Juliette, Mathieu, Monique et Jean-Paul MOUREZ
à bord de leur Pilote 470
FRANCE ET ESPAGNE
Samedi 14 janvier 1989 : SAINTE-FOY-LES-LYON
Si notre santé est bonne, on ne peut pas en dire autant de notre véhicule en grand besoin d'un sérieux ravalement : la tôle d'aluminium est froissée sur toute la longueur du côté droit (souvenir de la barrière de la douane frôlée en entrant en Yougoslavie), la porte du passager est tordue (oeuvre d'une rafale sur la côte dalmate), le réservoir de la toilette est éventré depuis notre embarquement vers la Crète, et le réservoir d'eau usée arrière fuit (tuyaux endommagés sur le traversier de Patras). Quant à la couleur de la carrosserie... Comme nous ne pouvons attaquer nos démarches (assurance et garages) avant lundi, je commence le nettoyage extérieur du camping-car. C'est une grosse entreprise car il est couvert d'une croûte de sel qui prendra lessive, eau chaude et brosse pour décoller. Finalement je dois emprunter un "Karscher" à eau sous pression pour achever le travail... et obtenir un résultat satisfaisant.
Pendant que j'accompagne Jean à Castorama pour me procurer des pièces de plomberie, Monique attaque une longue lessive qui rafraichira complètement notre garde-robe; Mathieu et Juliette profitent de l'espace de la grande chambre qui leur est dévolue pour s'étaler, entreprendre casse-tête et bricolages, dépouiller revues et abonnement arrivés en leur absence.
Le soir, je me couche un peu courbaturé par
tous ces travaux, mais en songeant déjà à notre prochain départ...
Nous nous rendons ensuite à Fareins chez René-Pierre qui a mis à ma disposition son garage et sa fosse de travail. Pendant que Jean achève l'échelle de meunier qu'il destine à la miellerie, je descends sous le camping-car, déplace vers l'avant le réservoir d'eaux usées du cabinet de toilette et replace la vanne de vidange juste derrière la roue arrière droite. Cela mettra désormais toute cette tuyauterie à l'abri d'un accident dû au grand porte-à-faux arrière. Ouvrage long et pénible, mais grandement facilité par l'utilisation de la fosse.
En soirée et de retour à Ste-Foy, je
commence à visionner (malheureusement en noir et blanc car la T.V.
de Jean n'accepte pas le standard américain N.T.S.C....) les
vidéos tournés en Grèce. Ils sont assez satisfaisants dans
l'ensemble et demanderont peu de coupures (pas plus de 30 % ).
Techniquement je leur trouve nettement moins de défauts qu'à ceux
de Scandinavie, mais le montage promet...
En fin d'après-midi, nous passons à la succursale Citroën d'Ecully récupérer notre camping-car. Une inspection rapide nous montre cependant un travail bâclé, aussi décidons-nous de faire reprendre la réparation et laissons notre véhicule une autre journée à l'atelier.
Dans la soirée, nous sommes invités à souper chez
Gérard et Catherine B. Ils habitent un vaste et luxueux
appartement sur la colline de Sainte-Foy. Leur terrasse domine
largement la ville de Lyon dont les innombrables petites lumières
se devinent dans la brume. Notre voyage, la naissance prochaine de
leur bébé et son éducation alimentent l'essentiel de nos
conversations.
Vendredi 20 janvier 1989 : SAINTE-FOY-LES-LYON
Maman vient passer quelques jours auprès de nous; nous allons
l'accueillir à la gare de Perrache et passons l'après-midi à jaser
avec elle.
En soirée nous récupérons enfin notre Pilote restauré chez
Citroën.
|
Nous allons déjeuner au restaurant avec Maman puis conduisons Mathieu à son club de jeu dans le centre-ville. J'emmène ensuite Maman et Juliette visiter le théâtre antique et le Musée gallo-romain sur la colline de Fourvière. |
La présentation des objets (mosaïques,
sculptures...) comme les maquettes du théâtre et l'architecture
générale du Musée (enfoui dans la colline dominant le site) sont
exceptionnelles, aussi revenons-nous tous trois comblés de notre
balade.
Musée gallo-romain de Lyon : gobelet d'argent |
Musée gallo-romain de Lyon : Neptune |
Musée galloromain de Lyon : masque de théâtre |
Musée gallo-romain de Lyon : le théâtre |
Pendant ce temps, Monique est demeurée à Sainte-Foy pour aider sa mère à préparer la réception du lendemain. Dans la soirée, elle accompagne ses parents qui vont visiter l'oncle Georges, tandis que je narre à Maman les péripéties de notre virée en Grèce. | Sainte Foy les-Lyon : Jean-Paul et sa mère au salon |
C'est l'occasion de joyeuses retrouvailles et de discussions à bâtons rompus sur notre aventure qui éveille la curiosité et l'intérêt de tout ce beau monde...
Nous gagnons ensuite l'aéroport de Satolas dont nous parcourons les immenses stationnements à la recherche de l'auto de Gaby parti en vacances aux Iles Canaries. Un message laissé sur son pare-brise le prie de venir discuter avec nous de notre éventuel voyage au Maroc et en Algérie. Peut-être sera-t-il intéressé à nous accompagner ? Nous apprécierions grandement la compagnie (et l'escorte...) d'un homme familier avec cet environnement et cette population pour nous exotiques et un peu inquiétants.
Nous revenons à la maison après un grand
détour au diable Vauvert pour quérir une pièce de pompe à eau
destinée à un correspondant africain de Jehanne.
Dans le jardin, Marion et Juliette sur le balcon du mazot |
Jocelyne vient chercher Juliette à la maison après avoir donné son cours à Lyon. Notre fille, qui se plaint du manque de compagnie, pourra ainsi passer l'après-midi à Fareins avec Marion en congé d'école. |
En fin d'après-midi, nous allons porter chez un spécialiste
notre pneu endommagé à Athènes avant de rejoindre René-Pierre
chez lui; nous y soupons en famille et ramenons Juliette avec
nous.
Nous complétons aussi une demande de Carte
Bleue/Visa (plus courante en Europe que la Master-Card) à la
B.N.P. et faisons quelques courses. Puis, rentrant à la maison,
j'emmène Mathieu avec moi chez le coiffeur. A 16:30, nous
conduisons les enfants à la piscine avant de filer à Saint-Priest
récupérer notre camping-car remis en état chez Matasse.
Dans l'après-midi, nous passons à nouveau chez Matasse pour échanger une télécommande de l'alarme défectueuse, affrontant à cette occasion les réticences avaricieuses de madame mère... Nous profitons de ce dérangement à Saint-Priest pour revoir et faire visiter le camping-car Arca aux enfants : si nous l'avions connu plus tôt... Après avoir posté les devis et factures à l'assurance, nous allons chercher nos photos développées au Point-du-Jour, puis passons la soirée à discuter de notre séjour au Maroc avec Frédéric Jacquier qui y a fait plusieurs voyages passionnants. Il nous montre une pile de photos présentant des paysages magnifiques, sauvages et exotiques qu'il situe pour nous sur une vieille carte froissée et déchirée.
Son itinéraire semble avoir été peu
orthodoxe puisqu'il a hasardé son petit bus Volkswagen sur des
pistes de montagne non balisées, sans pour autant suivre les
indications d'une carte au demeurant inexacte (au Maroc elles le
seraient toutes...). Nous n'irons pas jusque là, mais la balade
envisagée promet de beaux moments !
Je conduis Mathieu à son club de jeu et
rentre visionner mes derniers vidéos. Dans la soirée, Monique et
Juliette accompagnées d'Henri et Michèle vont voir un excellent
spectacle de negro-spirituals donné par un groupe de chanteurs
camerounais. Nous nous couchons donc assez tard.
Dans l'après-midi, nous allons remplir la cambuse de nourriture au "Carrefour" d'Ecully : l'embarquement approche !
Après un souper rapide devant la bouche de
métro, sous la fenêtre de leur appartement, nous prenons enfin la
direction de Saint-Étienne. Dans la nuit, nous arrivons au bout de
l'autoroute à Port-Salomon. Nous allons dormir sur un petit
stationnement devant la poste où nous trouvons un repos
confortable et apprécié vers 0:30. Quel plaisir de nous retrouver
enfin chez nous, dans le cocon de notre roulotte de nomades...
Paysage du Cantal sous la neige |
Une route très vallonnée nous conduit au Puy dont nous admirons les sanctuaires perchés sur deux pains de sucre volcaniques. Partout rivières, lacs et ruisseaux sont gelés. Bien que le ciel soit tout bleu et le soleil resplendissant, de nombreuses plaques de glace persistent sur la chaussée, surtout lorsqu'elle est à l'ombre. |
A travers virages serrés et montées peu
accusées mais continues, nous gagnons Saint-Flour où nous mangeons
sur la place du marché, au pied de la ville haute. Puis le relief
s'accentue lorsque nous abordons le coeur du Massif Central. Il se
transforme en véritable montagne lorsque nous passons entre le Puy
Mary (1 787 m) et le Plomb du Cantal (1 856 m) jusqu'à ce que nous
redescendions vers Aurillac. La nuit commence à tomber et nous
n'irons pas plus loin que Figeac, une petite ville coquette bien
aménagée pour le tourisme. Nous allons dormir devant la porte du
camping municipal fermé pour l'hiver, au bord de la Celé, une
jolie rivière avec barrage et moulin.
Le site est grandiose. Une vallée à pic profondément entaillée dans le plateau du Quercy abrite un village médiéval accroché à flanc de falaise... | Le vallon de Rocamadour |
Rocher de Rocamadour et le sanctuaire au pied du château |
Il reste assez peu de constructions en dehors des sanctuaires, mais le mélange des styles roman, gothique et Renaissance leur donne beaucoup de caractère. |
Les deux petites rues conservées laissent encore deviner le décor des pèlerinages d'autrefois : pavés, frontons de pierre, fenêtres à trumeaux géminés, toits de vieilles tuiles brunes... La lumière est douce, le calme absolu, seul un beau cocker brun rouille paresse sur les marches ébréchées d'un escalier millénaire... | Rocher de Rocamadour et le sanctuaire au pied du château |
Entrée du sanctuaire de Rocamadour |
Nous descendons dans le vallon vers l'ancien moulin, au delà des portes à moitié ruinées, puis revenons vers la basilique en longeant de ravissantes maisonnettes de pierre fleuries et habilement restaurées. Cela me fait un peu penser au Mont Saint-Michel, la lumière dorée du Midi en plus (en Manche c'est le bleu-gris ardoise et granit qui domine). Les bâtiments religieux semblent pour leur part avoir été fortement - faut-il dire outrageusement - rénovés au XIXème par Violet-le-Duc ou ses émules. Ils en ont un peu perdu de leur authenticité et donc de leur attrait. |
Reste la statue archaïque de la fameuse Vierge Noire qui constitue la curiosité la plus émouvant du site. Nous finissons par escalader la pente par les escaliers menant jusqu'aux remparts couronnant la crête, en pure perte d'ailleurs puisque les grilles en sont fermées. Nous n'aurons rencontré âme qui vive durant notre circuit, hormis un autre touriste solitaire et admiratif prenant des photos, un Québécois de Joliette ! | La Vierge Noire de Rocamadour |
Périgord : le gavage des oies |
A 15:30, nous quittons Rocamadour en direction de Cahors. En bordure de la petite route traversant la campagne prospère, un troupeau d'oies dans une ferme d'élevage nous rappelle que le Périgord noir est la terre d'élection du foie gras et du confit d'oie. |
Évocation délicieuse, mais qui n'empêche pas ces volatiles d'être idiots, horde de cous animés d'un perpétuel dandinement, virant de bord tous en même temps à la moindre alerte ou sollicitation. Leur troupe cancanante me fait irrésistiblement penser à un régiment d'abrutis... | Périgord : le gavage
des oies
|
Nous poursuivons vers le sud dans les
flamboiements d'un beau crépuscule. Mais 20 kilomètres plus loin,
prenant conscience de la proximité de Lascaux, nous faisons
demi-tour pour nous rapprocher de ce haut-lieu archéologique. On
ne visite plus la célèbre grotte aux peintures préhistoriques
depuis qu'une maladie due au défilé des milliers de touristes en a
attaqué les parois et menacé la fragile pellicule de pigments.
Cependant une réplique très exacte a été édifiée à deux pas sur le
même site, réplique se méritant les *** du Guide Vert... La nuit
est tombée lorsque nous atteignons Sarlat pour trouver refuge sur
les terrasses d'un luxueux camping fermé.
Visite de Lascaux II |
Lever à 8:30 après une nuit très "croche" : il n'est pas un seul emplacement sur ce terrain qui soit horizontal ! Nous partons directement vers Lascaux où, au milieu des taillis, nous trouvons la grotte Lascaux II ré-ouverte à la visite pour la saison 89 aujourd'hui même à 10:30. Cette fois-ci, nous avons de la chance ! |
Il fait frisquet et l'on tape la semelle dans le sous-bois humide en attendant le guide. Il finit par arriver et nous ouvre les portes d'un univers tout-à-fait merveilleux et déconcertant. La grotte reconstituée a la dimension d'une grande chapelle et c'est avec un respect quasi religieux que l'on pénètre sous sa voûte. | Lascaux I : vue générale de la salle des taureaux |
Lascaux : diverticule : cheval galopant |
Lascaux : le taureau noir |
Quelle impression étrange et fascinante lorsque l'on parcourt des yeux les frises de grands animaux (taureaux, chevaux, etc...) tracées sur les parois. | Lascaux : retour à la salle des taureaux |
Lascaux : licorne |
On est saisi d'une émotion profonde à contempler ce témoignage de la vie dangereuse mais excitante de ces hommes si lointains (12 000 ans...) et pourtant si semblables à nous. |
On sent leur expérience intime de la nature et des animaux inscrite dans ces images fragiles, frustres et pourtant si dynamiques, si esthétiques aussi. La reconstitution est superbe et fait totalement oublier son côté artificiel. | Lascaux : Grand taureau |
Le Thot : habitat Meshirch |
Nous comprenons mieux
l'extraordinaire prouesse technique qu'elle représente
lorsque nous traversons un peu plus tard les salles du
musée du Thôt. Elles expliquent la technologie
sophistiquée mise en œuvre pour mesurer la grotte
originale au millimètre près et en reproduire
minutieusement les moindres reliefs et aspérités. Le parc montre aussi quelques exemples d'habitat de nos ancêtres, particulièrement cette cabane constituée de quantité d'os et de défense de mammouth. Quel rudes chasseurs devaient-ils être ! |
Dans les enclos du parc alentour vivent quelques animaux figurés sur les fresques préhistoriques (aurochs, bisons d'Europe, cerfs, chevaux de Prejwalski...). Autre source d'émotion que ce contact direct avec ces "contemporains" de nos ancêtres. | |
Le Thot : le mammouth reconstitué et animé |
Sous les grands arbres on trouve même un imposant mammouth laineux s'apprêtant à boire près d'un marigot, guetté par des chasseurs paléolithiques, et poussant par moments un barrissement caverneux et inquiet. Tous sont reconstitués, il est vrai, et animés par des mécanismes pneumatiques ! |
Finalement nous gagnons le village des
Eyzies sur la vallée de la Veyzère. Le site (rochers en
surplomb, musée préhistorique - fermé - avec sa statue
de l'homme de Cro-Magnon en avant) est remarquable, même
s'il nous paraît un peu trop "civilisé", i.e. sacrifiant
au tourisme son côté nature et campagne. |
Le village des Eyzies au pied de sa falaise creusée d'abris sous roche |
Musée de la Préhistoire des Eyzies Musée paléolithique des Eyzies |
Les abris sous roche authentiques se trouvent à La Roque Saint-Christophe par où nous passons ensuite. Je crois y reconnaître certains lieux où ont été tournées plusieurs scènes de "La Guerre du Feu"... On n'a guère de mal à imaginer nos ancêtres accroupis sous les surplombs des escarpements calcaires, tentant de s'y protéger des intempéries autour d'un maigre foyer rustique... |
Près des Eyzies, bison incisé dans la grotte de Lamouthe |
Les Eyzies : maisons sous roche |
Dans la soirée, nous retournons à Sarlat où nous avons bien de la difficulté à dégoter un coin tranquille pour bivouaquer. Nous le trouverons à deux pas d'un campement de romanichels établi au dessus de la ville...
35. De Sarlat à San Sebastian
Samedi 4 février 1989 : de SARLAT à AUCH
Sarlat : mur extérieur couronné de maisons donnant sur la campagne |
Voilà
des gens qui savent où se caser pour
avoir la paix... Les tziganes nous
saluent avant notre départ, un peu
étonnés que des étrangers soient venus
s'installer auprès d'eux... Nous consacrons le début de la matinée à une agréable balade dans un Sarlat médiéval à souhait qu'on a restauré à la perfection. |
Pas une petite tuile brune et ronde ne manque sur les toits pentus, pas un losange de verre bouteille n'est brisé dans les panneaux de vitrail garnissant les fenêtres. | Sarlat : une auberge accueillante ! |
Sarlat : l'Hôtel Vassal |
Les ruelles ont retrouvé leurs pavés et leur caniveau central entre les façades vénérables des hôtels particuliers et des bâtiments officiels du XVème, époque où la ville était à son apogée. |
Le calcaire ocre blond de la belle pierre taillée ou appareillée unifie les décors florissants des maisons. Au détour d'un muret, on découvre le jardin privé d'un hôtel cossu derrière ses grilles. Au fond d'un passage, c'est le mouvement inattendu d'un bel escalier de bois richement sculpté qui occupe presque tout l'espace... | Sarlat : une ruelle |
Sarlat
: jardin de la cathédrale St
Sacerdos
|
La cathédrale Saint-Sacerdos nous frappe surtout par l'harmonie de ses proportions intérieures. A l'extérieur, la dentelle de ses arcs boutants fixe les limites de l'ancien cimetière-jardin réaménagé au chevet de l'église. |
Un peu à l'écart la Lanterne des Morts, dont la fonction demeure un peu mystérieuse, profile sa tour surmontée de son toit tronconique tout de pierre blanche. | Sarlat : la Lanterne des Morts |
Passant devant la très élégante façade Renaissance de la maison de La Boètie, nous nous retrouvons sur la place de la Liberté où s'achève notre tour. |
Dans ce magnifique cadre historique, nous tombons au beau milieu de la truculente animation du marché du samedi. | Sarlat : le marché aux oies |
Les marchands et marchandes au verbe haut et à l'accent coloré se démènent derrière leurs étals en plein air où sont offerts à profusion les délicieux produits du Périgord : fromages, miches de pain, brioches, pâtés et confits d'oie évidemment... Comme couleur locale, on ne peut rêver mieux ! |
Périgord : chercheuse de truffes et sa truie |
Périgord : ramassage des noix |
Taille des vignes au printemps |
Plumeuse de canard |
Périgord : basse-cour
Nous revenons donc bien vite à la cathédrale maintenant ouverte à la visite. Le mobilier en est admirable : chaire précieuse en bois doré, grandiose buffet d'orgue de Jean de Joyeuse... Un préposé nous fait entrer dans le chœur entièrement clos; le double rang de stalles sombres nous frappe par sa richesse, l'abondance et la qualité de ses sculptures de chêne. | Stalles
de la cathédrale d'Auch
|
Stalles de la cathédrale d'Auch : la Charité |
Stalles de la cathédrale d'Auch : Adam et Ève |
Stalles de la cathédrale d'Auch : Nativité
Nous tombons dans l'oeil de la guide qui nous fait ensuite admirer plus en détail les grandes verrières en vitrail (couleurs et dessins superlatifs...), puis les retables plus ornés les uns que les autres. | Cathédrale d'Auch : Adam et Ève, Crucifixion et Saint Thomas |
Cathédrale d'Auch : Moïse au Sinaï |
Cathédrale d'Auch : Dieu le Père |
Elle nous entraîne ensuite dans les hauts, sur les toits, dans la crypte, les cachots et les cellules de la tour d'Armagnac... La visite complète durera finalement 3 heures ! Le temps de prendre conscience de l'étendue du domaine ecclésiastique au Grand Siècle, de sa richesse et de son orgueil. Le Clergé avait les moyens et cela paraissait.
Lourde : la grotte de Massabielle |
La ville blottie au pied des montagnes n'est plus qu'un vaste complexe hôtelier heureusement dépeuplé durant l'hiver. Nous allons directement à la grotte, toute simple et presque déserte. Une immense esplanade carrelée a remplacé les rives caillouteuses et sauvages du Gave qui coule, trop civilisé, entre deux murs de béton. Le creux du rocher lui-même a perdu une partie des ex-voto qui le défiguraient mais la source miraculeuse disparaît presque complètement sous un hublot de verre. De tous côtés, les lieux ont été aménagés pour faciliter l'évolution des millions de pèlerins et ont abandonné leur aspect simple, naturel et authentique. On arrive cependant à ressentir ici un peu du même recueillement que nous avions perçu dans les grands sites religieux grecs (à Delphes en particulier); faut-il le préciser, la beauté en moins, la ferveur en plus. |
Après un petit tour dans les sanctuaires (d'assez mauvais goût...), nous allons dormir sur l'un des immenses stationnements totalement vides, au bord du Gave.
Peut-on
rêver nuit plus tranquille en ces lieux
habituellement bondés ? Avant de quitter
les parages de l'immense esplanade,
Monique et les enfants vont visiter le
pavillon consacré à Sainte
Bernadette.
Pendant ce temps, je demeure dans le camping-car à réparer la tablette du placard au dessus de la cuisine, dont la baguette frontale à cédé sous le poids des pots de confiture... |
Bernadette Soubirous |
Puis nous allons à la Poste expédier un volumineux courrier, avant de déjeuner sur la place centrale de la petite ville. Nous y attendons l'ouverture du funiculaire du Pic de Gers. Vers 14:00, nous en faisons l'ascension très facile... Le ciel est entièrement dégagé, aussi là-haut le panorama est superbe sur la plaine, les contreforts et les cimes des Pyrénées. On voit fort bien le Pic du Midi et quelques autres sommets. Le grand soleil hivernal brillant sur la montagne, l'air vif, les touffes de buis odorants qu'il faut traverser pour atteindre le point culminant du pic, la vue cavalière sur Lourdes à nos pieds, voilà des sensations et des images que l'on n'oubliera pas de sitôt !
Tôt levés, nous suivons une jolie petite route menant à Sauveterre. Nous profitons d'un plein de gasoil pour remplacer également une bouteille de propane déjà vide, rançon des nuits fraîches de notre première semaine d'expédition hivernale. En quittant le village, nous descendons sur le terrain de camping municipal; on y a une vue pittoresque sur les ruines du château et sur celles du pont d'où l'on jeta à l'eau une princesse de Navarre soupçonnée d'infanticide : un "jugement de Dieu" dont elle réchappa ! Le site est charmant, la lumière vive, la halte bien agréable.
Mais si nous voulons dormir à San Sebastian ce soir, il faut nous avancer. Cheminant dans un Béarn très vallonné, nous arrêtons encore quelques minutes à Bidache où je filme les ruines impressionnantes du château de Gramont. Nous poursuivons jusqu'à Bayonne dont nous évitons le centre. Après quelques ultimes commissions en territoire français, nous allons admirer les superbes plages de Biarritz : celle de la Chambre d'Amour au bord de laquelle nous déjeunons au grand soleil, étonnés par les grosses vagues à surf, puis celle de Miramar où les puissantes lames du Golfe de Gascogne viennent se briser sur les rochers épars. Nous traversons ensuite la ville, très fin XIXème avec ses grandes bâtisses au style caractéristique (Napoléon III ?). Nous découvrons alors pour la première fois en Europe des pancartes "Interdit aux camping-cars"...
Stationnés devant le Musée de la Mer, nous faisons un tour sur le plateau de l'Atalaye. Au pied de la falaise qui le surplombe se blottit le minuscule port des pêcheurs tandis que, plus loin, la baie se déploie dans toute son ampleur. Le site est joli, mais manifestement très investi au plan touristique... | Musée de la Mer de Biarritz : homard |
Musée de la Mer de Biarritz : phoque et otarie |
Musée de la Mer de Biarritz : poulpe |
J'observe longuement le jeu des vagues écumantes sur le rocher de la Vierge qui avance ses dentelles dans les eaux farouches de l'Atlantique. Pendant ce temps, Monique accompagne les enfants à l'intérieur du Musée. Après un dernier tour trempé d'embruns sur la plage de la Côte des Basques, nous laissons Biarritz derrière nous.
Longeant le rivage jusqu'à la belle plage à surf sauvage de Guétary, nous allons ensuite stationner sur un quai de Saint-Jean-de-Luz. Le coup d’œil sur le port de pêche vaut le détour, tout comme ses maisons historiques typées. Mais le crépuscule approche, il faut nous hâter, nous repartons.
Vue nocturne de la Concha de San Sebastian depuis les pentes du Monte Igueldo |
Et nous voilà à la frontière espagnole. Nous sommes tout-de-suite après à San Sebastian. Monique y a passé plusieurs fois ses vacances d'été en "séjour linguistique" dans une famille, elle se sent donc comme chez elle dans cette ville splendide. Elle reconnait vite le chemin menant au pied du Monte Igueldo où elle a choisi de nous faire dormir, à l'extrémité de la ruelle accédant au Tennis Club. C'est une impasse, donc en principe un gage de tranquillité... Nous stationnons tout au bout, face à la baie magnifique célèbre pour sa beauté et pour sa plage abritée, La Concha. |
36.
En parcourant la côte atlantique
de l'Espagne du nord
San
Sebastian : la Concha depuis le Monte
Igueldo
Le cadre était superbe, mais les visites nombreuses pendant la nuit; un autre "necking point", je suppose... Aussi notre sommeil a-t-il été interrompu à plusieurs reprises par le bruit de véhicules manœuvrant ou redémarrant. Après les photos qui s'imposent (jeux des vagues sur les rochers), nous laissons le camping-car au centre-ville, puis passons à l'Information Touristique.
Port de San Sebastian |
On nous dirige vers le vieux quartier : plaza de la Constitucion, aux dimensions réduites mais entourée d'arcades massives, qui servit autrefois de "plaza de torros", église Santa Maria d'un beau style roman, devant laquelle nous avions - en vain - tenté de dormir une nuit de février il y a maintenant 18 ans, ruelles pittoresques menant au port des pêcheurs. |
Port de San Sebastian |
San Sebastian : l'église Santa Maria |
On traîne un peu sur la promenade longeant la playa de la Concha. Le temps est superbe et le panorama remarquable par son ampleur et ses teintes : immense arc de sable ocre découvert par la marée, océan d'un bleu profond ourlé d'écume... | Promenade le long de la Concha |
La
Concha en été !
Un deuxième essai de Monique pour rejoindre son ami Ramon Postigo finit par aboutir. Il nous accueille chaleureusement dans l'appartement où nous avions passé une nuit en février 1971, lors de notre premier voyage (en stop...) au Maroc. Nous montons ensuite au Monte Igueldo : le panorama sur l'ensemble de la baie, la ville et son cirque de montagnes en arrière plan est tout-à-fait extraordinaire. C'est encore plus beau que Biarritz, et toutes ces couleurs, cette lumière...
En redescendant, nous rencontrons rapidement Xavier Postigo au Tennis Club, puis faisons un dernier tour au centre-ville maintenant beaucoup plus animé puisqu'il est près de 17:00. Avant de repartir, nous allons saluer Ramon dans sa poissonnerie. Nous prévoyons nous revoir plus à loisir lors de notre retour vers le nord dans deux mois.
Monique tient à faire une dernière tentative pour retrouver la maison des Ozores. Elle avait passé chez eux il y a 25 ans plusieurs étés dont elle a gardé pleins de bons souvenirs. Mais impossible de découvrir trace de la propriété, il semble bien qu'elle ait été détruite et remplacée par un grand building tout neuf. Étonnée et déçue, Monique doit constater que les années ont passé; tout change et tout évolue autour de nous, c'est seulement dans notre mémoire que les choses demeurent immuables...
Nous
reprenons alors la route de la côte jusqu'à
Getaria que nous choisissons pour étape. Dans la
nuit, nous allons dormir au milieu du petit
port, entre les barques tirées au sec et les
filets entassés.
Santillana del Mar : vue générale |
Le vent forcit et bientôt il pleut sur la route de Santillana del Mar. C'est pourtant au sec, mais à la fraîche et dans la nuit tombante que nous faisons un premier tour de ce village rural et attachant, avec ses vieilles rues pavées et ses maisons au riche décor du XVème siècle. Nous y dormons au bord du parc municipal, nous promettant une visite plus éclairée demain matin. |
Le coq nous éveille à 8:00, mais nous ne foulons les pavés de Santillana que vers 10:00... Nous reprenons la rue circulaire déjà parcourue hier soir dans le crépuscule. Les façades antiques et armoriées, les encorbellements et les ruelles étroites donnent beaucoup de charme au petit bourg. Sans aucun doute la préservation et les restaurations y ont été d'une exceptionnelle qualité. | Manoir avec son écu |
Maison noble de Santillana del Mar |
De plus le fait que Santillana soit encore habitée par une majorité de paysans lui confère une authenticité certaine; en tout cas le puissant fumet de bouse de vache et de silo qui flotte partout en convainc sans peine notre odorat... |
On ne fait qu'entrevoir l'intérieur de la collégiale toute d'une belle pierre rosée. | Façade latérale de la Collégiale de Santillana del Mar |
Porche
de la Collègiale de Santillana del Mar
Le lavoir sur la place
devant la collégiale de
Santillana del Mar
|
En avant du parvis, l'eau continue de chanter dans le lavoir rustique où il semble qu'une dernière lavandière vient juste de venir battre son linge... Fièrement campées tout au long des rues, les belles demeures patriciennes arborent un peu partout leurs magnifiques blasons, leurs fenêtres à meneaux et leurs battants garnis de vitraux... On a vraiment l'impression d'avoir reculé de quelques siècles. Le soleil commence à se cacher vers 12:00 lorsque nous partons après une dernière image de la maison des Tagle derrière laquelle nous avons passé la nuit. |
Quelques 3 ou 4 kilomètres d'une petite route très sinueuse et défoncée nous mènent à Altamira. | Dessins sur la voûte d'Altamira (reproduction) |
Biche d'Altamira |
Sa grotte préhistorique est définitivement fermée à la visite pour les mêmes raisons qu'à Lascaux (moisissures et algues vertes grugeant les fameuses peintures datant de plus de 15 000 ans). Nous traversons rapidement le petit musée qui ne nous apprend plus grand chose après son homologue français du Thôt. |
Une autre grotte aux stalactites décorées de fines concrétions offre la tentation d'une rapide visite, mais comme elle nous semble exiguë, à côté de celle de Han-sur-Lesse en Belgique... | Grotte d'Altamira : concrétions |
Défilé de la Hermida |
La même mauvaise route nous ramène près de la mer jusqu'à rattraper la nationale, correcte. Malgré un temps de plus en plus gris, nous obliquons vers le sud à Unquera, prenant ainsi la direction des Picos de Europa dont les sommets se profilent au loin. Une route infecte mais superbe franchit le spectaculaire défilé de la Hermida et nous mène jusqu'à Potes. Nous dormons sur la place du marché, derrière l'église de cette triste petite ville de montagne. |
Au réveil, le temps demeure très couvert, nous faisant renoncer à l'excursion en téléphérique à Fuente De, le point culminant du massif. Le centre du bourg de Potes, sale et sombre, ne nous retient guère. Après un semblant de magasinage (superbes affiches pour amateurs de courses en montagnes), nous entamons une longue montée dans des paysages grandioses. | Hameau au pied des Picos de Europa |
Église mozarabe de Lebena |
Église de Lebena : chapiteau et chœur XIIème |
Église de Lebena : chapiteau et choeur XIIème |
De plus en plus déserts, les panoramas s'élargissent progressivement jusqu'au Puerto de San Glorio à 1 610 m. De tous côtés surgissent de larges perspectives sur les hautes chaînes neigeuses. Parfois aussi on traverse de petits hameaux quasi abandonnés dont les murs gris s'accrochent aux pentes.
Hameau de Mogrovejo |
Grenier typique des Picos de Europa |
La
descente ensuite est rapide, avant que l'on
suive la vallée du Rio Yuso par une route
étroite, pleine de trous et de bosses, mais
rectiligne pour une fois ! Pas pour longtemps
puisqu'après une quinzaine de kilomètres vers
Riano, nous tournons en direction du nord pour
repartir à l'assaut du Puerto del Ponton à 1 280
m.
Depuis le Puerto del Ponton, le défilé creusé par la Sella |
L'escalade soumet à rude épreuve les 75 chevaux un peu poussifs de notre Titine, mais de là-haut, quelle vue superbe ! Au fond de la prochaine vallée, on aperçoit la formidable muraille grise dans laquelle la Sella a dû creuser son lit; la descente promet ! |
Auparavant nous sacrifions aux trois *** du Guide Vert en faisant un petit détour par le col de Panderuedas (1 450 m); nous y pique-niquons avant de grimper à pieds au belvédère de Piedrafitas. On y jouit d'une vue impressionnante sur le grand cirque fermant la vallée de Valdéon, dominée par la cime enneigée du Torre Cerredo (2 648 m). Ces immenses paysages de grande montagne, rude et sauvage, nous laissent un goût de liberté dont nous profitons au maximum. Mais il faut bien redescendre sur terre... | Notre Pilote (et Juliette !) dans le Col de Panderuedas |
Défilé de Los Beyos |
Après un petit détour acrobatique vers Soto de Sajambre par un chemin très étroit en corniche pour atteindre un autre mirador introuvable, nous nous enfonçons dans le défilé de Los Beyos, très encaissé et passablement sinistre, mais également épuisant à franchir par ses virages incessants et le mauvais état de la chaussée. |
Nous sortons éreintés de ce parcours de 25 km à Cangas de Onis. Cependant, comme nous voulons dormir près de la mer, nous poussons jusqu'au mirador del Fito pour une dernière vue au sud sur l'ensemble du massif des Picos de Europa. Hélas on ne distingue absolument rien, une mer de nuages noyant l'immense paysage. En revanche, du côté nord, la vue dégagée porte jusqu'à l'océan. Une descente accusée nous mène jusqu'à la belle plage de Lastres où nous nous endormons les roues dans le sable. | Panorama sur le massif des Picos de Europa depuis le mirador del Fito... sous le soleil ! |
La route côtière ensuite est très fatigante, coupant sans cesse collines et vallées qui se prolongent perpendiculairement jusqu'à la mer. Épingles à cheveux et virages serrés se succèdent sans interruption à travers les boisés d'eucalyptus. Ces 64 kilomètres me semblent interminables...
Heureusement, il y a l'intermède du Cabo Vidio où nous arrêtons une heure pour déjeuner. Un petit stationnement près du phare offre un aperçu grandiose sur les falaises de roches rouges et déchiquetées de la Costa Verde dont les plans se découpent les uns derrière les autres jusqu'à l'horizon. La mer est bleu profond, les rochers grenats, la blancheur éclatante des gerbes d'écume souligne la rencontre tumultueuse des éléments.
La même route sinueuse et épuisante se poursuit jusqu'à Luarca. Depuis le belvédère au dessus du port, nous admirons le bassin et la ville nichés au pied de la falaise : maisons de pierre grise et toitures d'ardoise, on se croirait en Bretagne... Derrière nous l'histoire de la cité s'inscrit sur d'éclatant panneaux d'azulejos évoquant tant la fondation miraculeuse de la ville que les luttes sanglantes contre l'armée d'occupation napoléonienne, en passant par l'épopée des Grandes Découvertes... Pendant un moment ensuite, on file rapidement jusqu'à Ribadeo sur la chaussée élargie et redressée au moyen de travaux considérables. Depuis le grand pont tout neuf franchissant l'estuaire, s'offre une vue magnifique sur le village de Castropol établi au flanc d'un promontoire, au fond de sa ria. Les rayons du soleil couchant dorent les flots sombres que sillonnent quelques barques de pêche. La mauvaise route (en construction...) du début de l'après-midi se poursuit jusqu'à la très vieille église romane de San Martin de Mondonedo (Xème siècle) appuyant son abside massive sur d'énormes contreforts. Le petit village alentour a conservé toute sa fraîcheur pastorale, y compris ses fillettes ramenant leurs chèvres du pâturage dans les dernières lueurs du crépuscule...
Encore quelques kilomètres, et nous allons bivouaquer devant l'immense plage de Foz sur laquelle les enfants jouent plus d'une heure dans le sable et l'obscurité avant de se coucher.
37. Santiago de Compostella et la Galice
Lundi 13 février 1989 : de FOZ à SANTIAGO DE COMPOSTELLA
A l'aube le ciel est resplendissant. Juliette et Mathieu passent la matinée au soleil à faire des constructions sur la plage pendant que je vais filmer les vagues s'écrasant violemment sur les rochers. Je consacre ensuite un peu de temps à l'entretien du camping-car : réajustement de la serrure du passager, décrassage des valves de vidange. Puis je nettoie et recolle des pièces brisées sur la caméra vidéo tandis que Monique profite du répit pour mettre les comptes à jour.
Il est 13:30 lorsque nous reprenons la route vers l'ouest. Elle offre de beaux paysages très boisés et vallonnés, mais aussi une chaussée bouleversée par les chantiers d'élargissement et de redressement sur les trois-quarts du trajet. Donc encore une fois beaucoup de fatigue jusqu'à La Coruna. Nous traversons la ville sans escale pour nous arrêter seulement au pied de la célèbre tour d'Hercule. Solitaire sur son promontoire herbeux et semé de rochers, le phare antique (il date des Romains du IIème siècle !) balise une côte très découpée, au fond d'une baie étendue et ramifiée. Nous y contemplons le coucher du soleil sur l'océan; un ciel nuageux laisse percer de belles coulées de lumière rose et orangée qui colorent les vagues de reflets exquis. | La Coruna : la Tour d'Hercule |
Cathédrale de Santiago illuminée |
Une fois l'obscurité établie, nous parcourons à nouveau l'agglomération en sens inverse pour enfiler l'autoroute jusqu'à Santiago de Compostella. Rendus là, nous tournons une heure, de la périphérie nouvellement construite au centre-ville ancien et illuminé, pour dénicher un point de chute convenable. Nous finissons par trouver asile dans le calme du nouveau campus universitaire. |
Mardi 14 février 1989 : de SANTIAGO à
CABO FISTERRA
Malgré nos appréhensions, notre repos n'a pas été troublé sur ce campus pourtant entièrement enchâssé dans la ville, un autre type de ressource "résidentielle" que nous ignorions jusqu'à présent ! Nous allons stationner le plus près possible de la cathédrale pour gagner à pied la plaza d'Espana via la rue San Francisco.
Quel ensemble étonnant de grandeur et de style ! Nous sommes environnés d'imposants bâtiments de granit superbement construits. Leurs lignes romanes, très sobres, sont comme renforcées et soulignées par une profusion d'ornements baroques. | Santiago : la cathédrale et la Plazza de Espana |
Porches de la cathédrale de Santiago |
Le narthex de la cathédrale donne sur des porches romans sculptés d'une richesse jamais vue. Partout foisonne le riche décor médiéval ou baroque, tempéré cependant par l'aspect grenu et sombre, un peu austère, du granit galicien... |
Tympan du porche central de la cathédrale de Santiago : le Christ en gloire |
Cathédrale de Santiago : le pilier gauche du portique |
Cathédrale de Santiago : Saint Jacques au centre du portique |
Cathédrale de Santiago : Saint Jacques |
Porche
central et nef de la cathédrale de
Santiago
Portail collatéral droit de la cathédrale de Santiago |
Portail collatéral gauche de la cathédrale de Santiago |
La nef nous paraît immense,
la forêt des hauts piliers se perdant dans
l'obscurité de la voûte.
Puerta Santa de la cathédrale de Santiago |
Cathédrale de Santiago : le Botufumeiro |
L'ambiance correspond pleinement à l'enthousiasme et au fanatisme de la foi médiévale (il faut voir les caricatures de Maures écrasés et massacrés par Saint Jacques...). | Statue polychrome de Saint Jacques massacrant les Sarrasins |
Musée des tapisseries de Santiago |
Nous visitons
longuement la crypte et la nef, d'une
grande pureté romane, puis le trésor
(orfèvrerie +++) et le musée des
tapisseries (une douzaine d'exquis
cartons de Goya) installés dans les
annexes de la cathédrale. Cette ville de pèlerinage, où le granit est omniprésent tout comme la religiosité a quelque chose de breton, et ce d'autant plus qu'il y pleut très souvent, paraît-il. |
Heureusement nous jouissons d'un temps superbe et c'est un plaisir que de déambuler sans but dans les petites rues aux façades ornées, sous les arcades anciennes et sur les places joliment ombragées. | Santiago : Fontaine des Chevaux |
Santiago : Rua Villar |
Santiago
: Rua Nueva
|
Mercredi 15 février 1989 : de
FISTERRA à CARNOTA (RIAS ALTAS, GALICE)
Cabo Fisterra |
Aujourd'hui, c'est décidé, ce sera une journée "off" ! Après la petite balade de rigueur sur la pointe occidentale extrême de l'Espagne (belle côte rocheuse avec vagues écumantes et minuscules bateaux de pêche à l'horizon tout autour), nous prenons tranquillement le chemin du retour. Un court arrêt au village de Fisterra nous permet de quérir l'écusson autocollant de circonstance : il ira prendre place sur le panneau arrière du camping-car, au côté de celui du Northkapp... |
Puis nous
faisons quelques tentatives pour
rejoindre une belle plage et nous y
écraser le reste de la journée. Nous
devrons hasarder plusieurs incursions
dans les ruelles transversales des
villages que croise la route côtière
avant d'aboutir. Ces détours nous
valent de voir de beaux horreos (ces
greniers en granit sur pilotis
typiques de la Galice)... |
Horreos (grenier) dans le village de Carnota |
Carnota : farniente, en prenant le soleil de février... |
...et de rencontrer de charmantes paysannes, toutes de noir vêtues, qui se laissent photographier avec complaisance... |
Jeudi 16 février 1989 : de CARNOTA à la
PLAYA AMERICA (BAIONA)
Cette ambiance de détente se prolonge durant une nuit idéalement reposante. Mais au matin, la journée commence bien mal : prenant un virage trop large sur une petite pente et sur l'herbe mouillée de rosée, je m'ensable ! La roue motrice avant, délestée, n'a plus aucune adhérence, nos effort pour relever le train arrière demeurent inutiles; il faut donc aller appeler une dépanneuse dans une auberge toute proche pour nous sortir d'affaire. Finalement, une heure et 30 $ plus tard, nous regagnons la route pour faire le plein d'eau dans le garage de Muros à 7 kilomètres. Puis nous prenons dans les terres le chemin du mirador de La Curota, au dessus de Boiro. De la plate-forme où nous hissons péniblement notre lourd camping-car, on jouit d'une vue très étendue sur les Rias Bajas et sur les îles, les caps, les petits ports et les collines qui s'estompent au loin dans une brume bleutée. | Estuaire du Rio Minho |
Pontevedra : horreos au bord de l'eau |
La route d'intérieur habituelle (virages, forêts d'eucalyptus, petits villages avec leurs maisons et leurs horreos de granit...) nous mène à Padron, puis à Pontevedra. En fin d'après-midi, nous sommes à Vigo. |
Depuis le mirador de la Madroa, nous admirons la célèbre baie où dorment encore les galions tout chargés d'argent revenant du Nouveau Monde. Ils s'étaient sabordés en 1702 devant la menace d'une escadre anglo-hollandaise et Jules Verne en avait fait la source inépuisable d'approvisionnement en métal précieux de son Capitaine Nemo... La brume et le contre-jour limitent cependant la visibilité, si bien que l'on devine à peine la ville. Nous en traversons bientôt péniblement le centre moderne et très encombré pour gagner la route de Baiona. Longeant la côte bordant la belle ria de Vigo, nous arrêtons pour dormir sur la playa America, juste avant Baiona.
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