1. De MONTRÉAL à SAINT-FLORENT
Depuis une semaine, Monique prépare les bagages tandis que je coche progressivement tous les articles sur ma liste d'objets à emporter ; en France : nous avons en effet décidé de profiter du congé de Noël pour aller explorer la Corse, à bord du fourgon LT 31 Volkswagen (aménagement par ELSi) que nous avons acheté l'été passé. Nous l'avons utilisé jusqu'ici une seule semaine, en milieu urbain et par des températures estivales; aussi ce voyage sera-t-il le premier test véritable de notre Aigle. Les conditions routières et climatiques plus critiques de la Corse en hiver nous permettront de mieux évaluer ses performances réelles, de repérer ses éventuelles lacunes ou faiblesses, et mèneront à des améliorations rendant possibles de futurs raids beaucoup plus ambitieux.
Pour couper notre froid et long hiver canadien, nous avions d'abord envisagé de nous rendre au Portugal ou en Sicile; mais la grande distance à parcourir pour nous rendre si loin, ajoutée à la crainte de nous faire dévaliser en Italie du sud, nous ont amenés à renoncer à ces destinations soleil. Nous risquons bien de rencontrer en Corse un peu de neige sur les hauteurs, cependant la situation de cette île, en plein milieu de la Méditerranée, devrait nous garantir des températures plus clémentes tant que nous suivrons ses côtes.
Mathieu, qui n'apprécie guère nos pérégrinations, a préféré demeurer à la maison pour expérimenter un autre genre de jouet, son ordinateur tout neuf dont il a soigneusement sélectionné les caractéristiques et dont il veut, lui aussi, explorer toutes les capacités... En revanche Juliette a tout de suite adopté notre projet de dépaysement; nous sommes donc trois dans la voiture de notre amie Diane qui s'est offerte à nous accompagner à l'aéroport de Mirabel ce jeudi soir.
Le climat, d'une humidité pénétrante malgré le froid accusé (jusqu'à -22° C la nuit dernière), ne peut que nous encourager à jouer les oiseaux migrateurs. L'envolée sur Air Liberté a lieu à l'heure prévue, et nous nous casons tant bien que mal dans nos sièges étroits, classe économique oblige, pour faire passer les sept heures partiellement nocturnes que dure la traversée de l'Atlantique.
Jean-Paul
filme...
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Maman et Henri B. se sont levés très tôt pour nous accueillir vers 7:30 dans l'anneau de verre et d'acier du grand hall de Roissy. Quel bonheur de retrouver ces visages aimés dont le sourire chaleureux nous ancre en cette terre devenue pour nous à demi étrangère. Le décalage horaire accentue encore le sentiment d'étrangeté qui nous habite. Il fait doux et nuageux autour de la maison de Soisy où nous passons la matinée à échanger avec nos hôtes. |
Ils évoquent pour nous les
événements familiaux récents : mariage de Xavier,
naissance de la petite Maélis qui arrive bientôt
avec sa mère Véronique. Celle-ci vient partager
avec nous le délicieux repas de bienvenue préparé
par Gigi (canard aux marrons, et glace aux trois
chocolats... Mmmm...!). L'après-midi passe
rapidement : dans le grand salon d'où les B. se
sont retirés avec discrétion, nous discutons
d'abord tous trois avec Maman, puis je demeure un
long moment seul avec elle pendant que Juliette et
Monique, exténuées, font un bout de sieste.
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...Juliette et
Monique cajolent Maelis
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Vers 17:00 tous s'agitent : on recharge dans l'auto d'Henri nos encombrants bagages, on s'entasse sur les banquettes jusqu'à la gare d'Enghien. Anne a la gentillesse de nous guider dans le dédale des corridors de la S.N.C.F. et du R.E.R. jusqu'au quai de la Gare de Lyon. Il est bientôt temps de faire des adieux émus à Maman que nous ne reverrons pas avant six mois, et nous nous installons dans nos sièges, très confortables cette fois-ci, du T.G.V. en direction de Lyon.
Deux heures quinze plus tard, Jean
nous accueille à Perrache. Un souper rapide nous réunit tous les
cinq autour de la grande table avec Jehanne. Les retrouvailles
ici aussi sont joyeuses mais ne s'éternisent guère car nous
avons hâte de nous reposer enfin...
Samedi 21 décembre 1991 : SAINTE-FOY-LES-LYON
René-Pierre a eu la prévenance d'amener notre Aigle à Sainte-Foy
avant notre arrivée. C'est avec grand plaisir que nous le
retrouvons dans l'allée du jardin à notre réveil. Nous aurions
bien aimé traîner un peu au lit, mais trop de tâches nous
attendent pour que nous jouions les paresseux : il faut
"réarmer" notre petit yacht routier, vérifier le bon
fonctionnement de ses accastillages, effectuer quelques
réparations prévues depuis longtemps, et enfin remplir la
cambuse. Monique transfère le contenu des valises directement
dans les placards, range la vaisselle, installe la literie,
tandis qu'avec l'aide de Jean je démonte - non sans difficultés
- l'auvent rétractable qui augmente inutilement la largeur et la
prise au vent du camping-car sans que nous n'en ayons l'utilité.
Nous terminons l'après-midi par un marché imposant au nouveau
Continent de Bonant. En voilà un de plus à notre répertoire
européen !
Anne et Christian, escortant leur
Clément toujours plus charmant, viennent partager avec nous un
délicieux souper de fruits de mer offert par Jean. Les
discussions vont bon train, principalement centrées sur le
camping-car. Ils semblent avoir bien apprécié leur première
expérience à bord de notre Aigle cet été; Clément,
particulièrement intéressé aux voitures, a été fasciné par cette
maison sur roulettes et s'amuse souvent depuis à se construire
des "cabanes camping-car"...
Dimanche 22 décembre 1991 : de LYON à TOULON
Nous enfilons la vallée du Rhône (N 7) et sommes à Valence vers 13:30. Le soleil brille, il fait presque chaud. En passant vis-à-vis de Charmes, nous hésitons un instant à traverser le Rhône pour rejoindre nos amis Leroi rencontrés au Maroc en 89. Supposant cependant qu'ils ne seront probablement pas chez eux en ce beau dimanche après-midi, et sans moyen pratique pour les rejoindre, nous poursuivons sans escale notre descente vers le sud.
L'embarquement sur l' "Ile-de-Beauté" s'effectue sans problème; c'est un grand ferry quasi neuf où notre Aigle trouve une petite place derrière de gros semi-remorques enchaînés dans la soute-garage. |
Depuis les ponts et la passerelle, nous découvrons une vue fascinante sur les quais enguirlandés à l'approche des fêtes de Noël et sur les milliers de petites lumières ponctuant les contours de la baie de Toulon. |
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Lundi 23 décembre 1991 : de BASTIA à PALAGACCIO (Cap Corse)
A 7:00 du matin, branle bas de combat dans la chambrée, on arrive dans une demi-heure ! J'ai juste le temps de grimper sur le pont pour voir défiler sous mes yeux encore un peu embrumés, dans la claire lumière du matin méditerranéen, le Vieux Port et, en arrière, les maisons de la ville haute de Bastia s'étageant sur les pentes de la montagne. | Notre ferry
arrive au port de Bastia
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Le ferry
accosté à la jetée du port de Bastia
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Encore quelques minutes et nous pénétrons à vitesse réduite dans le port de commerce où très vite a lieu le débarquement. |
Nous allons prendre le petit déjeuner sur le quai du bassin des yachts, devant le Club House, lorsque je vois un filet d'eau sale couler lentement sous le camping-car: le tuyau déversant les eaux usées dans leur réservoir est déchiré au niveau de la traversée du plancher ! | Bastia : le
bassin du Vieux Port et ses barques de pêche
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Bastia : la
silhouette familière de l'église
Saint-Jean-Baptiste veille sur le Vieux Port
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Il faut réparer : d'abord trouver une quincaillerie qui possède du tuyau flexible du bon diamètre, puis plonger sous l'arrière du fourgon pour démonter et échanger les conduits. |
Ce premier - et espérons-le dernier - bricolage achevé (il est maintenant près de 10:00...), nous partons en balade à pied dans le vieux Bastia, en commençant par sa forteresse Terra Nova. Escaladant les terrasses du jardin Roumieu depuis le quai du Vieux Port où nous avons stationné notre Aigle, nous déambulons dans les ruelles étroites desservant les hautes maisons plus ou moins restaurées. Nous nous étonnons de leur entassement et du cachet antique que leur confèrent leurs vieilles poutres et leurs pavages de tomettes. |
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L'Aigle dans le
vieux port de Bastia
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Le même chemin nous ramène jusqu'au quai où nous déjeunons devant les barques des pêcheurs dansant sur l'eau calme du bassin. |
Un autre petit tour jusqu'à l'église de l'Immaculée Conception (nous n'y jetons qu'un coup d’œil à cause d'un enterrement en cours), toute décorée dans un goût rococo un peu fané, puis nous rattrapons la Place de l'Hôtel de Ville où une marchande de fleurs attend le badaud - rare - sous les platanes dénudés de la promenade. | Jean-Paul devant le marché aux fleurs de Bastia |
L'église
St-Jean-Baptiste sur le vieux port de Bastia
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Une traboule étroite nous reconduit enfin sur le débarcadère ensoleillé et bordé de terrasses où des gens tranquilles prennent leur déjeuner ou sirotent leur café (il est 13:00). |
Ecoeuré et las de ces contretemps
qui s'ajoutent à la fatigue accumulée depuis notre départ de
Montréal il y a maintenant 4 jours, je renonce à l'excursion sur
la corniche. Nous achevons de traverser la ville vers le nord
pour enfin nous engager sur la D 80 faisant le tour du cap. Le
soir commence bientôt à tomber; après quelques kilomètres d'une
route en bord de mer extrêmement sinueuse, nous allons
stationner devant l'école primaire de Palagaccio où nous passons
enfin une bonne nuit dans la quiétude.
Mardi 24 décembre 1991 : de PALAGACCIO à LURI
Il fait gris lorsque
nous décollons vers... 10:00 ! Tours de guet rondes
bâties par les Génois et "marines" désertes blotties
au fond des anses rocheuses se succèdent tout au long
d'une route exiguë, défoncée, où les virages se
suivent sans interruption. Après 40 kilomètres de
slalom, la route tourne vers l'intérieur en dominant à
mi-pente la côte nord du Cap Corse, escaladant la
montagne jusqu'au bourg d'Ersa. Nous y bifurquons sur
la D 253 en direction de Barcaggio, le hameau le plus
septentrional de l'Ile de Beauté. La descente est
vertigineuse, le chemin juste assez large pour offrir
assise à nos roues. |
Torre de Losse |
Ilôt de Giraglia |
Heureusement nous ne croiserons qu'une grosse Volvo conduite par des Belges qui reculent courtoisement jusqu'au dernier espace ad hoc pour nous laisser le passage. Dans la lumière maintenant éclatante apparaît bientôt le petit port de pêche protégé du large par l'îlot de la Giraglia. Son phare peinturluré de rouge et de blanc le surmonte comme une chandelle plantée sur un gâteau d'anniversaire. Nous arrêtons au ras des rochers battus par les flots bleus de la Méditerranée; un gros bloc fait office de table pour le pique-nique que nous dévorons dans le vent frais, mais au grand soleil. Quel bol d'air revigorant ! |
Une route symétrique et dans le même état de décrépitude nous ramène à Ersa. La D 80 nous hisse jusqu'au col de Serra (superbe paysage donnant déjà sur la côte ouest du Cap Corse...). Nous escaladons à pied le mauvais sentier empierré montant au belvédère du moulin de Mattei. C'est un vieux moulin à vent en mauvais état dont les tempêtes ont dû rogner les ailes depuis longtemps, mais d'où la vue est superlative : au nord le cap profondément échancré par l'anse de Barcaggio domine la mer immense et vide en arrière, au sud les crêtes montagneuses du Nebbio tombent dans la Méditerranée en autant de "punta" successives. | Depuis Ersa :
vue sur la vallée de Barcaggio et l'îlot de la
Giraglia
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Canelle : la
rue centrale...
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Reprenant notre vaillant petit Aigle qui peine un peu dans les côtes mais vire et flotte sur les cahots du chemin avec une étonnante aisance, nous allons flâner un peu dans les ruelles et sous les voûtes de Cannelle, un hameau vétuste perché au dessus de la baie de Centuri. |
Cannelle : voûte et jardin fou |
Cannelle : ruelle typique et son guetteur |
Comment ne pas tomber sous le charme de ce village désert mais en cours de restauration ? Les fleurs débordent des murets de pierre sèche, des colombes peu farouches s'ébattent sur ses vieux toits de tuile romaine, sa fontaine chante sous la falaise couverte des palettes hérissées des figuiers de Barbarie... Même un vieux chien placide nous offre son escorte tout au long de notre balade ! | Cannelle: toit de lauze et vue sur la mer |
Centuri: le
village au-dessus de son port
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Nous dévalons ensuite à travers le maquis verdoyant jusqu'à Centuri Port, un joli port de pêche authentique entassant ses filets sur le quai de pierre et ses barques colorées bien à l'abri derrière la jetée. |
La marine de
Pino
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Dans le soir descendant, nous poursuivons la route côtière vers le sud jusqu'à Pino. Les maisons de pierre grise dispersées au milieu des arbres s'enracinent sur les terrasses en escalier; dominant le schiste gris-vert des toits de lauze et les frondaisons des eucalyptus, émergent seulement la pointe du clocher et la silhouette massive des tours carrées servant autrefois d'abri lors des fréquents raids barbaresques. |
Bifurquant vers l'intérieur sur la D 180, nous montons jusqu'au col de Sainte-Lucie mais la pénombre est déjà là, engloutissant le paysage alentour. Aussi, passant le défilé du col entre les deux murailles taillées dans le roc, nous gagnons le village montagnard de Luri pour stationner sur sa place principale, entre l'église, la maison communale et l'école. Nous nous apprêtons à y passer la nuit : la vallée, boisée, est plutôt sauvage, la soirée silencieuse, cette veillée de Noël s'annonce donc des plus paisibles. | Luri : ou un
village de montagne semblable...
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Levés fort tard (10:30 !), nous décollons enfin vers 12:00. Remontant la vallée de Luri jusqu'au col de Sainte-Lucie, nous gagnons le pied de la Tour de Sénèque dont j'escalade en solitaire le rocher glissant. Très essoufflé par cette brusque montée à 564 mètres, j'admire le magnifique paysage en direction de la côte est et de la marine de Luri là-bas, tout au bout de la vallée d'une part, et vers le golfe d'Aliso jusqu'à la baie de Centuri d'autre part; on devine même les pierres grises des maisons de Cannelle, au loin, à flanc de colline... La descente est plus rapide, quoique mes sandales s'avèrent peu adéquates pour ce genre d'expédition et achèvent de se disjoindre. Elles vont rejoindre le reste du linge sale dans le coffre sous la banquette, et je chausse mes "runing-shoes" pour faire un plein d'eau facile à la fontaine locale.
Albo : sur la
côte entre Canari et Nonza
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Les marines, les caps et les falaises à pic tombant dans la mer se succèdent en direction de Nonza. Nous faisons une pause au pied de la tour protégeant le village, au dessus d'une immense et profonde plage de sable gris. Cette côte découpée se poursuit vers Canari et Farinole jusqu'à Saint-Florent que nous atteignons enfin, après avoir traversé le vignoble de Patrimonio : les ceps envahissent toutes les pentes favorables, bien abrités du vent du large par les pentes du Monte Nebbio. |
Nonza : le village autour de son église,
et la Méditerranée
Albo: Jean-Paul et Juliette filment la
côte avant Nonza
Saint-Florent : les quais de plancher traité et d'aluminium de son port de plaisance enserrent la vieille ville que nous apercevons à peine à travers les mâts et les gréements des yachts entassés. Des autochtones flânent sur la promenade au bord du bassin, remplaçant en cette fin d'après-midi férié les touristes absents. |
Dans le port de yachts de Saint-Florent |
Saint-Florent : la cathédrale Santa-Maria-Assunta |
Dans le soir descendant, nous avons juste le temps de faire le tour de l'ancienne cathédrale Santa Maria Assunta dont le soleil, de plus en plus bas sur l'horizon, dore les arcs et les sculptures de fin marbre blanc. |
Prenant la direction de Calvi via la D 81, nous découvrons peu après, de l'autre côté de la baie, le vaste panorama qui s'ouvre sur le golfe de Saint-Florent, au dessus de la plage menant au phare de Fornali. Nous décidons d'y installer notre bivouac et arrêtons bientôt dans la pénombre, les roues dans le sable, face aux lumières lointaines de la ville. |
Saint-Florent : le village et son port |
Dans le vent froid du crépuscule, une petite marche sur la plage nous met en appétit pour le foie gras arrosé de Sauternes que Jean avait mis au frais à notre intention dans le frigo.
Nous passons dans ces lieux
actuellement peu fréquentés (mais qui doivent être envahis
l'été, à voir les nombreux terrains de camping qui nous
entourent) une nuit fraîche (2°) mais tranquille.
La baie de St-Florent devant notre camping |
Réveil un peu plus tôt que la veille, vers 8:00... La vue sur la ville en face est superbe : premiers rayons du soleil dorant les murs circulaires de la citadelle génoise à peine devinée hier, nature encore ensommeillée, plage totalement déserte sur fond de montagnes délicatement bleutées... |
Vers 9:30, après douches et petit déjeuner, nous démarrons pour entreprendre la traversée des Agriates, un grandiose "désert" montagneux au maquis vert sombre et ciré disséminé sur des rochers blanchâtres, avec toujours en toile de fond le bleu de la mer et l'étagement des caps parcourus hier. |
Le désert des Agriates |
Lozari |
La route rattrape le bord de mer à Lozari, à l'extrémité d'un marais pittoresque battu par des chasseurs et barré d'une plage magnifique. |
Lozari : le marais et l'estuaire de la
rivière
Nous atteignons l'Ile Rousse à la toute fin de la matinée, ce qui nous donne juste le temps d'acheter l'indispensable baguette et quelques légumes frais dans de minuscules et rustiques boutiques : ici point de vitrine, les cageots sont posés à même le trottoir des ruelles étroites. |
L'Île-Rousse : la plage en été |
L'Île-Rousse :
vue générale depuis l'île de la Pietra
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Puis tout ferme pour le repas de midi et ensuite la sieste; il ne nous reste plus qu'à faire un tour sur la jetée jusqu'aux abords de l'île de la Pietra, avant d'emprunter à nouveau la superbe route panoramique jusqu'à Calvi. |
L'Île-Rousse : vue du fort
Le golfe apparaît calme et lumineux, me rappelant celui d'Aghios Nikolaos en Crête. |
Calvi : la baie depuis le rempart |
Jean-Paul devant le port de pêche de Calvi |
Nous allons stationner pour déjeuner sur le quai, devant le port de plaisance niché au pied de la citadelle. Après le plein d'eau propre à un boyau destiné aux pêcheurs absents pour l'heure, nous voilà sur le raidillon menant à la haute ville. |
Calvi : la forteresse sur son
promontoire
Passant la vieille porte encore surmontée de la devise "Civitas Calvi semper fidelis", nous flânons un moment dans les ruelles et sur les remparts, admirant le point de vue sur la mer, les bateaux et le golfe, goûtant le charme des vieilles maisons et des escaliers conservés en leur état original. |
Calvi : depuis la citadelle, vue sur le port et la ville; à gauche, la Tour du Sel |
Calvi: ruelles de la citadelle |
Calvi: vue sur le golfe de Calvi depuis la citadelle |
Calvi : depuis la citadelle, vue sur l'Anse de Fontanaccia et la pointe de la Revellata |
Nous regagnons notre Aigle un peu rafraîchis (le vent frise les 10°), et reprenons notre chemin en direction de Porto. |
La route infecte, étroite et cahoteuse, suit fidèlement les sinuosités de la côte, mais le paysage extraordinaire la fait presque oublier : rochers rouge orangé incroyablement découpés dans l'anse de Cataraghiu, plage édénique de la baie de Nichiareto... | Anse de Cataraghiu |
Vue depuis le Col de Palmarella |
Elle n'en apprécie pas moins ces étonnants paysages, tandis qu'à son côté j'use abondamment de la vidéo. Nous finissons par atteindre Galeria dont les maisons, près de la plage au pied des falaises, disparaissent dans l'ombre bleu-gris du crépuscule. Nous évitons le bourg, voulant franchir le col de Palmarella avant la nuit. |
Nous nous engageons sur la route en lacets à 16:15 et franchissons enfin, après moult effort et "tressautage", le seuil à 17:00, pour admirer un exceptionnel coucher de soleil sur le golfe de Girolata. Cependant le vent très froid nous dissuade de passer la nuit devant le vaste amphithéâtre ouvrant sur la mer, comme je l'aurais souhaité. Idem pour le col de la Croix que nous atteignons dans la pénombre; nous allons finalement stationner un peu en contrebas de la crête sur la place de l'église d'Osani. Ce nom réveille en moi le souvenir de mon premier contact avec la Corse, lors d'un camp scout il y a maintenant 26 ans... Le village s'endort bientôt dans le plus grand calme, et nous avec. | Col de Palmarella : au crépuscule, vue en direction du col de la Croix |
Vendredi 27 décembre 1991 : d'OSANI à PIANA
Le grand soleil nous réveille à 7:15 sur notre
dalle de béton, à l'abri de la petite église. Décollant vers
9:00, nous traversons le village et dégringolons la route
étroite - nouvelle pour moi qui n'ai connu qu'une piste minière
abandonnée - menant à l'anse de Gratelle où nous avions planté
nos tentes autrefois.
Col de la Croix : vue sur Girolata |
Je tombe à nouveau sous le charme de cette plage dont le bel arc de galets ronds, au débouché du torrent, s'accote sur deux promontoires abrupts. Malheureusement la vallée naguère sauvage est maintenant occupée par un restaurant, et l'esplanade herbeuse où broutaient nos mulets a été convertie en dépôt de machinerie lourde... |
Rebroussant chemin, nous remontons ensuite au col de la Croix, d'où une mauvaise piste en terre, colonisée par un troupeau de vaches indolentes, nous mène au dessus du golfe de Girolata. Le panorama forme un tableau harmonieux et grandiose : les rochers rougeâtres dévalant des montagnes en arrière se précipitent dans les eaux d'un bleu profond tandis que les courbes des baies s'entrelacent pour entourer le petit fort génois sur son promontoire. |
Golfe de Girolata |
Continuant de suivre la côte, nous nous engageons sur une fantastique route de corniche taillée à flanc de falaise, offrant des vues saisissantes sur le golfe depuis des à pics vertigineux... La mer irradie un bleu profond, les rochers écument au pied des escarpements ocre-jaune... |
Scandola : les rochers striés de la réserve naturelle |
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Route d'Osani à Porto : Juliette regarde la côte vers Girolata et Scandola |
Porto : le port et la plage depuis la route de Piana |
Porto : il y a vingt ans la marine n'était qu'une grève sur laquelle nous avions échoué nos embarcations à côté des barques des pêcheurs; elle est devenue le débouché paysagé d'un vallon envahi par les résidences de vacances et les hôtels tout neufs. |
Porto : le port, la tour génoise et la
plage
Nous avançons au maximum notre Aigle sur le quai face au golfe, au pied de la vieille tour carrée. Nous y déjeunons dans les éclatements des vagues qui viennent s'écraser quelques mètres plus bas, juste sous nos pieds. | Porto : l'Aigle et son équipage devant le petit port |
En quittant Porto |
Puis, faisant le tour du rio Portu qui coupe le site en deux, nous passons le pont et descendons faire un tour sur la plage où ne traînent, en ces temps bénis, qu'un couple de touristes, un pêcheur à la ligne et son chien... |
Arrivée aux
Calanques de Piana
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Nous attaquons ensuite la route sportive menant à Piana. Elle serpente à flanc de falaise, à travers des plantations de pins et autres résineux, dévoilant par intermittence des vues plongeantes sur la baie de Porto derrière nous. |
Dans un virage surgit soudain un rocher évoquant une tête de chien : là commence la balade prévue dans les Calanche. | Vue générale des Calanques de Piana |
Calanques de Piana : la Confession |
Dans les Calanques : la Tête d'Indien |
On s'amuse à ce petit jeu pendant l'heure de
cheminement, pénible dans ce dédale, qui mène au "Château".
C'est en fait un cube minéral d'une quarantaine de mètres d'arête isolé au bout du promontoire presque plat et dégagé où nous finissons par arriver. | Depuis les Calanques, en regardant vers Porto |
Calanques de
Piana: vue générale, autour du Château
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Le vaste spectacle des Calanche rougies par la lumière déclinante de la fin de journée et surplombant la mer... |
l'étendue bleu marine au delà partiellement limitée par les hauteurs du golfe de Girolata et la pointe de Scandola, ... | Dans les
Calanques de Piana, Jean-Paul, Juliette et
Monique
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Juliette ravie de l'excursion dans les Calenche de Piana |
l'échauffement causé par cette course sur le sentier escarpé au milieu du maquis odorant, toutes ces impressions concourent au sentiment de plénitude qui nous envahit, tandis que le soleil descend lentement sur la baie. |
Remontant à bord de notre Aigle, nous gagnons le village de Piana, admirant au passage d'autres vues fantastiques sur les reliefs érodés et vertigineux que nous venons de parcourir. Puis, contournant le capo Rosso dénudé et sauvage, nous entamons une course avec le soleil qui tombe rapidement et dont nous voulons voir le coucher sur l'immense plage déserte d'Arone. | Le Capo Rosso, près d'Arone |
Plage d'Arone
et Capo-Rosso en arrière
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Le vent incline et secoue les panaches des plantes semi désertiques dispersées sur le sable, les gros rouleaux blanchis d'écume déferlent bruyamment en cinémascope et stéréo... Le spectacle invite au repos, mais le site est cependant trop pentu et trop isolé pour que nous envisagions d'y dormir; aussi remontons-nous vite jusqu'à un petit stationnement en terrasse à l'entrée de Piana qui nous accueille pour la nuit. |
3. De PIANA à BONIFACCIO
Samedi 28 décembre 1991 : de PIANA à CORTE
Pour la première fois, nous arrivons à nous réveiller vraiment tôt, vers 6:30. Mais il fait encore bien frais à cette heure, et je remonte le thermostat pour relancer le chauffage; impossible d'obtenir l'allumage du brûleur. Pensant la tension de la batterie accessoire trop faible, je tente de lancer le moteur pour générer quelques ampères supplémentaires, mais suis incapable d'obtenir autre chose que quelques "borborygmes" et une toux hoqueteuse de nos quatre cylindres, avant leur silence obstiné. Voilà qui est pour le moins fâcheux ! Je poursuis mes essais avec la bienveillante assistance d'un Corse matinal qui m'aide à étrenner mes câbles de survottage, mais en vain...
En désespoir de cause, je me dirige dans le petit vent frisquet du matin vers la station service locale : un kilomètre à pied, ça use... Las, le pompiste, au demeurant aimable, ne peut m'être d'aucun secours, étant seul de garde auprès de sa pompe, et de plus très vague et hésitant quant au diagnostic : moteur noyé, peut être... Comme le seul "garage" éventuellement ouvert en ce beau samedi se trouve 4 kilomètres plus loin sur la route de Cargèse, je préfère mettre à l'épreuve mes talents de mécanicien et retourne illico auprès de mon Aigle aux ailes sérieusement entravées. J'y retrouve Juliette et Monique qui, entre temps, ont déjeuné et fait la vaisselle. Il ne me reste plus qu'à tenter les seules interventions possibles : démonter les bougies, les brosser et les sécher, essuyer le distributeur, bien connecter les câbles, et advienne que pourra ! Merveille, au premier tour de clé, le moteur se décide à ronronner ! Fierté - justifiée - du mécano amateur, et soulagement de l'équipage...
Il est grand temps de rejoindre Maman par
téléphone pour l'assurer de notre survie sur cette île explosive
et nous faire confirmer celle de Mathieu devant son écran
d'ordinateur à Montréal. J'éprouve un instant d'étonnement
admiratif vis à vis de ces cartes de crédit téléphone qui ont
sauvé l'existence des cabines françaises menacées d'extinction
suite au vandalisme dont elles étaient la cible; bien plus,
l'implantation de la télé-carte a même permis leur
multiplication jusque dans les coins les plus reculés du
territoire ! Une bénédiction pour des voyageurs loin de leur
foyer comme nous...
Quittant le petit terre-plein qui a bien failli devenir le Waterloo de notre périple, nous retournons jeter un dernier coup d'oeil sur les Calanche depuis un virage repéré hier dans l'obscurité sur la route d'Arone. | Piana: plage de Figarola |
Le village de
Piana et les Calanques en arrière
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Le soleil dépasse maintenant les cimes derrière nous pour effleurer de ses rayons rose-orangé les crêtes des Calanche que nous découvrons ici dans leur ensemble. Nous parcourons à nouveau la route qui les traverse en redescendant vers Porto : une autre occasion d'admirer ce splendide chaos ocre sur fond de bleu Méditerranée dont le soleil matinal avive encore les couleurs. |
Il nous faut d'abord grimper jusqu'au bourg d'Evisa par une longue montée longeant la gorge vertigineuse de Spelunca. Celle-ci forme une tranchée abrupte et sombre creusée à travers d'immenses blocs de roc rougeâtre. | Monique sous les pins au dessus des gorges de la Spelunca |
Forêt d'Aïtone :
pins lariccio
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A la sortie du bourg, une bande de cochons sauvages cherchant leur pitance sous d'énormes châtaigniers retient notre attention quelques instants, puis nous pénétrons dans la forêt d'Aïtone. D'immenses et superbes pins laricio bordent la route sinueuse et l'encadrent majestueusement. |
Laissant le camping-car à l'orée d'un chemin forestier couvert d'aiguilles et de pommes de pin géantes, nous descendons à travers le sous-bois admirer au fond du vallon les cascades d'Aitone. Ombragées par les pins, elles se déversent gracieusement dans une jolie piscine naturelle, au milieu du chaos des rochers. Voilà un site qui doit être bien invitant dans la chaleur de l'été, mais les glaçons en ribambelle parant les chutes n'incitent guère au plongeon aujourd'hui ! | Jean-Paul et
Juliette devant une cascade dans la forêt d'Aïtone
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Village de montagne et ses terrasses sur la route de Corte |
La montée vers le col de Vergio se poursuit, entrecoupée de plaques de glace, tandis que le thermomètre descend au fur et à mesure de notre ascension. Très belle vue depuis les 1 477 m. d'altitude du col sur le ravin de l'Aitone à l'ouest - et à contre-jour -, sur la vallée et la forêt de Valdo-Niello de l'autre côté. La pente s'inverse alors en se rapprochant du lac artificiel et du village de Calacuccia, où le monte Cinto, le monte Falo et les autres cimes enneigées plantent un décor grandiose derrière les bâtisses rustiques du bourg. |
Le contraste est brutal avec le défilé de la Scala di Santa Regina dans lequel nous nous engageons presque aussitôt. Ce sont vingt et un kilomètres d'une route taillée dans le rocher, surmontée d'aiguilles acérées ou surplombant une gorge profonde, suivant fidèlement le torrent Galo jusqu'à la vallée plus large qui donne enfin accès à Corte. Impression d'écrasement sous toute cette masse minérale rouge, ocre et jaune, paysage aride et tourmenté, quasi lunaire... | Défilé de Scala di Santa Regina |
Corte : l'Aigle
stationné Place Paoli
|
Il fait presque nuit lorsque nous stationnons notre petit Aigle sur la place Paoli, le coeur de la minuscule capitale traditionnelle de l'île. |
Un petit tour dans la ville ancienne, plutôt délabrée et quelque peu pittoresque, nous mène jusqu'à la citadelle. | Corte: Jean-Paul & Monique Place du Poilu, devant la citadelle |
Corte : Jean-Paul au pied de la citadelle devant la vallée du Tavigano |
La grande porte en est malheureusement fermée. Nous poursuivons jusqu'au belvédère que nous escaladons sans retard : |
dans la lueur grisâtre du soleil déjà disparu derrière les montagnes, il offre une vue saisissante sur la proue de la Vieille Citadelle et sur le vallon où coule l'impétueux Tavigano. | Corte : la citadelle depuis le belvédere |
Vue sur la citadelle de Corte. et la vieille ville depuis le vallon du Tavigano |
Nous dévalons alors les ruelles jusqu'au pied du roc en nid d'aigle pour engager prudemment notre motel roulant sur la passerelle étroite franchissant le torrent et aller nous installer à l'entrée du camping fermé. La nuit s'y déroule tranquille sous les grands châtaigniers défeuillés. |
Cette fois-ci, pas de problème, le moteur démarre sans trop se faire prier. Dès la routine matinale terminée (douche, déjeuner, vaisselle...), nous retournons sur la place Paoli. Accompagné de Juliette, je remonte à la citadelle et au belvédère tourner les vues que l'obscurité et l'épuisement de ma batterie vidéo m'avaient interdit hier soir. | Corte : sous la citadelle, Juliette regarde la ville sous le soleil du soir |
Corte : la citadelle depuis le belvédère |
Citadelle de Corte depuis le rempart |
Toujoures sensible aux
détails - et aux animaux... - Juliette en profite pour
aller photographier le chat en faction à la fenêtre de
la maison de Joseph Bonaparte. Puis nous retrouvons Monique qui a pris le temps de se coiffer au fer à friser dans le camping-car... Comme la petite ville ne semble pas présenter d'autres points d'intérêt majeurs, nous prenons aussitôt la grand route vers le sud. |
Le chat sur la maison de Joseph Bonaparte à Corte |
Village dans la montagne entre Corte et Porto-Vechio |
On ne rencontre rien de bien spectaculaire jusqu'à Vivario, hormis le joli village de Venaco étalé à mi-pente et dominé par de hautes crêtes rocheuses, peu après le col de Bella Granajo. A Vivario donc, nous bifurquons sur une toute petite route de montagne qui nous fait escalader, virage après virage, le col de Sorba, à travers la magnifique forêt de Rospa-Sorba. |
En revanche le défilé des Strette (D 344), assez large et très méditerranéen (soleil, odeur des plantes aromatiques...), nous semble fort agréable, tandis que celui de l'Inzecca, beaucoup plus court, se montre aussi plus sauvage et plus abrupt. Il se termine par deux barrages que dessert une route très étroite et délabrée, jusqu'à son débouché sur la vallée à Saint-Antoine. | Le pin fourchu du Défilé de l'Izecca |
Puis nous empruntons la grande route côtière
vers Porto Vecchio, avec un arrêt vidéo à l'anse de Favone et à
celle de Fautea. De grosses lames y déferlent sur le sable blanc
parsemé de roches rouges briques. A Sainte-Lucie, un détour par
la D 168a vers Pinarellu me permet de filmer le petit cimetière
marin et sa chapelle au bord du golfe. Nous poursuivons la
départementale étroite jusqu'à Saint-Cyprianu, avant que le
golfe de Sogno nous offre un joli coucher de soleil. Nous
atteignons enfin Porto Vecchio au crépuscule.
Porto-Vecchio :
plage de Palombaggia
|
Au bord de la marine nous
attend un port de plaisance luxueusement équipé; nous
profitons des vannes d'eau courante destinées aux yachts
pour refaire notre plein d'eau. Mais il est grand temps de
chercher un coin tranquille pour dormir, aussi
gagnons-nous la fameuse plage de Palombaggia où nous
arrivons à la nuit noire. L'anse paraît jolie derrière son
bois de pin au bout de la piste. Cependant l'endroit nous
semble trop isolé pour oser y passer la nuit. |
Porto-Vecchio : plage de Palombaggia |
Porto-Vecchio : plage de Palombaggia |
Porto-Vecchio :
la vieille ville depuis le mouillage des yachts
|
Nous revenons donc à Porto Vecchio installer notre bivouac sur une vaste esplanade près de la marina. |
Au matin, et pour la deuxième fois,
démarrage sans problème ! Il semble qu'en appuyant sur
l'accélérateur jusqu'à ce que le moteur tousse, puis en
stabilisant le régime avec le "starter", on passe avec
succès cette épreuve matinale anxiogène... Avant de quitter Porto Vecchio nous faisons un bref arrêt au centre ville. Monique y poursuit notre collection de cartes postales tandis que je tourne deux ou trois plans sur la marine depuis les restes du bastion dominant la mer. |
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Nous prenons ensuite la direction
de la montagne en empruntant une petite route qui
grimpe hardiment en dévoilant un vaste panorama sur
la baie.
|
Après quelques kilomètres de plaine cultivée, on s'élève progressivement jusqu'au col de Punticella d'où la vue s'étend largement sur la baie, dans la lumière un peu brumeuse et diffuse du matin. | Baie de Porto-Vecchio depuis la route du col de Punticella |
Forêt et massif de l'Ospedale |
Nous nous enfonçons bientôt dans la forêt de l'Ospedale, un paysage qui nous fait vite penser à nos Laurentides canadiennes : montagne, lac et résineux, surtout près du barrage de l'Ospedale. |
La route, excellente quoique sinueuse, se poursuit vers Zonza, offrant de vastes paysages de pentes boisées où s'accrochent quelques villages suspendus. | Depuis le Col de Punticella, l'intérieur montagneux vers le sud et vers Zonza. |
Le village de
Zonza et les aiguilles de Bavella
|
En arrivant à destination, on tombe sur une jolie bourgade en terrasses, dont les maisons de pierre grise se serrent autour de leur église. J'en fais quelques plans depuis le toit du camping-car qui m'offre aussi une vue dégagée sur le cimetière typique du village : un entassement de chapelles funéraires reproduisant une cité miniature... |
Via la D 268, nous achevons de grimper maintenant les 1 218 mètres du col de Bavella. Le coup d'oeil est magnifique : en avant les aiguilles de Bavella nous dominent, imposantes, devenant plus acérées au fil de notre approche, tandis que la vue sur la vallée de Zonza, que nous quittons, est peu à peu noyée dans la brume du contre-jour. Seuls se devinent les bleutés progressifs de ses crêtes successives. |
Depuis le Col de
Bavella, la vue vers Punta Tafonata
|
Punta Tafonata depuis le Col de Bavella |
En revanche, de l'autre côté du col, la chaude lumière de l'après-midi cuivre un merveilleux paysage contrasté de pics et de rocs. Encadrée par la punta Tafonata di Paliri (1 331 m) et la punta di Ferriata, la mer se devine tout au fond... |
Malgré quelques difficultés dues à la faible garde au sol de notre Aigle, nous quittons la route et gagnons le gazon alpestre sur lequel nous déjeunons. Un autre fourgon, occupé par des Hollandais et déjà vu dans les Calanche de Piana, nous a précédé sous les pins étêtés par le vent violent balayant le creux du col. | Piquenique dans le col de Bavella devant les aiguilles |
Dernier coup d'oeil vers Punta Tafonata en quittant le col de Bavella |
Après une petite balade et - espérons-le - quelques superbes photos, nous abandonnons ce site magnifique pour redescendre très abruptement vers le col de Larone (608 m). Hélas le revêtement du chemin jusqu'à présent sans reproche devient bientôt irrégulier, rapiécé ou parsemé de nids de poule, nous réservant 27 kilomètres de cahots et de torture. Le paysage continue pourtant d'être remarquable, passant d'une route en corniche suivant le flanc de la vallée à un large torrent pierreux aux eaux claires et au fond pavé de gros galets arrondis que nous suivrons jusqu'à son embouchure. |
4. De PORTO VECCHIO à MONTRÉAL
Une fois complété notre plein d'eau propre
sur le port (pour la 3ème fois !), nous prenons la
N 198 en direction de Bonifacio (27 km). Bref détour sur la D
60 en direction de la plage de Manza. Mais Monique, qui
souffre du dos, nous fait vite renoncer à poursuivre cette
petite route défoncée qui n'aura servi qu'à vidanger notre
toilette dans un taillis...
Nous sommes bientôt aux abords de la marine de Bonifacio, admirant les yachts anglais richissimes ou racés se balançant sur l'eau calme du bassin. Contournant la ville haute, nous gagnons d'abord l'extrémité de la presqu'île, sur l'esplanade Saint-François. | Le port et le goulet de
Bonifaccio vus d'avion
|
Port de Bonifaccio |
Renforçant encore cette remarquable situation stratégique, un long et profond goulet isole la citadelle du reste de la Corse. |
En arrière l'imposant bastion de l'Étendard coiffe le rocher blanc et nous écrase de sa masse sans relief. | Bonifaccio: le port et le bastion de l'Étendard |
La vieille ville de Bonifaccio juchée sur la falaise calcaire |
Fouetté par les rafales,
je grimpe sur les restes de la batterie Saint-Antoine
pour contempler les falaises de calcaire blême et strié
supportant la vieille ville; je m'imagine figure de
proue, surplombant l'étendue bleu outremer des Bouches
de Bonifacio piquée de moutons blancs. L'atmosphère est plus calme, plus recueillie dans le cimetière marin où je pénètre ensuite, véritable petite cité funéraire avec ses avenues et ses "villas" serrées les unes contre les autres. Longeant une partie du rempart dominant le goulet, je retrouve enfin Monique et Juliette demeurées à l'abri du vent dans l'Aigle. |
La rue du Palais, barrée par les arcs-boutants de l'église Sainte Marie Majeure; la rue des Deux Empereurs qui accueillit en leur temps Charles-Quint et Napoléon Bonaparte... Nous arrivons ainsi à la place d'Armes sur laquelle donne la Porte de Gênes. Son pont-levis est encore équipé de sa herse massive et de son système de contrepoids. | Bonifaccio : rue du Palais |
Bonifaccio : le
Col de St-Roch franchissant l'isthme
|
Le formidable bastion de l'Étendard, surveillant le port et la route du col de Saint-Roch (isthme étroit reliant la presqu'île à la terre ferme), est fermé à la visite. |
Nous nous contentons du superbe panorama offert par le belvédère de la Manichella aménagé dans les restes d'une vieille tour médiévale : | Bonifaccio : Juliette et Monique place du Marché |
Bonifaccio : le port au fond du goulet |
à gauche le port taillé au carré, son eau émeraude et ses bateaux immaculés, |
à droite (vers l'ouest)
les Bouches de Bonifacio, les falaises de craie
blanchâtre s'étirant jusqu'au cap Pertusato et son phare
à gauche vers l'est,... |
Bonifaccio :
Sulta Rocca et Grain de sable
|
à nos pieds la petite plage de galets de Sulta Rocca et le rocher du Grain de Sable... c'est à couper le souffle ! |
La vue s'élargit sur les Bouches de Bonifacio et les côtes sardes à l'horizon depuis l'autre belvédère de la place du Marché, avant que nous ne retournions près de l'église Sainte Marie Majeure : élégants balcons de fer forgé, ruelle encadrée par les contreforts de l'église, loggia dont la vénérable charpente s'appuie sur des ouvertures en plein cintre bien rythmées. | Bonifaccio : arcades rue du St-Sacrement |
Bonifaccio :
arcades rue du Palais
|
Puis, via la rue Doria, nous gagnons l'école et, de là, la petite place d'où dégringole l'escalier du roi d'Aragon : 75 mètres de marches creusées à même l'à-pic de la falaise, malheureusement cadenassées elles aussi. Il faudrait encore évoquer la lumière du midi, presque africaine, qui baigne ces paysages et ces vieilles pierres... |
Redescendant vers le monument héroïque de la Légion, nous regagnons notre stationnement pour prendre la route du phare de Perdusato où nous voulons déjeuner. Le point de vue depuis la crête de l'escarpement en direction de la vieille ville est grandiose. Nous nous arrêtons un peu après la station météo, au milieu du maquis et au bord de la falaise; il fait grand soleil, le vent est supportable, l'environnement est magnifique. | Bonifaccio : Jean-Paul contemple la ville depuis le cap Pertusato |
Bonifaccio : dans l'Aigle Juliette et Jean-Paul déjeunent |
Quel cadre
pour notre déjeuner piquenique !
|
Saturés d'air et de lumière, nous revenons vers la vieille cité retranchée sur son promontoire. | Bonifaccio : le Sulta-Rocca et
le Grain de sable devant la vieille ville
|
La route nationale file en direction du nord jusqu'à une bifurcation, quelques kilomètres plus loin, vers l'Ermitage de la Trinité. Au bout d'un chemin inégal, nous tombons dans un site chaotique, dominé par d'énormes blocs en équilibre apparemment instable, d'où la ville révèle son autre face de citadelle redoutable aux murailles bronzées par le soleil vespéral.
Puis la grande route, excellente et très rapide, nous emmène jusqu'au belvédère de Roccapina : le soleil rougeoyant s'y couche derrière le rocher du Lion, un énorme bloc biscornu qui semble tapi sur une crête dominant la mer, surveillant une antique tour de guet génoise... Dans la vague clarté du crépuscule, nous poursuivons jusqu'à Sartène, carrée sur sa colline en amphithéâtre, tout en haut d'une vallée très pentue débouchant au loin sur la mer. Après un vain détour abrupt pour trouver un bivouac en dessous de la ville, nous nous adressons aux gendarmes qui nous orientent vers un stationnement tranquille dans le centre. Nous y dormons fort bien, après un délicieux repas de cassoulet au confit de canard, et malgré la débauche de pétarades des fusils de chasse saluant la nouvelle année vers minuit.
Mercredi 1er janvier 1992 : de SARTENE à FILITOSA
Un petit retour en arrière nous ramène à un
virage précédant la ville qui s'étale, dans le déploiement de
ses terrasses, comme plaquée au flanc de sa montagne. Le
catalogue des curiosités sartèniennes stimule peu notre intérêt,
aussi décidons nous de consacrer plutôt la journée à une
excursion vers les mégalithes de Ca Uria.
Sartene : alignement de Stantari |
La petite route tortueuse nous semble longue, dégringolant le long de la vallée du Loreto jusqu'à une bifurcation qui s'avère plus défoncée encore. Nous errons bientôt sur un chemin de terre raviné qui, merveille du téléguidage Michelin, nous fait tomber en plein sur le joli petit alignement de Stantari. Il semble perdu au milieu de son maquis, au pied des rochers roses et ocres de la Punta Cauria. |
Sur les hautes pierres dressées de plus de 2 mètres de haut, on devine très bien les traits des grands guerriers et la longue épée verticale divisant leur corps en deux. | Sartene : Monique devant l'alignement de Stantari |
Sartene : Juliette et Monique sous le dolmen de Fontanaccia |
Nous avons quelques
difficultés ensuite à trouver au milieu des buissons le
beau dolmen de Fontanaccia, plutôt petit mais
remarquablement conservé. Quant à l'alignement de Renaggiu, nous passons un long moment à le rechercher dans le désert du maquis verdoyant et odorant. Errant au milieu de vaches peu sympathiques, nous découvrons bien une pittoresque cabane de berger flanquée de son four lui aussi tout de pierre taillée, mais impossible de discerner alentour aucun ensemble de monolithes. Déçus, nous finissons par renoncer et prenons le chemin du retour. |
Continuant sur la D 48, nous arrêtons un moment pour contempler, au bout de deux kilomètres de piste quasi africaine, l'alignement de Palaggiu : une centaine de menhirs dont malheureusement la plupart sont renversés et très peu ornés. | Sartene : Juliette devant l'alignement de Palaggiu |
Puis nous allons déjeuner sur le quai désert de la marine de Tizzano. A l'abri d'un promontoire exigu, un adorable petit mouillage idéalement calme accueille seulement les jeux des goélands pêchant entre les bateaux éparpillés sur l'eau cristalline et bleutée. Nous aimerions poursuivre cette merveilleuse excursion, mais devons renoncer à gagner le fort au bout du cap, tant la piste s'avère hors d'usage. | Sartene : marine de Tizzano |
Filitosa : vue générale du site |
La route étroite tortille en escaladant la montagne, et l'après-midi est déjà bien avancé lorsque nous parvenons au hameau. Courtoisement accueillis par le gardien, nous nous hâtons vers le site assez exceptionnel : sur une butte rocheuse dominant abruptement un vallon sauvage, des Mégalithes (6 000 - 1 000 av. J.C.) puis des Torréens (1 600 - 800 av. J.C.) ont bâti un oppidum fortifié. |
Menhir Fillitosa V, de côté |
Menhir Fillitosa V, de face |
Filitosa : Le Temple |
Filitosa : statue-menhir Fillitosa XIII de face |
Statue-menhir Filitosa XV de face |
Filitosa : Juliette devant Le Temple |
Filitosa :
Monique entre les statues-menhirs entourant
l'olivier millénaire
|
Dans la lumière dorée du soir, les pierres moussues ressortent sur le vert tendre des fougères ou des herbages en dessous, et l'on flâne de tumuli en murets plus ou moins lisibles, sous le charme de leur poids de passé et de mystère. |
La visite se termine dans la prairie en contrebas où cinq statues menhirs alignées sous un olivier millénaire dirigent leur regard de pierre vers la colline aménagée par ces hommes d'il y a plus de 3 000 ans. Le soir descend, tirant le voile sur cette émouvante évocation d'ancêtres depuis longtemps disparus. | Les cinq statues menhirs autour de l'olivier millénaire |
Jeudi 2 janvier 1992 : de FILITOSA à AJACCIO
Quelle paix sur cette colline maintenant quasi abandonnée des hommes ! Repartant relativement tôt, vers 9:00, nous descendons jusqu'au bout de la route étroite à Porto-Pollo, petite station balnéaire totalement désertée en cette saison. Cela rend d'autant plus intéressante la vue sur le golfe de Valinco. Puis nous choisissons la montagne pour gagner Ajaccio, d'abord par la D 155 jusqu'à Acqua Doria, puis par la D 55a vers Coti-Chiavari. Beau point de vue sur les deux golfes en passant la crête. Depuis la terrasse du village, la perspective s'élargit sur le golfe d'Ajaccio et sur la ville, toute blanche dans le soleil, que l'on aperçoit de l'autre côté de l'eau, au delà d'une suite d'anses et de pointes. De notre côté, en revanche, le paysage de rochers et de boisés demeure dans la grisaille.
Puis nous redescendons les épingles à cheveux
de la D 55 noyées dans les eucalyptus de la forêt de Chiavari.
La vue est presque constamment bouchée par la végétation très
touffue, quasiment luxuriante. Un arrêt dans un virage pour
cueillir fruits et feuilles d'eucalyptus qui embaumeront la
cabine de notre Aigle nous offre cependant le pittoresque
dégagement longtemps espéré. La route côtière longe ensuite des
rivages trop bâtis à mon goût et donc d'un intérêt esthétique
limité, n'était-ce l'étendue sableuse des plages de Ruppiene et
d'Agosta tranchant sur le bleu de la Méditerranée.
Le port d'Ajaccio
|
Les pentes d'Ajaccio au deuxième plan, de plus en plus proches, s'élèvent sur l'horizon. Enfin nous sommes en ville, une vraie ville allais-je dire, puisque les buildings escaladant les flancs de la montagne se pressent en un jaillissement finalement assez banal, mais impressionnant par sa densité. Voilà qui change des menues bourgades de pierre traditionnelles, au charme désuet, que nous avons presque uniquement rencontré en Corse jusqu'à présent. |
Après une rapide traversée de la ville en camping-car, nous stationnons devant la cathédrale, au bord de la plage bordant le boulevard Lantivy. Nous avalons une salade puis commençons notre balade à pied par le tour de la cathédrale. Sa façade Renaissance du XVIème, toute simple, ne manque sûrement pas de charme, mais elle est cachée derrière les échafaudages d'une restauration exhaustive qui lui redonnera sa belle teinte rosée. L'unique porte de cette façade est close, et le reste de l'édifice, enchâssé dans toutes sortes de vieilles maisons, est invisible... | Ajaccio : bvd Lantivy et la cathédrale |
Ajaccio : la Casa Buonaparte |
Puis la rue Saint-Charles nous mène à la place Letizia. C'est un joli square envahi d'arbres entourant un buste du roi de Rome enfant, en face duquel s'élève la maison Bonaparte. |
Derrière la façade austère et sans grâce se cachent trois étages qui ne manquent pas d'allure avec leurs élégants plafonds décorés et peints à l'italienne, les salons et chambres tendus de soieries (où Napoléon passa son enfance jusqu'à son départ pour la France à 9 ans) et les meubles authentiques disséminés ça et là. | Ajaccio, la Casa Buonaparte : chambre de Letizia |
Nous gagnons ensuite la place du maréchal Foch, ombragée de palmiers, dont le pavage de marbre relie la monumentale fontaine des Quatre Lions (dominée par un Bonaparte Premier Consul un peu trop solennel à mon goût) au bassin du port.
Un peu plus loin, le C.R.S. bonasse en faction
devant la préfecture nous laisse pénétrer dans le hall pour
admirer le sarcophage romain du IIIème siècle dit "du Bon
Pasteur". Une belle frise de figures bachiques anime le marbre
de ses parois. Le brave représentant de la maréchaussée s'étonne
de notre intérêt artistique pour ce bloc de pierre que lui et
ses collègues utilisent comme table à carte les soirs de
garde... Le cour Napoléon nous ramène à la place Charles De
Gaulle, une esplanade moderne où s'ébat une ribambelle d'enfants
de tous âges, étrennant les jouets tout juste reçus. Les plus
petits sont accompagnés de leurs grands parents qui viennent eux
aussi jouir des derniers rayons du soleil hivernal.
Regagnant rapidement notre Aigle, nous prenons sans délai la route des Sanguinaires que je veux absolument contempler avant de quitter Ajaccio (une autre réminiscence du Daudet des Lettres ?). Le site exhale bien l'ambiance de terre farouche et de bout du monde, à la Jules Verne, que j'attendais. Le soir descend et le soleil disparaît bientôt derrière la pointe de la Parata. |
Au-delà de la Tour génoise de la Parata, les Îles Sanguinaires |
Au crépuscule, Juliette contemple les Îles Sanguinaires |
J'entraîne Juliette sur le sentier rocailleux menant à l'extrémité du cap, un promontoire tourmenté et rocheux donnant sur les îlots désolés et sauvages. Puis nous grimpons comme des chèvres jusqu'à la base de la tour génoise, d'où la vue plonge sur le célèbre paysage; les îlots profilent leur silhouette sombre et découpée sur un fond de ciel gris vaguement orangé par le couchant... Peut-on rêver site plus romantique ? |
Notre ferry de retour dans le port d'Ajaccio |
La nuit tombant, il est temps de revenir en ville; suivant la route côtière, nous contournons la citadelle pour gagner la jetée et prendre notre dernier souper en terre corse, sur le quai du port où se balancent yachts et barques de pêche. L'obscurité est maintenant complète, le clapotis fait scintiller l'eau où se reflètent les lumières de la ville et celles de notre traversier tout illuminé. |
A 19:00 c'est l'embarquement; les matelots s'affairent à larguer les grosses amarres, l'eau bouillonne dans l'ombre le long de la coque, le quai s'éloigne, bientôt le pilote quitte le bord dans sa vedette. Les petites lampes blanches des maisons et immeubles dessinant la forme de la colline s'évanouissent, les pointillés orangés des lampadaires des rues et des quais rapetissent progressivement et sont avalés par la nuit pour enfin disparaître... Adieu la Corse !
Vendredi 3 janvier 1992 : d'AJACCIO à
LYON
Je passe un long moment dans le salon du ferry à regarder une projection de "Lawrence d'Arabie" dont l'épopée dans les sables de l'Afrique me fascine. Je finis par gagner la cabine où Monique et Juliette dorment depuis longtemps déjà. Lorsque nous abordons à Marseille, il est 6:00 et il fait encore nuit noire. Une suite de voies rapides surélevées presque désertes nous fait traverser la zone urbaine encore endormie, avant que nous enfilions l'autoroute vers le nord.
Tout semble aller pour le mieux et nous commençons à planifier une journée bien remplie à Lyon lorsque, près de Fos, le moteur se met à avoir des ratés; ce que je crois être un problème d'allumage se révèle en fait des explosions de post-combustion dues à la perte de compression de l'un des cylindres... Incapables de réparer, et suivant les conseils d'un aimable garagiste consulté à La Voulte, nous reprenons l'autoroute pour gagner Lyon sur trois pattes et au plus vite. Un bref détour chez les Leroi nous a seulement permis de rencontrer brièvement les enfants, leurs parents étant au travail...
En nous voyant débarquer à Sainte-Foy vers 11:30, Jehanne s'étonne de notre arrivée si prompte. Nous partageons bientôt notre pique-nique dans la grande salle à manger familiale, échangeant impressions et découvertes.
Durant l'après-midi, nous dégotons un garage V.A.G. qui pose un diagnostic sérieux, le communique à notre vendeur du Monde du Camping-car pour faire la réparation sous la couverture de la garantie, et nous donne un rendez-vous pour la semaine du 13 janvier.
La journée s'achève à Saint-Priest dans le magasin d'accessoires de Sublet... où nous ne trouvons rien qui nous convienne ! Pour couronner cette journée catastrophique, nous nous égarons dans les échangeurs qui auraient dû nous ramener à Sainte-Foy, et nous devons subir le supplice des embouteillages de l'heure de pointe au volant d'un véhicule qui cale à la moindre sollicitation, au milieu d'un brouillard des plus démoralisants.
De retour à la maison vers 19:30,
nous soupons avec Jean tandis que Jehanne, grippée, garde le
lit; puis Monique attaque la confection des bagages et la mise
en ordre du linge sale accumulé depuis 2 semaines. Tout est
finalement sous contrôle et le sommeil bienvenu après cette
longue journée.
Samedi 4 janvier 1992 : SAINTE-FOY LES LYON
J'aide Monique à vider les différents compartiments de notre Aigle. Pendant qu'elle poursuit les lavages et la préparation des bagages, je tente de compléter quelques bricolages à bord : pose de l’allume-cigares sous le tableau de bord, abaissement des réglettes fluorescentes de la dînette, adaptation d'un spot halogène au dessus de la porte.
En début d'après-midi Jean nous
conduit chez Anne et Christian à Saint-Georges; l'artiste nous
montre son atelier tout rénové, tandis que Monique et Juliette
accompagnées d'Anne vont visiter le musée de la Miniature.
Pendant ce temps, rentré à Sainte-Foy avec Jean, je poursuis mes
travaux en sa compagnie.
Dimanche 5 janvier 1992 : SAINTE-FOY LES LYON
J'achève les bricolages entrepris jusqu'à l'arrivée des Bertucat qui déjeunent avec nous. Puis ce sont Anne, Christian et Clément qui surviennent, et enfin René-Pierre, Jocelyne et leurs filles. Nous passons l'après-midi autour du foyer dans le grand salon avec quelques autres invités (Gérard et Catherine Boissier, Olivier Pernet...), régalés par Jean qui veille au bien-être de tous ses hôtes...
Après leur départ, nous achevons
nos bagages et les chargeons dans la voiture. Je me souviens
alors d'avoir omis de purger les circuits d'eau du camping-car
stationné dans le jardin... et, à grand peine, pestant contre
les vannes bloquées et les tuyaux inaccessibles (surtout dans
l'obscurité !), je fais de mon mieux pour mettre notre
installation hors gel. Voilà un autre chapitre qui méritera une
étude attentive à l'heure des améliorations... Finalement il est
minuit passé lorsque je gagne un lit bien mérité.
Lundi 6 janvier 1992 : de LYON à MONTRÉAL
Tôt levé, Jean a la gentillesse
de nous mener à Perrache où nous prenons le T.G.V. pour Paris.
Arrivés à 11:30, nous nous transférons dans le R.E.R. qui nous
laisse à Roissy vers 12:30. Le temps d'enregistrer nos bagages,
de vivre une demi-heure de suspens au comptoir à espérer que nos
places soient effectivement disponibles (survente de sièges...),
et nous embarquons dans l'Airbus d'Air Liberté pour Montréal. On
nous attribue finalement des fauteuils de première classe, les
seuls encore inoccupés; c'est donc en tout confort que nous
rentrons au bercail. A l'atterrissage vers 16:30, la neige
recouvre le sol et il fait -6°. Déjà finies, les - trop courtes
- vacances...
La maison
d'Outremont sous la neige...
BUDGET DU VOYAGE
Traversier |
2 780,00 f
|
Réparations |
19,50 f
|
Essence |
2 785,75 f
|
Péages |
159,00 f
|
Nourriture |
1 975,77 f
|
Timbres et papeterie |
93,00 f
|
Carte de téléphone |
133,00 f
|
Cartes postales |
192,00 f
|
Livres |
85,00 f
|
Visites |
120,00 f
|
Total |
8 343,02 f soit 1 275 € |