Monique, Jean-Paul et Juliette MOUREZ à bord de l'Aigle
Mercredi 22 juillet 1992 : de BODENMAIS à WALDSASSEN
Dans la nuit, le frigo laissé branché a achevé
d'épuiser notre batterie accessoire probablement bien affaiblie
par les très longs démarrages d'hier soir, et nous sommes sans
courant pour la douche matinale. En revanche, la pluie et l'orage
qui n'ont pas cessé de la nuit ont apporté une température plus
clémente pour notre moteur et pour nous-même. Nous poursuivons
donc notre route vers le massif du Grosser Arber. Le vent frisquet
ride le petit lac rond d'Arbersee lorsque j'en fixe l'image
quelques instants. Nous escaladons les 1 000 mètres menant à la
station du téléphérique du Grosser Arber, mais la montagne
immédiatement au dessus de nous disparaît dans les nuages.
Nous déjeunons et nous douchons sur le parking, maintenant que la
batterie a repris un peu d'énergie avec la rude montée. Puis,
renonçant à l'excursion en télésiège dans cette atmosphère
bouchée, nous poursuivons la route de montagne serpentant entre
les grands sapins noyés dans la brume.
Pluie et froid se poursuivent, diminuant lorsque nous redescendons vers Lam, à 576 mètres d'altitude. Au dessus de Kotzting, apercevant la silhouette pittoresque d'une chapelle sur une colline, je fais un détour pour découvrir la charmante église de pèlerinage de Wessenregen : un joli retable baroque, une chaire originale avec des apôtres pêcheurs dans leur barque lançant le filet, un cadre champêtre à souhait...
Église de Kotzing |
Église de Kotzing
|
Un chemin étroit et sinueux à travers le boisé
nous ramène sur la grande route à Grossenschwand. Nous passons
Weiden sous la pluie et poursuivons la route typique de la Forêt
Bavaroise (collines, grandes cultures céréalières entrecoupées de
forêts, villages cossus et soignés) pour arriver à la nuit
tombante dans la petite ville de Waldsassen. Le stationnement
d'une école un peu à l'écart du centre ancien et désert nous
accueille dans l'obscurité et la tranquillité pour la nuit.
Les enfants arrivant à
l'école pour leurs activités d'été nous réveillent comme
dans d'autres cas semblables à 7:45. Après le démarrage et
les corvées habituelles (douches, rangement, vaisselle...),
nous allons stationner notre Aigle sur la petite place
devant la vaste basilique de 1704, à la façade sobre et
peinte. |
Waldsassen : façade
de la basilique
|
Nef de Waldsassen
|
Orgue de Waldsassen
|
Bibliothèque de Waldsassen |
Nous passons ensuite au
morceau de choix : la bibliothèque de 1726 qui, elle, est un
enchantement. La voûte est finement couverte de stucs
polychromes à motifs rustiques (rameaux et fleurs) sur fond
blanc, mais surtout les tablettes, les rayons, les
balustrades et les atlantes les supportant sont
méticuleusement et délicatement sculptés dans un bois blond.
|
Bibliothèque de Waldsassen : l'Hypocrisie |
Bibliothèque de Waldsassen : la Sottise |
Bibliothèque de Waldsassen : l'Arrogance |
Bibliothèque de Waldsassen : Hercule |
Bibliothèque de Waldsassen : la Jeunesse |
Bibliothèque de Waldsassen : décor (l'Air ?) |
Bibliothèque de Waldsassen : la Vieillesse |
Kappel : église de la Trinité |
Après le choix - difficile - des cartes
postales d'usage, nous rembarquons à bord pour quelques
kilomètres d'une route champêtre jusqu'à Kappel, une autre
église de pèlerinage datant de 1689 isolée au milieu des
prairies.
|
L'après-midi est déjà
assez avancé lorsque nous gagnons Luisenburg et son fameux
chaos de rochers arrondis et entassés par l'érosion
glaciaire. |
Jean-Paul dans le
Chaos de Luisenburg
|
Nous poursuivons la jolie route vallonnée pour
enfin aller dormir sur le stationnement du parc et du château de
l'Eremitage, à deux pas de Bayreuth. On joue bien un spectacle
théâtral dans un coin du jardin, mais vers 10:30 le parking se
vide et il ne reste plus que trois camping-cars à y passer la
nuit.
Vendredi 24 juillet 1992 : de BAYREUTH à VIERZEHNHEILIGEN
C'est le vacarme des tondeuses des jardiniers qui nous réveille ce matin... à 7:15. Il fait encore très beau. Monique paresse un peu au lit tandis que j'entraîne Juliette à travers le parc déjà entrevu avec sa mère hier soir. Les bordures colorées soulignent un espace paysagé animé, une partie du jardin aménagé à la française offre un long bassin que rident deux petits jets d'eau entourés de longues charmilles. Plus près du petit château s'étend un parc à l'anglaise où plusieurs fontaines monumentales ("grotte") font bruire leurs jets d'eau durant cinq minutes à chaque heure juste. Je filme celle qu'encadre l'élégante orangeraie en fer à cheval dont le décor de petite pierre multicolores incrustées dans les murs, façon mosaïque, intrigue beaucoup Juliette.
Bayreuth : façade arrière de Wahnfried et tombe de Richard et Cosima Wagner |
Puis nous gagnons le
centre de Bayreuth, une ville animée où nous tâtonnons un
peu pour trouver une place devant le Nouveau Palais du
margrave. Nous le contournons pour nous engager dans le beau
parc ombragé où nous trouvons bientôt l'entrée arrière de
Wahnfried (Paix Suprême), la luxueuse villa de Richard et
Cosima Wagner. Après leur sobre tombe, une simple dalle sous
les grands arbres au fond du jardin, c'est leur vaste maison
merveilleusement restaurée qui nous accueille. |
Passé le vestibule, le grand hall qui
servait de petite salle de concert frappe par sa
théâtralité qu'accentue sa couleur (rouge sombre) et sa
hauteur, puisqu'elle traverse les deux étages supérieurs
et s'éclaire d'une large verrière dans le toit. On y
contemple, un peu impressionné, les pianos sur lesquels
joua Liszt et le maître de maison, entourés des statuettes
de marbre immaculé des héros qu'il célébra : Siegfried,
Tanhauser, Tristan, le Hollandais Volant...
Soudain éclate l'ouverture des Maîtres
Chanteurs qui m'attire dans la vaste bibliothèque voisine,
spacieuse et admirablement restaurée après sa démolition
par une bombe alliée en 1945. La pièce est maintenant
transformée en salle de musique : le grand Steinway offert
au compositeur par la célèbre firme trône au milieu de la
rotonde (Liszt le toucha ici à de nombreuses
occasions...), et une chaîne hi-fi superlative y diffuse
en continu des enregistrements historiques du Festival...
|
Bayreuth: les pianos de Liszt et de Wagner... |
Bayreuth Festspielehaus |
Une autre contravention - décidément nous les collectionnons ! - sanctionne notre longue absence, et nous avalons une copieuse collation avant de traverser la ville pour aller contempler le Festspielhaus. Il est malheureusement fermé à la visite et nous devrons nous contenter de contempler de l'extérieur ses formes très fonctionnelles pour l'époque - 1875 - en plus de toutes les informations déjà reçues au musée. |
Nous ne voulons pas quitter Bayreuth sans jeter au moins un coup d’œil à l'opéra des Margraves, surtout étonnant par la richesse exubérante de son décor rococo. Hélas lui aussi est curieusement fermé, sans qu'aucune raison évidente (restauration peut-être ?) ne puisse l'expliquer. Déçus, nous faisons quelques pas sur la place centrale réservée aux piétons pour acheter quelques cartes postales donnant une idée de tout ce que nous avons manqué... | Grande façade de l'Opéra des Margraves à Bayreuth |
Vierzehnheiligen
|
Les petites routes se
succèdent, parfois difficiles à démêler; nous finissons
cependant par arriver au sanctuaire de Vierzehnheiligen, une
superbe église de pèlerinage baroque, élevée à flanc de
colline au dessus d'un vallon paisible. Mais le soleil se couche bientôt, dorant encore davantage les belles pierres ocres dont est bâti le sanctuaire. Il est maintenant trop tard pour franchir les grandes portes de chêne sculptées comme une 'armoire normande, aussi trouvons-nous une petite place juste à côté de l'église pour passer la nuit. |
Samedi 25 juillet 1992 : de VIERZEHNHEILIGEN à NEUHAUS AM PEGNITZ
Au matin, grand soleil.
En nous réveillant à deux pas de l'église, nous entendons
les échos de l'orgue et des chants... j'ai raté la messe
de 8:00 à laquelle je voulais assister ! Je me prépare
rapidement et pénètre sous la voûte. J'y découvre un plan
inhabituel tout en courbes harmonieuses centrées sur
l'autel des Quatorze Intercesseurs. Le décor rococo tant
du maître autel que des voûtes ou des autels latéraux
montre beaucoup de raffinement, les couleurs des fresques
du plafond et les rechampis d'or soulignant colonnes et
stucs sont merveilleux de fraîcheur... |
Vierzeheiligen :
intérieur de la basilique
|
Vierzenheiligen : putti |
Bref le coup d’œil est un
enchantement; je reste un long moment à admirer, puis à
filmer, particulièrement intrigué par le dessin
inhabituel de l'autel central votif en forme de dais
inscrit dans un fer à cheval, et fasciné par l'élégance
de statues des Intercesseurs ou des putti surmontant les
confessionnaux ou les corniches.
J'assiste ensuite à la messe de 9:30
qui me donne l'occasion d'entendre le grand orgue
accompagnant les fidèles venus en autobus de fort loin
prier les Saints Intercesseurs. La cérémonie me paraît
un peu longue, mais elle me permet de filmer tout à
loisir et sous tous les angles l'intérieur de l'église.
|
Vers midi nous quittons ce site fort joli et, ralliant l'autoroute, gagnons la vieille ville de Bamberg à une cinquantaine de kilomètres. Laissant notre Aigle en plein cœur de la vieille cité, nous grimpons par les ruelles pavées découvrir la cathédrale gothique, une merveille avec son double chœur à chaque extrémité, ses fameuses sculptures médiévales (le "cavalier de Bamberg" du XIIIème, le tombeau d'Henri II et de Cunégonde, aux scènes finement détaillées, la Synagogue au regard voilé et aux plissés rappelant l'antique, et enfin un superbe retable de la Nativité de 1523 ciselé dans un bois très sombre...). | Vieux toits de Bamberg |
La jolie cour intérieure de l'Ancienne Résidence
vaut bien un coup d’œil avec ses grands toits de tuile brune
garnis de lucarnes étagées et ses galeries de bois abondamment
fleuries. Puis nous traversons la Nouvelle Résidence pour gagner
sa roseraie (couleurs et parfums enchanteurs) précédant la
terrasse dominant la ville et ses toits de tuile dispersés comme
un peu au hasard
Bamberg : pont sur la Regnitz |
La descente ensuite
jusqu'au bord de la Regnitz mène à ses ponts, offrant un
coup d’œil pittoresque sur ses vieilles maisons et sur son
Ancien Hôtel de Ville (Rathaus) qui occupe un îlot entre
deux bras de la rivière. |
Nous revenons ensuite au camping-car en passant devant le vieux moulin Stein et, empruntant le Markusbrücke pour quitter la ville, jetons un dernier regard vers le quai de la Regnitz et ses maisons de pêcheurs toutes fleuries. | Bamberg : maison de pêcheurs au bord de l'eau |
Bamberg : le quai sur la Regnitz et son ancienne grue |
Bamberg : enseigne de linge pour BB |
Rendus à ce point de notre périple, nous devons reconsidérer (avec pas mal de regrets quant à moi !) notre itinéraire évidemment un peu trop ambitieux. Nous parcourrons bien la Suisse Franconienne jusqu'à Nuremberg, mais couperons ensuite le Jura Souabe pour rallier directement Rothenburg, puis la vallée du Neckar et Heidelberg. Nous monterons ensuite jusqu'à Mayence pour descendre la rive droite du Rhin avant d'en remonter la rive gauche. Nous rejoindrons enfin Baden Baden et traverserons la Forêt Noire jusqu'à Freiburg am Brisgau où s'achèvera notre périple... |
La route pittoresque se
poursuit jusqu'à rattraper la vallée de la Pegnitz, encore
plus sinueuse et parfois sauvage, qui nous amène à Neuhaus
an der Pegnitz. Nous allons y dormir sur le stationnement
devant le château-fort restauré dont le haut donjon
surveille la vallée et le village. |
Bronzes à la fontaine
de Neuhaus an der Pegnitz
|
Sur le quai à Herrsbruck, devant la Wassertor |
Nuit des plus tranquilles, le village
étant fort peu passant la nuit. En revanche il fait très
chaud passé 8:00 car nous sommes en plein soleil. Nous
poursuivons la route longeant la vallée de la Pegnitz,
adorable avec ses défilés miniatures, sa verdure, sa
fraîcheur, ses points de vue inattendus sur les courbes de
la rivière que descendent quelques kayaks. Il ne semble y
avoir qu'un pas de la Suisse Franconienne à la Suisse
Normande et je crois retrouver ici l'Orne ou le Noireau
près de mon Pont-d'Ouilly natal...
Un petit arrêt à Hersbruck nous fait voir un joli village bien restauré où de vieilles maisons se mirent dans l'eau de la rivière au pied de la Wassertor, une haute tour crépie en jaune... |
Vingt-cinq kilomètres
d'une voie rapide nous conduisent au cœur de Nürnberg
(Nuremberg); nous allons stationner tout en haut de la
vieille ville, juste sous la muraille du château. |
Nürnberg : sous le château impérial (Kaiserburg) |
Nürnberg : maison Renaissance |
La Maison de Dürer est à deux pas et
nous la visitons tout d'abord. Elle donne sur une jolie
place entourée de maisons à colombages comme elle, et
devant une tour massive ouvrant dans les remparts de la
cité. La vaste maison ancienne vaut surtout par son
architecture sobrement rénovée et meublée, et par quelques
copies des œuvres les plus célèbres du grand peintre et
graveur de la Renaissance allemande.
|
Musée du Jouet de Nürnberg |
Musée du Jouet de Nürnberg |
Nous sommes bientôt sur le
quai de la Pegnitz, traversons le Maxbrücke en jetant un
coup d'oeil aux colombages de la Halle aux Vins,
franchissons à nouveau la rivière sur une passerelle pour
lécher les vitrines de la riche Kaiser Strasse. |
Nürnberg : quai de la Pegnitz |
Nürnberg : Juliette
sur le pont couvert
|
Passant encore une fois la
Pegnitz grâce au Museumsbrücke, nous admirons la façade de
l'Hôtel-Dieu enjambant la rivière sur deux voûtes
parfaitement arrondies et reflétant ses murs de granit rose
dans l'eau à peine ridée. |
Nous sommes maintenant sur
la place du Hauptmarkt, vaste, bordée à l'est par la façade
gothique en escalier de l'église Notre-Dame; une horloge
animée (close au moment de notre passage) en décore le
faîte. A l'autre bout de cette grande place de Nürnberg
resplendissent les ors de la Belle Fontaine, une autre
construction gothique dont je filme les jolis personnages
colorés et expressifs (prophètes, Grands Electeurs et héros
de l'Ancien Testament). |
Nürnberg : la Belle
Fontaine et l'église Notre-Dame
|
Statues polychromes
dans St-Sebald à Nürnberg
|
Un peu plus loin,
remontant vers le château, nous entrons dans l'église
Saint-Sebald dont la partie ouest, romane du XIIIème,
se distingue nettement du chœur oriental, lumineux, du plus
beau gothique. Remarquables statues polychromes accotées sur
les piliers (Sainte Catherine, Saint Sebald...), monument
funéraire des Schreyer orné d'une admirable Passion
polychrome de 1492. |
Et, frappantes, plusieurs photos de l'église et de la ville en 1945... On déplore le gâchis causé les bombardements alliés sur des cibles aussi peu stratégiques... Quel étonnant travail de reconstruction et de restauration pour restituer le grand chœur gothique quasiment entièrement ruiné ! |
Nürnberg Hauptmarkt
en 1945
|
Une porte de
Rothenburg
|
Longuement attendus, les
remparts et les tours de Rothenburg finissent par arriver en
début de soirée. Nous nous installons près de la Porte de
l'Hôpital, dans un coin de l'immense parking désert où nous
passerons la nuit. Après une première balade à l'intérieur
des murs qui nous offre, dans l'apaisement de la nuit, un
avant-goût de la ville, nous nous endormons dans le calme -
tout relatif - de notre bivouac en vue du gros bastion sud
de la cité. |
Il fait beau - et chaud -
lorsque nous nous réveillons après une nuit passable. Nous
pénétrons à nouveau dans la vieille ville par le côté sud
mais dans la grande lumière du matin cette fois. Après un
coup d'oeil aux bâtiments élégants de l'Hôtel-Dieu : le
pavillon à toit pointu du Hegereiterhausen et la chapelle
gothique toute simple, nous remontons la Spitalgasse jusqu'à
passer sous la Siegersturm pour découvrir le joli carrefour
de Plönlein. Partout maisons à colombages garnies
d'enseignes dorées empiétant sur la rue pavée donnent une
inimitable couleur locale à la scène. |
Rothenburg :
carrefour de Plonlein
|
Rothenburg :
Marktplatz et vieille apoteke
|
Nous gagnons ainsi la
place de l'Hôtel de Ville, nous arrêtant sans cesse, Monique
et Juliette pour examiner les innombrables souvenirs
(nappes, statuettes, poupées...) offerts à leur convoitise,
moi pour filmer le foisonnement des curiosités. |
Empruntant ensuite la
Hafengasse vers l'est, nous passons la porte de Markusturm
(voûte, fontaine et fleurs) puis Monique retrouve la
boutique de laine repérée hier dans l'obscurité sur la
Rodergasse; elle y fait provision de quoi s'occuper les
doigts pour la fin du voyage... Bref passage à la poste pour
expédier notre paquet de cartes postales, puis nous revenons
à l'Hôtel de Ville. |
Rothenburg :
Feuierlinser
|
Place de l'Hôtel de
Ville depuis le haut du beffroi
|
Il est 12:30, l'escalier
donnant accès au beffroi dominant la ville est fermé pour 30
minutes; nous allons donc faire le tour de St-Jakob, une
église gothique toute traditionnelle quoique très sobre,
voire un peu froide, que nous ne faisons que traverser. Il
est alors temps de retourner au Rathaus et à sa tour
dont nous escaladons les 60 mètres de marches raides. |
Là-haut on jouit d'un superbe point de vue sur l'ensemble de la ville ceinte de ses remparts piquetés de tours et sur ses monuments dépassant des toits pentus de tuile brune. Magnifique, surtout avec l'environnement de campagne préservé qui continue d'entourer la vieille cité sur trois côtés. | Juliette sur la tour
de l'Hôtel de Ville
|
Rothenburg : Burgtor
|
Il ne nous reste plus qu'à
faire le tour des agréables parterres du Burggarten au delà
de la Burgtor, haute et massive, qui garde la ville du côté
ouest au dessus du vallon de la Tauber. |
Depuis les murs du jardin, vue pittoresque sur les remparts dominant le ravin, avant de retrouver notre Aigle, moi en gagnant le rempart est et en suivant le chemin de ronde jusqu'à la Spittaltor, Monique et Juliette en parcourant plus benoîtement les deux rues principales et en passant par la bakerei (boulangerie) pour compléter nos provisions. |
La Vieille Forge.
Spittator et le rempart de Rothenburg
|
Rothenburg depuis le
gué sur la Tauber
|
En quittant la ville, nous allons déjeuner à l'ombre (il fait encore très chaud) sous la Sauturm curieusement détachée à l'extérieur de la muraille, avant de descendre dans le vallon et de longer la Tauber jusqu'au gué d'où les remparts et les tours au dessus offrent un dernier coup d’œil rural exceptionnel. |
Nous suivons ensuite
l'itinéraire extrêmement champêtre de la Romantische
Strasse (la Route Romantique) vers le nord, longeant
le cours de la Tauber jusqu'à Markelsheim. Nous y grimpons
au dessus des vignes par un chemin étroit, histoire de faire
une petite lessive dans un coin tranquille avec le reste de
l'eau contenue dans nos réservoirs. Puis nous faisons le
plein d'eau et d'essence à Bad Mergentheim et allons dormir,
20 kilomètres plus loin, en pleins champs au bord de la
Jagst dont nous suivons maintenant les rives. Juliette
fascinée y observe un couple de cigogne en chasse pendant
que nous préparons le souper, à proximité de Krautheim. |
En soirée, Juliette
observe les cigognes au bord de la Jagst
|
Mardi 28 juillet 1992 : de KRAUTHEIM à HEIDELBERG
Abbaye de Schontal
dans son vallon
|
Il fait chaud -
encore ! - lorsque nous nous réveillons au bord de l'eau,
après une nuit idéalement champêtre et paisible. Nous
poursuivons la descente de la pittoresque vallée de la
Jagst, une ravissante rivière sinueuse dont la route épouse
les moindres courbes, au milieu des arbres et des prairies
fleuries. A Schöntal, visite de l'abbaye : |
Schontal : escalier de l'abbatiale |
admirable escalier baroque
à double volée en fer à cheval, cabinet orné de trois cents
petits panneaux peints décrivant les différents ordres et
congrégations de l'Église catholique, antichambre à
l'élégant plafond de stuc représentant des scènes de chasse,
salon de l'abbé au plafond doré et peint, tombeaux des
chevaliers de la famille des Berlichingen... |
Pierre tombale de
Gotz von Berlichingen
|
Porte de la nouvelle abbaye de Schontal |
Grille de la nouvelle
abbaye de Schontal
|
La petite route se
poursuit jusqu'à la ville haute de Bad Wimpfen toute pleine
de ruelles et de maisons médiévales fleuries dont les pans
de bois sont disséminés autour des restes du château roman
du XIIème (Tour Bleue, Tour Rouge...). |
Rempart et tour de
Mockmul
|
Bad Wimpfen : Salsgasse |
Bad Wimpfen : Place de la Fontaine de l'Aigle |
Poursuivant la remontée du
fleuve sur cette rive, nous nous élevons au dessus de la
vallée, passons un petit monastère pour enfin, près d'un
petit cimetière (Ziegelhausen ?), nous installer devant une
extraordinaire vue en enfilade au dessus d'Heidelberg, ses
ponts et ses quais ressortant en noir sur fond de rivière
dorée par les dernières lueurs du couchant. Juliette joue un
moment avec un lapin peu sauvage en rupture de clapier et le
régale de fleurs de trèfle pendant que nous préparons le
souper devant la prairie luxuriante dominant le site. Nous
passons ensuite une nuit super-tranquille sur le
stationnement du cimetière de l'autre côté de la route. |
Heidelberg en soirée
depuis Philosophensweg
|
Levés un peu tard, nous regagnons le centre-ville puis un parking à flanc de montagne à deux pas du château. Celui-ci a été réduit à l'état de ruines par les Français en 1689, mais il semble que petit à petit l'on restaure les grandioses restes rococo pour, aile après aile, reconstruire le palais détruit. | Heidelberg : aile de Frederick IV |
Jean-Paul et Monique sur la Grande Terrasse du château d'Heidelberg |
Nous traversons d'abord le superbe jardin en terrasse puis la cour centrale pour gagner la Grande Terrasse. On y découvre les toits de tuile brune de la vieille ville blottie entre le pied des murailles du château et les rives du Neckar parcouru par les péniches et les bateaux de croisière. |
Nef de l'église du St-Esprit |
Nous descendons par de
raides escaliers jusqu'à la Marktplatz où effectivement se
tient un petit marché coloré autour de l'église du
Saint-Esprit; à l'intérieur, beau chœur lumineux d'église
halle, élégants restes de peintures décorant le plafond... |
Plafond peint de l'église du St-Esprit |
Jean-Paul et Juliette au dessus de la vieille ville depuis Philosophenweg |
Traversant le pittoresque
vieux pont Karl Theodor aux arches rondes de pierre rouge,
nous grimpons le rude sentier du Schlangenweg aux
innombrables marches enserrées entre deux murets de pierre
pour rejoindre, sur le coteau opposé au château, le
Philosophenweg (chemin des Philosophes). Mes compagnes tirent un peu la patte (il fait maintenant très chaud et il est midi...) aussi ne le parcourons-nous pas vers l'ouest au dessus de la ville comme je l'aurais souhaité et gagnons-nous plutôt le jardinet du Holderlin Anlage. Nous profitons au passage de la belle vue sur la vieille ville coincée entre plaine et montagne, et sur la silhouette massive de pierre rouge sombre du château en face, à travers la brume légère de cette chaude journée d'été. |
Une ruelle pentue qui zigzague entre des maisons bourgeoises jouissant d'une belle situation au dessus de la vallée nous ramène ensuite jusqu'au fleuve. Franchissant la rivière au dessus de l'écluse - dont je filme le fonctionnement au passage d'une énorme péniche - nous regagnons les murailles du château par un chemin escaladant (encore !) la rive gauche. Nous atteignons ainsi le pied des ruines de la tour Clocher et longeons les soubassements de l'aile de la salle des Glaces réduite à l'état de carcasse. | La Tour Clocher et la Salle des Glaces |
Jean-Paul et Juliette devant les restes de la Tour Clocher et de la Salle des Glaces |
Un dernier effort nous hisse sur la terrasse de Scheffel d'où la vue se déploie largement sur la vieille ville et l'ensemble de la vallée que nous venons de parcourir. Traversant le jardin, nous retrouvons enfin notre Aigle raisonnablement frais malgré la canicule. Déjeuner bienvenu (il est 14:30 et notre course ininterrompue nous a affamés) avant de quitter la ville devenue très chaude pour suivre la Bergstrasse. |
Jeudi 30 juillet 1992 : de MAINZ à EBERSBACH
A peine levés pour une autre belle et chaude
journée ensoleillée, nous tentons d'obtenir un point de vue
général sur la ville depuis le restaurant An der Favorite, en haut
du Stadtpark, mais en vain, le feuillage des grands arbres coupant
toute perspective. Nous gagnons alors le centre de la vieille
ville où nous trouvons une place - en plein soleil - sans trop de
difficulté.
La Cerisaie dans le vieux quartier de Mainz |
A peine levés pour une
autre belle et chaude journée ensoleillée, nous tentons
d'obtenir un point de vue général sur la ville depuis le
restaurant An der Favorite, en haut du Stadtpark, mais en
vain, le feuillage des grands arbres coupant toute
perspective. Nous gagnons alors le centre de la vieille
ville où nous trouvons une place - en plein soleil - sans
trop de difficulté. Le dédale des ruelles du vieux quartier
au nord de la Domplatz nous mène à celle-ci et au Musée
Gutenberg attenant. |
Effigie de Gutenberg dans le musée |
Il est heureusement climatisé, et nous y passons deux heures à recevoir d'abord les explications d'une guide francophone accompagnant un groupe d'étudiants. Il nous démontre l'originalité et l'importance des inventions du grand homme (moulage de lettres et impression, devant un auditoire attentif, d'une page de la célèbre Bible à 42 lignes sur la propre presse de Gutenberg (1452) reconstituée). | La presse de Gutenberg reconstituée |
Bible à 42 lignes imprimée par Gutenberg dans son atelier de Mainz |
Puis ce sont les nombreuses vitrines présentant le développement du livre, l'art de l'écriture depuis ses origines et surtout les quatre Bibles originales de 1455 conservées dans leur chambre-forte qui retiennent notre attention et celle de Juliette en particulier; nous l'attendons un long moment tandis qu'elle poursuit son examen systématique des vitrines et des pièces exposées. |
La chaleur nous tombe dessus lorsque nous traversons la Liebfrauenplatz pour gagner la cathédrale, immense bâtisse romane de pierre rouge où nous profitons de la fraîcheur relative pour admirer quelques belles statues médiévales. Dans le cloître, un coup d'oeil à l'effigie un peu grotesque du maître chanteur Heinrich von Meissen "aimant les femmes" qui fut, dit-on, porté en terre par les bourgeoises de la ville... Nous regagnons ensuite notre Aigle par la Korbgasse et quelques autres petites rues sinueuses, traînant un peu au passage dans la fraîcheur d'un grand magasin... | Chevet de la cathédrale de Mainz |
Abbaye viticole de la Rheingau |
L'après-midi est déjà bien entamé lorsque nous prenons la route qui longe la rive droite du Rhin en traversant les coteaux viticoles du Rheingau. Vers 18:00 nous sommes à Kiedrich, un aimable village de vignerons où partout sont affichés les mots "Weingut" (dégustation de vin) sur les portails et devant les cours des maisons. Mais l'église du XVème ("précieux mobilier flamboyant **", dit le Guide Vert) est fermée et il n'y a plus guère d'animation dans les rues... Cheminant sur le flanc du coteau dominant la plaine du Rhin et ses vignobles, nous suivons de loin le large fleuve dont le ruban argenté brille encore un peu dans la lueur du soir. Nous arrivons enfin à Ebersbach, une abbaye cistercienne du XIVème nichée dans un frais vallon. Le stationnement en avant sera notre bivouac pour ce soir. |
Il régnait une fraîcheur
agréable dans ce vallon boisé, un peu à l'écart de la chaude
humidité de la vallée du Rhin, et nous y avons finalement
assez bien dormi. Douches et déjeuners pris, nous passons le
mur de la clôture pour aller stationner au pied des
bâtiments abbatiaux. Affiches et autres installations nous
informent du concert qui s'est donné ici hier soir et
expliquent le passage des nombreux véhicules quittant les
lieux vers 11:30, troublant notre premier sommeil. |
Cloître fleuri d'Ebersbach |
Cave voûtée d'Ebersbach |
La visite des différentes salles, dans
une quasi solitude, ne manque pas d'intérêt : vaste
réfectoire voûté occupé par une collection d'énormes
pressoirs antiques et décorés, ancien dortoir des moines
de 70 mètres de long dont la double nef et la perspective
gothique nous rappellent les salles identiques des
monastères portugais d'Alcobaça et de Batalha, austère
église abbatiale du XIIème claire et
dépouillée... Le tour s'achève par la salle de vente des
vins du Rheingau où nous achetons quelques bouteilles que
nous offrirons à nos hôtes Barbe et Boissier.
|
Rudesheim à vocation
touristique et commerciale vineuse est vite traversé; un
détour par le Niederwald au dessus du village offre le vaste
panorama de la vallée du Rhin se rétrécissant du côté de la
trouée de Bingen au nord tandis qu'au dessus de la terrasse
d'observation la "Kolossale" statue de Germania (1871)
écrase la cohorte des touristes de sa masse sans élégance.
La petite route redescend ensuite à pic au pied du château
d'Ehrenfels; nous abordons maintenant le "Rhin Romantique",
une percée spectaculaire que le grand fleuve a creusé dans
le schiste sur 75 kilomètres entre Bingen et Koblenz
(Coblence). |
Châteaux de Pfalz et de Gutenfels |
Châteaux de Pfalz et de Gutenfels entourés de vignobles |
Notre chemin, coincé entre
la rive et la voie ferrée, suit de près le cours de l'eau,
dominé par les coteaux raides couverts de vignes et hérissés
de château-forts plus ou moins heureusement restaurés.
L'ampleur de la vallée, ses larges courbes renouvelant sans
cesse les perspectives, la traversée de jolis villages
pittoresques allongés sur l'étroite plate-forme au bord du
fleuve font le charme de ce parcours. |
On s'amuse à identifier
les nombreux burgs qui défilent d'un côté ou de
l'autre : sur la rive gauche Rheinstein perché sur son
escarpement, Sooneck se découpant en escalier sur le ciel,
la petite ville de Bacharach ceinte de ses tours, au milieu
de l'eau Pfalz semblable à un navire de guerre à l'amarre
tandis que de notre côté, sur la rive droite, le donjon de
Gutenfels transformé en hôtel surveille la pente et la large
courbe. |
Château de Pfalz au milieu du Rhin |
Courbe et rocher de Loreley |
Quelques kilomètres et nous contournons l'éperon qui cachait le célèbre rocher de Loreley. A vrai dire, à part un rétrécissement du fleuve qui accentue le courant et l'angle des pentes alentour, le site ne me semble pas valoir les trois *** que lui attribue le Guide Vert. Même la petite balade à pied sur le belvédère est un peu décevante, la vue plongeante depuis le rocher étant trop souvent obstruée par les arbres... Pourtant, le poème de Henrich Heine... |
Je ne saurais dire pourquoi ce conte
des temps anciens
Revient sans cesse à ma mémoire
Et me rend triste à ce point.
C'est entre chien et loup. Le Rhin s'écoule en paix et la brise est fraîche.
Le sommet de la montagne s'irradie dans le soleil
couchant.
Ses atours au vu de tous brillent au firmament.Une vierge miraculeuse s'y tient magnifiquement, Elle peigne ses cheveux d'or avec un peigne en or Tout en chantant à l'infini une sibylline et
envoûtante mélodie.
N'en finit plus de la contempler et d'écouter ses mots.Un batelier naviguant dans son petit bateau Il ne voit même plus les récifs s'approcher, Il n'a d'yeux que sur les hauteurs d'où les maux sont
disséminés.
À la fin, je crois que les vagues engloutissent le petit bateau et le batelier. Paix à son âme, il en est ainsi, Le chant de la Loreleï a encore pris une vie. |
Le lied de H. Heine consacré à Loreley |
Saint-Goarhausen et ses vignes au pied du château |
En revanche le village de
Saint-Goarhausen dominé par le château-fort du Katz (du
Chat) mérite le coup d’œil. |
La route ensuite continue
ses grandes courbes; plus de villages mais une vallée
élargie passant au pied des deux forteresses en ruines des
"frères ennemis". Le site est joli mais l'architecture trop
et mal restaurée pour mériter un arrêt. Nous arrivons enfin
au pied du donjon authentique et impressionnant de Marksburg
juché sur son promontoire. Malheureusement il est 17:30, les
visites ont cessé depuis 1/2 heure, on ne peut qu'admirer un
peu la vue sur la vallée du Rhin depuis la porte fermée.
Comme cette forteresse paraît vraiment valoir l'exploration,
nous décidons d'attendre son ouverture demain matin et
bivouaquons à son pied dans le grand stationnement vide. |
Marksburg sur son
éperon
|
Marksburg : Salle des Chevaliers |
Nous commençons la journée
par l'escalade du rocher sur lequel se dresse la forteresse
de Marksburg, un remarquable château médiéval dont nous
parcourons les salles fort bien restaurées à la suite d'un
guide qui, pour une fois, parle français. Au cœur d'une cour
minuscule enserrée dans les bâtiments du corps de logis, la
haute tour du donjon s'ancre sur la roche brute. Belle salle
des chevaliers avec ses coffres, ses placards intégrés dans
les murs aux portes garnies de fer forgé, ses toilettes
rustiques, ses tapisseries du XIIème (copies de Cluny).
Remarquable Salle de garde avec sa collection de costumes de
guerriers allant de l'hoplite grec au chevalier du XIVème. |
La visite de ce burg garanti 100% authentique
valait assurément le déplacement et le bivouac à ses pieds. Nous
gagnons bientôt Koblenz où nous nous perdons un peu dans les
entrées et sorties d'autoroute, à la recherche du confluent du
Rhin et de la Moselle. Nous renonçons finalement à trouver ce lieu
plus symbolique que réellement intéressant pour suivre la rive
gauche du Rhin dont nous entreprenons maintenant la remontée.
Nous ignorons Stolzenfels
dont les créneaux néo-gothiques du XIXème
stimulent peu notre curiosité. En revanche la silhouette du
Marksburg, perché sur sa butte de l'autre côté de l'eau, me
captive à nouveau. La route, rapide, longe le grand fleuve;
entre Boppard et Bad Salzig les silhouettes des châteaux
"des frères ennemis" se profilent sur le coteau en face,
suivis peu après par le burg Maus (la Souris). A Saint-Goar
nous allons flâner dans le dédale de tours, de cours, de
casemates et de galeries voûtées du burg Rheinfels. Beau
panorama sur la courbe du Rhin depuis la haute tour, avant
qu'une brusque averse nous fasse trouver refuge dans notre
Aigle. |
Stolzenfels |
Monique contemple la Rheingoldstrasse |
Quittant la grande route longeant la
rive, nous empruntons alors le joli parcours de la
Rheingold Strasse qui, grimpant au flanc de la vallée,
nous fait errer à travers moissons et vignobles et nous
fait tomber par hasard sur un superbe point de vue au
dessus et en face de la Loreley. Nous découvrons ensuite
quelques autres belvédères grandioses surplombant le cours
majestueux du fleuve, jusqu'à Oberwesel; là, dans un
virage au milieu des vignes, apparaît soudain le bourg
dominé par le burg Shönburg avec, en arrière, ancré comme
un vaisseau au milieu des remous, la petite silhouette
blanche du burg Pfalz.
|
Toujours par les détours
de la Rheingold Strasse, nous arrivons ainsi à Bacharach; sa
Blücherstrasse bordée de maisons fleuries à colombages nous
tombe dans l’œil, au point d'en filmer intégralement la
traversée avant de nous y promener à pied et d'y déguster
une crème glacée... Dernière étape de notre itinéraire rhénan : Rheinstein, un autre château perché sur un à-pic dominant le courant. Trouvant trop chère l'entrée exigée, Juliette et moi poussons un peu plus haut l'escalade de la falaise jusqu'à la Schweizerhaus, une petite tour de guet offrant une vue plongeante sur la forteresse et sur le dernier méandre du Rhin avant Bingen, la fin de notre excursion dans cette fameuse vallée. |
St-Goarhausen et le burg Katz |
Le chauffeur assoiffé sur la Rheingoldstrasse... |
L'après-midi touche à sa fin lorsque nous décidons d'attaquer sans délai la Deutsche Weinstrasse (la Route Allemande du Vin); elle nous permettra d'aller dormir ce soir au milieu des vignes avant de rallier demain Baden Baden et la Forêt Noire. Un bref détour par Worms nous fait connaître une vaste cathédrale romane de pierre rouge encore davantage ocrée par le soleil couchant. La lumière rasante accentue le dessin des galeries naines superposées plaquées sur ses deux absides opposées, chacune cantonnée de deux tours rondes qui donnent une élévation et un élan encore plus puissants à l'édifice. Mais les portes sont bien entendu fermées à cette heure (19:30) et nous ne verrons rien de l'intérieur. |
Le soleil tape dur sur le toit lorsque nous nous réveillons mais le silence demeure quasi absolu. Je prends ma douche avant de retourner sur le site des ruines de l'abbaye à quelques kilomètres au milieu des bois. Un bout de film gardera le souvenir de ces hauts murs de brique et de pierre rouge, spacieux mais sans aucun ornement ni toit, où effectivement des spectacles comme celui d'hier soir (une vaste fresque historique) doivent prendre une ampleur assez extraordinaire. Juliette et Monique se lèvent pendant ce temps puis nous déjeunons sous les grands arbres avant de reprendre la Route Allemande des Vins serpentant à la limite du massif du Haardt et de la plaine du Rhin couverte de vignobles. Les villages "typiques" (maisons à structure de bois, ruelles pavées, arches de porte de cellier en pierre plus ou moins sculptée...) se succèdent, tous pimpants et prospères, quoique plus ou moins semblables les uns aux autres. Pour en voir un peu plus, nous nous hasardons dans les rues de Mussbach, mais une Weinwerke (kermesse du vin) animée par un orchestre de blues (!) nous en chasse vite. Quelques kilomètres plus loin, je me faufile dans les ruelles jusqu'à la place centrale (Markt) de Neustadt a.d. Weinstrasse et, accompagné de Juliette, filme la jolie fontaine où barbotent des pigeons, entourée de ses traditionnelles maisons à colombages et de son Hôtel de Ville du XVIème...
Il fait très chaud et humide dans le plaine envahie par les rangées de ceps; aussi la perspective de nous élever vers la fraîcheur des forêts en altitude nous séduit-elle. En route pour le sommet du Kalmit à 643 mètres. Notre Aigle peine un peu à grimper les épingles à cheveux et les rampes raides zigzagant dans la forêt de pins mais nous finissons par arriver au but. S'il fait effectivement un peu moins étouffant sous les arbres là-haut, la vue sur la plaine viticole est limitée, embrouillée par la brume de chaleur et la forte humidité ambiante. Nous redescendons à travers les bois en traversant au passage le petit village de Saint-Martin, égal à tous ceux que nous avons déjà vu (pittoresque monotone !), puis nous achevons de parcourir la Route Allemande des Vins (vignes et villages opulents) jusqu'à Wissembourg et la frontière française.
A partir de là, les vignes sont remplacées par le maïs et les céréales à moitié moissonnées envahissant les pentes douces du nord de l'Alsace. Nous tentons de franchir le Rhin par le bac de Seltz, mais l'installation du pont de bateaux rouillés complétée d'un tout petit traversier poussif doit bien dater de la dernière guerre, et le service y est d'une lenteur effroyable. Après une demi-heure d'attente vaine, nous faisons demi-tour et rejoignons l'Allemagne un peu plus bas par le pont de Benneim. Quelques centaines de mètres plus loin, une sablière offre un plan d'eau émeraude et invitant; aussitôt Juliette et Monique se précipitent pour une baignade rafraîchissante. Nous "zigonons" ensuite un peu dans les alentours de Rastatt pour trouver le château de La Favorite dont je parcours seul les allées du parc dans le crépuscule; mes équipières sont fatiguées et préfèrent relaxer dans l'Aigle pendant que je filme l'élégante architecture galante, le bassin aux eaux dormantes où barbote une colonie de canards et quelques perspectives curieuses ou recherchées.
Jean-Paul devant une fontaine de Baden Baden |
Une dizaine de kilomètres encore et nous sommes au cœur de Baden Baden, flânant sous les grands arbres superbes de la Lichtentaler Allee. Un orchestre joue de la musique légère devant la Goethe Platz où curistes et touristes dégustent des pâtisseries arrosées de vin blanc de la région. Des petits ponts fleuris franchissent l'Oosbach canalisée tandis que de magnifiques hôtels et autres immeubles fin de siècle forment la toile de fond. |
Juliette fait quelques simagrées pour se faire photographier par sa mère dans ce décor raffiné, puis nous tentons de quitter l'élégante ville d'eau pour entamer notre itinéraire de la Forêt Noire dont c'est le point de départ. Mais la circulation est interrompue en plein centre de l'agglomération par une zone piétonnière infranchissable et, après plusieurs tentatives infructueuses et enrageantes nous menant à des culs-de-sac, nous nous retrouvons en direction de Gernsbach, soit à 90º de notre objectif... | Juliette joue les cover-girls sur les pelouses de Baden Baden |
Lundi 3 août 1992 : de l'EBERSTEINBURG à FOHRENBUHL
Nuit sans bruit, avec une légère pluie peu avant notre lever. Je suis un peu la Panoramaweg (Chemin panoramique) au dessus du village révélant quelques jolies échappées sur les petites maisons groupées autour de l'église sur fond de montagnes embrumées. Je grimpe ensuite au sommet du donjon à l'ombre duquel nous avons dormi : vue étendue sur les vallées au pied de la Forêt Noire et sur les monts couverts de sapins vert sombre. Pendant ce temps, Juliette et Monique se sont préparées et, après un détour nous ramenant à Lichtental aux portes de Baden Baden (mais du côté sud cette fois), nous sommes bientôt sur la "Route des Crêtes". On monte aux alentours de 1 000 m par une route large et excellente en empruntant de longues rampes très bien redressées, mais de paysage point : les arbres omniprésents, hauts et touffus, coupent totalement la vue que l'on devine pourtant grandiose sur les pentes envahies par la forêt. Pas de villages, seulement quelques grands hôtels ou kurhaus; on ne se risque pas loin sur leur terrain privé qui pourtant doit offrir de beaux dégagements. Court arrêt au Mummelsee, célèbre petit lac sombre et circulaire entouré d'arbres qui serait sympathique, n'était-ce la foule des touristes en pédalo ou en barque qui l'ont investi ou qui assiègent les innombrables boutiques de bébelles-souvenirs... O Nature !
Monique et Juliette au pied de la cascade d'Allerheiligen |
Le détour vers Allerheiligen est plus
agréable : d'abord la petite route offre davantage de
perspective sur les panoramas qui, effectivement sont
larges et séduisants; ensuite les ruines romantiques du
petit "kloster" (prieuré) occupent un charmant vallon qui
a gardé un caractère plus rustique qu'à Mummelsee, bien
que là aussi on soit loin d'être seuls... La balade enfin
le long du gracieux torrent nous mène aux chutes
d'Allerheiligen. |
Celles-ci n'offrent pas de dénivellation spectaculaire, mais une succession de cascades et de tourbillons très variés, pleins de fantaisie ou de poésie : les dessins et mouvements présentés par l'eau giclant, fusant, virevoltant... enchantent l’œil et charment l'esprit, à la fois stimulants et reposants, finalement plus admirables que tous ces jets d'eau et fontaines des châteaux qui ont tenté de recréer artificiellement la grâce de ces jeux d'eau naturels. | Monique et Juliette
au pied de la cascade d'Allerheiligen
|
La petite route, très
raide, sinueuse et étroite se poursuit, demandant bien des
efforts à notre petit moteur qui tire vaillamment nos trois
tonnes par dessus monts et précipices jusqu'au plateau près
de Kniebis où, nous hasardant sur un chemin de terre assez
pentu, nous faisons halte pour admirer le vaste paysage. |
Kniebis : l'Aigle devant le panorama |
Hôtel de Ville de Schiltach |
Le village de Schiltach,
où nous soupons dans une prairie au bord de l'eau, nous
séduit particulièrement par ses vieilles maisons de bois
restaurées se mirant dans le torrent, ses fleurs, son calme,
sa place pentue aux pavés inégaux entourée de façades aux
pans de bois et dominée par son Rathaus peint du XVème.
Monique suggère de s'arrêter là pour la nuit mais je trouve qu'il fait encore trop chaud et humide dans ce joli bourg de fond de vallée. Aussi poursuivons-nous jusqu'à Schramberg avant de monter vers Lauterbach puis Föhrenbuhl où, parvenus au col à plus de 700 mètres d'altitude, nous dormons en plein champ, abrités du soleil matinal par les premiers arbres de la grande forêt sombre. |
Mardi 4 août 1992 : de FOHRENBUHL à BRANDENBERG
Sommeil frais et particulièrement silencieux, à peine troublé par les ennuis gastriques et les nausées de Monique... Nous redescendons jusqu'à Hornberg avant de grimper à nouveau les cols de Büchereck (651 m) et de Landwassereck pour remonter ensuite la jolie vallée de l'Elz, déserte et étroite, dont nous allons admirer les cascatelles au moment de bifurquer en direction du Rohrhardsberg. Quelques kilomètres de route forestière acrobatique puis nous nous embarquons à pied dans un sentier zigzagant sous les arbres et parmi les fleurs sauvages pour atteindre enfin le Gasthaus Schwedenschanze à 1 152 mètres. Nous y attendent un paisible paysage de chalets et de pâturages où ruminent des vaches à clochette... et un grand bol d'air : plus d'une heure d'excursion là où le Guide Vert annonçait 15 minutes aller/retour ! Nous nous égarons ensuite à chercher la petite route menant à la Donauquelle (source du Danube), probablement quelque chemin forestier maintenant fermé d'une barrière cadenassée infranchissable... puis nous gagnons Furtwangen.
C'est une petite ville
animée où Monique et Juliette ont juste le temps de visiter
le Musée de l'Horlogerie Allemande tandis que je reste dans
le camping-car à me rafraîchir (il fait encore très chaud
aujourd'hui), à me restaurer et à me reposer. Puis, vexés de ne pas en avoir trouvé le chemin à partir du Rohrhardsberg, nous prenons la petite route de la Martinkapell et de la Donauquelle. Quelques kilomètres d'une jolie vallée champêtre et nous atteignons la "source" du Danube, un mince ruisselet capté au pied d'une prairie... Les pancartes et autres pubs de la grosse auberge installée juste au dessus en exagèrent un peu trop l'intérêt à notre goût, mais la campagne est bien belle à cette heure où le soleil descendant avive la verdeur des prairies et le bleuté des collines alentour... |
Furtwangwen : Musée d de l'Horlogerie |
Sur la route du Feldberg |
Si là le stationnement est
vide, c'est qu'il est près de 19:00 et que le télé-cabine a
cessé son va-et-vient depuis longtemps. Peu importe, nous
ferons la balade à pied ! S'engage alors une course avec le
soleil pour le voir se coucher sur la Forêt Noire du haut du
sommet arrondi dont le point culminant (1 493 m) semble se
dérober au fur et à mesure de notre montée. |
Si là le stationnement est
vide, c'est qu'il est près de 19:00 et que le télé-cabine a
cessé son va-et-vient depuis longtemps. Peu importe, nous
ferons la balade à pied ! S'engage alors une course avec le
soleil pour le voir se coucher sur la Forêt Noire du haut du
sommet arrondi dont le point culminant (1 493 m) semble se
dérober au fur et à mesure de notre montée. Je finis par
distancer mes équipières et arrive juste à temps près des
antennes des armées américaine et française pour filmer les
derniers rayons dorés disparaissant derrière les hautes
crêtes aux lignes adoucies du Schwarzwald à l'ouest. Monique
et Juliette me rejoignent peu après et nous entamons dans
l'obscurité grandissante le chemin du retour. |
Coucher de soleil sur le Feldberg |
Route du Belchen |
La nuit a été fraîche, mais le grand soleil qui nous accueille au lever réchauffe vite l'atmosphère. Aujourd'hui nous terminerons en beauté notre tour en Forêt Noire par l'ascension du Belchen, un autre sommet culminant à 1 414 m qui offre une vue *** sur le massif et sur la plaine du Rhin à sa lisière. Suivant la profonde vallée de la Wiese, nous gagnons Shönau, un village soigné où nous hésitons sur la direction à suivre. |
Rebroussant chemin d'un kilomètre nous bifurquons sur la route du Belchen qui ne tarde pas à monter rudement à travers les sapins. La vue se dégage lorsque nous atteignons le Belchen Gasthaus devant lequel nous allons stationner. Le reste de la balade se fait à pied : nous nous trouvons juste sous la calotte du "ballon", il reste seulement quelques 200 mètres à parcourir sur un chemin confortable pour parvenir au belvédère souligné d'une croix. | Monique et Juliette devant le belvédère sur la vallée de Shonau |
Juliette et Jean-Paul sur le Belchen |
Et là, une vue d'une
ampleur exceptionnelle se déploie sur des vallées comme le
Munstertal et le Wiesental lacérant le flanc ouest de la
Forêt Noire; on devine dans la brume bleue à l'ouest une
portion du ruban brillant du Rhin doublé de son canal près
de Breisach; derrière nous, au nord-est, pointent les
antennes du Feldberg visité hier soir, mais au sud la vue
est trop embrouillée pour qu'on aperçoive la barrière des
Alpes. Il reste qu'il fait très beau, la vivacité de l'air d'altitude rend supportable la chaleur du soleil éclatant, on jouit sans réserve de la sensation d'immensité offerte par ce site grandiose. |
Panorama sur les Monts depuis le Belchen en fin de
journée
Après une heure de ce bain
de lumière et d'espace, nous franchissons le col du
Wiedeneck Eck puis redescendons la vallée assez abrupte de
Munstertal. Nous rattrapons ensuite le Schauinsland (1 286
m) par une toute petite route funambulesque. |
La très verte vallée du Munstertal |
Monique devant le panorama du Schauinsland |
Un bref arrêt nous laisse
contempler le paysage de pâturages et de crêtes boisées de
la Forêt Noire tandis qu'au nord, dans la plaine en bas, on
devine les tours et les toits de Freiburg. Nous nous dirigeons vers la grande ville en dévalant les virages serrés qui ont valu à cette route de devenir le site d'une fameuse course de côte. Aucun doute, elle mérite bien cette vocation ! |
L'après-midi est encore
très chaud lorsque nous commençons notre tour de Freiburg im
Breisgau étalée à l'orée de la plaine du Rhin, au débouché
de la vallée montagneuse du Höllental. Nous passons d'abord
la Schwabentor, une belle porte médiévale donnant accès aux
petites rues sinueuses menant à la place de la cathédrale
(Munsterplatz). |
Freiburg : Schwabentor |
Freiburg : Kafhaus |
On cuit sur son pavé sans ombre qui réverbère les rayons brûlants du soleil; aussi ne jetons-nous qu'un coup d'oeil rapide à l'ancien Kaufhaus, une joli bâtiment gothique crépi de rouge et flanquée d'une échauguette à toit aigu, ainsi qu'au digne palais archiépiscopal et à l'opulente Wenzingerhaus. |
Nous nous dirigeons plutôt
vers la cathédrale et sa tour dont nous entreprenons
aussitôt d'escalader les 357 marches - méticuleusement
comptées par Juliette. |
Freiburg : la cathédrale |
Gargouilles de la cathédrale de Freiburg |
Terrasse de la cathédrale de Freiburg |
Par les grandes baies
ogivales on découvre des vues superbes sur la place à nos
pieds et ses monuments à peine entrevus tout à l'heure, et
sur les tours et les toits de tuile de la vieille ville
limitée par ses portes monumentales. On grimpe encore d'une
vingtaine de mètres et l'on atteint la galerie supérieure
entourant la base de l'admirable flèche ajourée, une
dentelle de pierre comme nous n'en avons jamais vu, qui
conjugue acrobatiquement terre et ciel dans l'entrelacs de
ses courbes et de ses rosaces. |
Centre ville de Freiburg |
Portail ouest de la cathédrale de Freiburg |
Dans la cathédrale
elle-même, c'est le porche et le portail ouest qui nous
impressionnent le plus : tout un défilé de statues
polychromes du XIIIème présente à gauche le "Prince
de ce monde" et les Vierges sages, tandis qu'à
droite leur font face les Vierges folles au visage
amer, Sainte Marguerite et Sainte Catherine; sur le tympan
flanqué de la Synagogue aux yeux bandés apparaissent des
scènes entremêlées consacrées à la vie de Jésus. L'ensemble
est extraordinaire de vie et forme une composition médiévale
comme on en voit rarement dans cet état de conservation et
de fraîcheur. |
Lorsque l'on franchit les
grandes portes de chêne, on découvre entre leurs deux
battants du côté intérieur une admirable Vierge au pilier
(XIIIème) d'une délicate élégance... |
Freiburg : Vierge au pilier |
Cathédrale de Freiburg : Cène, par Hauser |
...puis, en parcourant la nef, de forts beaux vitraux à médaillons de la même époque, un Saint-Sépulcre du XIVème et une Cène du XIXème qui n'est pas en reste au plan de l'émotion. |
A notre sortie du riche
édifice, nous tombons sur les étals d'un tardif marché aux
fruits et légumes. La fraîcheur ressentie sur la tour
perdure, entretenue, semble-t-il, par l'eau courant dans les
profonds caniveaux sillonnant les rues pavées de la vieille
ville. |
Freiburg : caniveau d'eau fraîche |
Freiburg : le Rathaus |
Nous gagnons la
Rathausplatz, agréablement ombragée, sur laquelle donne le
"Nouvel Hôtel de Ville" composé de deux maisons du XVIème
raccordées par une galerie à arcade débordante de fleurs... |
Nous rattrapons ensuite la
Martinstor sous laquelle s'est niché un Mc Donald où nous
nous restaurons en passant, puis nous traversons l'Insel en
suivant la Gerberau le long du quai bordant le Gewerbekanal,
ses vieilles maisons et son quartier pittoresque. Devant ses
façades à colombages abritant de jolies boutiques, des
enfants pataugent dans les rigoles où roule l'eau descendue
directement des montagnes. |
Freiburg : Fishergau |
Ainsi s'achève notre beau périple germanique
pour cet été.
Outremont le 21 septembre 1992
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