VOYAGE EN SUISSE, BAVIÈRE ET AUTRICHE

Juillet-août 1992

Deuxième partie

Monique, Jean-Paul et Juliette MOUREZ à bord de l'Aigle


Images de la page sur Google Photo :
mmm



4 : Nord de la Bavière



Notre itinéraire dans la partie Est de la Bavièe du Nord

Notre itinéraire dans la partie Est du nord de la Bavière...


Notre
        itinéraire dans la partie ouest du nord de la Bavière
...puis dans la partie Ouest du nord de la Bavière



Mercredi 22 juillet 1992 : de BODENMAIS à WALDSASSEN

Dans la nuit, le frigo laissé branché a achevé d'épuiser notre batterie accessoire probablement bien affaiblie par les très longs démarrages d'hier soir, et nous sommes sans courant pour la douche matinale. En revanche, la pluie et l'orage qui n'ont pas cessé de la nuit ont apporté une température plus clémente pour notre moteur et pour nous-même. Nous poursuivons donc notre route vers le massif du Grosser Arber. Le vent frisquet ride le petit lac rond d'Arbersee lorsque j'en fixe l'image quelques instants. Nous escaladons les 1 000 mètres menant à la station du téléphérique du Grosser Arber, mais la montagne immédiatement au dessus de nous disparaît dans les nuages.

Nous déjeunons et nous douchons sur le parking, maintenant que la batterie a repris un peu d'énergie avec la rude montée. Puis, renonçant à l'excursion en télésiège dans cette atmosphère bouchée, nous poursuivons la route de montagne serpentant entre les grands sapins noyés dans la brume.

Pluie et froid se poursuivent, diminuant lorsque nous redescendons vers Lam, à 576 mètres d'altitude. Au dessus de Kotzting, apercevant la silhouette pittoresque d'une chapelle sur une colline, je fais un détour pour découvrir la charmante église de pèlerinage de Wessenregen : un joli retable baroque, une chaire originale avec des apôtres pêcheurs dans leur barque lançant le filet, un cadre champêtre à souhait...

Église de Kotzing
Église de Kotzing
Chaire de Kotzing
Église de Kotzing

Le temps se dégage petit à petit, tout en demeurant nettement plus frais qu'hier. La route de forêts, de campagnes cultivées et de villages soignés se poursuit. A Tannesberg nous arrêtons sur la place de l'église. Pendant que Monique part à la recherche d'une poste puis une bakerei (boulangerie), Juliette m'accompagne dans une courte grimpette au dessus du village jusqu'au sommet de l'Oberpfalzer. On y jouit d'une agréable vue panoramique sur la campagne environnante : douces collines blondies par les blés et autres céréales, soulignées du vert sombre des boisés de résineux... Un petit détour ensuite vers Trausnitz par d'excellentes quoique étroites routes rurales nous fait plonger dans la vallée encaissée de la Pfreimd dont les courbes pittoresques et verdoyantes me rappellent la Suisse Normande. Une famille de cygne croise sur la rivière que nous traversons au pied des murailles du château, mettant la touche finale à une vue romantique à souhait... Mais une pluie diluvienne nous assaille soudain, nous dissuadant de poursuivre jusqu'au réservoir de Rabenleite pourtant curieux (selon le Guide Vert !).

Un chemin étroit et sinueux à travers le boisé nous ramène sur la grande route à Grossenschwand. Nous passons Weiden sous la pluie et poursuivons la route typique de la Forêt Bavaroise (collines, grandes cultures céréalières entrecoupées de forêts, villages cossus et soignés) pour arriver à la nuit tombante dans la petite ville de Waldsassen. Le stationnement d'une école un peu à l'écart du centre ancien et désert nous accueille dans l'obscurité et la tranquillité pour la nuit.


Jeudi 23 juillet 1992 : de WALDSASSEN à BAYREUTH
Les enfants arrivant à l'école pour leurs activités d'été nous réveillent comme dans d'autres cas semblables à 7:45. Après le démarrage et les corvées habituelles (douches, rangement, vaisselle...), nous allons stationner notre Aigle sur la petite place devant la vaste basilique de 1704, à la façade sobre et peinte.
Walsassen : façade
Waldsassen : façade de la basilique

L'intérieur, décoré de stucs un peu envahissants et de rares peintures (par rapport à d'autres églises visitées antérieurement) dénote une belle harmonie, quoiqu'aussi un peu de froideur - il est vrai que nous sommes chez les cisterciens; l'orgue, très coloré, retient davantage mon attention, comme les stalles de bois sombre très richement sculptées.

Nef de Waldsassen
Nef de Waldsassen
Orgue de Waldsassen
Orgue de Waldsassen

Bibliothèque de Waldsassen
Bibliothèque de Waldsassen
Nous passons ensuite au morceau de choix : la bibliothèque de 1726 qui, elle, est un enchantement. La voûte est finement couverte de stucs polychromes à motifs rustiques (rameaux et fleurs) sur fond blanc, mais surtout les tablettes, les rayons, les balustrades et les atlantes les supportant sont méticuleusement et délicatement sculptés dans un bois blond.

Bibliothèque de Waldsassen : l'Hypocrisie
Bibliothèque de Waldsassen : l'Hypocrisie
Waldsassen Sottise
Bibliothèque de Waldsassen : la Sottise

Bibliothèque de Waldsassen : l'Arrogance
Bibliothèque de Waldsassen : l'Arrogance
Waldsassen Hercule
Bibliothèque de Waldsassen : Hercule

Les dix statues grandeur nature supportant la galerie montrent des postures et des mimiques extraordinairement naturelles, montrant une maîtrise souveraine de la part des artistes (locaux) ayant œuvré ici. L'ensemble offre un coup d’œil merveilleusement raffiné.

Waldsassen Jeunesse
Bibliothèque de Waldsassen : la Jeunesse
Waldsassen décor
Bibliothèque de Waldsassen : décor (l'Air ?)
Waldsassen Vieillesse
Bibliothèque de Waldsassen : la Vieillesse

Kappel
              : église de la Trinité
Kappel : église de la Trinité
Après le choix - difficile - des cartes postales d'usage, nous rembarquons à bord pour quelques kilomètres d'une route champêtre jusqu'à Kappel, une autre église de pèlerinage datant de 1689 isolée au milieu des prairies.


Elle a la particularité d'être consacrée à la Trinité et possède donc trois chœurs identiques surmontés de leur tour, l'un consacré au Père, l'autre au Fils et le troisième à l'Esprit, tandis que la nef centrale est quasi inexistante. De belles fresques aux couleurs brillantes illustrent chacune des Personnes et un joli petit orgue complète le décor. C'est charmant et plein de fraîcheur, surtout dans cet environnement pastoral de champs et de boisés.


Trouvant une fontaine sur place, nous faisons quelques allers-retours jusqu'à un bois voisin histoire de rincer notre réservoir de toilette à l'odeur insinuante... Odeur d'ailleurs souvent difficile à distinguer de celle des épandages nombreux sur les chaumes que nous traversons, ou des tas de fumiers encore présents devant bien des petites fermes dans les villages que nous dépassons.

L'après-midi est déjà assez avancé lorsque nous gagnons Luisenburg et son fameux chaos de rochers arrondis et entassés par l'érosion glaciaire.
Jean-Paul dans le Chaos de Luisenburg
Jean-Paul dans le Chaos de Luisenburg

Cela nous vaut une belle balade en forêt où le sentier grimpe sur les blocs, se glisse en dessous, escalade plusieurs points de vue sur les vallées environnantes ou traverse d'inquiétants boyaux...

Juliette et Jean-Paul dans le Chaos de Luisenburg
Juliette et Jean-Paul dans le Chaos de Luisenburg

Luisenburg : Monique joue les Atlas...
Monique dans le Chaos de Luisenburg joue les Atlas...

Luisenburg : Juliette dans le Chaos
Luisenburg : Juliette dans le Chaos

Luisenburg : Juliette au milieu des
Luisenburg : Juliette au milieu des "trous de souris"

Un grand bol d'air en tout cas, dont nous revenons affamés, un peu comme après l'excursion aux Calanches de Piana l'hiver dernier en Corse.

Nous poursuivons la jolie route vallonnée pour enfin aller dormir sur le stationnement du parc et du château de l'Eremitage, à deux pas de Bayreuth. On joue bien un spectacle théâtral dans un coin du jardin, mais vers 10:30 le parking se vide et il ne reste plus que trois camping-cars à y passer la nuit.


Vendredi 24 juillet 1992 : de BAYREUTH à VIERZEHNHEILIGEN

C'est le vacarme des tondeuses des jardiniers qui nous réveille ce matin... à 7:15. Il fait encore très beau. Monique paresse un peu au lit tandis que j'entraîne Juliette à travers le parc déjà entrevu avec sa mère hier soir. Les bordures colorées soulignent un espace paysagé animé, une partie du jardin aménagé à la française offre un long bassin que rident deux petits jets d'eau entourés de longues charmilles. Plus près du petit château s'étend un parc à l'anglaise où plusieurs fontaines monumentales ("grotte") font bruire leurs jets d'eau durant cinq minutes à chaque heure juste. Je filme celle qu'encadre l'élégante orangeraie en fer à cheval dont le décor de petite pierre multicolores incrustées dans les murs, façon mosaïque, intrigue beaucoup Juliette.

Bayreth maison et tombe de Wagner et de Cosima
Bayreuth : façade arrière de Wahnfried
et tombe de Richard et Cosima Wagner

Puis nous gagnons le centre de Bayreuth, une ville animée où nous tâtonnons un peu pour trouver une place devant le Nouveau Palais du margrave. Nous le contournons pour nous engager dans le beau parc ombragé où nous trouvons bientôt l'entrée arrière de Wahnfried (Paix Suprême), la luxueuse villa de Richard et Cosima Wagner. Après leur sobre tombe, une simple dalle sous les grands arbres au fond du jardin, c'est leur vaste maison merveilleusement restaurée qui nous accueille.

Passé le vestibule, le grand hall qui servait de petite salle de concert frappe par sa théâtralité qu'accentue sa couleur (rouge sombre) et sa hauteur, puisqu'elle traverse les deux étages supérieurs et s'éclaire d'une large verrière dans le toit. On y contemple, un peu impressionné, les pianos sur lesquels joua Liszt et le maître de maison, entourés des statuettes de marbre immaculé des héros qu'il célébra : Siegfried, Tanhauser, Tristan, le Hollandais Volant...

Soudain éclate l'ouverture des Maîtres Chanteurs qui m'attire dans la vaste bibliothèque voisine, spacieuse et admirablement restaurée après sa démolition par une bombe alliée en 1945. La pièce est maintenant transformée en salle de musique : le grand Steinway offert au compositeur par la célèbre firme trône au milieu de la rotonde (Liszt le toucha ici à de nombreuses occasions...), et une chaîne hi-fi superlative y diffuse en continu des enregistrements historiques du Festival...
Bayreuth: les pianos de Liszt et de Wagner...
Bayreuth: les pianos de Liszt et de Wagner...

Wagner avait développé des goûts plutôt bourgeois après les pérégrinations, échecs et autres aventures romantiques de sa jeunesse dont l'exposition fort complète répartie dans les autres locaux de la vaste maison nous donne un aperçu. Nous passons plus de trois heures à monter et descendre d'une pièce à l'autre sans voir le temps s'écouler... et il est passé 15:30 lorsque nous nous retrouvons dans le jardin, puis dans le parc du château pour retourner au camping-car.

Bayreuth Festspielehaus
Bayreuth Festspielehaus
Une autre contravention - décidément nous les collectionnons ! - sanctionne notre longue absence, et nous avalons une copieuse collation avant de traverser la ville pour aller contempler le Festspielhaus. Il est malheureusement fermé à la visite et nous devrons nous contenter de contempler de l'extérieur ses formes très fonctionnelles pour l'époque - 1875 - en plus de toutes les informations déjà reçues au musée.

Nous ne voulons pas quitter Bayreuth sans jeter au moins un coup d’œil à l'opéra des Margraves, surtout étonnant par la richesse exubérante de son décor rococo. Hélas lui aussi est curieusement fermé, sans qu'aucune raison évidente (restauration peut-être ?) ne puisse l'expliquer. Déçus, nous faisons quelques pas sur la place centrale réservée aux piétons pour acheter quelques cartes postales donnant une idée de tout ce que nous avons manqué... L'Opéra des Margraves
Grande façade de l'Opéra des Margraves à Bayreuth


Bayreuth : scène de l'Opéra des Margraves
Bayreuth : scène de l'Opéra des Margraves
Bayreuth : salle de l'Opéra des Margraves
Bayreuth : salle de l'Opéra des Margraves

Nous reprenons notre chemin en tentant de gagner, par de minuscules routes de campagne cependant excellentes, le château de Sanspareil, mais des travaux de voirie dans le village voisin nous en bloquent l'accès...

Vierzeheiligen
 Vierzehnheiligen
Les petites routes se succèdent, parfois difficiles à démêler; nous finissons cependant par arriver au sanctuaire de Vierzehnheiligen, une superbe église de pèlerinage baroque, élevée à flanc de colline au dessus d'un vallon paisible.

Mais le soleil se couche bientôt, dorant encore davantage les belles pierres ocres dont est bâti le sanctuaire. Il est maintenant trop tard pour franchir les grandes portes de chêne sculptées comme une 'armoire normande, aussi trouvons-nous une petite place juste à côté de l'église pour passer la nuit.


Samedi 25 juillet 1992 : de VIERZEHNHEILIGEN à NEUHAUS AM PEGNITZ
Au matin, grand soleil. En nous réveillant à deux pas de l'église, nous entendons les échos de l'orgue et des chants... j'ai raté la messe de 8:00 à laquelle je voulais assister ! Je me prépare rapidement et pénètre sous la voûte. J'y découvre un plan inhabituel tout en courbes harmonieuses centrées sur l'autel des Quatorze Intercesseurs. Le décor rococo tant du maître autel que des voûtes ou des autels latéraux montre beaucoup de raffinement, les couleurs des fresques du plafond et les rechampis d'or soulignant colonnes et stucs sont merveilleux de fraîcheur...
Vierzenheiligen : intérieur de la basilique
Vierzeheiligen : intérieur de la basilique

Vierzenheiligen : putti
Vierzenheiligen : putti
Bref le coup d’œil est un enchantement; je reste un long moment à admirer, puis à filmer, particulièrement intrigué par le dessin inhabituel de l'autel central votif en forme de dais inscrit dans un fer à cheval, et fasciné par l'élégance de statues des Intercesseurs ou des putti surmontant les confessionnaux ou les corniches.

J'assiste ensuite à la messe de 9:30 qui me donne l'occasion d'entendre le grand orgue accompagnant les fidèles venus en autobus de fort loin prier les Saints Intercesseurs. La cérémonie me paraît un peu longue, mais elle me permet de filmer tout à loisir et sous tous les angles l'intérieur de l'église.

Vers midi nous quittons ce site fort joli et, ralliant l'autoroute, gagnons la vieille ville de Bamberg à une cinquantaine de kilomètres. Laissant notre Aigle en plein cœur de la vieille cité, nous grimpons par les ruelles pavées découvrir la cathédrale gothique, une merveille avec son double chœur à chaque extrémité, ses fameuses sculptures médiévales (le "cavalier de Bamberg" du XIIIème, le tombeau d'Henri II et de Cunégonde, aux scènes finement détaillées, la Synagogue au regard voilé et aux plissés rappelant l'antique, et enfin un superbe retable de la Nativité de 1523 ciselé dans un bois très sombre...). Vieux toits de
                Bamberg
Vieux toits de Bamberg

La jolie cour intérieure de l'Ancienne Résidence vaut bien un coup d’œil avec ses grands toits de tuile brune garnis de lucarnes étagées et ses galeries de bois abondamment fleuries. Puis nous traversons la Nouvelle Résidence pour gagner sa roseraie (couleurs et parfums enchanteurs) précédant la terrasse dominant la ville et ses toits de tuile dispersés comme un peu au hasard

Bamberg : pont
              sur la Regnitz
Bamberg : pont sur la Regnitz
La descente ensuite jusqu'au bord de la Regnitz mène à ses ponts, offrant un coup d’œil pittoresque sur ses vieilles maisons et sur son Ancien Hôtel de Ville (Rathaus) qui occupe un îlot entre deux bras de la rivière.

Nous poursuivons par les petites rues pavées et sinueuses jusqu'au palais Böttinger, une grosse bâtisse baroque opulente et un peu prétentieuse perdue dans un quartier beaucoup plus simple et sympathique. Tout au bout de la venelle tortueuse se dresse Concordia, la maison d'été du même riche personnage, à 300 mètres à peine de la première... Drôle de conception de la résidence secondaire !

Nous revenons ensuite au camping-car en passant devant le vieux moulin Stein et, empruntant le Markusbrücke pour quitter la ville, jetons un dernier regard vers le quai de la Regnitz et ses maisons de pêcheurs toutes fleuries. Bamberg : maison de pêcheurs
Bamberg : maison de pêcheurs au bord de l'eau

Bamberg :
              quai sur la Regnitz
Bamberg : le quai sur la Regnitz et son ancienne grue
Bamberg : enseigne de linge pour BB
Bamberg : enseigne de linge pour BB

Juliette piquenique près du quai : un hamburger et une
        crème glacée !
Juliette piquenique près du quai de Bamberg : un hamburger et une crème glacée !

Contrat Juliette-Jean-Paul
Rendus à ce point de notre périple, nous devons reconsidérer (avec pas mal de regrets quant à moi !) notre itinéraire évidemment un peu trop ambitieux. Nous parcourrons bien la Suisse Franconienne jusqu'à Nuremberg, mais couperons ensuite le Jura Souabe pour rallier directement Rothenburg, puis la vallée du Neckar et Heidelberg. Nous monterons ensuite jusqu'à Mayence pour descendre la rive droite du Rhin avant d'en remonter la rive gauche. Nous rejoindrons enfin Baden Baden et traverserons la Forêt Noire jusqu'à Freiburg am Brisgau où s'achèvera notre périple...

Après 25 kilomètres d'autoroute jusqu'à Forchheim, nous suivons la pittoresque et très accidentée vallée de la Wiesent.  Elle offre tout au long châteaux, vallons profonds et beaux paysages de forêts et de collines, comme à Gossweinstein où je prends avec Juliette le petit sentier montant au Wagnershöhe. De là-haut, vue panoramique sur la courbe de la rivière coulant au fond de l'à-pic boisé.

La route pittoresque se poursuit jusqu'à rattraper la vallée de la Pegnitz, encore plus sinueuse et parfois sauvage, qui nous amène à Neuhaus an der Pegnitz. Nous allons y dormir sur le stationnement devant le château-fort restauré dont le haut donjon surveille la vallée et le village.
Fontaine à Neuhaus an der Pegnitz
Bronzes à la fontaine de Neuhaus an der Pegnitz


Dimanche 26 juillet 1992 : de NEUHAUS à ROTHENBURG

Sur le quai à
              Herrsbruck
Sur le quai à Herrsbruck, devant la Wassertor
Nuit des plus tranquilles, le village étant fort peu passant la nuit. En revanche il fait très chaud passé 8:00 car nous sommes en plein soleil. Nous poursuivons la route longeant la vallée de la Pegnitz, adorable avec ses défilés miniatures, sa verdure, sa fraîcheur, ses points de vue inattendus sur les courbes de la rivière que descendent quelques kayaks. Il ne semble y avoir qu'un pas de la Suisse Franconienne à la Suisse Normande et je crois retrouver ici l'Orne ou le Noireau près de mon Pont-d'Ouilly natal...

Un petit arrêt à Hersbruck nous fait voir un joli village bien restauré où de vieilles maisons se mirent dans l'eau de la rivière au pied de la Wassertor, une haute tour crépie en jaune...

Vingt-cinq kilomètres d'une voie rapide nous conduisent au cœur de Nürnberg (Nuremberg); nous allons stationner tout en haut de la vieille ville, juste sous la muraille du château.
Nuremberg :
              sous le château impérial (Kaiserburg)
Nürnberg : sous le château impérial (Kaiserburg)

Nuremberg :
              maison Renaissance
Nürnberg : maison Renaissance
La Maison de Dürer est à deux pas et nous la visitons tout d'abord. Elle donne sur une jolie place entourée de maisons à colombages comme elle, et devant une tour massive ouvrant dans les remparts de la cité. La vaste maison ancienne vaut surtout par son architecture sobrement rénovée et meublée, et par quelques copies des œuvres les plus célèbres du grand peintre et graveur de la Renaissance allemande.


Nous descendons ensuite les petites rues pavées et toutes bordées de maisons médiévales admirablement restaurées jusqu'au Musée du Jouet : on y expose beaucoup de matériel (poupées, cuisines miniatures, jeux de table, modèles réduits de voitures et de trains), mais la présentation nous semble un peu trop didactique et raide, manquant de la fraîcheur et de la fantaisie souhaitables avec un tel sujet...
Nuremberg : Musée du Jouet
Musée du Jouet de Nürnberg
Nuremberg : Musée du Jouet
Musée du Jouet de Nürnberg

Nous sommes bientôt sur le quai de la Pegnitz, traversons le Maxbrücke en jetant un coup d'oeil aux colombages de la Halle aux Vins, franchissons à nouveau la rivière sur une passerelle pour lécher les vitrines de la riche Kaiser Strasse.
Nuremberg : quai de la Pegnitz
Nürnberg : quai de la Pegnitz

Nuremberg : Juliette sur le pont couvert
Nürnberg : Juliette sur le pont couvert
Passant encore une fois la Pegnitz grâce au Museumsbrücke, nous admirons la façade de l'Hôtel-Dieu enjambant la rivière sur deux voûtes parfaitement arrondies et reflétant ses murs de granit rose dans l'eau à peine ridée.

Nous sommes maintenant sur la place du Hauptmarkt, vaste, bordée à l'est par la façade gothique en escalier de l'église Notre-Dame; une horloge animée (close au moment de notre passage) en décore le faîte. A l'autre bout de cette grande place de Nürnberg resplendissent les ors de la Belle Fontaine, une autre construction gothique dont je filme les jolis personnages colorés et expressifs (prophètes, Grands Electeurs et héros de l'Ancien Testament).
Nurnberg : la Belle Fontaine
Nürnberg : la Belle Fontaine et l'église Notre-Dame

Statues polychromes dans St-Sebald
Statues polychromes dans St-Sebald à Nürnberg
Un peu plus loin, remontant vers le château, nous entrons dans l'église Saint-Sebald dont la partie ouest, romane du XIIIème, se distingue nettement du chœur oriental, lumineux, du plus beau gothique. Remarquables statues polychromes accotées sur les piliers (Sainte Catherine, Saint Sebald...), monument funéraire des Schreyer orné d'une admirable Passion polychrome de 1492.

Et, frappantes, plusieurs photos de l'église et de la ville en 1945... On déplore le gâchis causé les bombardements alliés sur des cibles aussi peu stratégiques... Quel étonnant travail de reconstruction et de restauration pour restituer le grand chœur gothique quasiment entièrement ruiné !

Nurnberg Hauptmarkt en 1945
Nürnberg Hauptmarkt en 1945

Pour finir nous retrouvons notre Aigle sous les murs du château impérial (Kaiserburg); Monique et Juliette se reposent dans les beaux jardins fleuris aménagés dans le bastion tandis que je grimpe jusqu'au pied du donjon pour admirer les toits et les tours de la ville. Il fait encore très chaud (32° C), nous nous restaurons dans notre camion avant de prendre la direction de Rothenburg, fameuse cité médiévale préservée dans ses murailles. La route, excellente, file sous nos roues dans la lumière dorée de la fin de l'après-midi. Elle caresse les paysages maintenant familiers de grandes cultures de céréales et de boisés de résineux dispersés sur les pentes douces des collines ou à travers la plaine. Parfois un coteau plus accusé autorise la plantation de vignes dont les ceps dévalent jusqu'au pied de la grosse maison faisant office de château...

Une porte de
              Rothenburg
Une porte de Rothenburg
Longuement attendus, les remparts et les tours de Rothenburg finissent par arriver en début de soirée. Nous nous installons près de la Porte de l'Hôpital, dans un coin de l'immense parking désert où nous passerons la nuit. Après une première balade à l'intérieur des murs qui nous offre, dans l'apaisement de la nuit, un avant-goût de la ville, nous nous endormons dans le calme - tout relatif - de notre bivouac en vue du gros bastion sud de la cité.


Lundi 27 juillet 1992 : de ROTHENBURG à KRAUTHEIM
Il fait beau - et chaud - lorsque nous nous réveillons après une nuit passable. Nous pénétrons à nouveau dans la vieille ville par le côté sud mais dans la grande lumière du matin cette fois. Après un coup d'oeil aux bâtiments élégants de l'Hôtel-Dieu : le pavillon à toit pointu du Hegereiterhausen et la chapelle gothique toute simple, nous remontons la Spitalgasse jusqu'à passer sous la Siegersturm pour découvrir le joli carrefour de Plönlein. Partout maisons à colombages garnies d'enseignes dorées empiétant sur la rue pavée donnent une inimitable couleur locale à la scène.
Rothenburg : Plonlein
Rothenburg : carrefour de Plonlein

Rothenburg : Marktplatz et vieille apoteke
Rothenburg : Marktplatz et vieille apoteke
Nous gagnons ainsi la place de l'Hôtel de Ville, nous arrêtant sans cesse, Monique et Juliette pour examiner les innombrables souvenirs (nappes, statuettes, poupées...) offerts à leur convoitise, moi pour filmer le foisonnement des curiosités.

Empruntant ensuite la Hafengasse vers l'est, nous passons la porte de Markusturm (voûte, fontaine et fleurs) puis Monique retrouve la boutique de laine repérée hier dans l'obscurité sur la Rodergasse; elle y fait provision de quoi s'occuper les doigts pour la fin du voyage... Bref passage à la poste pour expédier notre paquet de cartes postales, puis nous revenons à l'Hôtel de Ville.
Rothenburg : Feuierlinser
Rothenburg : Feuierlinser

Place de l'Hôtel de Ville depuis le haut du beffroi
Place de l'Hôtel de Ville depuis le haut du beffroi
Il est 12:30, l'escalier donnant accès au beffroi dominant la ville est fermé pour 30 minutes; nous allons donc faire le tour de St-Jakob, une église gothique toute traditionnelle quoique très sobre, voire un peu froide, que nous ne faisons que traverser. Il est alors temps  de retourner au Rathaus et à sa tour dont nous escaladons les 60 mètres de marches raides.

Là-haut on jouit d'un superbe point de vue sur l'ensemble de la ville ceinte de ses remparts piquetés de tours et sur ses monuments dépassant des toits pentus de tuile brune. Magnifique, surtout avec l'environnement de campagne préservé qui continue d'entourer la vieille cité sur trois côtés. Juliette sur la tour de l'Hôtel de Ville
Juliette sur la tour de l'Hôtel de Ville

Rothenburg :
              Burgtor
Rothenburg : Burgtor
Il ne nous reste plus qu'à faire le tour des agréables parterres du Burggarten au delà de la Burgtor, haute et massive, qui garde la ville du côté ouest au dessus du vallon de la Tauber.

Depuis les murs du jardin, vue pittoresque sur les remparts dominant le ravin, avant de retrouver notre Aigle, moi en gagnant le rempart est et en suivant le chemin de ronde jusqu'à la Spittaltor, Monique et Juliette en parcourant plus benoîtement les deux rues principales et en passant par la bakerei (boulangerie) pour compléter nos provisions.


La
              Vieille Forge. Spittator et le rempart de Rothenburg
La Vieille Forge. Spittator et le rempart de Rothenburg

Quelle belle journée de découvertes ! L'ambiance s'avère certes très touristique, mais le cadre si homogène, si harmonieux et tout le plaisir éprouvé à s'y promener justifie bien les trois *** du Guide Vert.

Rothenburg au XVIème
Rothenburg au XVIème

Rothenburg en 1945
Rothenburg en 1945 : résultat d'autres bombardements alliés hautement stratégiques !

Rothenburg depuis le gué sur la Tauber
Rothenburg depuis le gué sur la Tauber
En quittant la ville, nous allons déjeuner à l'ombre (il fait encore très chaud) sous la Sauturm curieusement détachée à l'extérieur de la muraille, avant de descendre dans le vallon et de longer la Tauber jusqu'au gué d'où les remparts et les tours au dessus offrent un dernier coup d’œil rural exceptionnel. 

Nous suivons ensuite l'itinéraire extrêmement champêtre de la Romantische Strasse (la Route Romantique) vers le nord, longeant le cours de la Tauber jusqu'à Markelsheim. Nous y grimpons au dessus des vignes par un chemin étroit, histoire de faire une petite lessive dans un coin tranquille avec le reste de l'eau contenue dans nos réservoirs. Puis nous faisons le plein d'eau et d'essence à Bad Mergentheim et allons dormir, 20 kilomètres plus loin, en pleins champs au bord de la Jagst dont nous suivons maintenant les rives. Juliette fascinée y observe un couple de cigogne en chasse pendant que nous préparons le souper, à proximité de Krautheim.
En soirée, Juliette observe les cigognes au bord de
              la Jagst
En soirée, Juliette observe les cigognes au bord de la Jagst


Mardi 28 juillet 1992 : de KRAUTHEIM à HEIDELBERG

Abbaye de Schontal dans son vallon Abbaye de Schontal
              dans son vallon
Abbaye de Schontal dans son vallon
 Il fait chaud - encore ! - lorsque nous nous réveillons au bord de l'eau, après une nuit idéalement champêtre et paisible. Nous poursuivons la descente de la pittoresque vallée de la Jagst, une ravissante rivière sinueuse dont la route épouse les moindres courbes, au milieu des arbres et des prairies fleuries. A Schöntal, visite de l'abbaye :

Schontal :
              escalier
Schontal : escalier de l'abbatiale
admirable escalier baroque à double volée en fer à cheval, cabinet orné de trois cents petits panneaux peints décrivant les différents ordres et congrégations de l'Église catholique, antichambre à l'élégant plafond de stuc représentant des scènes de chasse, salon de l'abbé au plafond doré et peint, tombeaux des chevaliers de la famille des Berlichingen...
Pierre tombale de Gotz von Berlichingen
Pierre tombale de Gotz von Berlichingen

La bâtisse est grande et entièrement - luxueusement - rénovée, servant maintenant de centre de rencontres musicales : lorsque nous la parcourons, d'éprouvants crissements de violon nous suivent de salle en salle, et nous dérangeons des apprentis musiciens isolés à l'exercice. La grande abbatiale nous plaît moins : la nef haute et raide nous semble trop froide tandis que le chœur envahi par un décor luxuriant et vraiment trop riche nous laisse avec une impression de confusion...

Porte de la nouvelle abbaye de Schontal
Porte de la nouvelle abbaye de Schontal
Grille de la nouvelle abbaye de Schontal
Grille de la nouvelle abbaye de Schontal

La petite route se poursuit jusqu'à la ville haute de Bad Wimpfen toute pleine de ruelles et de maisons médiévales fleuries dont les pans de bois sont disséminés autour des restes du château roman du XIIème (Tour Bleue, Tour Rouge...).
Rempart et tour de Mockmul
Rempart et tour de Mockmul

Depuis la galerie romane aux colonnettes jumelées, beau panorama sur la vallée du Neckar et la grande boucle qu'il dessine avant d'entrer dans la partie la plus accidentée de son cours. De nombreuses péniches et autres bateaux de plaisance ou de croisière parcourent le grand fleuve semblable au Danube que nous avons longé entre Linz et Passau.

Bad Wimpfen : Salsgasse
Bad Wimpfen : Salsgasse
Bad Wimpfen : Place de la Fontaine de l'Aigle
Bad Wimpfen : Place de la Fontaine de l'Aigle

Après deux heures de balade dans la chaleur de midi, nous nous perdons un peu en quittant la ville, passons sous le château de Guttenberg que nous renonçons à visiter (accès impossible à trouver...), traversons la rivière à Gundelsheim et poursuivons la route de vallée. Le château de Hornberg où le chevalier Gotz von Berlichingen (immortalisé par le drame de Goethe) termina son existence assigné à résidence, ne nous semble pas valoir un arrêt d'autant plus qu'il est maintenant transformé en hôtel. En revanche nous grimpons les 126 marches (soigneusement comptées par Juliette) du château de Hirschorn; du haut de la tour, vue majestueuse sur la courbe de la rivière, la ville et les collines boisées alentour.

Schlierbach en
          soirée
Schlierbach en soirée

Poursuivant la remontée du fleuve sur cette rive, nous nous élevons au dessus de la vallée, passons un petit monastère pour enfin, près d'un petit cimetière (Ziegelhausen ?), nous installer devant une extraordinaire vue en enfilade au dessus d'Heidelberg, ses ponts et ses quais ressortant en noir sur fond de rivière dorée par les dernières lueurs du couchant. Juliette joue un moment avec un lapin peu sauvage en rupture de clapier et le régale de fleurs de trèfle pendant que nous préparons le souper devant la prairie luxuriante dominant le site. Nous passons ensuite une nuit super-tranquille sur le stationnement du cimetière de l'autre côté de la route.
Heidelberg-en-soiree
Heidelberg en soirée depuis Philosophensweg

Heidelberg-chateau-depuis-Philosophenweg
Le château d'Heidelberg depuis Philosophenweg



5. Vallée du Rhin et Route Allemande du Vin



Itinéraire dans le Rhin
Notre itinéraire dans la vallée du Rhin


Mercredi 29 juillet 1992 : d'HEIDELBERG à MAINZ (MAYENCE)
Levés un peu tard, nous regagnons le centre-ville puis un parking à flanc de montagne à deux pas du château. Celui-ci a été réduit à l'état de ruines par les Français en 1689, mais il semble que petit à petit l'on restaure les grandioses restes rococo pour, aile après aile, reconstruire le palais détruit. Heidelberg : aile de Frederick IV
Heidelberg : aile de Frederick IV

Jean-Paul et Monique sur la Grande Terrasse du
              château d'Heidelberg
Jean-Paul et Monique sur la Grande Terrasse du château d'Heidelberg
Nous traversons d'abord le superbe jardin en terrasse puis la cour centrale pour gagner la Grande Terrasse. On y découvre les toits de tuile brune de la vieille ville blottie entre le pied des murailles du château et les rives du Neckar parcouru par les péniches et les bateaux de croisière.

Nef de l'église du St-Esprit
Nef de l'église du St-Esprit
Nous descendons par de raides escaliers jusqu'à la Marktplatz où effectivement se tient un petit marché coloré autour de l'église du Saint-Esprit; à l'intérieur, beau chœur lumineux d'église halle, élégants restes de peintures décorant le plafond...
Plafond peint de l'église du St-Esprit
Plafond peint de l'église du St-Esprit

Jean-Paul et Juliette au dessus de la vieille ville
                depuis Philosophenweg
Jean-Paul et Juliette au dessus de la vieille ville depuis Philosophenweg

Traversant le pittoresque vieux pont Karl Theodor aux arches rondes de pierre rouge, nous grimpons le rude sentier du Schlangenweg aux innombrables marches enserrées entre deux murets de pierre pour rejoindre, sur le coteau opposé au château, le Philosophenweg (chemin des Philosophes).

Mes compagnes tirent un peu la patte (il fait maintenant très chaud et il est midi...) aussi ne le parcourons-nous pas vers l'ouest au dessus de la ville comme je l'aurais souhaité et gagnons-nous plutôt le jardinet du Holderlin Anlage. Nous profitons au passage de la belle vue sur la vieille ville coincée entre plaine et montagne, et sur la silhouette massive de pierre rouge sombre du château en face, à travers la brume légère de cette chaude journée d'été.

Une ruelle pentue qui zigzague entre des maisons bourgeoises jouissant d'une belle situation au dessus de la vallée nous ramène ensuite jusqu'au fleuve. Franchissant la rivière au dessus de l'écluse - dont je filme le fonctionnement au passage d'une énorme péniche - nous regagnons les murailles du château par un chemin escaladant (encore !) la rive gauche. Nous atteignons ainsi le pied des ruines de la tour Clocher et longeons les soubassements de l'aile de la salle des Glaces réduite à l'état de carcasse. La Tour Clocher et la Salle des Glaces
La Tour Clocher et la Salle des Glaces

Jean-Paul et Juliette devant la Tour Clocher et la
              Salle des Glaces
Jean-Paul et Juliette devant les restes de la Tour Clocher
et de la Salle des Glaces

Un dernier effort nous hisse sur la terrasse de Scheffel d'où la vue se déploie largement sur la vieille ville et l'ensemble de la vallée que nous venons de parcourir. Traversant le jardin, nous retrouvons enfin notre Aigle raisonnablement frais malgré la canicule. Déjeuner bienvenu (il est 14:30 et notre course ininterrompue nous a affamés) avant de quitter la ville devenue très chaude pour suivre la Bergstrasse.

Peu de curiosités le long de cette route "touristique" finalement assez quelconque où les villages plus ou moins typiques se succèdent de façon monotone. Aussi décidons-nous  d'emprunter plutôt l'autoroute, mais la chaleur réverbérée par la chaussée y devient vite très pénible... Une seule solution : attendre sous de frais ombrages que la chaleur tombe. Nous les trouvons dans le parc de Fürstenlager où, laissant Monique se reposer près du camping-car, Juliette m'entraîne dans les allées puis dans les chemins de campagne sillonnant ce vaste domaine paysagé de 36 hectares. Quelques erreurs d'orientation de ma guide nous fait parcourir beaucoup plus de chemin que je ne l'aurais voulu. Cependant le cadre est agréable, la fraîcheur relative et, quand nous revenons à notre Aigle deux heures plus tard, une bonne douche froide achève de nous revigorer. Nous sommes alors prêts à reprendre l'autoroute qui cette fois nous conduit jusqu'à Mainz (Mayence); nous y dormons dans une impasse du quartier chic proche de la citadelle, devant une grosse demeure bourgeoise en bordure d'un parc.

Jeudi 30 juillet 1992 : de MAINZ à EBERSBACH

A peine levés pour une autre belle et chaude journée ensoleillée, nous tentons d'obtenir un point de vue général sur la ville depuis le restaurant An der Favorite, en haut du Stadtpark, mais en vain, le feuillage des grands arbres coupant toute perspective. Nous gagnons alors le centre de la vieille ville où nous trouvons une place - en plein soleil - sans trop de difficulté.

Mainz : la Cerisaie
La Cerisaie dans le vieux quartier de Mainz
A peine levés pour une autre belle et chaude journée ensoleillée, nous tentons d'obtenir un point de vue général sur la ville depuis le restaurant An der Favorite, en haut du Stadtpark, mais en vain, le feuillage des grands arbres coupant toute perspective. Nous gagnons alors le centre de la vieille ville où nous trouvons une place - en plein soleil - sans trop de difficulté. Le dédale des ruelles du vieux quartier au nord de la Domplatz nous mène à celle-ci et au Musée Gutenberg attenant.

Effigie de Gutenberg dans le musée
Effigie de Gutenberg dans le musée
Il est heureusement climatisé, et nous y passons deux heures à recevoir d'abord les explications d'une guide francophone accompagnant un groupe d'étudiants. Il nous démontre l'originalité et l'importance des inventions du grand homme (moulage de lettres et impression, devant un auditoire attentif, d'une page de la célèbre Bible à 42 lignes sur la propre presse de Gutenberg (1452) reconstituée). La presse de Gutenberg reconstituée
La presse de Gutenberg reconstituée

Bible à 42 lignes imprimée par Gutenberg à Mainz
Bible à 42 lignes imprimée par Gutenberg dans son atelier de Mainz
Puis ce sont les nombreuses vitrines présentant le développement du livre, l'art de l'écriture depuis ses origines et surtout les quatre Bibles originales de 1455 conservées dans leur chambre-forte qui retiennent notre attention et celle de Juliette en particulier; nous l'attendons un long moment tandis qu'elle poursuit son examen systématique des vitrines et des pièces exposées.

La chaleur nous tombe dessus lorsque nous traversons la Liebfrauenplatz pour gagner la cathédrale, immense bâtisse romane de pierre rouge où nous profitons de la fraîcheur relative pour admirer quelques belles statues médiévales. Dans le cloître, un coup d'oeil à l'effigie un peu grotesque du maître chanteur Heinrich von Meissen "aimant les femmes" qui fut, dit-on, porté en terre par les bourgeoises de la ville... Nous regagnons ensuite notre Aigle par la Korbgasse et quelques autres petites rues sinueuses, traînant un peu au passage dans la fraîcheur d'un grand magasin... Mainz chevet de la cathédrale
  Chevet de la cathédrale de Mainz

Franchissant le grand pont sur le Rhin, nous nous égarons dans les accès menant à l'autoroute de Wiesbaden. Après une demi-heure d'errements et de retours sur nos pas, nous enfilons enfin la bonne route dans une chaleur étouffante. Gagnant le centre du quartier des bains, nous laissons notre Aigle sous les ombrages de la Wilhelmstrasse pour aller faire le tour du Kurpark et de son bassin. Parc agréable où les embruns d'une fontaine viennent attiédir les rigueurs de la canicule, ville chic, un rien snob, qu'une petite balade ensuite dans le quartier résidentiel du Sonnenberg aux grosses maisons bourgeoises achève de nous rendre peu sympathique...

Abbaye viticole de la Rheingau
Abbaye viticole de la Rheingau
L'après-midi est déjà bien entamé lorsque nous prenons la route qui longe la rive droite du Rhin en traversant les coteaux viticoles du Rheingau. Vers 18:00 nous sommes à Kiedrich, un aimable village de vignerons où partout sont affichés les mots "Weingut" (dégustation de vin) sur les portails et devant les cours des maisons. Mais l'église du XVème ("précieux mobilier flamboyant **", dit le Guide Vert) est fermée et il n'y a plus guère d'animation dans les rues... Cheminant sur le flanc du coteau dominant la plaine du Rhin et ses vignobles, nous suivons de loin le large fleuve dont le ruban argenté brille encore un peu dans la lueur du soir. Nous arrivons enfin à Ebersbach, une abbaye cistercienne du XIVème nichée dans un frais vallon. Le stationnement en avant sera notre bivouac pour ce soir.


Vendredi 31 juillet 1992 : d'EBERSBACH à MARKSBURG
Il régnait une fraîcheur agréable dans ce vallon boisé, un peu à l'écart de la chaude humidité de la vallée du Rhin, et nous y avons finalement assez bien dormi. Douches et déjeuners pris, nous passons le mur de la clôture pour aller stationner au pied des bâtiments abbatiaux. Affiches et autres installations nous informent du concert qui s'est donné ici hier soir et expliquent le passage des nombreux véhicules quittant les lieux vers 11:30, troublant notre premier sommeil.
Cloître fleuri d'Ebersbach
Cloître fleuri d'Ebersbach

Cave voûtée
              d'Ebersbach
Cave voûtée d'Ebersbach
La visite des différentes salles, dans une quasi solitude, ne manque pas d'intérêt : vaste réfectoire voûté occupé par une collection d'énormes pressoirs antiques et décorés, ancien dortoir des moines de 70 mètres de long dont la double nef et la perspective gothique nous rappellent les salles identiques des monastères portugais d'Alcobaça et de Batalha, austère église abbatiale du XIIème claire et dépouillée... Le tour s'achève par la salle de vente des vins du Rheingau où nous achetons quelques bouteilles que nous offrirons à nos hôtes Barbe et Boissier.

La route poursuit sa course à travers les vignobles. Bref arrêt au château de Johannisberg sur la crête du coteau du même nom : c'est une grande bâtisse classique jaune et élégante entourée de parterres soignés respirant l'opulence. De la terrasse à laquelle mène une tonnelle couverte de ceps aux grappes encore bien vertes, vue étendue sur la mer de vignes et le cours du Rhin...

Rudesheim à vocation touristique et commerciale vineuse est vite traversé; un détour par le Niederwald au dessus du village offre le vaste panorama de la vallée du Rhin se rétrécissant du côté de la trouée de Bingen au nord tandis qu'au dessus de la terrasse d'observation la "Kolossale" statue de Germania (1871) écrase la cohorte des touristes de sa masse sans élégance. La petite route redescend ensuite à pic au pied du château d'Ehrenfels; nous abordons maintenant le "Rhin Romantique", une percée spectaculaire que le grand fleuve a creusé dans le schiste sur 75 kilomètres entre Bingen et Koblenz (Coblence).
Châteaux
              de Pfalz et de Gutenfels
Châteaux de Pfalz et de Gutenfels

Châteaux de Pfalz et de Gutenfels entourés de
              vignobles
Châteaux de Pfalz  et de Gutenfels entourés de vignobles
Notre chemin, coincé entre la rive et la voie ferrée, suit de près le cours de l'eau, dominé par les coteaux raides couverts de vignes et hérissés de château-forts plus ou moins heureusement restaurés. L'ampleur de la vallée, ses larges courbes renouvelant sans cesse les perspectives, la traversée de jolis villages pittoresques allongés sur l'étroite plate-forme au bord du fleuve font le charme de ce parcours.

On s'amuse à identifier les nombreux burgs qui défilent d'un côté ou de l'autre  : sur la rive gauche Rheinstein perché sur son escarpement, Sooneck se découpant en escalier sur le ciel, la petite ville de Bacharach ceinte de ses tours, au milieu de l'eau Pfalz semblable à un navire de guerre à l'amarre tandis que de notre côté, sur la rive droite, le donjon de Gutenfels transformé en hôtel surveille la pente et la large courbe.
Château de Pfalz au milieu du Rhin
Château de Pfalz au milieu du Rhin

Courbe et rocher de Loreley
Courbe et rocher de Loreley

Quelques kilomètres et nous contournons l'éperon qui cachait le célèbre rocher de Loreley. A vrai dire, à part un rétrécissement du fleuve qui accentue le courant et l'angle des pentes alentour, le site ne me semble pas valoir les trois *** que lui attribue le Guide Vert. Même la petite balade à pied sur le belvédère est un peu décevante, la vue plongeante depuis le rocher étant trop souvent obstruée par les arbres...

Pourtant, le poème de Henrich Heine...

Vallée du Rhin : bateau de pêche au pied de la Loreley
Vallée du Rhin : bateau de pêche au pied de la Loreley


Je ne saurais dire pourquoi ce conte des temps anciens
Revient sans cesse à ma mémoire
Et me rend triste à ce point.

C'est entre chien et loup.
Le Rhin s'écoule en paix et la brise est fraîche.
Le sommet de la montagne s'irradie dans le soleil couchant.

Une vierge miraculeuse s'y tient magnifiquement,
Ses atours au vu de tous brillent au firmament.

Elle peigne ses cheveux d'or avec un peigne en or
Tout en chantant à l'infini une sibylline et envoûtante mélodie.
Un batelier naviguant dans son petit bateau
N'en finit plus de la contempler et d'écouter ses mots.

Il ne voit même plus les récifs s'approcher,
Il n'a d'yeux que sur les hauteurs d'où les maux sont disséminés.
À la fin, je crois que les vagues engloutissent le petit bateau et le batelier.

Paix à son âme, il en est ainsi,
Le chant de la Loreleï a encore pris une vie.

Le lied de H. Heine consacré à Loreley
Le lied de H. Heine consacré à Loreley

Saint-Goarhausen au pied du château
Saint-Goarhausen et ses vignes au pied du château
En revanche le village de Saint-Goarhausen dominé par le château-fort du Katz (du Chat) mérite le coup d’œil.

La route ensuite continue ses grandes courbes; plus de villages mais une vallée élargie passant au pied des deux forteresses en ruines des "frères ennemis". Le site est joli mais l'architecture trop et mal restaurée pour mériter un arrêt. Nous arrivons enfin au pied du donjon authentique et impressionnant de Marksburg juché sur son promontoire. Malheureusement il est 17:30, les visites ont cessé depuis 1/2 heure, on ne peut qu'admirer un peu la vue sur la vallée du Rhin depuis la porte fermée. Comme cette forteresse paraît vraiment valoir l'exploration, nous décidons d'attendre son ouverture demain matin et bivouaquons à son pied dans le grand stationnement vide.
Marksburg
              sur son éperon
Marksburg sur son éperon


Samedi 1er août 1992 : de MARKSBURG à BAD DURKHEIM
Marksburg : Salle des Chevaliers
Marksburg : Salle des Chevaliers
Nous commençons la journée par l'escalade du rocher sur lequel se dresse la forteresse de Marksburg, un remarquable château médiéval dont nous parcourons les salles fort bien restaurées à la suite d'un guide qui, pour une fois, parle français. Au cœur d'une cour minuscule enserrée dans les bâtiments du corps de logis, la haute tour du donjon s'ancre sur la roche brute. Belle salle des chevaliers avec ses coffres, ses placards intégrés dans les murs aux portes garnies de fer forgé, ses toilettes rustiques, ses tapisseries du XIIème (copies de Cluny). Remarquable Salle de garde avec sa collection de costumes de guerriers allant de l'hoplite grec au chevalier du XIVème.

Une batterie aux bombardes de fer et de bronze pointe sur le Rhin. Un petit jardin de plantes médicinales et d'herbes odorantes est coincé entre la muraille du donjon et le chemin de ronde... Depuis ses créneaux, la vue s'étend amplement sur la vallée qui s'élargit derrière le grand fleuve, au fur et à mesure de sa progression vers le nord.

La visite de ce burg garanti 100% authentique valait assurément le déplacement et le bivouac à ses pieds. Nous gagnons bientôt Koblenz où nous nous perdons un peu dans les entrées et sorties d'autoroute, à la recherche du confluent du Rhin et de la Moselle. Nous renonçons finalement à trouver ce lieu plus symbolique que réellement intéressant pour suivre la rive gauche du Rhin dont nous entreprenons maintenant la remontée.

Nous ignorons Stolzenfels dont les créneaux néo-gothiques du XIXème stimulent peu notre curiosité. En revanche la silhouette du Marksburg, perché sur sa butte de l'autre côté de l'eau, me captive à nouveau. La route, rapide, longe le grand fleuve; entre Boppard et Bad Salzig les silhouettes des châteaux "des frères ennemis" se profilent sur le coteau en face, suivis peu après par le burg Maus (la Souris). A Saint-Goar nous allons flâner dans le dédale de tours, de cours, de casemates et de galeries voûtées du burg Rheinfels. Beau panorama sur la courbe du Rhin depuis la haute tour, avant qu'une brusque averse nous fasse trouver refuge dans notre Aigle.
Stolzenfels
Stolzenfels

Monique contemple la Rheingoldstrasse
Monique contemple la Rheingoldstrasse
Quittant la grande route longeant la rive, nous empruntons alors le joli parcours de la Rheingold Strasse qui, grimpant au flanc de la vallée, nous fait errer à travers moissons et vignobles et nous fait tomber par hasard sur un superbe point de vue au dessus et en face de la Loreley. Nous découvrons ensuite quelques autres belvédères grandioses surplombant le cours majestueux du fleuve, jusqu'à Oberwesel; là, dans un virage au milieu des vignes, apparaît soudain le bourg dominé par le burg Shönburg avec, en arrière, ancré comme un vaisseau au milieu des remous, la petite silhouette blanche du burg Pfalz.

Toujours par les détours de la Rheingold Strasse, nous arrivons ainsi à Bacharach; sa Blücherstrasse bordée de maisons fleuries à colombages nous tombe dans l’œil, au point d'en filmer intégralement la traversée avant de nous y promener à pied et d'y déguster une crème glacée...

Dernière étape de notre itinéraire rhénan : Rheinstein, un autre château perché sur un à-pic dominant le courant. Trouvant trop chère l'entrée exigée, Juliette et moi poussons un peu plus haut l'escalade de la falaise jusqu'à la Schweizerhaus, une petite tour de guet offrant une vue plongeante sur la forteresse et sur le dernier méandre du Rhin avant Bingen, la fin de notre excursion dans cette fameuse vallée.
St-Goarhausen et le burg Katz
St-Goarhausen et le burg Katz

Le chauffeur assoiffé sur la Rheingoldstrasse...
Le chauffeur assoiffé sur la Rheingoldstrasse...
L'après-midi touche à sa fin lorsque nous décidons d'attaquer sans délai la Deutsche Weinstrasse (la Route Allemande du Vin); elle nous permettra d'aller dormir ce soir au milieu des vignes avant de rallier demain Baden Baden et la Forêt Noire. Un bref détour par Worms nous fait connaître une vaste cathédrale romane de pierre rouge encore davantage ocrée par le soleil couchant. La lumière rasante accentue le dessin des galeries naines superposées plaquées sur ses deux absides opposées, chacune cantonnée de deux tours rondes qui donnent une élévation et un élan encore plus puissants à l'édifice. Mais les portes sont bien entendu fermées à cette heure (19:30) et nous ne verrons rien de l'intérieur.

Nous reprenons la route qui serpente à travers d'immenses vignobles et des villages soignés où des banderoles barrant la rue principale invitent à festoyer et à se délecter du vin de l'année ("weinfest"). Arrivant au crépuscule dans la petite ville viticole de Bad Durkheim, nous tentons de nous installer dans les ruines de l'abbaye de Limbourg au dessus de l'agglomération, mais un spectacle a monopolisé toutes les places de stationnement disponibles. Nous finissons par trouver refuge en haut de la ville, en bordure d'un nouveau quartier, où nous achevons la soirée par une dégustation de choucroute alsacienne (!) Saupiquet arrosée de vin du Rhin...


Dimanche 2 août 1992 : de LIMBOURG (BAD DURKHEIM) à EBERSTEINBURG

Le soleil tape dur sur le toit lorsque nous nous réveillons mais le silence demeure quasi absolu. Je prends ma douche avant de retourner sur le site des ruines de l'abbaye à quelques kilomètres au milieu des bois. Un bout de film gardera le souvenir de ces hauts murs de brique et de pierre rouge, spacieux mais sans aucun ornement ni toit, où effectivement des spectacles comme celui d'hier soir (une vaste fresque historique) doivent prendre une ampleur assez extraordinaire. Juliette et Monique se lèvent pendant ce temps puis nous déjeunons sous les grands arbres avant de reprendre la Route Allemande des Vins serpentant à la limite du massif du Haardt et de la plaine du Rhin couverte de vignobles. Les villages "typiques" (maisons à structure de bois, ruelles pavées, arches de porte de cellier en pierre plus ou moins sculptée...) se succèdent, tous pimpants et prospères, quoique plus ou moins semblables les uns aux autres. Pour en voir un peu plus, nous nous hasardons dans les rues de Mussbach, mais une Weinwerke (kermesse du vin) animée par un orchestre de blues (!) nous en chasse vite. Quelques kilomètres plus loin, je me faufile dans les ruelles jusqu'à la place centrale (Markt) de Neustadt a.d. Weinstrasse et, accompagné de Juliette, filme la jolie fontaine où barbotent des pigeons, entourée de ses traditionnelles maisons à colombages et de son Hôtel de Ville du XVIème...

Il fait très chaud et humide dans le plaine envahie par les rangées de ceps; aussi la perspective de nous élever vers la fraîcheur des forêts en altitude nous séduit-elle. En route pour le sommet du Kalmit à 643 mètres. Notre Aigle peine un peu à grimper les épingles à cheveux et les rampes raides zigzagant dans la forêt de pins mais nous finissons par arriver au but. S'il fait effectivement un peu moins étouffant sous les arbres là-haut, la vue sur la plaine viticole est limitée, embrouillée par la brume de chaleur et la forte humidité ambiante. Nous redescendons à travers les bois en traversant au passage le petit village de Saint-Martin, égal à tous ceux que nous avons déjà vu (pittoresque monotone !), puis nous achevons de parcourir la Route Allemande des Vins (vignes et villages opulents) jusqu'à Wissembourg et la frontière française.

A partir de là, les vignes sont remplacées par le maïs et les céréales à moitié moissonnées envahissant les pentes douces du nord de l'Alsace. Nous tentons de franchir le Rhin par le bac de Seltz, mais l'installation du pont de bateaux rouillés complétée d'un tout petit traversier poussif doit bien dater de la dernière guerre, et le service y est d'une lenteur effroyable. Après une demi-heure d'attente vaine, nous faisons demi-tour et rejoignons l'Allemagne un peu plus bas par le pont de Benneim. Quelques centaines de mètres plus loin, une sablière offre un plan d'eau émeraude et invitant; aussitôt Juliette et Monique se précipitent pour une baignade rafraîchissante. Nous "zigonons" ensuite un peu dans les alentours de Rastatt pour trouver le château de La Favorite dont je parcours seul les allées du parc dans le crépuscule; mes équipières sont fatiguées et préfèrent relaxer dans l'Aigle pendant que je filme l'élégante architecture galante, le bassin aux eaux dormantes où barbote une colonie de canards et quelques perspectives curieuses ou recherchées.

Jean-Paul devant une fontaine de Baden Baden
Jean-Paul devant une fontaine de Baden Baden
Une dizaine de kilomètres encore et nous sommes au cœur de Baden Baden, flânant sous les grands arbres superbes de la Lichtentaler Allee. Un orchestre joue de la musique légère devant la Goethe Platz où curistes et touristes dégustent des pâtisseries arrosées de vin blanc de la région. Des petits ponts fleuris franchissent l'Oosbach canalisée tandis que de magnifiques hôtels et autres immeubles fin de siècle forment la toile de fond.

Juliette fait quelques simagrées pour se faire photographier par sa mère dans ce décor raffiné, puis nous tentons de quitter l'élégante ville d'eau pour entamer notre itinéraire de la Forêt Noire dont c'est le point de départ. Mais la circulation est interrompue en plein centre de l'agglomération par une zone piétonnière infranchissable et, après plusieurs tentatives infructueuses et enrageantes nous menant à des culs-de-sac, nous nous retrouvons en direction de Gernsbach, soit à 90º de notre objectif... Juliette joue les cover-girls à Baden Baden
Juliette joue les cover-girls sur les pelouses de Baden Baden

La route nous entraîne immédiatement dans un décor de montagne, grimpant en de longues courbes à l'assaut des premiers contreforts du Schwarzwald. Finalement, à la nuit tombée, nous grimpons jusqu'à la ruine de l'Ebersteinburg. Nous y trouvons un stationnement accueillant et désert qui nous servira de bivouac nocturne.



6 : En Forêt-Noire


Itinéraire en Forêt Noire
Notre itinéraire en Forêt-Noire


Lundi 3 août 1992 : de l'EBERSTEINBURG à FOHRENBUHL

Nuit sans bruit, avec une légère pluie peu avant notre lever. Je suis un peu la Panoramaweg (Chemin panoramique) au dessus du village révélant quelques jolies échappées sur les petites maisons groupées autour de l'église sur fond de montagnes embrumées. Je grimpe ensuite au sommet du donjon à l'ombre duquel nous avons dormi : vue étendue sur les vallées au pied de la Forêt Noire et sur les monts couverts de sapins vert sombre. Pendant ce temps, Juliette et Monique se sont préparées et, après un détour nous ramenant à Lichtental aux portes de Baden Baden (mais du côté sud cette fois), nous sommes bientôt sur la "Route des Crêtes". On monte aux alentours de 1 000 m par une route large et excellente en empruntant de longues rampes très bien redressées, mais de paysage point : les arbres omniprésents, hauts et touffus, coupent totalement la vue que l'on devine pourtant grandiose sur les pentes envahies par la forêt. Pas de villages, seulement quelques grands hôtels ou kurhaus; on ne se risque pas loin sur leur terrain privé qui pourtant doit offrir de beaux dégagements. Court arrêt au Mummelsee, célèbre petit lac sombre et circulaire entouré d'arbres qui serait sympathique, n'était-ce la foule des touristes en pédalo ou en barque qui l'ont investi ou qui assiègent les innombrables boutiques de bébelles-souvenirs... O Nature !

Monique et Juliette au pied de la cascade
              d'Allerheiligen
Monique et  Juliette au pied de la cascade d'Allerheiligen

Le détour vers Allerheiligen est plus agréable : d'abord la petite route offre davantage de perspective sur les panoramas qui, effectivement sont larges et séduisants; ensuite les ruines romantiques du petit "kloster" (prieuré) occupent un charmant vallon qui a gardé un caractère plus rustique qu'à Mummelsee, bien que là aussi on soit loin d'être seuls... La balade enfin le long du gracieux torrent nous mène aux chutes d'Allerheiligen.



Celles-ci n'offrent pas de dénivellation spectaculaire, mais une succession de cascades et de tourbillons très variés, pleins de fantaisie ou de poésie : les dessins et mouvements présentés par l'eau giclant, fusant, virevoltant... enchantent  l’œil et charment l'esprit, à la fois stimulants et reposants, finalement plus admirables que tous ces jets d'eau et fontaines des châteaux qui ont tenté de recréer artificiellement la grâce de ces jeux d'eau naturels. Allerheiligen-Monique-&-Juliette-devant-cascade
Monique et Juliette au pied de la cascade d'Allerheiligen

La petite route, très raide, sinueuse et étroite se poursuit, demandant bien des efforts à notre petit moteur qui tire vaillamment nos trois tonnes par dessus monts et précipices jusqu'au plateau près de Kniebis où, nous hasardant sur un chemin de terre assez pentu, nous faisons halte pour admirer le vaste paysage.
Kniebis-l_Aigle-devant-panorama
Kniebis : l'Aigle devant le panorama

Descente rapide ensuite jusqu'à Freudenstadt, une ville moderne où nous faisons le plein d'eau et de carburant avant d'emprunter la vallée sauvage et tranquille de la Kinzig : paysage très alpestre de chalets, de vertes prairies, de scieries traversées par la petite rivière déboulant à travers les rochers...

Hôtel de
              Ville de Schiltach
Hôtel de Ville de Schiltach
Le village de Schiltach, où nous soupons dans une prairie au bord de l'eau, nous séduit particulièrement par ses vieilles maisons de bois restaurées se mirant dans le torrent, ses fleurs, son calme, sa place pentue aux pavés inégaux entourée de façades aux pans de bois et dominée par son Rathaus peint du XVème.

Monique suggère de s'arrêter là pour la nuit mais je trouve qu'il fait encore trop chaud et humide dans ce joli bourg de fond de vallée. Aussi poursuivons-nous jusqu'à Schramberg avant de monter vers Lauterbach puis Föhrenbuhl où, parvenus au col à plus de 700 mètres d'altitude, nous dormons en plein champ, abrités du soleil matinal par les premiers arbres de la grande forêt sombre.

Schiltach-Jean-Paul-filme-fontaine-devant-Rathaus.
Schiltach: la fontaine sur la place devant le Rathaus.


Schiltach: Juliette sur la fontaine devant le Rathaus
Schiltach: Juliette sur la fontaine devant le Rathaus

Mardi 4 août 1992 : de FOHRENBUHL à BRANDENBERG

Sommeil frais et particulièrement silencieux, à peine troublé par les ennuis gastriques et les nausées de Monique... Nous redescendons jusqu'à Hornberg avant de grimper à nouveau les cols de Büchereck (651 m) et de Landwassereck pour remonter ensuite la jolie vallée de l'Elz, déserte et étroite, dont nous allons admirer les cascatelles au moment de bifurquer en direction du Rohrhardsberg. Quelques kilomètres de route forestière acrobatique puis nous nous embarquons à pied dans un sentier zigzagant sous les arbres et parmi les fleurs sauvages pour atteindre enfin le Gasthaus Schwedenschanze à 1 152 mètres. Nous y attendent un paisible paysage de chalets et de pâturages où ruminent des vaches à clochette... et un grand bol d'air : plus d'une heure d'excursion là où le Guide Vert annonçait 15 minutes aller/retour ! Nous nous égarons ensuite à chercher la petite route menant à la Donauquelle (source du Danube), probablement quelque chemin forestier maintenant fermé d'une barrière cadenassée infranchissable... puis nous gagnons Furtwangen.

C'est une petite ville animée où Monique et Juliette ont juste le temps de visiter le Musée de l'Horlogerie Allemande tandis que je reste dans le camping-car à me rafraîchir (il fait encore très chaud aujourd'hui), à me restaurer et à me reposer.

Puis, vexés de ne pas en avoir trouvé le chemin à partir du Rohrhardsberg, nous prenons la petite route de la Martinkapell et de la Donauquelle. Quelques kilomètres d'une jolie vallée champêtre et nous atteignons la "source" du Danube, un mince ruisselet capté au pied d'une prairie... Les pancartes et autres pubs de la grosse auberge installée juste au dessus en exagèrent un peu trop l'intérêt à notre goût, mais la campagne est bien belle à cette heure où le soleil descendant avive la verdeur des prairies et le bleuté des collines alentour...
Furtwangwen : Musée de l'Horlogerie
Furtwangwen : Musée d de l'Horlogerie

Nous poursuivons vers le sud la grande route accidentée ménageant de belles vues sur les hameaux et les fermes à flanc de montagne. Vingt cinq kilomètres et nous sommes à l'entrée de Titisee, une station balnéaire courue qui semble essentiellement vouée au tourisme, au point qu'on se trouve dirigé sans trop le vouloir vers un immense parking à l'écart du centre d'où l'on doit gagner à pied le bord du lac. Il est déjà tard, nous apprécions peu le procédé, d'autant que la rue qu'il faut obligatoirement emprunter paraît très commerciale... Nous renonçons donc à contempler la rive de ce lac dont on ne dit pourtant que du bien dans le Guide Vert et, virant dans le stationnement envahi par des camping-cars de toutes sortes, nous grimpons jusqu'au pied du Feldberg.

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Sur la route du Feldberg
Si là le stationnement est vide, c'est qu'il est près de 19:00 et que le télé-cabine a cessé son va-et-vient depuis longtemps. Peu importe, nous ferons la balade à pied ! S'engage alors une course avec le soleil pour le voir se coucher sur la Forêt Noire du haut du sommet arrondi dont le point culminant (1 493 m) semble se dérober au fur et à mesure de notre montée.

Si là le stationnement est vide, c'est qu'il est près de 19:00 et que le télé-cabine a cessé son va-et-vient depuis longtemps. Peu importe, nous ferons la balade à pied ! S'engage alors une course avec le soleil pour le voir se coucher sur la Forêt Noire du haut du sommet arrondi dont le point culminant (1 493 m) semble se dérober au fur et à mesure de notre montée. Je finis par distancer mes équipières et arrive juste à temps près des antennes des armées américaine et française pour filmer les derniers rayons dorés disparaissant derrière les hautes crêtes aux lignes adoucies du Schwarzwald à l'ouest. Monique et Juliette me rejoignent peu après et nous entamons dans l'obscurité grandissante le chemin du retour.
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Coucher de soleil sur le Feldberg

Heureusement, celui-ci est bien balisé, mais des clôtures intempestives nous font faire un large détour, et nous ne retrouvons - avec quelque hésitation sur la direction à prendre dans la nuit maintenant complètement tombée - notre Aigle que passé 22:00. Il est grand temps de chercher un terrain accueillant pour souper et dormir; nous le trouvons dans un hameau en contrebas de la route descendant vers Brandenberg et y passons une nuit paisible.


Mercredi 5 août 1992 : de BRANDENBERG à FROIDECONCHE (LUXEUIL, FRANCE)
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Route du Belchen
La nuit a été fraîche, mais le grand soleil qui nous accueille au lever réchauffe vite l'atmosphère. Aujourd'hui nous terminerons en beauté notre tour en Forêt Noire par l'ascension du Belchen, un autre sommet culminant à 1 414 m qui offre une vue *** sur le massif et sur la plaine du Rhin à sa lisière. Suivant la profonde vallée de la Wiese, nous gagnons Shönau, un village soigné où nous hésitons sur la direction à suivre.

Rebroussant chemin d'un kilomètre nous bifurquons sur la route du Belchen qui ne tarde pas à monter rudement à travers les sapins. La vue se dégage lorsque nous atteignons le Belchen Gasthaus devant lequel nous allons stationner. Le reste de la balade se fait à pied : nous nous trouvons juste sous la calotte du "ballon", il reste seulement quelques 200 mètres à parcourir sur un chemin confortable pour parvenir au belvédère souligné d'une croix. Monique-&-Juliette-devant-belvdere-sur-vallee-Shonau
Monique et Juliette devant le belvédère sur la vallée de Shonau

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Juliette et Jean-Paul sur le Belchen
Et là, une vue d'une ampleur exceptionnelle se déploie sur des vallées comme le Munstertal et le Wiesental lacérant le flanc ouest de la Forêt Noire; on devine dans la brume bleue à l'ouest une portion du ruban brillant du Rhin doublé de son canal près de Breisach; derrière nous, au nord-est, pointent les antennes du Feldberg visité hier soir, mais au sud la vue est trop embrouillée pour qu'on aperçoive la barrière des Alpes.

Il reste qu'il fait très beau, la vivacité de l'air d'altitude rend supportable la chaleur du soleil éclatant, on jouit sans réserve de la sensation d'immensité offerte par ce site grandiose.

Panorama sur les Monts depuis le Belchen
Panorama sur les Monts depuis le Belchen en fin de journée

Après une heure de ce bain de lumière et d'espace, nous franchissons le col du Wiedeneck Eck puis redescendons la vallée assez abrupte de Munstertal. Nous rattrapons ensuite le Schauinsland (1 286 m) par une toute petite route funambulesque.
Vallée du Munstertal
La très verte vallée du Munstertal

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Monique devant le panorama du Schauinsland
Un bref arrêt nous laisse contempler le paysage de pâturages et de crêtes boisées de la Forêt Noire tandis qu'au nord, dans la plaine en bas, on devine les tours et les toits de Freiburg.

Nous nous dirigeons vers la grande ville en dévalant les virages serrés qui ont valu à cette route de devenir le site d'une fameuse course de côte. Aucun doute, elle mérite bien cette vocation !

L'après-midi est encore très chaud lorsque nous commençons notre tour de Freiburg im Breisgau étalée à l'orée de la plaine du Rhin, au débouché de la vallée montagneuse du Höllental. Nous passons d'abord la Schwabentor, une belle porte médiévale donnant accès aux petites rues sinueuses menant à la place de la cathédrale (Munsterplatz).
Freiburg
              : Schwabentor
Freiburg : Schwabentor

Freiburg :
              Kafhaus
Freiburg : Kafhaus

On cuit sur son pavé sans ombre qui réverbère les rayons brûlants du soleil; aussi ne jetons-nous qu'un coup d'oeil rapide à l'ancien Kaufhaus, une joli bâtiment gothique crépi de rouge et flanquée d'une échauguette à toit aigu, ainsi qu'au digne palais archiépiscopal et à l'opulente Wenzingerhaus.

Nous nous dirigeons plutôt vers la cathédrale et sa tour dont nous entreprenons aussitôt d'escalader les 357 marches - méticuleusement comptées par Juliette.
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Freiburg : la cathédrale

Le petit escalier en colimaçon débouche sur une galerie en étoile garnie de superbes gargouilles démoniaques à souhait, entourant une terrasse coiffée d'un beau clocher ajouré octogonal

Gargouilles de la cathédrale de Freiburg
Gargouilles de la cathédrale de Freiburg
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Terrasse de la cathédrale de  Freiburg

Par les grandes baies ogivales on découvre des vues superbes sur la place à nos pieds et ses monuments à peine entrevus tout à l'heure, et sur les tours et les toits de tuile de la vieille ville limitée par ses portes monumentales. On grimpe encore d'une vingtaine de mètres et l'on atteint la galerie supérieure entourant la base de l'admirable flèche ajourée, une dentelle de pierre comme nous n'en avons jamais vu, qui conjugue acrobatiquement terre et ciel dans l'entrelacs de ses courbes et de ses rosaces.
Centre
              ville de Freiburg
Centre ville de Freiburg

Il semble qu'un peu de l'air des montagnes à l'horizon parvienne jusqu'à nous pour nous rafraîchir; la splendeur du lieu et du point de vue invite à la contemplation, il faut l'attrait des autres curiosités de cette belle ville pour me faire redescendre sur terre et sur les dalles de l'église. Au passage nous admirons l'antique charpente de la tour à laquelle est suspendu le carillon de 28 cloches.

Portail ouest de la cathédrale de Freiburg
Portail ouest de la cathédrale de Freiburg
Dans la cathédrale elle-même, c'est le porche et le portail ouest qui nous impressionnent le plus : tout un défilé de statues polychromes du XIIIème présente à gauche le "Prince de ce monde" et les Vierges sages, tandis qu'à droite leur font face les Vierges folles au visage amer, Sainte Marguerite et Sainte Catherine; sur le tympan flanqué de la Synagogue aux yeux bandés apparaissent des scènes entremêlées consacrées à la vie de Jésus. L'ensemble est extraordinaire de vie et forme une composition médiévale comme on en voit rarement dans cet état de conservation et de fraîcheur.

Lorsque l'on franchit les grandes portes de chêne, on découvre entre leurs deux battants du côté intérieur une admirable Vierge au pilier (XIIIème) d'une délicate élégance...
Freiburg Vierge au pilier
Freiburg : Vierge au pilier

Cthedrale de Freiburg : Cène par Hauser
Cathédrale de Freiburg : Cène, par Hauser

...puis, en parcourant la nef, de forts beaux vitraux à médaillons de la même époque, un Saint-Sépulcre du XIVème et une Cène du XIXème qui n'est pas en reste au plan de l'émotion.



A notre sortie du riche édifice, nous tombons sur les étals d'un tardif marché aux fruits et légumes. La fraîcheur ressentie sur la tour perdure, entretenue, semble-t-il, par l'eau courant dans les profonds caniveaux sillonnant les rues pavées de la vieille ville.
Freiburg : caniveau d'eau fraîche
Freiburg : caniveau d'eau fraîche

Freiburg-Rathaus
Freiburg : le Rathaus
Nous gagnons la Rathausplatz, agréablement ombragée, sur laquelle donne le "Nouvel Hôtel de Ville" composé de deux maisons du XVIème raccordées par une galerie à arcade débordante de fleurs...

Nous rattrapons ensuite la Martinstor sous laquelle s'est niché un Mc Donald où nous nous restaurons en passant, puis nous traversons l'Insel en suivant la Gerberau le long du quai bordant le Gewerbekanal, ses vieilles maisons et son quartier pittoresque. Devant ses façades à colombages abritant de jolies boutiques, des enfants pataugent dans les rigoles où roule l'eau descendue directement des montagnes.
Freiburg :
              Fishergau
Freiburg : Fishergau

Repassant sous la Schwabentor, nous retrouvons notre Aigle sur son parking à l'ombre et sans contravention - malgré l'expiration du parcmètre ! Il ne nous reste plus qu'à rattraper l'autoroute en direction de la France pour, via Mulhouse et Belfort, rallier sans escale Froideconche où Édouard, Aimée, Maman et Gilles nous accueillent chaleureusement.

Ainsi s'achève notre beau périple germanique pour cet été.

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Freiburg im Breisgau  au couchant

Outremont le 21 septembre 1992


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