu que nous y assistions à la célèbre Messe de Minuit à laquelle participent les bergers du voisinage...  Puis la route continue de descendre la vallée du Paillon qui se resserre en gorge sauvage et profonde après l'Escarène.

L'église est originale, nous y admirons deux très riches retables et quelques belles pièces du trésor en argent (notamment une Sainte Marguerite au Dragon du XVIème).
Sainte Marguerite au dragon à Luceram
Sainte Marguerite au dragon à Luceram
Le Suquet : vallée de la Vésubie
Le Suquet : vallée de la Vésubie
Puis la route continue de descendre la vallée du Paillon qui se resserre en gorge sauvage et profonde après l'Escarène.

Dans un dernier effort, et dans les rayons descendants du soleil hivernal, nous empruntons les étroits lacets du petit chemin grimpant à Peillon, un autre merveilleux village médiéval extraordinairement juché sur un éperon étroit et abrupt. L'ensemble est exceptionnel par son unité de style et de couleur, puisque ses pierres blanches ressortent intensément sur le vert sombre des pins environnants. Une petite balade avec Monique à la lumière des réverbères dans ses ruelles soigneusement restaurées nous fait découvrir probablement le plus beau parce que le moins commercial de tous les villages perchés qu'il nous a été donné de parcourir depuis le début de notre virée.
Peillon au crépuscule
Peillon sur sa butte en soirée

JP écrit son journal dans l'Aigle
Jean-Paul écrit son journal dans l'Aigle

Nous trouvons une petite place sur le minuscule parking à l'entrée du bourg; il nous servira de bivouac pour cette nuit.



2. de PEILLON à OUTREMONT



Dimanche 27 décembre 1992 : de PEILLON à LA TURBIE (74 km)
La nuit de déroule paisiblement sur notre stationnement. Plein d'eau sur le robinet des toilettes publiques à l'entrée du village avant de dévaler encore la dizaine de lacets jusqu'à la route dans la vallée, en jetant un dernier regard admiratif à la petite cité perchée là-haut, bien au dessus de nous. Puis nous gagnons Peille accrochée au flanc de la montagne, surtout remarquable par le toit arrondi, presque byzantin, de sa petite église pourtant tout à fait provençale.
Peille
                accroché à la montagne
Peille au matin, accroché à la montagne

La Turbie et le Trophée des Alpes
La Turbie et son fameux "Trophée des Alpes"
Une jolie route sinueuse à peine ombragée du grand soleil par les feuillages gris des oliviers nous mène à La Turbie dont le fameux "Trophée des Alpes" se signale de loin, dominant l'agglomération de sa masse de pierre blanche.

Le stationnement en terrasse dominant Monte Carlo nous accueille un moment, le temps d'aller faire le tour du monument extraordinaire par sa dimension et sa forme (une colonnade circulaire surmontant une vaste base carrée). Il reste cependant vraiment trop peu de la construction originale élevée à la gloire de l'empereur Auguste pacificateur des Gaules pour beaucoup nous impressionner. La visite du petit musée montre en revanche quel fantastique tour de force fut, il y a une cinquantaine d'années, l'exhumation de ces restes hors des ruines médiévales qui les enchâssaient et la restitution de ce qui pouvait l'être. En allant au bout du petit jardin, on accède à un belvédère offrant une vue magnifique sur la baie de Monaco et sur sa ville à nos pieds.


Nous décidons alors de prendre le chemin des écoliers pour descendre jusqu'à la mer, en empruntant d'abord la Grande Corniche vers l'ouest. Nous allons ainsi jusqu'au col d'Eze d'où la vue sur la côte est plaisante mais pas vraiment emballante. Même impression au belvédère d'Eze d'où le spectacle sur le fameux village perché, trop confondu avec la pente de la montagne, nous déçoit un peu. Je fais demi-tour et reviens un peu en arrière le long de la Corniche jusqu'en un lieu où, passant plus tôt, j'ai cru saisir du coin de l'oeil un point de vue saisissant.. Effectivement, le contour du village juché au sommet de son rocher, se détachant sur la mer scintillante en arrière et sur la baie des Fourmis encadrée par la presqu'île du Cap-Ferrat, offre un tableau unique.
Èze depuis la Grande Corniche
Belvedère d'Éze depuis la Grande Corniche

Nous nous arrêtons là pour déjeuner en plein soleil, et je déguste mon sandwich au saucisson et ma bière d'Alsace assis dans l'herbe, accoté sur un pin parasol, jouissant tout autant de mon frugal casse-croûte que du spectacle royal offert à mes yeux.

Èze sur sa colline
Èze village
Quelques kilomètres encore et nous stationnons au pied du village. Le style nous en est maintenant connu : ruelles étroites et sinueuses coupées d'escaliers en tous sens, façades médiévales soigneusement rénovées aux détails architecturaux charmants...

Dans les
                  ruelles d'Èze
Dans les ruelles d'Èze
Escalier et ruelles d'Èze
Escalier et ruelles d'Èze

Juliette dans les ruelles d'Èze
Juliette dans les ruelles d'Èze
Juliette à Èze
Juliette à Èze


Maison à Èze
Maison à Èze

Mais ici s'ajoutent la plus-value de la vue plongeante sur la mer et celle du foisonnant jardin exotique entourant les ruines du château tout en haut du piton.

Pergola de la Chèvre d'Or
Pergola de la Chèvre d'Or

Depuis le
            Jardin exotique vue sur Èze et sur la mer
Depuis le Jardin exotique vue sur Èze et sur la mer


Agave du Jardin exotique
Agave du Jardin exotique

Èze et le Cap Ferrat
Èze et le Cap Ferrat
Éze depuis la Grande Corniche
Éze depuis la Grande Corniche

Il est presque 15:00, soit juste le temps de descendre vers le Cap d'Ail et Monaco. La toute petite D 45 nous amène par une pente très raide jusqu'au niveau de la mer. Aussitôt sur la Corniche Inférieure, le trafic intense du dimanche après-midi nous emporte : la circulation, dense et rapide, rend d'autant plus difficile le repérage dans la Principauté où les rues sont presque toutes à sens unique, le fameux rocher percé de tunnels comme un gruyère et le stationnement partout interdit aux camping-cars !
La
                  rade de Monaco de nuit
La rade de Monaco de nuit

Nous nous trouvons ainsi entraînés à traverser deux fois la ville sur les voies rapides qui la sillonnent, à emprunter la longue rampe aboutissant au sommet du rocher pour nous faire refouler par des policiers en grand uniforme, à nous diriger enfin vers l'unique stationnement - souterrain - autorisé aux camping-cars. Mais nous le trouvons trop cher et beaucoup trop éloigné du centre, aussi nous rendons-nous jusqu'à la plage du Cap d'Ail; là au moins, l'espace est libre et gratuit, mais nous y sommes encore plus loin des centres d'intérêt... Il ne nous reste plus qu'à faire demi-tour; constatant alors que la frontière française est toute proche du Musée National dont nous voulons admirer la collection de poupées et d'automates, nous allons stationner à Beausoleil, la municipalité française contiguë de Monte Carlo. Hélas, redescendant à pied dans le centre ville, nous nous égarons dans le dédale des petites rues mal signalées et peu identifiées sur notre guide...

JP et Monique dans le jardin du Casino
Jean-Paul et Monique dans le jardin du Casino
Nous renonçons donc à cette visite pour ce soir (il est déjà 17:15 et la nuit tombe), nous nous dirigeons plutôt vers le bâtiment rococo fin-de-siècle du Casino. La façade et l'esplanade qu'elle domine sont illuminées, l'éclat des projecteurs accuse les reliefs des sculptures quelque peu baroques ou "pièce montée", contrastant avec le velours uni du ciel bleu nuit. Dans le grand jardin léché en avant, les fontaines jaillissantes et resplendissantes offrent le cristal mouvant de leurs jeux d'eau...

Ajoutez à cela les lumières de Noël et les autres façades richement ornées (des banques en particulier), et vous aurez une bonne idée du spectacle animé offert par ce centre des plaisirs et des mondanités.
Juliette devant le bassin du Casino de Monte
                  Carlo
Juliette devant le bassin du Casino de Monte Carlo

Intérieur du Casino de Monte Carlo
Intérieur du Casino de Monte Carlo

L'oeil ébloui, un peu consolés de notre après-midi passé à errer, nous retrouvons notre Aigle sur sa petite rue française dans la haute ville. Nos pérégrinations ne sont hélas pas terminées puisqu'il nous sera impossible de trouver un point de chute horizontal et paisible dans l'enceinte de l'agglomération où nous tournons plus d'une demi heure à sa recherche. Nous finissons par monter au dessus de Beausoleil vers La Turbie par la D 53 et trouvons l'endroit souhaité à deux pas de cette petite ville, juste avant d'aboutir sur la Corniche Supérieure. Ce grand détour nous aura au moins permis une autre vue grandiose, nocturne cette fois, sur Monte Carlo et sa baie illuminées...


Lundi 28 décembre 1992 : de LA TURBIE à ROQUEBRUNE (16 km)

Magnifique journée que nous employons à la visite des deux plus beaux musées de Monaco.

Panorama sur Monte-Carlo
Panorama sur Monte-Carlo
Nous quittons vers 9:30 notre bivouac en fin de compte assez silencieux et tout ensoleillé, avec à deux pas un panorama superbe sur Monaco et sa baie; nous redescendons stationner dans le haut de Beausoleil, à l'aplomb du Musée National que nous rejoignons à pied en dévalant escaliers et ruelles. Nous découvrons alors que nous n'en étions qu'à 100 mètres à peine lorsque nous avons renoncé à le trouver hier soir...

Ce musée vaut bien les deux heures que nous lui consacrons ce matin : d'abord le bâtiment qui l'abrite, un hôtel particulier baroque et cossu construit par Charles Garnier (l'architecte de l'Opéra de Paris) pour un ami banquier, ne manque pas de cachet; dommage qu'il soit quasiment encavé entre les grandes tours d'habitation contemporaines qui ont poussé tout autour.

Pierrot écrivain
Pierrot écrivain
Les collections de poupées XVIIIème et XIXème, comme celles d'automates fin XIXème, sont magnifiques. Tous ces objets rares ont été soigneusement choisis parmi les plus beaux spécimens et sont pour la plupart en excellent état. Les poupées sont pour leur part présentées dans de grandes vitrines au décor étudié et à l'échelle (meubles de style, accessoires, vaisselle, tapisseries, etc...) tandis que tous les automates, nous dit-on, sont en état de marche.
Le salon de Musset
Le salon de Musset
La Japonaise
La Japonaise

Un gardien fort disert en présente une dizaine en mouvement, remontant leur mécanisme, soulignant tel geste gracieux ou complexe, et les délicats et précieux simulacres s'animent sous nos yeux, le temps d'une ritournelle égrenée par leur boite à musique...
Le rendez-vous
Le rendez-vous

Charlot
Charlot The  Tramp
La pianiste-harpiste
La pianiste-harpiste

La charmeuse de serpent
La charmeuse de serpent

Le Rocher
                  de Monaco
Vue aérienne du Rocher de Monaco

Nous sortons enchantés de notre visite et prenons alors le parti, vu les difficultés de stationnement expérimentées la veille, de traverser toute la ville à pied pour gagner le rocher de Monaco et son fameux Musée Océanographique. Nous descendons jusqu'au bord de mer, hélas entièrement bétonné, passons sous le Palais des Congrès qui empiète sur la Méditerranée et dont les massifs piliers de béton subissent les assauts d'une forte houle. Il me passe par la tête que Poseïdon, par la violence de ces déferlements, veut venger l'affront fait à sa côte et miner les travaux sacrilèges des hommes qui ont osé empiéter sans vergogne sur son empire. "Le Grand Pan est mort..." chantait Georges Brassens...

Nous gagnons ainsi le bassin de La Condamine; je m'y fais copieusement arroser par les vagues énormes lorsque je m'avance sur le quai pour reluquer les luxueux yachts amarrés - presque tous des Anglais, les pauvres gens ! - Puis nous escaladons le rocher de l'autre côté du port pour parvenir sur l'esplanade du Palais princier. Architecture sans raideur, soit gaiement colorée et fleurie pour la caserne des gardes de S.A.S. le Prince Rainier III, soit fantaisie médiévale sur air d'opérette pour le château du Prince lui-même. Le vent assez violent nous pousse vers les ruelles de la vieille cité au sud; nous tombons alors sur la cathédrale, une reconstitution romano-byzantine où l'entassement systématique de tous les traits et poncifs de ce style amène un effet singulier. A l'intérieur, grande mosaïque dorée au dessus du choeur dont le déambulatoire est pavé des tombes des princes et princesses Grimaldi. Celle de Grace se signale particulièrement par les gerbes qui la fleurissent...

Puis nous gagnons le Musée Océanographique, en choisissant de commencer la visite par les aquariums.
Billet des Aquarium
Poisson de récif tropical
Musée océanographique de Monaco : poisson mandarin (récif tropical)

C'est un enchantement, dû autant à la beauté des poissons de toutes formes et couleurs qu'à la qualité des fonds naturels reconstitués : plantes aquatiques, crustacés, anémones de mer et autres coraux... On retrouve dans les bassins un échantillonnage de toutes les mers du globe; malgré le nombre des curieux qui se pressent comme nous devant chacune de ces fenêtres ouvertes sur le monde du silence, le spectacle est tellement étonnant qu'on oublie ce détail pour s'abîmer dans la contemplation - et l'enregistrement vidéo - de ces merveilles.

La section du Musée consacrée à l'océanographie physique nous attire ensuite, Juliette et moi; nous y trouvons une présentation très claire et très bien documentée des grands phénomènes liés à la mer : vents, courants et marée, tectonique des plaques et dynamismes thermiques... La projection d'un film de Cousteau tourné au large du Mexique nous amène jusque vers 17:45. Le musée ferme alors ses portes, il est temps de retourner vers notre petite maison mobile.
Salle de conférence du Musée océanographique de
                  Monaco
Salle de conférence du Musée océanographique de Monaco

Il nous faut plus d'une heure de marche rapide pour traverser à nouveau la ville dans le grand vent froid et l'obscurité. Nous partons aussitôt, après que j'aie constaté l'épuisement de notre batterie accessoire (nous avions laissé le frigo branché et n'avons parcouru que 5 km depuis ce matin...). Rejoignant la Corniche Supérieure, nous allons stationner pour la nuit au pied du château-fort illuminé de Roquebrune.


Mardi 29 décembre 1992 : de ROQUEBRUNE à SAINT-ROMAN (28 km)

La nuit, pas trop fraîche, nous évite l'utilisation du chauffage; la chose est heureuse car l'état de notre batterie, presque à plat, nous a obligés à un coucher hâtif en remettant la vaisselle au lendemain, faute d'électricité pour actionner la pompe et la lumière.

Château de Roquebrune
Château de Roquebrune
Pendant que Juliette affligée d'un torticolis demeure dans l'Aigle, Monique m'accompagne à l'assaut du château-fort (ses ruines du moins...) de Roquebrune. Depuis l'esplanade à sa base, magnifique vue sur la baie de Monte Carlo. Les ruelles sous voûtes entrecoupées d'escaliers aux marches profondes grimpent en tournicotant, offrant le cheminement pittoresque habituel aux villages perchés. C'est maintenant pour nous un spectacle familier quoique toujours aussi sympathique. Puis nous franchissons l'ancienne enceinte pour pénétrer peu après dans le vieux donjon à demi ruiné et à ciel ouvert.

Par les fenêtres à meneaux éclairant sa cour centrale et depuis la terrasse supérieure de sa plus haute tour, la vue s'épanouit vers Monaco à l'ouest, sa rade et son port. La courbe harmonieuse de son rocher s'accote sur le Monte Carlo moderne envahissant tout le flanc de sa montagne; alentour s'étalent les teintes grises du rocher piqueté du vert sombre du maquis, le bleu du ciel et l'émeraude de la mer. Ils forment l'arrière plan dans lequel se fondent les innombrables petites taches jaune ocre des maisons crépies et de leurs toits de tuiles romaines.
Péninsule du
                  Cap-Martin & Roquebrune
Péninsule du Cap-Martin & Roquebrune

Village de Roquebrune et Cap Martin
Village de Roquebrune et Cap Martin
 Les même nuances se retrouvent au sud : sur le fond du Cap Martin tout couvert de pinède, baigné par la mer bleutée et frangé d'écume, s'étalent à nos pieds dans un désordre quasi absolu les toits du vieux Roquebrune groupés autour de leur clocher. Nous demeurons un moment à savourer la beauté du panorama et à nous chauffer la peau aux rayons d'un soleil presque estival...

Puis nous dégringolons le rocher jusqu'à notre Aigle où Juliette s'est séché les cheveux sur la bouche d'air chaud du chauffage. Monique, qui a repéré le grand lavoir à l'entrée du village, veut profiter de l'opportunité pour laver tout son petit linge, ce qui nous vaudra quelques jolis plans vidéo...

Nous reprenons enfin la route descendant vers le Cap Martin. L'environnement n'apparaît pas très différent de celui du Cap Ferrat: de grandes villas entourées de superbes jardins clôturés encadrent la route menant à l'extrémité de la presqu'île. Là, nous tombons sur un grand hôtel et un "sentier touristique" suivant la côte en direction de Monaco. Le stationnement est difficile car la route côtière est jalonnée de panneaux "interdit aux camping-car" en pictogrammes montrant la silhouette d'un camping-car barré de rouge !

Nous empruntons cette belle promenade offrant bientôt, depuis les rochers déchiquetés et blanchâtres sur lesquels viennent s'écraser les vagues, des perspectives superbes sur la baie de Monte Carlo. Un peu en arrière, au dessus de nous, se devinent les corniches et les balustrades des richissimes villas dont nous sépare une hideuse clôture de grillage toute semblable à celle du Cap Ferrat !
Jean-Paul devant la Baie de Monaco
Jean-Paul devant la Baie de Monaco

Juliette et Jean-Paul en balade autour du Cap
                  Martin
Juliette et Jean-Paul en balade autour du Cap Martin

Une végétation méditerranéenne luxuriante couvre la pente : agaves, buissons et fleurs jaune vif, tandis que les couleurs coutumières de la région : azur du ciel, bleu profond de la mer, gris pâle des rochers, forment le fond du tableau. Nous interrompons notre balade après quelques centaines de mètres de ce parcours à la fois superbe par ses perspectives lointaines et frustrant par le sentiment continuel d'être emprisonnés derrière ce grillage limitant ou empiétant sur le chemin.

Quittant le Cap Martin en fin de matinée, nous rallions ensuite le long boulevard qui suit la mer à Menton. Nous nous y arrêtons pour déjeuner : salade de thon au maïs, bière et dattes aux pommes composent un frugal repas qui nous permet de récupérer après le grand bol d'air de ce matin. Menton
Menton

Port de yachts de Menton
Port de yachts de Menton
Puis nous allons stationner près du centre ancien de la petite ville : balade d'abord jusqu'au bout de la jetée d'où la vieille ville entassée sur son rocher, au pied de sa belle église Saint-Michel, se reflète dans les eaux miroitantes du bassin des yachts;

Puis escalade du grand escalier monumental menant au parvis Saint-Michel dominé par les deux superbes façades XVIIIème de l'église Saint-Michel et de la chapelle de la Conception.

Escalier St-Michel
Escalier St-Michel
C'est surtout la voûte ornée d'une magnifique fresque aux couleurs vives et fraîches qui retient notre attention; j'y tourne à peine la caméra qu'une vieille dame en grand émoi m'interpelle et m'explique, plus calmement ensuite, qu'il est interdit de filmer les trésors et les œuvres d'art dont regorge l'église... Tant pis pour les souvenirs vidéo, je poursuis le tour du déambulatoire caméra en bandoulière : nombreuses peintures, magnifiques retables de peintres mentonnais du XVIIIème, monumental buffet d'orgue au fond du chœur attirent nos regards et suscitent notre admiration. Clocher de l'Église St-Michel
Clocher de l'Église St-Michel

Façade colorée dans la vieille ville de Menton
Façade colorée dans la vieille ville de Menton
Puis nous empruntons la montée du Souvenir d'où le paysage se déploie à l'ouest sur la côte, Monaco et la vieille ville en dessous de nous.  Il apparaît mieux encore depuis la pointe sud du cimetière anglais où nous pénétrons, zigzaguant entre les tombes XIXème de tous ces étrangers venus mourir sous le doux climat de Menton, loin de leurs brumes londoniennes ou moscovites. Nous redescendons ensuite au parvis Saint-Michel à travers le lacis des ruelles avoisinant la rue du Vieux Château.

Nous enfilons la Rue Longue, ancienne voie romaine et artère principale de la vieille ville, pour déboucher sur la rue Saint-Michel. A son orée, la boutique d'un marchand d'huile d'olive nous attire un instant, le temps de faire provision du précieux condiment "extra vierge première pression à froid", ainsi que de savons préparés avec la même base. Ensuite la rue devient très achalandée, bourrée de commerces et de promeneurs; beaucoup de souvenirs régionaux, mais aussi des épiceries, boulangeries et pâtisseries prouvant que la ville a gardé sa vitalité et son originalité.

C'est l'impression qui nous reste de cette visite après avoir traversé la jolie place aux Herbes avec sa fontaine, sa colonnade, son marché couvert tout proche et sa vue sur la mer. Notre Aigle est garé juste devant; nous rembarquons fort satisfaits d'avoir découvert un coin vraiment agréable sur cette Côte d'Azur qui nous a paru jusqu'à présent passablement snob et artificielle. Vieille ville de Menton au petit matin
Vieille ville de Menton au petit matin

Mais la nuit tombe; nous décidons d'aller dormir un peu à l'extérieur de la ville, au départ de notre deuxième boucle dans l'arrière pays qui doit nous mener vers Sospel et le col de Braus. Un peu après avoir passé l'Annonciade dont le belvédère ne nous emballe guère et ne vaut certes pas la peine que nous a valu son escalade (chemin très étroit, pentu et tout en lacets), nous nous ramassons au dessus de l'autoroute, dans le quartier industriel de Saint-Roman.

Nous sommes maintenant réduits à y trouver un point de chute puisque Monique refuse de se hasarder plus loin sur les petites routes de montagne noyées dans l'obscurité. Après quelques hésitations, nous aboutissons sur le stationnement d'un Intermarché. Nous allons remplir notre frigo quelque peu dégarni et soupons. Monique et Juliette font une partie de crapette pendant que je mets à date mon journal négligé hier soir. Nous nous endormons tôt en prévision de la rude route du lendemain.


Mercredi 30 décembre 1992 : de SAINT-ROMAIN à FALICON(85 km)

Le vacarme mené par les camions de livraison et autres diesels bruyants à partir de 4:30 du matin me réveille et se poursuit jusqu'au petit matin... Le grand soleil me trouve néanmoins en forme acceptable, et nous attaquons  bientôt la route aux innombrables lacets qui sera notre lot aujourd'hui.  Le village de Monti présente peu d'intérêt; en revanche la traversée de la forêt communale de Menton offre de jolies perspectives sur la vallée du Carei qui se creuse, encadrée par les pentes boisées.

Passé le pittoresque viaduc courbe de Caramel, on grimpe au village de Castillon. Monique y admire en connaisseuse les productions d'un maître verrier. Son atelier est installé dans la base d'un immeuble récent faisant partie d'un élégant ensemble architectural inspiré par le style provençal traditionnel. Puis la vue commence à se dégager sur la vallée du Carei et sur la mer au loin. Elle sera bien plus étendue en arrivant au col du Castillon, à 707 mètres, en particulier sur la verte vallée de la Bévéra au nord, dominée par les cimes enneigées de Peira Cava et de l'Authion.

Longue descente ensuite jusqu'à Sospel où nous faisons halte. La petite ville nichée au creux de la vallée de la Bévéra aligne sur les berges de la rivière ses vieilles maisons aux façades crépies ou peintes de jaune et autres couleurs pastel; un antique pont à deux arches, surmonté d'une tour de péage médiévale en son milieu, ajoute son cachet propre à la scène.
Jean-Paul et Juliette sur le pont de Sospel
Jean-Paul et Juliette sur le pont de Sospel

Une courte balade dans les vieilles rues jusqu'à la place Saint-Michel nous fait découvrir une petite ville qui se meurt, dont croulent les maisons comme se détériore l'intérieur de sa cathédrale au riche décor baroque, avec corniches et chapiteaux dorés, retables ornés de peintures précieuses et fresques de plafond en trompe l'oeil. Je préfère cependant le très pur clocher roman à toit pyramidal, tout ce qui reste de l'ancienne église du XIIème...

Arcades de la Place St-Michel de Sospel
Arcades de la Place St-Michel
Façade de Sospel
Vitrine sur la place de Sospel

Nous empruntons ensuite la route du col de Braus, elle aussi superbe mais tortueuse. La petite ville de Sospel apparaît bientôt tassée tout au fond de sa cuvette en un tableau saisissant par son ampleur, avant que se termine l'escalade des 18 lacets consécutifs jusqu'au col perché à 1 002 m. Vue magnifique jusqu'à Nice et la mer avec en arrière le Cap d'Antibes et le massif de l'Esterel tandis que, plus proche, une immense vallée suspendue s'étend à nos pieds. Nous pique-niquons devant cet admirable paysage avant d'entreprendre la descente vertigineuse de 16 lacets sur trois kilomètres jusqu'à la clue de Braus dont nous apercevons la haute et maigre cascade dans le hameau de Saint-Laurent. Une autre série de lacets, et nous retrouvons enfin L'Escarène, grand village paisible et sans caractère déjà traversé il y a quelques jours.

Notre itinéraire montagneux se poursuit par une autre montée abrupte vers Berre-des-Alpes; au détour d'un virage, le village perché à 675 mètres surgit soudain juché sur sa butte. De la petite place en son centre, nous jouissons d'une vue étendue sur les Préalpes de Nice et la mer d'un côté, sur les montagnes enneigées de l'arrière pays de l'autre. Monique y complète un peu de courrier - dont la lettre au Censeur du collège lui annonçant le retard de Juliette, lettre depuis longtemps remise... tandis que je bricole quelques tuyaux après avoir filmé le paysage.

Ruines de Chateauneuf-de-Contes
Ruines de Chateauneuf-de-Contes
Puis nous descendons vers Contes que nous passons rapidement, tout comme le village voisin de Châteauneuf-de-Contes. En revanche nous nous laissons tenter par la balade dans les ruines de Châteauneuf, un ensemble de pans de murs et de tours démantelées dominant la route sur un éperon rocheux. Les ruines mêlées à la rocaille et envahies par le lierre ne présentent plus guère d'intérêt architectural tant elles sont informes.

Par contre leur parcours offre un vaste panorama dans le soleil descendant : à l'est et au nord encore une fois les cimes enneigées des Alpes, au dessus de l'immense vallée du Peillon que dominent les villages traversés aujourd'hui, à l'ouest le mont Chauve et le Férion masquant Nice, la mer scintillant dans le couchant et la presqu'île d'Antibes au delà de la baie des Anges. C'est splendide...

Mais le soir descend vite, aussi prenons-nous rapidement la direction de Nice. Nous nous arrêtons avant d'arriver dans l'agglomération dont nous craignons le vacarme et l'agitation. Nous grimpons plutôt jusqu'au village de Falicon où nous allons stationner sur sa terrasse que nous choisissons pour bivouac : tout y est tranquille, et je m'assois quelques instants avec Monique sur un banc sous un arbre pour, dans le vent frais, contempler les lumières scintillantes de la plaine habitée et de la grande ville en dessous de nous. Le froid nous chasse bientôt et nous réintégrons la chaleur et le confort de notre petit motel à roulette. Nous soupons et nous couchons vers 9:00 : le tour du village sera pour demain matin...


Jeudi 31 décembre 1992 : de FALICON au CAP D'ANTIBES(44 km)

Cette fois encore - Dieu merci - il fait très beau sur notre petit stationnement d'où la vue s'étend largement sur la vallée de Nice. Levé bien avant mes compagnes, je pars en vadrouille dans les rues typiques du village. Rien de vraiment nouveau puisque nous avons déjà parcouru nombre de bourgades semblables depuis notre départ il y a dix jours mais, dans le calme et la clarté du matin, la promenade est quand même plaisante...

Nous décollons enfin vers 9:30 pour nous faufiler dans les gorges du Gabre jusqu'à Cimiez, dans les hauts de Nice, où nous voulons visiter le nouveau musée consacré à Matisse. Hélas les travaux affichant une échéance prévue fin 91 ne sont toujours pas achevés et le site n'est qu'un grand chantier boueux toujours interdit au public. Les fouilles et le musée romain de Cemenelum sont tout proches, mais nous ne faisons que pénétrer dans leur enceinte, les dames étant lasses de ce genre de vestiges déjà trop souvent parcourus, disent-elles. Nous faisons demi-tour pour nous diriger plutôt vers le Musée Marc Chagall consacré au "Message Biblique".

Dans un petit bâtiment moderne qui leur est entièrement dévolu, où elles jouissent d'une présentation et d'un éclairage parfaits, une douzaine de grandes toiles très colorées et pleines de fantaisie sont consacrées aux plus belles pages de l'Ancien Testament et au Cantique des Cantiques.
Le Char d'Élie dans le Miusée Chagall de Cimiez
Le Char d'Élie dans le Musée Chagall de Cimiez

Abraham et les Trois Anges
Abraham et les Trois Anges
Nous employons deux heures à passer de tableau en tableau, écoutant les commentaires du guide lus par Monique et déchiffrant les détails poétiques ou croustillants dispersés dans chaque panneau... Un moment privilégié pour découvrir et goûter ce grand artiste dont nous connaissions peu de choses.

Le Paradis Terrestre
Le Paradis Terrestre
La Création de l'Homme
La Création de l'Homme

Cantique des Cantiques III
Cantique des Cantiques III

   Adam et Ève chassés du Paradis Terrestre
Adam et Ève chassés du Paradis Terrestre 
Vitraux de l'auditorium
Vitraux de l'auditorium

Marché aux fleurs de Nice
Sur le Marché aux fleurs de Nice
Puis nous descendons à proximité de la vieille ville pour trouver, dans la circulation très animée voire embouteillée du centre, une place de stationnement miraculeuse sur la place Garibaldi. Après un déjeuner bien agréable devant la charmante plaza aux façades ocre jaune et aux arcades tout italiennes, nous partons faire le tour du vieux quartier proposé par le Guide Vert.
Nous parcourons d'abord la rue Pairolière, très commerçante et étroite, nous faufilant entre les étals des marchands de poisson, de gibier et autres victuailles.
Annonce rue Pairolière

Étal de maraîcher rue Pairolière
Étal de maraîcher rue Pairolière
Le spectacle fait baver Monique qui veut tout voir, tout sentir... et tout filmer.
Un peu plus loin, le palais Lascaris n'est pas encore ré-ouvert au public (il n'est que 14:15, il est vrai...). Nous ne faisons donc qu'entrevoir sa haute façade Renaissance ornée de balcons sur consoles et pilastres avec chapiteaux à guirlandes fleuries. Encore faut-il se tordre le cou pour apercevoir tout ce décor noble et un peu lourd tant la rue est étroite et le soleil qui y pénètre parcimonieux.
JP filme l'étal du poissonnier
Jean-Paul filme l'étal du poissonnier

Un petit détour par la rue Ressetti mène à la cathédrale Sainte-Réparate; belle façade colorée de style baroque, magnifique dôme de tuiles vernissées polychromes. Je hasarde quelques gros plans des pilastres et de la frise baroque à l'intérieur, ce qui me vaut d'être vertement engueulé par une brave femme qui n'accepte pas que des "étrangers" viennent copier le patrimoine des Niçois ?!...

Nous achevons notre parcours des vieilles rues qui aboutit en arrière du Quai des États-Unis. Sur une petite place, un antiquaire brocanteur expose lampes Modern-style, vieilles enseignes anglaises de bois sculpté et peint, et surtout toute une série de vases de cristal qui captive Monique pendant un long moment. Puis nous faisons quelques pas sur la promenade au bord de la mer, quai des États-Unis, avant de grimper l'escalier raide à flanc de colline menant au château.

Depuis le château, le vieux port de Nice
Depuis le château, Jean-Paul et Juliette au dessus du vieux port de Nice
Du toit de la tour Bellanda (où séjourna Berlioz), belle vue sur la baie des Anges et la Promenade des Anglais, au loin sur le cap d'Antibes et sur l'Esterel tout au fond. Depuis la terrasse du château, la vue s'élargit encore vers l'ouest tandis qu'à l'est elle plonge sur le vieux port au pittoresque bassin carré rempli de bateaux de plaisance, encadré par une rangée de façades ocre jaune typiquement italiennes.

Un détour par la cascade dévalant sous la terrasse - l'effet est impressionnant malgré le peu d'eau utilisé ! - et nous re-dévalons ruelles et escaliers à travers la vieille ville pour retrouver notre Aigle sur la place Garibaldi.
Ruelle du vieux Nice
Ruelle du vieux Nice

Dans la grosse circulation de cette veille de fête, encore alourdie par les voitures garées en double voire en triple file, ponctuée de coups de Klaxon excédés, nous prenons la route vers l'est. Un arrêt le long de la Promenade des Anglais, élégante, large et séparée en deux par de magnifiques palmiers, nous permet quelques pas sur la plage caressée par les rayons dorés du soleil se couchant au dessus de la péninsule d'Antibes. Nous poursuivons bientôt dans cette direction, remplissons notre citerne d'eau à une borne du petit port de pêche de Cros-de-Cagnes avant d'emprunter jusqu'à Antibes la route littorale encombrée et maintenant plongée dans l'obscurité.

Antibes
                  le port Vauban
Antibes le port Vauban
Voulant gagner le Cap d'Antibes pour y faire étape, nous passons au pied du fort Carré illuminé et dominant le port Vauban où une flopée de camping-cars (surtout italiens) se sont installés pour la nuit. Nous nous égarons ensuite quelque peu dans les petites rues pittoresques de la vieille ville.

Voulant gagner le Cap d'Antibes pour y faire étape, nous passons au pied du fort Carré illuminé et dominant le port Vauban où une flopée de camping-cars (surtout italiens) se sont installés pour la nuit. Nous nous égarons ensuite quelque peu dans les petites rues pittoresques de la vieille ville. Au détour des sens uniques et des voies sans issue, nous nous retrouvons sur la promenade des remparts (avenue Amiral De Grasse), passons devant le château Grimaldi (XVIème) magnifiquement illuminé pour finalement aboutir sans encombre (ouf !) sur la route du cap d'Antibes. Devant le peu d'endroits favorables à un bivouac en bord de mer, nous grimpons jusqu'au phare et nous installons pour la nuit à son pied, sur le stationnement de la petite église N.D. de la Garoupe. Il nous offre terrain libre, calme et plat devant un environnement magnifique (nous admirerons le panorama ** depuis la table d'orientation demain matin...).


Vendredi 1er janvier 1993 : de CAP D'ANTIBES à VALLAURIS(29 km)

Beau grand soleil au réveil; nous saluons assez tard (vers 9:30) des voisins intempestifs, italiens et camping-caristes eux aussi, qui sont venus célébrer longuement et bruyamment (exclamations, pétards et fusées de feu d'artifice...) l'arrivée de la nouvelle année. Le panorama tant vers Nice que vers Antibes et Cannes est magnifique; je traîne ensuite un moment à filmer les pittoresques ex-voto offerts par les marins à N.D. de Bon Port dans le petit sanctuaire de N.D. de la Garoupe.

Puis nous regagnons le bord de mer à la sortie d'Antibes et le suivons jusqu'à la plage de la Garoupe. Il y a pas mal de monde sur la route ou à pied en ce beau jour férié, et nous nous laissons tenter par une bonne marche sur le sentier des contrebandiers longeant le rivage jusqu'au Cap d'Antibes lui-même.

Juliette sur la balade du Cap d'Antibes
Juliette sur la balade du Cap d'Antibes
Monique et Juliette abandonnent après quelques centaines de mètres d'un chemin pavé plutôt confortable. Je poursuis seul le sentier qui devient de plus en plus sauvage avant de disparaître bientôt pour un long moment. Cela m'oblige à progresser au travers des rochers pointus et inégaux où chaque pas exige de contrôler son équilibre. Promenade fatigante donc, mais récompensée par des vues spectaculaires sur les vagues se brisant contre la côte et sur la Baie des Anges, Nice, le Cap Ferrat et les montagnes de l'arrière pays niçois. Magnifiques couleurs sous le soleil brillant...

Je retrouve après quelques centaines de mètres un sentier plus égal qui épouse les circonvolutions du rivage, montant et descendant par de rudes escaliers rustiques au dessus des rochers acérés et des flots éclatants. Ma randonnée se prolonge puisque de grandes et luxueuses propriétés occupent tout l'intérieur de la presqu'île, sans laisser place à un chemin donnant accès direct à la mer. Je dois me rendre ainsi jusqu'à la pointe de l'Ilette où une ruelle entre deux hauts murs, longeant le château de la Croué, me permet de rattraper le boulevard de la Garoupe qui me ramène à l'Aigle. Juliette et Monique y achèvent leur repas, après avoir pris le soleil sur la plage durant mon escapade qui aura duré plus de deux heures...

Nous poursuivons avec l'Aigle le tour du cap, nous arrêtant à la batterie du Grillon pour admirer la vue sur la côte depuis la plate-forme couronnant le bastion. Mais celui-ci est fermé, 1er janvier oblige... Nous nous contentons de descendre sur la plage qui offre quand même un beau point de vue, puis suivons la côte ouest jusqu'à Juan-les-Pins. Petite halte sous la célèbre pinède, site estival du fameux festival de jazz, aujourd'hui envahie par les joueurs de pétanque... La plage, belle mais fraîche, ne nous retient guère, et nous décidons plutôt d'aller faire le tour du vieil Antibes.
Le vieil Antibes au pied des montagnes
Le vieil Antibes au pied des  montagnes

Antibes depuis le bastion St-André
Antibes depuis le bastion St-André
Nous refaisons donc l'itinéraire parcouru hier soir dans l'obscurité; passant la porte Marine devant le port de plaisance, nous grimpons sur la promenade du front de mer pour aller stationner à son extrémité sud, à deux pas du bastion Saint-André sur lequel nous montons derechef. Belle vue sur la mer, la côte, les rochers et les maisons pittoresques de la vieille ville. Nous faisons le tour du château abritant le musée Picasso fermé à la visite aujourd'hui. Puis nous nous hasardons un peu dans les ruelles étroites et typiques jusqu'à l'extrémité du boulevard de l'Aiguillon. On y domine la forêt de mâts du port de plaisance et les murailles du fort Carré au delà.

En rentrant par l'intérieur de la vieille ville, devant le marché cours Masséna, Monique se fait une entorse sur les marches inégales d'un magasin de produits provençaux... Voilà qui met un terme malheureux et définitif à notre balade ! Nous regagnons lentement l'Aigle, escortant notre éclopée qui se traîne à cloche-pied. Après les soins de fortune permis par la pharmacie du bord, nous prenons la direction de Cannes via Juan-les-Pins et Golfe Juan.

Circulation ralentie (il est 17:30) par le retour en ville (Cannes d'un côté, Nice de l'autre) des citoyens qui encombrent, pare-chocs contre pare-chocs, la route du littoral. Ce trafic à pas de tortue nous permet quelques belles vues du soleil se couchant sur le golfe Juan, la pointe de la Croisette et les îles de Lérins. A Golfe-Juan et dans l'obscurité maintenant complète, nous bifurquons vers l'intérieur jusqu'à la petite ville de Vallauris, célèbre pour ses poteries. Nous allons dormir un peu à l'écart du bourg sur le joli chemin de Retenaou.


Samedi 2 janvier 1993 : de VALLAURIS à FAREINS (526 km)

Temps nuageux et frais au réveil. Cannes nous semble peu attirant, et la balade prévue dans l'Esterel tout proche est rendue impossible par l'entorse de Monique qui la fait beaucoup souffrir. De plus la visibilité et la luminosité atmosphérique sont vraiment trop limitées, estompant les paysages magnifiques qui devaient s'offrir à nous, dixit le Guide... Nous arrêterons donc là notre périple pour cette fois, quitte à le reprendre à cet endroit l'hiver prochain !

Après la traversée du village de Vallauris où tous les ateliers et le Musée de la poterie lui-même sont fermés, nous en parcourons quand même la rue principale; les productions étalées aux devantures des quelques boutiques ouvertes choquent par leur mauvais goût, leurs couleurs accrochantes et leur fini vulgaire. Le magasin Madoura qui produit et expose les créations de Picasso se démarque vraiment de ses voisins mais sa porte est close, elle aussi, et je dois me contenter d'admirer les formes raffinées et élancées à travers les glaces de la vitrine...

Redescendant à Cannes par le Chemin des Collines, nous profitons d'une fort belle vue sur l'ensemble de la ville au dessus de sa baie (le golfe de la Napoule), tout en admirant les opulentes et confortables villas entre lesquelles serpente la petite route de corniche. Nous rejoignons la Croisette que nous suivons tout du long jusqu'à sa pointe. Le petit port de pêche sert de toile de fond à notre déjeuner...
Port de pêche de la Croisette
Port de pêche de la Croisette

Cannes la Croisette en été
Cannes le long de la Croisette
...avant notre retour par la célèbre avenue qui nous paraît fort semblable à la Promenade des Anglais parcourue à Nice. Le vieux quartier autour du Mont Chevalier ou Suquet ne nous semble pas - peut être à tort - valoir une visite (nous avons déjà vu si souvent ce type de ville ancienne...).

Aussi, après un plein d'eau et d'essence auprès d'une station B.P. fort peu complaisante, longeons-nous le bord de la mer sur quelques centaines de mètres avant de virer plein nord en direction de l'autoroute. Sur la plage trônent quelques gros rochers rouges et déchiquetés tandis que le massif accidenté de l'Estérel se profile de l'autre côté de la baie de la Napoule; ce spectacle me retiendrait et me convaincrait de poursuivre notre séjour si l'immobilisation forcé de Monique et le temps peu invitant ne venaient anéantir ces velléités.

Les six heures suivantes sont remplies de notre course rapide sur le ruban vallonné aux grandes courbes régulières, d'abord entre les monts de l'Esterel couverts de pins plus ou moins incendiés, puis dans la plaine du Rhône que nous remontons sans délai. Le thermomètre descend progressivement de +5° à -2°. Il est 20:00 et la nuit est tombée depuis longtemps lorsque nous traversons Lyon pour, 40 minutes plus tard, aller stationner devant la maison de Fareins où l'accueil charmant fait oublier la fin un peu décevante de notre virée.


Dimanche 3 janvier 1993 : de FAREINS à LYON (50 km)

Après la joyeuse soirée d'hier soir, il faut songer à désarmer notre Aigle, le nettoyer et préparer ce qui peut l'être pour la saison prochaine. Peu attentif à la baisse de température hier lors de notre remontée au nord, j'ai omis de vider alors les réservoirs: eaux usées et vanne des eaux noires sont gelées, et les restes des débordements demeurés en contact avec le plancher d'acier se sont solidifiés... Je profite cependant de la fosse de travail dans le hangar pour poser convenablement - enfin ! - le tuyau d'évacuation des gaz brûlés du chauffage.

Il est presque 13:00 lorsque Jean et Jehanne précédant Anne et Christian viennent tirer les Rois dans la grande maison chaleureuse. L'après-midi s'écoule ainsi joyeusement en famille avant que nous retournions à Lyon accueillir les Roy-Lemire qui séjournent actuellement en France. A la mi-temps de leur grand tour d'Europe, ils ont modifié leur itinéraire méditerranéen pour nous faire la surprise de retrouvailles impromptues. Une autre agréable soirée où les échanges vont bon train sur tant de kilomètres parcourus et de découvertes passionnantes...


Lundi 4 janvier 1993  : LYON

Après le petit déjeuner avec nos hôtes québécois, ceux-ci reprennent la route du sud et de la chaleur en nous laissant un petit paquet de cassettes et de lettres à transmettre à leur famille. Nous descendons faire quelques courses en ville (livres à la F.N.A.C. et accessoires à St-Priest) puis nous rentrons à Sainte-Foy. Monique y fait les valises pendant que je dégèle les tuyaux au sèche-cheveux avant d'éponger et d'achever de nettoyer les dégâts autant que faire se peut...


Mardi 5 janvier 1993 : de LYON à FAREINS (50 km)

Les valises finissent de se remplir; nous rassemblons nos derniers effets dispersés dans la maison et les chargeons dans le camion qui va rentrer à son port d'attache jusqu'à la belle saison. Après des adieux un peu émus à Jehanne qui boite sur son genou blessé et à Jean qui doit subir une intervention chirurgicale dès demain, nous partons déjeuner avec René-Pierre à Fareins.

Durant l'après-midi, Monique trie les papiers, téléphone à sa famille et prépare le couscous tandis que je sollicite l'aide de son frère pour quérir à Villefranche les pièces nécessaires à l'installation d'une rallonge à la sortie des eaux usées puis à la réparation d'un boulon percé disparu sur le moteur. Tout se règle grâce à son diligent concours; j'achève ensuite de vider les réservoirs d'eau propre en rinçant la toilette et installe enfin les purges du système d'alimentation d'eau.

La nuit est déjà bien tombée lorsque je regagne la maison chaude et éclairée où toute la famille s'attable autour du couscous revigorant et réchauffant. Longue et chaleureuse discussion ensuite avec René-Pierre et Jocelyne qui, entre autres choses, amènent le projet de venir en famille visiter le Québec en août/septembre 1994. Nous nous couchons fort tard...


Mercredi 6 janvier 1993 : de FAREINS à MONTREAL (km 41 880)

Lever à 5:15; René-Pierre nous conduit à Satolas d'où nous nous envolons à 8:15 à destination de Londres.

Trois heures d'escale pendant lesquelles Monique et Juliette s'allongent sur des banquettes pour tâcher de dormir pendant que je fais le tour des boutiques hors taxes, sans y trouver grand chose d'intéressant. Puis c'est la longue et monotone envolée au dessus de l'Atlantique. A 21:00 (heure française), arrivée à Mirabel. Ici il est 15:00, le sol est tout blanc et il fait -8°-... C'est la fin de ce voyage !


Outremont le 21 janvier 1993


JP transcrit son journal dans le salon d'Outremont
Jean-Paul met son journal au propre dans le salon à Montréal...


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