L'hiver 1970-1971 était particulièrement
froid et gris à Paris. Quoi de plus naturel, pour de jeunes
amoureux qui viennent de se rencontrer, que de rêver de
destinations lointaines et exotiques, dans la chaleur d'un Sud
imaginé...
Mais les voyages coûtent bien chers pour des étudiant en 3ème
année universitaire ! Une destination accessible, pourtant : le
Maroc, pas trop loin pour être rejoint par la route - donc en
auto-stop - et en quelques jours, le seul passage
obligatoirement payant restant le détroit de Gibraltar. Monique
ayant déjà séjourné plusieurs fois là-bas depuis son enfance et
y ayant conservé quelques attaches familiales, nous pouvons
compter sur quelques points de chute en cas de pépin. Nous
attendons donc les vacances de février, passons les examens de
mi-session et tentons notre chance le samedi matin au petit jour
à la sortie sud de Paris. Petit sac de voyage en bandoulière,
parka ou caban sur le dos, nous voyagerons léger !
Une erreur d'aiguillage nous fait aboutir en fin d'après-midi à
Limoges... Nous devons nous réorienter plein ouest pour arriver
à la nuit tombante à Bordeaux où nous escomptons dormir chez de
lointains cousins de Monique. Las, ils sont semble-t-il absents
car personne ne répond à notre appel téléphonique... Nous
décidons de poursuivre le plus loin possible en direction de
l'Espagne. Longue traversée nocturne des Landes désertes et
sinistres... nous passons à pied la frontière à San Sebastian où
nous allons nous reposer à minuit passé sur les bancs de pierre
de l'église du vieux port. À 5 heures du matin, nous sommes à
l'entrée de l'immeuble de Ramon, un vieux copain de Monique qui
sort bientôt pour aller à la criée acheter la marée du jour
(Ramon tient une poissonnerie). Accueil chaleureux - nous en
avons besoin car nous sommes courbaturés et transis ! Nous
passons la matinée au chaud et dans un vrai lit jusqu'à midi.
Après un copieux déjeuner, Ramon nous dépose sur la route au sud
de la ville. Nous sommes presque aussitôt pris en charge par une
jeune française elle aussi en mal de dépaysement mais heureuse
propriétaire d'une Ami 6. Elle nous emmènera jusqu'à Madrid. Là
un autre copain de Monique Anton - connu lors de vacances à San
Sebastian - nous accueille pour la nuit dans son confortable
studio. Le lendemain, par petites étapes nous gagnons
l'Andalousie et enfin Algéciras où nous prenons le ferry pour
l'Afrique.
Notre ferry dans le port d'Algéciras
Monique rêveuse au départ d'Algéciras
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Jean-Paul beaucoup plus
enthousiaste !
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En arrivant à Ceuta, changement de décor
: nous comprenons qu'il ne sera pas question de
poursuivre notre périple en stop, tant pour des raisons de
trafic que de sécurité. Nous adoptons donc les autobus
de 3ème classe au confort moins que rustique mais qui passent
partout et dont les tarifs ont le grand mérite de correspondre
à notre maigre budget. Nous passons la frontière sans problème
et nous lançons dans l'exploration de notre première ville
maghrébine : Tetouan.
Tetouan : rue Sidi Alf Raisuli
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Tetouan : chez les teinturiers
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Tetouan : la Porte du Cimetière
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Tetouan : fontaine
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Puis nous gagnons la métropole, Casablanca.
Casablanca : avenue Mohamed V
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Casablanca : boulevard El Hansali
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Casablanca : la Mahakma du Pacha
(tribunal) dans la Nouvelle Médina
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Marchand d'eau ambulant
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Casablanca : patio dans la Mahakma
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Casablanca : la Mahakma
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Un autre long trajet en autobus rural nous
mène à la capitale du Sud : Marrakech, que nous parcourons à
pied en tous sens. La température est douce, et il fait même
presque trop chaud lorsque, marchant en milieu de journée,
nous faions le tour des remparts qui ceignent la ville. Pour
le logement nous userons de petits hôtels pas chers mais
propres et offrant un confort minimum que l'on trouve un
peu partout à proximité des gares routières. En montagne,
comme près de Beni Mellal il faudra se contenter d'une auberge
des plus rustiques, sans verrou à la porte ni vitre à la
petite fenêtre...
Casablanca : mosquée dans la Nouvelle
medina |
Marrakech : la Koutoubia émergeant
de la palmeraie sur fond d'Atlas enneigé
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Rempart de Marrakech,
porte-Bab-el-Kemis et Atlas
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La Koutoubia |
Dans l'ombre des souks
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Marrakech : laines étalées à sécher
dans le souk des teinturiers |
Marrakech : souk des potiers
Marrakech : souk des tanneurs
Marrakech : Palais de la Bahia
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Palais de la Bahia : appartement de
la Favorite
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Marrakech : jardin du palais de la Bahia
Marrakech : Gran Socco
Marrakech : la Place Djema El Fna le soir
Marrakech, place-Djema-el-Fna : montreur
de serpent
Marrakech : fontaine Echrob ou
Chouf
("Bois et admire")
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Marrakech : bassin et jardin de la
Menara |
Puis c'est le retour vers le nord par la grande vallée
reliant Marrakech à Meknès, et qui passe passe Beni-Mellal,
Khenifra et Azrou. Une route très accidentée sur laquelle notre
vieux bus essoufflé tombera en panne et qui nous fera passer par
des paysages de haute montagne enneigée, magnifiques mais
glacials.
Fantasia pour la fête de Moulay Abdallah