Sabbatique 1988-89

Juliette, Mathieu, Monique et Jean-Paul MOUREZ
à bord de leur Pilote 470


FRANCE ET ESPAGNE


Photos de la page pleine grandeur et diaporama sur Google Photo :
https://photos.app.goo.gl/F4Mw5fpY8hqYzokt6




33. En France : repos à Lyon


Samedi 14 janvier 1989 : SAINTE-FOY-LES-LYON

 Si notre santé est bonne, on ne peut pas en dire autant de notre véhicule en grand besoin d'un sérieux ravalement : la tôle d'aluminium est froissée sur toute la longueur du côté droit (souvenir de la barrière de la douane frôlée en entrant en Yougoslavie), la porte du passager est tordue (oeuvre d'une rafale sur la côte dalmate), le réservoir de la toilette est éventré depuis notre embarquement vers la Crète, et le réservoir d'eau usée arrière fuit (tuyaux endommagés sur le traversier de Patras). Quant à la couleur de la carrosserie... Comme nous ne pouvons attaquer nos démarches (assurance et garages) avant lundi, je commence le nettoyage extérieur du camping-car. C'est une grosse entreprise car il est couvert d'une croûte de sel qui prendra lessive, eau chaude et brosse pour décoller. Finalement je dois emprunter un "Karscher" à eau sous pression pour achever le travail... et obtenir un résultat satisfaisant.

 Pendant que j'accompagne Jean à Castorama pour me procurer des pièces de plomberie, Monique attaque une longue lessive qui rafraichira complètement notre garde-robe; Mathieu et Juliette profitent de l'espace de la grande chambre qui leur est dévolue pour s'étaler, entreprendre casse-tête et bricolages, dépouiller revues et abonnement arrivés en leur absence.

 Le soir, je me couche un peu courbaturé par tous ces travaux, mais en songeant déjà à notre prochain départ...
 


Dimanche 15 janvier 1989 : SAINTE-FOY-LES-LYON

Tôt levé, j'achève d'enlever les coulures de sel sur les dalles devant le garage avec le "karscher". Je poursuis le travail, à la demande de Jean, en décapant le muret du jardin dont la peinture s'effrite. Le bricolage domestique me manquerait--il ?...

Nous nous rendons ensuite à Fareins chez René-Pierre qui a mis à ma disposition son garage et sa fosse de travail. Pendant que Jean achève l'échelle de meunier qu'il destine à la miellerie, je descends sous le camping-car, déplace vers l'avant le réservoir d'eaux usées du cabinet de toilette et replace la vanne de vidange juste derrière la roue arrière droite. Cela mettra désormais toute cette tuyauterie à l'abri d'un accident dû au grand porte-à-faux arrière. Ouvrage long et pénible, mais grandement facilité par l'utilisation de la fosse.

En soirée et de retour à Ste-Foy,  je commence à visionner (malheureusement en noir et blanc car la T.V. de Jean n'accepte pas le standard américain N.T.S.C....) les vidéos tournés en Grèce. Ils sont assez satisfaisants dans l'ensemble et demanderont peu de coupures (pas plus de 30 % ). Techniquement je leur trouve nettement moins de défauts qu'à ceux de Scandinavie, mais le montage promet...
 

Lundi 16 au mercredi 18 janvier 1989 : SAINTE-FOY-LES-LYON

Voici venu le temps de restaurer un peu notre véhicule. Nous commençons par prendre contact avec l'assureur, puis avec le bureau d'expertise automobile pour faire dûment constater nos dégâts et en autoriser la réparation. Nous allons ensuite rendre visite à M. Matasse qui dresse les devis avant de commander en urgence les pièces de remplacement nécessaires. Nous attaquons enfin les premières réfections en laissant notre camping-car chez  Citroën pour le changement de la porte tordue. Cela devrait donner à Pilote le temps d'envoyer les composants réclamés...
 

Jeudi 19 janvier 1989 : SAINTE-FOY-LES-LYON

Après les préparatifs techniques, ce sont les démarches administratives auprès du consulat d'Algérie et de l'Office du Tourisme de Tunisie que nous entreprenons maintenant. Autant l'accueil courtois de l'hôtesse est aidant au bureau tunisien où l'on répond avec empressement à toutes nos questions, autant l'Algérie apparaît-elle difficile à visiter : au consulat, il faut d'abord montrer patte blanche, puis faire une longue queue avant d'introduire une demande de visa plutôt coûteuse... De quoi nous rendre circonspects vis-à-vis d'un pays aussi pointilleux !

En fin d'après-midi, nous passons à la succursale Citroën d'Ecully récupérer notre camping-car. Une inspection rapide nous montre cependant un travail bâclé, aussi décidons-nous de faire reprendre la réparation et laissons notre véhicule une autre journée à l'atelier.

Dans la soirée, nous sommes invités à souper chez Gérard et Catherine B. Ils habitent un vaste et luxueux appartement sur la colline de Sainte-Foy. Leur terrasse domine largement la ville de Lyon dont les innombrables petites lumières se devinent dans la brume. Notre voyage, la naissance prochaine de leur bébé et son éducation alimentent l'essentiel de nos conversations.
 

Vendredi 20 janvier 1989 : SAINTE-FOY-LES-LYON

Maman vient passer quelques jours auprès de nous; nous allons l'accueillir à la gare de Perrache et passons l'après-midi à jaser avec elle. 

En soirée nous récupérons enfin notre Pilote restauré chez Citroën.
 

Samedi 21 janvier 1989  :  SAINTE-FOY-LES-LYON

Lyon : feuillet du Musée

Nous allons déjeuner au restaurant avec Maman puis conduisons Mathieu à son club de jeu dans le centre-ville. J'emmène ensuite Maman et Juliette visiter le théâtre antique et le Musée gallo-romain sur la colline de Fourvière.

La présentation des objets (mosaïques, sculptures...) comme les maquettes du théâtre et l'architecture générale du Musée (enfoui dans la colline dominant le site) sont exceptionnelles, aussi revenons-nous tous trois comblés de notre balade.

Musée gallo-romain de Lyon : gobelet d'argent
Musée gallo-romain de Lyon : gobelet d'argent
Musée gallo-romain de Lyon : Neptune
Musée gallo-romain de Lyon : Neptune
Musée galloromain de Lyon : masque de théâtre
Musée galloromain de Lyon : masque de théâtre
Musée gallo-romain de Lyon : le théâtre
Musée gallo-romain de Lyon : le théâtre
Pendant ce temps, Monique est demeurée à Sainte-Foy pour aider sa mère à préparer la réception du lendemain. Dans la soirée, elle accompagne ses parents qui vont visiter l'oncle Georges, tandis que je narre à Maman les péripéties de notre virée en Grèce. Sainte Foy les-Lyon : Jean-Paul et sa mère
Sainte Foy les-Lyon : Jean-Paul et sa mère au salon


Dimanche 22 janvier 1989  :  SAINTE-FOY-LES-LYON

Jehanne a invité les Jacquier à passer la journée avec nous. Journée familiale commençant bien entendu par un long et agréable séjour à table...
 
Jean-Paul et Françoise à table
Jean-Paul et Françoise à table

Les Jacquier
Pierre, Jehanne, Henri et Marie-France à table

C'est l'occasion de joyeuses retrouvailles et de discussions à bâtons rompus sur notre aventure qui éveille la curiosité et l'intérêt de tout ce beau monde...

Monique narre nos aventures
Monique narre nos aventures

Michèle et Clément
Michèle et Clément

Lundi 23 janvier 1989  :  SAINTE-FOY-LES-LYON

Nous profitons des dernières heures de présence de Maman auprès de nous pour échanger plus à fond sur notre futur voyage dans le Maghreb et écouter ses conseils teintés d'appréhension... Puis nous allons la conduire à la gare pour prendre le train de Caen puisqu'elle a renoncé à prolonger son séjour dans le Midi où Marie l'avait invitée.
 

Mardi 24 janvier 1989  :  SAINTE-FOY-LES-LYON

 Matasse a reçu les pièces commandées pour changer le réservoir brisé. Nous lui portons le camping-car puis traînons un peu à Saint-Priest chez les autres marchands pour examiner ce qu'offre la concurrence. Nous ne sommes finalement pas si mal lotis, seul Arca se démarque vraiment par la qualité et les astuces de ses aménagements qu'un décor esthétique et soigné valorise encore davantage.

 Nous gagnons ensuite l'aéroport de Satolas dont nous parcourons les immenses stationnements à la recherche de l'auto de Gaby parti en vacances aux Iles Canaries. Un message laissé sur son pare-brise le prie de venir discuter avec nous de notre éventuel voyage au Maroc et en Algérie. Peut-être sera-t-il intéressé à nous accompagner ? Nous apprécierions grandement la compagnie (et l'escorte...) d'un homme familier avec cet environnement et cette population pour nous exotiques et un peu inquiétants.

 Nous revenons à la maison après un grand détour au diable Vauvert pour quérir une pièce de pompe à eau destinée à un correspondant africain de Jehanne.
 

Mercredi 25 janvier 1989 : SAINTE-FOY-LES-LYON

Dans le jardin, Marion et Juliette sur le
                    balcon du mazot
Dans le jardin, Marion et Juliette sur le balcon du mazot

Jocelyne vient chercher Juliette à la maison après avoir donné son cours à Lyon. Notre fille, qui se plaint du manque de compagnie, pourra ainsi passer l'après-midi à Fareins avec Marion en congé d'école.

En fin d'après-midi, nous allons porter chez un spécialiste notre pneu endommagé à Athènes avant de rejoindre René-Pierre chez lui; nous y soupons en famille et ramenons Juliette avec nous.


Jeudi 26 janvier 1989  :  SAINTE-FOY-LES-LYON

Au consulat du Canada, on accepte d'appuyer notre demande de visa auprès du consulat d'Algérie à Lyon qui veut nous renvoyer à l'ambassade de Paris. Nous découvrons avec surprise que notre nom n'est pas inconnu des fonctionnaires canadiens, suite à l'avis de recherche lancé par Jean Boissier inquiet de notre long silence durant notre séjour en Grèce...

Nous complétons aussi une demande de Carte Bleue/Visa (plus courante en Europe que la Master-Card) à la B.N.P. et faisons quelques courses. Puis, rentrant à la maison, j'emmène Mathieu avec moi chez le coiffeur. A 16:30, nous conduisons les enfants à la piscine avant de filer à Saint-Priest récupérer notre camping-car remis en état chez Matasse.
 

Vendredi 27 janvier : SAINTE-FOY-LES-LYON

Je vais chercher notre roue de secours chez le réparateur, mais il n'a pas pu faire grand chose pour renforcer le flanc écorché; la hernie qui le décore ne me dit rien qui vaille... Nous en serons quitte pour consulter Daniel Cullaz, un ami de Monique, qui tient un atelier spécialisé en pneumatiques à Brignais. Nous achetons en passant quelques cartes postales de Champagne-au-Mont-d'Or demandées par notre ami de Montréal Denis Cottin, puis filons à Brignais. Monique retrouve là-bas quelques copains de jeunesse (entre autres Jacques Padovani). C'est dans la bonne humeur que nous allons tous déjeuner autour d'une table appétissante dans un petit bistro lyonnais. Daniel nous fait cadeau d'un pneu usagé qui vient heureusement remplacer l'endommagé, lequel vient justement de rendre son dernier souffle en explosant au soleil !

Dans l'après-midi, nous passons à nouveau chez Matasse pour échanger une télécommande de l'alarme défectueuse, affrontant à cette occasion les réticences avaricieuses de madame mère... Nous profitons de ce dérangement à Saint-Priest pour revoir et faire visiter le camping-car Arca aux enfants : si nous l'avions connu plus tôt... Après avoir posté les devis et factures à l'assurance, nous allons chercher nos photos développées au Point-du-Jour, puis passons la soirée à discuter de notre séjour au Maroc avec Frédéric Jacquier qui y a fait plusieurs voyages passionnants. Il nous montre une pile de photos présentant des paysages magnifiques, sauvages et exotiques qu'il situe pour nous sur une vieille carte froissée et déchirée.

 Son itinéraire semble avoir été peu orthodoxe puisqu'il a hasardé son petit bus Volkswagen sur des pistes de montagne non balisées, sans pour autant suivre les indications d'une carte au demeurant inexacte (au Maroc elles le seraient toutes...). Nous n'irons pas jusque là, mais la balade envisagée promet de beaux moments !
 

Samedi 28 janvier 1989 : SAINTE-FOY-LES-LYON

 Après nos roues, ce sont nos pieds qui ont bien besoin d'être rechaussés et nous passons chez le cordonnier. Pendant que Mathieu consacre son après-midi aux "Paladins des Traboules", son club de jeu favori, Juliette organise une partie de "Barbies" avec Marion à Sainte-Foy. De notre côté, nous achevons le ménage de notre home qui fait pitié : il est temps de renfiler les housses des coussins qu'il a fallu découdre pour un lavage intégral, de replacer le drap contour de la capucine, de raccrocher les rideaux qui sont passés, eux aussi, dans la laveuse. L'aspirateur a extirpé la poussière et le sable infiltré au plus profond des coffres tandis que toutes les surfaces lisses ont eu droit à un dégraissage en règle au Fantastic. Ça sent le propre dans la chambrée ! Le soir nous recevons René-Pierre et Jocelyne à souper dans la grande maison vide.
 

Dimanche 29 janvier 1989 : SAINTE-FOY-LES-LYON

 Gaby arrive vers 14:00 à la maison, au retour d'un séjour très agréable à Tenerife où il a joui d'un temps magnifique. A notre grande déception il ne semble guère intéressé à se joindre à nous pour notre aventure maghrébine, en ayant un peu soupé des voyages en général, et de l'Afrique du Nord en particulier...

 Je conduis Mathieu à son club de jeu et rentre visionner mes derniers vidéos. Dans la soirée, Monique et Juliette accompagnées d'Henri et Michèle vont voir un excellent spectacle de negro-spirituals donné par un groupe de chanteurs camerounais. Nous nous couchons donc assez tard.
 

Lundi 30 janvier 1989 : SAINTE-FOY-LES-LYON

 J'obtiens de Gaby une consultation pour mon chargeur de batteries vidéo dont l'arrêt automatique se déclenche à mi-charge. Faute d'appareils de mesure, il ne peut rien faire pour le dépanner ou l'améliorer...

 Dans l'après-midi, nous allons remplir la cambuse de nourriture au "Carrefour" d'Ecully : l'embarquement approche !


34. De Lyon à Sarlat en Périgord



Mardi 31 janvier 1989 : de LYON à PORT-SALOMON

 Nous mettons la dernière main aux préparatifs de départ : les chambres se vident pour regarnir les placards du camping-car, des chèques de voyage American Express viennent réapprovisionner notre réserve de secours. Un dernier tour à l'épicerie du coin nous apporte la confiture d'abricots manquante à "Carrefour"..., je trouve in extremis un pare-soleil pour mon grand-angle à la F.N.A.C., bref tout se précipite. Nous allons saluer rapidement Tante Liliane en visite chez Catherine et Gérard qui viennent d'avoir une - toute - petite Valentine. Le soir est tombé lorsque nous quittons Sainte-Foy vers 19:30 pour nous rendre à la Croix-Rousse chez Henri et Michèle Jacquier. Frédéric nous y remet ses cadeaux préparés tout exprès pour Moha, l'épicier de Bou-Azza au Maroc, auquel il a déjà envoyé un mot de recommandation à notre égard. Il accueille, paraît-il, à bras ouverts les membres de la famille Jacquier. Ce Marocain fut autrefois un des responsables du personnel au domaine de Bou-Azza et garde un souvenir quasi religieux du grand-père...

 Après un souper rapide devant la bouche de métro, sous la fenêtre de leur appartement, nous prenons enfin la direction de Saint-Étienne. Dans la nuit, nous arrivons au bout de l'autoroute à Port-Salomon. Nous allons dormir sur un petit stationnement devant la poste où nous trouvons un repos confortable et apprécié vers 0:30. Quel plaisir de nous retrouver enfin chez nous, dans le cocon de notre roulotte de nomades...
 


Mercredi 1er février 1989 : de PORT-SALOMON à FIGEAC

Couchés fort tard dans le bien-être douillet de notre foyer, nous avons été réveillés à l'aube par un froid inattendu. Mais une fois le chauffage allumé, chacun s'est rendormi jusqu'à... 10:00 !
 
Paysage du Cantal sou
Paysage du Cantal sous la neige

Une route très vallonnée nous conduit au Puy dont nous admirons les sanctuaires perchés sur deux pains de sucre volcaniques. Partout rivières, lacs et ruisseaux sont gelés. Bien que le ciel soit tout bleu et le soleil resplendissant, de nombreuses plaques de glace persistent sur la chaussée, surtout lorsqu'elle est à l'ombre.

 A travers virages serrés et montées peu accusées mais continues, nous gagnons Saint-Flour où nous mangeons sur la place du marché, au pied de la ville haute. Puis le relief s'accentue lorsque nous abordons le coeur du Massif Central. Il se transforme en véritable montagne lorsque nous passons entre le Puy Mary (1 787 m) et le Plomb du Cantal (1 856 m) jusqu'à ce que nous redescendions vers Aurillac. La nuit commence à tomber et nous n'irons pas plus loin que Figeac, une petite ville coquette bien aménagée pour le tourisme. Nous allons dormir devant la porte du camping municipal fermé pour l'hiver, au bord de la Celé, une jolie rivière avec barrage et moulin.
 


Jeudi 2 février 1989 : de FIGEAC à SARLAT

 Réveil un peu tôt à notre goût : si le camping est fermé, en revanche on y fait de grands travaux, si bien que les gros camions de terre passant sous nos fenêtres ont fini par nous tirer du lit à ... 9:34 ! Les rues pittoresques de la ville natale de Champolion (auquel on a dédié un mini-obélisque dans le parc municipal) valent bien un petit tour, mais nous écourtons la visite pour nous consacrer plutôt à Rocamadour que nous atteignons vers 12:00.
 Le site est grandiose. Une vallée à pic profondément entaillée dans le plateau du Quercy abrite un village médiéval accroché à flanc de falaise...  Le vallon de Rocamadour
Le vallon de Rocamadour

Rocher de Rocamadour et le sanctuaire au
                        pied du château
Rocher de Rocamadour et le sanctuaire au pied du château


Il reste assez peu de constructions en dehors des sanctuaires, mais le mélange des styles roman, gothique et Renaissance leur donne beaucoup de caractère. 
Les deux petites rues conservées laissent encore deviner le décor des pèlerinages d'autrefois : pavés, frontons de pierre, fenêtres à trumeaux géminés, toits de vieilles tuiles brunes... La lumière est douce, le calme absolu, seul un beau cocker brun rouille paresse sur les marches ébréchées d'un escalier millénaire... Rocher de Rocamadour et le sanctuaire au pied du
                  château
Rocher de Rocamadour et le sanctuaire au pied du château
Entrée du sanctuaire de Rocamadour
Entrée du sanctuaire de Rocamadour

 Nous descendons dans le vallon vers l'ancien moulin, au delà des portes à moitié ruinées, puis revenons vers la basilique en longeant de ravissantes maisonnettes de pierre fleuries et habilement restaurées. Cela me fait un peu penser au Mont Saint-Michel, la lumière dorée du Midi en plus (en Manche c'est le bleu-gris ardoise et granit qui domine). Les bâtiments religieux semblent pour leur part avoir été fortement - faut-il dire outrageusement - rénovés au XIXème par Violet-le-Duc ou ses émules. Ils en ont un peu perdu de leur authenticité et donc de leur attrait.
 Reste la statue archaïque de la fameuse Vierge Noire qui constitue la curiosité la plus émouvant du site. Nous finissons par escalader la pente par les escaliers menant jusqu'aux remparts couronnant la crête, en pure perte d'ailleurs puisque les grilles en sont fermées. Nous n'aurons rencontré âme qui vive durant notre circuit, hormis un autre touriste solitaire et admiratif prenant des photos, un Québécois de Joliette ! La Vierge Noire de Rocamadour
La Vierge Noire de Rocamadour

Périgord : le gavage des oies
Périgord : le gavage des oies

 A 15:30, nous quittons Rocamadour en direction de Cahors. En bordure de la petite route traversant la campagne prospère, un troupeau d'oies dans une ferme d'élevage nous rappelle que le Périgord noir est la terre d'élection du foie gras et du confit d'oie.
 Évocation délicieuse, mais qui n'empêche pas ces volatiles d'être idiots, horde de cous animés d'un perpétuel dandinement, virant de bord tous en même temps à la moindre alerte ou sollicitation. Leur troupe cancanante me fait irrésistiblement penser à un régiment d'abrutis... Périgord : le gavage des oies
Périgord : le gavage des oies

 Nous poursuivons vers le sud dans les flamboiements d'un beau crépuscule. Mais 20 kilomètres plus loin, prenant conscience de la proximité de Lascaux, nous faisons demi-tour pour nous rapprocher de ce haut-lieu archéologique. On ne visite plus la célèbre grotte aux peintures préhistoriques depuis qu'une maladie due au défilé des milliers de touristes en a attaqué les parois et menacé la fragile pellicule de pigments. Cependant une réplique très exacte a été édifiée à deux pas sur le même site, réplique se méritant les *** du Guide Vert... La nuit est tombée lorsque nous atteignons Sarlat pour trouver refuge sur les terrasses d'un luxueux camping fermé.
 


Vendredi 3 février 1989 : de SARLAT à SARLAT via LASCAUX

Visite de Lascaux II
Visite de Lascaux II

 Lever à 8:30 après une nuit très "croche" : il n'est pas un seul emplacement sur ce terrain qui soit horizontal ! Nous partons directement vers Lascaux où, au milieu des taillis, nous trouvons la grotte Lascaux II ré-ouverte à la visite pour la saison 89 aujourd'hui même à 10:30. Cette fois-ci, nous avons de la chance !
Il fait frisquet et l'on tape la semelle dans le sous-bois humide en attendant le guide. Il finit par arriver et nous ouvre les portes d'un univers tout-à-fait merveilleux et déconcertant. La grotte reconstituée a la dimension d'une grande chapelle et c'est avec un respect quasi religieux que l'on pénètre sous sa voûte. Lascaux I : vue générale de la salle des
                    taureaux
Lascaux I : vue générale de la salle des taureaux


Lascaux :
            Salle des taureaux : diverticule
Lascaux : Salle des taureaux : diverticule

Lascaux : vache
Lascaux : vache

Lascaux : diverticule : cheval chinois
Lascaux : diverticule : cheval chinois

Lascaux : vache galopant et chevaux
Lascaux : vache galopant et chevaux

Lascaux : diverticule : cheval galopant
Lascaux : diverticule : cheval galopant
Lascaux : taureau noir
Lascaux : le taureau noir

Quelle impression étrange et fascinante lorsque l'on parcourt des yeux les frises de grands animaux (taureaux, chevaux, etc...) tracées sur les parois.  Lascaux : salle des taureaux
Lascaux : retour à la salle des taureaux

Lascaux
                    : licorne
Lascaux : licorne

On est saisi d'une émotion profonde à contempler ce témoignage de la vie dangereuse mais excitante de ces hommes si lointains (12 000 ans...) et pourtant si semblables à nous.
On sent leur expérience intime de la nature et des animaux inscrite dans ces images fragiles, frustres et pourtant si dynamiques, si esthétiques aussi. La reconstitution est superbe et fait totalement oublier son côté artificiel. Lascaux : Grand taureau
Lascaux : Grand taureau

Le Thot : habitat Meshirch
Le Thot : habitat Meshirch

 Nous comprenons mieux l'extraordinaire prouesse technique qu'elle représente lorsque nous traversons un peu plus tard les salles du musée du Thôt. Elles expliquent la technologie sophistiquée mise en œuvre pour mesurer la grotte originale au millimètre près et en reproduire minutieusement les moindres reliefs et aspérités.

Le parc montre aussi quelques exemples d'habitat de nos ancêtres, particulièrement cette cabane constituée de quantité d'os et de défense de mammouth. Quel rudes chasseurs  devaient-ils être !
Dans les enclos du parc alentour vivent quelques animaux figurés sur les fresques préhistoriques (aurochs, bisons d'Europe, cerfs, chevaux de Prejwalski...). Autre source d'émotion que ce contact direct avec ces "contemporains" de nos ancêtres.  ours
Le Thot
                    : mammouth reconstitué et animé
Le Thot : le mammouth reconstitué et animé

Sous les grands arbres on trouve même un imposant mammouth laineux s'apprêtant à boire près d'un marigot, guetté par des chasseurs paléolithiques, et poussant par moments un barrissement caverneux et inquiet. Tous sont reconstitués, il est vrai, et animés par des mécanismes pneumatiques !
Finalement nous gagnons le village des Eyzies sur la vallée de la Veyzère. Le site (rochers en surplomb, musée préhistorique - fermé - avec sa statue de l'homme de Cro-Magnon en avant) est remarquable, même s'il nous paraît un peu trop "civilisé", i.e. sacrifiant au tourisme son côté nature et campagne.
Le
                    Thot : mammouth reconstitué et animé
Le village des Eyzies au pied de sa falaise creusée d'abris sous roche

Musée
                    de la Péhistoire des Eyzies
Musée de la Préhistoire des Eyzies
Musée paléolithique des Eyzies

Les abris sous roche authentiques se trouvent à La Roque Saint-Christophe par où nous passons ensuite. Je crois y reconnaître certains lieux où ont été tournées plusieurs scènes de "La Guerre du Feu"... On n'a guère de mal à imaginer nos ancêtres accroupis sous les surplombs des escarpements calcaires, tentant de s'y protéger des intempéries autour d'un maigre foyer rustique...
Près des Eyzies, bison incisé dans la grotte de
                    Lamouthe
Près des Eyzies, bison incisé dans la  grotte de Lamouthe
Les Eyzies : maisons sous roche
Les Eyzies : maisons sous roche

 Dans la soirée, nous retournons à Sarlat où nous avons bien de la difficulté à dégoter un coin tranquille pour bivouaquer. Nous le trouverons à deux pas d'un campement de romanichels établi au dessus de la ville...


35. De Sarlat à San Sebastian


Samedi 4 février 1989 : de SARLAT à AUCH

Sarlat : mur
                                    extérieur couronné de maisons
                                    donnant sur la campagne
Sarlat : mur extérieur couronné de maisons donnant sur la campagne

 Voilà des gens qui savent où se caser pour avoir la paix... Les tziganes nous saluent avant notre départ, un peu étonnés que des étrangers soient venus s'installer auprès d'eux...

Nous consacrons le début de la matinée à une agréable balade dans un Sarlat médiéval à souhait qu'on a restauré à la perfection. 
Pas une petite tuile brune et ronde ne manque sur les toits pentus, pas un losange de verre bouteille n'est brisé dans les panneaux de vitrail garnissant les fenêtres.  Sarlat : une auberge
                                    accueillante !
Sarlat : une auberge accueillante !

Sarlat : l'Hôtel
                                    Vassal
Sarlat : l'Hôtel Vassal

Les ruelles ont retrouvé leurs pavés et leur caniveau central entre les façades vénérables des hôtels particuliers et des bâtiments officiels du XVème, époque où la ville était à son apogée.
 Le calcaire ocre blond de la belle pierre taillée ou appareillée unifie les décors florissants des maisons. Au détour d'un muret, on découvre le jardin privé d'un hôtel cossu derrière ses grilles. Au fond d'un passage, c'est le mouvement inattendu d'un bel escalier de bois richement sculpté qui occupe presque tout l'espace... Sarlat : une ruelle
Sarlat : une ruelle

Sarlat : jardin de la cathédrale
                                  St Sacerdos
Sarlat : jardin de la cathédrale St Sacerdos
 La cathédrale Saint-Sacerdos nous frappe surtout par l'harmonie de ses proportions intérieures. A l'extérieur, la dentelle de ses arcs boutants fixe les limites de l'ancien cimetière-jardin réaménagé au chevet de l'église. 
Un peu à l'écart la Lanterne des Morts, dont la fonction demeure un peu mystérieuse, profile sa tour surmontée de son toit tronconique tout de pierre blanche.  Sarlat : la
                                    Lanterne des Morts
Sarlat : la Lanterne des Morts


Passant devant la très élégante façade Renaissance de la maison de La Boètie, nous nous retrouvons sur la place de la Liberté où s'achève notre tour.

Salle à manger de l'ancienne auberge
Salle à manger de l'ancienne auberge
Dans ce magnifique cadre historique, nous tombons au beau milieu de la truculente animation du marché du samedi. Sarlat : le marché
                                    aux oies
Sarlat : le marché aux oies

Sarlat_fromage_du_marche
 Les marchands et marchandes au verbe haut et à l'accent coloré se démènent derrière leurs étals en plein air où sont offerts à profusion les délicieux produits du Périgord : fromages, miches de pain, brioches, pâtés et confits d'oie évidemment... Comme couleur locale, on ne peut rêver mieux !

 Nous prenons ensuite la route de Cahors où nous saluons les tours fortifiées du célèbre pont Valentré et la fontaine des Chartreux. Dans son abîme insondable des hommes-grenouilles s'apprêtent courageusement à plonger à - 50 mètres et par 12° C ! Une balade dans la vieille ville nous fait découvrir, auprès d'antiques maisons à encorbellements et colombages, le portail et le côté nord de la cathédrale abondamment sculptés. Au détour des étroites ruelles pittoresques, on débouche sur des places achalandées et commerçantes où Monique, Juliette et Mathieu traînent les boutiques et font des emplettes sans se lasser. Transi, je finis par les abandonner pour rejoindre le camping-car où je me réchauffe en les attendant : ces vieilles villes sont charmantes mais terriblement fraîches et humides. J'ai bien hâte de me retrouver plus au sud !


LE PÉRIGORD AGRICOLE ET GOURMAND

Périgord : chercheuse de
                                      truffes et sa truie
Périgord : chercheuse de truffes et sa truie

Périgord : ramassage des noix
Périgord : ramassage des noix
 

Taille des vignes au
                                        printemps
Taille des vignes au printemps
Plumeuse d'oie
Plumeuse de canard

Périgord : vendanges
Périgord : vendanges
Périgord : fenaison à la faux
Périgord : fenaison à la faux

Périgord : berger
Périgord : berger

Périgord : le maréchal-ferrant
Périgord : chez le maréchal-ferrant

Périgord : basse-cour
Périgord : basse-cour

 A Montauban, apercevant un "Oxygène" dans la cour d'un marchand de camping-cars, nous nous arrêtons pour l'examiner de plus près. Nous sommes un peu déçus : si la finition est impeccable, l'implantation en revanche ne nous semble guère astucieuse et nous fait d'autant plus apprécier celle que nous avons choisie. Nous poursuivons notre route vers Auch que nous atteignons dans la nuit. Nous allons nous garer sur la place à droite de la cathédrale qui nous semble un bivouac acceptable. 

 

Dimanche 5 février 1989 : de AUCH à LOURDES

 Bien abrités entre deux contreforts de la haute cathédrale classique, nous passons une nuit fort calme. A 10:00, nous nous apprêtons à visiter les lieux... et tombons inopinément en plein milieu de la Grande Messe ! Nous commençons donc la journée par un petit circuit dans la ville haute. Nous y découvrons bien quelques belles maisons à colombages et encorbellements mais, est-ce parce que nous avons été trop gâtés par Sarlat et Cahors, nous sommes un peu déçus.

 Nous revenons donc bien vite à la cathédrale maintenant ouverte à la visite. Le mobilier en est admirable : chaire précieuse en bois doré, grandiose buffet d'orgue de Jean de Joyeuse... Un préposé nous fait entrer dans le chœur entièrement clos; le double rang de stalles sombres nous frappe par sa richesse, l'abondance et la qualité de ses sculptures de chêne.  Stalles de la cathédrale d'Auch
Stalles de la cathédrale d'Auch
Stalles de la cathédrale d'Auch
                                    : la Charité
Stalles de la cathédrale d'Auch : la Charité
Stalles de la cathédrale d'Auch
                                    : Adam et Ève
Stalles de la cathédrale d'Auch : Adam et Ève

Stalles de la cathédrale d'Auch :
                              Nativité
Stalles de la cathédrale d'Auch : Nativité

Nous tombons dans l'oeil de la guide qui nous fait ensuite admirer plus en détail les grandes verrières en vitrail (couleurs et dessins superlatifs...), puis les retables plus ornés les uns que les autres. Cathédrale
                                    d'Auch : Adam et Ève, Crucifixion et
                                    Saint Thomas
Cathédrale d'Auch : Adam et Ève, Crucifixion et Saint Thomas


Cathédrale d'Auch : Moïse
                                        au Sinaï
Cathédrale d'Auch : Moïse au Sinaï

Cathédrale d'Auch : Dieu le
                                        Père
Cathédrale d'Auch : Dieu le Père

Elle nous entraîne ensuite dans les hauts, sur les toits, dans la crypte, les cachots et les cellules de la tour d'Armagnac... La visite complète durera finalement 3 heures ! Le temps de prendre conscience de l'étendue du domaine ecclésiastique au Grand Siècle, de sa richesse et de son orgueil. Le Clergé avait les moyens et cela paraissait.

 Avant de quitter Auch en milieu d'après-midi, nous descendons, à travers des jardins en terrasses, l'escalier monumental dont les volées relient la place Salinis (où nous avons dormi) au Gers qui coule au bas de la colline. La statue héroïque de D'Artagnan, natif de la région, nous salue à mi-pente, veillant fièrement sur la plaine opulente étalée sous son regard de bronze. Je reprends le volant en direction de Tarbes. Nous y arrêtons brièvement pour admirer les cimes enneigées des Pyrénées depuis l'esplanade de l'Impératrice Eugénie. Le reste de la ville nous semble de peu d'intérêt. Encore une bonne heure de route et nous sommes à Lourdes.

Lourde : la grotte de
                                    Massabielle
Lourde : la grotte de Massabielle

 La ville blottie au pied des montagnes n'est plus qu'un vaste complexe hôtelier heureusement dépeuplé durant l'hiver. Nous allons directement à la grotte, toute simple et presque déserte. Une immense esplanade carrelée a remplacé les rives caillouteuses et sauvages du Gave qui coule, trop civilisé, entre deux murs de béton. Le creux du rocher lui-même a perdu une partie des ex-voto qui le défiguraient mais la source miraculeuse disparaît presque complètement sous un hublot de verre. De tous côtés, les lieux ont été aménagés pour faciliter l'évolution des millions de pèlerins et ont abandonné leur aspect simple, naturel et authentique. On arrive cependant à ressentir ici un peu du même recueillement que nous avions perçu dans les grands sites religieux grecs (à Delphes en particulier); faut-il le préciser, la beauté en moins, la ferveur en plus.

 Après un petit tour dans les sanctuaires (d'assez mauvais goût...), nous allons dormir sur l'un des immenses stationnements totalement vides, au bord du Gave.


Lundi 6 février 1989 : de LOURDES à SALIES-DE-BÉARN
 Peut-on rêver nuit plus tranquille en ces lieux habituellement bondés ? Avant de quitter les parages de l'immense esplanade, Monique et les enfants vont visiter le pavillon consacré à Sainte Bernadette. 

Pendant ce temps, je demeure dans le camping-car à réparer la tablette du placard au dessus de la cuisine, dont la baguette frontale à cédé sous le poids des pots de confiture...

Bernadette Soubirous
Bernadette Soubirous

 Puis nous allons à la Poste expédier un volumineux courrier, avant de déjeuner sur la place centrale de la petite ville. Nous y attendons l'ouverture du funiculaire du Pic de Gers. Vers 14:00, nous en faisons l'ascension très facile... Le ciel est entièrement dégagé, aussi là-haut le panorama est superbe sur la plaine, les contreforts et les cimes des Pyrénées. On voit fort bien le Pic du Midi et quelques autres sommets. Le grand soleil hivernal brillant sur la montagne, l'air vif, les touffes de buis odorants qu'il faut traverser pour atteindre le point culminant du pic, la vue cavalière sur Lourdes à nos pieds, voilà des sensations et des images que l'on n'oubliera pas de sitôt !

 Nous retraversons ensuite cette bonne ville de pèlerinage toujours aussi paisible et silencieuse - qu'est-ce que ça doit être l'été avec les 4,5 millions de visiteurs ! - pour gagner Pau. La masse rectangulaire du château s'impose de loin au bout de l'avenue des Pyrénées dont les bâtiments Napoléon III nous paraissent sans grâce. En revanche, les maisons anciennes et les petites rues sinueuses autour de la rivière à Salies-de-Béarn nous plaisent beaucoup. Nous dormons en bordure de la vieille ville sur ce qui semble une place de marché. 

 

Mardi 7 février 1989 : de SALIES-DE-BÉARN à SAN SEBASTIAN (Espagne)

Tôt levés, nous suivons une jolie petite route menant à Sauveterre. Nous profitons d'un plein de gasoil pour remplacer également une bouteille de propane déjà vide, rançon des nuits fraîches de notre première semaine d'expédition hivernale. En quittant le village, nous descendons sur le terrain de camping municipal; on y a une vue pittoresque sur les ruines du château et sur celles du pont d'où l'on jeta à l'eau une princesse de Navarre soupçonnée d'infanticide : un "jugement de Dieu" dont elle réchappa ! Le site est charmant, la lumière vive, la halte bien agréable.

 Mais si nous voulons dormir à San Sebastian ce soir, il faut nous avancer. Cheminant dans un Béarn très vallonné, nous arrêtons encore quelques minutes à Bidache où je filme les ruines impressionnantes du château de Gramont. Nous poursuivons jusqu'à Bayonne dont nous évitons le centre. Après quelques ultimes commissions en territoire français, nous allons admirer les superbes plages de Biarritz : celle de la Chambre d'Amour au bord de laquelle nous déjeunons au grand soleil, étonnés par les grosses vagues à surf, puis celle de Miramar où les puissantes lames du Golfe de Gascogne viennent se briser sur les rochers épars. Nous traversons ensuite la ville, très fin XIXème avec ses grandes bâtisses au style caractéristique (Napoléon III ?). Nous découvrons alors pour la première fois en Europe des pancartes "Interdit aux camping-cars"...

Stationnés devant le Musée de la Mer, nous faisons un tour sur le plateau de l'Atalaye. Au pied de la falaise qui le surplombe se blottit le minuscule port des pêcheurs tandis que, plus loin, la baie se déploie dans toute son ampleur. Le site est joli, mais manifestement très investi au plan touristique... Musée de la Mer de
                                    Biarritz : homard
Musée de la Mer de Biarritz : homard


Musée de la Mer de Biarritz :
                                    phoque et otarie
Musée de la Mer de Biarritz : phoque et otarie
Musée de la Mer de Biarritz
                                        : poulpe
Musée de la Mer de Biarritz : poulpe

J'observe longuement le jeu des vagues écumantes sur le rocher de la Vierge qui avance ses dentelles dans les eaux farouches de l'Atlantique. Pendant ce temps, Monique accompagne les enfants à l'intérieur du Musée. Après un dernier tour trempé d'embruns sur la plage de la Côte des Basques, nous laissons Biarritz derrière nous.

Longeant le rivage jusqu'à la belle plage à surf sauvage de Guétary, nous allons ensuite stationner sur un quai de Saint-Jean-de-Luz. Le coup d’œil sur le port de pêche vaut le détour, tout comme ses maisons historiques typées. Mais le crépuscule approche, il faut nous hâter, nous repartons.

Vue nocturne de
                                    la Concha de San Sebastian depuis
                                    les pentes du Monte Igueldo
Vue nocturne de la Concha de San Sebastian depuis les pentes du Monte Igueldo

Et nous voilà à la frontière espagnole. Nous sommes tout-de-suite après à San Sebastian. Monique y a passé plusieurs fois ses vacances d'été en "séjour linguistique" dans une famille, elle se sent donc comme chez elle dans cette ville splendide. Elle reconnait vite le chemin menant au pied du Monte Igueldo où elle a choisi de nous faire dormir, à l'extrémité de la ruelle accédant au Tennis Club. C'est une impasse, donc en principe un gage de tranquillité... Nous stationnons tout au bout, face à la baie magnifique célèbre pour sa beauté et pour sa plage abritée, La Concha.

36. En parcourant la côte atlantique
de l'Espagne du nord



Mercredi 8 février 1989 : de SAN SEBASTIAN à GETARIA

San Sebastian : la Concha depuis le
                              Monte Igueldo
San Sebastian : la Concha depuis le Monte Igueldo

Le cadre était superbe, mais les visites nombreuses pendant la nuit; un autre "necking point", je suppose... Aussi notre sommeil a-t-il été interrompu à plusieurs reprises par le bruit de véhicules manœuvrant ou redémarrant. Après les photos qui s'imposent (jeux des vagues sur les rochers), nous laissons le camping-car au centre-ville, puis passons à l'Information Touristique.

San_Sebastian
  Port de San Sebastian

On nous dirige vers le vieux quartier : plaza de la Constitucion, aux dimensions réduites mais entourée d'arcades massives, qui servit autrefois de "plaza de torros", église Santa Maria d'un beau style roman, devant laquelle nous avions - en vain - tenté de dormir une nuit de février il y a maintenant 18 ans, ruelles pittoresques menant au port des pêcheurs.
Port de San Sebastian
Port de San Sebastian
San Sebastian : l'église
                                          Santa Maria
San Sebastian : l'église Santa Maria


On traîne un peu sur la promenade longeant la playa de la Concha. Le temps est superbe et le panorama remarquable par son ampleur et ses teintes : immense arc de sable ocre découvert par la marée, océan d'un bleu profond ourlé d'écume... Promenade le
                                      long de la Concha
Promenade le long de la Concha


La Concha en été !
La Concha en été !

Un deuxième essai de Monique pour rejoindre son ami Ramon Postigo finit par aboutir. Il nous accueille chaleureusement dans l'appartement où nous avions passé une nuit en février 1971, lors de notre premier voyage (en stop...) au Maroc. Nous montons ensuite au Monte Igueldo : le panorama sur l'ensemble de la baie, la ville et son cirque de montagnes en arrière plan est tout-à-fait extraordinaire. C'est encore plus beau que Biarritz, et toutes ces couleurs, cette lumière...

En redescendant, nous rencontrons rapidement Xavier Postigo au Tennis Club, puis faisons un dernier tour au centre-ville maintenant beaucoup plus animé puisqu'il est près de 17:00. Avant de repartir, nous allons saluer Ramon dans sa poissonnerie. Nous prévoyons nous revoir plus à loisir lors de notre retour vers le nord dans deux mois.

Monique tient à faire une dernière tentative pour retrouver la maison des Ozores. Elle avait passé chez eux il y a 25 ans plusieurs étés dont elle a gardé pleins de bons souvenirs. Mais impossible de découvrir trace de la propriété, il semble bien qu'elle ait été détruite et remplacée par un grand building tout neuf. Étonnée et déçue, Monique doit constater que les années ont passé; tout change et tout évolue autour de nous, c'est seulement dans notre mémoire que les choses demeurent immuables...

Nous reprenons alors la route de la côte jusqu'à Getaria que nous choisissons pour étape. Dans la nuit, nous allons dormir au milieu du petit port, entre les barques tirées au sec et les filets entassés.
 


Jeudi 9 février 1989 : de GETARIA à SANTILLANA DEL MAR

 Dès le lever du soleil, je vais traîner sur le quai déjà très actif, filmant le retour des pêcheurs, les bateaux à l'ancre, l'étal tout frais du poissonnier... Dans la Halle au Poisson municipale où je me hasarde, les discussions vont bon train autour des caisses contenant la marée du jour. Nous poursuivons ensuite une route de corniche très accidentée ménageant de beaux coups d'oeil sur la côte basque. On dépasse de jolis petits ports nichés au bout des vallées sur l'estuaire de leur rivière : Deba, Ondaroa, Leikeito où nous faisons une pause. Un détour par l'intérieur nous fait gagner la ville de Guernica, neuve et sans grand caractère, que nous traversons d'un trait. Du point de vue touristique, elle justifie peu la célébrité que lui a valu la grande toile de Picasso, une fois effacées les horreurs de la guerre civile de 1936 maintenant bien loin.
 L'autoroute que nous empruntons sur quelques kilomètres nous fait franchir rapidement la grande - et affreuse - région industrielle de Bilbao. La route redevient très belle à Castro Urdiales. Nous pique-niquons au bord de l'eau, de l'autre côté de la lagune nous séparant de la vieille église et des ruines du château. Mais le ciel se couvre en arrivant à Laredo, une élégante station balnéaire dont nous ratons l'entrée. En revanche nous passons un long moment à nous dépêtrer des rues de Santander pour parvenir jusqu'à sa plage renommée de Sardinero. L'espace est vaste mais peu spectaculaire, restent les véliplanchistes qui font des prouesses étonnantes dans les rafales soufflant sur le vaste estuaire sableux du rio Nervion.
Santillana del Mar :
                                      vue générale
Santillana del Mar : vue générale

 Le vent forcit et bientôt il pleut sur la route de Santillana del Mar. C'est pourtant au sec, mais à la fraîche et dans la nuit tombante que nous faisons un premier tour de ce village rural et attachant, avec ses vieilles rues pavées et ses maisons au riche décor du XVème siècle. Nous y dormons au bord du parc municipal, nous promettant une visite plus éclairée demain matin.


Vendredi 10 février 1989 : de SANTILLANA DEL MAR à POTES
Le coq nous éveille à 8:00, mais nous ne foulons les pavés de Santillana que vers 10:00... Nous reprenons la rue circulaire déjà parcourue hier soir dans le crépuscule. Les façades antiques et armoriées, les encorbellements et les ruelles étroites donnent beaucoup de charme au petit bourg. Sans aucun doute la préservation et les restaurations y ont été d'une exceptionnelle qualité. Manoir avec son écu
Manoir avec son écu

Maison noble de Santillana
                                      del Mar
Maison noble de Santillana del Mar

De plus le fait que Santillana soit encore habitée par une majorité de paysans lui confère une authenticité certaine; en tout cas le puissant fumet de bouse de vache et de silo qui flotte partout en convainc sans peine notre odorat... 
On ne fait qu'entrevoir l'intérieur de la collégiale toute d'une belle pierre rosée.  Façade
                                      latérale de la Collégiale de
                                      Santillana del Mar
Façade latérale de la Collégiale de Santillana del Mar

Porche de la Collègiale de
                                Santillana del Mar
Porche de la Collègiale de Santillana del Mar

Cloître de la Collégiale de
                                Santillana del Mar : colonnettes
Cloître de la Collégiale de Santillana del Mar : colonnettes

Cloître de la Collégiale de
                              Santillana del Mar
Cloître de la Collégiale de Santillana del Mar


Le lavoir sur la place devant
                                    la collégiale de Santillana del Mar
Le lavoir sur la place devant la collégiale de Santillana del Mar
En avant du parvis, l'eau continue de chanter dans le lavoir rustique où il semble qu'une dernière lavandière vient juste de venir battre son linge... Fièrement campées tout au long des rues, les belles demeures patriciennes arborent un peu partout leurs magnifiques blasons, leurs fenêtres à meneaux et leurs battants garnis de vitraux... On a vraiment l'impression d'avoir reculé de quelques siècles. Le soleil commence à se cacher vers 12:00 lorsque nous partons après une dernière image de la maison des Tagle derrière laquelle nous avons passé la nuit.
Quelques 3 ou 4 kilomètres d'une petite route très sinueuse et défoncée nous mènent à Altamira. Dessins sur la
                                      voûte d'Altamira (reproduction)
Dessins sur la voûte d'Altamira (reproduction)


Biche d'Altamira

Biche d'Altamira

Sa grotte préhistorique est définitivement fermée à la visite pour les mêmes raisons qu'à Lascaux (moisissures et algues vertes grugeant les fameuses peintures datant de plus de 15 000 ans). Nous traversons rapidement le petit musée qui ne nous apprend plus grand chose après son homologue français du Thôt. 

Altamira : bison
Altamira : bison
Altamira : bison d'Europe
Altamira : bison d'Europe

Une autre grotte aux stalactites décorées de fines concrétions offre la tentation d'une rapide visite, mais comme elle nous semble exiguë,  à côté de celle de Han-sur-Lesse en Belgique... Grotte d'Altamira :
                                      concrétions
Grotte d'Altamira : concrétions

Défilé de las Hermidas
Défilé de la Hermida
 La même mauvaise route nous ramène près de la mer jusqu'à rattraper la nationale, correcte. Malgré un temps de plus en plus gris, nous obliquons vers le sud à Unquera, prenant ainsi la direction des Picos de Europa dont les sommets se profilent au loin. Une route infecte mais superbe franchit le spectaculaire défilé de la Hermida et nous mène jusqu'à Potes. Nous dormons sur la place du marché, derrière l'église de cette triste petite ville de montagne.


La chaîne des Picos de Europa en arrivant
                          de l'Est
La chaîne des Picos de Europa en arrivant de l'Est


Samedi 11 février 1989 : de POTEZ à LASTRES
Au réveil, le temps demeure très couvert, nous faisant renoncer à l'excursion en téléphérique à Fuente De, le point culminant du massif. Le centre du bourg de Potes, sale et sombre, ne nous retient guère. Après un semblant de magasinage (superbes affiches pour amateurs de courses en montagnes), nous entamons une longue montée dans des paysages grandioses.  Hameau au pied des
                                      Picos de Europa
Hameau au pied des Picos de Europa

Église mozarabe de Lebena
Église mozarabe de Lebena
Église mozarabe de Lebena
Église de Lebena : chapiteau
                                      et chœur XIIème
Église de Lebena : chapiteau et chœur XIIème
Église de Lebena : chapiteau
                                      et chœur XIIème
Église de Lebena : chapiteau et choeur XIIème

De plus en plus déserts, les panoramas s'élargissent progressivement jusqu'au Puerto de San Glorio à 1 610 m. De tous côtés surgissent de larges perspectives sur les hautes chaînes neigeuses. Parfois aussi on traverse de petits hameaux quasi abandonnés dont les murs gris s'accrochent aux pentes.

Hameau de Mogrovejo
Hameau de Mogrovejo
Grenier typique des Picos de
                                      Europa
Grenier typique des Picos de Europa

La descente ensuite est rapide, avant que l'on suive la vallée du Rio Yuso par une route étroite, pleine de trous et de bosses, mais rectiligne pour une fois ! Pas pour longtemps puisqu'après une quinzaine de kilomètres vers Riano, nous tournons en direction du nord pour repartir à l'assaut du Puerto del Ponton à 1 280 m.
 

Depuis le Puerto del Ponton,
                                      le défilé creusé par la Sella
Depuis le Puerto del Ponton, le défilé creusé par la Sella
L'escalade soumet à rude épreuve les 75 chevaux un peu poussifs de notre Titine, mais de là-haut, quelle vue superbe ! Au fond de la prochaine vallée, on aperçoit la formidable muraille grise dans laquelle la Sella a dû creuser son lit; la descente promet ! 
Auparavant nous sacrifions aux trois *** du Guide Vert en faisant un petit détour par le col de Panderuedas (1 450 m); nous y pique-niquons avant de grimper à pieds au belvédère de Piedrafitas. On y jouit d'une vue impressionnante sur le grand cirque fermant la vallée de Valdéon, dominée par la cime enneigée du Torre Cerredo (2 648 m). Ces immenses paysages de grande montagne, rude et sauvage, nous laissent un goût de liberté dont nous profitons au maximum. Mais il faut bien redescendre sur terre... Col de
                                      Panderuedas
Notre Pilote (et Juliette !) dans le Col de Panderuedas
 
Défilé de Los Beyos
Défilé de Los Beyos

Après un petit détour acrobatique vers Soto de Sajambre par un chemin très étroit en corniche pour atteindre un autre mirador introuvable, nous nous enfonçons dans le défilé de Los Beyos, très encaissé et passablement sinistre, mais également épuisant à franchir par ses virages incessants  et le mauvais état de la chaussée.
Nous sortons éreintés de ce parcours de 25 km à Cangas de Onis. Cependant, comme nous voulons dormir près de la mer, nous poussons jusqu'au mirador del Fito pour une dernière vue au sud sur l'ensemble du massif des Picos de Europa. Hélas on ne distingue absolument rien, une mer de nuages noyant l'immense paysage. En revanche, du côté nord, la vue dégagée porte jusqu'à l'océan. Une descente accusée nous mène jusqu'à la belle plage de Lastres où nous nous endormons les roues dans le sable. Panorama
                                      depuis le mirador del Fito
Panorama sur le massif des Picos de Europa depuis le mirador del Fito... sous le soleil !


Dimanche 12 février 1989 : de LASTRES à FOZ

 Une bonne nuit nous permet de récupérer les fatigues de notre excursion aux Picos de Europa. Nous prenons la direction de Gijon par une route exiguë dont les méandres nous retiennent malheureusement trop loin de la mer pour que nous puissions l'apercevoir. Évitant le centre ville grâce à l'autoroute périphérique, nous ne faisons qu'en entrevoir - sans regrets - les faubourgs industriels de Gijon.

 La route côtière ensuite est très fatigante, coupant sans cesse collines et vallées qui se prolongent perpendiculairement jusqu'à la mer. Épingles à cheveux et virages serrés se succèdent sans interruption à travers les boisés d'eucalyptus. Ces 64 kilomètres me semblent interminables...

 Heureusement, il y a l'intermède du Cabo Vidio où nous arrêtons une heure pour déjeuner. Un petit stationnement près du phare offre un aperçu grandiose sur les falaises de roches rouges et déchiquetées de la Costa Verde dont les plans se découpent les uns derrière les autres jusqu'à l'horizon. La mer est bleu profond, les rochers grenats, la blancheur éclatante des gerbes d'écume souligne la rencontre tumultueuse des éléments.

 La même route sinueuse et épuisante se poursuit jusqu'à Luarca. Depuis le belvédère au dessus du port, nous admirons le bassin et la ville nichés au pied de la falaise : maisons de pierre grise et toitures d'ardoise, on se croirait en Bretagne... Derrière nous l'histoire de la cité s'inscrit sur d'éclatant panneaux d'azulejos évoquant tant la fondation miraculeuse de la ville que les luttes sanglantes contre l'armée d'occupation napoléonienne, en passant par l'épopée des Grandes Découvertes... Pendant un moment ensuite, on file rapidement jusqu'à Ribadeo sur la chaussée élargie et redressée au moyen de travaux considérables. Depuis le grand pont tout neuf franchissant l'estuaire, s'offre une vue magnifique sur le village de Castropol établi au flanc d'un promontoire, au fond de sa ria. Les rayons du soleil couchant dorent les flots sombres que sillonnent quelques barques de pêche. La mauvaise route (en construction...) du début de l'après-midi se poursuit jusqu'à la très vieille église romane de San Martin de Mondonedo (Xème siècle) appuyant son abside massive sur d'énormes contreforts. Le petit village alentour a conservé toute sa fraîcheur pastorale, y compris ses fillettes ramenant leurs chèvres du pâturage dans les dernières lueurs du crépuscule...

Encore quelques kilomètres, et nous allons bivouaquer devant l'immense plage de Foz sur laquelle les enfants jouent plus d'une heure dans le sable et l'obscurité avant de se coucher.



37. Santiago de Compostella et la Galice



Lundi 13 février 1989 : de FOZ à SANTIAGO DE COMPOSTELLA

 A l'aube le ciel est resplendissant. Juliette et Mathieu passent la matinée au soleil à faire des constructions sur la plage pendant que je vais filmer les vagues s'écrasant violemment sur les rochers. Je consacre ensuite un peu de temps à l'entretien du camping-car : réajustement de la serrure du passager, décrassage des valves de vidange. Puis je nettoie et recolle des pièces brisées sur la caméra vidéo tandis que Monique profite du répit pour mettre les comptes à jour.

Il est 13:30 lorsque nous reprenons la route vers l'ouest. Elle offre de beaux paysages très boisés et vallonnés, mais aussi une chaussée bouleversée par les chantiers d'élargissement et de redressement sur les trois-quarts du trajet. Donc encore une fois beaucoup de fatigue jusqu'à La Coruna. Nous traversons la ville sans escale pour nous arrêter seulement au pied de la célèbre tour d'Hercule. Solitaire sur son promontoire herbeux et semé de rochers, le phare antique (il date des Romains du IIème siècle !) balise une côte très découpée, au fond d'une baie étendue et ramifiée. Nous y contemplons le coucher du soleil sur l'océan; un ciel nuageux laisse percer de belles coulées de lumière rose et orangée qui colorent les vagues de reflets exquis. La Coruna : la Tour
                                      d'Hercule
La Coruna : la Tour d'Hercule

Cathédrale de
                                      Santiago illuminée
Cathédrale de Santiago illuminée

 Une fois l'obscurité établie, nous parcourons à nouveau l'agglomération en sens inverse pour enfiler l'autoroute jusqu'à Santiago de Compostella. Rendus là, nous tournons une heure, de la périphérie nouvellement construite au centre-ville ancien et illuminé, pour dénicher un point de chute convenable. Nous finissons par trouver asile dans le calme du nouveau campus universitaire.


Mardi 14 février 1989 : de SANTIAGO à CABO FISTERRA

 Malgré nos appréhensions, notre repos n'a pas été troublé sur ce campus pourtant entièrement enchâssé dans la ville, un autre type de ressource "résidentielle" que nous ignorions jusqu'à présent ! Nous allons stationner le plus près possible de la cathédrale pour gagner à pied la plaza d'Espana via la rue San Francisco.

 Quel ensemble étonnant de grandeur et de style ! Nous sommes environnés d'imposants bâtiments de granit superbement construits. Leurs lignes romanes, très sobres, sont comme renforcées et soulignées par une profusion d'ornements baroques. Santiago : la cathédrale et
                                      la Plazza de Espana
Santiago : la cathédrale et la Plazza de Espana

Porches de la cathédrale de
                                      Santiago
Porches de la cathédrale de Santiago

Le narthex de la cathédrale donne sur des porches romans sculptés d'une richesse jamais vue. Partout foisonne le riche décor médiéval ou baroque, tempéré cependant par l'aspect grenu et sombre, un peu austère, du granit galicien... 
Tympan du porche central de
                                        la cathédrale de Santiago : le
                                        Christ en gloire
Tympan du porche central de la cathédrale de Santiago : le Christ en gloire

Cathédrale de Santiago : le
                                      pilier gauche du portique
Cathédrale de Santiago : le pilier gauche du portique
Cathédrale de Santiago :
                                      Saint Jacques au centre du
                                      portique
Cathédrale de Santiago : Saint Jacques au centre du portique
Cathédrale de Santiago :
                                      Saint Jacques
Cathédrale de Santiago : Saint Jacques

Porche central et nef de la
                              cathédrale de Santiago
Porche central et nef de la cathédrale de Santiago

Portail collatéral droit de
                                        la cathédrale de Santiago
Portail collatéral droit de la cathédrale de Santiago

Portail collatéral gauche de
                                      la cathédrale de Santiago
Portail collatéral gauche de la cathédrale de Santiago

La nef nous paraît immense, la forêt des hauts piliers se perdant dans l'obscurité de la voûte.

Puerta Santa de la cathédrale
                                      de Santiago
Puerta Santa de la cathédrale de Santiago
Cathédrale de Santiago :
                                          le Botufumeiro
Cathédrale de Santiago : le Botufumeiro

L'ambiance correspond pleinement à l'enthousiasme et au fanatisme de la foi médiévale (il faut voir les caricatures de Maures écrasés et massacrés par Saint Jacques...).  Statue
                                      polychrome de Saint Jacques
                                      massacrant les Sarrasins
Statue polychrome de Saint Jacques
massacrant les Sarrasins

Musée des
                                      tapisseries de Santiago
Musée des tapisseries de Santiago

Nous visitons longuement la crypte et la nef, d'une grande pureté romane, puis le trésor (orfèvrerie +++) et le musée des tapisseries (une douzaine d'exquis cartons de Goya) installés dans les annexes de la cathédrale.

Cette ville de pèlerinage, où le granit est omniprésent tout comme la religiosité a quelque chose de breton, et ce d'autant plus qu'il y pleut très souvent, paraît-il.
Heureusement nous jouissons d'un temps superbe et c'est un plaisir que de déambuler sans but dans les petites rues aux façades ornées, sous les arcades anciennes et sur les places joliment ombragées. Santiago :
                                      Fontaine des Chevaux
Santiago : Fontaine des Chevaux

Santiago : Rua Villar
Santiago : Rua Villar

Santiago : Rua Nueva
Santiago : Rua Nueva

Telegramme

 Après tant de - belles - vieilles pierres, nous avons le goût de varier les plaisirs et de découvrir un peu la côte réputée des Rias Altas. Nous prenons donc la route du Cabo Fisterra (cap Finistère). Le paysage vallonné, verdoyant et planté de pins ou d'eucalyptus s'avère plein de pittoresque, les aperçus sur le rivage et les anses sont charmants, mais la chaussée ici n'a été ni élargie ni asphaltée depuis bien longtemps. C'est donc une véritable partie de saute-mouton qui s'amorce pour les deux prochaines heures et sur quelques 127 kilomètres... Pourtant, cette côte mérite bien sa réputation : les plages nombreuses sont superbes, les villages de granit rudes et pas trop modernisés. Quel dommage que nous soyons de moins en moins disponibles pour apprécier le spectacle, tant la fatigue accumulée nous accable. Il fait nuit lorsque nous atteignons finalement le cap. Stationnant tout à l'extrémité de la péninsule, nous campons à l'abri des bâtiments de son phare. Malgré un vent assez fort qui secoue le camion, le sommeil n'est pas long à venir !

 

Mercredi 15 février 1989  :  de FISTERRA à CARNOTA (RIAS ALTAS, GALICE)

Cabo Fisterra
Cabo Fisterra

 Aujourd'hui, c'est décidé, ce sera une journée "off" ! Après la petite balade de rigueur sur la pointe occidentale extrême de l'Espagne (belle côte rocheuse avec vagues écumantes et minuscules bateaux de pêche à l'horizon tout autour), nous prenons tranquillement le chemin du retour. Un court arrêt au village de Fisterra nous permet de quérir l'écusson autocollant de circonstance : il ira prendre place sur le panneau arrière du camping-car, au côté de celui du Northkapp...
 Puis nous faisons quelques tentatives pour rejoindre une belle plage et nous y écraser le reste de la journée. Nous devrons hasarder plusieurs incursions dans les ruelles transversales des villages que croise la route côtière avant d'aboutir. Ces détours nous valent de voir de beaux horreos (ces greniers en granit sur pilotis typiques de la Galice)...
Horreos (grenier)
                                      dans le village de Carnota
Horreos (grenier) dans le village de Carnota

Carnota : farniente, en
                                      prenant le soleil de février...
Carnota : farniente, en prenant le soleil de février...

...et de rencontrer de charmantes paysannes, toutes de noir vêtues, qui se laissent photographier avec complaisance...
 Nous finissons par trouver notre plage de rêve près de Carnota. J'amène le camping-car sur l'herbe serrée de la dune et nous nous installons pour l'après-midi. Monique et Juliette construisent un énorme et complexe château de sable tandis que Mathieu et moi allumons un puissant brasier avec toutes les épaves ramassées sur la grève. Le soir descend doucement sur notre plage déserte animée seulement par les vols et les cris des goélands, le ressac tranquille de l'océan, le passage de quelques pêcheurs du soir... Un superbe coucher de soleil irradiant or et braise vient couronner notre journée. Voilà une carte postale archétype de vacances dont nous nous souviendrons longtemps !
 

Jeudi 16 février 1989 : de CARNOTA à la PLAYA AMERICA (BAIONA)

 Cette ambiance de détente se prolonge durant une nuit idéalement reposante. Mais au matin, la journée commence bien mal : prenant un virage trop large sur une petite pente et sur l'herbe mouillée de rosée, je m'ensable ! La roue motrice avant, délestée, n'a plus aucune adhérence, nos effort pour relever le train arrière demeurent inutiles; il faut donc aller appeler une dépanneuse dans une auberge toute proche pour nous sortir d'affaire. Finalement, une heure et 30 $ plus tard, nous regagnons la route pour faire le plein d'eau dans le garage de Muros à 7 kilomètres. Puis nous prenons dans les terres le chemin du mirador de La Curota, au dessus de Boiro. De la plate-forme où nous hissons péniblement notre lourd camping-car, on jouit d'une vue très étendue sur les Rias Bajas et sur les îles, les caps, les petits ports et les collines qui s'estompent au loin dans une brume bleutée. Estuaire du Rio
                                      Minho
Estuaire du Rio Minho

Pontevedra : horreos au bord
                                      de l'eau
Pontevedra : horreos au bord de l'eau

La route d'intérieur habituelle (virages, forêts d'eucalyptus, petits villages avec leurs maisons et leurs horreos de granit...) nous mène à Padron, puis à Pontevedra. En fin d'après-midi, nous sommes à Vigo. 

Depuis le mirador de la Madroa, nous admirons la célèbre baie où dorment encore les galions tout chargés d'argent revenant du Nouveau Monde. Ils s'étaient sabordés en 1702 devant la menace d'une escadre anglo-hollandaise et Jules Verne en avait fait la source inépuisable d'approvisionnement en métal précieux de son Capitaine Nemo... La brume et le contre-jour limitent cependant la visibilité, si bien que l'on devine à peine la ville. Nous en traversons bientôt péniblement le centre moderne et très encombré pour gagner la route de Baiona. Longeant la côte bordant la belle ria de Vigo, nous arrêtons pour dormir sur la playa America, juste avant Baiona.

La
                            baie de Vigo depuis le Mirador de Madroa
La baie de Vigo depuis le Mirador de la Madroa


38. Entrée au Portugal : de Baiona à Manteiga (Serra de Estrella)

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