Sabbatique 1988-89

Juliette, Mathieu, Monique et Jean-Paul MOUREZ
à bord de leur Pilote 470


ESPAGNE - FRANCE



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57. En Espagne : de la Costa del Sol à Granada


Samedi 22 avril 1989 : d'ALGECIRAS à PUERTO BANUS (près de MARBELLA)

Le rocher de
                  Gibraltar depuis Algeciras
Le rocher de Gibraltar depuis Algeciras

Notre premier souci en quittant Algeciras est de trouver une casse pour dénicher enfin un bouchon de culasse. Il remplacera la boite de terrine de lapin installée depuis 21 jours sur le moteur. Ce couvercle de fortune n'a pu empêcher l'huile noirâtre enrobée de poussière de se disperser un peu partout sous le capot. Nous passons également à la banque puis au "Continente" où Monique fait le plein d'épicerie pendant que je réinstalle l'échelle de toit à l'arrière du camping-car.

Nous gagnons ensuite une plage près de Sotogrande. Monique y prend le soleil tandis que les enfants jouent au Playmobil dans le sable. De mon côté, peu attiré par les plaisirs de la plage, je procède au croisement des pneus qui commencent à montrer des signes de fatigue. En fin d'après-midi, nous reprenons la route côtière très densément peuplée.

Passant à Puerto Banus, nous gagnons un terrain vague en bord de mer où nous avons aperçu depuis la grande route un rassemblement d'une dizaine de motor-homes (dont un canadien !). Nous y bivouaquons les roues dans le sable, au pied de la Serra Bermeja dominée par le pic du Reale (1 450 m), à l'orée de la baie de Marbella. Une anse protégée par une jetée de pierre abrite la belle plage blonde qui commence à notre porte... Plage de
                  Puerto Banus au pied du Pic du Reale
Plage de Puerto Banus au pied du Pic du Reale

Juliette et Mathieu ressortent leur boite de Playmobil pendant que Monique prépare le souper. Je profite du répit et du sol sableux pour me glisser sous le camping-car et resserrer tous les boulons bridant le châssis à la cellule car elle commence à craquer de façon inquiétante. Comme pour les pneus, les routes étroites du Maroc, qui obligent à rouler à moitié sur la berme à chaque croisement de véhicule, ont maltraité notre petit Pilote, de fabrication bien légère et peu fait pour ce genre de raid...


Dimanche 23 avril 1989 : de PUERTO BANUS à COLMENAR (au nord de MALAGA)
Cour dans
                l'ancienne Marbella
Cour dans l'ancienne Marbella
Le ciel est radieux ce matin. Cela ne nous fait pas lever plus tôt pour autant... J'écris mon journal pendant que Monique se dore au soleil près des enfants qui poursuivent leurs jeux dans le sable. Nous traversons ensuite Marbella, grande station touristique internationale où tout l'espace entre rivage et montagne est bâti (assez bien d'ailleurs). 
Puis nous suivons la grande route côtière jusqu'à Fuengirola, entre une mer bleue ponctuée de petite plages encadrées par des rochers et des villages à touristes plus ou moins en construction. Où que l'on porte les yeux sur les pentes, les bords du chemin sont "décorés" d'une multitude de pancartes vantant le confort et la qualité des divers "concepts" immobiliers... Il est bien loin, le temps où nous parcourions cette Costa del Sol alors encore presque déserte... La nouvelle Costa del Sol (Marbella)...
La nouvelle Costa del Sol (Marbella)...

Par une route abrupte qui fait vite surchauffer notre moteur, nous grimpons dans la montagne jusqu'à Mijas accroché à un éperon escarpé. C'est un village typique avec ses murs blancs et ses toits en terrasses carrelées. En visitant le belvédère de l'ermitage ombragé par de grands eucalyptus, on découvre une vue superbe sur la vallée immédiatement en dessous et sur le littoral piqueté de grands immeubles au loin. Nous redescendons par Benalmadena, un autre village-balcon. Depuis le bord du promontoire qu'occupe la petite église environnée d'agaves et de cactus en fleurs, ce sont les énormes "développements touristiques" de Torremolinos que l'on aperçoit cette fois-ci. Nous rejoignons la célèbre station balnéaire par l'arrière pour atteindre bientôt la grande agglomération de Malaga. Nous voulons la découvrir depuis les virages de l'ancienne et admirable route panoramique dévalant la montagne jusqu'à la Méditerranée; aussi traversons-nous rapidement la ville pour emprunter la nouvelle voie expresse vers le nord, remarquable par son tracé et ses ouvrages d'art, quoique très encaissée. Elle nous hisse jusqu'au lieu-dit Casabermeja.

Nous quittons alors l'autoroute pour un chemin latéral presque marocain (étroit, sinueux et défoncé), mais dans une campagne riante et autrement mise en valeur. Les fleurs sauvages (coquelicots et verges d'or) débordent jusque sur le mauvais asphalte de la route. Nous rejoignons ainsi le pittoresque village perché de Colmenar où nous nous hasardons dans des ruelles pavées et très pentues pour tenter de nous installer tout en haut de la butte couronnant la bourgade. Mais nous sommes vraiment trop gros pour ces venelles. Renonçant, nous reprenons la route pour aller dormir encore plus haut dans la montagne, bien au dessus des maisons. Notre fenêtre encadre un beau paysage agreste animé par le passage d'un troupeau de chèvres tandis qu'au fond les sommets prennent des teintes mauves dans le soleil couchant.


Lundi 24 avril 1989 : de COLMENAR à RADUL (près de GRANADA)

Nous sommes réveillés par une averse qui nous fait paresser au lit jusque vers 10:30. Hélas, le ciel demeure couvert. C'est donc dans la pluie et le brouillard qu'à 11:30 nous entreprenons la descente vers Malaga par l'ancienne route nationale devenue maintenant itinéraire touristique. L'horizon est complètement bouché, nous suivons prudemment les lacets zébrant la pente. Nous savons le paysage superbe par temps clair, et ce d'autant plus maintenant que les abords du chemin ont été convertis en parc naturel forestier; mais avec une visibilité réduite à 20 m, on ne peut guère en apprécier les beautés...

 Assez déçus par ce trajet aveugle dont nous attendions beaucoup, nous traversons la ville en diagonale : le paseo lui aussi doit être joli dans le soleil, mais sous l'eau il invite peu au farniente... Nous serrons ainsi la côte jusqu'à Motril. Nous quittons alors les bords de la Méditerranée pour franchir la Sierra Nevada par une belle route de montagne qu'améliorent progressive-ment des travaux gigantesques. Le mauvais temps nous donne l'opportunité de faire effectuer près de Durcal quelques petites réparations mécaniques (changement du filtre à gasoil, balancement des roues...) et de faire décrasser au jet de vapeur le compartiment moteur tout barbouillé d'huile noirâtre. Poursuivant un peu plus vers le nord, nous allons dormir sur un terrain vague en bordure du village de Radul.


58. De Granada à Andorre


Mardi 25 avril 1989 : de RADUL à GRANADA

 La nuit s'écoule sans problème, mais la pluie et le temps bouché continuent... Le moment arrive cependant où il faut repartir vers Granada. La route de montagne n'offre guère d'intérêt avec ces nuages et ce plafond bas qui cachent les cimes de la Serra Nevada. Arrivés en ville, nous temporisons encore un peu, espérant la fin de la pluie et le retour du soleil pour notre visite de l'Alhambra. Nous voudrions en effet que le tour de ce magnifique monument, resté pour nous l'archétype du palais mauresque, constitue un point fort de notre voyage.
L'entretien de notre camion sera le prétexte pour retarder encore un peu la balade. Nous trouvons donc un concessionnaire Citroën chez lequel nous faisons remplacer deux bougies de préchauffage dont la défectuosité nous a valu des démarrages difficiles ces derniers jours. Quant à la boite à fusible fondue, responsable des surchauffes du moteur (les ventilateurs électriques ne fonctionnant plus normalement), il faudrait changer ou modifier tout le système, ce qui serait beaucoup trop long.
L'Alhambra au-dessus du ravin de l'Albaïcin
L'Alhambra au-dessus du ravin de l'Albaïcin
En sortant du garage, nous profitons d'un éclaircie partielle pour nous diriger vers l'Alhambra. Gagnant le ravin de l'Albaïcin, nous stationnons juste au pied du palais. Le quartier est pittoresque : les ruelles bordées de maisons blanches aux grilles de fer forgé dévalent jusqu'au ravin où coule un torrent. Nous le longeons pour rattraper une rue escarpée par laquelle nous rejoignons le parc entourant les bâtiments.
La visite des différents miradors, cours, salles et patios est extraordinaire, même si la lumière grisâtre et ténue joue bien peu sur les bassins et sur les stucs sculptés.  Granada : l'enfilade des tours de l'Alhambra
Granada : l'enfilade des tours de l'Alhambra

Alhambra de Granada : la Tour de la Justice
Alhambra de Granada : la Tour de la Justice
Alhambra de Granada : la Tour de Comares
Alhambra de Granada : la Tour de Comares

Alhambra de Granada : le Mexuar
Alhambra de Granada : le Mexuar
Alhambra de Granada : le Mexuar
Alhambra de Granada : le Mexuar
Alhambra de Granada : façade de la Tour de
                  Comares
Alhambra de Granada : façade de la Tour de Comares
Alhambra de Granada : la ville depuis la Salle
                  des Ambassadeurs
Alhambra de Granada : la ville depuis la Salle des Ambassadeurs

Alhambra de
          Granada : vue sur l'Albaïcin depuis la tour de Comares
Alhambra de Granada : vue sur l'Albaïcin depuis la tour de Comares

Alhambra de Granada : Salle des Ambassadeurs
Alhambra de Granada : Salle des Ambassadeurs

Alhambra de Granada : mirador de Lindaraja
Alhambra de Granada : mirador de Lindaraja de nuit

Alhambra de Granada : mirador de Lindaraja
Alhambra de Granada : mirador de Lindaraja
Alhambra de Granada : l'enfilade des tours au
                  dessus de la ville
Alhambra de Granada : l'enfilade des tours au dessus de la ville

Alhambra de Granada : mirador de Lindaraja
Alhambra de Granada : mirador de Lindaraja

On trouve ici un équilibre parfait entre les formes et les volumes, entre la simplicité et le raffinement des décors. Les perspectives sont variées, le construit idéalement approprié au milieu naturel. Quelle science de l'architecture, mais aussi quel art de vivre... Les points de vue sur la ville et la campagne alentour, à travers les élégantes et délicates fenêtres des tours, répondent aux coups d’œil sur les enfilades de cours et de jardins intérieurs. La distinction du dehors et du dedans perd son sens tant les zones couvertes et celles qui respirent à l'air libre s'enchevêtrent et s'articulent...

Même les bains qui semblent profondément enterrés au cœur des appartements privés reçoivent l'éclairage inattendu (et donc le contact avec le ciel) d'un puits de lumière. Alhambra de Granada : les Bains
Alhambra de Granada : les Bains

Alhambra de Granada : haut de la Salle de repos
Alhambra de Granada : haut de la Salle de repos

Alhambra de Granada : bas de la salle de repos
Alhambra de Granada : bas de la salle de repos
Alhambra de Granada : bas de la salle de repos
Alhambra de Granada : bas de la salle de repos
Alhambra de Granada : le grand bassin des bains
                  de Comares
Alhambra de Granada : le grand bassin des bains de Comares
Alhambra de Granada : le petit bassin des bains
                  de Comares
Alhambra de Granada : le petit bassin des bains de Comares

J'avais gardé le souvenir d'un espace habitable exemplaire, je retrouve un fabuleux chef-d'oeuvre, une "machine à rêver". Quittant les dernières tours et pièces d'eau, nous prenons le chemin du Generalife, plus haut sur la montagne, mais la pluie et le jour descendant nous arrêtent dans les vastes jardins déjà fleuris où nous pataugeons dans la boue...

Alhambra de Granada : le jardin et la Cour des
                  Dames
Alhambra de Granada : le jardin et la Cour des Dames
Alhambra de Granada : jardin
Alhambra de Granada : jardin

Alhambra de Granada : Bassin des Arranjanes
Alhambra de Granada : Bassin des Arranjanes
Alhambra de Granada : Cour et bassin des
                  Arranjanes
Alhambra de Granada : Cour et bassin des Arranjanes

Alhambra de Granada : Bassin des Arranjanes
Alhambra de Granada : Bassin des Arranjanes
Alhambra de Granada : Bassin des Arranjanes en
                  soirée
Alhambra de Granada : Bassin des Arranjanes en soirée

Alhambra de Granada : Bassin des Arranjanes
Alhambra de Granada : Bassin des Arranjanes
Alhambra de Granada : salle de la Barca aux
                  zelliges
Alhambra de Granada : salle de la Barca aux zelliges

Alhambra de Granada : entrée de la Cour des
                  Lions
Alhambra de Granada : entrée de la Cour des Lions
Alhambra de Granada : arcade de la Cour des
                  Lions
Alhambra de Granada : arcade de la Cour des Lions

Alhambra de Granada : Cour des Lions
Alhambra de Granada : Cour des Lions
Alhambra de Granada : Cour des Lions
Alhambra de Granada : Cour des Lions

Alhambra de Granada : Cour des Lions illuminée
Alhambra de Granada : Cour des Lions illuminée

Granada : maison patricienne dans l'Albaïcin
Granada : maison patricienne dans l'Albaïcin

Nous retournons alors tranquillement au camping-car, la tête encore pleine de ces merveilles. Hélas c'est un spectacle désolant qui nous y attend : fenêtre brisée, serrures forcées, biens saccagés, cartes de crédit, passeports, papiers officiels, caméra, jumelles, etc. volés. Nous passons trois heures à tout nettoyer et remettre en état, puis autant de temps au poste de police caché au cœur de la vieille ville pour faire les déclarations d'usage. Ce genre de mésaventure semble tellement courant ici qu'on nous remet dès nos premiers mots une liste pré-imprimée où la victime a juste à cocher les items dont on l'a dépouillée...

Vers minuit finalement, encore un peu en état de choc, nous allons dormir dans un camping coûteux (18,00 $) mais gardé par deux hommes armés escortés d'un gros chien. Voilà qui nous en dit long sur la sécurité régnant dans la ville...


Mercredi 26 avril 1989 : de GRANADA à TORTOSA (autoroute Costa del Azahar)

Au matin, le moral plutôt bas, nous discutons d'abord des gestes à poser pour régler les problèmes pratiques et immédiats : il faut obturer la fenêtre béante de la cuisinette, remplacer les chèques de voyage, annuler les cartes de crédit... Puis nous tenons conseil sur l'orientation à prendre pour la suite de notre voyage : nous n'avons plus guère le goût d'investir dans ce pays après cet "accueil" qui nous a rendus méfiants. Arrivés en terre espagnole confiants et avides de découvertes, nous avons perdu cette assurance qui permet de s'exposer et de s'ouvrir au nouveau et à l'étranger. Nous avons davantage le goût de nous retrouver en territoire connu, ayant par là même l'impression - fallacieuse à vrai dire - que nous y serons davantage en sécurité. Aussi décidons-nous d'écourter notre séjour en Espagne et de remonter au plus tôt vers la mère patrie, la France...

Nous retournons donc au centre-ville. Monique retire de l'argent liquide et annule les cartes de crédit à la banque pendant que je finis de remettre de l'ordre dans le camping-car, achevant d'enlever les petits éclats de vitre brisée que l'on retrouve un peu partout.

Puis nous faisons un dernier tour de ville pour admirer encore une fois l'Alhambra si beau sur sa colline, profilant ses murs et ses tours sur le fond altier de la Serra Nevada.  L'Alhambra sur fond de Sierra Nevada
Alhambra de Granada : vue générale avec la Serra Nevada

Cependant le temps reste déprimant lorsque nous prenons la direction du nord, sous la pluie et dans la brume. La route est assez accidentée, mais la visibilité demeure beaucoup trop réduite. Même le Puerto de la Mora, d'où le dernier roi maure chassé par les chrétiens jeta un ultime coup d’œil mélancolique sur sa ville bien aimée, manque de grandeur...

Nous filons ensuite par monts et par vaux, à travers des campagnes semi-désertiques où les creux seuls sont plantés de palmiers. Ces sortes d'oasis rappellent beaucoup les paysages marocains que nous contemplions encore il y a quelques jours. Petit arrêt au "Continente" d'Eiche pour consoler d'un petit cadeau Juliette car c'est elle qui a finalement subi le plus de pertes lors du cambriolage. A Alicante, nous rattrapons l'autoroute sur laquelle nous nous engageons dans le soir descendant. La voie rapide serpente entre mer et collines. Elle permet d'apercevoir dans le crépuscule les énormes agglomérations récemment construites pour accueillir les innombrables vacanciers envahissant périodiquement la côte espagnole à la conquête de leur ration de soleil. Ces colonies sont rarement de bon goût, surtout lorsque les résidences prennent la forme d'immenses cités dortoirs hérissées de hautes chandelles en béton où s'entassent les touristes... Quel plaisir peut-on bien avoir à quitter un milieu urbain souvent surpeuplé et stressant pour se retrouver dans un environnement quasi identique, mis à part le soleil ? Nous appartenons donc à une espèce bien grégaire...

En revanche la traversée des vallées plantées d'orangers en fleurs, qui se signalent dans la pénombre seulement par leur délicate senteur, est un régal pour l'odorat. Je roule ainsi sans ralentir jusqu'au nord d'Alicante, au kilomètre 321 où nous nous arrêtons sur une aire de service, en sécurité au milieu d'un groupe de gros camions. Nous suivons ainsi les conseils d'une famille de Suisses sympathiques voyageant dans leur petit car Volkswagen. Nous les avions côtoyés au camping de Zagora et c'est par le plus grand des hasards que nous les retrouvons maintenant. L'étape a été longue (689 km ) et le sommeil me paraît bien gagné...


Jeudi 27 avril 1989 : de TORTOSA à ANDORRA LA VELLA

Relief tourmenté de la Sierra de Montserrat
Relief tourmenté de la Sierra de Montserrat
Au matin, on reprend la route et l'on dépasse Tarragona en l'ignorant. Près de Barcelone quelques 220 km plus loin, je m'égare un peu dans le réseau d'autoroutes entourant cette grande ville. Notre expérience urbaine d'avant-hier nous porte à éviter le centre malgré ses curiosités remarquables. Nous le  contournons et finissons par nous retrouver comme nous le désirions dans l'arrière pays, vers la Serra de Montserrat.
Nous y découvrons un environnement plus à notre goût. Le paysage est grandiose et sauvage : des rochers abrupts dominent la plaine et forment comme de gigantesques sculptures à la Dali. Le célèbre monastère ne casse rien, en dehors du site naturel qu'il a pas mal endommagé par ses nombreuses constructions, hôtellerie, boutiques de souvenirs, funiculaire, etc... Serra de Montserrat : le funiculaire montant au
                sanctuaire
Serra de Montserrat : le funiculaire montant au sanctuaire

Serra de Montserrat : le sanctuaire
Serra de Montserrat : le sanctuaire
Serra de Montserrat : la Sainte Image, une statue
                  médiévale en or et argent
Serra de Montserrat : la Sainte Image,
une statue médiévale en or et argent

Nous filons ensuite vers le nord, longeant la vallée du rio Uobragat, pour atteindre les Pyrénées et leurs premiers contreforts constitués par la Serra del Cadi. La route superbement aménagée culmine dans le long tunnel du Cadi (5 km !). Il nous fait accéder à la vallée du Rio Sagre pleine de petits villages de montagne très alpestres et semée de terrains de camping : comme il doit faire bon vivre ici durant l'été !

Enfin nous atteignons Andorre, longue et profonde vallée où les centres d'achat alternent avec les magasins hors taxe. Après un petit tour exploratoire de supermarchés, nous soupons dans une pizzeria à l'ambiance tout-à-fait italienne puis allons bivouaquer sur une petite rue d'Andorra la Vella. Nous réservons au lendemain un éventuel magasinage à bon compte qui nous permettra de nous ré-équiper après le vol subi.


Vendredi 28 avril 1989 : d'ANDORRA LA VELLA au PAS DE LA CASE (Andorre)

Andorra : vallée d'Andorra la Vella enneigée
Andorra : vallée d'Andorra la Vella enneigée
Au matin, surprise : il neige, et abondamment ! Quel plaisir de prendre sa douche chaude et d'avaler ensuite son petit déjeuner dans notre nid douillet tandis que les flocons voltigent autour de nous ! Finalement nous décidons de ne rien acheter tant que nous ne serons pas au clair avec notre assurance. Nous allons donc changer toutes les pesetas qui nous restent pour des francs français, puis nous prenons la direction de la France.
Mais la neige qui tombe à gros flocons devient de plus en plus serrée et dense sur la chaussée. Comme les opérations de déneigement n'ont pas encore commencé, je dois bientôt chausser les chaînes à notre camping-car qui a bien du mal à escalader les épingles à cheveux du Port d'Envalira, à 2 407 m d'altitude. Andorra
                : en montant vers Envalira
Andorra : en montant vers Envalira
Andorra
Andorra
Nous passons de justesse dans une épouvantable poudrerie, avec une visibilité très réduite et en dépassant plusieurs voitures abandonnées au bord du chemin ou carrément dans le champ. La descente s'amorce sans problème, très lentement bien sûr, jusqu'au Pas de la Case, frontière avec la France. Mais là tout est bloqué, la route non déneigée est encombrée de congères et une longue file de voitures attend devant la barrière de neige fermée. Nous devons donc bivouaquer en pleine tempête, au milieu des bourrasques qui éteignent sans cesse notre chauffage (dont la prise d'air n'a aucune protection contre le vent !). C'est donc emmitouflés dans deux duvets que nous tâcherons de dormir... (encore un sale coup inattendu de notre cher Pilote !).



59. D'Andorra à la Camargue et la Provence



Samedi 29 avril 1989 : du PAS DE LA CASE à VALRAS-PLAGE

Andorre_vallee_enneigee
Vallée d'Andorre enneigée
Lorsque nous nous éveillons, il fait presque 0°C dans la cellule, l'eau gèle dans la tuyauterie malgré le sel introduit à grand peine dans les conduits d'évacuation et nous sommes à moitié recouverts de neige... Le col, bien entendu, n'est toujours pas ouvert !

Je réchauffe un peu l'atmosphère en faisant tourner le moteur jusqu'à ce que le chauffage propane se décide à fonctionner quand le vent finit par tomber. Nous hésitons sur la conduite à tenir lorsque, vers 10:00, arrive au col, en provenance de la France, un énorme chasse-neige. Il en sort un ingénieur des Ponts et Chaussée qui dit avoir eu du mal à passer (!) et promet de faire l'impossible pour ouvrir la route d'ici 5 à 6 heures... Scandalisés - comme bien d'autres - et amusés par ces Français débordés devant une urgence neige, nous décidons de repasser le col d'Envalira, quant à lui parfaitement dégagé et salé par les Andorrans !

Je sors donc la petite pelle pliante et pioche dans la congère entourant le camion jusqu'à ouvrir un passage rattrapant la chaussée déblayée, puis nous reprenons la direction d'Andorre. Ce trajet nous vaut quelques vues superbes sur les pentes et les creux maintenant couverts de neige fraîche. Nous traversons une autre fois toute la vallée habitée et repassons en Espagne. Après une route d'altitude assez mauvaise car en cours de reconstruction, parcourant villages et alpages, nous parvenons enfin en France à Bourg-Madame. Nous déjeunons d'une délicieuse baguette française et poursuivons la route d'altitude, excellente maintenant, jusqu'à Mont-Saint-Louis. Elle contourne les fortifications de Vauban sur lesquelles on a installé le grand miroir parabolique d'un four solaire.

Puis elle entame une longue descente suivant la vallée du Têt qui s'achève à Prades. Elle passe ensuite tout près d'une autre ville forteresse aux défenses impressionnantes (Villefranche-de-Conflans) avant de nous emmener jusqu'à Perpignan. Elle se glisse enfin parallèlement à l'autoroute, entre mer et montagne, progressant au milieu des immenses vignobles du Languedoc-Roussillon. A Béziers, nous obliquons vers la mer et allons dormir sur un quai devant le petit port de plaisance de Valras-Plage. Eus
Eus

Dimanche 30 avril 1989 : de VALRAS-PLAGE aux SAINTES-MARIES
Aigues-Mortes : les remparts côté mer
Aigues-Mortes : les remparts côté mer
Au réveil, un vent puissant fait vibrer les agrès des yachts dans le bassin, mais au moins il est accompagné de soleil, enfin ! Après quelques tergiversations et un téléphone à Toulon chez Michèle, la cousine de Monique, nous décidons de suivre la Côte d'Azur tout au long pour aller lui faire une petite visite.

Un bref arrêt au Cap d'Agde nous fait découvrir de petits immeubles modernes s'inscrivant assez bien dans le rivage rocheux. Puis nous passons sur un long cordon littoral constituant une belle plage cependant très venteuse. Nous atteignons alors Sète où nous déjeunons. Évitant ensuite Montpellier, nous traversons les développements immobiliers de la Grande Motte isolée au milieu de son marais avant de nous arrêter au pied des remparts d'Aigues-Mortes.
Aigues-Mortes : pont et Tour du Lion
Aigues-Mortes : pont et Tour du Lion
Aigues-Mortes : les remparts et la tour de
                Constance
Aigues-Mortes : les remparts et la tour de Constance
Aigues-Mortes : dans la tour de Constance, femmes
                protestantes prisonnières
Aigues-Mortes : dans la tour de Constance,
femmes protestantes prisonnières

Aigues-Mortes : tournage d'un film au pied de la
                tour de Constance
Aigues-Mortes : tournage d'un film au pied de la tour de Constance

Aigues-Mortes : inscription dans la tour de
                Constance
Aigues-Mortes : inscription dans la tour de Constance laissée par les Protestants emprisonnés : «Résister»
Aigues-Mortes : salle des gardes de la tour de
                Constance
Aigues-Mortes : salle des gardes de la tour de Constance

Aigues-Mortes : les remparts et la Porte des Galions
Aigues-Mortes : les remparts
et la Porte des Galions

Notre visite de l'ancienne base navale royale débute par l'énorme Tour de Constance, bâtie par Saint-Louis, puis nous consacrons l'après-midi à une balade sur les remparts remarquablement conservés et mis en valeur. Architecture de qualité, mais surtout vue pittoresque sur la petite ville resserrée à l'intérieur de ses murs et sur la campagne marécageuse étalant son étendue déserte alentour. Une brève section de chemin de ronde sans garde-fou émeut beaucoup les enfants. Ils retrouvent leur insouciance sur la petite place centrale très animée en cette fin de dimanche après-midi.

Nous y flânons un peu au milieu des promeneurs attablés aux terrasses, avant de reprendre notre itinéraire traversant la Camargue jusqu'aux Saintes-Maries. Aigues-Mortes vue d'avion
Aigues-Mortes vue d'avion

En
              Camargue : flamands roses à la pêche
En Camargue : flamands roses à la pêche
La route sauvage et insolite passe entre des marais où paissent des chevaux en liberté tandis que des groupes de flamands roses pêchent sur fond de soleil couchant...

En Camargue : chevaux en liberté
En Camargue : chevaux en liberté

En Camargue : envol de flamands roses
En Camargue : envol de flamands roses

Quelques mas aux murs blanchis couverts de chaume sont dispersés dans l'étendue plate et humide qui s'étale à perte de vue de chaque côté de la chaussée. Arrivant dans la nuit aux Saintes-Maries, nous bivouaquons à la sortie du bourg, sur un petit stationnement bordant la plage.

Lundi 1er mai 1989 :des SAINTES-MARIES à FONTVIEILLE
Église des Saintes-Maries
Église des Saintes-Maries
On dort tard et sans soucis dans ce cadre paisible; bien des émotions et des kilomètres se sont accumulés ces derniers jours !

Le soleil est levé depuis longtemps lorsque nous gagnons le centre du village et visitons l'église, fortifiée à l'extérieur...

...mais d'un roman très pur et très sobre à l'intérieur. Son allure de forteresse sans ouverture vers l'extérieur la rend très sombre, mais un éclairage artificiel bien pensé permet d'en percevoir le dessin harmonieux de la nef et du chœur romans quasi primitif.
Nef des
                  Saintes-Maries
Nef de l'église des Saintes-Maries

Église des Saintes-Maries : barque portant les
                statues des deux saintes
Église des Saintes-Maries : barque portant les statues des deux saintes
Les statues des deux saintes (Marie-Madeleine et Marie soeur de Marthe) dominent la nef très haut derrière leur grille...

 tandis que dans la crypte règne Sarah la Noire, patronne des gitans. D'ailleurs, à la sortie, quelques femmes au teint basané et portant des robes à longs volants nous abordent en insistant pour nous lire les lignes de la main... Dans la crypte de l'église des Saintes-Maries :
                Sarah patronne des Gitans
Dans la crypte de l'église des Saintes-Maries : Sarah patronne des Gitans

Saintes-Marie : procession lors du pélérinage
Saintes-Marie : procession lors du pèlerinage
Église des Saintes-Maries : abside
Église des Saintes-Maries : abside

Camargue : marais et mas
Camargue : marais et mas
Nous reprenons la route pour un tour de Camargue. Elle nous mène d'abord jusqu'au Vaccares, avec force paysages d'eau et de marais, galopades de chevaux en liberté et envols de flamands roses. Elle passe par Salin-de-Giraud où nous allons contempler la montagne de sel et le salin depuis le belvédère, avant d'aboutir à la plage de Piemanson. C'est une immense étendue de sable sans autre intérêt que d'être la zone incertaine où s'arrête le delta du Rhône et commence la mer.
Virant de bord vers l'intérieur, nous traversons de nombreuses rizières inondées pour gagner Arles. Malheureusement les monuments sont fermés en ce 1er Mai férié. Arles : le centre historique au bord du Rhône
Arles : le centre historique au bord du Rhône

Arles : les arènes romaines
Arles : les arènes romaines

Arles : couloir intérieur des arènes romaines
Arles : couloir intérieur des arènes romaines

Nous faisons quand même le tour des arènes extraordinairement conservées (et restaurées !), et apercevons à travers les grilles les ruines du théâtre romain.

Arles : Place de l'Hôtel de ville
Arles : Place de l'Hôtel de ville
Mais Sainte-Trophime est close et son étonnant portail sculpté du XIIème - en restauration - est masqué par un échafaudage. Dans les petites rues tortueuses de la vieille ville, nous croisons quelques gardians en beau costume de parade, chevauchant avec leur élégante Arlésienne en croupe. 

Ils reviennent d'un espèce de rodéo qui s'est déroulé dans les arènes juste avant notre arrivée... Conquis par cette belle ville paisible, mais un peu frustrés d'en voir si peu, nous prenons le chemin des Alpilles pour aller dormir sur une jolie place ombragée à Fontvieille. Gardian et Arlésienne
Gardian et Arlésienne


Mardi 2 mai 1989 : de FONTVIEILLE à SAINT-RÉMY-DE-PROVENCE

Fontvieille : le moulin de Daudet
Fontvieille : le moulin de Daudet
Le départ tarde un peu, le temps de faire le plein d'eau pure bidon après bidon à la fontaine locale. Nous étions à deux pas du moulin de Daudet que nous visitons aussitôt. Il s'agit en fait d'une jolie reconstitution plantée au milieu d'un maquis aride qui fleure bon la lavande, le mistral... et les "Lettres". Rien ne manque, pas même le hibou (empaillé) qui veille sur les combles du moulin !

Arlésiennes devant le moulin de Daudet
Arlésiennes devant le moulin de Daudet
Daudet par Nadar
Daudet par Nadar


Les Baux
Les Baux
Nous suivons ensuite la petite route fleurie et embaumée nous menant aux aqueducs de Barbegal, une formidable construction romaine. Les quelques arches ruinées qui restent en disent long sur les extraordinaires compétences des Anciens en tant qu'organisateurs, architectes et constructeurs.


Les
        Baux soieil couchant
Les Baux au soleil couchant

Les
              Baux : l'Hôtel de Brion
Les Baux : l'Hôtel de Brion
Puis nous rallions les Baux où nous nous baladons d'abord dans les petites rues médiévales intensément restaurées. Monique et les enfants magasinent santons, petits objets de bois d'olivier et autres produits artisanaux pendant que je filme ruelles sinueuses, vieilles façades et points de vue impressionnants sur le Val d'Enfer et les Alpilles.

Les Baux
        : église St-Vincent
Les Baux : église St-Vincent et chapelle des Pénitents Blancs décorée par Yves Brayer
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Les Baux : le village depuis le château

Les rochers à-pic et blancs sont piquetés de buissons vert sombre tandis que des ravins profonds s'ouvrent sur la plaine cultivée et peuplée en premier plan. Les
              Alpilles depuis les BauxLes Alpilles depuis les Baux
Les Alpilles depuis les Baux

Le
              château-fort des Balthazar, princes des Baux
Le château-fort des Balthazar, princes des Baux
Ces mêmes paysages immenses s'imposent encore plus dans la "Cité Morte" qui occupe la plus grande partie du plateau. Il est constitué de grandes dalles de pierre blanche couronnées par les ruines fantastiques du château-fort des Balthazar, princes des Baux. Le rocher évidé se mêle aux pans de pierres pour former un dramatique chaos. On l'escalade avec peine, mais de là-haut, quelle vue sur la montagne alentour, la plaine à nos pieds et la mer à l'horizon ! Les dalles nues qui réverbèrent le soleil sont très chaudes, et c'est assoiffés, les pieds en compote, que nous regagnons le camping-car, les yeux éblouis par la lumière vive qui baigne ce site magnifique.


Nous arrêtons une demi-heure à la "Cathédrale d'Images" installée dans les fantastiques cavernes blanches où Cocteau avait tourné son "Orphée".

Sur les parois de ces anciennes carrières, un diaporama aux images multiples présente l’œuvre géniale et le destin tragique du Van Gogh d'Arles. Beau, frappant, mais froid (on gèle dans ces grottes après la fournaise du plateau parcouru tout à l'heure !). Les Baux : Autoportrait 1889, par Van Gogh
Les Baux : Autoportrait 1889, par Van Gogh

Les Baux : le Pont de Langlois, par Van Gogh
Les Baux : le Pont de Langlois, par Van Gogh
Les Baux : le Pont de Langlois (détail), par Van
                Gogh
Les Baux : le Pont de Langlois (détail), par Van Gogh


Les Baux : Vue d'Arles aux iris, par Van Gogh
Les Baux : Vue d'Arles aux iris, par Van Gogh

Les Baux : Arles Bistrot la nuit, par Van Gogh
Les Baux : Arles Bistrot la nuit, par Van Gogh
Les Baux : La maison jaune, par Van Gogh
Les Baux : La maison jaune, par Van Gogh

Les_Baux_Van_Gogh_Les Saintes-Maries
Les Baux : Les Saintes-Maries par Van Gogh

Les Baux - Van Gogh : Campagne autour de
                  Montmajour.
Les Baux : Campagne autour de Montmajour par Van Gogh .
Nous apprécions davantage notre petit détour au belvédère de la table d'orientation.  Jean-Paul et le Pilote sur le belvédère de la table
              d'orientation
Jean-Paul et le Pilote sur le belvédère de la table d'orientation

Les Baux au soleil couchant depuis le belvédère de la
              table d'orientation
Les Baux au soleil couchant depuis le belvédère de la table d'orientation
Le site des Baux y apparait sous son meilleur angle et dans le soleil descendant.

Puis nous dévalons à travers le désert des Baux jusqu'au gros village de Saint-Rémy. Nous bivouaquons sur le stationnement municipal et place du Marché, devant le Bureau du Tourisme.  Une grosse journée pleine de vent, de soleil et de pierres qui nous aura permis un contact plus étroit avec ce petit univers sauvage des Alpilles.



60. De St-Rémy-de-Provence à Lyon en famille




Mercredi 3 mai 1989 : de SAINT-RÉMY-DE-PROVENCE à LA CIOTAT
La nuit se déroule bien tranquillement sur la place, mais au matin, quelle animation ! La circulation très dense dans cette petite ville m'amène à stationner en grimpant sur un trottoir, manoeuvre causant l'éclatement d'un pneu... Nous gagnons Les Antiques. J'admire les superbes monuments romains (tour commémorative et arc de triomphe) remarquablement conservés, avant de me lancer avec Juliette dans une longue balade au milieu des ruines de Glanum  (IIème siècle après J.C.) nichées au fond d'un vallon au pied des Alpilles. Saint-Remy :
              les Antiques
Saint-Remy : les Antiques

Saint-Remy :
                Glanum
Saint-Remy : Glanum
Saint-Remy :
                Glanum
Saint-Remy : Glanum

Traversant à nouveau la chaîne de montagnettes vers le sud, nous grimpons jusqu'au belvédère de la Caume. A côté de "birds's watchers" sympathiques, nous admirons la flore particulière et le vaste panorama s'étendant jusqu'à la mer. Les Alpilles
Les Alpilles
Orgon : la
                chapelle Saint Sixte
Orgon : la chapelle Saint Sixte

Nous quittons enfin les Alpilles et rallions Orgon via la chapelle de Saint-Sixte par une route vallonnée serpentant entre vignes et mas pittoresques. A Senas nous prenons l'autoroute (A 7 puis A 8).

Senas :
        mas
Senas : mas

La A 52 nous mène à Aubagne où Monique va quérir quelques santons manquants à notre crèche pendant que j'échange la roue de secours éventrée avec celle du toit. Senas : mas
              et lavande
Senas : mas et lavande

Le port de plaisance de
              Cassis au pied des baous
Le port de plaisance de Cassis au pied des baous
Il est déjà tard lorsque nous arrivons à Cassis par une petite route accidentée et très sinueuse.

Nous ne jetons donc qu'un coup d'oeil à la plage avant de grimper sur la route des Crêtes. Une vue impressionnante s'y déploie sur la baie de Cassis, ses calanques et l'île de Riou émergeant à demi de la brume du soir. Le panorama est particulièrement beau du haut de l'à pic du Cap Canaille, 362 mètres à l'aplomb des flots : les reliefs du bord de mer s'étagent en différents plans à contrejour sur fond de soleil couchant, tandis que très loin en dessous de nos pieds les vagues s'écrasent sur les rochers... Le Cap Canaille
              au-dessus de la baie de Cassis
Le Cap Canaille au-dessus de la baie de Cassis

Nous redescendons dans la nuit maintenant tombée jusqu'à La Ciotat où nous faisons halte sous les platanes devant le petit port des voiliers.

Jeudi 4 mai 1989 : de LA CIOTAT à TOULON (Le Mourillon)

Excellente nuit dans ce cadre charmant. Reprenant la route ensoleillée, nous sommes bientôt à Toulon où Monique repère vite le quartier du Mourillon. Accueil prévenant de Tante Liliane, de sa cousine Michèle et de Gérard chez lesquels nous déjeunons au soleil sur la terrasse fleurie. Leur petite maison, déjà pas mal restaurée, est très bien située à l'extrémité de l'impasse des Mimosas, au coeur de ce quartier paisible. L'après-midi passe tranquillement à papoter et à se reposer avant une promenade à pied sur le bord de mer. Monique retrouve avec plaisir la petite plage et la terrasse du bistro du coin qu'elle aimait tant fréquenter avec ses copains. Puis Tante Liliane nous sert un copieux souper parfumé aux herbes de Provence et arrosé d'un joli vin du pays; on jase abondamment de nos voyages, de nos découvertes, de nos petites aventures et de nos grands étonnements... Nous regagnons bien tard notre chambre à roulette que nous avons réussi à garer sur le stationnement des voisins, au bout de l'impasse, et y passons une autre nuit paisible.

Vendredi 5 mai 1989 : de TOULON à GORDES
En
                passant sous la Montagne Sainte Victoire
En passant sous la Montagne Sainte Victoire
Grasse matinée et lever tardif avant de rejoindre Gérard dans son cabinet de dentiste. Il nous fait gracieusement un nettoyage dont nous avions bien besoin, Monique et moi. Après un long farniente jusque vers 17:00 sur la terrasse et dans le minuscule jardin en pente, nous quittons ces gens et ces lieux hospitaliers pour reprendre la direction du nord.

C'est une belle autoroute qui, dans une lourde brume de chaleur, nous fait contourner la masse quelque peu écrasante de la Montagne Sainte-Victoire rosie par le crépuscule et nous conduit à Cavaillon. Nous y prenons le chemin de la fontaine de Vaucluse en quittant la vallée de la Basse Durance. La place déserte d'un marché de village, à l'angle de la N 100 et de la D 22, 7 km avant Gordes, nous servira de bivouac.

Samedi 6 mai 1989 : de GORDES à CHARMES

Superbe soleil au réveil tandis que nous montons jusqu'à Gordes. Le village étale son amphithéâtre de maisons très restaurées mais fort belles (pierres blanches, tuiles roses... et piscines !) sur la pente au dessus de la vallée de l'Imergue. Derrière nous s'étendent la plaine de la Basse Durance, ses cultures irriguées et, tout là-bas à l'horizon, la mer à peine imaginée. Gordes
Gordes

Gordes :
              oliviers
Gordes : oliviers
Nous faisons une petite visite au Musée des Moulins à Huile installé dans la bastide du Moulin des Bouillons. Un imposant pressoir à olives, taillé dans un chêne entier de 7 tonnes qui date de 40 après J.C. mais demeure encore fonctionnel, nous impressionne beaucup.

Gordes : récolte des olives au Moulin des Bouillons
Gordes : récolte des olives au Moulin des Bouillons

Gordes : meule du Moulin des Bouillons
Gordes : meule du Moulin des Bouillons

Gordes : pressoir antique du Moulin des Bouillons
Gordes : pressoir antique du Moulin des Bouillons

Nous gagnons ensuite la fontaine de Vaucluse nichée au pied de son plateau abrupt.
Visite de la Fontaine de Vaucluse

La
              Fontaine de Vaucluse, au pied du Lubéron
La Fontaine de Vaucluse, au pied du Lubéron
La route est sinueuse et accidentée, et l'on doit côtoyer beaucoup de touristes à l'arrivée, mais l'eau verte de la Sorgue court à travers les rochers, si belle et si fraîche...

Bassin de la Fontaine de Vaucluse
Résurgence de la Fontaine de Vaucluse
La Sorgue à la sortie de la Fontaine de Vaucluse
La Sorgue à la sortie de la Fontaine de Vaucluse

La
              Sorgue à la sortie de la Fontaine de Vaucluse
Cours torrentueux de la Sorgue à la sortie de la Fontaine de Vaucluse
Sa transparence ondoyante évoque pour moi la vivacité frétillante de la Truite de Schubert. La résurgence au pied de l'énorme falaise est pleine, si bien que l'on n'aperçoit pas l'ouverture du gouffre (-300 m) en tant que tel. Mais comment ne pas être enchanté par l'ambiance champêtre qui charma Dante lui-même... L'ensemble du site vaut vraiment le voyage, mais de préférence un jour de semaine et hors saison !

Nous atteignons bientôt l'Isle-sur-la-Sorgue que je suis seul à découvrir, car mes compagnons de route sont fatigués et attendent dans le camping-car que j'aie fini ma reconnaissance. Des ruelles ombragées relient les petits canaux animés où court une eau limpide... Les vénérables hôtels XVIIIème aux grilles de fer forgé et les vieilles roues à aube en bois moussu mériteraient un examen plus approfondi, ce sera pour plus tard ! Le temps passe et, devant le peu d'enthousiasme de la famille en cette fin de long voyage, je renonce à la balade au Mont Ventoux. Nous nous engageons donc bientôt sur l'autoroute pour 150 km jusqu'à Charmes où nos amis Leroi nous accueillent gentiment. Ils viennent de prendre livraison de leur tout nouveau camping-car, un Pilote 470 tout semblable au nôtre, aussi c'est un peu la fête au milieu des échanges de souvenirs.

Dimanche 7 mai 1989 : de CHARME à SAINTE-FOY-LES-LYON

Au matin nous reprenons la route de Lyon en emmenant leur fils Stéphane qui joue avec Mathieu. Rattrapant l'autoroute (gratuite !) à Vienne, nous sommes à Sainte-Foy en fin de matinée. Ouf, enfin l'étape et l'accueil chaleureux et affectueux de Jean et Jehanne.

Après avoir conduit les deux garçons au club de jeu de la rue Palais-Grillet, nous retrouvons le calme et l'harmonie du jardin fleuri et reverdi, la grande maison silencieuse où l'on reçoit avec intérêt nos souvenirs et commentaires sur tant de lieux visités et de personnes rencontrées.



61. Étape à Lyon



Lundi 8 mai 1989 : SAINTE-FOY-LES-LYON

Il nous faut sacrifier à la routine maintenant habituelle de l'étape : lavage et rangement du linge, ménage et nettoyage du camping-car, etc. En fin d'après-midi, nous recevons les Leroi qui viennent récupérer leur fils; on convient de se revoir éventuellement en juillet à Saint-Jorioz. Nous soupons avec eux, parallèlement à Odile et Jean-Louis qui passent à la maison à peu près à la même heure; nous n'avons donc que le temps de les entrevoir... Puis nous nous couchons tôt pour récupérer un peu.


Mardi 9 mai 1989 : SAINTE-FOY-LES-LYON

Commence alors la course pour recouvrer nos papiers officiels volés en Espagne : téléphone au Consulat du Canada pour les passeports, photos d'identité, passage à la mairie de Sainte-Foy pour faire les demandes de cartes d'identité françaises, puis à nouveau visite à la mairie en début d'après-midi pour porter les formulaires complétés.

Enfin nous devons aller revoir l'expert et l'assureur pour l'examen des dommages au véhicule.... Il est alors temps de remettre le camping-car à Matasse qui doit commencer les réparations dès demain matin. Monique passe un long moment à parlementer avec lui pour qu'il procède à toutes les rénovations demandées (il n'avait pas commandé les pièces prévues depuis deux mois !), et ce à un coût raisonnable...

C'est ensuite la caméra vidéo qu'il faut porter en ville pour un nettoyage général. Nous en profitons pour passer chez American Express déposer une demande de carte et faire rechercher les numéros des traveller's checks volés. Enfin Monique rencontre son cousin Alain Timal qui doit, en tant que notaire, contresigner les photos d'identité destinées à nos passeports canadiens... Ouf!


Mercredi 10 mai 1989 : SAINTE-FOY-LES-LYON

Nous poursuivons le tri et le nettoyage des effets sortis du camping-car. Dans la soirée, nous conduisons Jehanne à la gare puisqu'elle doit s'envoler demain de Paris en direction du Japon.


Jeudi 11 mai 1989 : SAINTE-FOY-LES-LYON

Le pensum commence : il faut maintenant rédiger notre déclaration de vol en vue de notre réclamation à l'assurance. Comme tous les objets de quelque valeur ont disparu, nous sommes dans un contexte de "perte totale". Nous nous apercevons alors combien le montant maximum admissible pour réclamation est peu élevé en regard de la valeur de remplacement de tout ce que transporte notre petite maison... Mais quel travail : il faut inventorier systématiquement le contenu de chaque espace de rangement et lister, lister... C'est fou tout ce peut contenir un "mini-motor-home" (il serait du moins considéré tel aux USA) comme le nôtre ! Le plus difficile reste l'évaluation que nous compléterons au cours des jours suivants. Nous passons la totalité de la journée sur cette tâche fastidieuse mais nécessaire.


Vendredi 12 mai 1989 : SAINTE-FOY-LES-LYON

La journée débute par un tour à la F.N.A.C. pour vérifier les prix de certains produits et biens à remplacer (Walkman, jumelles, appareil photo, cassettes, alimentation vidéo, etc...), puis dans un magasin de jouets pour la réclamation des enfants. Dînant rapidement au Mac Donald de la rue de la République, nous passons chez le courtier en assurance porter notre réclamation, avant d'aller chercher notre camping-car à Saint-Priest. La tôle et les fenêtres latérales ont été changées, mais il manque encore les pièces de la toilette endommagées lors des réparations de février... Au moins notre véhicule est-il davantage présentable à d'éventuels acheteurs. En revenant, nous allons porter la Peugeot de Jehanne chez Anne. Circuler et stationner dans le Vieux Saint-Jean en camping-car, c'est pas de la tarte, cela vaut presque la Plaka d'Athènes ! Puis nous trouvons in extremis une banque pour retirer et transférer de l'argent sur nos différents comptes. Encore une journée marathon qui s'achève... !

Samedi 13 mai 1989 : SAINTE-FOY-LES-LYON

En début de matinée, visite d'un couple d'acheteurs qui semblent très intéressés : notre modèle diesel bien amélioré correspond assez exactement à ce qu'ils recherchent. Ils voudraient cependant que nous le leur cédions avant le 20 juillet, date que nous avions initialement fixée pour la cession. Nous reconsidérerons notre date de livraison par la suite, la faisant coïncider avec l'expiration de l'assurance et de l'immatriculation.

Puis nous passons chez Citroën au centre-ville pour remplacer le cataphote des feux arrières brisé à Tinerhir, avant de laisser Mathieu à ses jeux rue Palais-Grillet. Nous remontons ensuite à Écully acheter 3 cantines de fer qui s'emboîtent les unes dans les autres (100, 90, 80 cm), avant d'aller rendre visite à Françoise C. et sa mère Thérèse.... En fin d'après-midi, nous reprenons Mathieu en ville et rentrons enfin à Sainte-Foy.


Dimanche 14 mai 1989 : SAINTE-FOY-LES-LYON

La journée entière se passe à remplir nos malles pour tenter d'envoyer tout ce qui est possible à Montréal par bateau : nous avons décidément accumulé bien des choses (en particulier de la documentation !) que nous serions incapables d'emmener avec nous dans l'avion...

Lundi 15 mai 1989 : SAINTE-FOY-LES-LYON

Encore une journée fériée où Monique achève les lessives et autres raccommodages pendant que je peaufine quelques réparations mineures sur le camping-car. Nous complétons ensuite nos malles que nous pesons et empilons au salon avant de les descendre au sous-sol. En fin d'après-midi, Nicole vient nous rendre visite. Nous arrangeons avec elle le voyage de Sophie que nous avons invitée à nous accompagner en Angleterre; puis ce sont Gérard Boissier, sa femme et sa fille Valentine, et enfin Anne et Christian qui passent nous voir. Nous nous couchons tard, mais avant le retour de Jean qui doit rentrer cette nuit de quelques jours de croisière fluviale sur le canal d'Alsace.

Mardi 16 mai 1989 : SAINTE-FOY-LES-LYON

Nous portons à nouveau le camping-car à Matasse pour qu'il achève les travaux entrepris, puis passons à la Préfecture prendre nos cartes d'identité enfin prêtes.

Mercredi 17 mai 1989 : SAINTE-FOY-LES-LYON

Rien à signaler


Jeudi 18 mai 1989 : de SAINTE-FOY-LES-LYON à FAREINS

Nous récupérons enfin notre camping-car entièrement réparé chez Matasse. Il n'aura fallu à l'artisan bricoleur qu'un délai supplémentaire d'une semaine... Monique et les enfants prêtent une dernière main aux rangements et mises en ordre pendant que je fais les pleins et corrige quelques "rafistolages Matasse" maladroits ou inadéquats.

Vers 19:15 nous décollons via l'autoroute pour arriver, 40 km plus loin, chez René-Pierre et Jocelyne à Fareins. Agréable souper sur le gazon à l'arrière de la maison, malgré les nuées de moustiques que réveille le temps orageux. Nos hôtes nous montrent ensuite avec beaucoup de plaisir et de fierté les plans de leur prochaine maison dont ils viennent de demander le permis de construire. Elle semble vaste, fonctionnelle et originale. Monique apprécie la présence des petites modifications qu'elle avait suggérées lors d'une première présentation il y a quelques mois.

Les discussions se poursuivent fort tard autour d'un verre de liqueur de prune ramenée de Dubrovnik pendant que Juliette joue aux Barbies avec Marion plus charmante que jamais. Nous finissons la nuit dans le camping-car installé en plein milieu du jardin.



62. Détour par Froideconche



Vendredi 19 mai 1989 : de FAREINS à FROIDECONCHE (LUXEUIL)

Ce camping était vraiment des plus tranquilles. C'est donc bien tard que nous rejoignons René-Pierre au travail dans sa miellerie. Il est en train d'extraire le produit de sa première récolte ramenée du sud il y a quelques jours. Nous avons droit à quantité d'explications sur les opérations en cours; je le filme à l’œuvre pendant que tout le monde lui pose des questions et admire son organisation.

Vers 12:00, nous prenons la direction de Luxeuil. Quelques kilomètres de route rurale nous font rattraper Bourg-en-Bresse, puis l'excellente nationale ponctuée de sections à 4 voies nous mène à Laon-le-Saulnier, Besançon et Vesoul. Il fait beau, la campagne agréablement vallonnée et très verte défile sous nos fenêtres; après 340 km et 6 heures de route, nous sommes à Luxeuil. Nous trouvons sans difficulté la maison de Froideconche où nous sommes accueillis par Gilles d'abord puis par Aimée accompagnée d'Anne-Cécile qui reviennent du boulot. Enfin arrive Édouard en grande forme. Le souper est animé, la soirée se prolonge en leur agréable et joyeuse compagnie. Nous nous endormons dans notre camping-car devant leur porte.


Samedi 20 mai 1989 : FROIDECONCHE

La matinée commence lentement par un lever tardif. Elle se poursuit par une inspection générale des machines à laver de la maison qui refusent de fonctionner normalement. Incapable de les réparer, je traîne jusqu'au déjeuner qu'Édouard vient partager avec nous. Il s'est libéré pour l'après-midi et m'invite ensuite à l'accompagner sur la colline de Brotte où il veut inspecter ses ruches. Le temps est magnifique et les abeilles très productives, mais aussi un peu agressives... Je prend quelques plans vidéo du va-et-vient affairé des insectes à l'entrée de la ruche, puis retourne tranquillement à l'abri dans la voiture pendant qu'Édouard se fait vaillamment piquer.

Rentrés à la maison, nous passons la fin de l'après-midi à nous reposer et à papoter. Le ciel se couvre un peu et c'est dévorés par les moustiques que nous soupons ensemble sur la terrasse avant d'aller nous coucher un peu fatigués mais charmés par cet accueil si agréable.


Dimanche 21 mai 1989 : FROIDECONCHE (LUXEUIL)

Évidemment le lever n'est pas particulièrement matinal (vers 11:00 pour Monique et les enfants !). Nous traînons et "placotons" avant que je m'attaque à la réparation de la fontaine du jardin dont les soudures provisoires n'ont pas résisté au gel. L'atelier est luxueusement équipé, mais l'ordre et l'organisation qui y règnent sont très particuliers... Aussi me faudra-t-il deux heures et l'aide de Gilles et d'Anne-Cécile pour trouver outils et matériaux.

Après le dîner, Jacques vient nous rendre visite avec femme et enfant, tandis qu'Édouard a dû accompagner les sociétaires de sa Caisse lors de la sortie "culturelle" annuelle. Il nous rejoint au souper haut en couleur, où coulent en abondance paroles vives et bon vin. L'installation souhaitée des garçons en Bretagne est à l'ordre du jour : celle de Dominique est maintenant effective, près de La Gacilly, tandis que celle de Jacques à proximité de Vannes n'est encore qu'hypothétique. Édouard nous fait part aussi de son projet de se retirer d'ici 2 ans dans la même région dont il apprécie beaucoup le climat doux et le voisinage de la mer. Après avoir visionné l'un de nos films malheureusement très bleuté par un téléviseur mal ajusté, nous allons nous coucher vers 23:30.


Lundi 22 mai 1989 : FROIDECONCHE

Édouard est déjà parti depuis longtemps vaquer à ses ruches de Brotte lorsque je me lève. Après déjeuner et bavardages avec tante Aimée, je poursuis la réparation de la fontaine du jardin pendant que Monique dort.

Édouard revient pour le déjeuner, puis nous emmène Mathieu et moi au Val d'Ajol. Il m'y a pris un rendez-vous chez son garagiste Citroën pour la révision des 45 000 km. En attendant de reprendre le camping-car, il nous entraîne dans un tour de village, nous offre un pot au café sur la place et nous fait visiter son agence. Mathieu profite de l'occasion pour dévaliser l'armoire de cadeaux-clientèle; nous rentrons vers 19:00 à la maison.

Pendant ce temps, Monique et Juliette ont accompagné Anne-Cécile et Aimée à la "gendarmerie". Elles en examinent les greniers en vue d'un éventuel aménagement, puis Anne-Cécile reçoit Juliette dans son cabinet de podologues pour un examen plantaire. Notre fille se plaint de fatigue et souffre d'un affaissement évident; par la suite Anne-Cécile lui fera cadeau d'une semelle corrective qu'elle se hâtera de lui confectionner. Au souper nous fêtons très convivialement mes 41 ans et les prochains 60 ans d'Édouard. Il nous annonce alors son intention de profiter de sa première année de retraite pour réaliser enfin un vieux rêve de voyage au Canada (à l'automne 90 ?).

Mardi 23 mai 1989 : FROIDECONCHE

Pour ne pas changer, nous nous levons assez tard... Il fait très chaud et assez humide, aussi avons-nous peu le goût de bouger. D'autre part nous sommes seuls, toute la famille Barbe étant allée au travail tandis qu'Aimée assure la permanence téléphonique au bureau de sa fille. Nous profitons du calme pour trier les nombreuses paperasses accumulées et le courrier reçu à Lyon durant les quatre derniers mois. Le soir, nous nous retrouvons tous pour un souper animé autour de la grande table familiale.


Mercredi 24 mai 1989 : FROIDECONCHE

Le soleil est déjà haut lorsque nous émergeons et c'est la chaleur qui nous chasse de la capucine... En fin de matinée, Édouard revient du bureau pour piéger un essaim qui s'est formé sur la branche d'un sapin au fond de son jardin. Opération délicate - réussie in extremis - que je filme avec intérêt mais précaution : cet étonnant grouillement de "bibites" piquantes ne me dit rien qui vaille !

Pendant qu'Édouard et Aimée vont récupérer un autre essaim à Brotte, nous allons poster notre courrier complété hier et faire quelques courses à l'Euromarché : nous commençons à manquer de tout, et Monique s'est engagée à préparer le couscous pour le repas du soir.

En rentrant, elle se met aux fourneaux et je joue les gâte-sauces avec elle. Notre souper est très réussi, c'est donc repus et gais que nous regagnons nos couchettes dans le camping-car après cette joyeuse et dernière soirée à Froideconche.



63. En route vers le Val-de-Loire, St-Nazaire et Caen


Jeudi 25 mai 1989 : FROIDECONCHE à CHAMBORD

Toute bonne chose a une fin, il nous faut maintenant quitter Édouard, Aimée et leurs enfants. Je rejoins Aimée dans son jardin qu'elle cultive allégrement dans la chaleur de la matinée. Elle me fait partager son intérêt pour ce petit univers bien planifié, mais aussi très exigeant. Nous nous retrouvons à 12:30 tous autour de la table familiale. A la fin du repas nous faisons nos adieux à Anne-Cécile que je reconduis à son cabinet et qui promet de nous rendre visite bientôt à Montréal. Les bavardages amicaux et les conseils d'aménagement de l'appartement dans le grenier de l'ex-gendarmerie se poursuivent jusqu'à 15:20. Enfin nous décollons en direction de Chambord après avoir hissé et ligoté sur le toit la planche à voile que Dominique nous a demandé de lui emporter en Bretagne.

La route est longue jusqu'à la Loire que nous atteignons à Giens, même si les paysages traversés sans escale sont le plus souvent pittoresques, vallonnés et étonnamment verts : la douce France... Enfin c'est la Sologne, plate, humide, marécageuse et pleine de forêts giboyeuses.

Naviguant à la carte en empruntant un dédale de petites routes, nous rallions le parc de Chambord dans la nuit pour faire étape devant le merveilleux château 20 minutes après le début prévu du Son et Lumière... qui, en fin de compte, a été annulé ce soir-là ! Un peu déçus, nous faisons quand même une petite balade dans l'obscurité autour du château illuminé, avant de nous endormir sans problème sur le stationnement désert. Le château
              de Chambord illuminé
Le château de Chambord illuminé

Vendredi 26 mai 1989 : de CHAMBORD à SAINT-NAZAIRE



Au lever, le temps est beau quoiqu'un peu brumeux. Nous visitons le château, sans doute l'un des plus beaux du Val-de-Loire avec son cadre de verdure, ses pièces immenses et décorées, son superbe escalier à double révolution et ses étonnantes terrasses débordantes de fioritures.

Chambord : la grande façade sud
Chambord : la grande façade sud
Chambord : la cour et la tour Dieudonné
Chambord : la cour et la tour Dieudonné

Lanterne centrale du château de Chambord
Lanterne centrale du château de Chambord
Les fameux toits en terrasse de Chambord
Les fameux toits en terrasse de Chambord

L'escalier double de Chambord
L'escalier double de Chambord
L'escalier double de Chambord
L'escalier double de Chambord

 Chambord : la chambre à l'indienne
Chambord : la chambre à l'indienne

Chambord :
      la chambre royale
Chambord : la chambre royale
Chambord :
        la chambre royale
Chambord : la chambre royale

Chambord : vue d'avion
Chambord : vue d'avion

Mais tout ferme à 12:00, aussi décidons-nous de profiter de ce contretemps pour atteindre Chenonceaux. La petite route étroite serpente dans le "Jardin de la France". Un court arrêt à Cheverny - clos lui aussi entre 12:00 et 14:00 - nous laisse juste le temps de remarquer combien Hergé s'est inspiré du corps central de ce joli château classique pour dessiner son Moulinsard. Cheverny : la
              grande façade
Cheverny : la grande façade
Chenonceaux : façade du côté de l'entrée des Sphynx
Chenonceau : façade du côté de l'entrée des Sphynx
Nous finissons par rallier Chenonceau au bout de sa majestueuse allée de platanes.

On côtoie beaucoup de touristes, mais le temps est doux, et le château sur le Cher, dans son écrin de jardins à la française léchés, est d'une rare élégance. Nous lui consacrons une longue et agréable visite.

Chenonceau côté est vu d'avion
Chenonceau côté est vu d'avion
Chenonceau côté ouest vu d'avion
Chenonceau côté ouest vu d'avion

Musée de cire de Chenonceau : une fête sous
                François II
Musée de cire de Chenonceau : une fête sous François II


Catherine de Medicis jeune
Catherine de Médicis jeune, épouse d'Henri II

Diane de Poitiers
Diane de Poitiers
Catherine de Médicis
Catherine de Médicis à 40 ans par François Clouet

Puis nous nous rendons jusqu'à Ussé dont les multiples tours et les imposants restes médiévaux auraient inspiré à Perrault le cadre de "la Belle au Bois Dormant". Pourtant la visite intérieure ne nous attire guère : nous commençons à être las de visiter trop rapidement des lieux si denses en curiosités majeures que l'on ne fait qu'effleurer. Après un souper pris au pied du château sur le terrain de football local (rustique et tranquille), nous renonçons à y passer la nuit et décidons de rallier Saint-Nazaire au plus vite pour retrouver Dominique.

Aussi, dans le crépuscule approchant, rejoignons-nous le cours de la Loire pour suivre sa rive sauvage ponctuée de terrains de camping jusqu'à Angers. A partir de là, une autoroute puis une voie rapide à chaussées séparées nous mènent à Saint-Nazaire. Vers minuit, nous nous endormons sur la Place du Commando, un square paisible près du port de pêche.


Samedi 27 mai 1989 : SAINT-NAZAIRE et son arrière pays

Au matin Dominique nous rejoint en arrivant de sa garde de nuit à l'hôpital de Vannes. Il nous emmène jusqu'à l'appartement où il vient d'emménager chez sa "blonde", Françoise. Nous nous débarrassons de son encombrante planche à voile, puis il embarque avec nous pour nous guider le long de la côte vers Pornichet, la Baule, le Pouliguen... Le port de
                pêche du Pouliguen
Le port de pêche du Pouliguen

Maison sur la côte bretonne
Maison sur la côte bretonne
Plages superbes, rochers sauvages et charmants petits ports de pêche ou de plaisance se succèdent jusqu'à Guérande, une plaisante bourgade de granit plus ou moins médiévale entourée de remparts.

Nous y déjeunons vers 15:30. Après un petit tour dans les ruelles pittoresques mais trop peu restaurées pour nous étonner, nous rentrons à Saint-Nazaire via les marais de la Brière, sauvages à souhait. Jour de marché à Guérande
Jour de marché à Guérande


Guérande et ses marais
Le paysage est désert, quelques bachots à fond plat semblent attendre le pêcheur ou le promeneur solitaire, tandis que l'on entend les cris des oiseaux aquatiques dissimulés dans les roseaux...

Marais salants à Guérande
Marais salants à Guérande

Quelques courses au grand magasin Auchan (gasoil à 2,99 F !), puis Dominique et Françoise nous invitent à souper dans une auberge au bord du marais. Repas gastronomique et délicieux où les conversations vont bon train sur l'installation, les projets professionnels et immobiliers du cousin de Bretagne. De retour près de leur appartement, nous dormons sur le parking de l'école de musique.

Dimanche 28 mai 1989 : de SAINT-NAZAIRE à HERMANVILLE

Dominique nous livre à domicile les croissants du petit déjeuner, avant de nous aider à faire un plein d'eau acrobatique depuis son robinet de douche au deuxième étage (!). Nous reprenons alors la route en laissant notre médecin rejoindre son hôpital dont il n'a pu se libérer plus longtemps. On passe rapidement Pontchâteau, la Roche-Bernard... Puis un dédale de petites routes de campagne nous fait traverser les landes de Lanvaux et ses villages typiques : Rochefort en Terres, Malestroit... La route devient ensuite excellente jusqu'à Dinard. Nous poussons vers Saint-Servan et Saint-Malo. Le temps est beau mais venteux, aussi admirons-nous les remparts de loin, sans pénétrer dans la ville. Puis nous suivons la route côtière jusqu'à la pointe du Grouin.

Là, fatigués et énervés par la perspective de ne pas disposer d'une vraie maison à Colleville, nous décidons de hâter notre retour à Caen, remettant à plus tard l'excursion prévue au Mont-Saint-Michel que nous apercevons au loin dans la brume. Le Mont Saint-Michel en approchant d'Avranche
Le Mont Saint-Michel en approchant d'Avranche

Après Avranches, nous quittons les rapides routes bretonnes qui nous ont surpris par la qualité de leur tracé et leurs nombreuses sections à 4 voies. Dans le jour finissant, en une longue file de retour de week-end, nous arrivons à Caen où Maman nous accueille gentiment. En fin de soirée, nous allons dormir devant la plage d'Hermanville.



64. Séjour à Hermanville et Colleville


Lundi 29 mai 1989 : COLLEVILLE

Excellente nuit sur notre stationnement : nous sommes hors saison et donc seuls utilisateurs de ces vastes espaces. Après un déjeuner tardif, nous passons chez Gilles et Ginette. Puis, laissant nos enfants dans leur grande maison vide en l'absence de Sophie et d'Olivier à l'école, nous allons à Caen prendre nos rendez-vous de garage; nous y ramassons dans des agences de voyage le maximum de renseignements sur les tarifs et horaires des ferries pour l'Angleterre et allons enfin porter à Denis ses bouteilles d'ouzo ramenées de Grèce. Au retour, nous saluons Maman chez elle. Nous reprenons les enfants à Hermanville vers 20:00, puis regagnons notre plage de Colleville dans le soleil couchant. Nous soupons et dormons sur le stationnement du Vivier.


Mardi 30 mai 1989 : HERMANVILLE

Nous sacrifions au stéréotype canadien du Français en allant acheter notre baguette fraîche du matin à la boulangerie de l'"Intermarché" avant de déjeuner sur le parking du petit centre commercial.

Nous rallions ensuite la pharmacie d'Hermanville où nous finissons de vider le camping-car et commençons à préparer nos valises dans le grenier. Je prends alors un long moment pour démonter la caméra vidéo et en réparer le contacteur défectueux, mais renonce à dépoussiérer le C.C.D. (trop délicat...).

En fin d'après-midi, nous gagnons l'appartement de Maman qui nous a invités à souper. Je profite d'un répit pour aller acheter tous les Guides Verts régionaux de Grande-Bretagne que je peux trouver. Après le repas, Monique m'aide à faire quelques bricolages dans la cuisine de Maman un peu dépassée par le maniement du tournevis. Laissant les enfants très occupés à jouer chez leur grand-mère (Mathieu au Fimo, Juliette dans un bouquin), nous regagnons Hermanville-Plage pour y dormir paisiblement sur un parking.

Mercredi 31 mai 1989 : HERMANVILLE

Dès 9:00, nous pique-niquons à l'entrée d'Hermanville avant d'aller porter notre camping-car au garage Peugeot du village. J'y fais remplacer un soufflet de cardan déchiré (un autre souvenir probable des routes marocaines !). A midi, nous nous présentons ensuite chez le concessionnaire Citroën pour les dernières réparations sous garantie : joints du support de filtre à huile (qui fuit) et boite à fusible (fondue). Le mécano s'emmêle dans les fils et nous sortons de l'atelier à 15:00... pour nous retrouver tous chez Gilles et Ginette. Sophie me guide en vélo par la petite route des campings jusqu'à la maison de la mer pour voir avec Maman comment installer ses rideaux pare-soleil sous le plafond de la véranda.

Discussions, bavardages et téléphones (en particulier à notre acheteur M. Ischia qui hésite à nous verser des arrhes) nous mènent jusqu'à 20:15. Nous retrouvons alors notre camping préféré en bord de plage à Hermanville.

Somme toute, une journée sans grand intérêt qui nous aura au moins permis de récupérer et de mettre à jour courrier et journal.


Jeudi 1er juin 1989 : HERMANVILLE - MONT-ST-MICHEL - HERMANVILLE
Aujourd'hui nous décidons d'aller visiter le Mont-Saint-Michel. A 9:15 nous prenons Maman chez elle et, sous un ciel variable mais sec,  empruntons la 4 voies rapide qui nous mène jusqu'à Bayeux. Puis la nationale toute en montagnes russes nous fait franchir les hauts et les bas du pays virois... Nous finissons par atteindre Avranches où s'offre une belle vue sur la baie avec la célèbre silhouette pyramidale au loin.
Le Mont depuis Avranches
Le Mont depuis Avranches

Enfin nous traversons le polder parsemé (comme il se doit) de moutons avant de stationner sur la digue.

Le Mont Saint
        Michel et ses moutons de prés salés
Le Mont Saint Michel et ses moutons de prés salés

Le Mont Saint Michel en eau
Le Mont Saint Michel en eau et Tombelaine
Le site est vraiment étonnant, la verticalité du Mont et des murs de granit entrant en radicale opposition avec l'immense étendue plate des grèves gris pâle et, au loin, de la mer grise plus sombre. Il en résulte un état d'équilibre tendu, assez paradoxal...

Le Mont
        Saint Michel dans sa baie ensablée
Le Mont Saint Michel dans sa baie ensablée

Le Mont Saint Michel dans sa baie
Le Mont Saint Michel dans sa baie
 
 Le
          Mont Saint Michel et l'estuaire du Couesnon
Le Mont Saint Michel et l'estuaire du Couesnon

Contrefort de l'abbatiale du Mont Saint Michel
Contrefort de l'abbatiale du Mont Saint Michel
Le cloître du Mont Saint Michel
Le cloître du Mont Saint Michel

Rempart et tourelle du Mont Saint Michel
Rempart et tourelle du Mont Saint Michel
La rue commerçante, bien que typiquement médiévale, m'agace un peu par son racolage trivial et sa multitude d'enseignes, d'affiches et d'invites à consommer. En revanche les diverses salles de l'abbaye respirent la grandeur, la sérénité et l'austère élégance du roman.

Merveilleux exploit technique, mais aussi sublime architecture de l'esprit, le Mont est probablement l'un des plus beaux monuments que nous ayons vu, là où souffle l'esprit. Il faudrait y revenir en hiver, avec encore moins de touristes et davantage de tempête ! Retour tranquille quoiqu'un peu long jusqu'à notre parking favori de Colleville. Le
              Couesnon, en sa folie, a mis le Mont en Normandie...»
« Le Couesnon, en sa folie, a mis le Mont en Normandie...»

Vendredi 2 juin 1989 : HERMANVILLE (Place du 3ème R.I.B.)

Ce matin, grasse matinée puis rendez-vous chez Gilles pour téléphoner et faire quelques emplettes médicamenteuses, puisque Dominique a fini par nous envoyer son ordonnance. Je vais enfin pouvoir soigner mes éruptions et Monique ses douleurs musculaires.

Je la conduis ensuite chez le coiffeur d'où elle sort deux heures plus tard frisée comme un mouton marocain... En l'attendant, j'essaie de maintenir Mathieu au travail dans son livre de Maths, tout en faisant quelques retouches de peinture extérieure sur le camping-car. Puis je répare le flexible de la douchette à nouveau brisé à la racine. Enfin nous embarquons tous vers Caen où nous soupons chez Maman qui nous attend. Nous finissons la soirée en planifiant avec elle la réorganisation de sa cuisine, ce qu'elle semble apprécier. Bien fatigués, nous regagnons ensuite notre campement habituel sur la place du Troisième Régiment d'Infanterie Britannique, en bord de mer.


Samedi 3 juin 1989 : HERMANVILLE

Aujourd'hui nous "recevons" Jean-François, sa femme Brigitte et leurs trois enfants en un rendez vous de camping caristes sur notre terrain favori. Ils arrivent vers 11:00. Après une visite leur véhicule, un J5 que Jean-François a commencé d'aménager avec des modules mobiles en contre-plaqué, nous passons le nôtre revue. Aucune commune mesure : même surélevé, il est vraiment petit, à moins d'une très haute rehausse - inexistante -, il est impossible d'y aménager un espace de vie pour 5. Quant aux finitions, elles sont évidemment perfectibles...

Nous laissons les enfants jouer sur la plage pour faire en bavardant une longue marche sur la digue jusqu'à Lion/Mer. De retour aux camping-cars, nous prenons le souper, un exploit exténuant pour Monique qui doit faire deux service et ne dispose que de 4 verres et couverts; nous atteignons ainsi 22:30 dans la nuit, échangeant de façon très intéressante avec des gens qui utilisent leur camion pour des périodes courtes mais fréquentes, et de façon fort peu sophistiquée... Le contact avec Jean-François, toujours aussi spontané et simple, est agréable; il est un peu plus difficile avec Brigitte que nous ne connaissions pas et que nous avons plus de mal à rejoindre.

Dimanche 4 juin 1989 : HERMANVILLE

Lever un peu tardif après la journée de grand air et la longue veillée d'hier. Nous laissons Juliette chez Sophie puis, accompagnés d'Olivier qui jouera avec Mathieu, nous grimpons en haut de la côte au dessus d'Hermanville pour déjeuner juste en dessous du silo. La vue très étendue se déploie sur toute la baie de Seine, la Côte de Nacre et les hauteurs de Ste-Adresse en face. Nous gagnons ensuite l'appartement de Maman où nous achevons le réaménagement de sa cuisine. Long bricolage avec des outils peu adéquats et de fréquentes interruptions : recherches de matériaux au grenier et au garage, visite de Gilles et de sa famille, apéritif chez Monsieur et Madame Henri qui désirent avoir des nouvelles de notre séjour au Maroc, voir notre camping-car et auxquels nous remettons un chèque pour Mariette. Nous achevons vers 20:30 notre travail dont le résultat nous satisfait passablement.

Après un souper rapide avec Maman, je ramène Monique et Olivier à Hermanville, prends Gilles et reviens à Caen pour rencontrer Denis. Nous avons alors une longue discussion entre frangins sur la situation matérielle de Maman qui m'inquiète davantage qu'eux, semble-t-il, et sur le devenir de notre indivis, en particulier de la petite maison de la mer. Nous arrivons à quelques consensus, mais il reste  du chemin à faire pour me rassurer pleinement quant aux perspectives d'avenir...

Nous rentrons à Hermanville passé minuit. Je récupère Monique chez Ginette où elle a passé la soirée à boucler les valises dans le grenier. Nous nous endormons près de la pharmacie, sur le stationnement de la salle des fêtes.


Lundi 5 juin 1989 : HERMANVILLE

Au matin nous prenons la route de Caen pour emplir nos coffres d'épicerie au "Continent". Après un bref retour à la maison de Colleville pour rencontrer l'installateur de la véranda et discuter avec lui d'un système d'attaches de rideaux pare-soleil, nous revenons au "Continent" finir notre marché. Le temps est maussade, je me repose dans le camping-car pendant que Monique fait le tour de la galerie marchande avec les enfants.

Puis nous rentrons à Hermanville pour préparer le repas du soir dans notre motor-home. Nous y avons invité Gilles, Ginette et leurs enfants à souper, histoire de leur donner un avant-goût des plaisirs à venir... Le double service se passe mieux cette fois-ci que samedi dernier (l'expérience...). Une fois les enfants repus, nous avons un très agréable souper à 4 sur la promenade en bordure de la plage de Colleville, face aux derniers feux du soleil qui se couche sur la mer... La soirée s'achève avec la planification de notre voyage commun en Angleterre : nous visiterons le Sud-Ouest et la Cornouaille, puis Londres en attendant que les Hermanvillois débarquent avec leur camping-car de location. Nous irons les rejoindre à leur arrivée du bateau avant de filer vers l'Écosse pour redescendre enfin par le Pays de Galles. Nous regagnons notre stationnement devant la mer vers 0:30.


Mardi 6 juin 1989 : de COLLEVILLE à OUISTREHAM

Au lever nous passons à la pharmacie pour commencer notre lessive, donner un coup de main à Gilles et faire nos adieux à la famille, puis nous gagnons Caen. Chez Maman suite du lavage, puis descente chez Denis pour utiliser la sécheuse de Françoise. Nous allons alors sur la rue Saint-Pierre au "Pion Magique". Mathieu y achète jeux et livres avant de redescendre la rue en visitant toutes ses boutiques de jouets. Juliette et Monique tombent en admiration devant de ravissantes poupées "Corolle" et "craquent" pour trois ensembles de vêtements et deux paires de chaussures miniatures.

Nous regagnons l'appartement de Maman qui nous offre le goûter. Nous lui faisons nos adieux avant de retourner chez Denis et Françoise sécher le reste de notre linge. Mais il est déjà 19:30; ils nous invitent donc très gentiment à un souper impromptu... Le temps de visionner ensuite quelques minutes de leurs vidéos pris à Venise, et nous les quittons pour aller stationner juste devant la gare maritime à Ouistreham. Nous nous apercevons alors que nous avons emporté par mégarde les clefs et le portefeuille de Denis.... Aller-retour éclair, nous finissons par aller dormir devant le casino, plus tranquille que la gare, vers 1:00...



65. En Angleterre : la côte sud-ouest et la Cornouaille

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